HISTOIRE

MERCI L’EUROPE !

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L’Europe bouc émissaire.

Alors que l'on s'apprête à fêter samedi prochain les soixante-dix ans de la déclaration de Robert Schuman, considérée comme l'acte fondateur de la construction européenne, l'Union européenne ressort un peu plus affaiblie, aux yeux de l'opinion, du choc provoqué par la pandémie, si l'on en croit le sondage réalisé par Elabe pour « Les Echos », Radio Classique et l'Institut Montaigne. Seuls 20 % des Français jugent que l'UE a été à la hauteur de la crise, et ils sont plus de la moitié à réclamer un contrôle durable des frontières. Plus grave, le sentiment est partagé par tous les électorats. Le thème de « l'Europe qui protège » semble avoir été battu en brèche par la crise. Cela accentue les lignes de fracture autour de la question européenne : 34 % des Français voudraient privilégier une coopération avec certains voisins européens, hors du cadre de l'UE et notamment parmi l'électorat de François Fillon ce qui est très décevant ; 33 % estiment que la France ne doit compter que sur elle-même, sentiment fort dans l'électorat populiste ce qui est logique et seulement 32 % estiment que la France doit renforcer l'Union mais cet  avis se rencontre généralement parmi les plus diplômés. Faut-il en déduire que pour comprendre l’Europe il faut être instruit ? Conséquence politique logique de cette défiance grandissante, l'ouverture des frontières - un des symboles de la construction européenne - n'a pas la cote, puisque 55 % des sondés veulent le maintien de leur fermeture après la crise. On note aussi une aspiration très forte à la relocalisation de la production en France : les Français y sont favorables pour la santé (85 %), l'alimentation (80 %) mais aussi la technologie (62 %), ce  qui est plus facile à dire qu’à faire. Ce sentiment de  scepticisme aurait pourtant dû être balayé avec la crise que nous vivons. Mais la désinformation a la vie dure.

Réalité et commentateurs de mauvaise foi.

Les  commentateurs mettent surtout l’accent sur les discussions qui sont toujours difficiles entre les  partenaires. Comment en serait-il autrement à 27, et d’autant plus  que certains comme la France ne respectent pas leurs engagements, ce comportent en escrocs qui ne tiennent pas parole mais donnent des leçons en permanence. Il est pourtant étonnant, voire très énervant, d'entendre ces commentateurs expliquer que l'Europe ne fait rien, qu'elle laisse les pays membres se débrouiller seuls, qu'il n'y a pas d'initiatives européennes. Ceux-là oublient volontairement la plus grande initiative européenne : celle de la Banque Centrale Européenne. Sans elle, des pays comme l'Italie, l'Espagne et même la France devraient se financer, compte tenu du niveau de leurs déficits et de leurs dettes, à des taux très élevés. Ceux qui se plaignent en permanence de la lenteur de l'Europe devraient être étonnés de la vitesse à laquelle les décisions sont prises. Ces moments  extraordinaires nécessitent une action extraordinaire a dit Christine Lagarde, et les actions menées sont vraiment extraordinaires ! La réponse globale a  été d'une puissance, et d'une rapidité surtout, qu'on n'avait jamais connue. En quelques jours, on a fait presqu'autant qu'en 4 ou 5 ans pour la crise de 2008 et la crise de l'euro qui a suivi. Ceux qui nous expliquaient que l’Europe ne fonctionne pas et est incapable de s’accorder, s’arrêtant au psychodrame rituel de la nuit blanche à négocier, en ont été pour leur mauvaise  foi : l’accord sur le plan de sauvetage à 500 milliards a été voté par les ministres des Finances de l'Union européenne en trois jours : trois jours pour s’entendre, alors qu’il avait fallu des mois après la crise des subprimes. Alors, vous savez celle qui est nulle, qui n'arrive jamais à se mettre d'accord à cause des Allemands ou des Hollandais, oui, cette Europe-là, a débloqué la coquette somme de 540 milliards d'euros et ce n'était qu'un début. Car la BCE a annoncé dès le 19 mars un plan d'urgence de 750 milliards. Rappelez-vous combien de temps il avait fallu aux banques centrales et aux gouvernements pour réagir en 2008. Rappelez-vous les tergiversations européennes sur le sauvetage de la Grèce, l'aide aux pays en faillite, le rachat des dettes. Il a fallu trois à quatre ans pour qu'on entre dans un cycle d'injection massive de liquidités et de relance budgétaire. Avec cette crise aussi soudaine que brutale et rapide, la réaction a  été fulgurante. Et pour une fois, l’Europe est au rendez-vous. Tous ceux qui sont au chômage partiel, ne serait-ce que ceux-là, devraient lui en savoir gré, sinon où le gouvernement français aurait-il trouvé les 40 milliards d’euros pour financer leurs indemnités les plus généreuses d’Europe ?

Le bouclier européen face à la tourmente.

L’Union a ouvert les vannes. Appuyés par les banques centrales qui rachèteront sans aucune limite les dettes d'état dont les déficits vont exploser, les gouvernements vont injecter plus d'argent dans l'économie qu'on n'en a jamais vu. La Banque d’Angleterre va encore plus loin : elle a décidé de se substituer  purement et  simplement à l’Etat. FED, BCE mais aussi banques centrales du Japon, Canada, Royaume Uni et Suisse ont assoupli les conditions auxquelles elles s'échangent des devises entre elles afin de pouvoir mettre à disposition suffisamment de liquidités, en dollars, chez nous en euros, aux banques commerciales, et ainsi aux entreprises en difficultés qui ont besoin d’argent frais. Très rapidement, une très large partie de la dette des États européens sera détenue par la BCE. Et ce sera pareil dans tous les pays. Nous, nous avons dans cette crise une chance extraordinaire, celle d'avoir une monnaie commune qui évite les dévaluations sauvages, d'avoir une banque centrale qui finance les dettes des pays en difficulté, et l'Allemagne qui accepte de « garantir » de fait l'endettement d'une partie des États de la zone euro. Un pays seul ne peut pas se livrer à cette création monétaire sans limite. Il serait tout de suite sanctionné par un effondrement de la monnaie et l'explosion à la hausse des taux d'intérêt, et cela provoquerait une explosion dévastatrice de l'inflation dans le pays. Mais allez expliquer ça à Marine Le Pen et à Nicolas Dupont Aignan !

Et ce n’est pas fini : voici le temps de la relance.

Les 27 pays de l'Union Européenne négocient actuellement un nouveau plan de relance. Thierry Breton le commissaire européen est en train de jeter les bases d’un méga plan de relance européen de 1 600 milliards d’euros soit environ 10% du PIB européen basé sur l’environnement, le numérique et la relocalisation des industries en Europe. De quoi tenir la dragée haute à Trump. Le commissaire européen précise : « Nous allons rebâtir un autre monde avec un fonds très large pour accompagner ces trois tendances. Cela va peut-être s’accompagner d’une augmentation des prix dans certains domaines, mais si l’on met bout à bout la souveraineté, l’empreinte carbone du transport des marchandises, l’augmentation des niveaux de vie des pays à bas coût, tout cela  fait que les cartes sont déjà en partie redistribuées. Nous n’allons qu’accompagner cet effort. Ce n’est pas la fin de la globalisation à court terme, mais c’est le début d’une nouvelle ère de cohabitation plus intelligente plus ordonnée. Le commerce sera mieux réparti à terme pour que les intérêts de chacun soient respectés. » Pour cela Thierry Breton va lancer un grand fonds européen pour « rebâtir » l’Europe autour de ces trois grandes tendances. Tous les pays européens n’ont pas l’argent pour sortir de cette crise, l’Allemagne vient d’emprunter 356 Milliards, et tous les pays européens vont faire de même. Le fonds que Thierry Breton appelle de ses voeux  va permettre aux états de reconstruire en empruntant sur le temps long, 20 ans, 30 ans … Cette démarche devrait être mise en place sans condition de réformes pour les états qui y souscrivent.  

L’ingratitude des peuples est monnaie courante et l’Histoire nous l’enseigne. Il est bon tout de même de rappeler les faits. Sans l'Europe, la plupart des pays de la zone euro ne fonctionnent pas, à commencer par la France. On a envie de paraphraser Sardou : « Si la BCE n'était pas là, nous serions tous en faillite ». D’autant plus que ce faisant, l’Union européenne a démontré sa spécificité, celle d’être un espace  où la valeur humaine compte autant sinon  plus que l’économie. C'est l'Europe "civilisation". Un vrai sujet pour les « nationalistes » anti-européens n’est-il pas ? 

Vive l’Europe !

 


PENDANT LA CRISE, LA CRISE CONTINUE…

Récession

 

« Le jour d’après »

Tout le monde nous parle du « jour d’après ».  C’est quand au fait ? Et chacun y va de son rêve selon son idéologie, ses convictions, son expérience ou son absence de repères.  Tout est permis. Déjà les  médias écrits ou télévisuels sont pleins de ces doux visionnaires.  On assiste,  comme  pour les impôts, à un véritable concours Lépine des utopies : un nouveau monde nous attend, en vert pour les écolos, en rose pour les socialos, en rouge pour les nostalgiques de la révolution,  et  ailleurs en plus ou moins bleu… A défaut de me faire rêver, ça me fait sourire ou ça me met en rogne, c’est selon, mais ça passe le temps.  En attendant, la France est frappée de plein fouet par la double crise  sanitaire et économique et elle n’en finit pas de plonger. Les déficits se creusent à une vitesse vertigineuse pour financer le plan de sauvetage. On en est au 2ème budget d’ajustement pour actualiser les enveloppes prévues. Ainsi il a fallu passer de 8,5 milliards d’euros à 24 milliards pour financer le chômage partiel. Le déficit de la sécu, en toute logique, grimpe à 41 milliards d’euros. Les amortisseurs sociaux jouent à plein et il ne faut  pas s’étonner des chiffres qui gonflent.

Coup d’œil sur le tableau de bord.

C’est la situation en ce début mai.  Elle va continuer d’évoluer. Le PIB va plonger de 10%, c’est-à-dire une perte de 200 milliards d’euros d’ici fin 2020.  La dette va monter à 115%  du PIB, voire plus, et le déficit de l’Etat augmente à -12%. En période de crise, les totaux se cumulent : aux aides que l’Etat décaisse en empruntant à tout va, il faut ajouter les moindres rentrées, moins de TVA, charges et cotisations reportées ou annulées, … avec un double effet négatif. Mais par rapport aux crises précédentes, notre activité a freiné beaucoup plus, alors qu’il n’y a pas de vraies raisons. La  diminution de l’activité n’est pas pire qu’en 2008 où  le choc des "subprimes" avait secoué la planète financière.  La  bourse a plutôt résisté et fait le yoyo autour des 4500 points, en 2009 elle avait plongé  à 2200  points. D’où vient alors que la croissance Française est à la traîne de la zone euro ? Notre PIB a reculé de 5,8% au 1er trimestre contre 3,8%  pour la zone euro. Le décrochage est même assez net par rapport à l’Allemagne où plusieurs indicateurs  permettent de voir que l’économie continue de tourner davantage qu’en France. On a vite fait de mettre la contre-performance de la France sur le dos de  la crise sanitaire. Vous voulez savoir pourquoi ? Eh bien je vais vous le dire  ! 

Détour par le PIB.

Car il y a aussi une explication structurelle qu’on ne vous dit pas. Elle nécessite un peu de technique mais tout le monde peut comprendre. Rappelons que le PIB se divise en deux grandes parties : d’un côté le « PIB marchand » regroupant l’ensemble des produits ou services vendus sur un marché (par des entreprises privées ou non) et qui sont valorisés à leur prix d’échange ;  de l’autre, le « PIB non marchand » rassemblant toutes les activités des administrations publiques. Leurs produits et services sont dans leur grande majorité gratuits. N’ayant pas de prix ils sont donc évalués à leur coût de production (principalement les traitements des fonctionnaires) selon une convention internationale des instituts de statistique. En France les services publics régaliens (police, défense, justice) ou pas (enseignement public, santé) occupent une place particulièrement importante. Le « PIB non marchand » représente 22% du PIB total, selon l’Insee, soit 4 à 5 points de plus que la moyenne de l’Union européenne (Ne pas confondre avec les «dépenses publiques» équivalentes à 56% du PIB et qui comprennent, outre la production de services, l’ensemble des revenus de redistribution sous la houlette de l’État). Cette répartition entre « pib marchand » et « pib non marchand » explique en grande partie que la France amortit davantage les effets en cas de crise mais redémarre toujours plus lentement. Ainsi en 2008-2009, la grande récession qui a suivi le krach financier s’est traduite en Allemagne par une chute de 5,1% du PIB 2009 alors que la France subissait un repli de 2,9%, presque deux fois moindre.

Le boulet du secteur public.

Or ce n’est pas le cas cette fois. Et pourtant les deux facteurs traditionnels de la résilience française sont toujours présents. C’est tout d’abord une moindre dépendance au commerce international, les exportations françaises étant deux fois et demie moins importantes que celles de l’Allemagne. Cette  fois encore, le commerce mondial est un amplificateur de crise : le FMI prévoit un effondrement des échanges de 12,8% qui devrait handicaper tout particulièrement le « made in Germany ». L’autre facteur de résilience c’est justement la « sphère publique », comme expliqué ci-dessus, qui forme normalement un pôle de stabilité appréciable malgré les déficits qui tendent alors à déraper puisque les dépenses, et notamment les prestations sociales, sans parler des traitements des 6 millions de fonctionnaires, continuent sur leur lancée « quoi qu’il en coûte ». Mais le fait tout simple que les services soient maintenus, indépendamment des crises qui affectent les marchés, constituent un soutien à la croissance ne serait-ce que par la consommation des salariés de la fonction publique et les services qu’ils continuent d’assurer. Le problème est qu’aujourd’hui les services publics ne sont plus assurés en totalité, et de très loin. D’après un décompte de la CPME, la Confédération des PME, 70% des agents de l’État ou des collectivités territoriales sont à l’arrêt. D’un point de vue comptable le « PIB non marchand » n’a pas diminué puisque ses coûts demeurent mais c’est une pure illusion. La chute effective du PIB total est donc supérieure à l’estimation de l’Insee (- 35% pendant le confinement). Cela  s’explique par la carence de services comme « La Poste » qui ont handicapé l’activité des entreprises qui continuaient de fonctionner et par ailleurs, avec le confinement, nombre de fonctionnaires n’ont pas utilisé leur « pouvoir d’achat » d’autant plus que la plupart des commerces étaient fermés. Non seulement, cette fois-ci, les services publics ne constituent pas un soutien, mais leur continuité très défaillante est un handicap pour l’économie privée. Sans parler de leur inefficacité, que les lacunes des services de santé ont remise cruellement en évidence dans l’éternelle comparaison France-Allemagne.

L’activité économique « marchande » s’est contractée plus que chez nos partenaires, notablement inférieure à ce qu’elle est en Allemagne, et le rôle de stabilisateur du secteur public n’a pas joué. La conjonction des deux phénomènes explique la brutale plongée, plus  forte qu’ailleurs, de notre taux de croissance.

 


LE PLAN DE SOUTIEN A L’ECONOMIE DE LA REGION PAYS DE LA LOIRE

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Interview de Paul JEANNETEAU

Vice-Président du Conseil Régional des Pays de la Loire

Président de la Commission Développement Economique

 

J’ai interviewé notre ami Paul Jeanneteau pour la page Facebook des Républicains du Maine-et-Loire  et j’ai eu envie d’en faire  profiter mes  fidèles lecteurs du bloc-notes qui ne vont pas tous sur les réseaux sociaux. Je pense qu’il est important aujourd’hui de  montrer combien l’expérience des mandats électoraux est importante  dans l’exercice des responsabilités et pour l’efficacité des choix  et des décisions, expérience qui manque tant à la majorité actuelle et au plus haut niveau et qui nous vaut une gestion de crise à la godille.  Ancien député, ancien maire et conseiller départemental, Paul Jeanneteau, aujourd’hui Vice-Président du Conseil Régional des  Pays de la Loire en charge de la    plus importante commission, fait partie de ces élus qui « savent transformer  leur parole en actes »  et n’agissent  pas au hasard.

« sur-mesure et proximité maximale »

L’Etat a mis en place un fonds national de solidarité pour venir en soutien aux entreprises sinistrées par la crise du Coronavirus. Les Régions ont décidé d’apporter un soutien supplémentaire en mobilisant 500 M€ au sein de ce fonds (soit pour les Pays de la Loire, 25 M€). Pour sa part, la Région des Pays de la Loire a mis en place plusieurs dispositifs, visant à compléter le plan national décidé par le gouvernement : un plan d’urgence de 56 M€ et un « Fonds Territorial Résilience » de 32 M€ ainsi qu’un dispositif d’aides pour le tissu associatif, culturel et sportif de 4,3 millions. Si on prend en compte les 25 M€ qui avaient été voté au BP 2020, c’est en réalité 76 M€ qui ont été mobilisés, 51 M€ de mesures nouvelles ayant été votées en urgence depuis le début de la crise.

 

Rencontre avec Paul JEANNETEAU, Vice-Président chargé du dossier économique à la Région  des Pays de la Loire, qui en a été la cheville ouvrière active.

 

«  Le Conseil Régional a voté  le  17 mars dernier un  plan d’urgence de 56 M€ pour venir en aide aux entreprises mises en difficultés par la crise sanitaire.  Quelles en sont les  grandes lignes ?


P1050503 PJ
: Nous faisons face à une crise sans précédent. Pour aider nos entreprises  à traverser cette terrible épreuve, après avoir mené une concertation avec tous les partenaires concernés, nous avons décidé de mobiliser des moyens régionaux exceptionnels, plus de 56 M€.  L’objectif de ce plan d’urgence est de proposer en lien avec l’Etat et la BPI, des dispositifs qui correspondent aux besoins de toutes nos entreprises : commerçants, artisans, agriculteurs, PME, ETI, mais aussi en soutien à tous nos acteurs  associatifs, sportifs et culturels. Je tiens à souligner que ces 56 M€ peuvent permettre grâce à l’effet de levier et aux dispositifs de garantie, d’apporter plus de 320 M€ de prêts aux entreprises. Nous avons fait en sorte que tous les dispositifs soient rapidement opérationnels afin d’éviter que les entreprises ne fassent faillite.

Vous ne craignez pas de faire doublon avec les aides de l’Etat ?

PJ : Nous nous sommes fixés trois principes : « simplicité » d’abord, pour l’accès et l’instruction des dossiers, « efficacité » ensuite : il s’agit de proposer des  mesures adaptées à chaque situation et chaque taille d’entreprise, en maximisant les effets de levier financiers, et enfin « unité » de façon que ce que nous mettons en œuvre le soit en étroite coordination avec la BPI et en complémentarité avec l’Etat, l’idée étant de « jouer collectif », pour assurer la cohérence de l’action économique et d’agir dans le cadre de l’unité nationale face à l’ampleur de la crise.

En quoi consiste concrètement le plan d’urgence ?

P1050502 PJ : Il s’articule en six grandes mesures. Et nous avons voulu, pour chacune d’entre elles, qu’il soit simple, efficace et pragmatique. Nous avons voulu aussi  qu’il s’adresse au plus grand nombre d’entreprises, d’activités et de filières.

Sans entrer  dans le détail, le 1er train de mesures, c’est notre participation au Fonds National de Solidarité pour lequel nous avons apporté 25M€ (Cette somme a été fixée en tenant compte du PIB régional rapporté au BIP national). Il est destiné aux artisans, commerçants, traiteurs, restaurateurs, TPE et entreprises de l’économie sociale et solidaire.  Il s’adresse aux entreprises connaissant des difficultés de trésorerie et leur permettra de bénéficier d’une subvention.

La 2ème mesure consiste en un « prêt rebond » à taux zéro  doté de 12 M€, Région-BPI.  Il vise les PME qui pourront bénéficier d’un prêt de 10 000 à 300 000 €. C’est 60 M€ de prêt au total qui seront déployés grâce aux effets de levier des contreparties bancaires.

La 3ème mesure consiste, à hauteur de 5 M€, en un report de six mois des avances remboursables de la Région dues par les entreprises qui en sont redevables.

La  4ème mesure  est un dispositif de garantie de prêts dans le cadre de « Pays de la Loire garantie », destiné aux TPE, PME-PMI et ETI. Il porte à 80% le montant garanti et est cofinancé par la Région et BPI. Ces 10 M€ de fonds garantis visent à rendre  possible 205 M€ de prêts bancaires.

La 5ème  mesure,  avec le dispositif « Pays de la Loire-redéploiement », abondé de 15 M€, permettra de souscrire un prêt en trésorerie de 50 000 à 500 000 € à un taux de 2,03%, sans garanties ni coûts additionnels et vise à un volume de 60 M€ de prêts, toujours grâce à l’effet levier.

Enfin, la 6ème  mesure, est un nouveau dispositif « fonds d’urgence événements » destiné à toutes les associations organisatrices d’événements sportifs ou culturels pour   leur venir en aide au moment où nombre de leurs projets sont annulés, avec un plafond de 30 000 €.  Ce fonds est complété par un effort régional de 2,3 M€  que représente le maintien de toutes les subventions versées pour les  manifestations programmées et finalement annulées et en renforcement des dispositions actuelles.  Ce qui fait un effort total de 4,3 M€ de soutien financier régional.

Comment fait-on pour accéder à ces aides et sur quels critères ?

P1050504 PJ : Le plus simplement possible. Nous avons mis en place deux n° verts, un pour les entreprises (0 800  100 200) et un pour les associations culturelles et sportives (0 800 200 402). Un conseiller leur indiquera la marche à suivre et  l’interlocuteur  dont elles ont besoin.  Tous  les agents du réseau des développeurs et de notre Agence de développement « Solutions&Co» sont mobilisés pour faire face à la demande. Les  critères sont précis et adaptés à la taille des entreprises concernées. Il s’agit de faire du sur-mesure, pour compléter ce que fait  l’Etat qui ne peut être que du « prêt-à-porter ».  Notre objectif est de sauvegarder le maximum d’emplois et de faire en sorte que la crise n’ait pas de conséquences irréversibles sur le plus grand nombre des entreprises qu’elle atteint, quelle que soit leur taille, de la plus petite à la plus grosse. Ces dernières ayant plus de capacité de résistance. Notre effort est relayé par d’autres partenaires comme, notamment, les Chambres de Métiers et de Commerces.

Pourquoi alors un fonds « territorial de « résilience » ?

PJ : nous nous sommes aperçus que malgré tous nos efforts, beaucoup de très petites entreprises passaient à côté de nos dispositifs. Nous avons donc décidé d’agir au plus près des territoires.  Nous avons lancé une levée de fonds auprès de toutes les autres collectivités.  Les  cinq départements, les grandes collectivités et l’ensemble des EPCI ont répondu à l’appel. En partenariat avec la Banque des Territoires, nous avons  pu créer ce fonds « Résilience » doté de 32M€. Il a  pour objectif, en complément de ce que nous avons déjà mis en place, de répondre au besoin de trésorerie des entreprises de moins de 10 salariés dont l’activité est impactée par la crise sanitaire. Il s’agit souvent de micro-entreprises, de TPE et de structures de l’Economie Sociale et Solidaire.  Elles pourront obtenir un soutien sous la forme d’une avance remboursable.  Un site dédié est d’ores et déjà opérationnel : www.resilience-paysdelaloire.fr. Les entreprises concernées peuvent y déposer directement leur dossier en attestant sur l’honneur de leur inéligibilité au Fonds national de solidarité et de leurs difficultés liées à la crise du Covid 19.

P1050502 En conclusion, je pense que l’engagement pris par la majorité du Conseil Régional de ne laisser aucune entreprise au bord du chemin, est tenu. La  Région des Pays de la Loire est pleinement mobilisée pour faire face à cette crise sans précédent, et de multiples autres actions en rapport avec ses missions de service public ont été engagées parallèlement. »

 

Les dispositifs de soutien proposés par la Région se révèlent pleinement efficaces si l’on en croit le nombre d’entreprises qui ont fait connaître leur souhait d’en bénéficier. On le doit évidemment en grande partie à l’expérience d’élu local de Paul Jeanneteau et à sa   connaissance fine du tissu économique régional grâce à l’expertise qu’il  a acquise à la tête du Comité d’Expansion du Maine-et-Loire. Cette double compétence lui a permis de peaufiner un soutien sur-mesure aux différents types d’entreprises. La Région des Pays de la Loire reste pleinement mobilisée auprès des associations sportives, culturelles ou sociales, dans cette période particulièrement difficile et le dispositif de soutien  vient d’être prolongé au-delà de la période de confinement jusqu’au 30 septembre.

 


QUAND LA MONNAIE TOMBE DU CIEL.

Des-liasses-de-billets

En bref : l’argent va couler à flots, on va emprunter à tour de bras, on ne remboursera pas, mais  en France on a deux problèmes.

Le sujet de la dette.

C'est la question qui va se poser régulièrement et qui reviendra comme un refrain. Avec sa question induite : « Qui paiera » ?  Oui, qui va payer pour toutes ces centaines de milliards d'euros que les États distribuent et vont continuer à distribuer ? Car, c’est une évidence, les Etats n’ont pas l’argent qu'ils distribuent. Ils l'empruntent quasiment tous aux banques centrales. Forcément, on se  demande  bien comment on pourra rembourser. « Helicopter money » est devenu le terme qui illustre cette masse d'argent qui tombe directement sur les comptes des particuliers. Ce serait plutôt des Canadairs que des hélicoptères.

L’Europe mobilise au total plus de 2 000 milliards.

Et d’abord, d’où viennent ces 2000 milliards d’euros que les Etats mobilisent pour faire face à la crise ? Ils sortent de trois poches. D’abord celle des Etats membres qui ont cassé leur budget et se sont assis sur les normes de bonne conduite de Maastricht. Ils sortiront 500 milliards et principalement des grands pays de l‘Union européenne. La deuxième poche sera celle de l’Union européenne,  via trois canaux : la Banque européenne d’investissement qui va prêter 200 milliards à des entreprises, la Commission qui se réserve de lever 100 milliards et le MES mécanisme européen de stabilité va sortir 200 milliards. Mais le gros de l’effort viendra de la troisième poche, la plus  profonde, la BCE : la Banque centrale européenne s’est engagée à racheter pour 1000 milliards de dettes aux banques. Pour simplifier : les banques centrales distribuent de l'argent aux banques, elles distribuent de l'argent aux États, indirectement, en rachetant leurs dettes, et elles distribuent de l'argent aux entreprises, toujours indirectement en rachetant leurs dettes. Comme en plus il va falloir relancer la consommation et compenser la perte de pouvoir d'achat liée à la crise, on va donc plus loin. Les États, et la France, une fois de plus en pointe pour ce type d'initiatives, distribuent de plus en plus d'argent. Les déficits n’en finissent plus de se creuser : sécu, budget, assurance chômage,  solidarité …

La crainte des contribuables.

Quand on entend « qui paiera ? », c’est surtout la crainte des contribuables de voir les impôts exploser qui s’exprime. Et ressort ce fantasme qui revient à chaque crise, d'un « prélèvement exceptionnel » très élevé sur les actifs financiers au-delà d'un certain seuil. Il y a eu des précédents.  Tout  le monde se souvient de « l’impôt sécheresse » de 1976… Et l’imagination de nos politiques est débordante en la matière : ça va du rétablissement de l’ISF à la création d’un impôt spécial corona, en passant par des taxes exceptionnelles comme  celle que Laurent Berger a déjà proposé. La  France est la reine du concours Lépine quand il  s’agit d’inventer des impôts nouveaux. Il  y a deux écoles : il y a ceux qui cherchent des idées pour faire payer des taxes et des impôts à tous les autres qu'eux ; et il y a ceux qui veulent que cette dette soit un jour annulée, ou qu'elle devienne « perpétuelle », ce qui revient, peu ou prou, au même. Ces derniers n’ont pas tort.

La solution est toute simple.

En fait, arrêtez de vous préoccuper de la dette, elle ne sera jamais payée. Nous ne rembourserons jamais la dette liée à la relance post-Covid. D’abord, elle ne va rien coûter. Certains pays, dont la France ou l’Italie, sont déjà très endettés, mais beaucoup en Europe le sont moins  et  comme par ailleurs, l’Union européenne est une meilleure garantie que la somme des garanties nationales les taux bas sont garantis pour longtemps.. Car le fait nouveau est que la solidarité  joue cette fois-ci, et que l’Allemagne est d’accord. La BCE, qui rachète les dettes des banques commerciales pour qu’elles puissent accorder de nouveaux prêts va donc être un instrument clef d’une mutualisation très forte. La BEI Banque Européenne d’Investissements) et le MES (Mécanisme Européen de Stabilité) également. Donc les moyens de financement prévus sont beaucoup plus puissants et moins chers que si on laissait les membres du club se débrouiller chacun de leur côté.  Tout cela rend une inflation ou une hyperinflation, qui devrait découler de la surabondance monétaire, quasiment impossible.

Mais la réalité probable est encore plus simple. Ces 2000 milliards ne seront jamais remboursés, ni aux Etats, ni à l’Union Européenne ni à la BCE ... Ces 2000 milliards seront inscrits et stockés dans un compte spécial, corona, crise exceptionnelle, sous forme d’emprunts très long terme, plus de 30 ans, qui pourront être renouvelés. Une sorte de dette perpétuelle qui sera garantie par les contribuables européens mais auprès desquels on ne fera jamais jouer cette garantie, jusqu’au jour où on annulera la dette. Mieux, ça ne gênera personne, pas même les héritiers lointains des épargnants qui auront tout oublié ou disparus et si cet effort exceptionnel permet de redresser les machines économiques et d’écarter les risques.  Keynes, le champion de la recette, disait : « A très long terme, les épargnants ne demandent jamais le remboursement de leur épargne, pour une raison simple, c’est qu’à très long terme, ils sont morts ». On va donc être tous endettés à perpétuité, car le grand argentier de Trump dit la même chose. Et un jour, coup de baguette magique, on annulera dans le monde entier tout ou partie de la dette.

Il y a quand même deux problèmes.

Avec de la croissance, sans crise de coronavirus, nous avons en France, année après année, fait exploser notre dette. Avant même le coronavirus, nous avions rejoint le club très fermé des pays dont la dette est supérieure à 100%, avec le Japon, la Grèce, le Zimbabwe, entre autres.

Le problème c'est que des pays comme la France qui ont ouvert les vannes encore plus grand, en faisant sauter la digue des 3% de Maastricht, ne vont plus pouvoir les refermer. C'est qu'une fois qu'on commence à distribuer de l'argent, il est difficile d'expliquer à ceux qui vont en réclamer qu'on ne peut plus le faire. Chez nous, il y a de grandes chances que cette distribution d'argent devienne un « acquis », et sachant qu'en France on ne revient jamais sur les « acquis », la situation risque d’être compliquée à gérer. On voit déjà venir un plan « santé » exceptionnel, puis un plan « éducation » exceptionnel, puis pour la justice, et ainsi de suite... Chez  nous, l’exceptionnel pourrait devenir la règle. Seulement l'Allemagne et les pays d'Europe du Nord qui vont reprendre tranquillement le chemin de la bonne gestion des finances publiques ne vont pas accepter que nous créions chaque année de « l'exceptionnel » à tour de bras. Il faudra  bien que nous nous décidions à mieux gérer nos finances publiques. La  crise n’a-t-elle  pas révélé la suradministration et ses lourdeurs coûteuses et surtout son inefficacité ? Et ce jour-là, ça va coincer...  car le coronavirus ne va pas toujours être là pour servir de prétexte à une gabegie budgétaire annoncée.

L’autre problème, c’est que les Français qui le peuvent, chacun en fonction de ses revenus, ont décidé, pour l'instant, de ne pas dépenser leur argent, mais de le planquer sur leur livret A. Bien sûr, ils ne consomment pas et épargnent parce que nous sommes confinés, mais ils épargnent aussi parce qu'on leur a dit « nous sommes en guerre !» et Bruno Le Maire s’inquiète de la ruée vers l'épargne, et craint que cette épargne forcée ne se transforme en partie en épargne de précaution. D’autant plus que la crainte inévitable du chômage va l’alimenter. C’est pourquoi l’idée d’Eric Woerth de créer un livret « Coronavirus » a du sens pour orienter cette épargne vers le financement des TPE et PME.

AH, si nous étions au pouvoir … !




SUR LES RESEAUX EN DELIRE …

Internet

 

37ème  jour de confinement.

Les confinés parlent aux confinés :

Plus d’un salarié sur deux est au chômage partiel : plus de 10 millions, indemnisés à 84% du salaire net (concerne 820 000 entreprises, soit 6 sur 10).

17 plans d’actions prioritaires pour le déconfinement : on n’a pas de  pétrole mais au moins on a une usine à gaz ! (On ne sait pas si Strauss Khan a proposé un plan Q) Bref, on n’est pas sorti de l’auberge.

Les Français se lavent moins –et surtout les hommes- 67% seulement des confinés  font une toilette quotidienne complète. Et en plus les hommes changent de sous-vêtements encore moins souvent (déjà qu’il y en a qui gardaient le slip une semaine). Dans les petits appartements, bonjour l’ambiance. Casse-toi, tu pues !

Netflix  fait de  bonnes affaires : avec  le confinement la video en streaming a doublé  son bénéfice net  …

Le concours d’impôts nouveaux est ouvert :  c’est Laurent Berger qui a ouvert le  bal avec une proposition de « taxe sur les entreprises qui ont bénéficié de la crise ». On attend avec intérêt Mélenchon et Martinez … Ah ces gauchos ! Et je ne vous parle pas du « verdissage » !

On va, paraît-il, vers un « embrasement » des  banlieues, à cause des dealers qui ne font  plus  leurs affaires et aussi à cause de la « faim » ! Un lien entre  les deux : cela s’appelle l’économie souterraine. Ne pas prendre à la légère.

Pour ajouter au stress, si besoin : c’est le monde qui serait au bord d’une explosion sociale majeure. Même pas  peur ?

Les bons  plans : la FNAC fait une promo sur cinq téléviseurs. C’est aussi le  moment d’acheter une voiture. Il va falloir faire respecter la « distanciation sociale » (ça y est, je l’ai casé) dans les magasins et les concessions dès le 11 mai.  Les Français auraient déjà accumulé 50 milliards d’euros sur les livrets.

Macron serait devenu le 1er épidémiologiste de France : notre président hypermnésique et insomniaque serait devenu un expert en la matière. Ce qui ne l’empêche pas de douter. De quoi disserter à longueur de temps sur le sujet. Comme dit  Sarkozy, à un moment, il faut décider, et donc prendre  un risque !

Médisite : cinq positions pour brûler le plus de calories au lit… Pour compenser le grignotage et les  petits plats !

Et à part ça ?

Un astéroïde géant va frôler la Terre le 29 avril. Brrr… La NASA surveille de près. On est  rassuré.

On est  mal patron : 70% du muguet nantais ne sera pas cueilli. Le bonheur n’est plus dans le pré.

Kim Jun Un a disparu des écrans radars : énigme. Ce serait à cause d’une opération chirurgicale qui aurait mal tourné. Ce n’est pas le virus, c’est bien connu, il ne passe pas les  frontières fermées.

Elisabeth II a eu 94 ans le 21 avril ! Un anniversaire gâché par Meghan et Harry qui ont annoncé la veille qu’ils ne communiqueraient plus avec les  médias de sa gracieuse majesté. Susceptible  Mémé ! (Précision : Meghan n’est pas la fille de Renaud, comme je l'ai entendu dire)

Bouchons de voitures : ils sont dus à la réouverture des « Drive » de Mac Do ! Qui a dit « rien ne sera plus comme avant dans le monde d’après » ?

20 avril : date d’ouverture de la campagne de déclarations d’impôts (pour ceux qui ont quelque chose à déclarer évidemment).

Le prix du baril de pétrole a chuté en-dessous de 0 $, brièvement, mais du jamais vu. Surproduction, certes, mais aussi jeu des spéculateurs des contrats à terme. Bah, le cours remontera inévitablement et malheureusement. En attendant, les prix à la pompe sont très bas,  mais comme vous ne roulez guère ….

 


LA CARENCE DE L’ETAT TENTACULAIRE

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Nous ne sommes pas seuls : 195 millions d’emplois supprimés dans le monde, 3,3 milliards soit 81% de la population active mondiale, sont affectés par la fermeture totale ou partielle des lieux de travail, 60% des travailleurs dans le monde sont dans l’économie informelle souvent sans protection sociale …

Le  péché mignon.

Concernant le dernier chiffre ci-dessus, ce n’est pas le cas des travailleurs français. L’économie administrée est notre péché mignon et notre modèle social est un excellent amortisseur de crise qui permet  d’encaisser (à crédit) les chocs de conjoncture les plus violents. Ainsi le gouvernement a renforcé considérablement le  dispositif de chômage  partiel qu’il présente comme le plus généreux d’Europe. Mais nous sommes aussi au pays de Courteline : encadrement, réquisition, dérogation, sont notre lot. L’attestation de déplacement « dérogatoire » (au confinement) qu’il faut remplir pour chaque sortie en est un exemple parfait : elle prévoit six cas utilitaires allant des déplacements professionnels aux convocations judiciaires (sic) plus une septième de pur loisir, elle-même très encadrée (déplacements brefs, dans la limite d’une heure quotidienne, dans un rayon maximal d’un km de son domicile, liés à l’activité physique ou aux besoins des animaux de compagnie…).  Ajoutons à la liste un autre penchant : autorisation et aussi sa punition, l’amende ! Si l’Allemagne peut se flatter de pouvoir effectuer 500 000 tests par semaine de dépistage du Covid, chez nous Castagnette peut brandir près de 300 000 amendes que ses 100 000 policiers ont infligées  avec  4 millions de contrôle. 

L’Etat est partout de retour.

Il  n’est pas question d’en contester ici le  bien fondé.  En période de crise, même les Etats-Unis y ont recours : financement massif du chômage, soutien aux entreprises, éventuelles nationalisations temporaires, injonctions à l’industrie. Injecter des milliards d’euros dans la machine (110 milliards pour le plan de soutien en France) oblige à avoir recours à l’économie administrée et en France, le dirigisme s’appuie sur une forte tradition. Ainsi Bruno Le Maire, notre grand argentier du coffre vide, n’a pas hésité à menacer de retirer les garanties de l’état et d’interdire les reports d’impôt à toutes les entreprises qui rémunéreraient leurs actionnaires. Pousse-toi de là que je m’y mette ! Chez nous, l’art de gouverner c’est se mêler de tout et la crise est une aubaine.  Les  Régions, les départements, plus disponibles et à l’écoute, ont-ils commandé des masques ? Ils sont réquisitionnés par l’état à leur arrivée ! Plus que jamais nos technocrates de Bercy sont à la manœuvre et on imagine que c’est avec jubilation qu’ils ont dressé l’inventaire à la Prévert des activités qui seraient ouvertes ou fermées : les opticiens ? fermés ! Les parapharmacies des galeries commerciales ? ouvertes ! Les animaleries ? fermées, puis non, ouvertes ! (importants  les chiens-chiens). Les marchés de plein air ? on ouvre, bien sûr ! Comme dans Ubu, les  contre-ordres s’enchainent : on ferme finalement les marchés, puis on les ouvre sur proposition du maire au préfet… Et déjà on se prépare avec délectation à établir la liste des ouvertures programmées et  progressives de l’après onze mai. Que voulez-vous, il y a entre Bercy, Matignon et l’Elysée, une poignée de personnes confinées qui se sentent enfin utiles ! On leur a confié l’intelligence de tout un pays. Le  problème c’est qu’ils sont coupés du monde et privés de tout « feed-back ». Heureusement, les Français sont débrouillards.

Qui trop embrasse, mal étreint.

L’euphorie jacobine semble prophétiser la  renaissance, sinon la justification, du centralisme républicain. Les  partisans de l’étatisme se gargarisent mais ils feraient mieux d’évaluer l’étendue des dégâts de l’impuissance publique à laquelle le centralisme technocratique a conduit. La  débâcle de notre système sanitaire national en est l’étendard et la litanie glaciale quotidienne du médecin bureaucrate en chef, chaque soir, l’ordre du jour calamiteux. La France des normes, des règlements, des circulaires s’avère être un vrai boulet. L’affaire des masques et des tests, qu’on songe enfin à généraliser dès qu’on en aura, illustre plus une incurie qu’une efficacité.  La  comparaison avec l’Allemagne décentralisée est accablante. L’appareil étatique est à alléger, non à renforcer. Les lourdeurs administratives s’ajoutent  à l’impréparation du gouvernement, à ses volte-face (le premier tour des municipales est édifiant), à ses lenteurs. Ainsi les laboratoires non hospitaliers n’étaient pas autorisés jusqu’à récemment à pratiquer des tests de dépistage, le réseau des médecins de ville a été d’abord négligé, et que dire de la querelle sur le traitement de ce grand professeur qu’est Didier Raoult !

Il faut sortir du centralisme techno.

Notre modèle social est un amortisseur de crise, certes, mais prenons garde qu’il n’étouffe la reprise comme en 2010. La  crise sanitaire a mis à nu la crise de l’étatisme. La légitimité de la loi « d’urgence sanitaire » du 23 mars donne à l’Etat un pouvoir écrasant qui permet de limiter les libertés d’aller et venir, d’entreprendre, de se réunir, et bientôt, peut-être de « tracer » numériquement les individus en utilisant les données personnelles de leur téléphone. Si nous ne sommes pas vigilants, c’est une société de surveillance et un Etat liberticide qui s’instaurerait. Il  ne faut pas non plus que l’Etat-pompier,  qui joue son rôle, soit pris comme argument pour la généralisation du tout-Etat et les nationalisations, en prenant prétexte de l’argent déversé sans compter pour freiner la crise. La responsabilisation publique et l’initiative privée seront toujours plus efficaces, dans la durée, que l’Etat obèse et inconséquent, car c’est bien lui qui a mis l’hôpital public dans la situation de détresse qu’on a pu observer. Contentons-nous du vieux principe : quand la liberté opprime, c’est la loi qui protège. Mais la liberté d’abord ! Les enseignements de l’Histoire du 20ème siècle sont pourtant édifiants !

Quel après ?

Les  prises de  paroles  de certains  de nos responsables chez Les Républicains semblent prouver le contraire. Aurélien Pradié et Guillaume Peltier feraient bien de réviser leurs cours d’histoire. Ce n’est pas le libéralisme qui est en cause, mais son avatar néo-libéral, et ce n’est pas l’Etat-stratège, autre tarte à la crème, et la planification qui nous sortiront d’affaire. Si c’est ça la ligne du parti, ce sera sans moi. Et puis, il y en a marre de toutes ces petites officines que chacun s’ingénie à faire vivre en parallèle pour avoir sa prise de position en dehors. Ce n’est pas ainsi qu’on reprendra le pouvoir. J’aimerais qu’on écoute le message de sagesse de Jean-Louis Thiériot et la mise en garde de Nicolas Forissier. Bref, c’est la délibération collective et le rassemblement qui devraient prévaloir. Car quoi, les maux dont nous souffrons ne sont pas liés à un excès de libéralisme ni à un excès de rigueur budgétaire, mais à l’inverse. C’est leur insuffisance qui nous ruine. C’est parce que les caisses de l’Etat sont archi-vides -et la crise ne va pas les remplir- que la  politique s’étiole et se dissout en mots creux de communication médiatique : « les  masques sont commandés, ils vont arriver, ils ne vont pas tarder à arriver, ils vont bientôt être distribués, la distribution est en cours. .. ». Si on doit continuer indéfiniment les politiques de relance et d’accroissement de la dette, alors oui, on courra à la catastrophe. Si l’Allemagne s’en tire mieux que nous ce n’est pas seulement parce qu’elle est moins centralisée, c’est aussi  parce qu’elle est moins endettée et qu’elle a donc retrouvé des marges de manœuvre budgétaires. Après la crise il faudra conjurer la demande exponentielle d’Etat-providence, de protection, d’indépendance nationale tous azimuts, en résolvant l’incapacité structurelle de nos entreprises à  être compétitives dans un monde qui restera ouvert parce qu’on ne le fermera pas d’un coup de baguette magique. Il faudra aussi remettre à leur place les demandes exacerbées des écologistes qui font feu de tout bois pour tenter de tirer la couverture à eux. Comme si la crise de nos hôpitaux était liée à un déficit de politique environnementale…  D’ailleurs si on veut répondre à la  promesse d’une mobilisation grandiose en leur faveur, il faudra bien commencer par emplir les caisses, non ? Alors, la décroissance … Et puis, faisons en sorte que le pouvoir ne soit pas trop tâtonnant, car le plus grand péril qui nous guette, c’est que le populisme s’en empare.

 


PAS DE PANIQUE !

Euro

 

Baisse des charges bisEt d’abord les statistiques.

La France est entrée en récession ce trimestre, de -6%  … Un drame ! Le chômage partiel explose, et  dans la foulée, le nombre des chômeurs … Rien d’étonnant et il va falloir s’y habituer. Les  commentateurs économiques, qui ont l’habitude de se tromper dans leurs perspectives s’alarment comme si c’était une surprise ou une catastrophe. Ce n’est pourtant pas la peine d’en rajouter :  les Français ont suffisamment de stress à gérer avec la sombre litanie du Dr Salomon chaque soir et la querelle sur le traitement du Dr Raoult. Il est pourtant évident que si l’économie s’arrête, le PIB baisse, les comparaisons avec des situations antérieures sont inopportunes. Et le chômage augmente surtout si on le facilite. Inutile donc de hurler à chaque mauvais chiffre, parce qu’il va nécessairement en tomber pendant quelques semaines. Le PIB va chuter, la consommation aussi, le commerce international aussi, et le chômage va flamber. Car nous vivons une récession peu ordinaire : elle n’est pas le résultat d’une crise comme celle des subprimes en 2008, un choc de créances pourries dont le monde a mis 5 ans à se remettre. Celle que nous vivons n’est pas le fruit d’une secousse économique, c’est une mise entre parenthèse imposée pour raison sanitaire.  Une sorte de coma artificiel pour reprendre la comparaison de Marc Fiorentino : les gouvernements ont mis l'économie dans un état de coma artificiel le temps que l'épidémie s'arrête. Le moment venu, on la fera sortir du coma. Alors peut-être que le temps de réveil et de récupération sera plus ou moins long et certaines lésions seront peut-être irréversibles, des entreprises fragiles disparaîtront,  des secteurs perdront des emplois, mais nous sortirons du coma. C'est programmé. Et quand tout repartira, ce sera l'inverse : croissance, consommation, baisse du chômage, reprise des échanges… Beaucoup de paramètres interviendront  mais  cette récession n'est pas une récession subie, c’est une récession « artificielle ».

 

Bercy_ministere_financesLa France dans son mauvais rôle.

L’Europe a un rôle moteur à jouer d’abord en soutien pendant la léthargie, ce qui est fait avec les 1500 milliards d’euros débloqués par la BCE. Il faut ensuite se mettre d’accord sur les mécanismes permettant d’y accéder et d’aider les pays les plus durement touchés par la pandémie.  Un plan cohérent de soutien financier serait le bienvenu. La vidéoconférence entre les chefs d’Etat et de gouvernement n’ayant pas permis de trouver un terrain d’entente, c’est la conférence des  ministres de l’Economie qui devait s’y coller. Mario Centeno, le Portugais qui préside l’Eurogroupe, a mis au point un plan en trois composantes : l’activation d’une ligne de crédit dans le cadre du MES (Mécanisme européen de stabilité), pouvant aller jusqu’à 240 milliards d’euros, la création par la Banque Européenne d’Investissement d’un fonds de garantie de 25 milliards d’euros, financé par les Etats membres, qui permettrait au final de mobiliser 200 milliards d’investissement  dans les  PME et enfin le lancement par la Commission européenne du programme « Sure », doté de 100 milliards d’euros pour aider les états à financer  le chômage  partiel. Une fusée à trois étages qui permettrait de venir en aide aux Etats,  aux entreprises et aux travailleurs. Un plan qui recueille un large soutien. Paris a bloqué parce qu’il n’a pas obtenu ce qu’il appelle le 4ème étage : le fonds de solidarité pour financer une stratégie de reprise fondée sur l’investissement. Ce fonds évalué à 420 milliards d’euros n’est en réalité que la remise dans le jeu des fameux « eurobonds » dont l’Europe du Nord ne veut pas. La proposition de  la France est perçue comme une fuite en avant pour mutualiser les dettes et ainsi emprunter  à bon compte, ce que les pays d’Europe du Nord, vertueux, ne veulent pas, les Pays-Bas tout particulièrement. Mais  la France depuis  plusieurs années et jusqu’à récemment n’a pas envoyé des signaux crédibles sur sa dépense publique.  Bruno Le Maire est donc malvenu à laisser éclater sa colère et proclamer sa « honte » pour masquer  la défiance  dont notre pays fait l’objet, et qui, elle, est une réalité !

 

Dette publiqueLa solidarité, oui, mais il faut un frein à l’endettement.

Les pays du Sud, dont la France, sont aujourd’hui touchés lourdement par l’épidémie dans des conditions sanitaires très dures mais aussi des conditions très difficiles pour leurs finances publiques déjà fort mal en point avant la crise. Au sein de ces pays, l’Italie est dans une situation très critique, on peut déjà extrapoler une dette à 160 % du PIB d’ici la fin 2020. En Espagne et en France aussi, les dettes publiques vont gonfler et les taux risquent de monter. Les pays du Nord de l’Europe, avec à leur tête l’Allemagne et les Pays-Bas, sont dans une tout autre situation : l’épidémie semble un peu plus contenue sur leurs sols et leurs finances publiques sont assez saines grâce à une gestion au cordeau depuis la crise de 2008. Tout système de « mutualisation » des dettes au niveau fédéral en faisant contribuer les « fourmis » au profit des « cigales » serait une invitation pour les mauvais élèves à emprunter sans frein, grâce à des taux d’intérêt garantis par L’Europe, ce qui n’est acceptable par les pays du Nord qui ont fait les efforts de gestion – et on les comprend ! C’est en effet les taux d’intérêts qui peuvent servir de frein à la fuite en avant des dépenses. C’est pourquoi le plan proposé par  Mario Centeno est raisonnable, il avait d’ailleurs reçu l’accord de  principe de l’Espagne. La France continue le forcing. Et comme d’habitude, un accord sera trouvé. Mais vraiment, la France n’a rien à gagner à affronter l’Allemagne, elle ferait mieux d’essayer de l’imiter. Si un frein a l’endettement avait été mis en place en France au sortir de la dernière crise, nous ne serions pas aujourd’hui à 100 % de dette mais plutôt autour de 80 %. Nous serions alors plus crédible avec nos exigences.

 

Des-liasses-de-billets500 milliards disponibles immédiatement.

L’accord sur le plan de sauvetage à 500 milliards a été décidé cette nuit par les ministres des Finances de l'Union européenne. On savait Merkel à la manœuvre.  Seule l’Allemagne pouvait faire plier les Hollandais. D’autre  part, consciente des difficultés des pays du sud et des dégâts dans l’industrie de son propre pays, elle souhaitait qu’un accord soit trouvé. Cette nuit, les négociations ont enfin abouti, comme on pouvait s’y attendre, sur la base du plan Centeno : on allège  les procédures du MES pour faire plaisir à l’Italie, et l’Allemagne et la France sont chargées de préparée un plan de relance selon les vœux de Bruno Le Maire. Tout le monde  est content. La France a le pied sur l’accélérateur mais on compte sur l’Allemagne pour avoir le pied sur le frein. L’important est que l’Europe agisse de concert. C’est le  cas. Trois jours pour s’entendre, alors qu’il avait fallu des mois après la crise des subprimes. On progresse !

Du coup la France fait passer de 50 à 100 milliards son soutien à l’économie et aux entreprises. Mais il va falloir être sérieux ensuite : avec un déficit annoncé de près de 8% et un endettement à 112% du PIB à la fin de l’année, la France va devoir faire des efforts.  On sait déjà qui paiera : les contribuables et les épargnants, et chez nous, ce sont les mêmes. Alors, dépêchez-vous d’aller faire le plein pendant que l’essence n’est pas chère, parce que les pays producteurs ont trouvé un accord de réduction de 10 millions de barils par jour pour faire remonter  les cours. Et le prix des carburants va remonter.


MAIS SI L’EUROPE EST LA ! HEUREUSEMENT !

BCE 2

 

L’Europe a beaucoup de défauts, et nous aurons à tirer des leçons de cette crise sanitaire.  Notamment, puisqu’elle ne compte plus pour les Etats-Unis accaparés par leur affrontement avec la Chine, elle devra absolument construire sa souveraineté sanitaire pour ne pas dépendre de puissances extérieures en matière d’approvisionnement de médicaments et matériels de soin, ce qui implique clairement pour les  pays européens de l’Union d’investir de manière collective et coordonnée dans leur capacité industrielle. D’autant plus qu’elle a les entreprises pour le faire. Pour répondre à la crise, il faut « plus d'Europe, une Europe plus forte et une Europe qui fonctionne bien ». La  bonne nouvelle, c’est que l’Allemagne a compris que c’était aussi son intérêt.

Le rôle de la Banque centrale européenne.

Il aura été primordial. Ceux qui reprochent à l’Union de laisser tomber l’Italie ou la Grèce, parce  que certains refusent les « coronabonds » oublient l’essentiel. Certes l’Europe ne peut pas fournir ce qui manque à tous et qu’aucun pays ne produit plus guère : des masques ou des respirateurs qu’il faut commander à la Chine. Celle-ci, à l’affut, et faisant mine d’oublier que la pandémie vient de chez elle se permet des « gestes » humanitaires en « offrant » des livraisons… la  propagande avance masquée,  c’est le cas de le dire. Supériorité des régimes « autoritaires » ? Si c’est pour truquer la vérité chinoise et imposer l’omerta russe, non, merci ! Revenons à nos moutons : sans la  BCE, et donc sans l'Europe, la plupart des pays de la zone euro seraient en faillite, à commencer par la France. Sans la BCE, des pays comme l'Italie, l'Espagne et la France devraient se financer, compte tenu du niveau de leurs déficits et de leurs dettes, à des taux très élevés. Sans la BCE, aucun plan de relance budgétaire ne serait possible. La Banque Centrale Européenne, c’est la plus grande initiative européenne,  puisque son intervention massive n’est possible qu’avec l’accord unanime des  partenaires de la zone Euro. Comme le dit  Marc Fiorentino, en paraphrasant Sardou : « Si la BCE n'était pas là, nous serions tous en faillite ! ».

L’importance de la monnaie unique.

Nous avons la chance extraordinaire  d'avoir une monnaie commune qui évite une guerre des monnaies et les dévaluations sauvages, d'avoir une banque centrale qui finance les dettes des pays en difficulté, et l'Allemagne qui accepte de « garantir » de fait l'endettement d'une partie des États de la zone euro. Les  Européens ont accepté de mettre entre parenthèses le « pacte de stabilité » ce qui nous arrange bien  car nous étions incapables de rentrer dans les clous. Mais point n’est nécessaire de créer de nouveaux fonds spéciaux d’aides (les coronabonds)  comme  l’explique Wolfgang  Schaüble, l’actuel  président du Bundestag, ancien ministre de l’économie : utilisons d’abord les outils existants. Et ils sont suffisamment nombreux à commencer par le MES, Mécanisme Européen de Stabilité, doté de 500 milliards d’euros, ou la  Banque Européenne  d’investissement, dont on peut élargir le cadre de garantie… et dont les actions peuvent s’ajouter à celle de la BCE. Nous avons donc toutes les raisons d’affirmer que l’Europe est solidaire. Cependant, chacun doit désormais apporter aussi sa contribution. La solidarité n’est jamais un processus à sens unique.

Les  médias  sont  niais sur l’Europe.

Il  est, en effet, étonnant, énervant même, d'entendre des commentateurs expliquer que l'Europe ne fait rien, qu'elle laisse les pays membres se débrouiller seuls, qu'il n'y a pas d'initiatives européennes. Ils passent quasiment sous silence la solidarité de l’Allemagne qui a pris en charge des malades italiens et français.  Il existe de multiples exemples d’entraide, qui passent au second plan à cause du sujet central dont on nous abreuve à jet continu d’émissions spéciales « coronavirus ». Ces médias oublient tout simplement la Banque Centrale Européenne et les centaines de milliards qu’elle a décidé de débloquer  pour les  mettre à la disposition des Etats. Et de fait, Les banques sont devenues des distributeurs d'argent gratuit distribué par la BCE et garanti par la BPI, des agences nationales de la BCE : c’est comme si elles étaient nationalisées, ou plutôt  « européanisées », de fait. C’est évidemment une situation transitoire, mais cela leur évitera de provoquer la prochaine crise. En France, les « Prêts garantis par l'État » (PGE) bénéficient d'une garantie de l’État à hauteur de 70 à 90%, selon la taille de l'entreprise. Berlin s'apprête à relever à 100 % la garantie d'État assortie aux prêts pour les PME fragilisées par la crise du coronavirus. Et Merkel, sortant de son confinement volontaire pour montrer l’exemple, affirme sans ambages : c'est « dans l'intérêt de l'Allemagne que l'Europe sorte forte de cette mise à l'épreuve ». quant à l’Union européenne, il suffit de voir avec quelle énergie la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, malgré des prérogatives limitées, cherche à renforcer la solidarité, soyons convaincus que tout ce qui est nécessaire sera fait pour rester ensemble. Même si c’est vrai que cette crise implique que nous progressions chaque jour à tâtons, car bien malin est celui qui nous dira précisément où tout cela mènera.

L’union financière, pour l’instant, fait ses preuves. Voilà un vrai sujet pour les « nationalistes » anti-européens, qu’on entend peu. Il sera intéressant, par exemple, de voir dans quel état va se trouver le Royaume-Uni livré à son sort, et inévitablement abandonné par les Etats-Unis qui ont d’autres chats à fouetter. Le  monde est cruel !


LE CONTRE-COUP ECONOMIQUE

Baisse des charges bis

La crise sanitaire a mis la France quasiment à l’arrêt.  Le fait qu’elle ne soit pas toute seule dans cette situation est une piètre consolation. En plus, nous devons être bien conscients que le  confinement ne résout pas le  problème et la propagation du virus menace de flamber à nouveau dès qu’on lèvera le couvercle. Même si on  peut espérer un affaiblissement de la pandémie, l’urgence tient dans la solution qu’apportera la médecine qu’il s’agisse de  médicament ou de vaccin. De l’évolution qui suivra dépend en effet  l’importance du contre-coup sur notre économie, sur celle de nos partenaires et évidemment  sur l’économie mondiale dont les deux plus gros PIB sont aujourd’hui en apesanteur : la Chine et  les  Etats-Unis. Tout  dépendra donc de notre capacité  collective  à bloquer la  pandémie.

Pour évaluer l’ampleur de  la crise économique à laquelle nous somme d’ores et déjà confrontés, j’ai croisé le  regard de quatre experts économiques et financiers : Nicolas Bouzou, Marc Fiorentino, Jean-Pierre Robin (Le Figaro), et Eric Le Boucher (Les Echos).

La crise est-elle de même nature que celle de 1929, comme l’affirme Bruno Lemaire ?

Le consensus est établi : tout le monde est d’accord pour affirmer que nous sommes en face d’une crise qui ne ressemble en rien à celle de 1929,  pas  plus qu’à celle de 2008. Pour JP. Robin comme pour Marc Fiorentino, il ne faut pas s’étonner de l’effondrement des  marchés financiers. Une correction était attendue de toute façon après près de 10 ans de croissance continue des indices. Ce qui frappe précise Marc Fiorentino, c’est l’ampleur de la chute, près de 40% à Paris, passant de 6117 au plus haut à 3632 points au plus bas, et sa rapidité, qui fait que le krach ne ressemble à aucun autre. Mais, il n’y a pas d’explosion du système financier ni de crise de l’euro comme  en 2008. Ce  qui frappe aussi,  c’est que c’est l’économie mondiale qui est pratiquement à l’arrêt.

De quels moyens dispose-t-on pour contrer les effets  de la crise sanitaire ?

Il faut bien comprendre que nous ne sommes pas dans une crise de surproduction. C’est la crise du "Covid 19" qui a obligé à arrêter certaines activités et à réorganiser le travail,  avec une partie importante de la main d’œuvre en chômage partiel ou total du fait du confinement. Celui-ci touche 10 à 20 millions de salariés, d’indépendants et de patrons de PME souligne JP Robin. Marc Fiorentino décline les secteurs touchés : le tourisme, l’événementiel, la restauration, le bâtiment,  mais aussi les startups  en phase de décollage encore fragiles financièrement. Pour éviter des conséquences dévastatrices et garder un maximum d’entreprises viables, on a assisté  à une intervention rapide et  massive des banques centrales. Car le choc est violent : l’Insee a mesuré que notre économie ne tourne plus qu’à 65% de son PIB (200 milliards/mois), soit un trou de 140 à 150 milliards d’euros si l’arrêt se prolonge sur deux mois. Tout le monde fait le même constat : 3 points de PIB par mois, c’est tenable sur une courte période. Pour Eric Le Boucher, même appréciation, les milliers de milliards qui se déversent sur les  économies parient sur une parenthèse brève. Il s’agit de sauvegarder intact le tissu économique. Pour JP Robin, comme pour Marc Fiorentino,  le choc paraît surmontable : la BCE a débloqué 750 milliards d’euros pour les 19 pays de la zone euro, ce qui représente 6% du PIB de la zone euro (12 500 milliards). Le patrimoine de la France en fait un pays dont la richesse immobilisée (tout compris) est de 15 482 milliards d’euros  et les Français détiennent 350 milliards sur leurs comptes en banque non rémunérés… De fait, le déficit budgétaire et la dette passent au second plan, explique Marc Fiorentino. Eric Le  Boucher met un bémol : il rappelle que les dettes publiques et privées étaient déjà excessives avant le déclenchement de  la crise et représentaient 225% du PIB mondial. Donc tout grain de sable dans la machine risquerait de faire remonter les taux d’intérêts qui déclencheraient alors une catastrophe mondiale. Mais l’arrosage est conséquent : Berlin décaisse 500 milliards contre 60 en 2008, Paris 300 milliards contre 50. Bref, les banquiers mondiaux et les chefs d’Etats ont voulu anticiper la crise  économique. Qui paiera ? personne ne sait. En fait ce sont les banques centrales qui vont détenir les dettes des Etats qui eux-mêmes les contrôlent. Ce n'est pas le sujet pour le moment.

Quels scénarios pour la suite ?

Pour Nicolas Bouzou, la baisse du PIB était inévitable. Marc Fiorentino aurait préféré que les bourses soient fermées pendant la période pour éviter des transactions hors sol. Tout est faussé pour les  marchés, et il faut à tout prix éviter les mouvements irrationnels à la fois pour les entreprises et pour les épargnants. Autrement dit éviter que l’on perde beaucoup d’argent inutilement. Il se veut rassurant concernant les banques et les assurances : aucun risque d’effondrement de ce côté-là, selon lui. Le consensus se fait sur un rebond rapide et fort, probablement en septembre. Mais une reprise forcément progressive dès la fin de l’épisode épidémique, qui dépendra largement de l’environnement international. La reprise de la consommation sera rapide dans un premier temps, grâce à un effet euphorique et de rattrapage sur une demande interne inhibée par le confinement et le climat anxyogène. Le reste repartira  plus lentement à cause d’une demande externe amoindrie pour de nombreuses raisons, fermeture des frontières, remise en route de  la production qui ne se fait pas d’un claquement de doigts… Nicolas Bouzou dessine trois actions à mener par la France et l’Union européenne pour accompagner le rebond : les outils digitaux que nous avons utilisés et qui se révèlent indispensables pendant la  crise doivent faire l’objet d’une reprise en main industrielle par l’Europe afin d’avoir elle-même ses géants du numérique ; le télétravail devra continuer et être encouragé comme une nouvelle forme d’organisation et de gestion du temps de travail ; enfin il ne faudra  pas  contrarier le climat d’euphorie accompagnant la reprise par des décisions politiques inadéquates par exemple de fiscalité ou des réformes anxyogènes …  Marc  Fiorentino imagine un redémarrage en U probable, avec remontée progressive de l'activité  mais privilégie l’hypothèse d’une reprise en W pour tenir compte des décalages internationaux inévitables : redémarrage fort suivi d’une nouvelle rechute puis d’une nouvelle reprise, parce que de toute façon il faudra que ça reparte d’une manière ou d’une autre. Tout  dépendra de la manière dont réagira  l’économie US. Sans compter qu’à l’automne les Américains voteront pour élire le président.

En attendant …

L’arrêt de l’économie est une réalité.  Des statistiques vont le mesurer avec leur cortège de chiffres sur le chômage, la croissance, etc  …  dont il ne faudra pas trop tenir compte parce qu’ils seront forcément provisoires. Il émerge une certitude : l’économie repartira. Malgré le déversement de  milliards de liquidités, il n’y a pas trop à craindre non plus une hyperinflation.  Nous subissons un tel choc déflationniste avec une économie  mondiale à l’arrêt, auquel il faut ajouter la guerre du pétrole et les cours très bas des matières premières, que la masse des liquidités n’est pas susceptible de faire monter les prix.  Par contre, tempère Eric Le Boucher, le climat international sera primordial, il espère une coordination internationale aussi forte que possible (G7, G20, UE, OCDE…) pour que les marchés ne paniquent pas. Pour lui, le plus grand danger viendrait des poussées nationalistes ou populistes qui empêcheraient une réponse mondiale organisée.

Vous l’avez compris, l’année 2020 ne sera pas une sinécure pour les gouvernants. Pour  Macron, on peut dire que la fin de son quinquennat est chamboulée, avec une année 2020 qu’on peut déjà mettre entre parenthèses et une stabilisation du pays au mieux à l’horizon de la fin du premier semestre 2021… et à l’automne commenceront les « hostilités » de la campagne présidentielle de 2022 ! (si elles ne démarrent pas avant).

 


SUR LES RESEAUX DECHAINES…

Internet

 

Quelques nouvelles lues ici ou là …. Bien évidemment, le  virus se taille la  part du lion.

Coronavirus 1 : une enquête a permis d’établir que le pangolin n’y était pour rien (Le  club des Echos). Nous voilà rassurés.

Coronavirus 2 : le Prince  Charles  est contaminé. Quelle époque !  Même les virus ne respectent plus rien !

Coronavirus 3 : Après sa démission du conseil scientifique de Macron, « le Professeur Raoult est-il le De Gaulle du Covid 19 ? » se demande l’Obs. Nouvelle version de « j’ai raison seul contre tous ! ».  Espérons qu’il supporte la comparaison avec le Général.

Conoravirus 4 : le côté obscur de  la force. Alors que les Français applaudissent les soignants tous les soirs à 20H, des « bas de plafond» se permettent d’ostraciser des infirmiers ou des soignants qui habitent leur immeuble en leur demandant avec insistance d’aller vivre ailleurs, pour ne pas être contaminés. Honteux !

Coronavirus 5 : la  crise sanitaire aura des conséquences sur la croissance. Récession : 3 Points de moins de PIB pour Bruno Le Maire, si le confinement dure un mois ;  6 points de  moins pour l’Insee si le confinement dure  deux mois. Cohérent. Qui peut me dire combien de  points en moins si le confinement dure trois  mois… ?

Coronavirus 6 : Un constat impressionnant. Depuis le confinement, l’air est  plus  respirable dans les  grandes villes  et  particulièrement à Paris. CQFD. Pourvu que ça ne donne pas  des idées à Hidalgo. Je parie qu’on ne va pas tarder à nous annoncer aussi un record triomphal de moindre  mortalité sur les routes.

Coronavirus 7 : Je lisais naguère que  nos savants qui explorent la galaxie comprenaient mieux les « trous noirs ». Ils n’ont pas vu que nos maisons de retraite seraient le trou noir de l’épidémie (L’opinion). Trop proches, certainement. 

Coronavirus 8 : Des masques moisis auraient été livrés à des soignants à la Réunion. Très regrettable ! On ne peut pas croire que ce soit la durée du voyage, même par bateau, qui en soit la cause. Or plaisanterie, la question reste posée : « Où sont passés  les masques ? » Nos  policiers ont dû donner les leurs aux hôpitaux, alors qu’ils sont en première ligne pour faire respecter  le  confinement….

Boulet : « On ne va pas  demander aux enseignants qui ne travaillent pas de traverser toute la France pour aller ramasser des fraises ! » Je traduis : «  On en va quand même pas demander aux fainéants de bosser un peu ! ».  Les enseignants qui s’échinent pour trouver des solutions avec internet pour faire cours auront apprécié. De qui est la boulette ? Eh oui, gagné, c’est Sibeth. A croire qu’elle a été élevée au jus d’Hanouna.

Carnet mondain : Meghan et Harry vont parait-il quitter leur manoir de  Vancouver au Canada. Ils hésitent entre la Californie et l’Angleterre pour se poser après le « Megxit » du 31 mars.

Air du temps : « l’Internaute » propose 40 lieux pour se sentir seul au monde ! Le site ne précise pas si c’est loin des virus.

Edition : finalement c’est Stock qui publiera l’autobiographie de Woody Allen.

Pas sortis de l’auberge : on connait le « conseil scientifique » chargé de conseiller Macron. Le président de la République a installé cette semaine un nouveau "comité de chercheurs" pour accompagner le gouvernement dans le choix de sa stratégie de sortie du confinement imposé à la population depuis le 17 mars. Notamment en explorant le potentiel des outils numériques et des données de localisation. Le confinement risque de durer longtemps : le temps qu’ils étudient toutes les hypothèses et testent les solutions !

Aïe : Cyril Hanouna prépare une émission TPMP de 48h en direct de son domicile ! 

 


LA LIBERTE COMME REMEDE A NOS MAUX

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Une drôle d’expérience.

Je sais que le titre de cet article fait un  peu provocation par rapport à la situation de confinement que nous vivons et qui est, je l’espère, temporaire. Je profite du temps  dont nous disposons tous pour approfondir la réflexion sur notre devenir, celui de la France et de l’Europe. Car la crise sanitaire, en  mettant notre économie quasiment à l’arrêt et en ouvrant toutes grandes les  vannes des « liquidités » pour financer, ne va pas vraiment arranger les choses. Déjà, Macron a annoncé que plus rien ne serait comme avant : « Il nous faudra demain, tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties ». C'est que cette crise va provoquer une accélération de la mutation structurelle de l'économie, vers une croissance plus faible, voire vers la décroissance, avec ses effets dévastateurs, comme le chômage.… Les « « millenials » remettent en question depuis longtemps notre modèle, ils remettent en cause la surconsommation, responsable selon eux de la destruction programmée de la planète. Et Macron semble vouloir aller dans leur sens et se refaire une santé avec la  « croissance durable » !  Un débat sur lequel nous aurons l’occasion de revenir. Déjà on se demande bien comment, sans croissance, on pourrait rembourser la dette abyssale à laquelle on va parvenir. « Hélas, c’est là qu’est l’os ! », et je parie qu’on va nous ressortir les balivernes marxistes habillées en vert. Le sujet, c’est donc bien « la liberté ».

Actualité de Tocqueville.

Le seul remède efficace à nos maux, c’est la liberté, selon Tocqueville. Nicolas Baverez, dans un livre lumineux qu’il faudrait lire, « Le Monde selon Tocqueville », refait le chemin pour nous. La  pensée de l’auteur de « De la démocratie en Amérique », disparu il y a cent soixante ans, n’a jamais été aussi  pertinente. Et les temps que nous vivons mettent vigoureusement à l’ordre du jour la pensée « tocquevillienne ». Elle nous permet de comprendre la crise que traversent nos démocratie minées par le désengagement de citoyens individualistes et la  tentation de dérives autoritaires. A travers le recueil de l’œuvre de ce démocrate de raison, de larges extraits sélectionnés et classés par thème par Nicolas Baverez, on découvre « la plus formidable –et toujours actuelle- analyse du système démocratique, de ses bienfaits et de ses limites » nous explique Daniel Fortin dans Les  Echos. L’analyse des faiblesses françaises telles que centralisation excessive, religion de l’impôt, préférence  pour la radicalité politique, est d’une étonnante actualité.  Il montre aussi à quel  point  la passion des hommes pour l’égalité, si française, peut se retourner contre la démocratie et dégénérer en despotisme. On y retrouve les traits de notre histoire : besoin de sécurité, culte de l’homme providentiel, haine sociale (envers la noblesse hier, les riches aujourd’hui), et qui constituent les failles dans lesquelles n’importe quel régime peut sombrer. En ce début  de 21ème siècle, au moment où le monde connaît une crise de la démocratie d’une ampleur inédite,  jusqu’au sein même des Etats-Unis, l’acuité de la vision de Tocqueville parait inouïe.

Petit détour en philosophie.

Nicolas Baverez décrit avec précision ce qu’il appelle « le krach démocratique », thème qu’il reprend en plus approfondi dans son ouvrage récent « l’Alerte démocratique » (dont j’ai fait le résumé dernièrement), et démontre à quel point la lecture de Tocqueville, qui avait tout prévu, peut  permettre d’y faire face. Mais qui est donc cet Alexis de Tocqueville, auteur si peu connu en France alors qu’il  est respecté aux Etats-Unis, et dont les écrits sont subitement devenus à la mode ? Aristocrate de cœur, Tocqueville dérange par son caractère inclassable. Il  est trop  libéral pour les monarchistes et les conservateurs, et trop  aristocrate pour les Républicains. IL  n’appartient à aucun parti ni aucune école de pensée. S’il est considéré aux Etats-Unis c’est grâce à la  puissance de son analyse sociologique et politique. Il n’est ni un prophète ni un doctrinaire, mais un historien et un sociologue et la démocratie n’est pas à ses yeux une cause à défendre mais un état de la société qui peut conduire soit à la liberté, soit au despotisme. Il perçoit avec lucidité à la fois la force du mouvement vers la démocratie que suscite la passion de l’égalité et en même temps les risques de dérives tyranniques ou de désengagement des citoyens qui  peuvent  l’accompagner. Il se reconnait dans les droits de l’homme et les défend en dénonçant le destin tragique fait aux Indiens, en s’engageant pour l’abolition de l’esclavage ou en critiquant le racisme de Gobineau. C’est la liberté qui le conduit à la démocratie et au libéralisme sans renoncer au lien fondamental entre la liberté et la justice et  à l’attachement aux contre-pouvoirs, eux-mêmes antidotes de  la  tyrannie. Pour comprendre que le lien n’est pas évident, le paradoxe historique entre l’Angleterre et la France au XIXème siècle peut nous éclairer : l’Angleterre conservatrice a acclimaté la liberté politique en restant une société de classes alors que  la France révolutionnaire a liquidé la société aristocratique sans parvenir à fonder une démocratie stable, oscillant sans cesse entre le chaos et le césarisme. En résumé : le mouvement vers l’égalité des conditions, s’il est irrésistible n’en dicte pas  pour autant ni les institutions ni le destin des hommes. Chez Tocqueville, la  liberté est la valeur suprême, un mode d’organisation du pouvoir et un principe d’action.  C’est avec cette conception que nous devons impérativement renouer !

Marx est obsolète.

Raymond Aron a éclairé  dans « Essai sur les libertés » les rapports entre la liberté et le développement de  la société industrielle à la lumière des conceptions de la démocratie de Tocqueville et de Marx, ainsi que de l’opposition entre libertés formelles et  réelles. Il montre la supériorité de Tocqueville pour qui la liberté politique, loin d’être formelle, est la question centrale, sur Marx qui voit dans l’exploitation la loi du capitalisme et dans la révolution la condition de l’établissement d’une démocratie authentique. L’histoire du XXème siècle a confirmé ce jugement : pendant que le capitalisme a su se réformer et les sociétés occidentales conjuguer la protection des libertés individuelles avec un haut degré de prospérité et de solidarité, le « soviétisme » a cumulé la  suppression de toute forme  de liberté avec la paupérisation des masses et des inégalités maximales. Ce qui amène Jacques Julliard (certes de gauche mais sans jamais avoir été marxiste) à se poser la question sur son carnet : « Pourquoi Tocqueville  nous est-il si utile, alors que Marx  nous tombe un peu des mains ? ». Pour lui, l’anthropologie marxiste est aujourd’hui une misère. Marx avait donné à la question sociale la dignité d’un problème philosophique majeur. Mais on sait ce que la pratique bolchévique en a fait.  Pire, le  bobo « éclairé » et truqueur d’aujourd’hui a pris la place du prolétaire, le sociétal s’est substitué au social, la lutte contre les discriminations remplace la lutte des classes et « l’intersectionnalité » tient lieu « d’Internationale ». « Les belles âmes occidentales ont leurs pauvres : les musulmans…. » précise Jacques Julliard. Pour lui, Marx, qu’il faut ranger parmi les grands penseurs humanistes de l’Occident, est devenu « inutile et incertain » parce que sa vision de l’homme, son anthropologie sociale est d’un simplisme redhibitoire, tandis que la vision de Tocqueville est d’une vérité  criante. L’opposition repose sur un clivage déterminant : le premier,  influencé  par les libéraux, pense que les hommes sont dominés par leurs intérêts, alors que le  second fait  une place essentielle aux passions. Vaste débat, mais tellement actuel. Le  duopole libéralo-marxiste est mort. Nous n’avons envie ni de la dictature du prolétariat ni de l’intérêt individuel bouffi d’envie et de consommation érigé en principe pour défendre l’autoritarisme et le despotisme politique. C’est en cela que Tocqueville nous éclaire : face à  l’économisme réducteur, il affirme l’autonomie du politique et chante la gloire de la démocratie tout en dénonçant les déviations que constituent la tyrannie de la majorité (suivez mon regard), l’individualisme exacerbé qui laisse chaque citoyen isolé et dépendant à la merci d’un Etat tyrannique et protecteur. Nous nous voyons assignés à résidence par lui selon le sexe, l’origine ethnique, la couleur de peau, en une véritable régression déterministe et racisante (Merci Marlène et Sibeth). Cette mise en tension permanente de la société promeut le populisme. Et voilà le message : la  démocratie ne saurait fonctionner sans le concours de libres associations de citoyens : partis, syndicats, associations, amicales, etc., fondées sur le volontarisme et le consentement, et aussi sans des  pouvoirs déconcentrés dans les différents niveaux de collectivités.

La démocratie n’a  pas encore perdu ! Militez les amis ! C’est plus que jamais nécessaire !

 

 


L’ALERTE DEMOCRATIQUE

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Puisque confinement il y a, il faut bien s’occuper. La  lecture est un bon passe-temps et c’est le  moment de mettre à exécution les intentions souvent repoussées parce qu’on a mieux à faire.

Le dernier ouvrage de Nicolas Baverez est dense. L’auteur s’inquiète de l’explosion populiste, mais pas seulement. Nos démocraties libérales peuvent-elles mourir ? La réponse est « oui ! ». Dans un style parfois aride mais jamais abscons, l’auteur procède par constats implacables, qu’il s’agisse d’énoncer ce qui est grave ou déplaisant ou au contraire ce qui permet d’espérer. C’est un fin analyste des  phénomènes économiques et sociaux et de leurs conséquences politiques. La  formation de l’énarque le conduit à catégoriser et à énumérer les faits avec une logique imparable.  Mais l’humanisme du normalien qui a lu Tocqueville (et en a fait un livre paru récemment) n’est jamais loin. Voilà un prochain sujet de réflexion tout trouvé pour le bloc-notes, puisque  Nicolas  Baverez rejoint Jacques Julliard qui titre l’un de ses articles sur ses « carnets » :  « Obsolescence de Marx, actualité de Tocqueville ».

Une grave crise de la démocratie.

« La démocratie reste très  minoritaire dans le monde. Elle  est prise sous le feu croisé de trois menaces : l’Islam politique qui a partout échoué sauf en Iran où le régime des  mollahs est très contesté, les démocratures qui ont le vent en poupe avec l’exportation du total-capitalisme chinois, et le populisme qui corrompt la démocratie de l’intérieur et constitue le plus grand danger. » Il faut insister sur le ou les « populismes » qui portent, selon Nicolas Baverez, un projet destructeur pour la liberté politique et on en voit l’émergence avec la  « démocratie illibérale »  comme en Hongrie.  On en sous-estime le caractère pernicieux. Celle-ci cantonne l’intervention des citoyens aux élections qu’elle manipule et récuse les contre-pouvoirs, l’Etat de droit, le pluralisme, le respect de la minorité. Deux exemples doivent nous inquiéter : Donald Trump et Boris Johnson. Et l’Europe est au coeur du sujet car elle est la cible privilégiée.

Le produit d’une double rupture économique et sociale.

La crise  de 2008 a été un accélérateur : le krach du capitalisme mondialisé s’est transformé en krach de la démocratie dans la décennie qui a suivi, bien que les ruptures soient plus anciennes. En cause la révolution numérique et la mondialisation qui ont provoqué une polarisation excessive des richesses, la stagnation des revenus pour la majorité de la population et la marginalisation de pans entiers de la société et du territoire, par l’explosion des inégalités. A cela il faut ajouter les  données  proprement politiques liées à l’indigence des gouvernants tels que le désarroi identitaire face au renouveau migratoire, au défi islamiste, à la montée de la violence. Sans parler de la volonté de la Chine de dominer  le monde à l’horizon 2049. Mais le krach de 2008 a été aussi celui du capitalisme de « bulles » et des vices économiques qu’il avait générés comme les  « subprimes ». Il cumule aujourd’hui croissance faible, gains de productivité nuls, dette dont le stock atteint 300 000 milliards de dollars et inégalités record. Un modèle insoutenable. Il faut sortir du capitalisme de rente pour retourner à un capitalisme d’innovation qui remette en ligne le capital humain, financier, culturel et environnemental.

La France a la démocratie la  plus corrompue (malade).

Il ne s’agit pas de la corruption des personnes. Pour Nicolas  Baverez cela veut dire qu’on assiste à une décomposition intérieure par la démagogie. La  France est avec l’Italie, le pays d’Europe le plus exposé à cette dénaturation de la démocratie. Notre pays cumule 40 années de décrochage avec en plus l’onde populiste qui parcourt l’Europe depuis 2016. Et il est particulièrement exposé à cause de son modèle  de développement insoutenable qui associe 1% de la  population mondiale, 3% de la production et 15% de transferts sociaux de la  planète sur fond d’une dette publique qui a dépassé 100% du PIB. La  société est vulnérable avec  la  montée du communautarisme et de la violence alors que les institutions de la Vème République cumulent l’impuissance à réformer et l’étatisme. Quand l’Etat est bien dirigé et le citoyen prospère, tout va bien. Aujourd’hui rien ne va plus parce que l’Etat est paralysé et surendetté et le citoyen atomisé et paupérisé,  livré à des peurs souvent irrationnelles. Les  espoirs suscités  par l’élection de Macron sont rapidement retombés.  Le quinquennat est sorti de route : réformes qui sanctuarisent le secteur publique sans y toucher vraiment, incohérences, impréparation, illisibilité… Résultat d’un pouvoir hypertechnocratique et hypercentralisé, créant un vrai vide politique propice à toutes les  agitations. L’Etat de droit est menacé, or, c’est le pilier de la démocratie avec le suffrage universel. Ses pouvoirs régaliens sont contournés de plus en plus par les réseaux sociaux ou dénaturés par les magistrats eux-mêmes quand ils cèdent à la tentation de substituer leur morale au droit avec la complicité des  médias.

La démocratie libérale n’est pas morte.

On le voit avec les peuples qui se battent pour leur liberté comme à Hong-Kong, à Taïwan, à Istanbul, à Caracas ou à Alger … La  crise du coronavirus va rebattre toutes les cartes,  mais elle nous confirme, après le « big brother » numérique, que le rêve chinois est un cauchemar totalitaire. Ce n’est pas parce que les populismes échouent toujours que leur essor est compromis  pour autant. Cela impose de réinventer notre démocratie !  L’enjeu central du XXIème siècle est à nouveau la liberté  politique !

Mais tout ceci n’est qu’un résumé.  Il faut lire « L’alerte démocratique ».  D’autant plus passionnant que la  crise que nous vivons en direct va rebattre les cartes d’un jeu dont  Nicolas Baverez nous décrit avec précision toutes les cartes.

« L’alerte démocratique »  aux Editions de l’Observatoire.

 


ET MAINTENANT … KRACH, BOUM, HUE !

Planche à billets

 

La plongée des bourses.

Le CAC 40 a terminé la séance de jeudi en perte de 12.45 % à 4 036 points. L’indice phare du palais Breugnard a acté la plus forte baisse en une journée de son histoire. La BCE n'a pas réussi à rassurer, et les investisseurs retiendront surtout cette phrase : « personne ne doit s'attendre à ce que la banque centrale soit la 1ère ligne de défense en temps de crise ». Le CAC 40 a donc connu une chute de 34 % en 16 séances, les plus violentes de l'histoire. En 2008, le décrochage n’avait été que de 25% après la faillite de Lehman Brothers. Hier a aussi pris fin officiellement le cycle de hausse de la bourse américaine le plus long de l'histoire, qui aura duré 11 ans, de mars 2009 à mars 2020. Le Dow Jones a donc clôturé à 23 553 points, en baisse de plus de 20% par rapport à son niveau record du 12 février. Mais cette vague de baisse vient de la situation aux États-Unis : l'administration Trump a  cafouillé et est enfin sortie du déni ; elle commence à reconnaître la gravité de l'épidémie, et peu de temps après que l'Organisation Mondiale de la Santé ait décidé de parler de pandémie, les États-Unis ont décidé de fermer leurs frontières aux Européens (moins les  Anglais, admirez l’hypocrisie), ce qui a été l’élément déclencheur. Les investisseurs sont paniqués et anticipent une année économique « blanche » avec un monde à l'arrêt en 2020, ce dont personne n’est certain. La panique l’emporte pour l’instant.

Les Etats vont intervenir.

Ils ont commencé à agir : baisse des taux, notamment en Grande-Bretagne et le 18 mars à nouveau aux États-Unis ; rachat d'emprunts d'états, mais aussi de dettes d'entreprises par les banques centrales ; report d'échéances de paiements d'impôts et de charges pour les entreprises (annoncés par Macron)… Combien de temps faudra-t-il pour que ces mesures, qui seront de plus en plus massives, s'infusent dans les marchés et calment les investisseurs ? Les 500 personnes les plus riches au monde ont perdu 331 milliards de $ jeudi. Cependant la situation n’est pas comparable à celle de 2008. L’important est de conserver le tissu économique prêt à redémarrer une fois l’épidémie passée. Il n’y a pas de créances pourries comme l’étaient les « subprimes ». Et ça pourrait repartir beaucoup plus vite qu’en 2010. Les finances publiques de certains états vont plonger un peu plus (Nous, on a l’habitude).  Il faudra être sérieux le moment venu. De  même la crise pétrolière est  liée à d’autres facteurs et le virus n’a été qu’un prétexte. L’Arabie Saoudite continue sa manœuvre pour forcer la Russie à signer l’accord sur la réduction de la production, et elle a décidé d’inonder le marché de barils. Il est difficile de croire à un affrontement durable entre l’Arabie Saoudite et la Russie. Les deux pays ont trop à perdre dans ce bras de fer.

Quels scénarios ?

Enfin, que ce soit la Fed ou la BCE, les messages envoyés par les banques centrales, de  manière différente, sont les mêmes : les pouvoirs publics doivent jouer leur rôle pour protéger les entreprises les plus vulnérables et elles seront accommodantes pour ne pas empêcher les conditions d’une reprise. Car il faut s’attendre à des  plans de relance très agressifs, y compris chez les plus endettés. Sur ce plan-là, en France on a des orfèvres de la relance keynésienne. Pour une fois, ils ne seront pas à contre-temps et ils sont toujours les premiers à dépenser l’argent qu’on n’a pas. Pour une fois, on ne s’en plaindra pas. Aujourd’hui on devrait assister à une tentative de rebond dans les bourses. Le CAC 40 est attendu en hausse, tentant de se stabiliser, dans un contexte de crainte de récession mondiale. Si on considère qu’on a atteint le fond, ce qui n’est pas avéré, voici les bases : le Brent se négocie à 34.39 $ le baril contre 33.88 $ hier à la même heure. L'once d'Or est à 1 585.80 $ contre 1 635.70 $ précédemment et la parité euro/dollar est à 1.1172 contre 1.1315 hier dans la matinée (source Fiorentino). La BCE, mine de rien, a quand même ouvert les vannes. Christine Lagarde a été très critiquée mais elle a fait ce qui était raisonnable : baisser les taux d'intérêt maintenant, quand ils sont déjà à zéro depuis près de 4 ans, ne sert à rien. Par contre, soutenir directement les entreprises, et en particulier les PME, en finançant directement leurs dettes est une bonne mesure. La BCE en a donc gardé sous le  pied, au cas où. De son côté, la FED a annoncé qu'elle inondait le marché de liquidités, sans limites. L'argent, quasiment gratuit, coulera à flots pour empêcher les circuits financiers de se gripper. Pour l'instant, les banques centrales font ce qu'il faut. En France, Macron a appelé les Français à s'unir, en respectant les distances, et à résister, tout en ne cachant pas que la situation allait empirer. Il met le pays quasiment à l’arrêt dès la semaine prochaine en fermant écoles, collèges, lycées et universités, et en appelant au télétravail. Voilà une expérience historique : que va-t-il se passer lorsqu'un pays s'arrête ? Nous entrons dans une période d’incertitude qui n’est pas propice au rétablissement de la confiance… Espérons qu’elle ne soit pas trop  longue.

On croise les doigts, aujourd’hui c’est un vendredi 13 !

 


CORONAKRACH

Fin du monde tintin

 

Les bourses ont dévissé brutalement lundi dernier de 8 points. Les signes avant-coureurs s’étaient manifestés  par des replis  significatifs la semaine précédente. Mais cette fois-ci, la panique l’a emporté. Regardons de plus près.

Le coronavirus a été le déclencheur.

Les raisons sont évidentes : des régions entières de la planète sont touchées et principalement les pays développés. A commencer par la Chine, mais aussi la Corée du Sud, l’Italie, La  France et même les Etats-Unis… Des régions et même des pays entiers sont en quarantaine, des pans entiers de l’économie mondiale sont à  l’arrêt.  L’épidémie est  mondiale  et crée de l’incertitude économique, justement ce que les marchés détestent le plus. Conclusion : on a effacé lundi toute la hausse de 2019 et de 2020. On était à 6 111 au plus haut le 19 février 2020, on est retombé à 4 730 (4 731 c'était la clôture du CAC le 31 décembre 2018 !!!). Plus de 20% de baisse, … pour commencer.

Un terrain fragile.

La crise du coronavirus arrive à un moment où l'économie mondiale était déjà affaiblie, en ralentissement. La Chine avait fortement freiné avant l'épidémie. L'Allemagne était au bord de la récession, comme le Japon, deux pays touchés par la guerre commerciale. Les prévisions de croissance pour 2020 étaient médiocres, les experts annonçaient même un premier trimestre « blanc ». Aujourd'hui, on anticipe un semestre, voire une année blanche. Les pays les plus touchés par l'épidémie comme la Chine, l'Italie, et l'Iran vont inévitablement basculer dans la récession, suivis par le reste du monde, déjà fragilisé, et des pays comme l'Allemagne, vont également basculer. C’est pourquoi Eric Woerth annonce une crise économique. Alors tous les regards se tournent vers les États-Unis, dernier ilôt de croissance. Trump avait annoncé les  mesures qu’il comptait prendre après la  baisse des taux directeur de 0,5% qui n’ont pas empêché la   panique boursière, mais rien ne vient pour l’instant. Les chiffres de l'emploi de février, publiés vendredi, étaient spectaculairement bons, mais l'épidémie a touché les États-Unis et plus personne n'ose faire de prévision d'impact sur la croissance du pays.

Le krach pétrolier.

La Chine tousse et tout est déréglé. Mais pas seulement. Le pris du pétrole s'est effondre de 30%, en une seule journée, au-dessous de 30$. La baisse de la demande entrainant une augmentation de l’offre conduisait à une baisse. Aussi, l'OPEP s'était entendue pour réduire drastiquement la production de pétrole pour soutenir les cours, mais la Russie a refusé l'accord. En représailles, l'Arabie Saoudite a donc décidé de baisser brutalement ses prix et d'inonder le marché de pétrole. Avec un double objectif : d’abord obliger la Russie à accepter des nouveaux quotas de production, puis pousser les entreprises américaines du pétrole de schiste surendettées à la faillite pour éliminer pendant quelques années cette concurrence. Une manière de punir Trump de ne pas avoir réagi à l’attaque de l’Iran sur les réserves de pétrole saoudiennes ? L'Arabie Saoudite parie qu'elle peut supporter l'effondrement des cours mais que ni la Russie, ni les producteurs américains de pétrole de schiste, eux ne pourront résister.

Retour sur terre pour les investisseurs.

Et oui, ça n’est pas tout. Une crise peut être salutaire. Depuis le temps qu’on annonçait une correction boursière du fait de la décorrélation entre le niveau des bourses et l’économie réelle. La crise du coronavirus a donc été un choc de réveil : les investisseurs sont sortis de leur hallucination et ont découvert la réalité des problèmes structurels qui touchent l'économie. Et en particulier la tendance déflationniste majeure liée à la démographie, la technologie et la révolution sociétale (aspiration à la déconsommation et à la décroissance). Cela fait des mois que les investisseurs se berçaient d'illusions. Tous pensaient que la bourse ne pouvait pas baisser à cause de l’absence d'alternatives aux actions avec les taux bas ou négatifs et que les banques centrales garantissaient la hausse de la Bourse du fait de leurs injections de liquidités au moindre signe de baisse. Un optimisme béat mêlé à l'appât du gain qui a mené à des excès. Mais pour comprendre l’ampleur du choc, il y a aussi un autre paramètre qu’il ne faut  pas négliger, c’est la gestion dite « passive » qui est devenue prépondérante. La gestion « algorithmique » par les « machines », exagère les tendances et jusqu’à maintenant, personne ne s'en inquiétait puisque la tendance était à la hausse. Sauf que, elles exagèrent aussi les tendances à la baisse !  C’est ce qui s’est passé sur les marchés.

Panique boursière, krach pétrolier, investisseurs échaudés, dettes énormes… Tous les ingrédients sont réunis pour déclencher une crise économique mondiale avec ralentissement de la production et son cortège de faillites et de chômage, ralentissement des échanges et donc baisse du commerce mondial… Une crise qui tombe à pic pour Bruno Le  Maire. La France avait épuisé tous les effets de la dernière relance par la consommation et les perspectives  2020 étaient mauvaises. Il se demandait bien comment il allait pouvoir relancer, alors que la Cour des Comptes venait de l’accuser de ne rien faire pour réduire les déficits. Il a un  prétexte tout trouvé. Pour le reste, ne soyons pas trop pessimistes. Nous verrons ce qu’il en est dans une prochaine note.

 


L’ECONOMIE DE PARKINSON.

Ena

 

Il  parait que la France va mieux et que tous les voyants sont au vert. C’est une vision de daltonien. C’est vrai  que facialement on  pourrait avoir cette impression d’amélioration : baisses d’impôts, baisse du chômage,  record de créations d’entreprises, louange sur l’attractivité qui attire les capitaux… Ce sont en fait quelques arbustes qui cachent la forêt. Les Français ne perçoivent  pas vraiment ce mieux parce qu’il repose en grande partie sur une illusion. Un Etat en déficit ne peut alléger la fiscalité  sans faire des victimes, ainsi les baisses d’impôt de cette année sont financées par les retraités, par les jeunes et par de la dette. La réalité c’est que la France continue de s’appauvrir  parce qu’elle ne produit pas suffisamment de richesse et continue de vivre au-dessus de ses  moyens. Le système en place fabrique même de la pauvreté, car la redistribution massive ne fait que pallier les inégalités, elle ne les corrige pas. Et la France détient toujours le record du monde des prélèvements obligatoires !

La  loi de Parkinson.

La loi de Parkinson pose que tout travail au sein d'une administration augmente jusqu'à occuper entièrement le temps qui lui est affecté. Elle concerne en particulier la multiplication inéluctable des fonctionnaires, évaluée à 6% l’an … A tel point qu’un service qui s’arrêterait continuerait de produire pendant quelques semaines les circulaires habituellement programmées. C’est naturellement une caricature. Appliquée à l’économie, c’est l’idée d’un éternel recommencement des mêmes procédures. Le gouvernement est parvenu à relancer la croissance par l’augmentation du pouvoir d’achat  obtenue par une stimulation de la  consommation des ménages (en gros) : en 2018 1,7%, et en 2019 1,2% du PIB. L’année dernière, il a donc réussi à augmenter le PIB d’environ 28 milliards d’euros. Pour y arriver, il a distribué 17 milliards d’euros aux ménages, réduit  la taxe d’habitation pour 4 Français sur 5, et fait basculer le CICE en réduction des cotisations patronales (environ 20 milliards supplémentaires ajoutés au coût du CICE de 22 milliards)… Une lourde facture donc. A laquelle il faut ajouter le déficit du commerce extérieur de 59 milliards d’euros, car quand on augmente la consommation, on augmente parallèlement le déficit de notre balance commerciale. D’autant plus qu’une partie des 17 milliards a été financée par la Sécurité sociale, sans compensation par l’Etat, la faisant renouer avec le déficit. Faites le calcul vous-mêmes : malgré l’augmentation de son PIB, la France s’est appauvrie.

Keynes a la vie dure.

Ce mécanisme de relance par la consommation et la « redistribution », nous le connaissons bien. En 2018,  les retraités avaient fourni comme matière première  l’augmentation de la  CSG, soit 22 milliards d’euros… Mais à chaque cycle, on s’appauvrit un peu plus. Cette conception repose sur une idée fausse : l’Etat serait capable de créer du pouvoir d’achat,  autrement dit de la richesse économique. Il ne peut en réalité que la redistribuer, suivant les prescriptions d’économistes (dont Thomas Picketty) qui recommandent d’accroitre la redistribution en taxant les patrimoines et les hauts revenus.  Mais  ces recommandations ne sont pas adaptées à la situation française, en raison de son niveau élevé de fiscalité et de la possibilité d’évasion. Fort taux de prélèvement et hausse continue des dépenses sociales ont fait chuter la croissance structurelle autour de 1%. Si la France est le pays qui bat les records de prélèvements obligatoires avec plus de 1 000 milliards d’euros, c’est aussi celui qui a le taux de pauvreté le plus élevé avant impôts et transferts. Qui ne voit que les deux vont ensemble. C’est le résultat du cercle vicieux : on prélève toujours plus sur les riches et les aisés pour améliorer le sort des plus défavorisés, et comme la richesse disponible globale à tendance à diminuer, il faut compléter le dispositif fiscal déjà à son maximum, par du déficit de l’Etat (92  milliards en 2019, 93 milliards prévus pour 2020) et de la dette (on est à 100% du PIB). On appauvrit tout le  monde. Avec , plus grave, un effet de laminage des classes moyennes qui sont le  socle de la démocratie. Car, évidemment, bien que le gouvernement ait annoncé des baisses d’impôts pour 2020, les recettes continuent d’augmenter, par le biais d’un rendement accru et de diverses mesures techniques comme la non-indexation du barème sur l’inflation. Résultat : Les Français acquitteront 75,5 milliards d’impôts sur le revenu en 2020 au lieu de 72,6 milliards en 2019. La  bataille pour le pouvoir d’achat est devenue un jeu à somme nulle entre Français dont l’Etat-arbitre tient le curseur !

La championne de la pauvreté.

Certes, nous sommes le pays qui réduit le plus le taux de pauvreté  grâce à la fiscalité, exactement de 27,2 points. Mais il est encore à 14,3% après redistribution, et malgré cela, le nombre de pauvres continue d’augmenter. Cette situation résulte de la conjonction de plusieurs dysfonctionnements : un marché du travail qui exclut toujours de l’emploi, un système éducatif qui reproduit les inégalités, une formation professionnelle particulièrement inefficace. Nous sommes les champions des dispositifs qui enferment leurs publics dans la précarité. Les réformes menées sont restées bien trop superficielles. Mais le fond du problème réside dans la chape fiscale qui pèse sur l’économie. Il y a au gouvernement des personnes qui en sont conscientes, mais les marges de manœuvre sont bien trop étroites. Les mesures d’allègement qui ont été prises ne sont que des ajustements rendus nécessaires par la conjoncture : il fallait redonner un peu d’air à nos entreprises pour diminuer leur handicap de compétitivité. Enfin, les principales mesures qui ont été décidées concernent la financiarisation de l’économie : suppression de l’ISF, taxation du patrimoine avec l’IFI, flat tax de 30%... Elles ont rendu la France attractive pour les capitaux étrangers (8 milliards annoncés avec « Choose France »), accroissant, avec la dette, notre dépendance économique. C’est la vision « néo-libérale » de notre Président, par ailleurs gauchiste et libertaire sur le plan sociétal, pour maintenir la France dans la « globalisation ». Les capitaux français sont à la peine, devinez pourquoi ? Pour le reste Ségolène se trompe, il n’est pas libéral,  mais social-démocrate : la réforme des retraite en porte tous les stigmates, comme le dit très bien Jean-Louis Bourlanges, « de gauche, étatiste et égalitariste » ! Et hypertechnocratique !

Un nouveau cycle pour 2020 ?

Le PIB a baissé de 0,1% au 4ème trimestre 2019. On sait pourquoi. Du coup la croissance de cette année va s’en ressentir d’autant plus que le contexte européen est au ralentissement et la crise du coronavirus chinois ne devrait rien arranger. Quand la Chine tousse, le monde s’enrhume. La  consommation des ménages a ralenti et l’investissement en construction et en travaux publics a freiné en toute logique avant les  « municipales ». Par contre, ce qui est  préoccupant, c’est le coup d’arrêt du côté des entreprises, quant à la production industrielle, elle a reculé de 1,6% au 4ème trimestre, et même franchement plongé en décembre. On est déjà au bout du cycle de relance promu en janvier 2019. Il y a fort à craindre que l’embellie sur le front du chômage ne soit que passagère. La dynamique pour 2020 est donc en panne. Bruno Le Maire en est resté à la méthode  Coué : « ce ralentissement  passager ne remet pas en cause les fondamentaux de la  croissance française qui sont solides ». Il n’a pas dû bien lire sa note de conjoncture. On est sur une trajectoire à 0,9% de croissance du PIB pour 2020. Ce qui veut dire que pour tenir ses  objectifs, le gouvernement devra faire une nouvelle relance. Avec quoi ? Déjà les retraités vont avoir perdu au moins 5% de leur pouvoir d’achat, et les « aisés » en ont ras-le-bol d’être mis à contribution.

 « Avancer… en reculant » serait-il la marque du macronisme, comme le suggère Luc Ferry.

 


QUE NOUS RESERVE 2020 ET APRES ?

Fin du monde tintin

 

Je ne vais pas tenter de vous faire croire que je possède une boule de cristal ou que je lis dans le marc de café. J’ai beau avoir quelques réminiscences de culture gréco-romaine, je ne sais pas pour autant jouer les augures ni interpréter les auspices, pas plus que je n’ai sous la main la Pythie de Delphes pour consulter ses oracles… Bref, tout ça pour vous dire que je m’en suis tenu benoitement à une compilation des avis parus ici et là en ce début d’année. Avec une constante quand même : alors que le pessimisme prévalait début 2019, la fête boursière avec un indice qui a bondi de 25% sur l’année, conduit aujourd’hui à l’euphorie sur les marchés.

Politique et banques centrales.

Rien ne semble avoir prise sur l’impact des politiques d’aisance monétaire menée par les banques centrales. Marc Fiorentino le constate : « Aucun événement politique majeur n’a eu d’impact durable depuis que les banques centrales ont inondé les marchés de liquidités gratuites ou à taux négatifs,  ni l’élection de Donald Trump, ni le Brexit, ni, plus récemment, les attaques sur les infrastructures pétrolières saoudiennes ou encore la procédure de destitution de Trump. Rien ne peut gâcher la fête sur les indices boursiers. » Les jours qui viennent vont constituer un test important pour les marchés en 2020. Nous allons savoir s’il faut définitivement ignorer les événements politiques et géopolitiques majeurs et si la puissance des banques centrales est telle que les « cygnes noirs », sont pulvérisés dès leur apparition. Et il ne va pas en manquer : Trump qui a endossé l’uniforme de chef de guerre a frappé au cœur du régime iranien. Il y aura des représailles qui passeront par l'intermédiaire des multiples milices financées par l’Iran dans la région. Et il faut s’attendre au pire puisque en représailles des représailles Trump a menacé de frapper 52 cibles iraniennes. « 52, comme le nombre des otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran en 1979 », a-t-il dit. On aura aussi du nouveau du côté du Brexit…

Les songes d’Attali.

Il ne s’agit pas de l’héroïne de Racine, mais de Jacques. Dans sa chronique hebdomadaire des Echos, il nous livre une liste de 12 événements improbables auxquels il faut néanmoins se préparer. Il appuie son raisonnement sur les événements surprises survenus depuis 2010, dont l’un des plus significatifs fut l’élection « d’un total inconnu à la présidence de la République française »… Je vous livre cet inventaire sans développer : en 1. Le plus « sympathique », l’effondrement du système financier mondial sous les coups d’une très grande crise financière (il n’est pas le seul à y penser) 2. Un tir de missile balistique nucléaire de la Corée du Nord vers Tokyo, ou Washington 3. La dislocation de l’Eglise catholique (ça c’est plus original) 4. L’invasion d’un des pays baltes par la Russie, suivie d’aucune réaction des Etats-Unis 5. La constitution d’un nouveau califat islamique de la Lybie au Nigeria 6. L’élection en France d’une présidente de la république d’extrême-droite (on n’y est pas encore) 7. La victoire à l’élection présidentielle américaine d’une femme sociale-démocrate et écologiste 8. Des découvertes majeures permettant la guérison des cancers les plus résistants 9. Une prise de conscience écologique planétaire avec un prix mondial du carbone à 100 dollars la tonne 10. Une charte contraignante édictée par les 50 plus grands fonds d’investissement du monde pour ne plus investir que dans les entreprises durables 11. Des révolutions démocratiques victorieuses en Russie, en Turquie ou en Chine 12. Des œuvres d’art et de nouveaux courants artistiques changeant notre regard sur le monde. C’est une liste à la Prévert, j’en conviens. Je vous laisse le soin d’imaginer les développements, c’est plus romanesque.

Le regard de Nicolas Baverez.

Voilà un économiste sérieux. Certes, il verse facilement dans le pessimisme, mais les temps y prédisposent. Il analyse le cycle de démondialisation auquel nous assistons sous la poussée des populismes, qui explique le contexte économique beaucoup plus dur, marqué par une diminution de la croissance et des emplois ainsi qu’une hausse des risques politiques et financiers. Pour lui, l’abandon de toute discipline monétaire et budgétaire (les deux vont ensemble), dans les grands pays développés renforce la probabilité d’un nouveau krach. Il prédit que les années 2020 seront placées sous le signe de la crise de la démocratie représentative et du regain (déjà en cours) des nationalismes. Car l’échec économique des populistes n’arrive pas à remettre en cause leur capacité à arriver au pouvoir et même à s’y maintenir, profitant de la déstabilisation des classes moyennes ou de la polarisation des territoires, des désarrois identitaires et de la montée de la violence… Triste tableau. L’antidote au national-populisme, c’est le patriotisme et la liberté. Encore faut-il le mettre en œuvre.

A vous de faire votre opinion.

Allez, une bonne nouvelle pour terminer, comme quoi rien n’est impossible : la Grèce où la bourse d'Athènes triomphe des indices boursiers mondiaux avec 52% de hausse. Et elle emprunte à des taux plus bas que l'Italie. Hé, Hé ! Et Carlos Ghosn qui s’évade du Japon, c’est pas un joli pied de nez ? Pendant ce temps-là, nous, on concocte une réforme des retraites qui se voudrait universelle et juste et qui ne sera ni universelle, ni juste…

Bah, le principal n’est-il pas d’être en bonne santé !

 

 


LA GUERRE DU PROTECTIONNISME

Donald Trump

 

Il ne suffit pas de tenir un discours qui plait politiquement, encore faut-il qu’il tienne ses promesses. Dans la guerre commerciale qu’il mène face aux Chinois et même à ses alliés européens, Trump a multiplié les mesures protectionnistes, par souci de plaire à ses électeurs : elles ne leur ont pour l’instant produit que des désagréments. La vérité, c’est que malgré l’apparente bonne tenue de l’économie américaine, Trump a perdu la bataille du protectionnisme.

Perte de pouvoir d’achat.

« L’ensemble des mesures protectionnistes décidées par Donald Trump depuis son élection ont provoqué une perte de pouvoir d’achat de 51 milliards de dollars pour les consommateurs américains », nous assure Eric Le Boucher dans les Echos, s’appuyant sur les calculs d’économistes éminents, ce qui correspond à une perte de 0,3% de PIB. En contrepartie, les barrières tarifaires n’ont produit que 7 milliards de gains pour les producteurs américains qu’elles sont censé protéger. Plus grave pour lui, ce sont les cultivateurs américains exportateurs qui ont été pénalisés par les mesures de rétorsions. Ainsi la Maison blanche a dû leur accorder un plan d’aide de 12 milliards … Bref, les consommateurs américains ont vu les prix augmenter et les producteurs n’ont rien gagné.

Perte de compétitivité.

Les géants américains ont perdu en compétitivité par l’importation de pièces détachées plus coûteuses. Dans le même temps, certaines firmes étrangères se sont implantées, suivant la nouvelle tendance de l’économie qui veut que l’on produise là où on vend pour éviter d’émettre du CO2 en transport et se mettre en concordance avec l’esprit écologique du moment. C’est bien parce que Trump est sur la défensive qu’il change constamment d’adversaire et cherche à paralyser l’OMC en bloquant le fonctionnement de l’ORD, l’instance d’appel du règlement des différends, contestant son caractère supranational. Une attitude d’autant plus incompréhensible qu’elle a rendu de nombreux arrêts favorables aux Etats-Unis. C’est aussi pour détourner l’attention qu’il fait une proposition jugée inacceptable en ce qui concerne la taxe mondiale sur le numérique  qui se négocie à Riyad avec 134 pays : il s’agirait ni plus, ni moins, de rendre le nouveau régime fiscal mondial non obligatoire mais en option pour les entreprises, américaines en l’occurrence. « Inacceptable », a jugé Paris, à juste titre. En gros, pour « mes Bafa » tout est permis. Une position de Matamore.

L’arme politique factice.

La guerre commerciale est très difficile à gagner, mais elle reste une arme politique facile à manier. Le Président américain multiplie les allers-retours, imposant des droits de douane un jour, les suspendant le lendemain, change de front constamment en restant pro-actif, menaçant l’Europe quand les négociations avec la Chine s’enlisent… Mais en réalité les électeurs de Trump ne sont pas si contents. L’an passé, pour les élections du "mid term" les Républicains ont perdu 5 sièges dans les « comtés républicains » où les effets négatifs du protectionnisme frappent particulièrement les agriculteurs. 15 sièges supplémentaires ont été perdus  avec la suppression de « l’Obamacare » qui a atteint nombre de « petits blancs » : la fidélité des électeurs ne dure que tant qu’ils ne sont pas touchés eux-mêmes. La politique populiste est bonne dans les discours électoraux, dans les faits elle n’obtient aucun des buts qu’elle affiche, et peut même blesser ceux qu’elle a séduits.

La trêve avec la Chine.

Pékin a toujours un temps d’avance dans le maniement du temps. Alors que Trump se débat à coup de tweets démagogiques exagérés pour se faire réélire l’an prochain, Xi Jinping a le temps d’attendre que les présidents passent, et il peut se contenter de négocier quelques broutilles. Sa stratégie de conquête des « routes de la soie » n’est même pas atteinte par la guerre commerciale. Néanmoins, les barrières douanières érigées par Trump ont eu des effets sur la croissance de l’empire du milieu. Les belligérants ont donc décidé de faire une pause. La Maison Blanche a crié victoire à son habitude. Les 160 milliards de dollars supplémentaires de produits chinois importés qui étaient menacés de droits de douane, seront épargnés, en échange d’achats de produits agricoles US, notamment de soja et de porcs ( en raison de la crise porcine chinoise) pour 40 milliards de dollars en 2020. Vu de Pékin, « l’accord de la phase 1 » conclu avec Washington est présenté comme une victoire, arrachée sans faire de concessions majeures, ce qui est réel. C’est vrai que les taxes, toujours maintenues, imposées sur 450 milliards de produits chinois ont fini par se faire sentir sur les flux commerciaux. Mais l’effet tangible des tarifs douaniers reste limité pour les entreprises chinoises qui se sont relocalisées ailleurs en Asie du Sud-Est. Le problème tient davantage dans la fragilité de l’économie chinoise et c’est ce constat lucide qui explique la volonté du régime chinois d’obtenir une trêve commerciale avec Washington. Les deux parties y avaient intérêt. Pour la suite, « la phase 2 », rien n’est assuré. Tout le monde sait bien que la rivalité géostratégique et technologique entre les deux premières puissances mondiales n’est pas prête de s’éteindre. Le match ne fait que commencer.

Une bonne santé artificielle.

Aux Etats-Unis, le marché de l’emploi est toujours dynamique : il a créé 266 000 postes en novembre contre 182 000 attendus. Le taux de chômage est tombé à 3,5%, un plus bas en 50 ans. Mais c’est peut-être l’arbre qui cache la forêt. C’est une croissance aux pieds d’argile. Elle repose sur un endettement massif des consommateurs profitant des taux bas. Les bulles financières se multiplient et rappellent de mauvais souvenirs. Les fondamentaux de l’économie américaine ne sont pas bons : l’endettement massif de l’Etat, le déficit abyssal du commerce extérieur, la difficulté de l’Etat fédéral à boucler ses fins de mois en sont les signes les plus visibles. Malgré la tentative de la Fed pour reprendre le contrôle, le laxisme budgétaire et le foisonnement des activités financières échappant à toute régulation se trouvent au cœur des dérèglements d’un capitalisme qui conjugue multiplication des rentes et des inégalités, surendettement et économie de bulles. En effet, c’est Trump qui a supprimé la règle « Volcker » qu’il trouvait trop contraignante, lui permettant ainsi d’engager une nouvelle phase de déréglementation à travers l’expansion de la finance de l’ombre et l’émergence anarchique des cryptomonnaies. Si Trump était réélu, les Américains pourraient ensuite le payer chèrement.

L’expérience nous a, en effet, enseigné que les épisodes d’argent gratuit s’achèvent toujours par des krachs dévastateurs !

 


LA FILIERE NUCLEAIRE DANS L’IMPASSE ?

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Mais que se passe-t-il avec la construction de l’EPR de Flamanville ?

Aujourd’hui, plus personne ne semble maîtriser ni l’agenda, ni les coûts du chantier, et l’on peut compter sur les écolos pour contribuer à saborder définitivement le projet. Heureusement on n’en est pas encore là. EDF ira certainement au bout, mais 12 milliards d’euros ont déjà été engloutis pour un devis initial de 3,5 milliards !  Ce qui est en jeu est bien plus grave : c’est l’avenir du réacteur de nouvelle génération que les retards de Flamanville compromettent. Or c’est un outil dont la France a grand besoin pour remplacer d’ici les 15 prochaines années le parc des réacteurs actuels que le « grand carénage » va prolonger à une soixantaine d’années d’exploitation. Car les écolos ne nous feront pas croire à l’alternative généralisée des énergies renouvelables qui se ferait au prix d’une augmentation colossale du coût de l’énergie.

Une catastrophe industrielle.

L’histoire de la construction de l’EPR est édifiante de la gouvernance politique des dix dernières années : la guerre entre EDF et AREVA, le mensonge de Flamanville, les pertes de compétences… et la pression constante des écologistes. En 2006, AREVA vend un EPR à la Finlande. Pour ne pas laisser  le marché  libre à son concurrent, EDF s’engage à construire un EPR à Flamanville pour 3,3 milliards d’euros et programme un chantier sur 54 mois. Un énorme mensonge que l’Etat avale. Irréaliste, surtout que les pertes de compétences ont rendu le pari totalement impossible : depuis  le début des années 90, l’électricien n’avait plus construit de centrale nucléaire (dernière en date Civeaux, 1991). Entre temps, il a perdu les capacités de maîtrise d’ouvrage et surtout les soudeurs hautement spécialisés pour lesquels il a fallu recourir à des entreprises étrangères. La crédibilité du nucléaire français en est profondément affectée. En 2018, 8 soudures de haute technologie défaillantes sont découvertes reportant le retard à 2022 après une liste de contretemps déjà impressionnante. Pour arranger les choses, depuis 2007, l’énergie est une compétence partagée entre le ministère de la Transition énergétique et le ministère de l’Economie. L’Etat actionnaire ne parle plus d’une seule voix et l’arrivée de Hollande à l’Elysée n’a fait qu’aggraver les choses avec des promesses de campagne, comme la fermeture de Fessenheim et la réduction de moitié de l’apport de l’énergie nucléaire, se sont révélées insoutenables. La catastrophe de Fukushima a fait le reste, en rendant l’ASN (Agence de Sureté Nucléaire) quasi paranoïaque.

Le temps est compté.

L’Elysée reste le décideur ultime. Fidèle à son habitude, le Président se garde bien de donner une direction claire et assumée. Certes, le retard d’entrée en production de Flamanville ne permet pas d’avoir un retour d’expérience sur le prototype. La décision de construire une flotte d’EPR devait être prise en 2021. La question sur la compétitivité risque donc de rester entière et rend aléatoire la relance d’un programme nucléaire de grande ampleur. De son côté EDF veut emmener l’ensemble du parc actuel jusqu’à 50 ans, et même pour certains réacteurs jusqu’à 60 ans, moment où une flotte d’EPR devrait prendre le relais. A condition que la décision soit prise en temps utile. EDF est certaine que les travaux de mise à niveau permettront aux centrales actuelles de se rapprocher des standards de sécurité les plus élevés tout en permettant de produire de l’électricité dans de bonnes conditions économiques. Fessenheim qui doit fermer l’année prochaine est considérée comme la plus sûre du parc et devrait voir sa vie encore prolongée du fait du retard de mise en service de Flamanville qui devait prendre le relais. Par ailleurs, notre électricien national continue de vouloir exporter sa technologie, notamment en Inde, sans parler du contrat avec les Anglais. Le géant français jouit encore d’un statut qui n’est pas contesté en matière de référence dans le domaine de l’atome.

L’espoir vient de Chine.

Le comble, c’est que les Chinois, eux, ont réussi avec leur EPR. La centrale de Taishan fonctionne à plein régime depuis sept mois ; elle a été construite avec une cinquantaine d’ingénieurs d’EDF présents en permanence sur place. Une coordination exemplaire saluée par les Chinois : la centrale a été portée par une coentreprise entre le chinois CGN (51%), EDF (30%) et un provincial Yuedian (19%). Le second EPR est presque terminé. A Paris, le chœur des voix discordantes continue a capella : tandis que Bruno Le Maire souhaite s’affranchir de la mise en service de Flamanville pour prendre la décision d’un nouveau programme nucléaire, Elisabeth Borne, de son côté, campe sur cet enchaînement : d’abord Flamanville puis décision…. Ce qui reporterait le projet de la construction de 6 EPR au mieux à 2023 ou 2024. Aucun arbitrage présidentiel n’a été rendu sur le sujet. Il est vrai que le Président a d’autres chats à fouetter en ce moment. Et pourtant, s’il y a bien un enjeu crucial, c’est bien celui-là. La France sera-t-elle demain toujours un pays nucléaire, quand la Chine construit 11 autres réacteurs ? La réponse est éminemment politique. Le fait que le gouvernement ait discrètement mis fin au programme ASTRID de recherche sur le surgénérateur ne rend pas optimiste. L’arbitrage à rendre entre le nucléaire et les autres sources de production d’électricité, c’est maintenant ! C’est la sécurité énergétique des générations futures qui l’exige. Il est encore temps de remobiliser une filière industrielle qui connait des déboires mais qui a les moyens de redevenir le fleuron qu’elle a été. En choisissant de l’abandonner, la France s’engagerait définitivement sur le chemin du déclin. Il faudrait d’autant plus de courage politique que les « vents écologiques » sont très défavorables, avec leur capacité de désinformation phénoménale.

Mais du courage, en a-t-on seulement encore une parcelle en haut lieu ?

 

 


LES CIGALES ET LES FOURMIS

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Publication hier d'un rapport de la Commission Européenne.

Plutôt sévère : il dénonce les pays qui ne jouent pas le jeu, qui augmentent leurs dépenses publiques, qui augmentent leurs déficits. Evidemment, qui est aux premières loges ? Vous avez deviné : La France… et l’Italie, suivies de près par l'Espagne. Un rappel à l’ordre à juste titre au moment où le gouvernement français est tenté d’ouvrir les vannes des « cadeaux de Noël », autant de sparadraps sur des jambes de bois, pour tenter d’éteindre le feu social qui menace d’exploser, et cela en continuant de creuser les déficits et la dette à tours de bras.

La cigale Macron.

L’exécutif n’en finit pas d’ouvrir son carnet de chèques, depuis la fin 2018, et la liste est longue des gestes coûteux : revalorisation de 40 € par mois pour les policiers suivie du paiement d’une partie des heures supplémentaires, désocialisation des heures supplémentaires, smic revalorisé de 100 €, baisse de la CSG des retraités modestes, prime exceptionnelle de fin d’année défiscalisée, baisse d’impôts de 5 milliards d’€ pour 17 millions de contribuables … 17 milliards de dépenses publiques supplémentaires. Et ça continue avec l’hôpital public et les infirmières. Non pas que ces ajustements ne soient pas nécessaires, ils témoignent surtout de l’incohérence et de l’incurie de l’Etat qui se révèle par ailleurs, incapable de la moindre économie, alors que les Régions gérée par la droite montre que c’est possible si on veut s’en donner la peine. Et comme toujours, ces efforts seront jugés comme « trop peu, trop tard » par ceux qui vont en bénéficier, ce qui n’est pas faux non plus.

L’écart avec les fourmis grandit.

A force de faire des mauvais choix économiques, la France continue de s’enfoncer au lieu de se redresser. Loi de finances après loi de finances, ses objectifs de réduction du déficit sont revus à la baisse. Des renoncements redoutables quand on mesure l’ampleur du drame : 100 milliards de trou pour des recettes évaluées à 400 milliards : 25% ! Voilà une autre manière moins aseptisée d’évaluer la douloureuse que les 3% du PIB. Le quinquennat de Macron a commencé comme celui de Hollande : un choc fiscal  de 20 milliards d’euros avec l’augmentation de la CSG qui a enrayé la croissance et qui fait que malgré la relance budgétaire, elle se traîne. Celui de Hollande avait été de 32 milliards rien que pour les ménages et avait plombé l’économie pendant trois ans. Ces choix conduisent à faire tourner l’économie artificiellement et à l’envers en encourageant le cercle vicieux : hausse de la dépense publique-hausse des prélèvements- moins de compétitivité-moins de croissance- détérioration de la balance du commerce extérieur- augmentation de la dette- plus de pauvres … Rappelons que la relance, (justifiée, elle) de Nicolas Sarkozy en 2009, avait rapporté 1€ de croissance pour 3€ dépensés, selon la Cour des Comptes. Il ne peut pas y avoir de retour à une croissance durable et solide sans assainissement préalable des comptes en dépensant moins. Chaque cycle de prélèvements pour relancer le pouvoir d’achat nous appauvrit un peu plus. La France a perdu toutes ses marges de manœuvre, et Macron en est à vilipender la règle des 3% qu’il considère comme d’un autre siècle. Mais comment ont donc fait les Pays-Bas, l’Allemagne et d’une manière générale nos partenaires d’Europe du Nord ?

Le salut économique ne viendra pas des autres.

Depuis plusieurs mois, Bruno Le Maire fait une fixation sur nos voisins allemands. C’est que la France « locomotive de l’Europe », ça pourrait faire rire outre-Rhin, même si la Germanie frôle la récession. C’est que l’Europe, dotée d’une politique monétaire commune, sans véritable budget partagé, est bâtie sur un déséquilibre. Bruxelles aurait aimé que les pays dotés de budgets en équilibre mènent une politique davantage expansionniste, pendant que les autres redressent leurs comptes.  Sauf que l’appel de Bruno Le Maire, qui irait dans ce sens, tombe à plat : la légitimité de Paris à demander à un voisin de s’endetter pour aider les mauvais élèves ne tombe pas sous le sens. Car pendant que nous passons notre temps à jeter l’argent par les fenêtres –les Gilets jaunes ne réclamaient pas 17 milliards d’€- les divergences se sont accentuées avec l’Allemagne et son énorme excédent des comptes courants. Si ce fait a pour effet de plomber la compétitivité des autres états, cela leur permet néanmoins de vivre à l’abri d’une monnaie solide qui permet... d'emprunter à bon compte. Compte-tenu du climat interne allemand, les discussions sur le sujet de l’investissement devrait davantage répondre à l’équation nationale croissance-emploi qu’à celle d’une relance européenne en répondant aux appels du pied des Français.

« Que faisiez-vous aux temps chauds … ? »

 

 


UN ETAT IMPREVOYANT ET IMPECUNIEUX

Dette publique

 

Mathieu Laine a beau nous vanter les mérites de la Macronie dans le Figaro d'avant-hier, lui et moi nous ne vivons pas sur la même planète. Macron serait le grand réformateur indépassable qui aurait osé faire ce que ni la droite ni la gauche n’ont jamais réussi ou voulu : en effet il a baissé l’impôt sur le revenu en en  augmentant les recettes, il a aboli la moitié de l’ISF et plafonné la taxation du capital en bon néo-libéral libertarien pour favoriser la planète financière déconnectée de l’économie réelle, il a réformé la SNCF, parce qu’il ne pouvait pas faire autrement, il a assoupli le droit du travail, si peu, et arraché l’école au pédagogisme, mais pour combien de temps, avec à la clé une réforme du baccalauréat qui consacre l’affaissement du savoir. Il a supprimé la taxe d’habitation, à quoi personne n’aurait songé tant c’est une lourde  erreur qui porte atteinte à l’autonomie des collectivités locales. Quant au puissant mouvement régalien et républicain qu’il aurait lancé et que M. Laine nous annonce, à part les discours et quelques gesticulations, on se demande bien où il se niche. En matière de reniement, le macronisme empêtré entre ses députés de droite et de gauche d’accord sur rien   - une démission tous les deux mois, encore une cette semaine- n’est pas en reste : le grand « plan d’investissement » de 57 milliards d’euros est complètement enlisé, la réforme des retraites n’en finit pas d’agonir. Et le courage, face aux gilets jaunes, parlons-en : tout le monde a vu un président aux abois lâcher 17 milliards  d’euros de chèques en bois. Le pouvoir d’achat pour une fausse relance, c’est prendre aux uns, toujours aux mêmes, pour redistribuer des miettes aux autres, en aggravant au passage la situation des finances publiques, sans empêcher l'explosion du nombre des pauvres. Désolé, Monsieur Laine, vous qui vous réclamez du libéralisme, vous devriez savoir que ce n’est pas l’Etat qui crée les emplois, ce sont les entreprises qui courent avec les mêmes boulets aux pieds, que ce n’est pas l’Etat qui crée la richesse mais l’activité économique, toujours autant entravée par le carcan administratif et financier d’un Etat technocratique.

Un Etat imprévoyant.

Avec Macron, jamais l’Etat n’a été aussi imprévoyant. L’exemple des prisons est emblématique. A force de renoncer à construire les nouvelles places nécessaires pour faire face à l’afflux des condamnations, la France offre le spectacle  de prisons surpeuplées, vétustes et insalubres. Les 4 000 places sur les 15 000 promises suffiront à peine à compenser la fermeture des établissements les plus vétustes. Le gouvernement en est réduit à multiplier les « peines alternatives » ce qui n’empêche pas les maisons d’arrêt de continuer d’être submergées. Dans un autre domaine, pourtant fondamental, celui de l’énergie, le gouvernement vient de prendre une décision d’une imprévoyance rare : l’arrêt du programme ASTRID qui signifie le renoncement à construire les réacteurs de quatrième génération. L’énergie nucléaire nécessite une denrée qui n’est pas inépuisable, l’uranium, et génère des déchets à longue durée de vie. Sur ces deux questions les « réacteurs à neutrons rapides » apportent une réponse techniquement éprouvée : la surgénération, en permettant d’utiliser le plutonium issu du retraitement des combustibles usés, et l’uranium appauvri, sous-produit de l’enrichissement, diviserait par 10 le volume des déchets produits, et assurerait notre autonomie en matière de ressources en uranium et d’autonomie énergétique pour un bon millier d’années au rythme actuel de consommation. On ne dira pas merci d’avoir cédé aux écologistes.

Un Etat impécunieux.

La France a les finances publiques les plus mal tenues de toute la zone euro : déficit, dépense, impôts. L’hexagone est le champion de la dépense publique qui accapare 55,6% du PIB (10 points de plus que la moyenne de la zone). L’ensemble des recettes publiques pèsent 52,4% du PIB. Il faut y ajouter le déficit à 3,2%, le plus calamiteux des 19, même l’Italie fait mieux. Macron propose de supprimer le seuil des 3ù : casser le thermomètre permet en effet de ne pas voir la fièvre. Il n’explique pas pourquoi tous les autres partenaires sont capables de respecter les règles (1% du PIB en moyenne) ! Enfin la dette publique  atteint les 2400 milliards d’euros, pratiquement 100% du PIB. Ce qui est incroyable, c’est que le gouvernement a financé les quelques baisses d’impôts par le crédit. De la cavalerie !

La situation de l’emploi.

Cela fait des semaines qu'on nous serine que ce qui se passe en France est extraordinaire : on crée des millions d'emplois. Patatras, le chiffre du chômage est sorti ce matin : 8,6% au troisième trimestre, avec une hausse de 0,1%. Quelques chiffres pour comparer : Etats-Unis : 3,6%, Chine : 3,6%, Japon : 2,4%, Grande-Bretagne : 3,8% (malgré le Brexit), Allemagne : 3,1% (le pays qu'on est soi-disant en train d'écraser économiquement), Suisse : 2,3%. Nous avons le taux de chômage le plus dramatique de tous les grands pays développés. Et les explications techniques ne tiennent pas. La vérité, c’est que comme pour tout le reste, la réalité rattrape toujours le baratin.

Avec ça, les Français ne croient plus en rien.

Je n’ai pas noirci le tableau. Il se suffit à lui-même. J’aurais pu évoquer un plan immigration avec des quotas sans plafond, la situation de l’hôpital, des pompiers, des forces de l’ordre … Je combats le progressisme de Macron parce qu’il prospère sur la confusion des repères constitutifs de la vie politique et qu’il gouverne à la godille plus par le verbe que par l’action. Comme Jacques Julliard, je crois que la gauche et la droite, ça existe. Il suffit de constater comment la droite gère la dépense publique dans les collectivités qu’elle détient, notamment les Régions, pour s’apercevoir que le logiciel n’est pas le même. Je combats le progressisme de Macron parce qu’il détruit notre culture en introduisant le relativisme qui fait le lit du communautarisme et participe à la déconstruction de notre histoire nationale. M. Laine a encore de la chance, nous sommes encore quelques-uns à connaître le roman qu’il utilise en référence de son article : « La peau de chagrin ». Je ne suis pas certain que les « Bacheliers » que la réforme nous prépare en auront entendu parler.

 


QU’AVONS-NOUS FAIT DE LA VICTOIRE SUR LE COMMUNISME ?

Mur de berlin 9 nov 89

 

9 novembre 1989.

Le « Mur de Berlin » tombe. Les Berlinois de l’Est se précipitent à l’Ouest, les larmes aux yeux dans la liesse générale. Nous regardions ces images à la télé et n’en croyions pas nos yeux. Quelques années plus tôt, je m’étais rendu avec une classe du collège Jean Vilar, au cours d’un voyage d’échange scolaire, sur la frontière Oder-Neisse qui séparait la RFA de la RDA. A l’époque on l’appelait le « rideau de fer ». La frontière était fortifiée et infranchissable dans un sens comme dans l’autre : pont détruit, barbelés sur la rive en face, miradors où des ombres militaires étaient occupées à surveiller, panneaux « halt minen ! » agrémentés de têtes de mort très dissuasifs… Les élèves étaient silencieux. L’un rompit le silence : « Les habitants ne peuvent donc pas sortir de leur pays ? »  Ils touchaient  concrètement la réalité de la dictature communiste. Les habitants de l’Allemagne de l’Est étaient coupés du reste du monde, comme tous ceux qui vivaient dans les « démocraties populaires » sous la tutelle soviétique.

La fin d’un monde.

19 ans après la mort du Général De Gaulle, jour pour jour, le monde décidé à Yalta en 1945, cette conférence dont il avait été exclu et qui avait conduit au partage de l’Europe entre la partie sous influence occidentale et celle sous influence russe, voyait  s’effondrer l’un des symboles de cette coupure. Tout le monde fut surpris de la rapidité avec laquelle cet événement se produisit. On sait que les régimes communistes allaient de plus en plus mal, depuis quelques temps, de l’autre côté du « rideau de fer », en proie à une crise sociale, économique et à une soif de liberté de plus en plus affirmée exprimée par des peuples « enchaînés ». Car les dictatures mises en place après 1945, sous la férule de l’URSS, régnaient par la terreur. En témoignent le « goulag » de Soljénitsine, les milliers de morts et de torturés chimiques des asiles psychiatriques soviétiques. Dès les années 50, des peuples commencèrent à se révolter : 1956, Budapest, 1968, Prague … et chaque fois les chars du « Pacte de Varsovie » rétablissent le joug communiste, sans que les occidentaux ne bougent d’un iota. On est en pleine guerre froide et l’on craint la 3ème guerre mondiale atomique. Violence et mensonge d’Etat, espionnage de tous par tous, égalité mais dans la misère : il suffit de voir à Prague le « musée de la terreur » pour se faire une idée des méthodes employées par ces gouvernements de « démocraties dites populaires ». Tous ces jeunes qui s’apprêtent à voter Mélenchon, devraient relire l’Histoire !

Effondrement par l’intérieur.

Bien sûr, tous les peuples n’ont pas opposé la même résistance aux régimes mis en place par le Kremlin, souvent par des coups de force. La Pologne, rurale et catholique fut un foyer de résistance pour de nombreuses raisons sur lesquelles je ne vais pas revenir. Avec le temps les adhérents sincères au système communiste s’amenuisent au fur et à mesure que les informations percent sur les réalités de son fonctionnement. C’est l’époque où en France Georges Marchais commence à parler de « bilan globalement positif » pour contrer les témoignages des dissidents soviétiques. L’action du pape Jean-Paul II, évêque de Cracovie a pu conforter l’action de Solidarnosc, mettant à mal l’idéologie communiste. Mais l’effondrement est surtout venu de l’intérieur : pour faire simple, c’est à partir de la succession de Brejnev et de l’avènement de Gorbatchev et de sa « perestroïka » que les fragilités que Hélène Carrère d’Encausse avaient identifiées en présentant l’URSS comme un colosse aux pieds d’argile, se sont amplifiées jusqu’à l’effondrement final en 1991. Le « Mur de Berlin » n’étant qu’un épisode hautement symbolique ayant accéléré la déliquescence d’un système à bout de souffle.

La victoire du « monde libre ».

La chute du mur de Berlin consacre la victoire du monde libre sur le totalitarisme rouge.  Du jour au lendemain la réalité que l’on pressentait apparaît au grand jour : d’un côté l’opulence, de l’autre, la pauvreté, d’un côté des entreprises prospères et florissantes, de l’autre des établissements obsolètes. La victoire intervient par KO.  Plus qu’une victoire d’un système économique sur l’autre, le capitalisme contre le communisme, c’est celle de la liberté sur l’oppression. On a cru alors à la « fin de l’histoire ».  On a cru que le modèle libéral qui venait de l’emporter sur les économies étatisées, allait s’imposer dès lors partout et de lui-même. Bref, on a cru à l’avènement d’une nouvelle ère : celle de la mondialisation heureuse. La seule bonne chose qui en est résulté, c’est la « réunification de l’Allemagne ». Non la RFA n’a pas annexé la RDA. Il faut être révisionniste endoctriné comme Mélenchon pour faire croire à une pareille fable. Mais les difficultés que cette unité retrouvée après trente ans de séparation étaient énormes à surmonter : elles ont coûté des milliards d’euros aux allemands de l’ouest. Et l’on voit bien aujourd’hui, et c’est vrai pour tous les pays de l’Europe de l’Est, que le traumatisme du joug communiste est encore présent et a profondément modifié les mentalités. Nous ne pouvions pas faire autrement que de leur ouvrir généreusement les portes de l’UE, après les avoir si souvent abandonnés à leur triste sort. Il nous appartient de leur faire comprendre que Bruxelles n’est pas Moscou et que nous sommes prêts à poursuivre le processus d’intégration, de réconciliation entre ces deux Europe artificiellement séparées pendant trois décennies. Qui va à Prague voit bien qu'on est en présence d'un berceau de l'Europe.  Profitons-en aussi pour mettre en garde contre les tentatives pour mettre à bas nos démocraties libérales. Elles ne sont pas parfaites mais  face aux autres modèles, elles restent les « moins pires » comme dirait l’autre. Les tentations totalitaires perdurent : comme on sait les régimes communistes n’ont pas disparu et s’y ajoutent les idéologies vertes ou noires.

Ecoutons Angela Merkel, cette allemande de l'Est devenue chancelière : "Les valeurs qui fondent l'Europe, la liberté, la démocratie, l'égalité, l'Etat de droit et la préservation des droits de l'homme ne vont pas de soi" et "doivent toujours être défendues", a-t-elle assuré dans la chapelle de la Réconciliation, un des lieux de mémoire de la division de Berlin qui dura de 1961 au 9 novembre 1989. Paroles de bon sens ! Restons mobilisés !


FINANCES : LES ROBOTS ECHAPPENT-ILS AUX HOMMES ?

Economie  bourse

 

C’est Marc Fiorentino, dans sa lettre hebdomadaire qui émet cette hypothèse. Cela expliquerait  la déconnection des marchés financiers de l’économie réelle. 

Les machines ont pris le pouvoir à Wall Street.

C’est suffisamment sérieux pour que « The Economist » consacre un dossier au sujet. Pour la première fois dans l'histoire de Wall Street, l'encours des fonds indiciels et des trackers (ETF), la gestion passive, a dépassé la gestion active, les fonds gérés par des humains. Les chiffres sont frappants : les fonds gérés par des systèmes informatiques représentent 35% de l'intégralité de la Bourse américaine, mais 60% de la gestion institutionnelle et 60% de l'activité de trading. Si la grande majorité des modèles informatiques est conçue par un esprit humain, de plus en plus de programmes sont autonomes grâce à l'intelligence artificielle. Et les ordinateurs deviennent de plus en plus autonomes. C'est particulièrement sensible dans le trading à haute fréquence qui représente une très large partie des 7 milliards d'actions traités quotidiennement sur les marchés américains pour un montant de 320 milliards de $. De plus en plus de « hedge funds », ces fonds spéculatifs que les Soros et autres avaient rendus célèbres, ont opté pour la gestion algorithmique.

L’amplification des mouvements.

Les conséquences, on ne les connaît pas encore, on n'a pas encore vécu de grand krach, ni de vraie panique sur les marchés. Mais ces nouveaux maîtres de l'univers ont tendance à amplifier les mouvements, à pousser les valorisations de certaines entreprises à des niveaux spectaculaires sans « état d'âme », et pour cause ! Et ça explique peut-être aussi leur insensibilité aux aléas géopolitiques qui secouent le monde : un ordinateur n’a pas d’émotions. Pour The Economist, cette prise de pouvoir des machines présente plusieurs dangers : la stabilité financière, la concentration de la richesse entre les mains de ceux qui détiennent le pouvoir des machines et possèdent les données -on imagine ce qui se produirait si un jour Amazon entrait dans le trading en se servant de toutes les données sur ses clients...- et, enfin, la « corporate governance », le gouvernement d'entreprise.  Finies, les salles de marchés, et les « corbeilles » des Bourses où les traders et les brokers passaient leurs journées à hurler leurs ordres,  tout se passe désormais dans  les salles de trading où  les robots ronronnent 24H sur 24,  réagissant au moindre mouvement à la micro-seconde.

Un chamboulement numérique.

Laurent Alexandre, l’un de nos spécialistes de l’IA, s’inquiète de l’impact de l’intelligence artificielle sur nos institutions. Il juge le  danger immense et déplore que ni la France ni l’Europe n’aient pris la mesure de l’impact de cette révolution. Et si l’on recoupe les préoccupations qu’il développe  dans un livre qu’il a écrit avec  Jean-François Coppé (« L’IA va-t-elle tuer aussi la démocratie ») avec  les  constats que fait Gaspard Keonig  dans son enquête planétaire sur l’IA (« La fin de l’individu »), on peut penser que la situation pourrait échapper aux hommes  et déboucher sur une immense crise dans laquelle on n’est même pas capable  d’imaginer comment les machines réagiraient, certaines étant capables de « s’améliorer » d’elles-mêmes de leurs propres échecs. Comme nous acceptons sans nous poser de questions de nous laisser guider par Waze pour nos déplacements en voiture, les  financiers s’en remettent à leurs logiciels de trading haute-fréquence pour gérer leurs portefeuilles d’actions. Pourquoi s’inquiéter ? Sauf que dans certains cas, il serait peut-être mieux que ce soit l’humain qui prenne les décisions. Car  l’ordinateur est aujourd’hui capable de toutes les manipulations et même si  le programmateur a prévu des réactions «  bienveillantes » de ses algorithmes, qui sait comment il se comporterait en face d’une crise qui multiplierait des milliers de cas qui l’obligeraient à trancher entre l’intérêt des individus (leur gain) et celui de la communauté, selon le parti pris choisi par les créateurs du logiciel, ceux-ci oeuvrant généralement pour la  communauté en recherchant le bonheur du plus grand nombre. Et alors là, la théorie, fruit de la réflexion humaine est rendue obsolète par le déluge des data et la puissance des corrélations.

Reste qu’une chose est sûre : les marchés sont déconnectés de la macroéconomie. Il y a bien sûr les taux d'intérêt négatifs et le réflexe « TINA », (There Is No Alternative) : pas d'autre choix que d'investir en Bourse avec des taux si bas. Ce sont cependant deux éléments qui n’expliquent pas tout ! Mais peut-être qu’à cause des ordinateurs, la  crise n’arrivera pas.  Finalement, personne n’en sait rien, et c’est bien ça le problème.

Et pourtant, tous les indicateurs montrent qu’elle vient !

 


LA MAISON BRÛLE ET MACRON REGARDE AILLEURS !

Dette publique

La dette française explose.

Vous allez penser que c’est une obsession de ma  part.  La dette française, tout le monde s’en fout ! Et pourtant… La maison brûle, et Macron regarde ailleurs (parodie de  circonstance) !

La solution de facilité.

Le gouvernement achète du pouvoir d’achat à crédit. Il paraît que ça ne coûte rien puisque les taux sont négatifs. Au contraire, emprunter rapporterait  même !  C’est une vision laxiste et lâche qui,  à un moment ou un autre, impactera l’avenir du pays. Qu’on en juge : le  budget 2020 ne propose aucun effort de réduction des dépenses de l’Etat, en transfère même sur les budgets sociaux comme le montre le retour du déficit de la Sécu à 5 milliards d’euros, et prévoit d’emprunter l’an prochain plus de 200 milliards d’euros, soit le double de ce qu’il empruntait en moyenne jusqu’à maintenant. Un record historique : on était à moins de 100 milliards en 2007, avant la crise. Le budget 2020 est un budget de campagne électorale, au mépris de la bonne gestion des comptes de l’État. Il prévoit des cadeaux fiscaux avec des baisses d'impôts. Le signe le  plus inquiétant, c’est qu’aucune, vraiment aucune, réduction du nombre de fonctionnaires n'a été faite et n’est prévue.

La machine s’emballe.

La dette française a dépassé la barrière « symbolique » des 100% du PIB, à 2 400 milliards d'euros, malgré tous les artifices mis en place pour masquer le fait. Elle était à 1830 milliards fin 2012. La France rejoint le club des cancres avec la Grèce, le Zimbabwe et le Japon dont la dette est à 230% du PIB. Le  problème c’est que  malgré cet endettement qui devient massif, la  croissance stagne parce que la relance budgétaire initiée par la politique des banques centrales est à bout de souffle. Combien de  fois faudra-t-il dire que le pouvoir d’achat n’est pas le  bon moteur de la croissance économique. C’est au contraire un gouffre qui nécessitera toujours plus d’emprunts puisque la faculté contributive des Français ne peut plus être augmentée. De fait la  machine s’emballe et chaque jour qui passe le niveau d'endettement excède un peu plus ce que notre potentiel fiscal peut absorber. Plus les taux d'intérêt sont bas, moins la capacité de prêter des banques est établie. Il suffit de voir le nombre d'établissements qui, en zone euro, sont valorisés à environ la moitié de leurs fonds propres. Or la création de monnaie via les banques est un vecteur fondamental de la croissance d'une économie. La configuration actuelle va donc à l'opposé de l'expansion.

Le grand ralentissement.

Une série d'indicateurs économiques viennent de tomber. Ils portent sur la production industrielle. L’indice ISM (Institute for Supply Management) pour l'activité manufacturière aux États-Unis est à son niveau le plus bas depuis la crise de 2008 et du côté de l'Europe, c'est le PMI, l'indice des directeurs d'achat, qui est à son niveau le plus bas depuis 2012. L'Organisation Mondiale du Commerce a revu à la baisse ses prévisions de croissance des échanges pour l'année, de 2,6 % à 1,2% seulement. Et c’est du jamais vu depuis 2008. L'OMC envisage même la possibilité que cette croissance ne soit que de  0,5% ! Pour ceux qui en doutaient encore, l'économie mondiale ralentit. On y est !  Croire que l’économie française, qui vit sur la lancée des mesures « gilets jaunes »  financées  à crédit  par l’Etat, pourrait se maintenir est une gageure. Vous verrez chaque  mois qui passe, les objectifs « optimistes » revus à la baisse, comme nous venons de le vivre en 2019 pour ceux de 2018.  Avec les taux négatifs, la valorisation des actifs, en Bourse, dans l'immobilier, ou encore dans le private equity, n'a été autant déconnectée de l'économie réelle. Cette valorisation masque la réalité.  Il faut savoir que ce ralentissement mondial n'est pas conjoncturel, il est structurel, et présente deux points de faiblesse : le commerce mondial et la production industrielle. En cause, une tendance à la  « déconsommation » et à la « décroissance ».

Creuser la dette en jetant l’argent par les fenêtres.

Le choix assumé de nos argentiers de donner la priorité au pouvoir d’achat des ménages au détriment  des entreprises, en renonçant à diminuer le  déficit de l’Etat et en s’accommodant d’un déficit  commercial qui avoisine toujours les 60 milliards d’euros, c’est se comporter  en piètres  gestionnaires. Bruno Le Maire a beau préciser qu'il n'est pas pour une relance keynésienne, c'est  pourtant ce qu'il fait via le soutien à la consommation, avec 17 milliards de mesures.  Il devrait pourtant savoir que la relance budgétaire a tendance à aggraver les problèmes qu'elle devait soigner et grève singulièrement les capacités d'investissement de l'Etat. C’est oublier tout simplement que ce sont les entreprises  qui créent  la  richesse et que  les ménages sont aussi leurs  salariés !  Les baisses d’impôts devraient d’abord  cibler les entreprises. Ce sont elles qui contribuent plus sûrement au PIB. Quant au « verdissement » du budget avec une fiscalité punitive, c’est encore une autre tarte à la crème. On verra au bout du chemin que le compte n’y est pas. La vérité, c’est ce que disent les chiffres : les 5 milliards de baisse annoncés n’empêchent pas la recette de l’impôt sur le revenu de progresser de 72,6 milliards d’euros à 75,5 milliards d’euros. La  France reste bien un enfer fiscal et comme ça n’est pas encore suffisant, elle emprunte plus que jamais.  Sauf que passé 100 % du PIB, la dette publique reste silencieuse comme le diabète jusqu'au jour où les vraies complications surgissent. Quant aux générations qui viennent, elles écrivent déjà le mot impôt avec leurs futures larmes de travailleurs.

 


NOUS VIVONS UNE EPOQUE EPIQUE !

Planche à billets

 

Notre siècle marche sur la tête. On s’apprête à fabriquer des enfants sans pères avec des parents de papier et en économie, il vaut  mieux avoir des dettes que de l’argent de côté…. Mais où va-t-on ?

Plus personne n’y comprend rien du fonctionnement de l’économie. 

Les  banques prêtent  à des taux négatifs,  ce qui veut dire qu’elles ne gagnent pas d’argent et que si vous placez  vos économies, il faudra bientôt payer pour qu’elles vous les prennent. Aujourd’hui l’argent est « gratuit » !  C’est donc le  moment d’emprunter. Ce  que font les entreprises fautes de trouver d’autres financements. Conclusion : partout la dette enfle ! Il y a deux secteurs qui prospèrent sur cette  opportunité : la bourse,  que plus rien n’effraie et l’immobilier. 

Le revers de la médaille.

Dans un monde qui tourne à l’envers,  il y a forcément un loup quelque part. Les épargnants ne sont pas les bienvenus dans le  monde de l’économie liquide, et ils subissent une sorte de hausse des taxes via les taux d'intérêts négatifs (-0.5% depuis quelques jours) qui ne sont ni plus ni moins qu'un nouvel impôt qui est considéré comme « nécessaire » pour relancer l'inflation. Mais voilà, la recette  n’a  pas  marché  jusqu’à maintenant et aurait  plutôt  contribué à accélérer le  ralentissement économique mondial. Rappelez-vous mon article  sur la  « baignoire ».  Eh bien,  ça ne marche pas, raison de  plus pour continuer ! L'argent coule à flots mais il alimente les bulles, sur les marchés et sur l'immobilier, mais il n'atteint pas ou peu l'économie réelle. Les banques centrales vont continuer à déverser des milliers de milliards mais cela ne sert plus à grand-chose. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler que le Japon a des taux zéros depuis près de 30 ans et fait tourner à fond sa planche à billets mais que sa croissance et son inflation n'ont jamais décollé.

La récession se rapproche.

Depuis cet été, plus personne ne nie que la croissance économique mondiale ralentit et que ce ralentissement risque de s'accentuer. Les  derniers chiffres de la Chine le confirment. Il y a encore un débat entre les optimistes qui pensent que ce ralentissement est purement conjoncturel, et en partie dû à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, et les réalistes, qui pensent que nous sommes entrés dans une phase de décroissance structurelle pour les raisons déjà exposées : vieillissement démographique, révolution technologique et numérique, révolution sociétale avec changement du mode  de consommation des  « Milleniums ». L'Allemagne est entrée dans un cycle baissier et frôle la récession et l’Europe suit. Pour tenter d’enrayer le mouvement, la BCE s’est lancée à nouveau dans un programme massif de baisse de taux et de quantitative easing sans avoir l’assurance que cela ait un impact sur l'économie européenne. Car il est  apparu que les banquiers centraux ne peuvent pas tout faire, et que la baisse des taux et la planche à billets ne peuvent pas, à elles seules, relancer l'économie. Cette arme est même devenue inutile, elle ne sert plus qu'à alimenter la hausse des marchés (CAC à 5 600).

La relance !

Les gouvernements doivent faire de la « relance ». C’est la « nouvelle recette-miracle » pour relancer la croissance économique. Il fallait une nouvelle histoire à raconter pour faire à nouveau rêver les investisseurs et les marchés. La future patronne de la BCE, Christine Lagarde a appelé les « pays riches » à faire plus pour relancer la croissance, et en temps normal, cela ne devrait concerner que les pays qui ont les moyens de le faire. Une manière aussi de mettre la pression sur l’Allemagne. Le raisonnement est simple : l'Allemagne a des surplus budgétaires massifs,  un surplus commercial et une dette en chute libre. Il faut donc qu’elle lance un programme ambitieux de relance de l'économie. C'est évidemment ce que lui demandent les Français qui eux n'ont rien fait pour réduire ni leurs dépenses ni leurs dettes mais donnent tout de même des leçons. Tout le monde, Macron en tête, incite donc l'Allemagne à faire de la relance. Mais ceux qui n’ont pas les moyens s’y mettent aussi. C'est la musique qu'on entend en Italie et même chez nous. Là encore le raisonnement est simple : lâchons les vannes, ça on a l’habitude, augmentons les dépenses, ça aussi on en a l’habitude, lançons des grands programmes d'infrastructure… Tant pis si cela coûte de l'argent. Tant pis si cela fera déraper des déficits et les dettes. Cela n'a aucune importance puisque les taux d'intérêt sont négatifs et qu'aujourd'hui, plus vous dépensez et plus ça vous RAPPORTE de l'argent. Un bon déficit français, à l'ancienne, rapporte aujourd'hui  0,40% par an sur 10 ans... Pourquoi se priver, nous disent les cigales, alors que les fourmis triment pour mettre de l'argent de côté qui leur COÛTE de l'argent. Bref, on tourne en rond.

L’arme fatale.

L’imagination n’ayant pas de limite, au lieu de revenir aux fondamentaux  de discipline budgétaire, de désendettement et de financement de l’économie réelle, si la relance ne marchait  pas, on nous a inventé l'arme ultime, l'arme fatale contre la déconsommation et contre la décroissance : « l'Helicopter money ». Non, ça n’est pas une plaisanterie ! C’est  la dénomination qu’on donne  au projet des banques centrales de distribuer l'argent directement aux consommateurs pour qu'ils consomment, sans transiter par les banques et les circuits financiers. Non, vous ne rêvez  pas !  Bref : les banques centrales, directement, sans passer par les gouvernements ou le système financier, distribueraient des bons de consommation aux ménages, de 500 € à 1 000 € par mois, gratis : la seule obligation que vous aurez c'est... de les dépenser. Avec ça, allez récompenser « l’effort » ? C’est qu’il faut échapper à la grande récession qui nous menace par tous les moyens, quitte à dynamiter Les règles de « gestion » classiques et les principes économiques. En attendant, le gouvernement français procède donc aux derniers arbitrages sur le budget et le déficit.  On abandonne les réductions des dépenses publiques : pourquoi se fatiguer à faire des efforts alors qu'on peut financer les déficits à « MOINS 0,40% » ? Nous aurons donc un déficit de 2,1 ou 2,2% au lieu des 1,4%... Pourquoi s’inquiéter, de toute façon, on doit bien mourir un jour !

A court terme, cela recule l'heure fatidique de la récession, peut-être de une ou deux années, et cela rend les investisseurs euphoriques.

À long terme, c'est évidemment destructeur. Car un monde sans différentiel entre les zones et pays, cela n'a jamais existé, vu qu'il y a des différences majeures entre les peuples au niveau de la production. Bon, on ne sait pas à ce stade quel différentiel va mettre à mort l'euro. On sait juste que c'est inévitable. Rien que ça !





PEUT-ON ECHAPPER A LA CRISE QUI VIENT ?

Fin du monde tintin

 

Chaque jour qui passe, elle semble se rapprocher et les signaux d’alerte sont de plus en plus nombreux. Les révisions à la baisse des  prévisions de croissance s’enchaînent mois après mois, mais elles semblent accentuer la folie. Déjà, de nombreux pays sont entrés en récession industrielle. Le stock total des dettes publiques et privées est au plus haut (environ trois ans de PIB mondial). Dans ce contexte, une récession provoquerait une nouvelle crise financière avec d’énormes risques de défaillances en chaîne. A l’image de la  planète qui brûle, les financiers entretiennent le brasier au lieu de tenter de l’éteindre.

La  folie de l’argent gratuit.

Comme le  constate Jean-Claude Trichet « l’endettement public et privé a continué d’augmenter au même  rythme qu’avant la crise de 2008 alors que celle-ci était largement due à un formidable excès d’endettement ». Tous les grands chocs ont pour point commun l’augmentation incontrôlée de la  gratuité des  moyens de paiement. Or, il n’y a pas de prospérité illimitée, mais la  fascination pour les  fortunes rapides  et la croyance dans l’affranchissement des contraintes d’équilibre financier, monétaire ou budgétaire pour soutenir la croissance, pour faire face à la révolution technologique, ou parce que le monde géopolitique serait différent, aveuglent les autorités politiques. Ainsi les   banques centrales se sont lancées dans des baisses des taux d’intérêt et de nouvelles injections de liquidités.

Des relances budgétaires irresponsables.

Pourtant, la drogue monétaire n’est qu’un palliatif qui reporte les  solutions à la crise en gonflant les bulles d’actifs de l’immobilier, des obligations, de la bourse. Il s’agit de maintenir à tout prix l’activité. Le  pire exemple  vient des Etats-Unis où la Fed a  interrompu ses efforts et baissé ses taux de 0,25%. La baisse des taux favorise l’expansion monétaire et va donc de pair avec des relances budgétaires.  Les américains connaîtront un déficit public de 1 000 milliards de dollars en 2020 soit 5,5% du PIB, au moment où le taux de chômage est au plus bas (3,7%) et la frénésie des emprunts gagne tous les secteurs. Cette expansion monétaire est dangereuse : elle ne soutient que marginalement l’économie, car  les  banques centrales ne peuvent contrôler l’usage et l’affectation des moyens qu’elles émettent ;  la pénalisation de l’épargne déstabilise  les classes moyennes des pays développés et nourrit le populisme ; l’argent facile est une machine à distribuer du pouvoir d’achat factice et à créer des bulles spéculatives. Un bon exemple pour illustrer que les liquidités déversées ne vont pas en priorité à l’investissement qui améliorerait la  vraie croissance et la  productivité tient dans la distribution des dividendes qui n’a jamais été aussi élevée en France,  favorisée par la flat  tax, alors que la productivité est au point mort et que notre croissance reste atone.

Un système bancaire fragilisé.

L’expansion monétaire et budgétaire prive les banques de toute capacité de réaction.  Elles sont ruinées par les taux négatifs qui entretiennent  la finance de l’ombre, d’autant plus que le travail de sape de Donald Trump contre les  institutions multilatérales, limite  les possibilités de coopération internationale et de stratégies concertées, qui jouèrent pourtant un rôle  décisif pour endiguer la crise  de 2008. La monnaie  est un outil de politique économique qui ne doit être utilisé qu’en période de krach ou de déflation, mais certainement pas en période de plein-emploi qui consiste alors à entretenir une « surchauffe ».  L’argent gratuit est une addiction qui ne peut connaître d’issue heureuse. La fin est certaine : le  krach, seul le moment est incertain.

Des solutions existent.

Echapper à la crise qui vient suppose de relancer massivement l’investissement mondial par une intensification de  la  coopération internationale. Mais on n’en prend pas le chemin. L’Europe a les  moyens de se mettre à l’abri. Au moins pourrait-on achever la construction européenne  autour de l’euro  qui permettrait une défragmentation financière de la zone et la création d’un support d’épargne commun pour drainer les  capitaux vers une union de financement de l’investissement et de l’innovation. C’est réalisable : la zone euro dispose  de la  première épargne du monde (340 milliards d’euros) qui n’est malheureusement pas investie dans l’espace monétaire commun.  Cette union de financement nous mettrait à l’abri de la prochaine crise systémique. Mieux, elle ferait de l’euro légal du dollar. Réalisation de l’union bancaire et des marchés  de capitaux : voilà une belle tâche à la hauteur des compétences de Christine Lagarde. Si le mouvement pouvait s’accompagner d’une convergence fiscale, sociale et environnementale, l’Europe serait armée pour faire face. Cela ne dispenserait pas de la nécessité d’une conférence internationale définissant les conditions d’une relance mondiale, comme le G20 l’avait imposée en 2008, mais c’est une autre histoire et avec des Trump, des Johnson et Salvini dans le paysage, c’est pas gagné !

Il nous faudrait un Sarkozy, et nous n'avons qu'un Macron...

 


DRÔLE DE BAISSE DU CHÔMAGE !

Chômeur pro

 

Baisse selon l’Insee (critères du BIT).

Le taux de chômage est retombé à 8,5% de la population active au 2ème trimestre. Malgré le faible taux de croissance, l’économie française semble créer  plus d’emplois qu’elle n’en supprime. Il n’y aurait donc plus que 2,5 millions de personnes sans emploi. Une baisse de 0,2% par rapport  au 1er trimestre. Après avoir créé 94 000 emplois salariés supplémentaires au début de l’année, l’estimation pour le 2ème trimestre fait état de 62 000 emplois. Le gouvernement a pavoisé sur ce qu’il présente comme un bon résultat dû à ses réformes, en oubliant les chiffres de Pôle Emploi, beaucoup  moins enthousiasmants.

L’économie française crée des emplois.

Elle reste cependant à la traîne de la zone euro, notamment. Plus inquiétant, les gains de productivité enregistrés par l’économie française au 1er semestre ont été nuls et cela posera à terme un problème pour le pouvoir d’achat et le financement de  l’Etat-providence.  Cela veut dire que le nombre d’emplois augmente au même rythme  que le PIB. Or,  les gains de productivité, c’est justement ce qui permettrait d’augmenter les salaires. Et tant que notre taux de chômage reste supérieur à celui de la  zone euro, c’est à le faire baisser qu’il faut accorder la  priorité. En même temps, la France n’échappe pas au ralentissement européen : en juin, la  production industrielle affiche une baisse de plus de 2%, un repli qui fait écho à ceux constatés dans la plupart des pays européens. Le recul affecte la  métallurgie, le textile, l’habillement, et plus fortement les secteurs de l’énergie. Tous les secteurs sont dans le rouge hormis la construction et l’agroalimentaire. Sur un an, la production industrielle reste quand même positive avec une progression de 1,6%.

Mais l’écart avec les chiffes de Pôle Emploi augmente.

Le  constat était trop beau.  Une étude récente montre que près de 10% des inscrits à Pôle emploi en catégorie A n’étaient pas considérés comme chômeurs par l’Insee, soit au minimum 200 000 personnes. Différence de méthode de comptage, parait-il. En 2017, 500 000 inscrits à Pôle emploi en catégorie A n’ont pas été retenus comme chômeurs par l’Insee, qui appelle cela le « halo du chômage ».  A cela il faut en rajouter 400 000 autres,  toujours en catégorie A, qui « ne souhaitaient pas travailler » (?) … Si on s’en tient à la réalité humaine globale, l’amélioration de la situation de l’emploi est réelle mais faible. Pas de quoi se glorifier ! C’est certain, à ce jeu-là, statistiquement parlant, le  chômage pourrait retomber à 7%,  d’ici la fin du quinquennat. La  baisse constatée est donc conjoncturelle et liée à l’injection des milliards des « gilets jaunes » ;  elle n’est en rien structurelle et les réformettes n’ont pas eu d’effet comme l’affirme Pénicaud. Mais les Français, qui se rendent bien compte de leur réalité quotidienne, peuvent-ils être dupes ?

Après on s’étonne du mouvement des « gilets jaunes » !

 


DANIEL KRETINSKY, UN OLIGARQUE EN MACRONIE

Daniel Kretinsky

 

Présenté comme un des nouveaux « tycoons » des médias par le « Figaro économie », Daniel Kretinsky atterrit en France au printemps 2018.   Le roi tchèque de l’énergie effectue alors une razzia  dans la presse française avec l’acquisition des magazines de  Lagardère et une large participation dans le Monde. Ce qui étonne, c’est que l’offensive n’a pas l’air d’émouvoir plus que ça ni le gouvernement, ni l’Elysée. Evidemment, il y a une explication.

D’abord les faits.

En quelques semaines, Kretinsly s’empare de Marianne et de la quasi-totalité des titres peoples de  « Lagardère Active » :  « Elle, Public, Ici Paris,  Art & Décoration, Télé 7 Jours, France Dimanche, Version Fémina »,  pour 60 millions d’euros et rachète 49% des parts que le banquier Matthieu Pigasse détient dans la holding du Monde, ce qui n’est pas sans émouvoir la rédaction toujours jalouse de sa ligne éditoriale. Le Tchèque crée  un nouveau groupe média de 250 millions d’euros, CMI France. A 44 ans, Daniel Kretinsky, cinquième fortune tchèque,  a bâti sa fortune, estimée à 2,5 milliards d’euros dans l’énergie. Il  contrôle, notamment avec  son groupe EPH, depuis 2013, le gazoduc Eustream qui fournit à l’Europe du gaz russe via l’Ukraine et qui lui assure  des revenus conséquents (6 milliards d’euros en 2017). C’est  GDF-Suez principalement qui lui a vendu ses parts, pour investir dans le  projet  de gazoduc Nord Stream 2 en mer Baltique avec Gazprom… le géant russe. L’oligarque tchèque rachète aussi à  prix cassés des centrales à gaz et au charbon, faisant le  pari que la transition énergétique prendra du temps. Et à la fin 2018, après ses opérations dans les médias, il a commencé ses acquisitions : l’énergéticien EPH a racheté la filiale tricolore de l’allemand Uniper  avec ses deux centrales à charbon (Saint-Avold et Gardanne), et deux centrales au gaz  qu’il a  prévu de revendre à Total pour compléter le dispositif que le pétrolier a désormais  à sa disposition avec le rachat de Direct Energie. Et le magnat tchèque compte  bien réaliser à cette occasion une belle plus-value. Comme dit l’autre, tout cela ne peut pas  se faire sans l’Etat !

Deux  poissons pilotes  à  la manœuvre.

Le premier à apparaitre dans le décor, c’est Denis Olivennes. Celui-ci avait reçu d’Emmanuel  Macron, à l’été 2017, une mission sur l’audiovisuel  public, qu’il  voulait discrète. Les deux hommes se connaissent bien et l’ancien directeur du Nouvel Obs  est sur la même ligne que le Président, qu’il  a connu dans le think tank « En temps réel » créé par le banquier Stéphane Boujnah. Il connait bien d’autres piliers de la Macronie, tel Gilles Legendre qu’il a embauché en 2002 comme directeur de la communication de la FNAC dont il est alors Directeur général. Donc, en septembre 2017, Macron, pour le convaincre d’accepter la mission qu’il  lui confie, lui a fait  miroiter la tête de France Télévisions, ce qui tombe à pic pour le journaliste qui a été débarqué d’Europe 1 en avril. Mais il  est trop bavard et le projet est abandonné. Au printemps 2018, c’est  pourtant avec lui que Daniel Kretinsky négocie le rachat des titres de Lagardère et c’est encore lui qui le présente à Yves de Chaisemartin, PDG de Marianne au moment où il cherche à vendre sa participation majoritaire dans ce titre. Enfin,  c’est encore Olivennes qui rencontre les conseillers du président pour expliquer les différents rachats du Tchèque dans la presse française. Et à l’automne il est encore à  la manœuvre pour préparer la suite, l’opération « Le Monde ». Logiquement, en janvier 2019, il est nommé à la tête de la filiale française de CMI (Czech Media Invest), la holding presse de Daniel Kretinsky. 

Le second,  c’est Etienne Bertier. Cet ancien journaliste passé par L’Expansion, Libération et Le Point,  a quitté la presse en 1993 pour des activités plus politiques, notamment derrière Alphandéry, avant d’atterrir à la CDC (tiens, encore elle, décidément,  le  monde est petit). Il  y prend les rênes d’Icade, la  filiale immobilière de la Caisse,  ce qui lui vaut de nouer des liens avec un certain Gleeson, gendre du milliardaire rouge Doumeng,  et ami d’Alexandre Djouhri. Début 2007, Bertier quitte Icade et devient consultant à Bruxelles  dans le domaine de  l’énergie.  C’est là qu’il fait connaissance avec Kretinsky : ils ne se quitteront plus. Le  Français est semble-t-il pour beaucoup dans l’ascension fulgurante du Tchèque. Bertier est d’autant plus utile qu’il a de solides relations dans la Macronie.  On peut citer Dominique Marcel, patron d’une filiale de la CDC, la  Compagnie des Alpes, et sa directrice générale n’est autre qu’Agnès Pannier-Runacher dont on sait qu’elle est devenue en octobre 2018 Secrétaire d’Etat auprès de Bruno Le Maire. Il peut s’appuyer également sur Augustin de Romanet, patron d’ADP. Bref, c’est Bertier qui négocie le rachat des parts de Matthieu Pigasse dans Le  Monde. Les  deux se disent en effet « amis de trente ans » et au coeur de cette amitié il y a « Icade »*!  Sur les dossiers énergétiques, c’est Etienne Bertier qui rencontre régulièrement les conseillers économie et énergie de l’Elysée. Et dans le « big-bang » de l’énergie voulu par Macron, l’énergéticien tchèque semble avoir toute sa place. Voilà néanmoins un petit monde où l’on croise toujours les mêmes (cf. ci-dessous*) !

Un silence qui en dit long.

L’Elysée se tait sur l’arrivée pourtant on ne peut plus voyante de Daniel Kretinsky  dans le paysage français. Le ministre de la Culture, Frank Riester a fait le service minimum devant l’émoi des journalistes et de la rédaction, suscité  par l’arrivée de ce nouvel actionnaire au journal Le Monde : « la question d’un actionnariat étranger sur des grands titres français est une question importante ! » déclare-t-il sans aller plus loin. Peut-être qu’au « château » on n’est  pas  mécontent de cette nouvelle emprise sur un journal qui ne se prive pas  de  divulguer des informations déplaisantes comme dans l’affaire Benalla.  On comprend  pourquoi le soutien inconditionnel Xavier Niel  ne semble  pas apprécier l’arrivée de ce nouveau venu, qui, de plus, vient de racheter les parts (20%) que l’espagnol Prisa a dans Le Monde, et garde la possibilité d’acquérir à tout moment l’intégralité restante des parts de Matthieu Pigasse, ce qui serait une réelle  prise de contrôle du quotidien. De  son côté,  Kretinsky joue l’apaisement,  dénonce la campagne qui le présente comme un suppôt de  Moscou, se présente comme un amoureux de la France et de sa langue qu’il parle  parfaitement, et comme un europhile convaincu. Il justifie son investissement dans les médias qu’il considère comme une mission démocratique face à la  montée des populismes. Un vrai macroniste quoi !

*Icade  dont  le CA de 2007  est composé d’Augustin de Romanet, Serge  Grzybowski, Edmond Alphandéry, Dominique Marcel, Agnès Pannier-runacher, Thomas Francis Gleeson, Thierry Gaubert.

 


ADP : UNE AFFAIRE DE FAMILLE ?

Aéroport de Paris

 

La privatisation d’Aéroport de Paris est hors norme.

Evacuons l’argument du « libéralisme », c’est un faux nez qui ne permet en aucun cas d’y voir une volonté de l’Etat d’abandonner son dirigisme. D’abord, le néolibéralisme de Macron n’a rien à voir avec le libéralisme économique classique, comme je l’ai déjà évoqué dans une précédente note. Privatiser ADP n’a pas beaucoup de sens du point de vue économique. En effet, privatiser une entreprise en situation de monopole et à vocation de service public, et même à caractère stratégique, quand l’Etat est déjà actionnaire majoritaire, c’est une hérésie. ADP est dans une situation de monopole sur le marché des installations aéroportuaires utilisées pour les transports aériens en provenance et à destination de l’Île-de-France. Comme l’indique son document de référence, il n’a aucun concurrent dans un rayon de 300 kilomètres  et sa zone de chalandise rassemble 25 millions d’habitants, dont le revenu moyen est supérieur à la moyenne française. Or toute entreprise privée en situation de monopole vend ses produits à un prix plus élevé et avec une qualité moins bonne qu’une entreprise en situation de concurrence. Le prix d’un monopole est d’autant plus élevé et la qualité de ses produits d’autant plus faible que ses clients y sont peu sensibles, ce qui est assez largement le cas de ceux d’ADP. Cette décision est d’autant plus  contestable que c’est une formidable machine à cash qui rapporte chaque année à l’Etat 170 millions d’euros de dividendes et 260 millions d’euros d’impôts sur les sociétés.  Cet équipement est une pépite dont l’Etat est pour l’instant actionnaire à 50,6%. Dans ces conditions, les raisons avancées par le gouvernement sont obscures et le schéma proposé d’une rare opacité.

Une vieille histoire.

Le dossier est porté par Augustin de Romanet, sous la houlette d’Alexis Kohler. Le PDG d’ADP est un haut fonctionnaire issu de la Direction du budget à Bercy. Son parcours en fait l’un des rares grands patrons qui a les faveurs d’Emmanuel Macron. Probablement à cause de son origine mais aussi par ses postes successifs de cabinets ministériels sous Jacques Chirac, notamment chez Jean Arthuis, dont on sait qu’il a été l’un des premiers soutiens à Macron en 2016. Augustin de Romanet fut aussi  directeur de cabinet adjoint  de Jean-Pierre Raffarin quand il était Premier Ministre. Il est devenu ensuite le patron de la CDC (Caisse des Dépôts et Consignation), outil stratégique de tout gouvernement et c’est Hollande qui l’a nommé à la tête d’ADP (sur demande de Bernadette Chirac)… C’est ainsi qu’il est l’un des rares à avoir rencontré le Président fraîchement élu, une semaine avant son investiture. En décembre 2017, il est nommé, entre autre, président du conseil d’administration du domaine de Chambord, un témoignage de confiance alors que Macron souhaite rétablir les chasses présidentielles. Bref, le « chouchou » est aux avant-postes de la privatisation, projet dont on sait que le Président l’avait déjà en tête quand il était ministre : à deux reprises il avait essayé de convaincre Hollande, sans succès.

De nombreux réseaux à la manœuvre.

D’abord ceux de la CDC, bras armé financier de l’Etat. Une maison que connait bien Macron. Son ami, Antoine Gosset-Grainville, inspecteur des finances lui aussi, ancien dir-cab de Fillon à Matignon, fut directeur adjoint de la CDC. Et son mentor, Jean-Pierre Jouyet, y avait été nommé directeur général en 2012  par Hollande pour remplacer … de Romanet qui partait à ADP. Chez ADP, le directeur de l’immobilier est Serge Grzybowski, qui a été pendant 7 ans le PDG d’Icade, filiale de la CDC. On voit l’intérêt quand on sait que l’aéroport dispose d’un foncier de 8 000 ha en région parisienne. D’autres acteurs du projet sont au cœur d’En Marche !  Au parlement, le rapporteur de la loi Pacte qui porte le projet de privatisation n’est autre que le député Roland Lescure, président de la commission des affaires économiques. Il travaillait l’année dernière sur le dossier avec Aigline de Ginestous, collaboratrice parlementaire, ancienne de chez Rothschild, qui a été nommée en octobre dernier cheffe de cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, nouvelle Secrétaire d’Etat auprès de Bruno Le Maire. Cette dernière, inspectrice des finances passée par HEC connait très bien Alexis Kohler, car issus tous les deux de la même promo de l’ENA. Et c’est aussi une ancienne de la « Caisse ». Enfin, le gouvernement est conseillé sur ce dossier par la filiale parisienne de Bank of America, qui a été rejointe par un ami du Président, Bernard Mourad, ancien dirigeant du groupe Altice, appartenant à … Patrick Drahi. On reste en famille ! Voilà une privatisation bien encadrée.

Un intérêt douteux. 

Après Toulouse,  Nice et Lyon, ADP va être à son tour privatisé, sauf si le referendum réussit à être organisé. ADP serait transformé en une concession de 70 ans. La situation et les perspectives financière d’ADP sont très bonnes et l’Etat devrait donc vendre ses actions à un prix élevé, qui doit être supérieur à la somme actualisée des dividendes auxquels il va renoncer, pour que cette privatisation ait un intérêt financier pour lui. Alors que la vente de l’entreprise est estimée à 8 milliards d’euros, il est prévu de payer jusqu’à 1 milliard  aux actuels actionnaires : payer  pour privatiser, voilà qui est surprenant. Il y a une autre bizarrerie, l’Etat prévoit de racheter les actifs d’ADP au terme de la concession. Donc, pour le bénéficiaire de l’opération, l’acheteur de la société d’aéroport, ce sera un double jackpot ! Du cousu main. Sans entrer dans les détails  techniques et les exigences de l’Etat pour sécuriser la  privatisation, celui-ci a rarement su définir les besoins à satisfaire par ses concessionnaires sur une longue durée et les modifications qu’il a apportées aux cahiers des charges des concessions ont souvent conduit à une hausse des prix et des bénéfices des concessionnaires. Compte-tenu du caractère unique en France des aéroports de Paris, le cahier des charges sera particulièrement difficile à définir et on peut craindre que, sur une période de 70 ans, il soit modifié au profit des actionnaires d’ADP. On a donc hâte de savoir quel sera l’heureux bénéficiaire. Quant à l’utilité de la manoeuvre, sauf à récupérer 8 milliards d’argent frais pour jeter dans le tonneau des Danaïdes et boucler le budget, on a du mal à le saisir.  Cela ressemble à vendre les  bijoux de famille quand on est  dans l’impasse financière.

 


MA REVUE DE PRESSE COMMENTEE

Presse

 

Le monde comme il va …

Les nuages sur l’économie.

Les mauvais signes continuent de s’accumuler. La croissance continue de s’affaiblir dans la zone euro et l’inflation ne fait pas mieux, à son plus bas niveau depuis 18 mois (entre 1,1 et 1,3%) très loin de l’objectif de la BCE (2%). L’Italie est au bord de la récession, et l’atonie a gagné , après l’Allemagne, la France et l’Espagne. LA Fed américaine s’est résignée à baisser ses taux pour soutenir elle aussi une croissance qui fléchit. Du coup les investisseurs sont inquiets , notamment à cause des tension commerciales  entre la Chine et les USA, et l’or redevient une valeur-refuge : c’est la nouvelle « ruée vers l’or ». Les cours flambent à près de 1 500$ l’once. Quant au Royaume-Uni, après les annonces de Johnson, il plonge nettement, monnaie et récession (- 0,2%) !

Effets désastreux du protectionnisme.

Le tour belliqueux que prennent les relations sino-américaines nous met à la merci du moindre dérapage, compte-tenu du caractère imprévisible des réactions de Trump déjà en campagne électorale, avec à la clé le chaos sur les marchés financiers. Les effets de la confrontation sont mesurables sur le commerce, l’investissement et la croissance. Le protectionnisme brandi par Trump n’a pas protégé l’industrie, les emplois ni le pouvoir d’achat US. La démonstration est faite qu’il est inopérant dans une économie largement mondialisée, interconnectée où tout le monde est client, fournisseur et créancier tout-à-la fois. Ce sont les producteurs et les consommateurs qui paient les pots cassés. Le plus grave c’est que l’Europe est totalement inexistante et si elle ne se réveille pas, c’est la Chine et les Etats-Unis qui se partageront le monde… sur son dos.

L’hydre islamique.

Serait-on revenu 20 ans en arrière ? Un attentat à la voiture piégée a fait 14 morts à Kaboul … En 2018 près de 4 000 civils ont été tués à travers le pays, dont 1 500 au mois de juillet. Pourtant les talibans mènent des pourparlers avec les Etats-Unis. En Irak et en Syrie les combattants de l’E.I. harcèlent les troupes, profitant  des divisions entre arabes et kurdes. Une guérilla classique qu’ils savent mener, avec son cortège d’embuscades, de mines et d’assassinats. Le feu mal éteint continue de couver. On n’en aura jamais fini, mais qui les finance ?

Le climat.

On ne peut écarter les rapports du GIEC et en même temps on n’est pas obligé de plonger dans les délires des apôtres de la décroissance. Le réalisme veut que rien ne se fera de crédible contre les entreprises, le libre-échange et la capacité d’innovation du secteur privé. Le monde libre est le meilleur allié du défi environnemental, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas réguler le capitalisme. C’est le monde libre qui aujourd’hui héberge les pays qui font le plus d’efforts pour diminuer leurs émissions, grâce à  leur capacité d’innovation permanente. Les démocraties dites « illibérales » n’ont pas montré jusqu’à présent le même volontarisme.

Repentance.

Le summum de la repentance autoflagellante a été atteint pas l’actrice américaine Rosanna Arquette qui s’est dite « désolée et dégoutée d’être née blanche et privilégiée, avoir honte de sa nature … ». Jusqu’où ira-t-on ? Ce pays va décidément très mal, perdu entre ce genre de mentalité et les fusillades !

Et en France…

Rénovation énergétique.

Le gouvernement va mettre un sérieux tour de vis sur les aides énergétiques, faute de moyens. Il va donc revoir le dispositif. Il y a une catégorie de population qui n’y aura plus droit. Vous ne savez pas laquelle ? Eh bien je vais vous le dire : le crédit d’impôt transition énergétique devrait disparaître en 2020 pour les... 20% de ménages les plus aisés ! Oui, oui, encore eux, toujours la même catégorie.

Sécheresse.

Avec les épisodes de canicule, la sécheresse sévit dans beaucoup de régions de France. Et notre territoire, avec ses 17 millions d’ha de forêts, est très vulnérable. Et bien malgré tout, 2019 n’aura pas été une année catastrophique en matière de surfaces boisées brûlées : 3 900 ha, un peu plus que les 3 000 de 2018, mais nettement moins (pour l’instant)  que les 19 700 ha de 2017, année noire. L’absence relative de vent est un élément d’explication. L’utilisation des drones et une organisation toujours plus perfectionnée de la surveillance en est un autre. Cela n’empêche pas qu’on doive déplorer, malheureusement, la mort d’un pilote d’avion-pompier. On oublie aussi que si les sinistres sont plus rapidement circonscrits c’est grâce à leur talent et à leur bravoure.

Progrès ?

A Angers, Casino ouvre un hyper sans personnel le dimanche après-midi, ce qui lui permet de contourner l’interdiction d’ouverture après 13H. L’enseigne de M. Naouri  inaugure donc les « hyper automatiques », et a choisi Angers pour expérimenter le dispositif. Néanmoins, une ouverture partielle parce que des rayons ne pourront offrir le service habituel : vins, alcools, boucherie… seront fermés. Une percée qui pourrait déboucher sur des ouvertures 24H sur 24. Angers, ville connectée ! Bon, apparemment l’expérience n’emballe pas le maire Christophe Béchu.

Asile.

Pour une fois, on applaudit : la France va accueillir 31 femmes Yazidies et leurs enfants, victime en Irak de l’EI qui les avait mises en esclavage. Cela porte à 75 le nombre de familles Yazidies arrivées en France depuis 2018. C’est peu, mais c’est déjà ça. C’est mieux que de rapatrier des djihadistes dans la plus grande discrétion.

Gafa.

On le sait, la France, faisant cavalier seul, a voté une taxe de 3% sur les revenus des Gafa réalisés en France. On pensait que ça n’était que justice. En fait, la mesure ne servira à rien. Amazon va répercuter les 3% sur ses prestations. Autrement dit c’est encore le cochon de payant qui va être sanctionné. Sauf que Trump a été furieux et a menacé de taxer notre pinard. En plus, on n’évitera peut-être pas les mesures de rétorsion. Mais comment soigner la myopie de M. Le Maire ?

 


MA REVUE DE PRESSE COMMENTEE

Presse

 

Intelligence artificielle

Soft Bank lance un nouveau fonds de plus de 100 milliards de dollars pour investir dans l’intelligence artificielle.  Microsoft, Apple  … sont parties prenantes évidemment. Villani est bien loin avec son petit  milliard !

Chômage

Une embellie trop fragile selon J.M. Vittori. Le chômage continue de baisser, et c’est bien, mais trop lentement. Sur un an  la baisse est de 2%.Il reste encore  3,4 millions de chômeurs et si on ajoute les emplois partiels on recense près de 5,5 millions de demandeurs d’emploi. Une proportion 1/3 plus élevée que dans l’Union européenne.  C’est trop alors que les signes de faiblesse persistent : le chômage des femmes ne diminue pas, de même que celui des séniors.  Le nombre des chômeurs de longue durée reste beaucoup trop élevé.

Croissance.

En France elle fléchit au 2ème trimestre à 0,2%. C’est la  consommation des  ménages qui flanche,  malgré les gains de pouvoir d’achat financés à la suite des Gilets jaunes, environ 8,5 milliards d’euros, dont les 2/3 sont allés alimenter l’épargne. On notera un léger redressement de notre commerce extérieur. Le ralentissement européen, lié aux tensions commerciales provoquées par Donald Trump, aura-t-il raison de la capacité de résistance tricolore? La reprise de la croissance n'est pas garantie et dépendra en tout premier lieu de la transformation du regain de confiance des ménages en consommation.  C’est pas gagné !

Economie allemande.

C’est pas gagné, d’autant plus que les nuages noirs s’amoncellent sur l’économie de notre voisin. Le ralentissement allemand touche plusieurs secteurs industriels : l’automobile, la métallurgie, la fabrication des machines sont les  principales touchées. Les  prévisions de croissance du pib pour l’Allemagne tournent autour de 0,6-0,7%. Un trou d’air qui deveint une faible  conjoncture durable  … avec une menace de récession.

Essoufflement de l’économie mondiale

Pour couronner le tout le FMI revoit à la baisse la  croissance mondiale pour la quatrième fois. Presque partout, les  économies sont languissantes. Une morosité largement due à la guerre commerciale que se livrent Les Etats-Unis et la Chine. Tant dans les pays avancés que dans les émergents, l’investissement et la demande de biens de consommation restent modérés. Et ce sont surtout les émergents et les pays en développement qui noircissent le tableau. Les incertitudes sont telles que les prévisions ont encore une forte probabilité d’être revues à la baisse. Ce qui alimente la fuite en avant des  politiques monétaires « accommodantes ».

Mauvaise  donne

Pascal Durand a critiqué l'intervention de François-Xavier Bellamy au Parlement européen parce que celui-ci se réclamait de Charles Péguy en qui l’écolo voit un « nationaliste belliqueux et réactionnaire ».  C’est  l’inculture et  l’ignorance qui s’érigent  en donneuses de leçons. Pour faire  court : Péguy était un chrétien de gauche et son patriotisme, qui se réclame de Corneille, de Michelet et de Victor Hugo n'est ni contre-révolutionnaire, ni autoritariste, ni antisémite. Il  est l’antidote du nationalisme ! Pascal Durand devrait retourner à l’école  avant de tweeter.

Menus constats

On a retrouvé le téléphone disparu de Benalla et il a livré ses  secrets, mais curieusement ça a l’air de n’intéresser personne, même quand il s’agit des comptes  de campagne du candidat Macron.

Sécurité : hausse vertigineuse des cambriolages. On en est à 645/j . Mais M. Castaner  doit trouver ça normal.  Il faut dire que  la  police est à bout de souffle. La preuve : les suicides qui s’additionnent dramatiquement dans les rangs des fonctionnaires. Mais il semble qu’on s’en émeuve moins que pour d’autres victimes.

Pour Macron on était  passé des Gilets jaunes au Maillot jaune !  Mais c’était avant qu’Alaphilippe perde le Tour.

Migrants

La  France continue d’être débordée. Est-on à la veille d’une nouvelle vague ? Un indice : la Grèce voit augmenter le nombre des migrants qui prennent pied sur son sol. 

Sanchez toujours sans fauteuil

Les socialistes et Podemos  ont été incapables  de s'entendre. L'échec de l'investiture de Pedro Sanchez -qui est toujours en fonction- prolonge l'instabilité d'une Espagne à la recherche d'un gouvernement. La date du 23 septembre pour trouver une solutions sera vite là  ; sinon ce sera de nouvelles élections   ...