HISTOIRE

LA RELANCE DE LA DERNIERE CHANCE

Robots-industriels-

 

Le  chemin du déclassement.

En 1975, la France était la 4ème économie mondiale. Elle est aujourd’hui au 6ème rang, et  encore, ça n’est pas certain. Pays exportateur, son commerce  extérieur est en déficit depuis de nombreuses années sans qu’elle arrive à renouer avec un solde positif.  Ses parts de marché n’ont cessé de se rétrécir même au sein de  l’Union européenne. La faute à une désindustrialisation massive provoquée par les 35 h et  les délocalisations qui ont suivi et aux charges excessives que doivent supporter les entreprises qui sont encore là,  mais à la compétitivité aléatoire. Les multiples relances  keynésiennes tentées depuis les années 80, aussi ruineuses qu’inefficaces n’ont fait qu’accroître  le mal, en stimulant une consommation de produits fabriqués ailleurs, surtout en Asie.  Hausse des dépenses sociales et chocs fiscaux l’ont coupée des reprises mondiales. Le résultat, nous l’avons sous les yeux, aggravé par la dernière crise sanitaire : croissance potentielle réduite à 1%, accélération de  la  désindustrialisation, chômage permanent, dépenses publiques non maîtrisées, dette en expansion continue. Le mal est profond et les trois dernières années n’ont fait que le confirmer : déni de la compétitivité, de  l’investissement et de l’innovation ;  état-providence toujours plus boulimique qui interdit la modernisation de l’appareil de production. La  France n’a plus le droit à l’erreur. 

Une situation critique.

A la sortie de la crise du covid19, pour autant que l’on en soit sorti,  notre économie subit la récession la plus sévère  avec  une reprise fragile et « hémiplégique ». Outre  le terrible bilan sanitaire avec plus de 30 000 morts, nous sommes  plongés dans la pire crise économique et sociale de  l’OCDE.  La récession atteint 12% du PIB, le chômage est remonté lui aussi à 12% des actifs, la dette publique s’est envolée à plus de 120% du PIB. L’activité reste inférieure de 10% à son niveau d’avant-crise. On constate un effondrement de l’investissement (de 40%) et des exportations, alors que la consommation s’est redressée à 97%. L’industrie est à 70% de ses capacités. Fermées plus tôt, plus longtemps, les lignes de production françaises repartent un peu moins vite que leurs concurrentes européennes - ce qui fait craindre un nouveau décrochage du made in France. Le déficit commercial atteignait plus de 7 milliards en mai. On reconnaît là tous les stigmates de l’économie du pays. Dans ce contexte d’autant plus déprimé que l’économie mondiale est en panne, la situation de la production mondiale se stabilise en effet à un niveau inférieur de 25 % par rapport au niveau de début janvier, il faudrait éviter que le plan de relance annoncé par le Président et le Premier Ministre ne s’inscrive dans la continuité des précédents, qui ont tous échoué  et  qui privilégiaient la redistribution sur la production et la protection sur l’innovation. D’autant plus que certains pays s'en sortent mieux que d'autres, mais pas la France.

Dépenser n’est pas relancer.

Une chance au moins : grâce à « l’argent magique » qui tombe du ciel européen et qui permet à la France d’emprunter à moindre coût, nous allons échapper, pour l’instant, aux hausses d’impôts qui seraient le plus sûr moyen de tuer la reprise comme en juillet 2012 avec Hollande. Mais compte tenu de l’état de nos finances publiques, qui n’est pas « un conte de fée » comme dirait Eric Woerth, c’est probablement la dernière fois que la France peut empruntée plusieurs centaines de milliards d’euros pour reconstruire son économie. Autant dire qu’il vaudrait mieux qu’elle soit au final compétitive et écologiquement soutenable. A cet égard, ce que fait l’Allemagne pourrait servir de modèle : 130 milliards d’euros au service de l’investissement, de l’innovation, de la conversion numérique et écologique de son industrie notamment automobile. Notre plan de relance ne sera présenté qu’à la fin août par Bruno Le Maire. Les actes suivront-ils ses paroles ? Les mesures de soutien aux entreprises pendant le confinement avec  les suppressions de charges temporaires ont été utiles. Mais pour la relance,  pour l’instant on constate surtout l’avalanche des dépenses pour la police, pour l’hôpital, pour la SNCF, et la machine à redistribuer semble l’emporter avec  l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire et les  hausses de salaires, les aides à la rénovation thermique pour les ménages … Sans parler de la création de la 5ème branche de sécurité sociale (financement?) au moment où le déficit du système des retraites explose à 30 milliards d’euros. Seuls 40 des 100 milliards sont affectés pour l’instant à la production et à l’industrie, ce qui ne compensera même pas les pertes enregistrées en 2020 (70 milliards pour les entreprises). On retrouve encore la  machine à dépenser dans la poursuite de la création de postes dans la fonction publique affectés aux services territoriaux… Bruno Le Maire veut baisser les impôts de production de 10 milliards d’euros, c’est mieux que rien, mais une goutte d’eau dans la mer des 67 milliards que paient nos entreprises, et encore, il faudra qu’il compense le manque à gagner pour les Régions. Ses bonnes intentions  risquent de se noyer dans le saupoudrage et le parasitage vert. Notre pays est donc en passe de dilapider à nouveau 100 milliards d’euros. On cherche une stratégie et du courage politique et on trouve surtout gesticulations, annonces démagogiques et moulinets. Et cerise sur le gâteau, on va « cantonner » la dette Covid ce qui n’est rien d’autre que le « maquillage » des comptes  publics, comme le font … la  Grèce et l’Italie.

Si Castex  veut casser la baraque, il va falloir qu’il s’y prenne autrement. Je crains que ça ne soit guère possible. Un technocrate ne peut faire que ce qu’il sait faire : reproduire à l’infini les mêmes schémas qui ne fonctionnent pas. C’est clair que la droite ferait autrement. La France semble hélas condamner au déclassement et  au déclin, à la stagnation, au chômage et aux dettes …

 


QUAND LE VIEUX MONDE DEMANDE DES COMPTES…

Les gaulois réfractaires001

 

J’ai lu le dernier livre de Philippe De Villiers. Par curiosité et aussi en amateur de belle langue.  Qui connaît le spectacle du Puy du Fou, c’est de quoi je parle. Le Vendéen a un vrai talent de narrateur et pratique le Français avec maestria. Que pouvait-il bien avoir à nous dire, lui qui semblait avoir été conquis par Emmanuel Macron, alors Ministre de l’Economie, quand il  était venu lui rendre visite dans son fief. Je n’ai pas été déçu, même si je suis loin d’adhérer à toutes les thèses du Puyfolais.

Parlons d’abord  du livre.

Il  se lit d’une seule traite. Il a le mérite d’être court, concis et bien documenté. Le style est enlevé, enthousiaste aussi bien pour  applaudir que dénoncer. L’auteur, dont on connait les talents d’orateur capable de tenir en haleine une assemblée de 10 000 personnes, a conservé sa verve et le sens de la formule « tueuse ».  Son répertoire, bien que classique, peut amuser par ses nombreuses références à sa culture et son univers religieux détournés ici par dérision : Sibeth devient « La Pythie » et son pupitre de plastique un « lutrin » ;  « Saul, le païen (qui) s’est converti en galopant sur la route de Damas » est  mis en parallèle  avec « le startupper devenu le grand  logisticien du rapatriement des patries  perdues » (Macron dans son discours du 13 avril)… Le plan en est relativement simple : la pandémie et  le  confinement sont une occasion en or pour régler son compte à Emmanuel Macron par un homme que ce dernier a tenté de manipuler, et par la même occasion de se faire une fois de  plus le  chantre de la souveraineté nationale et  des terroirs face à la  mondialisation, à la technocratie et à l’européisme. L’ouvrage début donc logiquement par la rencontre Macron-De Villiers, suivie de l’épisode de la pandémie du déni au mensonge pour finir par le « jour d’après » en guise d’épilogue.

Dialogue entre le « vieux monde » et le « nouveau ».

On ne peut pas  suspecter Philippe de Villiers de mentir. Après son passage à Orléans pour « honorer » la  Pucelle, au cours du même été, Emmanuel Macron s’était rendu au Puy du Fou soi-disant pour comprendre comment fonctionnait cette réussite économique spectaculaire que sont le « Grand parc » et la « Cinéscénie ». Une rencontre haute en couleur entre le Vicomte et le banquier, au cours de laquelle il avait fait son « coming out » : « Je ne suis pas socialiste » ! ». Des heures de dialogue approfondi  qui vont laisser Philippe de Villiers sous le coup de la séduction. Le récit de l’échange est hallucinant. Macron montre un art consommé de la disruption et de la manipulation qui fait dire aujourd’hui à de Villiers : « J’ai mis du temps à comprendre ce qui se cachait derrière les figures chorégraphiques du « en mêm’temps » : Macron des villes, Emmanuel des champs »…

La pandémie : du déni à la catastrophe.

Philippe De Villiers livre ensuite un réquisitoire glaçant sur la gestion de la pandémie : le déni pendant deux mois, les mensonges successifs habilement habillés en vérités, la mise en scène du paravent du « conseil scientifique » pour se mettre à l’abri, le confinement qui aurait pu être évité et qui conduit à la débâcle économique… Une histoire terrifiante que l’auteur présente sous le faux questionnement : « Auraient-ils menti ? ». Pour Villiers, cela ne fait aucun doute, mais, avant tout, le gouvernement a péché par aveuglement idéologique. Car les mensonges vont s’enchaîner comme un engrenage inéluctable mis en perspective par le calendrier incontestable des faits et des affirmations des uns et des autres. Car il était impossible de « ne pas savoir ».  « Depuis douze ans des voix autorisées et les plus hauts képis de  l’armée française » avaient prévenu. En 2017,  le service de santé des armées alerte sur le risque d’émergence d’un « nouveau virus franchissant la barrière des espèces ou échappant à un laboratoire de confinement ». Il cite au passage la légèreté avec laquelle Raffarin fait installer à Wuhan une plate-forme novatrice P4  sur le modèle du laboratoire Jean Mérieux de Lyon, dont les 50 chercheurs français qui devaient y travailler pendant cinq ans ne sont jamais partis. Et c’est de Wuhan,  justement, que le virus va  prendre le large … Les dispositions pour y faire face auraient dû être prises. Mais le 24 janvier la Ministre de la Santé rassure les Français : « Le risque d’importation de cas  de Wuhan … est pratiquement nul ». On connait la suite. La  voie choisie par la France est surprenante : les frontières ne servent à rien, les masques pas plus, ni les tests…  pour finalement se retrouver bouclé par la frontière de son propre appartement. Deux mois de déni, deux mois de confinement, une économie effondrée et plus de 30 000 morts qui auraient pu n’être que 5 ou 6 000 si l’exécutif avait fait, ne serait-ce que comme l’Allemagne. Une lourde responsabilité pour les gouvernants qui, à coups de grands’messes médiatiques ont camouflé  leur incurie. Ceux-là ne mériteraient-ils pas la Cour de Justice de la République à commencer par celui que les médias présentent comme le « chouchou » des Français ? 30 000 morts et 220 milliards de déficit, comme carte de visite… Mais évitons de jouer les procureurs. Les commissions d'enquête parlementaires sont là pour ça éventuellement.

Le retour du Nouveau Monde.

« Il faut nous réinventer, et moi le premier ». Tu parles.  En fait de se réinventer, le Président a suivi le conseil de celui qui dirige le « Centre d’analyse, de prévision et de stratégie » du Quai d’Orsay, Manuel Lafon Rapnouil, qui lui a remis un rapport sur la « sortie de crise », à la fin mars. Il y brandit la menace : « Le risque est réel que les efforts de stimulation de la croissance ne soient l’occasion pour l’ancienne économie de se remettre au centre du jeu en détriment de celle –plus innovante et verte notamment- que l’on essaie de développer ».  Tout est dit. L’ancienne économie peut crever, ces indépendants qui résistent encore au « Nouveau Monde ». Il y a donc une France « déconnectées » qu’on débranchera. Evidemment « Le jour d’après », pour Philippe De Villiers, ce sera la guerre  de ceux qui ont tenu la France à bout de bras pendant la crise contre la dilution de la souveraineté, contre la mondialisation qui nous a désarmés  face au virus. L’auteur y reprend ses combats de toujours, pertinents quand il s’agit de la technocratie ou la globalisation qui tue notre économie, quand il vante l’économie réelle ancrée dans les territoires, beaucoup moins quand il enfourche la thématique de l’Europe inutile en négligeant l’action déterminante qu’elle a eue pendant la pandémie, notamment grâce à l’action d’Ursula Von der Leyen. Cela ne veut pas dire pour autant que la France n’est pas  capable de gâcher la relance obtenue au dernier Conseil européen. Et le plan qui se concocte à Bercy n’est pas fait pour rassurer.

Le livre est donc une attaque en règle contre ce « Nouveau Monde » prôné par Emmanuel Macron et qu'il juge responsable des difficultés de la France face au coronavirus. L'ancien député européen avait eu des mots lourds de sens durant la campagne des élections européennes de 1994. « Quand toutes les barrières sanitaires seront tombées et qu'il y aura une grippe à New Delhi, elle arrivera dans le Berry. » avait-il proclamé à l’époque, en déchainant les rires. Il saisit donc cet ouvrage pour faire le procès de la disparition des frontières, de la technocratie et de la mondialisation financière. De véritables chevaux de bataille pour lui et qui ont trouvé un écho très particulier ces dernières semaines.

Même quand on n’est pas Villiériste, ce qui est mon cas, un livre à lire absolument pour la mine d’informations qu’il comporte auxquelles le grand public n’a pas eu accès et pourtant nécessaires pour se forger un jugement sur les événements.

 


MERKEL S’IMPOSE

Angela

 

L'accord qui vient d'être signé à Bruxelles est HISTORIQUE.

Sur ce point, Emmanuel Macron a raison. Mais il a une chance inouïe : Merkel a eu besoin de lui, ce qui n’aurait pas été évident s’il n’y avait pas eu la crise. Car le changement de pied de l’Allemagne n’est pas dû au Président français qui aurait convaincu la chancelière comme il le prétend. C’est de bonne guerre, il tire la couverture à lui, pour une fois que la conjoncture lui est favorable. En réalité, comme l’analyse Eric Le Boucher dans les Echos, c’est le plongeon de l’économie allemande en 2019 qui est à l’origine du changement de cap d’Angela Merkel jusque-là inflexible sur la mutualisation de la dette. Les complications des relations commerciales avec les Etats-Unis, l’effondrement des exportations vers la Chine, font que l’Allemagne a besoin d’une relance forte du marché européen pour faire redémarrer son industrie et faire en sorte que les 110 milliards d’euros qu’elle a débloqués pour ce faire ne le soient en pure perte.

Pragmatisme oblige !

Il faut donc aider les pays en difficulté à se redresser rapidement. Aidée par Christine Lagarde qui a ouvert les vannes de la BCE et Ursula Von Der Leyen aux manettes de la Commission, elle s’est activée pour faire avaliser ce puissant plan de relance européen, qui permet à l’Union de s’affirmer aujourd’hui comme une puissance mondiale capable de rivaliser avec les autres géants de la planète. Evidemment, elle n’a eu guère d’efforts à faire pour convaincre Emmanuel Macron, alliance indispensable pour peser au Conseil européen. Bon comédien, le Président français a rempli son rôle à la perfection. Mais il ne faut pas s’y tromper, comme le remarque Marc Fiorentino, tout le mérite revient à Angela Merkel. Sa volonté de marquer sa présidence de l'Union Européenne a été déterminante. L'Allemagne a imposé sa volonté, une fois de plus. Elle a été « le Sarkozy » du sommet. Pour le bien de l'Europe. Car, c’est un pas de géant politique qui a été franchi : les 27 restent soudés, aucun n’a envie de sortir de l’Union, et même s’il y a des coupes dans certains budgets, ce plan de relance marque une volonté politique commune inédite par son ampleur. C’est le Royaume-Uni qui peut faire la gueule : avec 300 milliards de déficit, il connait la pire récession de son histoire et il ne participera pas à la « fête ».

Un accord essentiel.

Il n’a fallu que 5 jours seulement, pour que l'Union Européenne franchisse ce pas de géant. Un accord inimaginable il y a 10 ans et même en ce début d'année 2020. En quoi consiste-t-il ?

. D'une dette commune européenne de 750 milliards (des eurobonds qui ne disent pas leur nom)

. De 390 milliards d'euros de subventions, donc non remboursables. Des subventions payées par l'Union Européenne destinées seulement aux Etats les plus touchés par la crise.

. Plus 360 milliards d'euros de prêts, toujours pour les pays en difficulté.

L’Italie peut se féliciter et ne pourra pas venir se plaindre du trop peu de soutien de l’Union :elle va encaisser 209 milliards d’euros sur le total de 750 milliards, et 80 milliards de subventions, elle est la première bénéficiaire du plan. La France a réussi à obtenir 40 milliards d’euros, mais Macron à oublier de mentionner que notre pays est un contributeur net et pas un bénéficiaire net…. Bah oui, l’oubli fait partie de l’art de gouverner. S’il fallait tout dire …

Les pays frugaux ont cédé, en échange d'un rabais sur leur participation au budget européen.
La Pologne et la Hongrie ont cédé malgré le fait qu'une des conditions pour l'octroi des fonds soit le respect de l'Etat de droit. Simplement, on peut regretter que l'octroi des fonds ne soit pas assorti de conditions telles que la mise en place de réformes structurelles... C’eût été trop demander. Espérons que pour les pays comme la France, ce deal ne sera pas une incitation à la paresse réformatrice et fiscale, ce que l’on peut craindre malheureusement. Car la résistance des pays frugaux est un avertissement. Elle s’explique par leur lassitude face au laxisme budgétaire qu’ils observent, alors qu’eux ont fait les efforts nécessaires et que c’est grâce à eux que l’euro garde toute sa valeur, et tend à devenir, en ce temps de crise, une valeur refuge. Valeur dont profitent les pays du sud, Espagne, France, Italie, dépensiers et surendettés.

Maintenant, il ne faut pas rater la relance.

Car, si les Etats-Unis sont aujourd’hui en difficulté, avec un contexte politique chahuté et un rebond de l’épidémie, ils ont toujours cette capacité à rebondir économiquement que notre vieux continent n’a pas, d’autant plus que Trump va « dégainer » un nouveau programme massif de relance.

 


UNE SOUDURE A 100 MILLIARDS !

Pluis de billets

 

Castex veut ressouder le pays fracturé !

Un conseil : dans les temps qui viennent, il va falloir non seulement porter  un masque pour se protéger du coronavirus mais  protéger votre chef d’un casque lourd pour éviter d’être assommé par  les liasses de billets de 500 € qui vont se mettre à tomber du ciel. Car des Milliards il va en pleuvoir,  comme les obus à Gravelotte. Ne cherchez pas  d’où ils tombent. Je l’ai déjà expliqué. Les  banques centrales c’est magique !

100% social, 0% libéral.

C’est la ligne que s’est fixée Jean Castex. Notamment pour lutter contre le chômage.

Le Premier ministre a commencé la distribution des cadeaux. La  pluie tombe d’en haut mais la demande doit venir du coin de la rue. Tout le monde sera  arrosé. Et ce n'est que le début.

. 8 milliards pour le  système de santé

. 20 milliards  pour la transition  écologique

. 40 milliards pour la reconstruction de  l’industrie et les  relocalisations dont 20 milliards pour baisser les impôts de production : une petite bonne nouvelle dans l’océan des dépenses (les entreprises françaises en paient 5 fois plus que les  allemandes).

. Et le reste sera distribué pour l’emploi des jeunes avec une baisse de charges de 4 000 € pour les jeunes embauchés avec un salaire inférieur à 1,6 SMIC (donc pas pour les diplômés), pour le service civil, pour l’apprentissage, les formations-emplois, l’allocation de rentrée scolaire, le resto U à 1 euro, etc…

. 6  milliards d’économisés : report envisagé de la suppression de la taxe d'habitation pour les 20% de Français les plus riches (à partir de 2 500 €/ mois) prévu en 2023. Une  mesquinerie au vu de la valse des milliards.

Pour les réformes on va prendre son temps.

Il se pourrait bien que la réforme des retraites ne s’applique qu’à partir des jeunes qui entrent aujourd’hui sur le marché du travail, donc à l’horizon 2065-2070. Les syndicats  ont du temps devant eux pour voir venir.  En attendant, il faudra bien prendre une mesure d’âge pour boucher le gouffre qui s’est ouvert avec le coronavirus (30 milliards). Le redressement des comptes passera avant la réforme.

Ça  fait cher la  soudure.  Bah, « ça coûte rien puisque c’est l’Etat qui paie ». Le mot « déficit » n’existe plus.

Points de repères :

Tableau de bord de la France (rapport de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale)

.  Le choc du coronavirus va coûter 22 points de PIB à la France en 2020

.  Le ratio de dette française sur le PIB s’établit à 120,9% soit 2.650 milliards d'euros

.  Le recours de l'État aux émissions de dette sur les marchés financiers devrait exploser de plus d'un tiers, soulignent les auteurs, estimé à 361,2 milliards d'euros au total.

.  Commerce extérieur 1er trimestre 2020 :  - 14,3 milliards € (déficit 2019 : 58,9 milliards)

. Déficit budgétaire : 11,4%  - 220 milliards €

Et encore, pour corriger l’affirmation « la  France  le  pays le plus attractif d’Europe »

Nous disposons du même nombre de millionnaires que l’Allemagne, entre 1 et 5 millions d'euros (notamment à cause de l'immobilier), mais nous accumulons les retards dès les 10 millions d'euros de fortunes nettes. A partir de 50 millions d'euros nous en avons moitié moins... et jusqu'en haut de l'échelle puisque nous disposons de plus de 2 fois moins de milliardaires. Nous manquons de riches entrepreneurs parce que la fiscalité personnelle et sur le capital, mais aussi de production sur les entreprises, est trop importante en France comparativement à notre voisin Allemand, ce qui pose des problèmes de rentabilité, de transmission et de succession. Autrement dit l'impôt-risque est toujours trop fort en France.

Et être attractif pour les capitaux étrangers, c’est mettre nos entreprises sous leur tutelle. Après  on s'étonne qu'elles partent ailleurs...

 

 


LA FOLLE DANSE DES TECHNOCRATES

Danse des technocrates 2

 

Un Président désarçonné plus préoccupé de courir après sa popularité.

Faut-il qu’il soit perdu à un point qu’on n’imagine même plus : l’agenda d’Emmanuel Macron témoigne par ses consultations tous azimuts  de l’ampleur du désarroi. Voyez l’agenda des derniers jours : Citoyens tirés au sort qui remettent dimanche leurs propositions sur le climat, ministres planchant mardi sur le plan de relance, partenaires sociaux réunis en sommet mercredi sur la gestion de la crise, prédécesseurs consultés sur l’« après », Nicolas Sarkozy mardi, François Hollande vendredi, Valéry Giscard d’Estaing au téléphone… Emmanuel Macron demande à Richard Ferrand comme aux présidents des autres Assemblées, des idées pour la suite du quinquennat. Ce dernier réunit ce mercredi élus, partenaires sociaux, citoyens pour réfléchir à des propositions qui alimenteront son document final. Etonnante plongée dans un abîme sans fond qui dit beaucoup du moment. Le « Nouveau Monde » a furieusement besoin de « l’Ancien ». Au dernier Conseil des Ministres, le Président a engueulé copieusement les ministres au point que certains le disent proche du « burn-out ». Que va-t-il nous sortir le 29  juin ? On peut craindre le  pire. Il  est prêt à tout bousculer  pour se retrouver un chemin de « victoire » en 2022. Même de modifier le calendrier électoral selon son accommodement.  Décidément, cet homme-là a un problème avec la  démocratie et ne comprend rien aux Français.

Pendant ce temps-là, le pays s’enfonce dans une récession sans précédent.

Le dispositif pour faire face à la crise sanitaire a offert aux Français  « les mesures les plus généreuses  d’Europe », au prix d’un endettement inconsidéré, au prix  d’un recul du PIB de 12,5% : le chiffre vient de tomber du FMI. Nos technocrates ont  la main lourde quand il s’agit de dépenser dès lors que le guichet de l’argent facile est  ouvert. Cela n’a pas empêché l’économie française de détruire 500 000 emplois au 1er trimestre et ce n’est qu’un début. Nous avons la récession et les déficits les pires d’Europe. Pour quantifier les choses, le repli du PIB s’élèvera à près de 280 milliards d’euros tandis que le déficit total Etat-Sécu-Collectivités territoriales avoisinera les 250 milliards. La dette publique franchira les 120% du PIB à 2650 milliards…C’est bien connu,   la crise entraîne plus de dépenses publiques et moins de rentrées fiscales.

Mais nos politiques, retranchés derrière leur collège de médecins bureaucrates et les technocrates de Bercy, ont pris des décisions trop  fortes et ont eu la main trop lourde. Comme le  pays a abordé la crise  en situation de fragilité, contrairement aux  dires officiels, car la récession était déjà engagée dès le début de l’année, l’impact du Covid19 a été beaucoup plus lourd qu’ailleurs. L’hexagone fait partie depuis plusieurs années des mauvais élèves de la zone euro. Trois explications plus une : un confinement  plus sévère qu’ailleurs qui a conduit un salarié sur deux du privé au chômage  partiel (22% en Allemagne), absence de directives claires qui ont découragé de nombreux actifs de reprendre leur travail durant le confinement avec une chute d’activité autour de 30%, de nombreux handicaps sur l’offre dans les activités qui impliquent de la promiscuité et des contacts. Enfin, la tendance à l’épargne de  précaution des Français (plus de 100 milliards) face  à l’incertitude économique pénalise une économie traditionnellement tournée vers la consommation. Et cette fois-ci les dépenses  publiques qui enflent démesurément (64% du PIB) plombent les comptes de l’Etat sans redynamiser l’économie. Déficits et récession se donnent la main  pour la descente aux enfers, accompagnée par la danse macabre de notre haute technocratie !

Quelle considération nos partenaires européens plus vertueux  peuvent-ils nous accorder ? Notre manque de retenue est une insulte aux traités que notre pays a signés. Nous nous comportons comme des escrocs vis-à-vis de ceux dont la rigueur financière permet de garantir sa valeur à la monnaie que nous utilisons.

Pendant ce temps-là le pays part  à vau l’eau et n’est pas gouverné.

Il y a un abandon de la sécurité dans notre pays aujourd'hui. Ni le président de la République, ni le Premier ministre n'ont pris ce sujet au sérieux. Quant au ministre de l'Intérieur, il est complètement dépassé par la situation. Nous sommes devant une crise d’autorité de notre État. Une République sans police, sans gendarmerie, sans justice respectées n’est plus un État de droit. Les violences dont nous sommes presque quotidiennement les témoins sont le produit des démissions et des lâchetés  successives. Elles vont avec  les désordres qui agitent les esprits. Si bien que nous sommes dans un  monde qui marche sur la tête où nous voyons l’inversion des valeurs quand les  « antiracistes » racialisent  tout jusqu’aux statues,  où nous voyons l’inversion des responsabilités quand on rend nos forces de sécurité responsables des violences. On a officiellement abandonné le principe d’universalité de nos valeurs ! Avant de repeindre le pays en vert, en rose ou en noir, lavons-le  d’abord de sa crasse bureaucratique. A quoi bon édicter des interdictions si des groupes peuvent impunément les enfreindre. Car si le pays sombre dans la violence et la désespérance, c’est bien parce que la bureaucratie galopante a fait de lui celui qui consacre le plus d’argent  à ses dépenses publiques au prix de salaires bas et d’entreprises à la compétitivité limitée. Un exemple : nous dépensons 4,1% du PIB en dépenses hospitalières (les plus fortes d’Europe) avec les soignants les plus mal payés d’Europe, tout ça parce que nous subissons l’hypertrophie des personnels  administratifs (34% des emplois). On s’étonne après que la méfiance collective suinte partout et alimente un climat social exécrable ! Voilà ce qui arrive quand on abandonne le pouvoir aux technocrates sans âmes : des politiques sans marges de manœuvre, un Etat irresponsable, une opposition systématiquement écartée, des collectivités marginalisées, des citoyens sans repères…

Qu’arrivera-t-il si l’environnement change et les créanciers se réveillent ?

 


LA DETTE DEVRAIT TOUS NOUS PREOCCUPER !

Des-liasses-de-billets

S'il y a bien un sujet qui prend un tour préoccupant, c'est bien celui de la dette française. Avec la crise du Covid19 elle a enflé démesurément et pourrait atteindre  les 3  000 milliards d'euros en 2022. Commençons par nous poser deux questions  : 

"D'où vient l'argent ?" et " Faudra-t-il rembourser  ?".

Je reprends ici deux chroniques économiques parue sur la page facebook des Républicains 49, qui décrivent bien la situation dans laquelle la France se trouve plongée aujourd'hui. 

 

D'Où VIENT L'ARGENT ?

Le  gouvernement annonce des plans de soutien aux secteurs touchés par la crise et l’arrêt de l’activité dû au confinement, et à des entreprises comme Air France ou Renault, il finance le chômage  partiel  , etc… et tout cela représente des milliards d’euros.  Puisque les caisses sont vides, nos concitoyens un peu avisés se  posent la question : « mais où prend-il l’argent ? ». C’est tout simple, il l’emprunte à la BCE. Et la France n’est pas  la seule concernée. La même question se pose à chaque annonce d'un nouveau plan de relance d'un pays,  comme par exemple, après l'annonce par Merkel et Macron d'un projet de fonds de relance européen de 500 milliards d'€.

L’argent de la BCE.

C’est la BCE qui prête aux états mais aussi aux entreprises indirectement en rachetant leurs dettes sur le marché : en fait, c'est de la pure création monétaire, de la « planche à billets » pour reprendre l’expression consacrée.  Toutes les autres banques centrales le font. La Fed aux Etats-Unis, la  Banque d’Angleterre, la Banque du Japon … Elles ont décidé de créer de l'argent de façon illimitée jusqu'à ce que les effets de la crise aient été compensés et c’est une première historique. Cet argent mis à la disposition des états n’est  prêté par personne, il vient de nulle part, c’est de la création monétaire.

Il n’y a rien à craindre pour l’instant.

D’habitude quand on fait tourner la « planche à billets », on augmente la masse monétaire ce qui mécaniquement fait baisser la valeur de la monnaie considérée. Et cela entraîne logiquement de l’inflation, c’est-à-dire une hausse des prix pour compenser. Si  on peut créer aussi facilement de l'argent bien réel, qu'on peut distribuer aux États ou aux entreprises, sans se fixer de limites, et sans conséquences sur la valeur de la monnaie, c’est  parce que deux conditions sont actuellement réunies :
1. Tous les pays sont dans la même situation, ce qui supprime le risque d’érosion de la confiance et d’effondrement de la devise dans une seule zone ou un seul pays.
2. Il n'y a pas d'inflation. Nous sommes aujourd’hui dans une période de déflation structurelle à cause de trois facteurs : la démographie, par le vieillissement des populations dans les pays développés ; la technologie qui modifie les  modes et les circuits de production ; la révolution sociétale, par les changements de mode de consommation.  Et il faut ajouter une déflation conjoncturelle du fait de la crise sanitaire et du confinement.

Et après.

Le problème c'est que nous n'allons pas tous sortir de la crise dans le même état et en même temps.
Dans quelques mois par exemple on va s'apercevoir que l'Allemagne est complètement sortie de la crise alors que nous serons encore plongés dedans et voudrons encore emprunter. De plus, comme les  monnaies n’ont plus depuis longtemps une valeur garantie par une contrepartie « physique » (par exemple un stock d’or), leur valeur se fonde sur la confiance qu’elles inspirent les unes par rapport  aux autres. Il faudra donc que tout le monde arrête en même temps de faire de la création monétaire si on ne veut pas voir une monnaie décrocher par rapport aux autres. Il faudra mettre fin aux largesses financières et  l’on entendra  alors, surtout chez nous : « vous avez été capables de créer des centaines de milliards d'euros en quelques jours, vous pouviez bien en créer 50 de plus pour augmenter tous les salaires ». Parce qu’évidemment les  prêts vont aller au sauvetage des entreprises en priorité.  Mais on peut compter aussi sur les revendications syndicales !

 

FAUDRA-T-IL REMBOURSER ?

C’est la question que l’on doit se poser évidemment.Déjà le débat enfle et alimente toutes les hypothèses, entre ceux qui annoncent la « dette perpétuelle » et ceux qui prônent le remboursement inévitable en faisant payer « les plus aisés »… Pour répondre à cette question nous avons croisé le regard de deux experts indiscutables : le financier Philippe Dessertine et l’économiste Philippe Aghion qu’on dit proche du Président Macron.

Une situation exceptionnelle.

L’arrêt total de la machine économique mondiale pouvait entraîner un effondrement généralisé. Pour l’éviter toutes les banques centrales du monde ont émis de la monnaie, de la dette dans des proportions inédites. On n’a jamais vu autant d'argent dans le circuit à la sortie immédiate d'une crise. Au point que certains n’hésitent pas à imaginer que ça pourrait continuer indéfiniment. Selon « les Échos », la dette créée pour financer les déficits liés au coronavirus pourrait ne jamais être remboursée car elle est en grande partie détenue par la BCE qui est elle-même « détenue » par les États auxquels elle prête. On aurait donc soit une annulation pure et simple de la dette détenue par la BCE, soit, plus élégant, une transformation de cette dette en « dette perpétuelle » qu'on annulerait dans quelques années. Mais dans les faits, nous prévient Philippe Dessertine, l’énorme gouffre creusé par l’absence de production est toujours là, doublé désormais d’une dette folle. Depuis trente ans, cette dette est de plus en plus décorrélée de la production de la richesse. Comme on l’a vu, il s’agit d’une création pure et simple : on fait tourner la planche à billets. Une démarche utile pour enrayer la spirale de la dépression, mais insoutenable à long terme.

La magie n’existe pas.

Jamais un banquier central n’a produit de la richesse. L’histoire est riche d’exemples en la matière. La vérité c’est qu’un jour ou l’autre, l’excès de dette entraînera la perte de confiance dans la monnaie ce qui débouche toujours sur la dévaluation de l’épargne, et les premières victimes sont toujours les épargnants. L’enjeu n’est pas de savoir s’il faut s’en réjouir ou les défendre, une catastrophe monétaire a toujours le même épilogue : un effondrement de la croissance, la ruine des rentiers et la misère pour les plus vulnérables. Ce médicament économique est donc à manier avec une infinie précaution. Il doit être circonscrit dans le temps et oblige ensuite à une rigueur accrue. Il faut donc avoir comme objectif le plus vite possible de recréer de la valeur. D’où la nécessité d’un plan de relance.

Le recours à l’impôt.

La France a besoin d’au moins 300 milliards d’euros. L’ISF rapporte au mieux 4 milliards : on voit tout de suite qu’augmenter les impôts ne servirait à rien pour combler cette somme énorme, surtout dans notre pays déjà en overdose fiscale. Pour Philippe Aghion, il est même contre-productif d’y penser. Selon lui, la prochaine source de financement de la France dans les prochaines années sera la croissance par l’innovation et tous les efforts du pays doivent converger pour doper cette croissance. Cela met au rebut toutes les propositions de monétisation de la dette, de fonds de défaisance, de rachat de tous les types d’actifs par les banques centrales, … Il faut absolument miser sur la croissance et donc ne rien faire pour la décourager. La monétisation de la dette publique par la BCE peut être une solution d’attente, mais elle ne peut le faire sans limite. Par contre, il est possible d’utiliser mieux le stock d’épargne en l’orientant davantage vers les secteurs économiques gros consommateurs d’investissements.

L’investissement privé en première ligne.

Il s’agit d’inventer des technologies nouvelles, de proposer des ruptures, d’innover dans le fonctionnement des entreprises : le temps du risque est revenu. Et l’Etat est le plus mal placé pour le gérer. Au contraire, il serait opportun de créer l’environnement, les structures, la fiscalité qui stimulent cet effort gigantesque de l’investissement privé. Avec, pourquoi pas, au passage, une utilisation intelligente de l’épargne jusqu’ici sacrifiée. C’est le seul moyen de convertir la masse monétaire aujourd’hui virtuelle en potentialités productives.  Alors la question du remboursement ne se posera plus, ou alors en termes soutenables.

Nous verrons prochainement pourquoi il ne faut pas  minimiser le risque que la dette explose .

 


TAXES, IMPÔTS, ILS SONT TOUS LA !

Contribuable détroussé

 

Il faut dire qu’il y a du grain à moudre : le déficit de la « sécu » rendu à plus de 50 milliards d’euros, la dette dont le gonflement file vers les 300 milliards … Les dizaines, voire centaines de milliards d’euros de dépenses publiques liées à la crise alimentent le débat : on ne sait pas s’il faudra rembourser (autre débat) mais déjà il faut faire payer les plus riches !

Faire payer les plus aisés.

Une maladie dont la gauche française n’arrive pas à se soigner. Pire que le coronavirus et plus tenace ! Tribune après tribune, interview après interview, économistes, intellectuels, politiques, technocrates sont tous au rendez-vous et leur imagination est fertile. « Rétablissons l’ISF » recommande Esther Duflo, « il faudra une participation plus forte des plus hautes revenus » clame Laurent Berger, « il faut un nouvel ISF » explique Thomas Picketty, « une contribution des plus aisés, pourquoi pas ? » s’interroge Richard Ferrand, « il faut rétablir l’ISF » proclame le boulet Hollande,  « les plus riches devraient contribuer davantage » énonce Fiona Lazaar de LREM, et même le Modem s’y met : « il faut créer un impôt sur la fortune improductive » recommande Patrick Mignola …  Autant de cautères sur une jambe de bois : l’ISF n’a jamais rapporté plus de 4 milliards d’euros, une goutte d’eau dans le tonneau des danaïdes mais des effets ravageurs sur l’investissement et la fuite des capitaux.  Ces affichages idéologiques n’apportent aucune solution viable sinon à appauvrir un peu plus la France, casser la croissance et décourager les entrepreneurs. Alors comment faire ?  Attendons de voir d’abord ce qu’il faudra rembourser. Mais de toute façon, il faudra s’activer pour créer de la richesse.

Priorité à la croissance.

Cela va déplaire aux partisans du monde d’après peint en vert « écologie punitive et décroissance ». Sauf à accepter de vivre moins bien, de renoncer à notre confort, et de financer toujours plus de chômeurs et d’emplois précaires, il faudra bien en passer par une réduction des dépenses publiques, et une augmentation du temps de travail. Les hausses d’impôts ont toujours plombé la croissance et c’est Philippe Aghion, qui ne passe pas pour un libéral excité, qui le démontre. Il suffit d’observer un peu notre histoire, et tout près de nous, l’erreur monumentale de François Hollande en 2012 qui, avec ses hausses massives d’impôts croyait régler le problème du déficit et qui l’a aggravé en plombant pendant presque 4 ans la croissance du pays, creusant au lieu de combler !  Aujourd’hui, pour nous relever, plus que jamais nous avons besoin de financer l’innovation. Car l’innovation permet de monter en gamme sans alourdir les coûts ou de faire baisser les coûts de production, de créer de nouveaux produits. Il faut accepter les profits et les dividendes qui rémunèrent la part du risque que prennent les investisseurs. Après, on peut tout imaginer, même une croissance plus respectueuse de notre environnement et plus juste dans la répartition des gains qu’elle procure. Après seulement. Avant de la partager, il faut créer la richesse.

Un plan équilibré.

"Jacob fait le job !" . Les Républicains ont rendu public leur plan de relance de l’économie. Il est particulièrement bien adapté à la situation par les équilibres sur lesquels il s’appuie et les priorités qu’il établit. Les Républicains  jugent nécessaire «d’aller vite» pour activer le redémarrage des entreprises dont Les patrons ont besoin de visibilité. « Il faut redonner de l’oxygène tout de suite pour sauver les emplois, mais aussi redémarrer l’économie, réindustrialiser notre pays et garantir notre autonomie stratégique», précise le président des Républicains, Christian Jacob. Depuis près d’un mois, une dizaine de parlementaires a travaillé sur cinq grands axes de court et moyen terme: «sauver les entreprises et les emplois»«restaurer notre souveraineté stratégique»«bâtir une économie plus juste», «construire une économie durable»«accompagner les personnes les plus fragiles». On peut trouver le détail des propositions  dans la presse et sur les réseaux sociaux. En présentant ce plan de relance de l’activité, cohérent et complémentaire de ce que l’Union européenne prépare, Les Républicains démontrent une fois de plus qu’ils sont l’alternative politique crédible et raisonnable.

 


REMETTRE L’ETAT A SA PLACE

Des-liasses-de-billets

 

Avec la crise l’Etat s’est arrogé tous les pouvoirs, sur la vie des gens, sur celle des entreprises, sur notre santé … mais  il est absent des quartiers où règne la loi des sauvageons.  Face à la crise sanitaire, l’exécutif s’est voulu réactif pour endiguer la pandémie, avec  beaucoup d’incohérences, et pour soutenir l’économie. Mais dans les deux cas, trop vite et trop fort.

Pouvoir sur les gens.

C’est ainsi que l’Etat a décidé pendant deux mois si on a le droit de sortir, si on a le droit de faire 100 kms, si on a le droit de se promener dans un parc. Il a encore décidé pour nous du droit de voir ses parents ou ses grands-parents, de travailler au bureau ou de rester chez soi. C’est lui qui nous dit si on peut partir en vacances en France ou à l'étranger, aller au restaurant, prendre de la chloroquine avant de l’interdire. Il nous a expliqué que cela ne servait à rien de mettre des masques puis qu’il fallait en mettre. Avec  un inventaire  à  la Prévert quand il a fallu trier les commerces qui pouvaient ouvrir pendant le confinement. Bienvenue dans  le monde de Courteline. Est-ce en infantilisant les Français qu'on les rendra responsables ?

Pouvoir sur l’économie.

Il s’est arrogé un droit de vie ou de mort sur les entreprises privées et donc sur nos emplois. Avec la  pluie d’argent emprunté à la BCE, c'est lui qui paie les salaires, c'est lui qui décide quelle entreprise a le droit de survivre ou doit mourir, à travers le PGE, c'est lui qui décide de prendre le contrôle de tel ou tel secteur, comme avec la main-mise de fait sur Renault. Pour demain, c'est lui qui décide si vous devrez rouler en électrique ou en hybride, et quelle usine doit ouvrir et quelle usine doit fermer. J’exagère à peine. Il a pris complètement le pouvoir économique. Il  en a les moyens puisque la Banque centrale européenne lui a fait un chèque en blanc. Du coup il dépense sans compter et il se rend incontournable.  Voilà donc l’Etat, déjà incapable de gérer le budget de la France, lui qui  n'a jamais réussi à équilibrer les dépenses avec les recettes, aux manettes de l'économie ! Oubliez le capitalisme en France. Nous sommes dans le pire pays pour le dirigisme technocratique. Chaque jour il annonce des « dons » de plusieurs dizaines de milliards d'€, et cela ne coûte rien puisque c'est « l'État qui paie ». L’épargnant remboursera.

On  peut faire autrement.

Prenons l’exemple du secteur automobile : l'automobile française mérite d'être sauvée. La France peut s'enorgueillir d'avoir avec PSA et Renault deux constructeurs de premier plan ainsi qu'une multitude de grands équipementiers tels que Faurecia, Michelin, Valeo… Elle est une grande puissance de l'automobile et si le gouvernement ne vient pas en aide à ce secteur gravement fragilisé par la crise, c'est évidemment toute l'économie française qui en payera durablement le prix. Bien sûr, à l'heure ou des centaines de milliers de véhicules encombrent les parkings des concessions et représentent l'équivalent de 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires immobilisé, une prime à la casse qui contribuera en même temps à accélérer la mutation vers un parc automobile plus électrique, peut paraître la bienvenue. Mais l'effet d'aubaine qu'elle suscite fait que les voitures vendues avec des rabais aujourd'hui sont beaucoup de voitures qui ne seront pas vendues demain à leur véritable valeur. Et comme il est impossible de concevoir une prime qui ne soutienne que les véhicules assemblés en France, les primes à l'achat sont aussi des machines à creuser notre déficit commercial et à soutenir les usines mais des autres… C’est  l’inconvénient majeur du dirigisme technocratique.

Une bien meilleure solution aurait été d’aider structurellement nos industries, surtout si on veut « relocaliser ». Plutôt que de demander au contribuable de financer l'achat de voitures en accordant plus de primes, c'est de moins d'impôts que nos constructeurs ont surtout besoin : plus qu'une aide purement conjoncturelle, c'est une baisse immédiate et massive et durable des impôts de production qui s'imposait.  D’autant  plus que les Français ont beaucoup épargné et ont donc la possibilité de reconsommer. Le surplus d'épargne devrait dépasser les 60 milliards d'euros à la fin du mois, et peut-être les 100 milliards d'euros en fin d'année ! Curieusement, personne n'a encore songé à mobiliser cette poche d'argent liquide, qui dort pour l'essentiel sur des livrets A et des comptes courants, pour financer la reprise. On pourrait aussi flécher les bas de laine des Français vers le capital des entreprises qui n'a rien d'une idée nouvelle. Elle n'en reste pas moins d'actualité. Portée par le vieillissement de la population, l'épargne va continuer à croître, et chercher à s'investir, au moins en partie, autrement qu'à taux négatif. Or, la réflexion engagée par quelques parlementaires sur la réorientation de l'épargne vers l'investissement productif a été mise en sommeil avec la crise sanitaire. Mais remettre à plat la structure de l'épargne en France suppose aussi de questionner le fait que la dette publique est principalement achetée par… les épargnants eux-mêmes, via leur assurance-vie. Un système qui pérennise l’Etat dans son rôle de contrôleur de la machine. L'exécutif a fait preuve d'une réactivité remarquable pour soutenir la trésorerie des entreprises, en garantissant leurs financements auprès des banques. Il semble moins inspiré quand il s'agit de trouver des solutions pour renforcer leurs fonds propres.

Il faut décentraliser.

Auréolés par leur rôle dans la crise, les présidents de région n’ont pas hésité à agir hors de leurs domaines de compétences pour venir en aide à leurs administrés. L’occasion d’observer une remise en question profonde du système centralisé et d’envisager une grande vague de décentralisation. Pécresse, Morançais, Morin, Wauquiez, Bertrand : ces présidents de région ont été amenés à remplacer un État qui s’est arrogé tous les pouvoirs pour combler une incompétence manifeste à gérer la crise sanitaire et à gérer notre budget. Pour arrêter ce délire, ce n’est  pas de déconcentration qui consiste à déplacer localement les fonctionnaires incompétents, dont on a besoin, mais d’une décentralisation qui consiste à utiliser les  services des collectivités locales qui ont fait la preuve de leur efficience et efficacité. Mais Jupiter n’en veut pas. La preuve, Xavier Bertrand a été ostracisé lors de sa visite chez Renault. Pourtant les Régions ont fait la preuve de leur capacité non seulement à gérer leur budget en faisant des économies, mais aussi de leur réactivité.

Il est grand temps de remettre l’Etat à sa place. La crise sanitaire aura permis de prendre la mesure de son obésité et des insuffisances sur lesquelles elles débouchent. Plus d’Etat là où il faut et pas d’Etat là où ce n’est pas son rôle. Vaste sujet, mais brûlant, quand on voit les dérives du budget et de la dette. Décentraliser, c’est « détechnocratiser » !

 


« L’APRES » : IL FAUT CRAINDRE LE PIRE !

Aide et taxe

 

La fable des réformes.

On commence à y voir plus clair avec les annonces d’Edouard Philippe : pas de remise en question et plus d’état. « Nous ferons des choix forts et des choix rapides ». En lançant la concertation sur le système de soins, il commence aussi à répondre à la question : qu’est-ce que « se réinventer » ? Ce n’est pas casser l’acquis mais l’accélérer, répond-il à propos de la santé. On se demande bien de « quel acquis » il parle pour les hôpitaux ! Bruno Le Maire et Gérald Darmanin tiennent un discours semblables sur les sujets économiques. Et comme Macron, ils essaient de nous faire croire à la fable « le cap suivi depuis trois ans n’est pas à remettre en question, mais c’est lui qui permet d’espérer le rebond. Sans les réformes menées depuis trois ans, la France n’aurait pu obtenir d’Angela Merkel qu’elle bouge sur les dettes »… Alors que les motivations de cette dernière sont tout autres. A la demande de décentralisation, ils répondent : « Casser les lourdeurs et déconcentrer la décision sur le terrain ». C’est-à-dire plus d’état dans les territoires.  Quand on connait les machines à gaz que constituent les services « déconcentrés », non seulement on risque de ne pas avancer, mais on va reculer. Comme le  constate Hervé Morin, « depuis trois ans, il y a eu les  paroles, mais elles n’ont été suivies d’aucun acte ».  La doctrine reste la même : l’essentiel des efforts doit se porter sur l’emploi et le pouvoir d’achat. Dirigisme et keynésianisme sont donc toujours d’actualité.  Peut-être nécessaire dans l’immédiat, mais La garantie d’aller dans le mur sur le  moyen et long terme.

Les vraies priorités.

On peut certes rêver d’un nouveau monde introuvable, mais il vaudrait mieux commencer par évaluer lucidement la situation, définir précisément ce qui doit changer et réfléchir à la stratégie pour le faire. La vérité c’est que la pandémie a frappé une France dans un état d’extrême faiblesse : attentats islamistes, gilets jaunes, grèves contre la réforme des retraites se sont enchaînés, si bien que la crise sanitaire ne peut qu’aggraver la situation avec une récession évaluée à 10 ou 12% du PIB en 2020, la croissance potentielle amputée par les faillites d’entreprises et le chômage qui va retrouver ses hauts niveaux, un déficit autour de 10% du PIB et une dette publique à plus de 120% … sans compter avec de très fortes tensions sociales et politiques. La France va devoir lever 700 à 800  milliards d’euros sur les marchés financiers. Le  pire sera de laisser croire que les revenus peuvent continuer d’être garantis par l’Etat en étant déconnectés du travail et que l’argent public est illimité et gratuit. La première priorité est de  remettre en marche l’économie.  Car des entreprises dépendent la croissance et les emplois ainsi que les recettes fiscales et sociales : cela suppose de proscrire toute augmentation des prélèvements et d’affecter les fonds publics en priorité à l’offre et non à la demande. Il faudrait aussi faire accepter une flexibilité du travail qui permette de rattraper d’ici la fin de l’année les heures perdues du fait du confinement.

Les chantiers pour l’avenir.

Méfions-nous de la récupération dont font preuve aujourd’hui les idéologues de toutes obédiences pour « empaqueter » de rose ou de vert un « monde d’après » aussi improbable que chimérique. La prochaine décennie, pour notre pays, sera surplombée par les contraintes de la dette et de son financement. Evidemment, la  clé du redressement passe par un investissement accru  dans la révolution numérique et la transition écologique,  mais aussi  par un nouveau modèle de développement plus qualitatif et plus résilient. La relocalisation des activités stratégiques que la crise a mise à nu, et la réindustrialisation sont impératives, et passent par des efforts de productivité et par la libéralisation du carcan réglementaire et fiscal qui étouffe l’activité et l’innovation. L’Etat  qui a fait étalage  de ses dysfonctionnements opérationnels et de l’incapacité de nombreuses administrations à pratiquer le télétravail ne nous sortira  pas du déclin en restaurant une planification rigide et technocratique et en pratiquant des nationalisations, sous le camouflage de « l’agilité » et de la « déconcentration ». Ce serait le chemin de la « grande pauvreté » pour de très nombreux Français.

Un modèle performant assurant l’équilibre entre le développement et  la solidarité, le marché et l’Etat, la sécurité et la liberté, la souveraineté nationale et l’intégration européenne, est possible. Je ne suis pas sûr du tout que ce chemin de crête soit dans la tête de nos actuels gouvernants, aveuglés qu’ils sont par la toute puissance de la technocratie.

 


BIENVENUE DANS LE MONDE D’APRES !

Le  monde d'après geluck001

 

Constats.

11 mai 2020 : il paraît que le « monde d’après » commence aujourd’hui. Nous ne savons pas encore ce qu’il adviendra mais nous avons une certitude : le « nouveau monde » de Macron est  mort.  Au cours de  la  pandémie, le vieux monde a refait  surface et jeté au rancart les piètres réformes en cours. Le « progressisme » en a pris un vieux coup derrière la cravate. On en avait déjà connu les prémisses avec le 1er tour des  municipales qui avait vu LREM se bananer de première et fait des Républicains la première formation politique par son ancrage territorial et le nombre de ses élus  dès le 15 mars. Au point que la rumeur court que Macron voudrait virer Philippe qui lui ferait trop d’ombre et qu’il se préparerait à un « green deal de grande ampleur ». Quand on n’a aucune conviction, on  peut les avoir toutes ! Verra-t-on le charismatique Jadot premier Ministre ?  Mister Président est prêt à tout pour tenter de se faire réélire. Son obsession.

Le nouveau monde des donneurs de leçons.

« Mes chers compatriotes, il nous faudra demain, tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties ». Et un peu après  : « Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie, au fond à d'autres, est une folie ». Ces quelques mots de Macron prononcés le 12 mars sont passés inaperçus à beaucoup d’entre nous, mais ils ont alimenté tous les fantasmes  de nos spécialistes des utopies fumeuses et nostalgiques des révolutions radicales. Beaucoup de «  millenials » remettent en question depuis longtemps notre modèle de développement, dénonçant la surconsommation responsable selon eux de la destruction programmée de la planète, cette tendance à la déconsommation étant une des explications de la faiblesse de la croissance mondiale avant la crise, avec la démographie et la technologie. Donc la solution ce serait la « croissance durable », concept très à la mode que le Président aimerait bien reprendre à son compte pour se refaire une santé. D’ailleurs, le déconfinement n’était pas encore commencé que Nicolas Hulot y allait de son « appel » : « Le  temps est venu ! » annonce-t-il   prophétique. Il a tellement d'idées qu'il devrait être ministre de l'Écologie... Ah c'est vrai, j’oubliais, il l'a été et a préféré partir. On n’est pas puriste pour rien, surtout quand on se  repose sur un patrimoine enviable.  A défaut son texte serait une mine d'or pour les futures candidates Miss France, juge  Marc Fiorentino.  Et  puis on a eu droit aux fadaises de ceux qu’Eugénie Bastié (du Figaro) appelle « la gauche  morale » :  deux cents artistes et scientifiques ont signé un «manifeste» dans Le Monde appelant à «une transformation radicale» de nos sociétés après le Covid. «Il nous semble inenvisageable de “revenir à la normale”», proclament-ils !  Et ce  sont ceux qui ont les plus gros cachets qui appellent à en finir avec le consumérisme. J’en ai la mâchoire qui se coince tellement ça me fait rire. Et puis, il y a le coup de gueule de l’acteur Vincent Lindon sur Médiapart ; l’acteur propose de créer une nouvelle «contribution exceptionnelle, baptisée “Jean Valjean”, et payée par qui ? Je vous le donne en mille : par les riches ! Qu’est-ce que c’est nouveau !

Les choses sérieuses.

On peut se bercer encore d'illusions en essayant de ménager une chose, la croissance, et son contraire, l'environnement. Mais cette illusion ne durera pas. La conversion écologique, la nécessité de ralentir et de retrouver le sens des limites, mérite pourtant mieux que des injonctions infantiles. Faut-il craindre, comme Luc Ferry, que le « jour d’après » dont on nous rebat les oreilles soit le même que le  jour d’avant,  mais  en plus  pauvre ? Car, en vérité, il faudra bien restaurer les richesses et le travail perdus et faire des efforts  intenses si l’on veut retrouver un peu de prospérité. Dans cette perspective, l’invraisemblable que les idéologues de  tout poil vont  essayer de nous vendre n’a  pas sa place. Mieux vaudrait se fier au 10 réformes que nous propose L’Ifrap, avec  Agnès Verdier-Molinié. Contentons-nous d’en énoncer les titres :  d’abord, sauver le plus d’entreprises possibles, puis desserrer l’étau fiscal qui les enserre, travailler  plus, en finir avec  la  dette en en faisant une règle d’or constitutionnelle, rembourser le plus tard possible, baisser les  impôts sur la transmission pour débloquer l’épargne, faire revenir les exilés fiscaux, décentraliser et décloisonner la santé, l’éducation, faire maigrir l’administration. Vaste  chantier : de quoi occuper deux ou trois quinquennats. Mais ce sont les réformes qui peuvent sortir la France de l’impasse où elle se  trouve depuis de trop nombreuses années. Inutile de compter sur les populistes  de droite comme de gauche. La crise aura été une épreuve de vérité pour Le Pen et Mélenchon : à part s’opposer frontalement, ils n’ont  rien à proposer. Si l’Allemagne fait mieux que la France  en matière de chômage, de pouvoir d’achat  et de dette, c’est parce que les industriels allemands ont mis en œuvre depuis très longtemps une politique de l’offre et de l’innovation. Rien ne nous empêche de commencer à en faire autant. Ce  sont justement les  chantiers sur lesquels travaillent Les Républicains.

 

 


MERCI L’EUROPE !

Europe_le_volontarisme_politique

 

L’Europe bouc émissaire.

Alors que l'on s'apprête à fêter samedi prochain les soixante-dix ans de la déclaration de Robert Schuman, considérée comme l'acte fondateur de la construction européenne, l'Union européenne ressort un peu plus affaiblie, aux yeux de l'opinion, du choc provoqué par la pandémie, si l'on en croit le sondage réalisé par Elabe pour « Les Echos », Radio Classique et l'Institut Montaigne. Seuls 20 % des Français jugent que l'UE a été à la hauteur de la crise, et ils sont plus de la moitié à réclamer un contrôle durable des frontières. Plus grave, le sentiment est partagé par tous les électorats. Le thème de « l'Europe qui protège » semble avoir été battu en brèche par la crise. Cela accentue les lignes de fracture autour de la question européenne : 34 % des Français voudraient privilégier une coopération avec certains voisins européens, hors du cadre de l'UE et notamment parmi l'électorat de François Fillon ce qui est très décevant ; 33 % estiment que la France ne doit compter que sur elle-même, sentiment fort dans l'électorat populiste ce qui est logique et seulement 32 % estiment que la France doit renforcer l'Union mais cet  avis se rencontre généralement parmi les plus diplômés. Faut-il en déduire que pour comprendre l’Europe il faut être instruit ? Conséquence politique logique de cette défiance grandissante, l'ouverture des frontières - un des symboles de la construction européenne - n'a pas la cote, puisque 55 % des sondés veulent le maintien de leur fermeture après la crise. On note aussi une aspiration très forte à la relocalisation de la production en France : les Français y sont favorables pour la santé (85 %), l'alimentation (80 %) mais aussi la technologie (62 %), ce  qui est plus facile à dire qu’à faire. Ce sentiment de  scepticisme aurait pourtant dû être balayé avec la crise que nous vivons. Mais la désinformation a la vie dure.

Réalité et commentateurs de mauvaise foi.

Les  commentateurs mettent surtout l’accent sur les discussions qui sont toujours difficiles entre les  partenaires. Comment en serait-il autrement à 27, et d’autant plus  que certains comme la France ne respectent pas leurs engagements, ce comportent en escrocs qui ne tiennent pas parole mais donnent des leçons en permanence. Il est pourtant étonnant, voire très énervant, d'entendre ces commentateurs expliquer que l'Europe ne fait rien, qu'elle laisse les pays membres se débrouiller seuls, qu'il n'y a pas d'initiatives européennes. Ceux-là oublient volontairement la plus grande initiative européenne : celle de la Banque Centrale Européenne. Sans elle, des pays comme l'Italie, l'Espagne et même la France devraient se financer, compte tenu du niveau de leurs déficits et de leurs dettes, à des taux très élevés. Ceux qui se plaignent en permanence de la lenteur de l'Europe devraient être étonnés de la vitesse à laquelle les décisions sont prises. Ces moments  extraordinaires nécessitent une action extraordinaire a dit Christine Lagarde, et les actions menées sont vraiment extraordinaires ! La réponse globale a  été d'une puissance, et d'une rapidité surtout, qu'on n'avait jamais connue. En quelques jours, on a fait presqu'autant qu'en 4 ou 5 ans pour la crise de 2008 et la crise de l'euro qui a suivi. Ceux qui nous expliquaient que l’Europe ne fonctionne pas et est incapable de s’accorder, s’arrêtant au psychodrame rituel de la nuit blanche à négocier, en ont été pour leur mauvaise  foi : l’accord sur le plan de sauvetage à 500 milliards a été voté par les ministres des Finances de l'Union européenne en trois jours : trois jours pour s’entendre, alors qu’il avait fallu des mois après la crise des subprimes. Alors, vous savez celle qui est nulle, qui n'arrive jamais à se mettre d'accord à cause des Allemands ou des Hollandais, oui, cette Europe-là, a débloqué la coquette somme de 540 milliards d'euros et ce n'était qu'un début. Car la BCE a annoncé dès le 19 mars un plan d'urgence de 750 milliards. Rappelez-vous combien de temps il avait fallu aux banques centrales et aux gouvernements pour réagir en 2008. Rappelez-vous les tergiversations européennes sur le sauvetage de la Grèce, l'aide aux pays en faillite, le rachat des dettes. Il a fallu trois à quatre ans pour qu'on entre dans un cycle d'injection massive de liquidités et de relance budgétaire. Avec cette crise aussi soudaine que brutale et rapide, la réaction a  été fulgurante. Et pour une fois, l’Europe est au rendez-vous. Tous ceux qui sont au chômage partiel, ne serait-ce que ceux-là, devraient lui en savoir gré, sinon où le gouvernement français aurait-il trouvé les 40 milliards d’euros pour financer leurs indemnités les plus généreuses d’Europe ?

Le bouclier européen face à la tourmente.

L’Union a ouvert les vannes. Appuyés par les banques centrales qui rachèteront sans aucune limite les dettes d'état dont les déficits vont exploser, les gouvernements vont injecter plus d'argent dans l'économie qu'on n'en a jamais vu. La Banque d’Angleterre va encore plus loin : elle a décidé de se substituer  purement et  simplement à l’Etat. FED, BCE mais aussi banques centrales du Japon, Canada, Royaume Uni et Suisse ont assoupli les conditions auxquelles elles s'échangent des devises entre elles afin de pouvoir mettre à disposition suffisamment de liquidités, en dollars, chez nous en euros, aux banques commerciales, et ainsi aux entreprises en difficultés qui ont besoin d’argent frais. Très rapidement, une très large partie de la dette des États européens sera détenue par la BCE. Et ce sera pareil dans tous les pays. Nous, nous avons dans cette crise une chance extraordinaire, celle d'avoir une monnaie commune qui évite les dévaluations sauvages, d'avoir une banque centrale qui finance les dettes des pays en difficulté, et l'Allemagne qui accepte de « garantir » de fait l'endettement d'une partie des États de la zone euro. Un pays seul ne peut pas se livrer à cette création monétaire sans limite. Il serait tout de suite sanctionné par un effondrement de la monnaie et l'explosion à la hausse des taux d'intérêt, et cela provoquerait une explosion dévastatrice de l'inflation dans le pays. Mais allez expliquer ça à Marine Le Pen et à Nicolas Dupont Aignan !

Et ce n’est pas fini : voici le temps de la relance.

Les 27 pays de l'Union Européenne négocient actuellement un nouveau plan de relance. Thierry Breton le commissaire européen est en train de jeter les bases d’un méga plan de relance européen de 1 600 milliards d’euros soit environ 10% du PIB européen basé sur l’environnement, le numérique et la relocalisation des industries en Europe. De quoi tenir la dragée haute à Trump. Le commissaire européen précise : « Nous allons rebâtir un autre monde avec un fonds très large pour accompagner ces trois tendances. Cela va peut-être s’accompagner d’une augmentation des prix dans certains domaines, mais si l’on met bout à bout la souveraineté, l’empreinte carbone du transport des marchandises, l’augmentation des niveaux de vie des pays à bas coût, tout cela  fait que les cartes sont déjà en partie redistribuées. Nous n’allons qu’accompagner cet effort. Ce n’est pas la fin de la globalisation à court terme, mais c’est le début d’une nouvelle ère de cohabitation plus intelligente plus ordonnée. Le commerce sera mieux réparti à terme pour que les intérêts de chacun soient respectés. » Pour cela Thierry Breton va lancer un grand fonds européen pour « rebâtir » l’Europe autour de ces trois grandes tendances. Tous les pays européens n’ont pas l’argent pour sortir de cette crise, l’Allemagne vient d’emprunter 356 Milliards, et tous les pays européens vont faire de même. Le fonds que Thierry Breton appelle de ses voeux  va permettre aux états de reconstruire en empruntant sur le temps long, 20 ans, 30 ans … Cette démarche devrait être mise en place sans condition de réformes pour les états qui y souscrivent.  

L’ingratitude des peuples est monnaie courante et l’Histoire nous l’enseigne. Il est bon tout de même de rappeler les faits. Sans l'Europe, la plupart des pays de la zone euro ne fonctionnent pas, à commencer par la France. On a envie de paraphraser Sardou : « Si la BCE n'était pas là, nous serions tous en faillite ». D’autant plus que ce faisant, l’Union européenne a démontré sa spécificité, celle d’être un espace  où la valeur humaine compte autant sinon  plus que l’économie. C'est l'Europe "civilisation". Un vrai sujet pour les « nationalistes » anti-européens n’est-il pas ? 

Vive l’Europe !

 


PENDANT LA CRISE, LA CRISE CONTINUE…

Récession

 

« Le jour d’après »

Tout le monde nous parle du « jour d’après ».  C’est quand au fait ? Et chacun y va de son rêve selon son idéologie, ses convictions, son expérience ou son absence de repères.  Tout est permis. Déjà les  médias écrits ou télévisuels sont pleins de ces doux visionnaires.  On assiste,  comme  pour les impôts, à un véritable concours Lépine des utopies : un nouveau monde nous attend, en vert pour les écolos, en rose pour les socialos, en rouge pour les nostalgiques de la révolution,  et  ailleurs en plus ou moins bleu… A défaut de me faire rêver, ça me fait sourire ou ça me met en rogne, c’est selon, mais ça passe le temps.  En attendant, la France est frappée de plein fouet par la double crise  sanitaire et économique et elle n’en finit pas de plonger. Les déficits se creusent à une vitesse vertigineuse pour financer le plan de sauvetage. On en est au 2ème budget d’ajustement pour actualiser les enveloppes prévues. Ainsi il a fallu passer de 8,5 milliards d’euros à 24 milliards pour financer le chômage partiel. Le déficit de la sécu, en toute logique, grimpe à 41 milliards d’euros. Les amortisseurs sociaux jouent à plein et il ne faut  pas s’étonner des chiffres qui gonflent.

Coup d’œil sur le tableau de bord.

C’est la situation en ce début mai.  Elle va continuer d’évoluer. Le PIB va plonger de 10%, c’est-à-dire une perte de 200 milliards d’euros d’ici fin 2020.  La dette va monter à 115%  du PIB, voire plus, et le déficit de l’Etat augmente à -12%. En période de crise, les totaux se cumulent : aux aides que l’Etat décaisse en empruntant à tout va, il faut ajouter les moindres rentrées, moins de TVA, charges et cotisations reportées ou annulées, … avec un double effet négatif. Mais par rapport aux crises précédentes, notre activité a freiné beaucoup plus, alors qu’il n’y a pas de vraies raisons. La  diminution de l’activité n’est pas pire qu’en 2008 où  le choc des "subprimes" avait secoué la planète financière.  La  bourse a plutôt résisté et fait le yoyo autour des 4500 points, en 2009 elle avait plongé  à 2200  points. D’où vient alors que la croissance Française est à la traîne de la zone euro ? Notre PIB a reculé de 5,8% au 1er trimestre contre 3,8%  pour la zone euro. Le décrochage est même assez net par rapport à l’Allemagne où plusieurs indicateurs  permettent de voir que l’économie continue de tourner davantage qu’en France. On a vite fait de mettre la contre-performance de la France sur le dos de  la crise sanitaire. Vous voulez savoir pourquoi ? Eh bien je vais vous le dire  ! 

Détour par le PIB.

Car il y a aussi une explication structurelle qu’on ne vous dit pas. Elle nécessite un peu de technique mais tout le monde peut comprendre. Rappelons que le PIB se divise en deux grandes parties : d’un côté le « PIB marchand » regroupant l’ensemble des produits ou services vendus sur un marché (par des entreprises privées ou non) et qui sont valorisés à leur prix d’échange ;  de l’autre, le « PIB non marchand » rassemblant toutes les activités des administrations publiques. Leurs produits et services sont dans leur grande majorité gratuits. N’ayant pas de prix ils sont donc évalués à leur coût de production (principalement les traitements des fonctionnaires) selon une convention internationale des instituts de statistique. En France les services publics régaliens (police, défense, justice) ou pas (enseignement public, santé) occupent une place particulièrement importante. Le « PIB non marchand » représente 22% du PIB total, selon l’Insee, soit 4 à 5 points de plus que la moyenne de l’Union européenne (Ne pas confondre avec les «dépenses publiques» équivalentes à 56% du PIB et qui comprennent, outre la production de services, l’ensemble des revenus de redistribution sous la houlette de l’État). Cette répartition entre « pib marchand » et « pib non marchand » explique en grande partie que la France amortit davantage les effets en cas de crise mais redémarre toujours plus lentement. Ainsi en 2008-2009, la grande récession qui a suivi le krach financier s’est traduite en Allemagne par une chute de 5,1% du PIB 2009 alors que la France subissait un repli de 2,9%, presque deux fois moindre.

Le boulet du secteur public.

Or ce n’est pas le cas cette fois. Et pourtant les deux facteurs traditionnels de la résilience française sont toujours présents. C’est tout d’abord une moindre dépendance au commerce international, les exportations françaises étant deux fois et demie moins importantes que celles de l’Allemagne. Cette  fois encore, le commerce mondial est un amplificateur de crise : le FMI prévoit un effondrement des échanges de 12,8% qui devrait handicaper tout particulièrement le « made in Germany ». L’autre facteur de résilience c’est justement la « sphère publique », comme expliqué ci-dessus, qui forme normalement un pôle de stabilité appréciable malgré les déficits qui tendent alors à déraper puisque les dépenses, et notamment les prestations sociales, sans parler des traitements des 6 millions de fonctionnaires, continuent sur leur lancée « quoi qu’il en coûte ». Mais le fait tout simple que les services soient maintenus, indépendamment des crises qui affectent les marchés, constituent un soutien à la croissance ne serait-ce que par la consommation des salariés de la fonction publique et les services qu’ils continuent d’assurer. Le problème est qu’aujourd’hui les services publics ne sont plus assurés en totalité, et de très loin. D’après un décompte de la CPME, la Confédération des PME, 70% des agents de l’État ou des collectivités territoriales sont à l’arrêt. D’un point de vue comptable le « PIB non marchand » n’a pas diminué puisque ses coûts demeurent mais c’est une pure illusion. La chute effective du PIB total est donc supérieure à l’estimation de l’Insee (- 35% pendant le confinement). Cela  s’explique par la carence de services comme « La Poste » qui ont handicapé l’activité des entreprises qui continuaient de fonctionner et par ailleurs, avec le confinement, nombre de fonctionnaires n’ont pas utilisé leur « pouvoir d’achat » d’autant plus que la plupart des commerces étaient fermés. Non seulement, cette fois-ci, les services publics ne constituent pas un soutien, mais leur continuité très défaillante est un handicap pour l’économie privée. Sans parler de leur inefficacité, que les lacunes des services de santé ont remise cruellement en évidence dans l’éternelle comparaison France-Allemagne.

L’activité économique « marchande » s’est contractée plus que chez nos partenaires, notablement inférieure à ce qu’elle est en Allemagne, et le rôle de stabilisateur du secteur public n’a pas joué. La conjonction des deux phénomènes explique la brutale plongée, plus  forte qu’ailleurs, de notre taux de croissance.

 


LE PLAN DE SOUTIEN A L’ECONOMIE DE LA REGION PAYS DE LA LOIRE

P1050504

Interview de Paul JEANNETEAU

Vice-Président du Conseil Régional des Pays de la Loire

Président de la Commission Développement Economique

 

J’ai interviewé notre ami Paul Jeanneteau pour la page Facebook des Républicains du Maine-et-Loire  et j’ai eu envie d’en faire  profiter mes  fidèles lecteurs du bloc-notes qui ne vont pas tous sur les réseaux sociaux. Je pense qu’il est important aujourd’hui de  montrer combien l’expérience des mandats électoraux est importante  dans l’exercice des responsabilités et pour l’efficacité des choix  et des décisions, expérience qui manque tant à la majorité actuelle et au plus haut niveau et qui nous vaut une gestion de crise à la godille.  Ancien député, ancien maire et conseiller départemental, Paul Jeanneteau, aujourd’hui Vice-Président du Conseil Régional des  Pays de la Loire en charge de la    plus importante commission, fait partie de ces élus qui « savent transformer  leur parole en actes »  et n’agissent  pas au hasard.

« sur-mesure et proximité maximale »

L’Etat a mis en place un fonds national de solidarité pour venir en soutien aux entreprises sinistrées par la crise du Coronavirus. Les Régions ont décidé d’apporter un soutien supplémentaire en mobilisant 500 M€ au sein de ce fonds (soit pour les Pays de la Loire, 25 M€). Pour sa part, la Région des Pays de la Loire a mis en place plusieurs dispositifs, visant à compléter le plan national décidé par le gouvernement : un plan d’urgence de 56 M€ et un « Fonds Territorial Résilience » de 32 M€ ainsi qu’un dispositif d’aides pour le tissu associatif, culturel et sportif de 4,3 millions. Si on prend en compte les 25 M€ qui avaient été voté au BP 2020, c’est en réalité 76 M€ qui ont été mobilisés, 51 M€ de mesures nouvelles ayant été votées en urgence depuis le début de la crise.

 

Rencontre avec Paul JEANNETEAU, Vice-Président chargé du dossier économique à la Région  des Pays de la Loire, qui en a été la cheville ouvrière active.

 

«  Le Conseil Régional a voté  le  17 mars dernier un  plan d’urgence de 56 M€ pour venir en aide aux entreprises mises en difficultés par la crise sanitaire.  Quelles en sont les  grandes lignes ?


P1050503 PJ
: Nous faisons face à une crise sans précédent. Pour aider nos entreprises  à traverser cette terrible épreuve, après avoir mené une concertation avec tous les partenaires concernés, nous avons décidé de mobiliser des moyens régionaux exceptionnels, plus de 56 M€.  L’objectif de ce plan d’urgence est de proposer en lien avec l’Etat et la BPI, des dispositifs qui correspondent aux besoins de toutes nos entreprises : commerçants, artisans, agriculteurs, PME, ETI, mais aussi en soutien à tous nos acteurs  associatifs, sportifs et culturels. Je tiens à souligner que ces 56 M€ peuvent permettre grâce à l’effet de levier et aux dispositifs de garantie, d’apporter plus de 320 M€ de prêts aux entreprises. Nous avons fait en sorte que tous les dispositifs soient rapidement opérationnels afin d’éviter que les entreprises ne fassent faillite.

Vous ne craignez pas de faire doublon avec les aides de l’Etat ?

PJ : Nous nous sommes fixés trois principes : « simplicité » d’abord, pour l’accès et l’instruction des dossiers, « efficacité » ensuite : il s’agit de proposer des  mesures adaptées à chaque situation et chaque taille d’entreprise, en maximisant les effets de levier financiers, et enfin « unité » de façon que ce que nous mettons en œuvre le soit en étroite coordination avec la BPI et en complémentarité avec l’Etat, l’idée étant de « jouer collectif », pour assurer la cohérence de l’action économique et d’agir dans le cadre de l’unité nationale face à l’ampleur de la crise.

En quoi consiste concrètement le plan d’urgence ?

P1050502 PJ : Il s’articule en six grandes mesures. Et nous avons voulu, pour chacune d’entre elles, qu’il soit simple, efficace et pragmatique. Nous avons voulu aussi  qu’il s’adresse au plus grand nombre d’entreprises, d’activités et de filières.

Sans entrer  dans le détail, le 1er train de mesures, c’est notre participation au Fonds National de Solidarité pour lequel nous avons apporté 25M€ (Cette somme a été fixée en tenant compte du PIB régional rapporté au BIP national). Il est destiné aux artisans, commerçants, traiteurs, restaurateurs, TPE et entreprises de l’économie sociale et solidaire.  Il s’adresse aux entreprises connaissant des difficultés de trésorerie et leur permettra de bénéficier d’une subvention.

La 2ème mesure consiste en un « prêt rebond » à taux zéro  doté de 12 M€, Région-BPI.  Il vise les PME qui pourront bénéficier d’un prêt de 10 000 à 300 000 €. C’est 60 M€ de prêt au total qui seront déployés grâce aux effets de levier des contreparties bancaires.

La 3ème mesure consiste, à hauteur de 5 M€, en un report de six mois des avances remboursables de la Région dues par les entreprises qui en sont redevables.

La  4ème mesure  est un dispositif de garantie de prêts dans le cadre de « Pays de la Loire garantie », destiné aux TPE, PME-PMI et ETI. Il porte à 80% le montant garanti et est cofinancé par la Région et BPI. Ces 10 M€ de fonds garantis visent à rendre  possible 205 M€ de prêts bancaires.

La 5ème  mesure,  avec le dispositif « Pays de la Loire-redéploiement », abondé de 15 M€, permettra de souscrire un prêt en trésorerie de 50 000 à 500 000 € à un taux de 2,03%, sans garanties ni coûts additionnels et vise à un volume de 60 M€ de prêts, toujours grâce à l’effet levier.

Enfin, la 6ème  mesure, est un nouveau dispositif « fonds d’urgence événements » destiné à toutes les associations organisatrices d’événements sportifs ou culturels pour   leur venir en aide au moment où nombre de leurs projets sont annulés, avec un plafond de 30 000 €.  Ce fonds est complété par un effort régional de 2,3 M€  que représente le maintien de toutes les subventions versées pour les  manifestations programmées et finalement annulées et en renforcement des dispositions actuelles.  Ce qui fait un effort total de 4,3 M€ de soutien financier régional.

Comment fait-on pour accéder à ces aides et sur quels critères ?

P1050504 PJ : Le plus simplement possible. Nous avons mis en place deux n° verts, un pour les entreprises (0 800  100 200) et un pour les associations culturelles et sportives (0 800 200 402). Un conseiller leur indiquera la marche à suivre et  l’interlocuteur  dont elles ont besoin.  Tous  les agents du réseau des développeurs et de notre Agence de développement « Solutions&Co» sont mobilisés pour faire face à la demande. Les  critères sont précis et adaptés à la taille des entreprises concernées. Il s’agit de faire du sur-mesure, pour compléter ce que fait  l’Etat qui ne peut être que du « prêt-à-porter ».  Notre objectif est de sauvegarder le maximum d’emplois et de faire en sorte que la crise n’ait pas de conséquences irréversibles sur le plus grand nombre des entreprises qu’elle atteint, quelle que soit leur taille, de la plus petite à la plus grosse. Ces dernières ayant plus de capacité de résistance. Notre effort est relayé par d’autres partenaires comme, notamment, les Chambres de Métiers et de Commerces.

Pourquoi alors un fonds « territorial de « résilience » ?

PJ : nous nous sommes aperçus que malgré tous nos efforts, beaucoup de très petites entreprises passaient à côté de nos dispositifs. Nous avons donc décidé d’agir au plus près des territoires.  Nous avons lancé une levée de fonds auprès de toutes les autres collectivités.  Les  cinq départements, les grandes collectivités et l’ensemble des EPCI ont répondu à l’appel. En partenariat avec la Banque des Territoires, nous avons  pu créer ce fonds « Résilience » doté de 32M€. Il a  pour objectif, en complément de ce que nous avons déjà mis en place, de répondre au besoin de trésorerie des entreprises de moins de 10 salariés dont l’activité est impactée par la crise sanitaire. Il s’agit souvent de micro-entreprises, de TPE et de structures de l’Economie Sociale et Solidaire.  Elles pourront obtenir un soutien sous la forme d’une avance remboursable.  Un site dédié est d’ores et déjà opérationnel : www.resilience-paysdelaloire.fr. Les entreprises concernées peuvent y déposer directement leur dossier en attestant sur l’honneur de leur inéligibilité au Fonds national de solidarité et de leurs difficultés liées à la crise du Covid 19.

P1050502 En conclusion, je pense que l’engagement pris par la majorité du Conseil Régional de ne laisser aucune entreprise au bord du chemin, est tenu. La  Région des Pays de la Loire est pleinement mobilisée pour faire face à cette crise sans précédent, et de multiples autres actions en rapport avec ses missions de service public ont été engagées parallèlement. »

 

Les dispositifs de soutien proposés par la Région se révèlent pleinement efficaces si l’on en croit le nombre d’entreprises qui ont fait connaître leur souhait d’en bénéficier. On le doit évidemment en grande partie à l’expérience d’élu local de Paul Jeanneteau et à sa   connaissance fine du tissu économique régional grâce à l’expertise qu’il  a acquise à la tête du Comité d’Expansion du Maine-et-Loire. Cette double compétence lui a permis de peaufiner un soutien sur-mesure aux différents types d’entreprises. La Région des Pays de la Loire reste pleinement mobilisée auprès des associations sportives, culturelles ou sociales, dans cette période particulièrement difficile et le dispositif de soutien  vient d’être prolongé au-delà de la période de confinement jusqu’au 30 septembre.

 


QUAND LA MONNAIE TOMBE DU CIEL.

Des-liasses-de-billets

En bref : l’argent va couler à flots, on va emprunter à tour de bras, on ne remboursera pas, mais  en France on a deux problèmes.

Le sujet de la dette.

C'est la question qui va se poser régulièrement et qui reviendra comme un refrain. Avec sa question induite : « Qui paiera » ?  Oui, qui va payer pour toutes ces centaines de milliards d'euros que les États distribuent et vont continuer à distribuer ? Car, c’est une évidence, les Etats n’ont pas l’argent qu'ils distribuent. Ils l'empruntent quasiment tous aux banques centrales. Forcément, on se  demande  bien comment on pourra rembourser. « Helicopter money » est devenu le terme qui illustre cette masse d'argent qui tombe directement sur les comptes des particuliers. Ce serait plutôt des Canadairs que des hélicoptères.

L’Europe mobilise au total plus de 2 000 milliards.

Et d’abord, d’où viennent ces 2000 milliards d’euros que les Etats mobilisent pour faire face à la crise ? Ils sortent de trois poches. D’abord celle des Etats membres qui ont cassé leur budget et se sont assis sur les normes de bonne conduite de Maastricht. Ils sortiront 500 milliards et principalement des grands pays de l‘Union européenne. La deuxième poche sera celle de l’Union européenne,  via trois canaux : la Banque européenne d’investissement qui va prêter 200 milliards à des entreprises, la Commission qui se réserve de lever 100 milliards et le MES mécanisme européen de stabilité va sortir 200 milliards. Mais le gros de l’effort viendra de la troisième poche, la plus  profonde, la BCE : la Banque centrale européenne s’est engagée à racheter pour 1000 milliards de dettes aux banques. Pour simplifier : les banques centrales distribuent de l'argent aux banques, elles distribuent de l'argent aux États, indirectement, en rachetant leurs dettes, et elles distribuent de l'argent aux entreprises, toujours indirectement en rachetant leurs dettes. Comme en plus il va falloir relancer la consommation et compenser la perte de pouvoir d'achat liée à la crise, on va donc plus loin. Les États, et la France, une fois de plus en pointe pour ce type d'initiatives, distribuent de plus en plus d'argent. Les déficits n’en finissent plus de se creuser : sécu, budget, assurance chômage,  solidarité …

La crainte des contribuables.

Quand on entend « qui paiera ? », c’est surtout la crainte des contribuables de voir les impôts exploser qui s’exprime. Et ressort ce fantasme qui revient à chaque crise, d'un « prélèvement exceptionnel » très élevé sur les actifs financiers au-delà d'un certain seuil. Il y a eu des précédents.  Tout  le monde se souvient de « l’impôt sécheresse » de 1976… Et l’imagination de nos politiques est débordante en la matière : ça va du rétablissement de l’ISF à la création d’un impôt spécial corona, en passant par des taxes exceptionnelles comme  celle que Laurent Berger a déjà proposé. La  France est la reine du concours Lépine quand il  s’agit d’inventer des impôts nouveaux. Il  y a deux écoles : il y a ceux qui cherchent des idées pour faire payer des taxes et des impôts à tous les autres qu'eux ; et il y a ceux qui veulent que cette dette soit un jour annulée, ou qu'elle devienne « perpétuelle », ce qui revient, peu ou prou, au même. Ces derniers n’ont pas tort.

La solution est toute simple.

En fait, arrêtez de vous préoccuper de la dette, elle ne sera jamais payée. Nous ne rembourserons jamais la dette liée à la relance post-Covid. D’abord, elle ne va rien coûter. Certains pays, dont la France ou l’Italie, sont déjà très endettés, mais beaucoup en Europe le sont moins  et  comme par ailleurs, l’Union européenne est une meilleure garantie que la somme des garanties nationales les taux bas sont garantis pour longtemps.. Car le fait nouveau est que la solidarité  joue cette fois-ci, et que l’Allemagne est d’accord. La BCE, qui rachète les dettes des banques commerciales pour qu’elles puissent accorder de nouveaux prêts va donc être un instrument clef d’une mutualisation très forte. La BEI Banque Européenne d’Investissements) et le MES (Mécanisme Européen de Stabilité) également. Donc les moyens de financement prévus sont beaucoup plus puissants et moins chers que si on laissait les membres du club se débrouiller chacun de leur côté.  Tout cela rend une inflation ou une hyperinflation, qui devrait découler de la surabondance monétaire, quasiment impossible.

Mais la réalité probable est encore plus simple. Ces 2000 milliards ne seront jamais remboursés, ni aux Etats, ni à l’Union Européenne ni à la BCE ... Ces 2000 milliards seront inscrits et stockés dans un compte spécial, corona, crise exceptionnelle, sous forme d’emprunts très long terme, plus de 30 ans, qui pourront être renouvelés. Une sorte de dette perpétuelle qui sera garantie par les contribuables européens mais auprès desquels on ne fera jamais jouer cette garantie, jusqu’au jour où on annulera la dette. Mieux, ça ne gênera personne, pas même les héritiers lointains des épargnants qui auront tout oublié ou disparus et si cet effort exceptionnel permet de redresser les machines économiques et d’écarter les risques.  Keynes, le champion de la recette, disait : « A très long terme, les épargnants ne demandent jamais le remboursement de leur épargne, pour une raison simple, c’est qu’à très long terme, ils sont morts ». On va donc être tous endettés à perpétuité, car le grand argentier de Trump dit la même chose. Et un jour, coup de baguette magique, on annulera dans le monde entier tout ou partie de la dette.

Il y a quand même deux problèmes.

Avec de la croissance, sans crise de coronavirus, nous avons en France, année après année, fait exploser notre dette. Avant même le coronavirus, nous avions rejoint le club très fermé des pays dont la dette est supérieure à 100%, avec le Japon, la Grèce, le Zimbabwe, entre autres.

Le problème c'est que des pays comme la France qui ont ouvert les vannes encore plus grand, en faisant sauter la digue des 3% de Maastricht, ne vont plus pouvoir les refermer. C'est qu'une fois qu'on commence à distribuer de l'argent, il est difficile d'expliquer à ceux qui vont en réclamer qu'on ne peut plus le faire. Chez nous, il y a de grandes chances que cette distribution d'argent devienne un « acquis », et sachant qu'en France on ne revient jamais sur les « acquis », la situation risque d’être compliquée à gérer. On voit déjà venir un plan « santé » exceptionnel, puis un plan « éducation » exceptionnel, puis pour la justice, et ainsi de suite... Chez  nous, l’exceptionnel pourrait devenir la règle. Seulement l'Allemagne et les pays d'Europe du Nord qui vont reprendre tranquillement le chemin de la bonne gestion des finances publiques ne vont pas accepter que nous créions chaque année de « l'exceptionnel » à tour de bras. Il faudra  bien que nous nous décidions à mieux gérer nos finances publiques. La  crise n’a-t-elle  pas révélé la suradministration et ses lourdeurs coûteuses et surtout son inefficacité ? Et ce jour-là, ça va coincer...  car le coronavirus ne va pas toujours être là pour servir de prétexte à une gabegie budgétaire annoncée.

L’autre problème, c’est que les Français qui le peuvent, chacun en fonction de ses revenus, ont décidé, pour l'instant, de ne pas dépenser leur argent, mais de le planquer sur leur livret A. Bien sûr, ils ne consomment pas et épargnent parce que nous sommes confinés, mais ils épargnent aussi parce qu'on leur a dit « nous sommes en guerre !» et Bruno Le Maire s’inquiète de la ruée vers l'épargne, et craint que cette épargne forcée ne se transforme en partie en épargne de précaution. D’autant plus que la crainte inévitable du chômage va l’alimenter. C’est pourquoi l’idée d’Eric Woerth de créer un livret « Coronavirus » a du sens pour orienter cette épargne vers le financement des TPE et PME.

AH, si nous étions au pouvoir … !




SUR LES RESEAUX EN DELIRE …

Internet

 

37ème  jour de confinement.

Les confinés parlent aux confinés :

Plus d’un salarié sur deux est au chômage partiel : plus de 10 millions, indemnisés à 84% du salaire net (concerne 820 000 entreprises, soit 6 sur 10).

17 plans d’actions prioritaires pour le déconfinement : on n’a pas de  pétrole mais au moins on a une usine à gaz ! (On ne sait pas si Strauss Khan a proposé un plan Q) Bref, on n’est pas sorti de l’auberge.

Les Français se lavent moins –et surtout les hommes- 67% seulement des confinés  font une toilette quotidienne complète. Et en plus les hommes changent de sous-vêtements encore moins souvent (déjà qu’il y en a qui gardaient le slip une semaine). Dans les petits appartements, bonjour l’ambiance. Casse-toi, tu pues !

Netflix  fait de  bonnes affaires : avec  le confinement la video en streaming a doublé  son bénéfice net  …

Le concours d’impôts nouveaux est ouvert :  c’est Laurent Berger qui a ouvert le  bal avec une proposition de « taxe sur les entreprises qui ont bénéficié de la crise ». On attend avec intérêt Mélenchon et Martinez … Ah ces gauchos ! Et je ne vous parle pas du « verdissage » !

On va, paraît-il, vers un « embrasement » des  banlieues, à cause des dealers qui ne font  plus  leurs affaires et aussi à cause de la « faim » ! Un lien entre  les deux : cela s’appelle l’économie souterraine. Ne pas prendre à la légère.

Pour ajouter au stress, si besoin : c’est le monde qui serait au bord d’une explosion sociale majeure. Même pas  peur ?

Les bons  plans : la FNAC fait une promo sur cinq téléviseurs. C’est aussi le  moment d’acheter une voiture. Il va falloir faire respecter la « distanciation sociale » (ça y est, je l’ai casé) dans les magasins et les concessions dès le 11 mai.  Les Français auraient déjà accumulé 50 milliards d’euros sur les livrets.

Macron serait devenu le 1er épidémiologiste de France : notre président hypermnésique et insomniaque serait devenu un expert en la matière. Ce qui ne l’empêche pas de douter. De quoi disserter à longueur de temps sur le sujet. Comme dit  Sarkozy, à un moment, il faut décider, et donc prendre  un risque !

Médisite : cinq positions pour brûler le plus de calories au lit… Pour compenser le grignotage et les  petits plats !

Et à part ça ?

Un astéroïde géant va frôler la Terre le 29 avril. Brrr… La NASA surveille de près. On est  rassuré.

On est  mal patron : 70% du muguet nantais ne sera pas cueilli. Le bonheur n’est plus dans le pré.

Kim Jun Un a disparu des écrans radars : énigme. Ce serait à cause d’une opération chirurgicale qui aurait mal tourné. Ce n’est pas le virus, c’est bien connu, il ne passe pas les  frontières fermées.

Elisabeth II a eu 94 ans le 21 avril ! Un anniversaire gâché par Meghan et Harry qui ont annoncé la veille qu’ils ne communiqueraient plus avec les  médias de sa gracieuse majesté. Susceptible  Mémé ! (Précision : Meghan n’est pas la fille de Renaud, comme je l'ai entendu dire)

Bouchons de voitures : ils sont dus à la réouverture des « Drive » de Mac Do ! Qui a dit « rien ne sera plus comme avant dans le monde d’après » ?

20 avril : date d’ouverture de la campagne de déclarations d’impôts (pour ceux qui ont quelque chose à déclarer évidemment).

Le prix du baril de pétrole a chuté en-dessous de 0 $, brièvement, mais du jamais vu. Surproduction, certes, mais aussi jeu des spéculateurs des contrats à terme. Bah, le cours remontera inévitablement et malheureusement. En attendant, les prix à la pompe sont très bas,  mais comme vous ne roulez guère ….

 


LA CARENCE DE L’ETAT TENTACULAIRE

Ena

 

Nous ne sommes pas seuls : 195 millions d’emplois supprimés dans le monde, 3,3 milliards soit 81% de la population active mondiale, sont affectés par la fermeture totale ou partielle des lieux de travail, 60% des travailleurs dans le monde sont dans l’économie informelle souvent sans protection sociale …

Le  péché mignon.

Concernant le dernier chiffre ci-dessus, ce n’est pas le cas des travailleurs français. L’économie administrée est notre péché mignon et notre modèle social est un excellent amortisseur de crise qui permet  d’encaisser (à crédit) les chocs de conjoncture les plus violents. Ainsi le gouvernement a renforcé considérablement le  dispositif de chômage  partiel qu’il présente comme le plus généreux d’Europe. Mais nous sommes aussi au pays de Courteline : encadrement, réquisition, dérogation, sont notre lot. L’attestation de déplacement « dérogatoire » (au confinement) qu’il faut remplir pour chaque sortie en est un exemple parfait : elle prévoit six cas utilitaires allant des déplacements professionnels aux convocations judiciaires (sic) plus une septième de pur loisir, elle-même très encadrée (déplacements brefs, dans la limite d’une heure quotidienne, dans un rayon maximal d’un km de son domicile, liés à l’activité physique ou aux besoins des animaux de compagnie…).  Ajoutons à la liste un autre penchant : autorisation et aussi sa punition, l’amende ! Si l’Allemagne peut se flatter de pouvoir effectuer 500 000 tests par semaine de dépistage du Covid, chez nous Castagnette peut brandir près de 300 000 amendes que ses 100 000 policiers ont infligées  avec  4 millions de contrôle. 

L’Etat est partout de retour.

Il  n’est pas question d’en contester ici le  bien fondé.  En période de crise, même les Etats-Unis y ont recours : financement massif du chômage, soutien aux entreprises, éventuelles nationalisations temporaires, injonctions à l’industrie. Injecter des milliards d’euros dans la machine (110 milliards pour le plan de soutien en France) oblige à avoir recours à l’économie administrée et en France, le dirigisme s’appuie sur une forte tradition. Ainsi Bruno Le Maire, notre grand argentier du coffre vide, n’a pas hésité à menacer de retirer les garanties de l’état et d’interdire les reports d’impôt à toutes les entreprises qui rémunéreraient leurs actionnaires. Pousse-toi de là que je m’y mette ! Chez nous, l’art de gouverner c’est se mêler de tout et la crise est une aubaine.  Les  Régions, les départements, plus disponibles et à l’écoute, ont-ils commandé des masques ? Ils sont réquisitionnés par l’état à leur arrivée ! Plus que jamais nos technocrates de Bercy sont à la manœuvre et on imagine que c’est avec jubilation qu’ils ont dressé l’inventaire à la Prévert des activités qui seraient ouvertes ou fermées : les opticiens ? fermés ! Les parapharmacies des galeries commerciales ? ouvertes ! Les animaleries ? fermées, puis non, ouvertes ! (importants  les chiens-chiens). Les marchés de plein air ? on ouvre, bien sûr ! Comme dans Ubu, les  contre-ordres s’enchainent : on ferme finalement les marchés, puis on les ouvre sur proposition du maire au préfet… Et déjà on se prépare avec délectation à établir la liste des ouvertures programmées et  progressives de l’après onze mai. Que voulez-vous, il y a entre Bercy, Matignon et l’Elysée, une poignée de personnes confinées qui se sentent enfin utiles ! On leur a confié l’intelligence de tout un pays. Le  problème c’est qu’ils sont coupés du monde et privés de tout « feed-back ». Heureusement, les Français sont débrouillards.

Qui trop embrasse, mal étreint.

L’euphorie jacobine semble prophétiser la  renaissance, sinon la justification, du centralisme républicain. Les  partisans de l’étatisme se gargarisent mais ils feraient mieux d’évaluer l’étendue des dégâts de l’impuissance publique à laquelle le centralisme technocratique a conduit. La  débâcle de notre système sanitaire national en est l’étendard et la litanie glaciale quotidienne du médecin bureaucrate en chef, chaque soir, l’ordre du jour calamiteux. La France des normes, des règlements, des circulaires s’avère être un vrai boulet. L’affaire des masques et des tests, qu’on songe enfin à généraliser dès qu’on en aura, illustre plus une incurie qu’une efficacité.  La  comparaison avec l’Allemagne décentralisée est accablante. L’appareil étatique est à alléger, non à renforcer. Les lourdeurs administratives s’ajoutent  à l’impréparation du gouvernement, à ses volte-face (le premier tour des municipales est édifiant), à ses lenteurs. Ainsi les laboratoires non hospitaliers n’étaient pas autorisés jusqu’à récemment à pratiquer des tests de dépistage, le réseau des médecins de ville a été d’abord négligé, et que dire de la querelle sur le traitement de ce grand professeur qu’est Didier Raoult !

Il faut sortir du centralisme techno.

Notre modèle social est un amortisseur de crise, certes, mais prenons garde qu’il n’étouffe la reprise comme en 2010. La  crise sanitaire a mis à nu la crise de l’étatisme. La légitimité de la loi « d’urgence sanitaire » du 23 mars donne à l’Etat un pouvoir écrasant qui permet de limiter les libertés d’aller et venir, d’entreprendre, de se réunir, et bientôt, peut-être de « tracer » numériquement les individus en utilisant les données personnelles de leur téléphone. Si nous ne sommes pas vigilants, c’est une société de surveillance et un Etat liberticide qui s’instaurerait. Il  ne faut pas non plus que l’Etat-pompier,  qui joue son rôle, soit pris comme argument pour la généralisation du tout-Etat et les nationalisations, en prenant prétexte de l’argent déversé sans compter pour freiner la crise. La responsabilisation publique et l’initiative privée seront toujours plus efficaces, dans la durée, que l’Etat obèse et inconséquent, car c’est bien lui qui a mis l’hôpital public dans la situation de détresse qu’on a pu observer. Contentons-nous du vieux principe : quand la liberté opprime, c’est la loi qui protège. Mais la liberté d’abord ! Les enseignements de l’Histoire du 20ème siècle sont pourtant édifiants !

Quel après ?

Les  prises de  paroles  de certains  de nos responsables chez Les Républicains semblent prouver le contraire. Aurélien Pradié et Guillaume Peltier feraient bien de réviser leurs cours d’histoire. Ce n’est pas le libéralisme qui est en cause, mais son avatar néo-libéral, et ce n’est pas l’Etat-stratège, autre tarte à la crème, et la planification qui nous sortiront d’affaire. Si c’est ça la ligne du parti, ce sera sans moi. Et puis, il y en a marre de toutes ces petites officines que chacun s’ingénie à faire vivre en parallèle pour avoir sa prise de position en dehors. Ce n’est pas ainsi qu’on reprendra le pouvoir. J’aimerais qu’on écoute le message de sagesse de Jean-Louis Thiériot et la mise en garde de Nicolas Forissier. Bref, c’est la délibération collective et le rassemblement qui devraient prévaloir. Car quoi, les maux dont nous souffrons ne sont pas liés à un excès de libéralisme ni à un excès de rigueur budgétaire, mais à l’inverse. C’est leur insuffisance qui nous ruine. C’est parce que les caisses de l’Etat sont archi-vides -et la crise ne va pas les remplir- que la  politique s’étiole et se dissout en mots creux de communication médiatique : « les  masques sont commandés, ils vont arriver, ils ne vont pas tarder à arriver, ils vont bientôt être distribués, la distribution est en cours. .. ». Si on doit continuer indéfiniment les politiques de relance et d’accroissement de la dette, alors oui, on courra à la catastrophe. Si l’Allemagne s’en tire mieux que nous ce n’est pas seulement parce qu’elle est moins centralisée, c’est aussi  parce qu’elle est moins endettée et qu’elle a donc retrouvé des marges de manœuvre budgétaires. Après la crise il faudra conjurer la demande exponentielle d’Etat-providence, de protection, d’indépendance nationale tous azimuts, en résolvant l’incapacité structurelle de nos entreprises à  être compétitives dans un monde qui restera ouvert parce qu’on ne le fermera pas d’un coup de baguette magique. Il faudra aussi remettre à leur place les demandes exacerbées des écologistes qui font feu de tout bois pour tenter de tirer la couverture à eux. Comme si la crise de nos hôpitaux était liée à un déficit de politique environnementale…  D’ailleurs si on veut répondre à la  promesse d’une mobilisation grandiose en leur faveur, il faudra bien commencer par emplir les caisses, non ? Alors, la décroissance … Et puis, faisons en sorte que le pouvoir ne soit pas trop tâtonnant, car le plus grand péril qui nous guette, c’est que le populisme s’en empare.

 


PAS DE PANIQUE !

Euro

 

Baisse des charges bisEt d’abord les statistiques.

La France est entrée en récession ce trimestre, de -6%  … Un drame ! Le chômage partiel explose, et  dans la foulée, le nombre des chômeurs … Rien d’étonnant et il va falloir s’y habituer. Les  commentateurs économiques, qui ont l’habitude de se tromper dans leurs perspectives s’alarment comme si c’était une surprise ou une catastrophe. Ce n’est pourtant pas la peine d’en rajouter :  les Français ont suffisamment de stress à gérer avec la sombre litanie du Dr Salomon chaque soir et la querelle sur le traitement du Dr Raoult. Il est pourtant évident que si l’économie s’arrête, le PIB baisse, les comparaisons avec des situations antérieures sont inopportunes. Et le chômage augmente surtout si on le facilite. Inutile donc de hurler à chaque mauvais chiffre, parce qu’il va nécessairement en tomber pendant quelques semaines. Le PIB va chuter, la consommation aussi, le commerce international aussi, et le chômage va flamber. Car nous vivons une récession peu ordinaire : elle n’est pas le résultat d’une crise comme celle des subprimes en 2008, un choc de créances pourries dont le monde a mis 5 ans à se remettre. Celle que nous vivons n’est pas le fruit d’une secousse économique, c’est une mise entre parenthèse imposée pour raison sanitaire.  Une sorte de coma artificiel pour reprendre la comparaison de Marc Fiorentino : les gouvernements ont mis l'économie dans un état de coma artificiel le temps que l'épidémie s'arrête. Le moment venu, on la fera sortir du coma. Alors peut-être que le temps de réveil et de récupération sera plus ou moins long et certaines lésions seront peut-être irréversibles, des entreprises fragiles disparaîtront,  des secteurs perdront des emplois, mais nous sortirons du coma. C'est programmé. Et quand tout repartira, ce sera l'inverse : croissance, consommation, baisse du chômage, reprise des échanges… Beaucoup de paramètres interviendront  mais  cette récession n'est pas une récession subie, c’est une récession « artificielle ».

 

Bercy_ministere_financesLa France dans son mauvais rôle.

L’Europe a un rôle moteur à jouer d’abord en soutien pendant la léthargie, ce qui est fait avec les 1500 milliards d’euros débloqués par la BCE. Il faut ensuite se mettre d’accord sur les mécanismes permettant d’y accéder et d’aider les pays les plus durement touchés par la pandémie.  Un plan cohérent de soutien financier serait le bienvenu. La vidéoconférence entre les chefs d’Etat et de gouvernement n’ayant pas permis de trouver un terrain d’entente, c’est la conférence des  ministres de l’Economie qui devait s’y coller. Mario Centeno, le Portugais qui préside l’Eurogroupe, a mis au point un plan en trois composantes : l’activation d’une ligne de crédit dans le cadre du MES (Mécanisme européen de stabilité), pouvant aller jusqu’à 240 milliards d’euros, la création par la Banque Européenne d’Investissement d’un fonds de garantie de 25 milliards d’euros, financé par les Etats membres, qui permettrait au final de mobiliser 200 milliards d’investissement  dans les  PME et enfin le lancement par la Commission européenne du programme « Sure », doté de 100 milliards d’euros pour aider les états à financer  le chômage  partiel. Une fusée à trois étages qui permettrait de venir en aide aux Etats,  aux entreprises et aux travailleurs. Un plan qui recueille un large soutien. Paris a bloqué parce qu’il n’a pas obtenu ce qu’il appelle le 4ème étage : le fonds de solidarité pour financer une stratégie de reprise fondée sur l’investissement. Ce fonds évalué à 420 milliards d’euros n’est en réalité que la remise dans le jeu des fameux « eurobonds » dont l’Europe du Nord ne veut pas. La proposition de  la France est perçue comme une fuite en avant pour mutualiser les dettes et ainsi emprunter  à bon compte, ce que les pays d’Europe du Nord, vertueux, ne veulent pas, les Pays-Bas tout particulièrement. Mais  la France depuis  plusieurs années et jusqu’à récemment n’a pas envoyé des signaux crédibles sur sa dépense publique.  Bruno Le Maire est donc malvenu à laisser éclater sa colère et proclamer sa « honte » pour masquer  la défiance  dont notre pays fait l’objet, et qui, elle, est une réalité !

 

Dette publiqueLa solidarité, oui, mais il faut un frein à l’endettement.

Les pays du Sud, dont la France, sont aujourd’hui touchés lourdement par l’épidémie dans des conditions sanitaires très dures mais aussi des conditions très difficiles pour leurs finances publiques déjà fort mal en point avant la crise. Au sein de ces pays, l’Italie est dans une situation très critique, on peut déjà extrapoler une dette à 160 % du PIB d’ici la fin 2020. En Espagne et en France aussi, les dettes publiques vont gonfler et les taux risquent de monter. Les pays du Nord de l’Europe, avec à leur tête l’Allemagne et les Pays-Bas, sont dans une tout autre situation : l’épidémie semble un peu plus contenue sur leurs sols et leurs finances publiques sont assez saines grâce à une gestion au cordeau depuis la crise de 2008. Tout système de « mutualisation » des dettes au niveau fédéral en faisant contribuer les « fourmis » au profit des « cigales » serait une invitation pour les mauvais élèves à emprunter sans frein, grâce à des taux d’intérêt garantis par L’Europe, ce qui n’est acceptable par les pays du Nord qui ont fait les efforts de gestion – et on les comprend ! C’est en effet les taux d’intérêts qui peuvent servir de frein à la fuite en avant des dépenses. C’est pourquoi le plan proposé par  Mario Centeno est raisonnable, il avait d’ailleurs reçu l’accord de  principe de l’Espagne. La France continue le forcing. Et comme d’habitude, un accord sera trouvé. Mais vraiment, la France n’a rien à gagner à affronter l’Allemagne, elle ferait mieux d’essayer de l’imiter. Si un frein a l’endettement avait été mis en place en France au sortir de la dernière crise, nous ne serions pas aujourd’hui à 100 % de dette mais plutôt autour de 80 %. Nous serions alors plus crédible avec nos exigences.

 

Des-liasses-de-billets500 milliards disponibles immédiatement.

L’accord sur le plan de sauvetage à 500 milliards a été décidé cette nuit par les ministres des Finances de l'Union européenne. On savait Merkel à la manœuvre.  Seule l’Allemagne pouvait faire plier les Hollandais. D’autre  part, consciente des difficultés des pays du sud et des dégâts dans l’industrie de son propre pays, elle souhaitait qu’un accord soit trouvé. Cette nuit, les négociations ont enfin abouti, comme on pouvait s’y attendre, sur la base du plan Centeno : on allège  les procédures du MES pour faire plaisir à l’Italie, et l’Allemagne et la France sont chargées de préparée un plan de relance selon les vœux de Bruno Le Maire. Tout le monde  est content. La France a le pied sur l’accélérateur mais on compte sur l’Allemagne pour avoir le pied sur le frein. L’important est que l’Europe agisse de concert. C’est le  cas. Trois jours pour s’entendre, alors qu’il avait fallu des mois après la crise des subprimes. On progresse !

Du coup la France fait passer de 50 à 100 milliards son soutien à l’économie et aux entreprises. Mais il va falloir être sérieux ensuite : avec un déficit annoncé de près de 8% et un endettement à 112% du PIB à la fin de l’année, la France va devoir faire des efforts.  On sait déjà qui paiera : les contribuables et les épargnants, et chez nous, ce sont les mêmes. Alors, dépêchez-vous d’aller faire le plein pendant que l’essence n’est pas chère, parce que les pays producteurs ont trouvé un accord de réduction de 10 millions de barils par jour pour faire remonter  les cours. Et le prix des carburants va remonter.


MAIS SI L’EUROPE EST LA ! HEUREUSEMENT !

BCE 2

 

L’Europe a beaucoup de défauts, et nous aurons à tirer des leçons de cette crise sanitaire.  Notamment, puisqu’elle ne compte plus pour les Etats-Unis accaparés par leur affrontement avec la Chine, elle devra absolument construire sa souveraineté sanitaire pour ne pas dépendre de puissances extérieures en matière d’approvisionnement de médicaments et matériels de soin, ce qui implique clairement pour les  pays européens de l’Union d’investir de manière collective et coordonnée dans leur capacité industrielle. D’autant plus qu’elle a les entreprises pour le faire. Pour répondre à la crise, il faut « plus d'Europe, une Europe plus forte et une Europe qui fonctionne bien ». La  bonne nouvelle, c’est que l’Allemagne a compris que c’était aussi son intérêt.

Le rôle de la Banque centrale européenne.

Il aura été primordial. Ceux qui reprochent à l’Union de laisser tomber l’Italie ou la Grèce, parce  que certains refusent les « coronabonds » oublient l’essentiel. Certes l’Europe ne peut pas fournir ce qui manque à tous et qu’aucun pays ne produit plus guère : des masques ou des respirateurs qu’il faut commander à la Chine. Celle-ci, à l’affut, et faisant mine d’oublier que la pandémie vient de chez elle se permet des « gestes » humanitaires en « offrant » des livraisons… la  propagande avance masquée,  c’est le cas de le dire. Supériorité des régimes « autoritaires » ? Si c’est pour truquer la vérité chinoise et imposer l’omerta russe, non, merci ! Revenons à nos moutons : sans la  BCE, et donc sans l'Europe, la plupart des pays de la zone euro seraient en faillite, à commencer par la France. Sans la BCE, des pays comme l'Italie, l'Espagne et la France devraient se financer, compte tenu du niveau de leurs déficits et de leurs dettes, à des taux très élevés. Sans la BCE, aucun plan de relance budgétaire ne serait possible. La Banque Centrale Européenne, c’est la plus grande initiative européenne,  puisque son intervention massive n’est possible qu’avec l’accord unanime des  partenaires de la zone Euro. Comme le dit  Marc Fiorentino, en paraphrasant Sardou : « Si la BCE n'était pas là, nous serions tous en faillite ! ».

L’importance de la monnaie unique.

Nous avons la chance extraordinaire  d'avoir une monnaie commune qui évite une guerre des monnaies et les dévaluations sauvages, d'avoir une banque centrale qui finance les dettes des pays en difficulté, et l'Allemagne qui accepte de « garantir » de fait l'endettement d'une partie des États de la zone euro. Les  Européens ont accepté de mettre entre parenthèses le « pacte de stabilité » ce qui nous arrange bien  car nous étions incapables de rentrer dans les clous. Mais point n’est nécessaire de créer de nouveaux fonds spéciaux d’aides (les coronabonds)  comme  l’explique Wolfgang  Schaüble, l’actuel  président du Bundestag, ancien ministre de l’économie : utilisons d’abord les outils existants. Et ils sont suffisamment nombreux à commencer par le MES, Mécanisme Européen de Stabilité, doté de 500 milliards d’euros, ou la  Banque Européenne  d’investissement, dont on peut élargir le cadre de garantie… et dont les actions peuvent s’ajouter à celle de la BCE. Nous avons donc toutes les raisons d’affirmer que l’Europe est solidaire. Cependant, chacun doit désormais apporter aussi sa contribution. La solidarité n’est jamais un processus à sens unique.

Les  médias  sont  niais sur l’Europe.

Il  est, en effet, étonnant, énervant même, d'entendre des commentateurs expliquer que l'Europe ne fait rien, qu'elle laisse les pays membres se débrouiller seuls, qu'il n'y a pas d'initiatives européennes. Ils passent quasiment sous silence la solidarité de l’Allemagne qui a pris en charge des malades italiens et français.  Il existe de multiples exemples d’entraide, qui passent au second plan à cause du sujet central dont on nous abreuve à jet continu d’émissions spéciales « coronavirus ». Ces médias oublient tout simplement la Banque Centrale Européenne et les centaines de milliards qu’elle a décidé de débloquer  pour les  mettre à la disposition des Etats. Et de fait, Les banques sont devenues des distributeurs d'argent gratuit distribué par la BCE et garanti par la BPI, des agences nationales de la BCE : c’est comme si elles étaient nationalisées, ou plutôt  « européanisées », de fait. C’est évidemment une situation transitoire, mais cela leur évitera de provoquer la prochaine crise. En France, les « Prêts garantis par l'État » (PGE) bénéficient d'une garantie de l’État à hauteur de 70 à 90%, selon la taille de l'entreprise. Berlin s'apprête à relever à 100 % la garantie d'État assortie aux prêts pour les PME fragilisées par la crise du coronavirus. Et Merkel, sortant de son confinement volontaire pour montrer l’exemple, affirme sans ambages : c'est « dans l'intérêt de l'Allemagne que l'Europe sorte forte de cette mise à l'épreuve ». quant à l’Union européenne, il suffit de voir avec quelle énergie la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, malgré des prérogatives limitées, cherche à renforcer la solidarité, soyons convaincus que tout ce qui est nécessaire sera fait pour rester ensemble. Même si c’est vrai que cette crise implique que nous progressions chaque jour à tâtons, car bien malin est celui qui nous dira précisément où tout cela mènera.

L’union financière, pour l’instant, fait ses preuves. Voilà un vrai sujet pour les « nationalistes » anti-européens, qu’on entend peu. Il sera intéressant, par exemple, de voir dans quel état va se trouver le Royaume-Uni livré à son sort, et inévitablement abandonné par les Etats-Unis qui ont d’autres chats à fouetter. Le  monde est cruel !


LE CONTRE-COUP ECONOMIQUE

Baisse des charges bis

La crise sanitaire a mis la France quasiment à l’arrêt.  Le fait qu’elle ne soit pas toute seule dans cette situation est une piètre consolation. En plus, nous devons être bien conscients que le  confinement ne résout pas le  problème et la propagation du virus menace de flamber à nouveau dès qu’on lèvera le couvercle. Même si on  peut espérer un affaiblissement de la pandémie, l’urgence tient dans la solution qu’apportera la médecine qu’il s’agisse de  médicament ou de vaccin. De l’évolution qui suivra dépend en effet  l’importance du contre-coup sur notre économie, sur celle de nos partenaires et évidemment  sur l’économie mondiale dont les deux plus gros PIB sont aujourd’hui en apesanteur : la Chine et  les  Etats-Unis. Tout  dépendra donc de notre capacité  collective  à bloquer la  pandémie.

Pour évaluer l’ampleur de  la crise économique à laquelle nous somme d’ores et déjà confrontés, j’ai croisé le  regard de quatre experts économiques et financiers : Nicolas Bouzou, Marc Fiorentino, Jean-Pierre Robin (Le Figaro), et Eric Le Boucher (Les Echos).

La crise est-elle de même nature que celle de 1929, comme l’affirme Bruno Lemaire ?

Le consensus est établi : tout le monde est d’accord pour affirmer que nous sommes en face d’une crise qui ne ressemble en rien à celle de 1929,  pas  plus qu’à celle de 2008. Pour JP. Robin comme pour Marc Fiorentino, il ne faut pas s’étonner de l’effondrement des  marchés financiers. Une correction était attendue de toute façon après près de 10 ans de croissance continue des indices. Ce qui frappe précise Marc Fiorentino, c’est l’ampleur de la chute, près de 40% à Paris, passant de 6117 au plus haut à 3632 points au plus bas, et sa rapidité, qui fait que le krach ne ressemble à aucun autre. Mais, il n’y a pas d’explosion du système financier ni de crise de l’euro comme  en 2008. Ce  qui frappe aussi,  c’est que c’est l’économie mondiale qui est pratiquement à l’arrêt.

De quels moyens dispose-t-on pour contrer les effets  de la crise sanitaire ?

Il faut bien comprendre que nous ne sommes pas dans une crise de surproduction. C’est la crise du "Covid 19" qui a obligé à arrêter certaines activités et à réorganiser le travail,  avec une partie importante de la main d’œuvre en chômage partiel ou total du fait du confinement. Celui-ci touche 10 à 20 millions de salariés, d’indépendants et de patrons de PME souligne JP Robin. Marc Fiorentino décline les secteurs touchés : le tourisme, l’événementiel, la restauration, le bâtiment,  mais aussi les startups  en phase de décollage encore fragiles financièrement. Pour éviter des conséquences dévastatrices et garder un maximum d’entreprises viables, on a assisté  à une intervention rapide et  massive des banques centrales. Car le choc est violent : l’Insee a mesuré que notre économie ne tourne plus qu’à 65% de son PIB (200 milliards/mois), soit un trou de 140 à 150 milliards d’euros si l’arrêt se prolonge sur deux mois. Tout le monde fait le même constat : 3 points de PIB par mois, c’est tenable sur une courte période. Pour Eric Le Boucher, même appréciation, les milliers de milliards qui se déversent sur les  économies parient sur une parenthèse brève. Il s’agit de sauvegarder intact le tissu économique. Pour JP Robin, comme pour Marc Fiorentino,  le choc paraît surmontable : la BCE a débloqué 750 milliards d’euros pour les 19 pays de la zone euro, ce qui représente 6% du PIB de la zone euro (12 500 milliards). Le patrimoine de la France en fait un pays dont la richesse immobilisée (tout compris) est de 15 482 milliards d’euros  et les Français détiennent 350 milliards sur leurs comptes en banque non rémunérés… De fait, le déficit budgétaire et la dette passent au second plan, explique Marc Fiorentino. Eric Le  Boucher met un bémol : il rappelle que les dettes publiques et privées étaient déjà excessives avant le déclenchement de  la crise et représentaient 225% du PIB mondial. Donc tout grain de sable dans la machine risquerait de faire remonter les taux d’intérêts qui déclencheraient alors une catastrophe mondiale. Mais l’arrosage est conséquent : Berlin décaisse 500 milliards contre 60 en 2008, Paris 300 milliards contre 50. Bref, les banquiers mondiaux et les chefs d’Etats ont voulu anticiper la crise  économique. Qui paiera ? personne ne sait. En fait ce sont les banques centrales qui vont détenir les dettes des Etats qui eux-mêmes les contrôlent. Ce n'est pas le sujet pour le moment.

Quels scénarios pour la suite ?

Pour Nicolas Bouzou, la baisse du PIB était inévitable. Marc Fiorentino aurait préféré que les bourses soient fermées pendant la période pour éviter des transactions hors sol. Tout est faussé pour les  marchés, et il faut à tout prix éviter les mouvements irrationnels à la fois pour les entreprises et pour les épargnants. Autrement dit éviter que l’on perde beaucoup d’argent inutilement. Il se veut rassurant concernant les banques et les assurances : aucun risque d’effondrement de ce côté-là, selon lui. Le consensus se fait sur un rebond rapide et fort, probablement en septembre. Mais une reprise forcément progressive dès la fin de l’épisode épidémique, qui dépendra largement de l’environnement international. La reprise de la consommation sera rapide dans un premier temps, grâce à un effet euphorique et de rattrapage sur une demande interne inhibée par le confinement et le climat anxyogène. Le reste repartira  plus lentement à cause d’une demande externe amoindrie pour de nombreuses raisons, fermeture des frontières, remise en route de  la production qui ne se fait pas d’un claquement de doigts… Nicolas Bouzou dessine trois actions à mener par la France et l’Union européenne pour accompagner le rebond : les outils digitaux que nous avons utilisés et qui se révèlent indispensables pendant la  crise doivent faire l’objet d’une reprise en main industrielle par l’Europe afin d’avoir elle-même ses géants du numérique ; le télétravail devra continuer et être encouragé comme une nouvelle forme d’organisation et de gestion du temps de travail ; enfin il ne faudra  pas  contrarier le climat d’euphorie accompagnant la reprise par des décisions politiques inadéquates par exemple de fiscalité ou des réformes anxyogènes …  Marc  Fiorentino imagine un redémarrage en U probable, avec remontée progressive de l'activité  mais privilégie l’hypothèse d’une reprise en W pour tenir compte des décalages internationaux inévitables : redémarrage fort suivi d’une nouvelle rechute puis d’une nouvelle reprise, parce que de toute façon il faudra que ça reparte d’une manière ou d’une autre. Tout  dépendra de la manière dont réagira  l’économie US. Sans compter qu’à l’automne les Américains voteront pour élire le président.

En attendant …

L’arrêt de l’économie est une réalité.  Des statistiques vont le mesurer avec leur cortège de chiffres sur le chômage, la croissance, etc  …  dont il ne faudra pas trop tenir compte parce qu’ils seront forcément provisoires. Il émerge une certitude : l’économie repartira. Malgré le déversement de  milliards de liquidités, il n’y a pas trop à craindre non plus une hyperinflation.  Nous subissons un tel choc déflationniste avec une économie  mondiale à l’arrêt, auquel il faut ajouter la guerre du pétrole et les cours très bas des matières premières, que la masse des liquidités n’est pas susceptible de faire monter les prix.  Par contre, tempère Eric Le Boucher, le climat international sera primordial, il espère une coordination internationale aussi forte que possible (G7, G20, UE, OCDE…) pour que les marchés ne paniquent pas. Pour lui, le plus grand danger viendrait des poussées nationalistes ou populistes qui empêcheraient une réponse mondiale organisée.

Vous l’avez compris, l’année 2020 ne sera pas une sinécure pour les gouvernants. Pour  Macron, on peut dire que la fin de son quinquennat est chamboulée, avec une année 2020 qu’on peut déjà mettre entre parenthèses et une stabilisation du pays au mieux à l’horizon de la fin du premier semestre 2021… et à l’automne commenceront les « hostilités » de la campagne présidentielle de 2022 ! (si elles ne démarrent pas avant).

 


SUR LES RESEAUX DECHAINES…

Internet

 

Quelques nouvelles lues ici ou là …. Bien évidemment, le  virus se taille la  part du lion.

Coronavirus 1 : une enquête a permis d’établir que le pangolin n’y était pour rien (Le  club des Echos). Nous voilà rassurés.

Coronavirus 2 : le Prince  Charles  est contaminé. Quelle époque !  Même les virus ne respectent plus rien !

Coronavirus 3 : Après sa démission du conseil scientifique de Macron, « le Professeur Raoult est-il le De Gaulle du Covid 19 ? » se demande l’Obs. Nouvelle version de « j’ai raison seul contre tous ! ».  Espérons qu’il supporte la comparaison avec le Général.

Conoravirus 4 : le côté obscur de  la force. Alors que les Français applaudissent les soignants tous les soirs à 20H, des « bas de plafond» se permettent d’ostraciser des infirmiers ou des soignants qui habitent leur immeuble en leur demandant avec insistance d’aller vivre ailleurs, pour ne pas être contaminés. Honteux !

Coronavirus 5 : la  crise sanitaire aura des conséquences sur la croissance. Récession : 3 Points de moins de PIB pour Bruno Le Maire, si le confinement dure un mois ;  6 points de  moins pour l’Insee si le confinement dure  deux mois. Cohérent. Qui peut me dire combien de  points en moins si le confinement dure trois  mois… ?

Coronavirus 6 : Un constat impressionnant. Depuis le confinement, l’air est  plus  respirable dans les  grandes villes  et  particulièrement à Paris. CQFD. Pourvu que ça ne donne pas  des idées à Hidalgo. Je parie qu’on ne va pas tarder à nous annoncer aussi un record triomphal de moindre  mortalité sur les routes.

Coronavirus 7 : Je lisais naguère que  nos savants qui explorent la galaxie comprenaient mieux les « trous noirs ». Ils n’ont pas vu que nos maisons de retraite seraient le trou noir de l’épidémie (L’opinion). Trop proches, certainement. 

Coronavirus 8 : Des masques moisis auraient été livrés à des soignants à la Réunion. Très regrettable ! On ne peut pas croire que ce soit la durée du voyage, même par bateau, qui en soit la cause. Or plaisanterie, la question reste posée : « Où sont passés  les masques ? » Nos  policiers ont dû donner les leurs aux hôpitaux, alors qu’ils sont en première ligne pour faire respecter  le  confinement….

Boulet : « On ne va pas  demander aux enseignants qui ne travaillent pas de traverser toute la France pour aller ramasser des fraises ! » Je traduis : «  On en va quand même pas demander aux fainéants de bosser un peu ! ».  Les enseignants qui s’échinent pour trouver des solutions avec internet pour faire cours auront apprécié. De qui est la boulette ? Eh oui, gagné, c’est Sibeth. A croire qu’elle a été élevée au jus d’Hanouna.

Carnet mondain : Meghan et Harry vont parait-il quitter leur manoir de  Vancouver au Canada. Ils hésitent entre la Californie et l’Angleterre pour se poser après le « Megxit » du 31 mars.

Air du temps : « l’Internaute » propose 40 lieux pour se sentir seul au monde ! Le site ne précise pas si c’est loin des virus.

Edition : finalement c’est Stock qui publiera l’autobiographie de Woody Allen.

Pas sortis de l’auberge : on connait le « conseil scientifique » chargé de conseiller Macron. Le président de la République a installé cette semaine un nouveau "comité de chercheurs" pour accompagner le gouvernement dans le choix de sa stratégie de sortie du confinement imposé à la population depuis le 17 mars. Notamment en explorant le potentiel des outils numériques et des données de localisation. Le confinement risque de durer longtemps : le temps qu’ils étudient toutes les hypothèses et testent les solutions !

Aïe : Cyril Hanouna prépare une émission TPMP de 48h en direct de son domicile ! 

 


LA LIBERTE COMME REMEDE A NOS MAUX

Baverez Le-monde-selon-Tocqueville

 

Une drôle d’expérience.

Je sais que le titre de cet article fait un  peu provocation par rapport à la situation de confinement que nous vivons et qui est, je l’espère, temporaire. Je profite du temps  dont nous disposons tous pour approfondir la réflexion sur notre devenir, celui de la France et de l’Europe. Car la crise sanitaire, en  mettant notre économie quasiment à l’arrêt et en ouvrant toutes grandes les  vannes des « liquidités » pour financer, ne va pas vraiment arranger les choses. Déjà, Macron a annoncé que plus rien ne serait comme avant : « Il nous faudra demain, tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties ». C'est que cette crise va provoquer une accélération de la mutation structurelle de l'économie, vers une croissance plus faible, voire vers la décroissance, avec ses effets dévastateurs, comme le chômage.… Les « « millenials » remettent en question depuis longtemps notre modèle, ils remettent en cause la surconsommation, responsable selon eux de la destruction programmée de la planète. Et Macron semble vouloir aller dans leur sens et se refaire une santé avec la  « croissance durable » !  Un débat sur lequel nous aurons l’occasion de revenir. Déjà on se demande bien comment, sans croissance, on pourrait rembourser la dette abyssale à laquelle on va parvenir. « Hélas, c’est là qu’est l’os ! », et je parie qu’on va nous ressortir les balivernes marxistes habillées en vert. Le sujet, c’est donc bien « la liberté ».

Actualité de Tocqueville.

Le seul remède efficace à nos maux, c’est la liberté, selon Tocqueville. Nicolas Baverez, dans un livre lumineux qu’il faudrait lire, « Le Monde selon Tocqueville », refait le chemin pour nous. La  pensée de l’auteur de « De la démocratie en Amérique », disparu il y a cent soixante ans, n’a jamais été aussi  pertinente. Et les temps que nous vivons mettent vigoureusement à l’ordre du jour la pensée « tocquevillienne ». Elle nous permet de comprendre la crise que traversent nos démocratie minées par le désengagement de citoyens individualistes et la  tentation de dérives autoritaires. A travers le recueil de l’œuvre de ce démocrate de raison, de larges extraits sélectionnés et classés par thème par Nicolas Baverez, on découvre « la plus formidable –et toujours actuelle- analyse du système démocratique, de ses bienfaits et de ses limites » nous explique Daniel Fortin dans Les  Echos. L’analyse des faiblesses françaises telles que centralisation excessive, religion de l’impôt, préférence  pour la radicalité politique, est d’une étonnante actualité.  Il montre aussi à quel  point  la passion des hommes pour l’égalité, si française, peut se retourner contre la démocratie et dégénérer en despotisme. On y retrouve les traits de notre histoire : besoin de sécurité, culte de l’homme providentiel, haine sociale (envers la noblesse hier, les riches aujourd’hui), et qui constituent les failles dans lesquelles n’importe quel régime peut sombrer. En ce début  de 21ème siècle, au moment où le monde connaît une crise de la démocratie d’une ampleur inédite,  jusqu’au sein même des Etats-Unis, l’acuité de la vision de Tocqueville parait inouïe.

Petit détour en philosophie.

Nicolas Baverez décrit avec précision ce qu’il appelle « le krach démocratique », thème qu’il reprend en plus approfondi dans son ouvrage récent « l’Alerte démocratique » (dont j’ai fait le résumé dernièrement), et démontre à quel point la lecture de Tocqueville, qui avait tout prévu, peut  permettre d’y faire face. Mais qui est donc cet Alexis de Tocqueville, auteur si peu connu en France alors qu’il  est respecté aux Etats-Unis, et dont les écrits sont subitement devenus à la mode ? Aristocrate de cœur, Tocqueville dérange par son caractère inclassable. Il  est trop  libéral pour les monarchistes et les conservateurs, et trop  aristocrate pour les Républicains. IL  n’appartient à aucun parti ni aucune école de pensée. S’il est considéré aux Etats-Unis c’est grâce à la  puissance de son analyse sociologique et politique. Il n’est ni un prophète ni un doctrinaire, mais un historien et un sociologue et la démocratie n’est pas à ses yeux une cause à défendre mais un état de la société qui peut conduire soit à la liberté, soit au despotisme. Il perçoit avec lucidité à la fois la force du mouvement vers la démocratie que suscite la passion de l’égalité et en même temps les risques de dérives tyranniques ou de désengagement des citoyens qui  peuvent  l’accompagner. Il se reconnait dans les droits de l’homme et les défend en dénonçant le destin tragique fait aux Indiens, en s’engageant pour l’abolition de l’esclavage ou en critiquant le racisme de Gobineau. C’est la liberté qui le conduit à la démocratie et au libéralisme sans renoncer au lien fondamental entre la liberté et la justice et  à l’attachement aux contre-pouvoirs, eux-mêmes antidotes de  la  tyrannie. Pour comprendre que le lien n’est pas évident, le paradoxe historique entre l’Angleterre et la France au XIXème siècle peut nous éclairer : l’Angleterre conservatrice a acclimaté la liberté politique en restant une société de classes alors que  la France révolutionnaire a liquidé la société aristocratique sans parvenir à fonder une démocratie stable, oscillant sans cesse entre le chaos et le césarisme. En résumé : le mouvement vers l’égalité des conditions, s’il est irrésistible n’en dicte pas  pour autant ni les institutions ni le destin des hommes. Chez Tocqueville, la  liberté est la valeur suprême, un mode d’organisation du pouvoir et un principe d’action.  C’est avec cette conception que nous devons impérativement renouer !

Marx est obsolète.

Raymond Aron a éclairé  dans « Essai sur les libertés » les rapports entre la liberté et le développement de  la société industrielle à la lumière des conceptions de la démocratie de Tocqueville et de Marx, ainsi que de l’opposition entre libertés formelles et  réelles. Il montre la supériorité de Tocqueville pour qui la liberté politique, loin d’être formelle, est la question centrale, sur Marx qui voit dans l’exploitation la loi du capitalisme et dans la révolution la condition de l’établissement d’une démocratie authentique. L’histoire du XXème siècle a confirmé ce jugement : pendant que le capitalisme a su se réformer et les sociétés occidentales conjuguer la protection des libertés individuelles avec un haut degré de prospérité et de solidarité, le « soviétisme » a cumulé la  suppression de toute forme  de liberté avec la paupérisation des masses et des inégalités maximales. Ce qui amène Jacques Julliard (certes de gauche mais sans jamais avoir été marxiste) à se poser la question sur son carnet : « Pourquoi Tocqueville  nous est-il si utile, alors que Marx  nous tombe un peu des mains ? ». Pour lui, l’anthropologie marxiste est aujourd’hui une misère. Marx avait donné à la question sociale la dignité d’un problème philosophique majeur. Mais on sait ce que la pratique bolchévique en a fait.  Pire, le  bobo « éclairé » et truqueur d’aujourd’hui a pris la place du prolétaire, le sociétal s’est substitué au social, la lutte contre les discriminations remplace la lutte des classes et « l’intersectionnalité » tient lieu « d’Internationale ». « Les belles âmes occidentales ont leurs pauvres : les musulmans…. » précise Jacques Julliard. Pour lui, Marx, qu’il faut ranger parmi les grands penseurs humanistes de l’Occident, est devenu « inutile et incertain » parce que sa vision de l’homme, son anthropologie sociale est d’un simplisme redhibitoire, tandis que la vision de Tocqueville est d’une vérité  criante. L’opposition repose sur un clivage déterminant : le premier,  influencé  par les libéraux, pense que les hommes sont dominés par leurs intérêts, alors que le  second fait  une place essentielle aux passions. Vaste débat, mais tellement actuel. Le  duopole libéralo-marxiste est mort. Nous n’avons envie ni de la dictature du prolétariat ni de l’intérêt individuel bouffi d’envie et de consommation érigé en principe pour défendre l’autoritarisme et le despotisme politique. C’est en cela que Tocqueville nous éclaire : face à  l’économisme réducteur, il affirme l’autonomie du politique et chante la gloire de la démocratie tout en dénonçant les déviations que constituent la tyrannie de la majorité (suivez mon regard), l’individualisme exacerbé qui laisse chaque citoyen isolé et dépendant à la merci d’un Etat tyrannique et protecteur. Nous nous voyons assignés à résidence par lui selon le sexe, l’origine ethnique, la couleur de peau, en une véritable régression déterministe et racisante (Merci Marlène et Sibeth). Cette mise en tension permanente de la société promeut le populisme. Et voilà le message : la  démocratie ne saurait fonctionner sans le concours de libres associations de citoyens : partis, syndicats, associations, amicales, etc., fondées sur le volontarisme et le consentement, et aussi sans des  pouvoirs déconcentrés dans les différents niveaux de collectivités.

La démocratie n’a  pas encore perdu ! Militez les amis ! C’est plus que jamais nécessaire !

 

 


L’ALERTE DEMOCRATIQUE

Alerte démocratique Baverez002

 

Puisque confinement il y a, il faut bien s’occuper. La  lecture est un bon passe-temps et c’est le  moment de mettre à exécution les intentions souvent repoussées parce qu’on a mieux à faire.

Le dernier ouvrage de Nicolas Baverez est dense. L’auteur s’inquiète de l’explosion populiste, mais pas seulement. Nos démocraties libérales peuvent-elles mourir ? La réponse est « oui ! ». Dans un style parfois aride mais jamais abscons, l’auteur procède par constats implacables, qu’il s’agisse d’énoncer ce qui est grave ou déplaisant ou au contraire ce qui permet d’espérer. C’est un fin analyste des  phénomènes économiques et sociaux et de leurs conséquences politiques. La  formation de l’énarque le conduit à catégoriser et à énumérer les faits avec une logique imparable.  Mais l’humanisme du normalien qui a lu Tocqueville (et en a fait un livre paru récemment) n’est jamais loin. Voilà un prochain sujet de réflexion tout trouvé pour le bloc-notes, puisque  Nicolas  Baverez rejoint Jacques Julliard qui titre l’un de ses articles sur ses « carnets » :  « Obsolescence de Marx, actualité de Tocqueville ».

Une grave crise de la démocratie.

« La démocratie reste très  minoritaire dans le monde. Elle  est prise sous le feu croisé de trois menaces : l’Islam politique qui a partout échoué sauf en Iran où le régime des  mollahs est très contesté, les démocratures qui ont le vent en poupe avec l’exportation du total-capitalisme chinois, et le populisme qui corrompt la démocratie de l’intérieur et constitue le plus grand danger. » Il faut insister sur le ou les « populismes » qui portent, selon Nicolas Baverez, un projet destructeur pour la liberté politique et on en voit l’émergence avec la  « démocratie illibérale »  comme en Hongrie.  On en sous-estime le caractère pernicieux. Celle-ci cantonne l’intervention des citoyens aux élections qu’elle manipule et récuse les contre-pouvoirs, l’Etat de droit, le pluralisme, le respect de la minorité. Deux exemples doivent nous inquiéter : Donald Trump et Boris Johnson. Et l’Europe est au coeur du sujet car elle est la cible privilégiée.

Le produit d’une double rupture économique et sociale.

La crise  de 2008 a été un accélérateur : le krach du capitalisme mondialisé s’est transformé en krach de la démocratie dans la décennie qui a suivi, bien que les ruptures soient plus anciennes. En cause la révolution numérique et la mondialisation qui ont provoqué une polarisation excessive des richesses, la stagnation des revenus pour la majorité de la population et la marginalisation de pans entiers de la société et du territoire, par l’explosion des inégalités. A cela il faut ajouter les  données  proprement politiques liées à l’indigence des gouvernants tels que le désarroi identitaire face au renouveau migratoire, au défi islamiste, à la montée de la violence. Sans parler de la volonté de la Chine de dominer  le monde à l’horizon 2049. Mais le krach de 2008 a été aussi celui du capitalisme de « bulles » et des vices économiques qu’il avait générés comme les  « subprimes ». Il cumule aujourd’hui croissance faible, gains de productivité nuls, dette dont le stock atteint 300 000 milliards de dollars et inégalités record. Un modèle insoutenable. Il faut sortir du capitalisme de rente pour retourner à un capitalisme d’innovation qui remette en ligne le capital humain, financier, culturel et environnemental.

La France a la démocratie la  plus corrompue (malade).

Il ne s’agit pas de la corruption des personnes. Pour Nicolas  Baverez cela veut dire qu’on assiste à une décomposition intérieure par la démagogie. La  France est avec l’Italie, le pays d’Europe le plus exposé à cette dénaturation de la démocratie. Notre pays cumule 40 années de décrochage avec en plus l’onde populiste qui parcourt l’Europe depuis 2016. Et il est particulièrement exposé à cause de son modèle  de développement insoutenable qui associe 1% de la  population mondiale, 3% de la production et 15% de transferts sociaux de la  planète sur fond d’une dette publique qui a dépassé 100% du PIB. La  société est vulnérable avec  la  montée du communautarisme et de la violence alors que les institutions de la Vème République cumulent l’impuissance à réformer et l’étatisme. Quand l’Etat est bien dirigé et le citoyen prospère, tout va bien. Aujourd’hui rien ne va plus parce que l’Etat est paralysé et surendetté et le citoyen atomisé et paupérisé,  livré à des peurs souvent irrationnelles. Les  espoirs suscités  par l’élection de Macron sont rapidement retombés.  Le quinquennat est sorti de route : réformes qui sanctuarisent le secteur publique sans y toucher vraiment, incohérences, impréparation, illisibilité… Résultat d’un pouvoir hypertechnocratique et hypercentralisé, créant un vrai vide politique propice à toutes les  agitations. L’Etat de droit est menacé, or, c’est le pilier de la démocratie avec le suffrage universel. Ses pouvoirs régaliens sont contournés de plus en plus par les réseaux sociaux ou dénaturés par les magistrats eux-mêmes quand ils cèdent à la tentation de substituer leur morale au droit avec la complicité des  médias.

La démocratie libérale n’est pas morte.

On le voit avec les peuples qui se battent pour leur liberté comme à Hong-Kong, à Taïwan, à Istanbul, à Caracas ou à Alger … La  crise du coronavirus va rebattre toutes les cartes,  mais elle nous confirme, après le « big brother » numérique, que le rêve chinois est un cauchemar totalitaire. Ce n’est pas parce que les populismes échouent toujours que leur essor est compromis  pour autant. Cela impose de réinventer notre démocratie !  L’enjeu central du XXIème siècle est à nouveau la liberté  politique !

Mais tout ceci n’est qu’un résumé.  Il faut lire « L’alerte démocratique ».  D’autant plus passionnant que la  crise que nous vivons en direct va rebattre les cartes d’un jeu dont  Nicolas Baverez nous décrit avec précision toutes les cartes.

« L’alerte démocratique »  aux Editions de l’Observatoire.

 


ET MAINTENANT … KRACH, BOUM, HUE !

Planche à billets

 

La plongée des bourses.

Le CAC 40 a terminé la séance de jeudi en perte de 12.45 % à 4 036 points. L’indice phare du palais Breugnard a acté la plus forte baisse en une journée de son histoire. La BCE n'a pas réussi à rassurer, et les investisseurs retiendront surtout cette phrase : « personne ne doit s'attendre à ce que la banque centrale soit la 1ère ligne de défense en temps de crise ». Le CAC 40 a donc connu une chute de 34 % en 16 séances, les plus violentes de l'histoire. En 2008, le décrochage n’avait été que de 25% après la faillite de Lehman Brothers. Hier a aussi pris fin officiellement le cycle de hausse de la bourse américaine le plus long de l'histoire, qui aura duré 11 ans, de mars 2009 à mars 2020. Le Dow Jones a donc clôturé à 23 553 points, en baisse de plus de 20% par rapport à son niveau record du 12 février. Mais cette vague de baisse vient de la situation aux États-Unis : l'administration Trump a  cafouillé et est enfin sortie du déni ; elle commence à reconnaître la gravité de l'épidémie, et peu de temps après que l'Organisation Mondiale de la Santé ait décidé de parler de pandémie, les États-Unis ont décidé de fermer leurs frontières aux Européens (moins les  Anglais, admirez l’hypocrisie), ce qui a été l’élément déclencheur. Les investisseurs sont paniqués et anticipent une année économique « blanche » avec un monde à l'arrêt en 2020, ce dont personne n’est certain. La panique l’emporte pour l’instant.

Les Etats vont intervenir.

Ils ont commencé à agir : baisse des taux, notamment en Grande-Bretagne et le 18 mars à nouveau aux États-Unis ; rachat d'emprunts d'états, mais aussi de dettes d'entreprises par les banques centrales ; report d'échéances de paiements d'impôts et de charges pour les entreprises (annoncés par Macron)… Combien de temps faudra-t-il pour que ces mesures, qui seront de plus en plus massives, s'infusent dans les marchés et calment les investisseurs ? Les 500 personnes les plus riches au monde ont perdu 331 milliards de $ jeudi. Cependant la situation n’est pas comparable à celle de 2008. L’important est de conserver le tissu économique prêt à redémarrer une fois l’épidémie passée. Il n’y a pas de créances pourries comme l’étaient les « subprimes ». Et ça pourrait repartir beaucoup plus vite qu’en 2010. Les finances publiques de certains états vont plonger un peu plus (Nous, on a l’habitude).  Il faudra être sérieux le moment venu. De  même la crise pétrolière est  liée à d’autres facteurs et le virus n’a été qu’un prétexte. L’Arabie Saoudite continue sa manœuvre pour forcer la Russie à signer l’accord sur la réduction de la production, et elle a décidé d’inonder le marché de barils. Il est difficile de croire à un affrontement durable entre l’Arabie Saoudite et la Russie. Les deux pays ont trop à perdre dans ce bras de fer.

Quels scénarios ?

Enfin, que ce soit la Fed ou la BCE, les messages envoyés par les banques centrales, de  manière différente, sont les mêmes : les pouvoirs publics doivent jouer leur rôle pour protéger les entreprises les plus vulnérables et elles seront accommodantes pour ne pas empêcher les conditions d’une reprise. Car il faut s’attendre à des  plans de relance très agressifs, y compris chez les plus endettés. Sur ce plan-là, en France on a des orfèvres de la relance keynésienne. Pour une fois, ils ne seront pas à contre-temps et ils sont toujours les premiers à dépenser l’argent qu’on n’a pas. Pour une fois, on ne s’en plaindra pas. Aujourd’hui on devrait assister à une tentative de rebond dans les bourses. Le CAC 40 est attendu en hausse, tentant de se stabiliser, dans un contexte de crainte de récession mondiale. Si on considère qu’on a atteint le fond, ce qui n’est pas avéré, voici les bases : le Brent se négocie à 34.39 $ le baril contre 33.88 $ hier à la même heure. L'once d'Or est à 1 585.80 $ contre 1 635.70 $ précédemment et la parité euro/dollar est à 1.1172 contre 1.1315 hier dans la matinée (source Fiorentino). La BCE, mine de rien, a quand même ouvert les vannes. Christine Lagarde a été très critiquée mais elle a fait ce qui était raisonnable : baisser les taux d'intérêt maintenant, quand ils sont déjà à zéro depuis près de 4 ans, ne sert à rien. Par contre, soutenir directement les entreprises, et en particulier les PME, en finançant directement leurs dettes est une bonne mesure. La BCE en a donc gardé sous le  pied, au cas où. De son côté, la FED a annoncé qu'elle inondait le marché de liquidités, sans limites. L'argent, quasiment gratuit, coulera à flots pour empêcher les circuits financiers de se gripper. Pour l'instant, les banques centrales font ce qu'il faut. En France, Macron a appelé les Français à s'unir, en respectant les distances, et à résister, tout en ne cachant pas que la situation allait empirer. Il met le pays quasiment à l’arrêt dès la semaine prochaine en fermant écoles, collèges, lycées et universités, et en appelant au télétravail. Voilà une expérience historique : que va-t-il se passer lorsqu'un pays s'arrête ? Nous entrons dans une période d’incertitude qui n’est pas propice au rétablissement de la confiance… Espérons qu’elle ne soit pas trop  longue.

On croise les doigts, aujourd’hui c’est un vendredi 13 !

 


CORONAKRACH

Fin du monde tintin

 

Les bourses ont dévissé brutalement lundi dernier de 8 points. Les signes avant-coureurs s’étaient manifestés  par des replis  significatifs la semaine précédente. Mais cette fois-ci, la panique l’a emporté. Regardons de plus près.

Le coronavirus a été le déclencheur.

Les raisons sont évidentes : des régions entières de la planète sont touchées et principalement les pays développés. A commencer par la Chine, mais aussi la Corée du Sud, l’Italie, La  France et même les Etats-Unis… Des régions et même des pays entiers sont en quarantaine, des pans entiers de l’économie mondiale sont à  l’arrêt.  L’épidémie est  mondiale  et crée de l’incertitude économique, justement ce que les marchés détestent le plus. Conclusion : on a effacé lundi toute la hausse de 2019 et de 2020. On était à 6 111 au plus haut le 19 février 2020, on est retombé à 4 730 (4 731 c'était la clôture du CAC le 31 décembre 2018 !!!). Plus de 20% de baisse, … pour commencer.

Un terrain fragile.

La crise du coronavirus arrive à un moment où l'économie mondiale était déjà affaiblie, en ralentissement. La Chine avait fortement freiné avant l'épidémie. L'Allemagne était au bord de la récession, comme le Japon, deux pays touchés par la guerre commerciale. Les prévisions de croissance pour 2020 étaient médiocres, les experts annonçaient même un premier trimestre « blanc ». Aujourd'hui, on anticipe un semestre, voire une année blanche. Les pays les plus touchés par l'épidémie comme la Chine, l'Italie, et l'Iran vont inévitablement basculer dans la récession, suivis par le reste du monde, déjà fragilisé, et des pays comme l'Allemagne, vont également basculer. C’est pourquoi Eric Woerth annonce une crise économique. Alors tous les regards se tournent vers les États-Unis, dernier ilôt de croissance. Trump avait annoncé les  mesures qu’il comptait prendre après la  baisse des taux directeur de 0,5% qui n’ont pas empêché la   panique boursière, mais rien ne vient pour l’instant. Les chiffres de l'emploi de février, publiés vendredi, étaient spectaculairement bons, mais l'épidémie a touché les États-Unis et plus personne n'ose faire de prévision d'impact sur la croissance du pays.

Le krach pétrolier.

La Chine tousse et tout est déréglé. Mais pas seulement. Le pris du pétrole s'est effondre de 30%, en une seule journée, au-dessous de 30$. La baisse de la demande entrainant une augmentation de l’offre conduisait à une baisse. Aussi, l'OPEP s'était entendue pour réduire drastiquement la production de pétrole pour soutenir les cours, mais la Russie a refusé l'accord. En représailles, l'Arabie Saoudite a donc décidé de baisser brutalement ses prix et d'inonder le marché de pétrole. Avec un double objectif : d’abord obliger la Russie à accepter des nouveaux quotas de production, puis pousser les entreprises américaines du pétrole de schiste surendettées à la faillite pour éliminer pendant quelques années cette concurrence. Une manière de punir Trump de ne pas avoir réagi à l’attaque de l’Iran sur les réserves de pétrole saoudiennes ? L'Arabie Saoudite parie qu'elle peut supporter l'effondrement des cours mais que ni la Russie, ni les producteurs américains de pétrole de schiste, eux ne pourront résister.

Retour sur terre pour les investisseurs.

Et oui, ça n’est pas tout. Une crise peut être salutaire. Depuis le temps qu’on annonçait une correction boursière du fait de la décorrélation entre le niveau des bourses et l’économie réelle. La crise du coronavirus a donc été un choc de réveil : les investisseurs sont sortis de leur hallucination et ont découvert la réalité des problèmes structurels qui touchent l'économie. Et en particulier la tendance déflationniste majeure liée à la démographie, la technologie et la révolution sociétale (aspiration à la déconsommation et à la décroissance). Cela fait des mois que les investisseurs se berçaient d'illusions. Tous pensaient que la bourse ne pouvait pas baisser à cause de l’absence d'alternatives aux actions avec les taux bas ou négatifs et que les banques centrales garantissaient la hausse de la Bourse du fait de leurs injections de liquidités au moindre signe de baisse. Un optimisme béat mêlé à l'appât du gain qui a mené à des excès. Mais pour comprendre l’ampleur du choc, il y a aussi un autre paramètre qu’il ne faut  pas négliger, c’est la gestion dite « passive » qui est devenue prépondérante. La gestion « algorithmique » par les « machines », exagère les tendances et jusqu’à maintenant, personne ne s'en inquiétait puisque la tendance était à la hausse. Sauf que, elles exagèrent aussi les tendances à la baisse !  C’est ce qui s’est passé sur les marchés.

Panique boursière, krach pétrolier, investisseurs échaudés, dettes énormes… Tous les ingrédients sont réunis pour déclencher une crise économique mondiale avec ralentissement de la production et son cortège de faillites et de chômage, ralentissement des échanges et donc baisse du commerce mondial… Une crise qui tombe à pic pour Bruno Le  Maire. La France avait épuisé tous les effets de la dernière relance par la consommation et les perspectives  2020 étaient mauvaises. Il se demandait bien comment il allait pouvoir relancer, alors que la Cour des Comptes venait de l’accuser de ne rien faire pour réduire les déficits. Il a un  prétexte tout trouvé. Pour le reste, ne soyons pas trop pessimistes. Nous verrons ce qu’il en est dans une prochaine note.

 


L’ECONOMIE DE PARKINSON.

Ena

 

Il  parait que la France va mieux et que tous les voyants sont au vert. C’est une vision de daltonien. C’est vrai  que facialement on  pourrait avoir cette impression d’amélioration : baisses d’impôts, baisse du chômage,  record de créations d’entreprises, louange sur l’attractivité qui attire les capitaux… Ce sont en fait quelques arbustes qui cachent la forêt. Les Français ne perçoivent  pas vraiment ce mieux parce qu’il repose en grande partie sur une illusion. Un Etat en déficit ne peut alléger la fiscalité  sans faire des victimes, ainsi les baisses d’impôt de cette année sont financées par les retraités, par les jeunes et par de la dette. La réalité c’est que la France continue de s’appauvrir  parce qu’elle ne produit pas suffisamment de richesse et continue de vivre au-dessus de ses  moyens. Le système en place fabrique même de la pauvreté, car la redistribution massive ne fait que pallier les inégalités, elle ne les corrige pas. Et la France détient toujours le record du monde des prélèvements obligatoires !

La  loi de Parkinson.

La loi de Parkinson pose que tout travail au sein d'une administration augmente jusqu'à occuper entièrement le temps qui lui est affecté. Elle concerne en particulier la multiplication inéluctable des fonctionnaires, évaluée à 6% l’an … A tel point qu’un service qui s’arrêterait continuerait de produire pendant quelques semaines les circulaires habituellement programmées. C’est naturellement une caricature. Appliquée à l’économie, c’est l’idée d’un éternel recommencement des mêmes procédures. Le gouvernement est parvenu à relancer la croissance par l’augmentation du pouvoir d’achat  obtenue par une stimulation de la  consommation des ménages (en gros) : en 2018 1,7%, et en 2019 1,2% du PIB. L’année dernière, il a donc réussi à augmenter le PIB d’environ 28 milliards d’euros. Pour y arriver, il a distribué 17 milliards d’euros aux ménages, réduit  la taxe d’habitation pour 4 Français sur 5, et fait basculer le CICE en réduction des cotisations patronales (environ 20 milliards supplémentaires ajoutés au coût du CICE de 22 milliards)… Une lourde facture donc. A laquelle il faut ajouter le déficit du commerce extérieur de 59 milliards d’euros, car quand on augmente la consommation, on augmente parallèlement le déficit de notre balance commerciale. D’autant plus qu’une partie des 17 milliards a été financée par la Sécurité sociale, sans compensation par l’Etat, la faisant renouer avec le déficit. Faites le calcul vous-mêmes : malgré l’augmentation de son PIB, la France s’est appauvrie.

Keynes a la vie dure.

Ce mécanisme de relance par la consommation et la « redistribution », nous le connaissons bien. En 2018,  les retraités avaient fourni comme matière première  l’augmentation de la  CSG, soit 22 milliards d’euros… Mais à chaque cycle, on s’appauvrit un peu plus. Cette conception repose sur une idée fausse : l’Etat serait capable de créer du pouvoir d’achat,  autrement dit de la richesse économique. Il ne peut en réalité que la redistribuer, suivant les prescriptions d’économistes (dont Thomas Picketty) qui recommandent d’accroitre la redistribution en taxant les patrimoines et les hauts revenus.  Mais  ces recommandations ne sont pas adaptées à la situation française, en raison de son niveau élevé de fiscalité et de la possibilité d’évasion. Fort taux de prélèvement et hausse continue des dépenses sociales ont fait chuter la croissance structurelle autour de 1%. Si la France est le pays qui bat les records de prélèvements obligatoires avec plus de 1 000 milliards d’euros, c’est aussi celui qui a le taux de pauvreté le plus élevé avant impôts et transferts. Qui ne voit que les deux vont ensemble. C’est le résultat du cercle vicieux : on prélève toujours plus sur les riches et les aisés pour améliorer le sort des plus défavorisés, et comme la richesse disponible globale à tendance à diminuer, il faut compléter le dispositif fiscal déjà à son maximum, par du déficit de l’Etat (92  milliards en 2019, 93 milliards prévus pour 2020) et de la dette (on est à 100% du PIB). On appauvrit tout le  monde. Avec , plus grave, un effet de laminage des classes moyennes qui sont le  socle de la démocratie. Car, évidemment, bien que le gouvernement ait annoncé des baisses d’impôts pour 2020, les recettes continuent d’augmenter, par le biais d’un rendement accru et de diverses mesures techniques comme la non-indexation du barème sur l’inflation. Résultat : Les Français acquitteront 75,5 milliards d’impôts sur le revenu en 2020 au lieu de 72,6 milliards en 2019. La  bataille pour le pouvoir d’achat est devenue un jeu à somme nulle entre Français dont l’Etat-arbitre tient le curseur !

La championne de la pauvreté.

Certes, nous sommes le pays qui réduit le plus le taux de pauvreté  grâce à la fiscalité, exactement de 27,2 points. Mais il est encore à 14,3% après redistribution, et malgré cela, le nombre de pauvres continue d’augmenter. Cette situation résulte de la conjonction de plusieurs dysfonctionnements : un marché du travail qui exclut toujours de l’emploi, un système éducatif qui reproduit les inégalités, une formation professionnelle particulièrement inefficace. Nous sommes les champions des dispositifs qui enferment leurs publics dans la précarité. Les réformes menées sont restées bien trop superficielles. Mais le fond du problème réside dans la chape fiscale qui pèse sur l’économie. Il y a au gouvernement des personnes qui en sont conscientes, mais les marges de manœuvre sont bien trop étroites. Les mesures d’allègement qui ont été prises ne sont que des ajustements rendus nécessaires par la conjoncture : il fallait redonner un peu d’air à nos entreprises pour diminuer leur handicap de compétitivité. Enfin, les principales mesures qui ont été décidées concernent la financiarisation de l’économie : suppression de l’ISF, taxation du patrimoine avec l’IFI, flat tax de 30%... Elles ont rendu la France attractive pour les capitaux étrangers (8 milliards annoncés avec « Choose France »), accroissant, avec la dette, notre dépendance économique. C’est la vision « néo-libérale » de notre Président, par ailleurs gauchiste et libertaire sur le plan sociétal, pour maintenir la France dans la « globalisation ». Les capitaux français sont à la peine, devinez pourquoi ? Pour le reste Ségolène se trompe, il n’est pas libéral,  mais social-démocrate : la réforme des retraite en porte tous les stigmates, comme le dit très bien Jean-Louis Bourlanges, « de gauche, étatiste et égalitariste » ! Et hypertechnocratique !

Un nouveau cycle pour 2020 ?

Le PIB a baissé de 0,1% au 4ème trimestre 2019. On sait pourquoi. Du coup la croissance de cette année va s’en ressentir d’autant plus que le contexte européen est au ralentissement et la crise du coronavirus chinois ne devrait rien arranger. Quand la Chine tousse, le monde s’enrhume. La  consommation des ménages a ralenti et l’investissement en construction et en travaux publics a freiné en toute logique avant les  « municipales ». Par contre, ce qui est  préoccupant, c’est le coup d’arrêt du côté des entreprises, quant à la production industrielle, elle a reculé de 1,6% au 4ème trimestre, et même franchement plongé en décembre. On est déjà au bout du cycle de relance promu en janvier 2019. Il y a fort à craindre que l’embellie sur le front du chômage ne soit que passagère. La dynamique pour 2020 est donc en panne. Bruno Le Maire en est resté à la méthode  Coué : « ce ralentissement  passager ne remet pas en cause les fondamentaux de la  croissance française qui sont solides ». Il n’a pas dû bien lire sa note de conjoncture. On est sur une trajectoire à 0,9% de croissance du PIB pour 2020. Ce qui veut dire que pour tenir ses  objectifs, le gouvernement devra faire une nouvelle relance. Avec quoi ? Déjà les retraités vont avoir perdu au moins 5% de leur pouvoir d’achat, et les « aisés » en ont ras-le-bol d’être mis à contribution.

 « Avancer… en reculant » serait-il la marque du macronisme, comme le suggère Luc Ferry.

 


QUE NOUS RESERVE 2020 ET APRES ?

Fin du monde tintin

 

Je ne vais pas tenter de vous faire croire que je possède une boule de cristal ou que je lis dans le marc de café. J’ai beau avoir quelques réminiscences de culture gréco-romaine, je ne sais pas pour autant jouer les augures ni interpréter les auspices, pas plus que je n’ai sous la main la Pythie de Delphes pour consulter ses oracles… Bref, tout ça pour vous dire que je m’en suis tenu benoitement à une compilation des avis parus ici et là en ce début d’année. Avec une constante quand même : alors que le pessimisme prévalait début 2019, la fête boursière avec un indice qui a bondi de 25% sur l’année, conduit aujourd’hui à l’euphorie sur les marchés.

Politique et banques centrales.

Rien ne semble avoir prise sur l’impact des politiques d’aisance monétaire menée par les banques centrales. Marc Fiorentino le constate : « Aucun événement politique majeur n’a eu d’impact durable depuis que les banques centrales ont inondé les marchés de liquidités gratuites ou à taux négatifs,  ni l’élection de Donald Trump, ni le Brexit, ni, plus récemment, les attaques sur les infrastructures pétrolières saoudiennes ou encore la procédure de destitution de Trump. Rien ne peut gâcher la fête sur les indices boursiers. » Les jours qui viennent vont constituer un test important pour les marchés en 2020. Nous allons savoir s’il faut définitivement ignorer les événements politiques et géopolitiques majeurs et si la puissance des banques centrales est telle que les « cygnes noirs », sont pulvérisés dès leur apparition. Et il ne va pas en manquer : Trump qui a endossé l’uniforme de chef de guerre a frappé au cœur du régime iranien. Il y aura des représailles qui passeront par l'intermédiaire des multiples milices financées par l’Iran dans la région. Et il faut s’attendre au pire puisque en représailles des représailles Trump a menacé de frapper 52 cibles iraniennes. « 52, comme le nombre des otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran en 1979 », a-t-il dit. On aura aussi du nouveau du côté du Brexit…

Les songes d’Attali.

Il ne s’agit pas de l’héroïne de Racine, mais de Jacques. Dans sa chronique hebdomadaire des Echos, il nous livre une liste de 12 événements improbables auxquels il faut néanmoins se préparer. Il appuie son raisonnement sur les événements surprises survenus depuis 2010, dont l’un des plus significatifs fut l’élection « d’un total inconnu à la présidence de la République française »… Je vous livre cet inventaire sans développer : en 1. Le plus « sympathique », l’effondrement du système financier mondial sous les coups d’une très grande crise financière (il n’est pas le seul à y penser) 2. Un tir de missile balistique nucléaire de la Corée du Nord vers Tokyo, ou Washington 3. La dislocation de l’Eglise catholique (ça c’est plus original) 4. L’invasion d’un des pays baltes par la Russie, suivie d’aucune réaction des Etats-Unis 5. La constitution d’un nouveau califat islamique de la Lybie au Nigeria 6. L’élection en France d’une présidente de la république d’extrême-droite (on n’y est pas encore) 7. La victoire à l’élection présidentielle américaine d’une femme sociale-démocrate et écologiste 8. Des découvertes majeures permettant la guérison des cancers les plus résistants 9. Une prise de conscience écologique planétaire avec un prix mondial du carbone à 100 dollars la tonne 10. Une charte contraignante édictée par les 50 plus grands fonds d’investissement du monde pour ne plus investir que dans les entreprises durables 11. Des révolutions démocratiques victorieuses en Russie, en Turquie ou en Chine 12. Des œuvres d’art et de nouveaux courants artistiques changeant notre regard sur le monde. C’est une liste à la Prévert, j’en conviens. Je vous laisse le soin d’imaginer les développements, c’est plus romanesque.

Le regard de Nicolas Baverez.

Voilà un économiste sérieux. Certes, il verse facilement dans le pessimisme, mais les temps y prédisposent. Il analyse le cycle de démondialisation auquel nous assistons sous la poussée des populismes, qui explique le contexte économique beaucoup plus dur, marqué par une diminution de la croissance et des emplois ainsi qu’une hausse des risques politiques et financiers. Pour lui, l’abandon de toute discipline monétaire et budgétaire (les deux vont ensemble), dans les grands pays développés renforce la probabilité d’un nouveau krach. Il prédit que les années 2020 seront placées sous le signe de la crise de la démocratie représentative et du regain (déjà en cours) des nationalismes. Car l’échec économique des populistes n’arrive pas à remettre en cause leur capacité à arriver au pouvoir et même à s’y maintenir, profitant de la déstabilisation des classes moyennes ou de la polarisation des territoires, des désarrois identitaires et de la montée de la violence… Triste tableau. L’antidote au national-populisme, c’est le patriotisme et la liberté. Encore faut-il le mettre en œuvre.

A vous de faire votre opinion.

Allez, une bonne nouvelle pour terminer, comme quoi rien n’est impossible : la Grèce où la bourse d'Athènes triomphe des indices boursiers mondiaux avec 52% de hausse. Et elle emprunte à des taux plus bas que l'Italie. Hé, Hé ! Et Carlos Ghosn qui s’évade du Japon, c’est pas un joli pied de nez ? Pendant ce temps-là, nous, on concocte une réforme des retraites qui se voudrait universelle et juste et qui ne sera ni universelle, ni juste…

Bah, le principal n’est-il pas d’être en bonne santé !

 

 


LA GUERRE DU PROTECTIONNISME

Donald Trump

 

Il ne suffit pas de tenir un discours qui plait politiquement, encore faut-il qu’il tienne ses promesses. Dans la guerre commerciale qu’il mène face aux Chinois et même à ses alliés européens, Trump a multiplié les mesures protectionnistes, par souci de plaire à ses électeurs : elles ne leur ont pour l’instant produit que des désagréments. La vérité, c’est que malgré l’apparente bonne tenue de l’économie américaine, Trump a perdu la bataille du protectionnisme.

Perte de pouvoir d’achat.

« L’ensemble des mesures protectionnistes décidées par Donald Trump depuis son élection ont provoqué une perte de pouvoir d’achat de 51 milliards de dollars pour les consommateurs américains », nous assure Eric Le Boucher dans les Echos, s’appuyant sur les calculs d’économistes éminents, ce qui correspond à une perte de 0,3% de PIB. En contrepartie, les barrières tarifaires n’ont produit que 7 milliards de gains pour les producteurs américains qu’elles sont censé protéger. Plus grave pour lui, ce sont les cultivateurs américains exportateurs qui ont été pénalisés par les mesures de rétorsions. Ainsi la Maison blanche a dû leur accorder un plan d’aide de 12 milliards … Bref, les consommateurs américains ont vu les prix augmenter et les producteurs n’ont rien gagné.

Perte de compétitivité.

Les géants américains ont perdu en compétitivité par l’importation de pièces détachées plus coûteuses. Dans le même temps, certaines firmes étrangères se sont implantées, suivant la nouvelle tendance de l’économie qui veut que l’on produise là où on vend pour éviter d’émettre du CO2 en transport et se mettre en concordance avec l’esprit écologique du moment. C’est bien parce que Trump est sur la défensive qu’il change constamment d’adversaire et cherche à paralyser l’OMC en bloquant le fonctionnement de l’ORD, l’instance d’appel du règlement des différends, contestant son caractère supranational. Une attitude d’autant plus incompréhensible qu’elle a rendu de nombreux arrêts favorables aux Etats-Unis. C’est aussi pour détourner l’attention qu’il fait une proposition jugée inacceptable en ce qui concerne la taxe mondiale sur le numérique  qui se négocie à Riyad avec 134 pays : il s’agirait ni plus, ni moins, de rendre le nouveau régime fiscal mondial non obligatoire mais en option pour les entreprises, américaines en l’occurrence. « Inacceptable », a jugé Paris, à juste titre. En gros, pour « mes Bafa » tout est permis. Une position de Matamore.

L’arme politique factice.

La guerre commerciale est très difficile à gagner, mais elle reste une arme politique facile à manier. Le Président américain multiplie les allers-retours, imposant des droits de douane un jour, les suspendant le lendemain, change de front constamment en restant pro-actif, menaçant l’Europe quand les négociations avec la Chine s’enlisent… Mais en réalité les électeurs de Trump ne sont pas si contents. L’an passé, pour les élections du "mid term" les Républicains ont perdu 5 sièges dans les « comtés républicains » où les effets négatifs du protectionnisme frappent particulièrement les agriculteurs. 15 sièges supplémentaires ont été perdus  avec la suppression de « l’Obamacare » qui a atteint nombre de « petits blancs » : la fidélité des électeurs ne dure que tant qu’ils ne sont pas touchés eux-mêmes. La politique populiste est bonne dans les discours électoraux, dans les faits elle n’obtient aucun des buts qu’elle affiche, et peut même blesser ceux qu’elle a séduits.

La trêve avec la Chine.

Pékin a toujours un temps d’avance dans le maniement du temps. Alors que Trump se débat à coup de tweets démagogiques exagérés pour se faire réélire l’an prochain, Xi Jinping a le temps d’attendre que les présidents passent, et il peut se contenter de négocier quelques broutilles. Sa stratégie de conquête des « routes de la soie » n’est même pas atteinte par la guerre commerciale. Néanmoins, les barrières douanières érigées par Trump ont eu des effets sur la croissance de l’empire du milieu. Les belligérants ont donc décidé de faire une pause. La Maison Blanche a crié victoire à son habitude. Les 160 milliards de dollars supplémentaires de produits chinois importés qui étaient menacés de droits de douane, seront épargnés, en échange d’achats de produits agricoles US, notamment de soja et de porcs ( en raison de la crise porcine chinoise) pour 40 milliards de dollars en 2020. Vu de Pékin, « l’accord de la phase 1 » conclu avec Washington est présenté comme une victoire, arrachée sans faire de concessions majeures, ce qui est réel. C’est vrai que les taxes, toujours maintenues, imposées sur 450 milliards de produits chinois ont fini par se faire sentir sur les flux commerciaux. Mais l’effet tangible des tarifs douaniers reste limité pour les entreprises chinoises qui se sont relocalisées ailleurs en Asie du Sud-Est. Le problème tient davantage dans la fragilité de l’économie chinoise et c’est ce constat lucide qui explique la volonté du régime chinois d’obtenir une trêve commerciale avec Washington. Les deux parties y avaient intérêt. Pour la suite, « la phase 2 », rien n’est assuré. Tout le monde sait bien que la rivalité géostratégique et technologique entre les deux premières puissances mondiales n’est pas prête de s’éteindre. Le match ne fait que commencer.

Une bonne santé artificielle.

Aux Etats-Unis, le marché de l’emploi est toujours dynamique : il a créé 266 000 postes en novembre contre 182 000 attendus. Le taux de chômage est tombé à 3,5%, un plus bas en 50 ans. Mais c’est peut-être l’arbre qui cache la forêt. C’est une croissance aux pieds d’argile. Elle repose sur un endettement massif des consommateurs profitant des taux bas. Les bulles financières se multiplient et rappellent de mauvais souvenirs. Les fondamentaux de l’économie américaine ne sont pas bons : l’endettement massif de l’Etat, le déficit abyssal du commerce extérieur, la difficulté de l’Etat fédéral à boucler ses fins de mois en sont les signes les plus visibles. Malgré la tentative de la Fed pour reprendre le contrôle, le laxisme budgétaire et le foisonnement des activités financières échappant à toute régulation se trouvent au cœur des dérèglements d’un capitalisme qui conjugue multiplication des rentes et des inégalités, surendettement et économie de bulles. En effet, c’est Trump qui a supprimé la règle « Volcker » qu’il trouvait trop contraignante, lui permettant ainsi d’engager une nouvelle phase de déréglementation à travers l’expansion de la finance de l’ombre et l’émergence anarchique des cryptomonnaies. Si Trump était réélu, les Américains pourraient ensuite le payer chèrement.

L’expérience nous a, en effet, enseigné que les épisodes d’argent gratuit s’achèvent toujours par des krachs dévastateurs !

 


LA FILIERE NUCLEAIRE DANS L’IMPASSE ?

Epr

 

Mais que se passe-t-il avec la construction de l’EPR de Flamanville ?

Aujourd’hui, plus personne ne semble maîtriser ni l’agenda, ni les coûts du chantier, et l’on peut compter sur les écolos pour contribuer à saborder définitivement le projet. Heureusement on n’en est pas encore là. EDF ira certainement au bout, mais 12 milliards d’euros ont déjà été engloutis pour un devis initial de 3,5 milliards !  Ce qui est en jeu est bien plus grave : c’est l’avenir du réacteur de nouvelle génération que les retards de Flamanville compromettent. Or c’est un outil dont la France a grand besoin pour remplacer d’ici les 15 prochaines années le parc des réacteurs actuels que le « grand carénage » va prolonger à une soixantaine d’années d’exploitation. Car les écolos ne nous feront pas croire à l’alternative généralisée des énergies renouvelables qui se ferait au prix d’une augmentation colossale du coût de l’énergie.

Une catastrophe industrielle.

L’histoire de la construction de l’EPR est édifiante de la gouvernance politique des dix dernières années : la guerre entre EDF et AREVA, le mensonge de Flamanville, les pertes de compétences… et la pression constante des écologistes. En 2006, AREVA vend un EPR à la Finlande. Pour ne pas laisser  le marché  libre à son concurrent, EDF s’engage à construire un EPR à Flamanville pour 3,3 milliards d’euros et programme un chantier sur 54 mois. Un énorme mensonge que l’Etat avale. Irréaliste, surtout que les pertes de compétences ont rendu le pari totalement impossible : depuis  le début des années 90, l’électricien n’avait plus construit de centrale nucléaire (dernière en date Civeaux, 1991). Entre temps, il a perdu les capacités de maîtrise d’ouvrage et surtout les soudeurs hautement spécialisés pour lesquels il a fallu recourir à des entreprises étrangères. La crédibilité du nucléaire français en est profondément affectée. En 2018, 8 soudures de haute technologie défaillantes sont découvertes reportant le retard à 2022 après une liste de contretemps déjà impressionnante. Pour arranger les choses, depuis 2007, l’énergie est une compétence partagée entre le ministère de la Transition énergétique et le ministère de l’Economie. L’Etat actionnaire ne parle plus d’une seule voix et l’arrivée de Hollande à l’Elysée n’a fait qu’aggraver les choses avec des promesses de campagne, comme la fermeture de Fessenheim et la réduction de moitié de l’apport de l’énergie nucléaire, se sont révélées insoutenables. La catastrophe de Fukushima a fait le reste, en rendant l’ASN (Agence de Sureté Nucléaire) quasi paranoïaque.

Le temps est compté.

L’Elysée reste le décideur ultime. Fidèle à son habitude, le Président se garde bien de donner une direction claire et assumée. Certes, le retard d’entrée en production de Flamanville ne permet pas d’avoir un retour d’expérience sur le prototype. La décision de construire une flotte d’EPR devait être prise en 2021. La question sur la compétitivité risque donc de rester entière et rend aléatoire la relance d’un programme nucléaire de grande ampleur. De son côté EDF veut emmener l’ensemble du parc actuel jusqu’à 50 ans, et même pour certains réacteurs jusqu’à 60 ans, moment où une flotte d’EPR devrait prendre le relais. A condition que la décision soit prise en temps utile. EDF est certaine que les travaux de mise à niveau permettront aux centrales actuelles de se rapprocher des standards de sécurité les plus élevés tout en permettant de produire de l’électricité dans de bonnes conditions économiques. Fessenheim qui doit fermer l’année prochaine est considérée comme la plus sûre du parc et devrait voir sa vie encore prolongée du fait du retard de mise en service de Flamanville qui devait prendre le relais. Par ailleurs, notre électricien national continue de vouloir exporter sa technologie, notamment en Inde, sans parler du contrat avec les Anglais. Le géant français jouit encore d’un statut qui n’est pas contesté en matière de référence dans le domaine de l’atome.

L’espoir vient de Chine.

Le comble, c’est que les Chinois, eux, ont réussi avec leur EPR. La centrale de Taishan fonctionne à plein régime depuis sept mois ; elle a été construite avec une cinquantaine d’ingénieurs d’EDF présents en permanence sur place. Une coordination exemplaire saluée par les Chinois : la centrale a été portée par une coentreprise entre le chinois CGN (51%), EDF (30%) et un provincial Yuedian (19%). Le second EPR est presque terminé. A Paris, le chœur des voix discordantes continue a capella : tandis que Bruno Le Maire souhaite s’affranchir de la mise en service de Flamanville pour prendre la décision d’un nouveau programme nucléaire, Elisabeth Borne, de son côté, campe sur cet enchaînement : d’abord Flamanville puis décision…. Ce qui reporterait le projet de la construction de 6 EPR au mieux à 2023 ou 2024. Aucun arbitrage présidentiel n’a été rendu sur le sujet. Il est vrai que le Président a d’autres chats à fouetter en ce moment. Et pourtant, s’il y a bien un enjeu crucial, c’est bien celui-là. La France sera-t-elle demain toujours un pays nucléaire, quand la Chine construit 11 autres réacteurs ? La réponse est éminemment politique. Le fait que le gouvernement ait discrètement mis fin au programme ASTRID de recherche sur le surgénérateur ne rend pas optimiste. L’arbitrage à rendre entre le nucléaire et les autres sources de production d’électricité, c’est maintenant ! C’est la sécurité énergétique des générations futures qui l’exige. Il est encore temps de remobiliser une filière industrielle qui connait des déboires mais qui a les moyens de redevenir le fleuron qu’elle a été. En choisissant de l’abandonner, la France s’engagerait définitivement sur le chemin du déclin. Il faudrait d’autant plus de courage politique que les « vents écologiques » sont très défavorables, avec leur capacité de désinformation phénoménale.

Mais du courage, en a-t-on seulement encore une parcelle en haut lieu ?

 

 


LES CIGALES ET LES FOURMIS

Cigale_fourmi

 

Publication hier d'un rapport de la Commission Européenne.

Plutôt sévère : il dénonce les pays qui ne jouent pas le jeu, qui augmentent leurs dépenses publiques, qui augmentent leurs déficits. Evidemment, qui est aux premières loges ? Vous avez deviné : La France… et l’Italie, suivies de près par l'Espagne. Un rappel à l’ordre à juste titre au moment où le gouvernement français est tenté d’ouvrir les vannes des « cadeaux de Noël », autant de sparadraps sur des jambes de bois, pour tenter d’éteindre le feu social qui menace d’exploser, et cela en continuant de creuser les déficits et la dette à tours de bras.

La cigale Macron.

L’exécutif n’en finit pas d’ouvrir son carnet de chèques, depuis la fin 2018, et la liste est longue des gestes coûteux : revalorisation de 40 € par mois pour les policiers suivie du paiement d’une partie des heures supplémentaires, désocialisation des heures supplémentaires, smic revalorisé de 100 €, baisse de la CSG des retraités modestes, prime exceptionnelle de fin d’année défiscalisée, baisse d’impôts de 5 milliards d’€ pour 17 millions de contribuables … 17 milliards de dépenses publiques supplémentaires. Et ça continue avec l’hôpital public et les infirmières. Non pas que ces ajustements ne soient pas nécessaires, ils témoignent surtout de l’incohérence et de l’incurie de l’Etat qui se révèle par ailleurs, incapable de la moindre économie, alors que les Régions gérée par la droite montre que c’est possible si on veut s’en donner la peine. Et comme toujours, ces efforts seront jugés comme « trop peu, trop tard » par ceux qui vont en bénéficier, ce qui n’est pas faux non plus.

L’écart avec les fourmis grandit.

A force de faire des mauvais choix économiques, la France continue de s’enfoncer au lieu de se redresser. Loi de finances après loi de finances, ses objectifs de réduction du déficit sont revus à la baisse. Des renoncements redoutables quand on mesure l’ampleur du drame : 100 milliards de trou pour des recettes évaluées à 400 milliards : 25% ! Voilà une autre manière moins aseptisée d’évaluer la douloureuse que les 3% du PIB. Le quinquennat de Macron a commencé comme celui de Hollande : un choc fiscal  de 20 milliards d’euros avec l’augmentation de la CSG qui a enrayé la croissance et qui fait que malgré la relance budgétaire, elle se traîne. Celui de Hollande avait été de 32 milliards rien que pour les ménages et avait plombé l’économie pendant trois ans. Ces choix conduisent à faire tourner l’économie artificiellement et à l’envers en encourageant le cercle vicieux : hausse de la dépense publique-hausse des prélèvements- moins de compétitivité-moins de croissance- détérioration de la balance du commerce extérieur- augmentation de la dette- plus de pauvres … Rappelons que la relance, (justifiée, elle) de Nicolas Sarkozy en 2009, avait rapporté 1€ de croissance pour 3€ dépensés, selon la Cour des Comptes. Il ne peut pas y avoir de retour à une croissance durable et solide sans assainissement préalable des comptes en dépensant moins. Chaque cycle de prélèvements pour relancer le pouvoir d’achat nous appauvrit un peu plus. La France a perdu toutes ses marges de manœuvre, et Macron en est à vilipender la règle des 3% qu’il considère comme d’un autre siècle. Mais comment ont donc fait les Pays-Bas, l’Allemagne et d’une manière générale nos partenaires d’Europe du Nord ?

Le salut économique ne viendra pas des autres.

Depuis plusieurs mois, Bruno Le Maire fait une fixation sur nos voisins allemands. C’est que la France « locomotive de l’Europe », ça pourrait faire rire outre-Rhin, même si la Germanie frôle la récession. C’est que l’Europe, dotée d’une politique monétaire commune, sans véritable budget partagé, est bâtie sur un déséquilibre. Bruxelles aurait aimé que les pays dotés de budgets en équilibre mènent une politique davantage expansionniste, pendant que les autres redressent leurs comptes.  Sauf que l’appel de Bruno Le Maire, qui irait dans ce sens, tombe à plat : la légitimité de Paris à demander à un voisin de s’endetter pour aider les mauvais élèves ne tombe pas sous le sens. Car pendant que nous passons notre temps à jeter l’argent par les fenêtres –les Gilets jaunes ne réclamaient pas 17 milliards d’€- les divergences se sont accentuées avec l’Allemagne et son énorme excédent des comptes courants. Si ce fait a pour effet de plomber la compétitivité des autres états, cela leur permet néanmoins de vivre à l’abri d’une monnaie solide qui permet... d'emprunter à bon compte. Compte-tenu du climat interne allemand, les discussions sur le sujet de l’investissement devrait davantage répondre à l’équation nationale croissance-emploi qu’à celle d’une relance européenne en répondant aux appels du pied des Français.

« Que faisiez-vous aux temps chauds … ? »

 

 


UN ETAT IMPREVOYANT ET IMPECUNIEUX

Dette publique

 

Mathieu Laine a beau nous vanter les mérites de la Macronie dans le Figaro d'avant-hier, lui et moi nous ne vivons pas sur la même planète. Macron serait le grand réformateur indépassable qui aurait osé faire ce que ni la droite ni la gauche n’ont jamais réussi ou voulu : en effet il a baissé l’impôt sur le revenu en en  augmentant les recettes, il a aboli la moitié de l’ISF et plafonné la taxation du capital en bon néo-libéral libertarien pour favoriser la planète financière déconnectée de l’économie réelle, il a réformé la SNCF, parce qu’il ne pouvait pas faire autrement, il a assoupli le droit du travail, si peu, et arraché l’école au pédagogisme, mais pour combien de temps, avec à la clé une réforme du baccalauréat qui consacre l’affaissement du savoir. Il a supprimé la taxe d’habitation, à quoi personne n’aurait songé tant c’est une lourde  erreur qui porte atteinte à l’autonomie des collectivités locales. Quant au puissant mouvement régalien et républicain qu’il aurait lancé et que M. Laine nous annonce, à part les discours et quelques gesticulations, on se demande bien où il se niche. En matière de reniement, le macronisme empêtré entre ses députés de droite et de gauche d’accord sur rien   - une démission tous les deux mois, encore une cette semaine- n’est pas en reste : le grand « plan d’investissement » de 57 milliards d’euros est complètement enlisé, la réforme des retraites n’en finit pas d’agonir. Et le courage, face aux gilets jaunes, parlons-en : tout le monde a vu un président aux abois lâcher 17 milliards  d’euros de chèques en bois. Le pouvoir d’achat pour une fausse relance, c’est prendre aux uns, toujours aux mêmes, pour redistribuer des miettes aux autres, en aggravant au passage la situation des finances publiques, sans empêcher l'explosion du nombre des pauvres. Désolé, Monsieur Laine, vous qui vous réclamez du libéralisme, vous devriez savoir que ce n’est pas l’Etat qui crée les emplois, ce sont les entreprises qui courent avec les mêmes boulets aux pieds, que ce n’est pas l’Etat qui crée la richesse mais l’activité économique, toujours autant entravée par le carcan administratif et financier d’un Etat technocratique.

Un Etat imprévoyant.

Avec Macron, jamais l’Etat n’a été aussi imprévoyant. L’exemple des prisons est emblématique. A force de renoncer à construire les nouvelles places nécessaires pour faire face à l’afflux des condamnations, la France offre le spectacle  de prisons surpeuplées, vétustes et insalubres. Les 4 000 places sur les 15 000 promises suffiront à peine à compenser la fermeture des établissements les plus vétustes. Le gouvernement en est réduit à multiplier les « peines alternatives » ce qui n’empêche pas les maisons d’arrêt de continuer d’être submergées. Dans un autre domaine, pourtant fondamental, celui de l’énergie, le gouvernement vient de prendre une décision d’une imprévoyance rare : l’arrêt du programme ASTRID qui signifie le renoncement à construire les réacteurs de quatrième génération. L’énergie nucléaire nécessite une denrée qui n’est pas inépuisable, l’uranium, et génère des déchets à longue durée de vie. Sur ces deux questions les « réacteurs à neutrons rapides » apportent une réponse techniquement éprouvée : la surgénération, en permettant d’utiliser le plutonium issu du retraitement des combustibles usés, et l’uranium appauvri, sous-produit de l’enrichissement, diviserait par 10 le volume des déchets produits, et assurerait notre autonomie en matière de ressources en uranium et d’autonomie énergétique pour un bon millier d’années au rythme actuel de consommation. On ne dira pas merci d’avoir cédé aux écologistes.

Un Etat impécunieux.

La France a les finances publiques les plus mal tenues de toute la zone euro : déficit, dépense, impôts. L’hexagone est le champion de la dépense publique qui accapare 55,6% du PIB (10 points de plus que la moyenne de la zone). L’ensemble des recettes publiques pèsent 52,4% du PIB. Il faut y ajouter le déficit à 3,2%, le plus calamiteux des 19, même l’Italie fait mieux. Macron propose de supprimer le seuil des 3ù : casser le thermomètre permet en effet de ne pas voir la fièvre. Il n’explique pas pourquoi tous les autres partenaires sont capables de respecter les règles (1% du PIB en moyenne) ! Enfin la dette publique  atteint les 2400 milliards d’euros, pratiquement 100% du PIB. Ce qui est incroyable, c’est que le gouvernement a financé les quelques baisses d’impôts par le crédit. De la cavalerie !

La situation de l’emploi.

Cela fait des semaines qu'on nous serine que ce qui se passe en France est extraordinaire : on crée des millions d'emplois. Patatras, le chiffre du chômage est sorti ce matin : 8,6% au troisième trimestre, avec une hausse de 0,1%. Quelques chiffres pour comparer : Etats-Unis : 3,6%, Chine : 3,6%, Japon : 2,4%, Grande-Bretagne : 3,8% (malgré le Brexit), Allemagne : 3,1% (le pays qu'on est soi-disant en train d'écraser économiquement), Suisse : 2,3%. Nous avons le taux de chômage le plus dramatique de tous les grands pays développés. Et les explications techniques ne tiennent pas. La vérité, c’est que comme pour tout le reste, la réalité rattrape toujours le baratin.

Avec ça, les Français ne croient plus en rien.

Je n’ai pas noirci le tableau. Il se suffit à lui-même. J’aurais pu évoquer un plan immigration avec des quotas sans plafond, la situation de l’hôpital, des pompiers, des forces de l’ordre … Je combats le progressisme de Macron parce qu’il prospère sur la confusion des repères constitutifs de la vie politique et qu’il gouverne à la godille plus par le verbe que par l’action. Comme Jacques Julliard, je crois que la gauche et la droite, ça existe. Il suffit de constater comment la droite gère la dépense publique dans les collectivités qu’elle détient, notamment les Régions, pour s’apercevoir que le logiciel n’est pas le même. Je combats le progressisme de Macron parce qu’il détruit notre culture en introduisant le relativisme qui fait le lit du communautarisme et participe à la déconstruction de notre histoire nationale. M. Laine a encore de la chance, nous sommes encore quelques-uns à connaître le roman qu’il utilise en référence de son article : « La peau de chagrin ». Je ne suis pas certain que les « Bacheliers » que la réforme nous prépare en auront entendu parler.