HISTOIRE
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LA FILIERE NUCLEAIRE DANS L’IMPASSE ?

Epr

 

Mais que se passe-t-il avec la construction de l’EPR de Flamanville ?

Aujourd’hui, plus personne ne semble maîtriser ni l’agenda, ni les coûts du chantier, et l’on peut compter sur les écolos pour contribuer à saborder définitivement le projet. Heureusement on n’en est pas encore là. EDF ira certainement au bout, mais 12 milliards d’euros ont déjà été engloutis pour un devis initial de 3,5 milliards !  Ce qui est en jeu est bien plus grave : c’est l’avenir du réacteur de nouvelle génération que les retards de Flamanville compromettent. Or c’est un outil dont la France a grand besoin pour remplacer d’ici les 15 prochaines années le parc des réacteurs actuels que le « grand carénage » va prolonger à une soixantaine d’années d’exploitation. Car les écolos ne nous feront pas croire à l’alternative généralisée des énergies renouvelables qui se ferait au prix d’une augmentation colossale du coût de l’énergie.

Une catastrophe industrielle.

L’histoire de la construction de l’EPR est édifiante de la gouvernance politique des dix dernières années : la guerre entre EDF et AREVA, le mensonge de Flamanville, les pertes de compétences… et la pression constante des écologistes. En 2006, AREVA vend un EPR à la Finlande. Pour ne pas laisser  le marché  libre à son concurrent, EDF s’engage à construire un EPR à Flamanville pour 3,3 milliards d’euros et programme un chantier sur 54 mois. Un énorme mensonge que l’Etat avale. Irréaliste, surtout que les pertes de compétences ont rendu le pari totalement impossible : depuis  le début des années 90, l’électricien n’avait plus construit de centrale nucléaire (dernière en date Civeaux, 1991). Entre temps, il a perdu les capacités de maîtrise d’ouvrage et surtout les soudeurs hautement spécialisés pour lesquels il a fallu recourir à des entreprises étrangères. La crédibilité du nucléaire français en est profondément affectée. En 2018, 8 soudures de haute technologie défaillantes sont découvertes reportant le retard à 2022 après une liste de contretemps déjà impressionnante. Pour arranger les choses, depuis 2007, l’énergie est une compétence partagée entre le ministère de la Transition énergétique et le ministère de l’Economie. L’Etat actionnaire ne parle plus d’une seule voix et l’arrivée de Hollande à l’Elysée n’a fait qu’aggraver les choses avec des promesses de campagne, comme la fermeture de Fessenheim et la réduction de moitié de l’apport de l’énergie nucléaire, se sont révélées insoutenables. La catastrophe de Fukushima a fait le reste, en rendant l’ASN (Agence de Sureté Nucléaire) quasi paranoïaque.

Le temps est compté.

L’Elysée reste le décideur ultime. Fidèle à son habitude, le Président se garde bien de donner une direction claire et assumée. Certes, le retard d’entrée en production de Flamanville ne permet pas d’avoir un retour d’expérience sur le prototype. La décision de construire une flotte d’EPR devait être prise en 2021. La question sur la compétitivité risque donc de rester entière et rend aléatoire la relance d’un programme nucléaire de grande ampleur. De son côté EDF veut emmener l’ensemble du parc actuel jusqu’à 50 ans, et même pour certains réacteurs jusqu’à 60 ans, moment où une flotte d’EPR devrait prendre le relais. A condition que la décision soit prise en temps utile. EDF est certaine que les travaux de mise à niveau permettront aux centrales actuelles de se rapprocher des standards de sécurité les plus élevés tout en permettant de produire de l’électricité dans de bonnes conditions économiques. Fessenheim qui doit fermer l’année prochaine est considérée comme la plus sûre du parc et devrait voir sa vie encore prolongée du fait du retard de mise en service de Flamanville qui devait prendre le relais. Par ailleurs, notre électricien national continue de vouloir exporter sa technologie, notamment en Inde, sans parler du contrat avec les Anglais. Le géant français jouit encore d’un statut qui n’est pas contesté en matière de référence dans le domaine de l’atome.

L’espoir vient de Chine.

Le comble, c’est que les Chinois, eux, ont réussi avec leur EPR. La centrale de Taishan fonctionne à plein régime depuis sept mois ; elle a été construite avec une cinquantaine d’ingénieurs d’EDF présents en permanence sur place. Une coordination exemplaire saluée par les Chinois : la centrale a été portée par une coentreprise entre le chinois CGN (51%), EDF (30%) et un provincial Yuedian (19%). Le second EPR est presque terminé. A Paris, le chœur des voix discordantes continue a capella : tandis que Bruno Le Maire souhaite s’affranchir de la mise en service de Flamanville pour prendre la décision d’un nouveau programme nucléaire, Elisabeth Borne, de son côté, campe sur cet enchaînement : d’abord Flamanville puis décision…. Ce qui reporterait le projet de la construction de 6 EPR au mieux à 2023 ou 2024. Aucun arbitrage présidentiel n’a été rendu sur le sujet. Il est vrai que le Président a d’autres chats à fouetter en ce moment. Et pourtant, s’il y a bien un enjeu crucial, c’est bien celui-là. La France sera-t-elle demain toujours un pays nucléaire, quand la Chine construit 11 autres réacteurs ? La réponse est éminemment politique. Le fait que le gouvernement ait discrètement mis fin au programme ASTRID de recherche sur le surgénérateur ne rend pas optimiste. L’arbitrage à rendre entre le nucléaire et les autres sources de production d’électricité, c’est maintenant ! C’est la sécurité énergétique des générations futures qui l’exige. Il est encore temps de remobiliser une filière industrielle qui connait des déboires mais qui a les moyens de redevenir le fleuron qu’elle a été. En choisissant de l’abandonner, la France s’engagerait définitivement sur le chemin du déclin. Il faudrait d’autant plus de courage politique que les « vents écologiques » sont très défavorables, avec leur capacité de désinformation phénoménale.

Mais du courage, en a-t-on seulement encore une parcelle en haut lieu ?

 

 

Commentaires

Marc Legrand

Monsieur,

J’ai une question pour vous, laquelle s’adresse autant aux membres de votre équipe de rédaction qu’à celles et ceux avec qui vous êtes en contact (sympathisants, connaissances, soutiens, etc.).


Seriez-vous intéressé(e)(s) de participer à une initiative citoyenne dont l'objectif est de présenter un projet alternatif hors partis aux Français d'ici à 2022, ainsi qu'un(e) candidat(e) capable de porter ce même projet durant la campagne présidentielle ?

Nous souhaiterions éviter à notre pays une nouvelle gueule de bois après un autre second tour Macron vs Le Pen dont l'issue très probable sera la répétition de 2017. Le but étant d'éliminer l'un ou l'autre dès le premier tour, et de l'emporter au second.

Pour cela, nous avons élaboré un programme de gouvernement propre à rassembler les bonnes volontés citoyennes et visant au redressement national. Notre stratégie officieuse est simple : "Faire à droite, et par le bas, ce que Macron a fait à gauche, et par le haut". [Notez qu’il ne s’agit-là que d’une considération tactique, et non d’un positionnement politique rigide, exclusif, nous qui voulons au contraire rassembler et unir les Français, de tous horizons, qui aiment vraiment leur pays.]


Le programme est difficile à situer, sur l'échiquier politique, puisqu'il reprend des propositions de droite comme des mesures de gauche. C'est un programme de redressement national, plutôt libéral pour les entreprises (Economie) mais aussi social pour les salariés (Travail), qui fait la part belle à l'écologie (Environnement), la défense de notre patrimoine (Culture), l'accès à la pratique sportive pour tous (Sports), la protection sociale (Santé), une école sécurisée et inclusive (Education nationale), une agriculture modernisée et moins polluante (Agriculture). Nous prônons aussi un système judiciaire réformé, plus ferme et plus équitable en même temps (Justice), le rétablissement de l'ordre intérieur contre les violences, la délinquance et le terrorisme (Intérieur), un réarmement modéré pour se faire respecter sur la scène internationale (Défense) et un rayonnement de notre pays en Europe, dans la Francophonie et au niveau mondial (Affaires étrangères).

La version tout public de ce programme comprend un peu moins de 300 propositions réparties selon les douze domaines et thématiques précités.

Bien sûr, je vous en dirai davantage, si vous le désirez, et pourquoi pas en personne. Je réside à Draguignan et pourrais vous y rencontrer, ou quelqu’un de confiance que vous enverriez discuter avec moi en votre nom.


Enfin, prenez le temps de la réflexion et dites-moi ce que vous en pensez ; je reste à votre disposition pour toute demande d’information complémentaire. Vous pouvez me joindre plus facilement sur ma boîte aux lettres électronique : [email protected]


Fraternellement,


Marc Legrand

https://marclegrand.org

Daniel Houlle

non, merci, je ne suis pas intéressé.

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