HISTOIRE

L’ART DU POSSIBLE FACE A L’ART DE LA MAGIE

 
  Manif 2

Léon Gambetta définissait la politique comme l’art du possible.   Entre deux manif’ je reviens sur la réforme des retraites. Forcément. Il faut bien en parler, dire et redire que de toute façon on n’a pas le choix. Où c’est le projet du gouvernement, avec ses imperfections, réaliste et plus équitable que juste, où c’est la douce illusion que la gauche résoudrait le problème sans faire souffrir personne, sans allonger la durée des carrières et se contenterait de taxer les « riches » en prélevant 45 milliards par an sur la production intérieure, sans conséquences graves sur notre économie et nos impôts…  

Entre un projet qui présente le seul moyen d’aller vers l’équilibre des régimes en reportant l’âge de la retraite et la solution miracle de la gauche qui serait sanctionnée à court terme par un million de chômeurs de plus et une augmentation des cotisations, le « possible » est bien dans le camp du gouvernement. Certes, il serait souhaitable de prendre en compte quelques cas particuliers comme celui des femmes qui n’ont pas assez cotisé, celui de quelques métiers où l’on trime dur, celui des bosselés de la vie qui n’ont pas réussi à grimper dans l’échelle sociale. A condition de pouvoir les financer sans dégâts collatéraux pour l’économie et d’éviter de recréer des « régimes spéciaux » appelés par nature à perdurer plus longtemps que le cas qu’ils traitent.

La gauche a raison quand elle dit que la réforme des retraites serait plus efficace si elle suivait une réforme fiscale et si des dispositions étaient prise pour l’emploi des jeunes (encore et toujours) et des séniors (afin qu’ils gardent l’emploi qu’ils ont). Chacun saisira que les deux derniers objectifs ne sont réalisables que si l’on crée suffisamment d’emplois, donc cela nécessite de la croissance. Mais si tout cela est vrai sur le papier, en attendant le paradis des équilibres sociaux, la France aura dix fois le temps de se retrouver à poil. Là encore, le possible est dans les choix tempérés du gouvernement qui doit par ailleurs gérer avec rigueur pour aller vers la réduction des déficits.  

Mais si la réforme proposée est celle qui entre le plus dans « l’art du possible », son espace, entre l’exaltation du combat social paré de toutes les vertus humanistes et l’obstacle posé par l’endettement, est très réduit. Le rejet de la réforme inscrit dans les sondages et les manifestants dont le nombre n’est qu’épiphénomène, quelles que soient les décisions des syndicats, quelles que soient les conséquences d’une grève générale si elle avait lieu, nous ferait perdre des années précieuses au bout desquelles la solution serait encore plus douloureuse.

Un retrait indiquerait au reste du monde que décidément nous sommes incorrigibles et l’Europe et les marchés, dont nous sommes dépendants - n’en déplaisent aux démagogues extra-terrestres - nous feraient payer illico notre lâcheté devant l’adversité. Il n’y a que les martiens verts, roses ou rouges pour croire que nous saurions nous soustraire à l’environnement commercial et qu’en chargeant la barque des dépenses publiques déjà accablantes nous ne détruirions pas notre capacité à investir. Fatalement un accroissement de la dette détruirait des emplois.  

On en frémit à l’idée que l’opposition pourrait s’emparer du pouvoir ! 

 



CROISSANCE ET RIGUEUR

 


On a l’habitude de penser dans notre pays imprégné de sociale-démocratie keynésienne et d’Etat-providence, que le salut de la crise viendra de la relance de la consommation en soutenant à coups de dépenses publiques le pouvoir d’achat des consommateurs.  Pourtant, en France, on devrait savoir que trente ans de déficits et de dette n’ont pas apporté plus de croissance, bien au contraire.

D’ailleurs nous sommes arrivés au point que la priorité est maintenant de réduire la dette publique en commençant par le déficit du budget de l’Etat. Il n’y a pas trente-six manières de procéder. Soit on augmente les impôts, ça c’est la gauche ; soit on diminue les dépenses, ça c’est la droite. Au pire, on combine les deux : c’est la rigueur ! Avec le risque, croit-on de casser la croissance. C’est ce qui avait été observé dans les années trente, et ce scénario hante de nombreux esprits. Pas celui de David Cameron, de toute évidence, puisqu’il vient de décréter pour son pays une cure drastique avec hausse de la TVA de 2,5 points, gel des salaires des fonctionnaires,… bref, trois-quarts des efforts  proviendront des coupes dans les dépenses plutôt que de la hausse des prélèvements. Et il a la certitude qu’il s’agit de la seule manière de relancer durablement l’activité économique.

L’audace d’une telle rigueur qui tourne le dos aux schémas habituels s’appuie sur des observations de ce qui s’est passé en Suède, au Danemark et en Finlande qui ont brutalement serré la vis budgétaire dans les années 80-90, et la croissance est repartie ! Dans ces pays, les économistes ont identifié deux facteurs de réussite : d’une part le gouvernement doit s’inscrire dans un horizon de moyen terme, avec des programmes de plusieurs années et des règles d’équilibre ; d’autre part il est apparu plus efficace de réduire les dépenses publiques que d’augmenter les impôts, à la fois pour soutenir la croissance et obtenir des effets durables.

Il se trouve que le contexte en Europe est favorable à de telles politiques. D’abord ce type de politique est plus facile quand le reste du monde va bien et c’est le cas avec la Chine, les pays émergents et le redémarrage des Etats-Unis qui tirent la croissance mondiale. Ensuite ça se passe mieux avec une dévaluation importante et justement la baisse de l’Euro de près de 20% apporte de l’air monétaire qui compense le resserrement du budget. Voilà pourquoi l’Allemagne a fait le choix de l’assainissement et aussi pourquoi le gouvernement Fillon s’inscrit progressivement dans le même dessein. Cela s’appelle la « contraction budgétaire expansionniste ».

On voit tout de suite que les schémas de la gauche son archi-dépassés et quel mal ils feraient : la glissade vers une situation à la Grecque… Reste que le gouvernement devra intensifier ses efforts de réduction des dépenses et le rabotage des niches fiscales s’avérera rapidement très insuffisant pour trouver les 100 milliards prévus dans les trois prochaines années.

 

 


LE TOUR D’HORIZON D’ARCHIBALD

 

SAUT DANS L’ETERNITE. Le Général Bigeard a fait son dernier saut. Pour une descente éternelle sans parachute. Il a choisi le 18 juin pour être sûr qu’on s’en souvienne. Le héros de Dien Bien Phu et le vainqueur de la bataille d’Alger aura attendu d’avoir 94 ans pour tirer sa révérence. Ce soldat pour qui le mot honneur avait encore un sens n’avait pas sa langue dans sa poche et sa faconde était parfois « assassine » bien que jamais méchante. La France se souviendra. Garde à vous !

LE MUR DU çON. Il est franchi par Jérôme Cahuzac qui fait un amalgame entre l’individualisme des joueurs de l’équipe de France, leur argent et le modèle qui serait prôné par Nicolas Sarkozy. Faut le faire : celle-là il fallait y penser ! Moi j’aurais plutôt vu dans le naufrage auquel on a assisté une comparaison avec le congrès de Reims du PS. Mais on a les références qu’on se choisit, pas vrai ?

DARK VADOR S’AVANCE.  Le Galouzo a lancé son parti samedi dernier devant …quelques milliers de partisans. « République solidaire » : rien que le nom pue la démagogie et emprunte au vocabulaire de la gauche ce qui est normal, puisque sa cote de popularité est surtout le fait des gens de gauche comme celle de DSK se bâtit surtout parmi ceux de droite. Mais une éloquence pseudo gaullo-chiraquienne au contenu tramé d’antisarkozysme primaire, sans aucune idée nouvelle à proposer, ne suffit pas pour conquérir des électeurs. La motivation, on la connaît et elle est double : une ambition personnelle démesurée et une haine féroce de l’actuel président qui ne date pas d’hier et dont l’affaire « clearstream » n’est qu’un épisode. Autrement dit, c’est une machine à perdre. Il a beau être un passionné de Napoléon, cela ne lui donne aucune légitimité. Autrement dit Villepin c’est « Bayrou empire ».

OUF !  C’est enfin terminé, le miracle n’a pas eu lieu et c’est bien mieux comme ça. L’équipe de France doit maintenant se faire oublier. Rétrospectivement, quand on y repense, la « main » qualificatrice n’était pas la « main de dieu » mais celle du « diable ». Allez, aux oubliettes de l’histoire ! (si c’est possible)

MARECAGE. Tout est bon pour traîner dans la boue et accuser sans preuve en clouant au pilori devant l’opinion. Amalgames, mélange d’affaires, suspicion, tout est bon pour s’attaquer au pouvoir. C’est Eric Woerth qui en fait les frais aujourd’hui. Si les cigares de M. Blanc sont choquants, le procès qui est intenté au Ministre du Travail sent la manœuvre politicienne de bas étage pour tenter d’enrayer la réforme des retraites qu’il mène avec bon sens et habileté. Tous ces déballages dont l’internet sans filtre est le vecteur finiront par tuer la démocratie. Et alors on verra des dictateurs qui ne se gêneront pas pour museler ce pouvoir occulte sans le moindre état d’âme au nom de l’éducation du peuple.

SUGGESTION. Le Canard toujours si prompt à débusquer des « affaires » à droite devrait enquêter un peu sur l’autre bord et chercher à savoir combien de bouteilles de bourgogne rouge (le rouge est de Lille)… Mais non, Archibald, ne sombre pas dans le même délire que celui que tu dénonces.

TAXES. L’Angleterre, la France et l’Allemagne se sont mis d’accord pour créer une taxe coordonnée qui vise à mettre les banques à contribution à hauteur des risques qu'elles font peser sur le système financier et qui devrait rapporter plusieurs centaines de millions d’euros en 2011 au budget de l’Etat. L’étau se resserre progressivement pour tenter de réguler les activités risquées des banques. Quand la Chine ajoute une dose de réalisme en acceptant de réévaluer son yuan, on se dit que ce bas monde n’est pas si noir qu’on se mettait à le croire. Le G20 qui s’annonce, présidé par la France, pourrait donc être très productif.


ENFIN, L'ECLAIRCIE ?

Les nouvelles économiques qui tombent constituent une éclaircie dans ce climat sombre où les marchés entretiennent l'incertitude, si ce n'est l'inverse. D'abord, en France l'emploi salarié a enfin redémarré, ce qui prouve que les mesures de soutien à l'économie n'auront pas été vaines. Pour le troisième mois consécutif, la production industrielle augmente, et c'est un secteur clé qui détermine beaucoup de paramètres sociaux. Les nouvelles en provenance des Etats-Unis, toujours capitales, sont bonnes ce qui a permis un rebond des bourses hier. Voilà un contexte qui va permettre d'avaler avec un peu plus d'optimisme, l'avalanche de déficits constatés qui nous a été infligée depuis quelques jours.

Mais cette éclaircie sera-t-elle durable ? La croissance chinoise, comme d'habitude, tire l'économie mondiale, secondée par celle, plus inégale des pays émergents. Mais l'intérêt pour nous c'est de faire redémarrer l'Europe. Et c'est là que le débat entre politiques de rigueur et maintien des déficits publics pour soutenir la croissance prend tout son sens. C'est un difficile équilibre à trouver dans ce paysage où les dettes souveraines ont pris tant d'ampleur. La prudence est de mise et la vérité se trouve probablement comme il se doit, dans un juste milieu entre dispositifs d'assainissement qu'il faut amorcer et retrait progressif des soutiens au marché au fur et à mesure que la demande privée prend le relais. A cet égard, la ligne que suit François Fillon est probablement la meilleure possible.

La chance, c'est que l'Euro a retrouvé une valeur compatible avec l'économie européenne et la dévaluation de fait de 20% (par rapport au dollar) des dernières semaines, alors que les prix du pétrole restent plutôt sages, est une aubaine qui apporte un oxygène bienvenu en facilitant nos exportations.

C'est à l'automne qu'on sera vraiment fixé. D'ici là on croise les doigts. Car, pour tenir ses engagements vis-à-vis de Bruxelles il faut trouver 25 milliards d'économies dès cette année. Justement, le déficit du budget de l'Etat s'annonce beaucoup moins important que l'année dernière à la même époque...




LA CHINE VA-T-ELLE SI BIEN ?

Au moment où l'Europe connaît des difficultés de gouvernance et hésite entre austérité accrue et maintien de la relance par la consommation, la Chine semble à nouveau tirer la croissance mondiale, accompagnée par les pays "émergents".

Si notre sous-continent tend à devenir le ventre mou de la reprise mondiale, plombé par la pression qu'exerce les marchés sur les pays "surendettés", la Chine n'en présente pas moins des signes inquiétants de faiblesse qui devraient apparaître au grand jour à plus ou moins long terme. Ce qui fait dire aux Cassandre de l'économie mondiale, que la crise est encore devant nous. Peut-être n'ont-ils pas complètement tord.

Shanghaï nous éblouit. L'envers du décor n'est pas aussi brillant. D'abord parce que, malgré la reprise, la chute des exportations vers les Etats-unis et l'Europe est vertigineuse, ensuite parce que la Chine reste un anti-modèle économique sur le plan industriel et enfin parce qu'elle peine à substituer à la demande extérieure défaillante une véritable consommation intérieure. Et je n'aborderai pas les déséquilibres de développement très forts entre les différentes provinces, avec les conséquences sociales que l'on peut imaginer. A la campagne ou à la ville, les conditions de vie de la majorité des Chinois font, par comparaison, du monde décrit par Zola un paradis.

Entre 2008 et 2009, les importations des Etats-Unis ont chuté de 23% à 1 956 milliards de dollars. La Chine qui est l'un de ses principaux fournisseurs a forcément été touchée. Tout comme elle a été touchée par les baisses des importations de l'ensemble des pays occidentaux. Entre 2004 et 2007, la croissance moyenne des exportations chinoises en valeur a été de 72%. En 2008, ce chiffre est tombé à 3%. On ne sait pas encore pour 2009 mais ce qui est certain c'est qu'elle n'a sans doute pas retrouvé le rythme des années précédentes.

C'est un monstre industriel où l'efficacité n'est pas la première préoccupation (communisme oblige). En 2004 déjà, la Chine utilisait près de deux fois plus d'équivalent pétrole pour générer 1 000 dollars de PIB que d'autres pays exportateurs comme l'Allemagne ou le Japon. Et l'efficacité industrielle chinoise ne semble pas s'être améliorée avec le temps. L'une des raisons à cette gabegie serait liée à la façon dont l'énergie est facturée en Chine, les prix étant inférieurs pour ceux qui en utilisent toujours de plus en plus, il revient donc moins cher d'en consommer le double, quitte à en gâcher la moitié. Elle est même l'empire mondial du gaspillage. L'analyse de produits "évolués" comme l'aluminium en est un exemple emblématique : le pays produit autant de kilos d'aluminium par habitant que les Etats-Unis, tout en affichant un PIB par tête huit fois inférieur. Sur les 15 millions de tonnes d'aluminium produites par la Chine, 1,5 million ne sont pas utilisées, ce qui représente la capacité de production totale du Brésil et de l'Inde additionnés. Un paradoxe et une mine d'or si elle veut lutter contre le réchauffement climatique.

Enfin, à en croire les officiels chinois, le pays est en train de créer une classe moyenne apte à consommer et à prendre le relai des exportations. C'est loin d'être certain. Depuis les premières réformes au début des années 80, le rapport entre les dépenses de consommation et le PIB n'a cessé de baisser, pour atteindre son plus bas en 2008, année où la consommation chinoise représentait 10 000 milliards de yuans, soit 1 464 milliards de dollars. Son rythme de croissance est d'environ 15% par an, soit quelque 219 milliards de dollars de plus en 2009. C'est moitié moins que la baisse des importations des seuls Etats-Unis l'an dernier. Par ailleurs, la propension à consommer s'étiole en Chine. Selon les calculs de la banque Nomura, les 20% les plus riches consommaient 93% de leurs revenus en 1985 et seulement 67% en 2007. Et la masse monétaire chinoise, c'est-à-dire l'ensemble des valeurs du pays susceptibles d'être converties en liquidités, n'a cessé d'augmenter. Rien d'étonnant pour un pays toujours en forte croissance. Mais ses dettes extérieures ont également augmenté alors que ses devises disponibles ne croissaient pas aussi rapidement. La conséquence est simple : la Chine ne dispose pas de réserves monétaires (exprimées en dollars, en euros) aussi importantes que son gouvernement veut bien le dire lorsqu'on les compare à la masse monétaire additionnée aux dettes extérieures.

On comprend pourquoi les Chinois voient d'un très mauvais oeil le projet de l'Europe d'instaurer une taxe carbone à ses frontières et pourquoi ils ne veulent surtout pas réévaluer leur monnaie.




Comment ça "Au-dessus de nos moyens" ?


On n'arrête pas de nous répéter que les Français, les Italiens, les Portugais, les Espagnols... vivent au-dessus de leurs moyens. Mais comment les opinions peuvent-elles comprendre ce jugement ? Il y a en France, huit à dix millions de personnes dont le niveau de vie se situe au-dessous du seuil de pauvreté et elles n'ont sûrement pas l'impression de jeter l'argent par les fenêtres. Ce qui est en cause c'est l'affaiblissement économique de notre pays, et le déclin de l'Europe pour élargir le propos, avec le chômage, des retraites prématurées, une semaine de travail trop courte, qui ne permettent plus de verser aux plus démunis les aides financières qui les aident à survivre.

Les Grecs sont un bon exemple : avec une retraite à 53 ans dont ils ne se sont jamais demandé qui la payait, un travail au noir très répandu, une évasion fiscale érigée en sport national. Les riches n'ont certes pas montré l'exemple, mais ce ne sont pas eux qui travaillent sans se déclarer et ne paient ni taxes ni cotisations sociales... Les responsabilités sont bien partagées.

Vivre au-dessus de ses moyens, c'est terminer l'année avec un budget de l'Etat en déficit de 150 milliards d'euros. Si c'était exceptionnel, ce ne serait pas grave. Mais l'événement dure maintenant depuis trente ans et ne fait que croître et embellir. Et encore a-t-on un gouvernement qui tente d'enrayer depuis trois ans la spirale infernale malgré les effets incontournables de la crise. La dette supprime toute marge de manoeuvre et la pression internationale va maintenant nous imposer des efforts de rigueur au risque de sombrer complètement.

On a fait du budget de l'Etat le dernier recours et il est devenu le tonneau des Danaïdes. Les entreprises se déchargent des plus de 55 ans trop coûteux : hop, elles les envoient émarger aux régimes de retraites qui ne perçoivent plus les cotisations de personnes qui pourraient continuer à en payer et doivent leur verser des pensions. La demande sociale de santé est énorme, aggravée par le vieillissement et tout effort de compression des coûts est accueilli par des clameurs scandalisées. Les soignants qui ne connaissent que leur vocation méprisent les discussions d'argent et s'opposent à tout mouvement logique de rationalisation... Le gouvernement refuse de reconduire les mesures spéciales prises pour atténuer les effets de la crise et il se heurte aussitôt aux cris indignés de la gauche (dont l'inconséquence n'empêche pourtant pas à l'accuser ensuite de mauvaise gestion en creusant les déficits). Tous ces gens sont bien gentils et ont probablement raison, encore faut-il que l'intendance suive, et elle ne suit plus depuis bien longtemps.

Le gouvernement n'a plus le choix. Celui d'aujourd'hui ou un autre. On peut faire croire tout ce qu'on veut pour des raisons électorales, la vérité c'est qu'on ne s'en sortira pas sans efforts, probablement plus d'impôts, sûrement plus de travail, vraisemblablement moins de dépenses sociales. La réduction des déficits publics devient une donnée majeure du débat, en sachant qu'aucun levier pour la résoudre n'est neutre. Une coordination européenne en la matière serait la bienvenue.




UNE CHUTE QUI TOMBE A PIC !

                                  Euro

La monnaie unique européenne continue de se déprécier, et si cette chute peut paraître vertigineuse par sa rapidité, elle tombe à pic, surtout parce qu’elle est bienvenue. Aujourd’hui, elle a subi une nouvelle chute, tombant à un plus bas en-dessous de 1,22 dollar. Rien ne semble rassurer les investisseurs, ni les perspectives économiques de l'Europe, ni les projets des Européens pour réformer leur gouvernance économique. Et le dernier coup de théâtre orchestré par la chancelière allemande d’empêcher la spéculation sur le marché à terme n’y a rien fait. Pourtant, si la faiblesse de l'euro est le symptôme d'une perte de crédibilité de l'économie européenne, elle est en train, paradoxalement, de constituer une excellente nouvelle pour les Européens.

 

A l'heure où ceux-ci ne peuvent espérer fonder leur reprise sur la consommation intérieure, par épuisement des fonds publics disponibles, et où la défiance des marchés exerce une pression si forte qu’elle rend inévitables des politiques de rigueur, la chute de l'euro redonne aux exportateurs européens de la compétitivité, au moment même où la demande est en plein boom dans les pays émergents.

 

Dans la plupart des pays européens, les exportations ont ainsi connu une forte hausse au premier trimestre. A défaut d'une reprise interne, l'Europe est en train de s'arrimer à la dynamique du monde. Et c’est une bonne nouvelle ! Car en plus, on revient à une parité plus acceptable avec le « roi » dollar.

 

En France, le ralentissement des destructions d'emplois s'est poursuivi au premier trimestre. Mais il faut rester prudent en raison de la faible progression du PIB. Si ce n'est pas encore une vraie bonne nouvelle, c'est en tout cas un bon signe. Le ralentissement de la dégradation de l'emploi salarié constaté à la fin de 2009 s'est poursuivi, selon l'estimation provisoire publiée hier par l'Insee mais la situation est sans comparaison avec le premier trimestre de 2009, où quelque 158.300 emplois avaient été détruits. L'espoir d'un prochain atterrissage est alimenté par d'autres indicateurs. L'Association pour l'emploi des cadres (Apec) a annoncé la confirmation de l'amélioration du marché des offres d'emplois cadres. En outre, l'intérim continue de progresser. Cette tendance se poursuit, selon les chiffres publiés lundi par Pôle emploi, qui évalue à 3,7 % la progression de l'emploi intérimaire en mars.

 

C’est dans ce contexte que Jean-Marc Ayrault, non sans malice, lance son appel à une relance concertée de la France et de l’Allemagne pour soutenir la reprise économique et compenser les plans d’austérité. Voilà une vraie bonne idée. Encore faut-il en trouver les thèmes et les supports. Au moins un tel projet aurait-il vocation à nous sortir de la morosité engendrée par la spéculation et l’étalage des déboires financiers de nos voisins européens.

Encore, faudrait-il évoquer la présentation négative de la baisse de l’euro dont tous les médias nous abreuvent, alors qu’en l’absence de nouvelles qui le justifient, c’est plutôt une bénédiction.

 

Je trinque à l’euro à 1,15 dollar !

 

 


« ECONOMIE »

 

Voilà un mot avec lequel les socialistes et la gauche, d’une manière générale, sont fâchés. Et cela quelle que soit l’acception choisie.

S’il s’agit de l’économie au sens du fonctionnement de ce qui fait vivre nos sociétés : les entreprises, la monnaie, le commerce… chaque fois que j’entends un élu ou un responsable politique c’est pour se prononcer sur les seuls aspects du travail, des salaires et des  revendications sociales. L’économie c’est la distribution et la répartition de la richesse avant de l’avoir produite. Elle se résume dans un jugement sans nuance sur la fiscalité qui ferait la part belle aux riches, sans jamais envisager la compétition internationale ou la nécessité des investissements privés. C’est un peu simplifié, mais je ne dois pas être loin de la vérité.

S’il s’agit de « faire des économies », et pour avoir observé le fonctionnement des collectivités qu’ils détiennent, on peut affirmer sans risque de se tromper, que c’est une notion inconnue. Lors de l’élaboration des budgets,  ils font d’abord la liste de leurs dépenses et ensuite on ajuste par le prélèvement ou l’emprunt. Un budget qui ne grossit pas n’est pas un bon budget. Un exercice sans réalisations, n’est pas un bon exercice. C’est la course au « toujours plus », sans jamais se proposer de trouver des solutions qui fassent faire des économies.

Pourtant, quand on voit la dette croître et embellir, il faudra bien y venir. Car les collectivités y seront confrontées au même titre que l’Etat. Economiser l’argent sera le « leitmotiv » des dix années qui viennent. Notre génération de babyboomers irresponsables,  qui a accumulé les dettes publiques et perçoit en masse des retraites confortables, comme le dit très bien Jean-Claude Hazera dans les Echos, doit bien cela aux enfants et petits enfants qu’ils ont fait (pas assez nombreux, malheureusement).

Economie. Le maître mot que la gauche devra apprivoiser pour être crédible.

 


LE PRIX FORT

 

                            Nicolas_sarkozy_président

Décidément, il ne faut pas s’absenter. Dès qu’on a le dos tourné, il s’en passe des choses. Il y aura donc de quoi alimenter la semaine d’Archibald et quelques chroniques de la semaine prochaine.

 

Cette semaine nous avons remarqué que c’était le troisième anniversaire de la présidence de Nicolas. Difficile de contourner l’évènement tant les médias ont mis d’insistance à signaler l’impopularité du chef de l’état sévèrement jugé sur son « bilan » par les Français. Il faut dire qu’abreuvés de pseudo-vérités par des médias où se mélangent l’incompétence à l’inconsistance quand ce n’est pas le tendancieux, il leur est difficile de faire la part des choses. D’ailleurs on peut se demander ce qui n’est pas de sa faute, jusqu’à l’éruption du volcan islandais… La crise, c’est lui, forcément. Mais aussi sans se demander dans quel état serait notre pays aujourd’hui si c’était la gourde du Poitou qui avait gagné en 2007.

Et puis il y a la crise grecque qui fait vaciller l’euro sous la pression des spéculateurs toujours à l’affût de l’argent facile, aurait dit Mitterrand. Mauvaise conjoncture pour le gouvernement, qui, poursuivant son bonhomme de chemin a commencé à s’atteler à combler le trou que la crise a aggravé. C’était annoncé depuis longtemps. Mais voilà : les annonces de François Fillon qui n’ont rien de surprenant ni de bien nouveau tombent au même moment.

Alors on voit Benoit Hamon s’avancer, et de la même manière que les adolescentes pré-pubères gloussent à l’approche des garçons pour se faire remarquer, assènent ses « vérités »… outrancières comme d’habitude. A côté, Frédéric Lefebvre fait garçon très raisonnable. Alors voilà, c’est « le coup de bambou,… on fait payer à tous les Français les cadeaux faits aux riches » : le mot est lâché. Mais tellement convenu dans sa bouche.

C’est un gros raccourci sans fondement, si ce n’est les quelques 600 millions du bouclier fiscal qui sont peanuts en regard du problème, pour faire oublier la large part que la gauche a prise au fil de ses gouvernements dans le creusement des déficits (et que la droite n’a que trop rarement combattus quand elle était au pouvoir). A commencer par la retraite à 60 ans, non financée, qui a obligé Mitterrand et Maurois à dévaluer, à quitter le serpent monétaire de l’époque et à pratiquer « la rigueur ». On en paie aujourd’hui et encore le prix. Le deuxième coup de bambou aura été la loi sur les 35 heures qui émarge toujours par millions au budget de l’état… Un peu d’humilité ne ferait pas de mal.

Rien que pour cela, je reste convaincu que les Français rendront justice un jour au travail ingrat accompli par Nicolas Sarkozy et son gouvernement. Pas à la manière dont ils considèrent Jacques Chirac aujourd’hui, après l’avoir sérieusement désavoué quand il gouvernait, ce qui est une manière de lui faire comprendre que là est la place où il souhaite le voir : en retraite. Non, ce sera quelque chose de plus substantiel : celui qui, au mépris des efforts à consentir, et dût-il en payer le prix fort, aura mené contre vents et marée la modernisation indispensable du pays.

 

 


L’EURO BAISSE, ET ALORS ?


                                                Euro

Les grands industriels parient sur la reprise, avec prudence. Sur une « nette reprise » même. Les présentations optimistes de leurs anticipations de profits en sont le signe. L’embellie est liée en particulier à la reconstitution des stocks dans plusieurs filières, à un redémarrage des investissements et à la croissance vigoureuse des pays émergents.

La baisse de l’euro, provoquée par la crise grecque, tombe à pic. Il a atteint en effet son plus bas en un an cette semaine à 1,31 dollar. Ses oscillations sont d’ailleurs relativement modestes, à mettre en relation avec le poids de la Grèce dans la zone euro, avec moins de 3% du PIB.

Les seuls à s’en plaindre sont les consommateurs qui paieront leur carburant plus cher. Sinon, c’est tout « bénef’ » : pour nos exportations à l’extérieur de l’Europe notamment, et l’effet n’a pas d’incidence pour les échanges avec nos voisins qui ont le même monnaie. La parité euro-dollar devrait même approcher 1,25 d’ici la fin de l’année. Cette baisse profitera plus à la France, à l’Espagne et à l’Italie qu’à l’Allemagne dont les exportations sont moins sensibles aux taux de change qu’à la demande mondiale.

On est encore loin des 0,82 dollar de octobre 2000, qui est le plus bas historique de la monnaie européenne. Cela tient au fait que les grands investisseurs n’ont pas remis en cause la monnaie unique, tels que la Chine qui n’a pas vendu ses réserves de change en euro. Et d’autre part, le dollar est contesté comme monnaie de réserve internationale par les mêmes chinois. Cette baisse très modérée, malgré la spéculation sur le cas grec reflète la confiance bien établie des marchés dans la BCE et sa capacité à défendre la monnaie.

Il faut même s’attendre à un regain d’attractivité du dollar parce que le différentiel de croissance entre les Etats-Unis et l’Europe joue en sa faveur. Et il est possible que le trésor américain relève son principal taux directeur, aujourd’hui proche de zéro. Un contexte que l’économie européenne devrait mettre à son profit pour se relancer…. Mais c’est une autre histoire, car l’endettement des Etats va continuer à peser par les efforts d’assainissement qu’il va nécessiter. La Grèce en est un mauvais exemple, mais un exemple quand même.

 

 


REDUIRE LES DEFICITS

                                Baroin
            

Le nouveau ministre du Budget, François Baroin, aurait bien besoin de la baguette magique d’Harry Potter auquel certains le comparaient quand il portait ses petites lunettes rondes. Là s’arrête malheureusement la ressemblance. Car le gouvernement est confronté à un problème de taille : la contradiction entre la nécessité de réduire les déficits et le principe présidentiel de non-augmentation des impôts. En l’absence de croissance forte, le pari est impossible à tenir. Dès lors qu’il faudra bien se résoudre à les augmenter, autant procéder à une réforme en profondeur –une de plus, dira-t-on- de la fiscalité, et celle-là est urgentissime.

Car sans réforme de la fiscalité, celle des retraites n’aura guère de chance de fonctionner.

Mettons, pour commencer, au rang des accessoires, le « bouclier fiscal » dont la suppression ne rapporterait à l’Etat que quelques centaines de millions, quand le déficit des finances publiques atteint cette année 150 milliards. Inutile de revenir sur la politique ambitieuse que Nicolas Sarkozy souhaitait mener en matière de diminution des prélèvements obligatoires, ou en matière d’économie dont il souhaitait la relance par les mesures prises sur les droits de succession, ou d’atténuation d’imposition des riches pour faire revenir les capitaux. La crise que personne n’avait prévue a tué dans l’œuf les résultats que l’on pouvait en attendre alors même que par la contraction de l’économie qu’elle a causée elle a obligé le Président à la combattre par un vigoureux soutien aux banques et aux entreprises. Il en est résulté à la fois un énorme manque à gagner pour l’Etat et un gouffre de dépenses que personne ne songerait à lui reprocher. Cela malgré les efforts déployés par Eric Woerth pendant trois ans pour diminuer les dépenses de l’Etat, avec des résultats réels aujourd’hui complètement masqués par les dépenses de relance et de soutien social.

Mais le « bouclier » n’a jamais été que le succédané d’une suppression jugée impossible de l’ISF, ce caprice des socialistes qu’aucun gouvernement de droite n’a osé supprimer. Martine Aubry veut sa suppression : très bien, supprimons du même coup l’ISF ! En compensation, il suffira alors d’augmenter le barême de l’impôt sur le revenu avec une tranche à 70% qui permettrait d’augmenter les prélèvements obligatoires pour l’ensemble des contribuables sans que l’on puisse crier à l’injustice, ni à l’effet confiscatoire. Il faut bien des recettes pour combler les déficits.

Le Ministre du Budget a le feu vert pour s’attaquer aux niches fiscales, cet ensemble complexe et foisonnant qui permet à de nombreux Français, riches ou simplement aisés, (et parmi eux des fonctionnaires aux retraites confortables), de placer leur épargne dans des investissements défiscalisés. Mais il faudra faire preuve de discernement, car ces dispositifs protègent des emplois, aident à en créer, encouragent le dynamisme économique de certaines branches, et au bout du compte apportent de la richesse qui constitue des revenus pour l’Etat lui-même. Avec comme corollaire, l’effet négatif que peut constituer ce problème typiquement français que d’être un pays où la fiscalité change tout le temps.

Raison de plus pour remettre à plat l’ensemble. Car il faut aller plus loin : dès lors qu’on touche à l’impôt sur le revenu, dont un foyer sur deux ignore l’existence, la logique voudrait qu’on s’intéresse à la CSG. Et qu’on utilise aussi le levier de la TVA dont le gouvernement maîtrise, sans autorisation européenne, la possibilité d’augmenter le taux jusqu’à 25%. En jouant habilement sur le redéploiement plus que sur l’addition, le taux des prélèvements obligatoires, déjà élevés dans notre pays, ne devrait pas trop en souffrir.


RETRAITES : LA FINANCE EN LIGNE DE MIRE

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On ne le répétera jamais assez : notre système des retraites est en quasi faillite. Pratiquer la politique de l’autruche sur ce sujet c’est faire preuve d’inconséquence. Le découvert, quitte à me répéter, est passé en deux ans, de 10 milliards à 30 milliards d’euros. Et si l’on continuait à ce rythme, les besoins financiers seront compris en 75 et 100 milliards d’euros en 2050…Et à l’horizon 2015, c’est-à-dire demain, le déficit sera de 40 milliards.

Le système est devenu déficitaire, non pas à cause d’une mauvaise gestion, mais en raison de notre démographie. Aussi la démagogie n’a pas sa place ici. Nous nous devons de prendre les mesures qui permettent à la « répartition » de fonctionner à nouveau sur des bases solides, sans en faire porter le poids sur les (frêles) épaules des générations futures.

Le retour de la croissance et donc de l’emploi permettra d’atténuer le fardeau. Mais ce ne sera pas suffisant. Le trou creusé par la crise a accéléré le déficit qu’il faut maintenant résorber en plus de la mise en place d’un financement pérenne. Les mesures mécaniques jouant sur l’âge et le taux d’activité seront des apports utiles. Ils ne seront pas non plus suffisants. Il faudra bien en passer par la solidarité nationale, si comme le souhaite notre Président, on veut éviter de baisser les pensions et d’augmenter les cotisations.

Cela veut dire qu’il faut trouver des finances parmi les autres ressources, c’est-à-dire l’impôt. Petite revue des disponibilités : en premier, on peut puiser dans les « niches fiscales », mais c’est déjà pris pour le budget 2011. La même ressource ne peut servir deux fois. On peut envisager d’augmenter les impôts, tels que la CSG.  Mais c’est puiser dans le pouvoir d’achat des Français et donc prendre le risque d’entamer la reprise économique.

Le PS, par la voix de Martine Aubry, fait des contre-propositions avec l’élargissement de l’assiette de la valeur ajoutée, des cotisations sur les stock-options, l’abolition des privilèges fiscaux (des riches évidemment pas les 50% de Français qui sont exonérés de l’impôt sur le revenu) et une surtaxe de 10% de l’impôt sur les sociétés acquitté par les banques. Un catalogue que certains économistes ont qualifié de « vieillot » par son caractère écran de fumée. Le lyrisme qu’elle déploie pour exposer sa « révolution de l’âge » ne fait pas les « recettes ». Cette réponse n’est ni à l’échelle ni sans incidences néfastes sur notre situation économique. N’est-ce pas une manière de mentir aux Français ?

Pour que l’on prenne en compte quelques-unes de ces propositions, il faudrait d’abord régler le problème de l’abcès fiscal qui empoisonne notre pays et dont le « bouclier » est le bouc émissaire. Il suffit de se promener en Europe, tout autour de la France pour constater de combien d’emplois et de recettes de TVA on se prive quand le « riche délocalisé » bâtit, embauche et consomme…Certains socialistes prônent l’abandon de l’ISF et son remplacement par une tranche d’impôts supplémentaire sur le revenu. Ils ont raison ! On pourrait alors envisager la taxe sur les stocks options et autres petites mignardises.

Reste la TVA. On sait qu’un point rapporte environ 7 à 8 milliards d’euros. Là encore, la marge de manœuvre est restreinte, tant on touche à la consommation et au niveau des prix.

Je pense qu’il faut se réserver cette marge de manœuvre pour la TVA sociale, qui permettrait de combler nos autres déficits sociaux, tout en en faisant porter une partie du fardeau par les produits fabriqués à l’étranger mais seulement si à la clé il y a diminution d’une partie des charges sur les salaires et contre partie en augmentation de ceux-ci.

Conclusion : une combinaison de mesures touchant à la démographie (l’âge) et financières est indispensable. Il faudra probablement combiner toutes les ressources pour aboutir à un système viable. Il y faut faire l’impasse sur tous les tabous, âge de la retraite comme augmentation de l’impôt. La crise a changé la donne. Il faut s’y adapter.

                


RETRAITES : LE LEVIER DE L’AGE ET DE LA DUREE


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La première idée qui vient à l’esprit pour réduire l’impasse démographique, c’est de repousser l’âge légal de la retraite de plusieurs années et d’allonger la durée de cotisation. Par rapport à l’allongement de la durée de vie, il n’y a rien de choquant. Il est en effet difficile d’imaginer qu’il soit économiquement viable un temps de repos après la vie active qui durerait autant voire plus longtemps que celle-ci.

L’avantage, c’est que cela permet de diminuer tout de suite la pression financière sur le financement des pensions par l’effet de report de une à plusieurs années sur ceux qui pouvaient prétendre à partir en retraite. C’est même la décision qui aurait le plus d‘effet.

Mais c’est politiquement difficile. D’abord l’opinion a du mal à comprendre cet effort par comparaison avec la génération actuelle qui en profite pleinement dans des conditions optimales pour un grand nombre, de santé et de niveau de vie. L’âge d’or des retraités nuit à la perception des mesures drastiques qu’il faut pendre.

La difficulté la plus importante réside dans le symbole de « gauche », mesure emblématique de Mitterrand, que la retraite à 60 ans constitue. Non financée et prise déjà à contretemps en 1982, cette mesure reste un « tabou » qui explique les atermoiements de Martine Aubry. L’écueil n’est pas mince pour le gouvernement. D’autant plus qu’il faut auparavant régler le problème de la « pénibilité », qui pourrait être une bonne compensation, et celui du taux d’occupation des seniors. A quoi bon repousser l’âge si les entreprises les mettent dehors à 55 ans ! L’emploi des seniors est une clé importante à la solution du problème.

L’allongement de la durée de cotisation est probablement plus acceptable si elle est étalée dans le temps, comme la loi de 2003 l’a déjà engagé. Elle permettrait de remettre un peu d’équilibre dans la pyramide des âges entre la population dite « active » et la population inactive ou pensionnée.

Si on était dans un monde raisonnable, face à l’allongement spectaculaire de la durée de la vie humaine, fixer un âge légal de la retraite a-t-il encore un sens ? Ne pourrait-on pas imaginer que chacun ait le droit de travailler aussi longtemps qu’il veut et que si un employeur veut licencier, l’indemnité de licenciement serait décroissante à partir d’un certain âge ? Puisqu’il est légal aujourd’hui, dans notre pays, de pouvoir travailler jusqu’à 70 ans, pourquoi ne pas donner une liberté totale.

Cela pourrait s’accompagner d’un seul système de retraite universel sur les mêmes bases pour tous et par points avec d’éventuels coefficients correcteurs en rapport avec la pénibilité, la maladie, le chômage... Ce serait juste, souple et surtout équitable, chacun se constituant le niveau de sa pension en fonction de son tempérament.

Ce système par points existe déjà : c’est celui utilisé par les régimes complémentaires. Si eux savent le faire, il doit être possible de le transposer en régime général. Est-ce utopique ? Non ! D’ailleurs c’est à quelque chose qui y ressemble que pense François Chérèque. Et pourtant ce projet est exposé aussi par Claude Bébéar dans "Les Echos".

La souplesse d’un tel système, assorti de tous ses paramètres sociaux, aurait le mérite d’enterrer « la guerre de l’âge ». Resteraient à définir la valeur du point, le calcul de l’éventuelle indemnité de licenciement et à se mettre d’accord sur la table de mortalité utilisée….

Demain : dernier volet, La "Finance" en ligne de mire...



RETRAITES : DONNEES INCONTOURNABLES

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Le rapport du Comité d’Orientation des Retraites plante le décor. Les données qu’il égrène pourront sembler relever du catastrophisme, elles sont pourtant bien établies et les chiffres sont connus depuis longtemps. Le reproche qu’on pourrait lui faire, y compris pour la version la plus pessimiste, c’est d’être établi à partir d’hypothèses économiques encore très optimistes, trop diront même certains. Par son caractère « partagé », il n’est pourtant pas contestable et il constitue une base discutable (peut-être), mais incontestable –sûrement-, pour les négociations qui viennent de s’engager entre partenaires sociaux et gouvernement.

Au-delà des postures que pourront prendre les uns ou les autres, qu’en est-il exactement ? Que penser des solutions proposées ? Quels sont leurs avantages et inconvénients ?

Essayons d’y voir clair, et pour une fois, sans vaine polémique.

Premier constat : on ne peut rien contre la démographie. A l’horizon 2050, on a la base de départ : les enfants qui auront l’âge de la retraite sont tous nés. On peut connaître leur parcours grâce aux statistiques. On sait combien ils seront à avoir 60 ans. Et les chiffres sont terribles : en 1990 il y avait moins de 10 millions de retraités, il y en a 16 millions aujourd’hui, il y en aura 21 millions en 2030… Où est le problème ?  Dans le nombre des actifs qui doivent, par le système de répartition, prendre en charge par leurs cotisations retraites, les pensions des retraités. Logiquement, le système fonctionne tant que le montant total des cotisations est supérieur à celui des pensions. Ce montant total est le fruit du produit entre cotisation moyenne et nombre de cotisants. Or, si celui-ci ne cesse d'augmenter, il le fait à un rythme bien plus faible que celui du nombre de retraités. Jusqu'à la fin des années 80 on comptait ainsi au moins deux cotisants pour un seul retraité. La proportion est passée en 2008 à 1,45 cotisant pour un retraité et le Conseil d'orientation des retraites prévoit un rapport de un cotisant pour un retraité en 2030. Ensuite, la France comptera moins d'un cotisant par retraité. Seule variable d’ajustement : l’apport migratoire qu’une croissance soutenue rendrait nécessaire. Ce serait des cotisants en plus.

Deuxième constat : la vie s’allonge tandis que la vie active se rétrécit. On gagne un trimestre de vie supplémentaire par année, nous disent les statistiques démographiques. Pour s’en convaincre, il suffit de constater l’augmentation du nombre des centenaires. Personne ne s’en plaindra. Mais les conditions de vie d’aujourd’hui qui allongent les études, qui rendent laborieuse l’accroche du premier emploi, et qui à l’autre bout décrochent les « séniors » à partir de 55 ans à coups de préretraites, constituent le paradoxe français et fondent une singulière impasse pour le financement de la vie après le travail. Si on ne peut raisonnablement envisager de raccourcir la vie, on peut faire quelque chose pour rendre la vie active plus « productive », c’est-à-dire faire en sorte qu’elle commence plus tôt et qu’elle finisse plus tard. Le correctif s’imposera à un moment ou à un autre, quand la situation ne sera plus soutenable : on y est !

Quelles solutions envisager, si on veut garder le système par répartition, évidemment ? Elles sont de deux ordres : mécaniques, avec des décisions portant sur les paramètres en âge et en durée de cotisation, et financières, avec des décisions permettant de réunir les ressources nécessaires au paiement des pensions. Aucune ne sera indolore : au bout de la négociation il ne peut y avoir que des mauvaises nouvelles. Et il faudra avoir le courage, d’un côté comme de l’autre, d’y faire face. Ce sera plus facile à faire accepter si le sentiment que les décisions sont justes. Il fat donc trouver l’équilibre entre ce qui est socialement acceptable et économiquement supportable. Là encore, aucune mesure ne sera neutre.

La suite…. Demain.



23 MESURES POUR RELANCER L’INDUSTRIE

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Nicolas Sarkozy a clos les « états généraux de l'industrie », vaste débat ayant rassemblé 5 000 participants pendant trois mois, en visitant le site d'Eurocopter à Marignane (Bouches-du-Rhône). Trois types de mesures ont été décidées parmi 800 propositions : des aides à la relocalisation, des prêts verts pour améliorer les outils de production et la réorganisation en filières pour dynamiser les PME seront financées par le grand emprunt, tout en rappelant ce qui a déjà été fait depuis 2007 : taxe professionnelle, crédit d'impôt recherche, ISF-PME, grand emprunt, pôles de compétitivité. Mais le Président veut aussi mobiliser l'épargne des Français et repenser en profondeur la fiscalité de l’épargne notamment pour réorienter vers l’industrie une partie de l’assurance-vie.

 

L'ambition est d'enrayer une perte de compétitivité et un mouvement de délocalisation qui ne datent pas d'hier. En vingt ans, la France a perdu environ 2 millions d'emplois industriels. Et au cours des dix dernières années, le poids de l'industrie dans l'économie n'a fait que diminuer, pour représenter environ 16 % de la valeur ajoutée en 2008, quand celle-ci progressait encore en Allemagne. La crise n'a fait qu'accélérer ce déclin, avec une production manufacturière retombée à son niveau de 1997. L’objectif : augmenter la production industrielle de 25% dans les cinq prochaines années est ambitieux et pourra être tenu si, comme on l’espère, la croissance revient.

 

Dans le grand emprunt, on sait déjà que 6,5 milliards d'euros ont été mobilisés pour l'industrie, dont 1 milliard pour tirer les conséquences des « états généraux ». Dans le détail, sur l'enveloppe réservée aux états généraux, il a été décidé au Parlement de consacrer 500 millions d'euros à des prêts verts bonifiés. Pour le gouvernement, inciter les entreprises à investir dans des outils de productions plus respectueux de l'environnement et à réduire leurs dépenses d'énergie les rendra plus compétitives. A côté, 185 millions d'euros seront consacrés aux relocalisations. Cette aide au retour prendra la forme d'avances remboursables pour les PME et les entreprises de taille intermédiaires ayant délocalisé au cours des dernières années en dehors de l'Europe. Ces avances seront données sous conditions d'investissement et de création d'emplois.

 

Les fonds restants seront utilisés à soutenir une politique de filières, pour renforcer le tissu de PME, en prenant exemple sur l'Allemagne. L'idée est de mieux associer la recherche publique et de rééquilibrer les relations entre donneurs d'ordre et sous-traitants. Pour cela, les « états généraux » ont proposé la rédaction de chartes de bonne conduite. La mise en place de fonds d'investissement pour les filières jugées les plus stratégiques est également défendue par le ministre en charge de l'Industrie, Christian Estrosi, à l'instar de ce qui a été fait pour l'aéronautique, l'automobile et les biotechnologies.



LES METALLOS ALLEMANDS MONTRENT L’EXEMPLE

                                     IG_Metall

Voilà un accord salarial qui fera date et dont rêverait notre Ministre du Travail. Au terme d’une négociation qui intervient plus tôt que d’habitude dans l’année sociale, les partenaires sociaux de la métallurgie allemande sont parvenus à un accord qui gèle pratiquement les salaires. Les ouvriers recevront une prime forfaitaire de 320 € pour la période de mai 2010 à mai 2011 et ensuite une augmentation de 2,7% en avril 2011. Les économistes estiment que cela revient à compenser l’inflation.

Mais, en contrepartie, les employeurs se sont engagés à maintenir l’emploi jusqu’en juin 2012, en profitant d’une plus grande flexibilité  dans la réduction du temps de travail.

Cet accord est important car il permet à l’industrie allemande de maintenir sa compétitivité internationale et de conserver ce que d’aucuns ont appelé le « miracle de l’emploi », très préservé jusqu’ici des conséquences de la crise. Le taux de chômage n’a augmenté que de 0,6% depuis novembre 2008.

Voilà qui va réjouir la Chancelière. Cet accord est à l’image du réalisme allemand : il privilégie l’emploi aux salaires. Il a été rendu possible par la modération dont a fait preuve le puissant syndicat IG Metall. Mais, en revanche, si les exportations seront favorisées, la demande interne devrait en pâtir et rester atone. Le tableau n’est malheureusement pas le même dans la fonction publique (Ah, ces fonctionnaires ! Il est vrai, l'emploi n'est pas une contrepartie possible) pour ses 2 millions de salariés qui réclament 3,5% d’augmentation contre 1,5% qui leur est proposé. Les pilotes de la Lufthansa font aussi connaître leur mécontentement par la grève. Tout ne peut pas être rose outre Rhin, tout de même !


180 000 EMPLOIS PRESERVES …. !

                                               ChristineLagarde

En ce début 2010, la médiation du crédit, qui est déjà intervenue en faveur de nombreuses entreprises, conserve toute son utilité. En effet, dans son rapport rendu public le 12 février, la médiation du crédit observe une prudence parfois excessive des banques. Christine Lagarde pointait la veille la nécessité d'engagements plus ciblés des banques sur les crédits de trésorerie aux TPE-PME. Cette prudence "pénalise souvent les plus petits dossiers, et par ailleurs, les délais de traitement des petits dossiers sont souvent trop lents et ne sont pas adaptés à la sensibilité socio-économique des TPE/PME (de l’obtention de la réponse de la demande de crédit initiale jusqu’au moment de la mise en place des prêts à l’issue de la procédure)."

 

Réunies à Bercy le 11 février par Christine Lagarde, les banques françaises se sont engagées à consacrer en 2010 une enveloppe de 38 milliards d'euros aux crédits d'investissement des entreprises très petites, petites et moyennes (TPE et PME). Soit une hausse de 6 % par rapport à 2009. Cet engagement sur le crédit d'investissement sera bientôt complété par un autre sur le crédit de trésorerie, a précisé Christine Lagarde. Nicolas Sarkozy avait par ailleurs indiqué son intention de revoir les dirigeants des banques à ce sujet.

 

Avec 250 dossiers déposés chaque semaine au mois de janvier, le flux de dossiers nouveaux déposés en médiation est en léger rebond. Selon le médiateur du crédit, "cette hausse relative des dossiers déposés provient du fait que les entrepreneurs semblent rencontrer des difficultés pour le renouvellement de leurs lignes court terme [trésorerie], les banques restant dans l’attente de la publication des comptes 2009".

 

Autre tendance de ce début d'année, la proportion des petites entreprises concernées continue d'augmenter : "les sociétés de moins de 10 salariés représentent au mois de janvier 85 % des entreprises en médiation. Les encours inférieurs à 50 000 euros restent largement majoritaires à 59 % depuis le lancement du dispositif, ce dépassement étant même dépassé sur le seul mois de janvier à 66 %", révèle le rapport. En cumul, depuis le lancement du dispositif, le taux de médiation réussie est stable à 64 % (65 % en janvier 2010). Sur le plan sectoriel, les entreprises en médiation sont principalement celles des secteurs du service (31%), du commerce (31%), du BTP (20%) et de l’Industrie (15%).

 

La médiation du crédit aux entreprises, dont Nicolas Sarkozy avait annoncé la création dès octobre 2008, a démontré toute son utilité face à la crise. L'été dernier, le président de la République avait annoncé la prolongation du dispositif. Celui-ci a contribué depuis son lancement à :

  • préserver 181 854 emplois en France ;
  • conforter près de 9 440 sociétés dans leur activité ;
  • débloquer 2,4 milliards d’euros de crédit (hors écrasement des dettes).

 

Depuis le lancement du dispositif fin 2008, 21 382 entreprises ont saisi la médiation du crédit. 82 % des dossiers déposés étaient éligibles et ont été pris en charge par les équipes de la médiation, qui ont donc traité au total 4,2 milliards d’euros d’encours de crédit. Aujourd'hui, 14 831 dossiers sont désormais instruits et clôturés (soit 84 % des dossiers éligibles), dans deux cas sur trois avec succès (64 %), ce qui confirme "la stabilité du taux de médiation réussie en cumul du nombre de dossier depuis le lancement du dispositif", est-il précisé dans le rapport du médiateur.

 


LAISSEZ-MOI VOUS DIRE ! …

Croissance 2009

 

On ne nous dit pas tout, dirait Anne Roumanoff, ou pas vraiment comme il faut. En décembre, le chômage a diminué. Ce n’était pas le fait du hasard ni le résultat d’une manipulation. On sait maintenant pourquoi. La France a connu une accélération de la croissance fin 2009. Le PIB a progressé de 0,6% au quatrième trimestre après +0,2% au troisième. Certes cela ne l’a pas empêché de reculer de 2,2% sur l’année.

 

Embellie donc, en fin d'année dernière pour l'économie française. Une croissance tirée par les variations de stocks des entreprises - "principale contribution de la croissance ce trimestre", selon l'Insee - et la consommation des ménages, qui a bondi de 0,9%, tirée par les achats d'automobiles soutenus par la prime à la casse.

 

Mais à l'inverse, le commerce extérieur a pesé sur la croissance en fin d'année, les exportations ayant ralenti en même temps que les importations accéléraient. "Au total sur l'année, précise l'Insee, les exportations ont chuté de 11,2% ; la plus forte baisse annuelle précédemment mesurée était celle de 1975 (-3,1%). Les importations ont reculé de 9,7% en 2009, une baisse équivalente à la baisse record de 1975 (-9,8%)". Néanmoins Christine Lagarde n'a pas manqué de se réjouir de l'accélération de la croissance en fin d'année dernière, jugeant que les mesures de relance mises en place par le gouvernement en 2009 ont été couronnées de succès au quatrième trimestre et donnent un élan utile pour entamer l’année 2010.

 

Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les statistiques de l’Insee nous donnent une autre occasion, non pas de sourire, mais de faire moins la grimace. Cette même année 2009 aura vu la destruction de 450 000 emplois. C‘est beaucoup, mais on est loin des 700 000 promis en début d’année. Laurent Wauquier, notre jeune Secrétaire d’Etat à l’Emploi explique ce relatif succès par l’efficacité des mesures prises en matière d’emploi. « Nous n’avons pas pu arrêter la crise, mais nous avons réussi à en amortir le choc social » souligne-t-il. Et de rappeler toutes les petites mesures concrètes directement utilisables et rapidement par les entreprises. Elles faisaient sourire. Aujourd’hui il fait le compte : 800 000 emplois « zéros charges », la formation pendant l’activité partielle, le recrutement des « développeurs » chargés de prospecter dans les entreprises en faveur de l’alternance et les salariés formés dans le cadre du FNE… cela fait au moins 100 000 personnes de plus. Le taux d’emploi des séniors a augmenté d’un point.

 

Alors 2010 ? L’emploi sera encore victime de la croissance molle nous prédit-on. Mais ces prédicateurs ont-il le bon logiciel ?

 

 

                                                                                  Archibald.

 




DU COTE DE L’ECONOMIE

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Quelques feux verts s’allument dans un paysage encore morose, que le bon chiffre du chômage de décembre n’a pas déridé. Et pourtant, dans la grisaille, quelques bonnes nouvelles : seront-elles suivies d’autres dans les semaines qui viennent ?

 

L’emploi peut redémarrer. Simple observation : le parallélisme entre la montée des cours de la bourse et la courbe du chômage. Simple décalage expliquent les économistes. Entre le redémarrage des marchés et l’emploi il y a un décalage de six mois. Comme les cours ont commencé à remonter en mars 2009… faites le calcul vous-mêmes.


Les 4 R de Christine Lagarde. Notre Economiste en chef nationale, reconnue pour sa compétence par le gratin mondial, nous annonce une trajectoire en 2010 en 4 R : Reprise, Réformes, Régulation et Rétablissement (des finances publiques). Tout le monde peut comprendre un tel programme. L’air de rien…

 

L’offre de crédit repart. On est loin du compte en 2009 et les banques n’ont pas respecté les objectifs de croissance. Mais une reprise s’est esquissée en fin d‘année. Sur les 374,5 milliards d’euros octroyés sur les douze derniers mois, en baisse de 80 milliards par rapport à fin décembre 2008, ce sont 10 milliards de plus qu’à fin octobre, soit une progression de 2,65% après 10 mois consécutifs de baisse. Cette relance concerne tous les types de crédits. Et le plus fort redémarrage concerne les particuliers.

 

Le déficit commercial. Il a cessé de se dégrader en 2009 et la France a légèrement amélioré sa compétitivité à l’exportation, grâce notamment aux ventes d’Airbus. Avec la chute de l’euro, cela devrait encore s’améliorer.


Chômage partiel. La soupape qu’il constitue a parfaitement fonctionné en 2009. Il a représenté près de 80 millions d’heures, remplissant son rôle d’amortisseur de la crise. Le tableau de bord du Fonds d’investissement social, annoncé par Nicolas Sarkozy en février et mis en place dès avril a pour mission de « coordonner les efforts en faveur de l’emploi et de la formation accomplis par l’état et les partenaires sociaux dans la lutte contre la crise ». Le coût du chômage partiel s’élève à 319 millions d’euros. Mais la courbe du chômage partiel (63,5 millions d’heures à fin d’octobre/ 77,6 en fin d’année) n’a pas suivi celle du chômage dont la progression s’est ralentie puis inversée sur les derniers mois de l’année. Cela correspond à une fourchette de 705 000 à 887 000 prises en charge individuelles (sachant qu’une même personne peut avoir été prise en charge plus d’une fois au cours de l’année).




DETTE EN CHIFFRES

Contribuable détroussé

La dette atteint près de 1500 milliard d’euros, soit 22 500 euros par habitant. La trajectoire d'évolution des finances publiques de la France transmise à la Commission européenne prévoit qu’elle atteindra 86,1 % du PIB en 2011, 87,1 % en 2012 et 86,6 % en 2013. Malgré sa progression rapide sous l'effet de la crise économique, le gouvernement « n'a pas d'inquiétude particulière » sur la notation AAA de la dette française.

Le déficit public français (Etat, comptes sociaux, collectivités locales) a atteint 7,9 % du produit intérieur brut (PIB) en 2009, un chiffre légèrement inférieur aux 8,2 % attendus par le gouvernement. « On sera à 7,9 % du produit intérieur brut sur l'ensemble de la sphère publique », soit « 6 milliards d'euros de moins que prévu » précisait récemment Eric Woerth.

Le ministre du Budget avait déjà annoncé que le déficit de l'Etat atteindrait le niveau record de 138 milliards d'euros en 2009, mais en retrait sur les 141 milliards initialement escomptés. Le gouvernement a aussi révisé sa prévision de déficit public pour 2010 autour de « 8,2 % » du PIB, contre 8,5 % attendus jusque-là.

 

Ces chiffres reflètent une récession légèrement moins sévère que prévu en 2009 : alors que le gouvernement attendait -2,25 %, le président a évoqué lors de l’émission sur TF1, une fourchette comprise entre -2 et -2,1 %. Pour 2010, le gouvernement a prévu de relever sa prévision de croissance de +0,75  à +1,4 %. Cette amélioration profite aux comptes de l'Etat, grâce à des rentrées fiscales un peu meilleures que prévu, notamment pour l'impôt sur les sociétés fin 2009. Le ministre du budget a également mis en avant l'effort de maîtrise des dépenses publiques.

 

Bruxelles a accordé un sursis jusqu'en 2013 pour revenir sous le seuil de 3% prévu par le traité de Maastricht. Le scénario central du gouvernement prévoit une baisse du déficit public à 6 % en 2011, 4,6 % en 2012 et 3 % en 2013 avec une croissance du PIB de 2,5 % par an à partir de 2011.

Lors de son intervention sur Europe 1 le 3 février, François Fillon a souligné la nécessité pour la France de réduire l'augmentation de ses dépenses publiques : « dans l'esprit de la conférence sur les déficits qui s'est tenue le 28 janvier à l'Elysée. Il faut reprendre le travail de réduction des déficits, on s'est fixé un objectif : repasser en dessous de 3 % en 2013 et atteindre l'équilibre à l'horizon 2020 ». Pour cela, le Gouvernement va « ralentir l'augmentation des dépenses publiques. Il ne s'agit pas d'une politique d'austérité, une politique d'austérité c'est quand on augmente les impôts et qu'on réduit les prestations, alors que la priorité du Gouvernement reste le renforcement de la croissance… Depuis cinquante ans les dépenses publiques augmentent bien au-dessus de l'inflation. Nous allons bloquer les dépenses publiques en dessous de 1 % d'augmentation pour ce qui est du budget de l'Etat et des collectivités locales et en dessous de 3 % pour ce qui est des dépenses de la sécurité sociale. C'est une politique sérieuse de gestion que nous pouvons encore conduire parce que nous avons encore les marges de manœuvre pour le faire », a-t-il précisé. « Si cette politique n'est pas conduite maintenant alors oui dans quelques années nous n'aurons pas d'autre choix que la rigueur ou l'austérité. »

L’établissement d’une règle constitutionnelle encadrant les déficits publics, la distinction entre ce qui relève de l’assurance-maladie et ce qui relève de la solidarité, la diminution du nombre de niveaux d’administrations locales, l’intensification de l’effort de mutualisation des moyens de l’État, en particulier dans le domaine de la formation et l’accentuation de l’externalisation, voilà autant de pistes qui devraient permettre au gouvernement d’atteindre son objectif, vital pour l’avenir de la France.

 

 


VŒUX DETTE …

Contribuable détroussé


Les pays développés ont connu, avec la crise de 2008-2009, une détérioration considérable de leurs finances publiques. La France n’y a pas échappé, évidemment. Deux causes en sont à l’origine : la chute des recettes, conséquence directe de la baisse de l’activité économique, et le plan de relance qui s’est traduit par une hausse importante des dépenses publiques. Et dans un pays à fort « état providence » comme le nôtre, le recul de l’activité entraîne aussi une augmentation mécanique et importante des dépenses sociales, ce qu’on appelle en jargon comptable : des « revenus de transfert ». La conséquence, c’est que l’endettement public s’y est accru, comme partout en Europe et dans les pays développés.

C’est pourquoi, dans notre pays,  l’état doit dès que possible entamer un processus résolu de diminution de la dépense publique. Pour que cette stratégie soit couronnée de succès, il faudrait que la baisse de la dépense publique soit engagée pour longtemps et fasse l’objet d’un consensus national. Il est nécessaire aussi que cette diminution ne soit pas nocive pour l’économie mais bénéficie, autant que possible, au secteur privé pour que les emplois supprimés dans le secteur public soient transférés dans la sphère marchande. Enfin, la baisse de la dépense publique doit être présentée non pas comme une « réforme », mais comme un processus à long terme, indispensable pour que l’économie française reste en croissance et ne connaisse pas d’accident majeur.

Et il est urgent que la fuite en avant s’arrête. Comme le soulignent les spécialistes, une dette publique excessivement lourde crée trois types de problèmes, par ordre croissant de gravité : une perte de capacité d’action de la politique économique ; une augmentation des taux d’intérêt demandés par les créanciers de l’état, en cas de dégradation de la notation de la dette, et donc un accroissement exponentiel de l’endettement public ; le rééchelonnement de dette ou la faillite, quand l’état devient incapable de faire face à ses engagements.

D’ailleurs, la question de la dette figure parmi les principales préoccupations des Français, toutes catégories d’âge et socioprofessionnelle confondues, dont la grande majorité se déclarent inquiets de l’évolution des déficits de l’état. Ils commencent à se rendre compte que leurs enfants devront payer la facture. Mais les études montrent qu’ils en ont une approche dominée par une dimension plus morale qu’économique et financière puisque 69% d’entre eux considèrent que le problème de la dette est qu’elle constitue « un lourd fardeau pour les générations futures ». A cette inquiétude pour les finances publiques s’ajoute celle, encore plus importante, concernant le problème des retraites.


Si on écoute nos concitoyens, ceux-ci privilégient la baisse des dépenses de l'état (92 %) par rapport à une augmentation des prélèvements obligatoires (8 %), ce qui valide le chemin poursuivi par le gouvernement, et une grande majorité d’entre eux (72%) en font une urgence, en estimant que la crise économique ne justifie pas de reporter l'effort de réduction de la dette.


Comme on le voit, le gouvernement a raison de se saisir dès maintenant du problème. Il lui faudra trouver sur cet épineux dossier, comme pour les retraites, la quadrature du cercle. Car, c’est bien connu, les Français sont toujours prêts à l’effort à condition que ce soit les autres qui le fassent.



LE GACHIS DES 35 HEURES


Dessins-35-heures_optimise

Voici dix ans, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin entérinait sa mesure « phare » voulue à toute force par Martine Aubry, après des négociations qui ont entraîné un véritable séisme avec le patronat d’alors, dupé par les méthodes de la Ministre du Travail. Aujourd’hui, elle est entrée dans les mœurs bien qu’elle soit en grande partie détricotée par les différentes mesures d’assouplissement prises sous les gouvernements Raffarin, Villepin et Fillon.

Pour les socialistes elle est encore une « référence sociale ». Pour d’autres, elle est la « plus grande fumisterie qui existe sur le plan économique », la qualifiant d’immense « catastrophe pour notre pays ». En effet, le bilan qui peut en être fait aujourd’hui n’est pas reluisant. Si elle a eu quelques effets positifs sur l’emploi, elle a en revanche un revers de la médaille qui accumule les inconvénients.

Prévue pour créer 700 000 emplois, elle n’en a en fait que 350 000 (chiffre le plus optimiste) à son actif, entre 1998 et 2002, surtout dans les entreprises nationalisées comme la SNCF et la RATP, et encore faut-il compter 150 000 d’entre eux dus aux allégements de charges de cotisations patronales pesant sur les finances publiques.

Le concept s’appuie sur un dogme irréel du « partage du travail ». La vérité, c’est que l’économie ne fonctionne pas comme ça, surtout en période de mondialisation. Concevoir la richesse produite comme une constante est une hérésie que la mise en place des 35 heures n’a pas tardé à vérifier.

Quelles sont les conséquences mesurables que l’on peut attribuer, directement ou indirectement aux 35 heures : leur coût (20 milliards d’euros par an), l’accélération des délocalisations par la baisse de compétitivité imposée à nos entreprises, la stagnation des salaires à cause de l’effet de rattrapage des 35h payées 39, l’augmentation de la productivité de l’ordre de 4 à 5% qui a généré des tensions et est à l’origine de beaucoup de stress, un frein à l’emploi dans nombre d’entreprises dont la taille ne permet pas de compenser le différentiel horaire par une embauche… et que dire de la désorganisation durable de nos hôpitaux. Seuls, peut-être, les cadres ont-ils pu tirer leur épingle du jeu. En revanche elles ont contribué à fragmenter encore plus les temps partiels en permettant la « flexibilité », contrepartie exigée par les patrons. Et les « rtt » ont contribué à inverser le rapport travail-loisirs dans la tête de nombreux salariés.

Sans compter les inégalités qu’elles ont suscitées parce que la loi ne s’applique pas à de nombreux secteurs  tels que la restauration, le transport routier, le bâtiment, ainsi que dans nombre de petites entreprises. En réalité les personnes qui ne travaillent que 35 heures sont peu nombreuses, puis que en 2007, la durée moyenne habituelle de la semaine de travail à temps complet était de 39 heures 24 (Insee).Ni obligatoires, ni maximales, les 35 heures correspondent uniquement au seuil de déclenchement des heures supplémentaires. En matière de « justice sociale », on pouvait faire mieux !

Donc, un constat sans appel : frein à la croissance, destruction d’emplois, stagnation des salaires,… les 35 heures ont été une double peine pour les salariés et les entreprises, qu’ils paient encore aujourd’hui.

 




MAUVAISE NOUVELLE : LE CHOMAGE BAISSE !

 

Une hirondelle ne fait pas le printemps, surtout en hiver. Quelle drôle d’idée : le chômage a baissé en décembre. Pas énormément, mais significativement.  Eh bien, j’ai eu beau écouter la radio, regarder différents JT, rien à faire pour trouver un commentaire qui ne soit pas assorti de telles remarques négatives que ça en annulerait bientôt la bonne nouvelle !

A croire que cela gêne beaucoup de monde. La gauche, en premier, parce que ça l’obligerait à reconnaître qu’elle s’est trompée depuis le début en critiquant la politique de relance par l’investissement menée par le gouvernement, alors qu’elle annonçait mois après mois une baisse de la consommation qui s’est maintenue. Les experts parce que ce serait admettre qu’ils se sont plantés, qui annoncent toujours une reprise molle en se fiant à leur expérience passée qui n’est plus de mise, ce qui les conduit à corriger semaine après semaine leurs prévisions qui sont parties pour la France de 0,5 pour en être à 1,5 % pour 2010 (excusez du peu : trois fois plus). Et rien ne dit que ce ne sera pas plus plutôt 2%.

Le président, l’autre soir a eu raison de faire preuve d’optimisme (D'ailleurs 57% des 8,5 millions de Français qui ont suivi le débat l'ont trouvé convaincant). D’abord parce que si lui ne croit pas dans la politique qu’il mène, qui y croira ? Surtout parce qu’après la crise vient toujours la reprise et que toutes les mesures ont été prises, pour une fois, dans notre pays, pour ne pas la plomber… notamment par une relance de la consommation qui gaspillerait des sous qu’on n’a plus et qui ne profiterait qu’aux Chinois. Les investissements programmés pour 2010 et la mise en route des options du grand emprunt sont autant d’adjuvants qui vont permettre à notre économie de tenir le coup et de se redresser. Pour peu que la machine allemande, qui patine actuellement, se remette en route, et tout baignera dans l’huile.

L'opinion des ménages sur la situation économique remonte d'un point par rapport à décembre et de 13 points par rapport au même mois de l'année dernière. Comme quoi l’entreprise de démoralisation nationale de nos médias reçoit finalement peu d’échos.

Si seulement l’opinion pouvait en rendre grâce à ceux qui mènent cette politique économique qui non seulement a limité sérieusement les dégâts sur le plan de l’emploi mais permet maintenant une croissance meilleure que prévue.  C’est trop demander ?


 


QUEL IMPROGLIO !

EDF

 

Si la France était une île isolée du reste du monde, que ce serait plus facile. Il n’y aurait nul besoin de tenir compte de l’environnement international et nous pourrions pendre nos décisions à l’aune de nos petites tares nationales. Mais voilà ce n’est pas le cas, et le vaste monde se rappelle à nous à tout instant.

Ainsi la dernière polémique autour du salaire de M. Proglio. Passe encore que nos « furieux », éternels traumatisés du « pognon » mènent la croisade contre « l’indécence de la somme ». C’est vrai, pour le vulgum, c’est beaucoup. Mais encore faut-il savoir que 2 Millions d’euros c’est encore peu quand on dirige une grande entreprise internationale. Et avec son 1,6 million, le patron d’EDF fait « minus » dans la cour des grands. Il a donc fallu qu’il renonce aux 450 000 euros que la présidence semi fictive chez Véolia lui assurait. C’est là qu’on touche au scabreux.  Tout vient du fait que notre entreprise nationale ne peut pas lui verser le salaire auquel son statut lui permettait de prétendre. Alors, EDF qui se veut à dimension européenne n’aurait finalement que les moyens d’une boite hexagonale ?

Outre le fait que la double casquette de M. Proglio n’est pas sans poser problème tant Véolia et EDF on de secteurs qui se marchent sur les pieds, on aurait pu éviter d’exposer les membres du gouvernement à affirmer, défendre, justifier pour finalement se déjuger et approuver le contraire. Le montage présentait le flanc à la critique, elle n’a manqué de l’exploiter. Il est vrai que ce type de débat n’existe qu’en France et ne vise que les patrons. S’il s’était agi d’un footballeur ou de l’entraîneur de l’équipe de France, on n’aurait entendu personne crier au scandale. Bizarre comme nos censeurs sont sélectifs !

J’en déduis que pour les gens de gauche, il n’est nul besoin d’aller chercher un grand «talent » pour piloter notre « perle » de l’énergie.  Mais n’est-ce pas parce que ceux-là raisonnent toujours en terme de « monopole » alors que l’énergie est entrée dans le secteur concurrentiel -qui n’en est lui-même qu’à ses débuts- et estiment sûrement que les tarifs réglementés protégeront encore longtemps la position abusivement dominante, largement favorisée par l’état, d’EDF ? C’est bien évidemment parce que ce n’est pas le cas, qu’il est urgent de préparer l’avenir et de renforcer les positions de l’entreprise française sur les marchés européens, voire mondiaux que le gouvernement a souhaité confier EDF à M. Proglio. C’est justement parce qu’il a l’expérience requise et les compétences d’un homme qui a fait ses preuves à la tête d’une grande entreprise internationale…. où il gagnait beaucoup plus.

Mais en France, on fait toujours compliqué quand il faudrait faire simple.

 

 


PEUT-ON REORIENTER LE CAPITALISME ?

DiscoursPM

 

C’est la question qui était posée en filigrane du colloque « Nouveau monde – nouveau capitalisme » organisé par la Gauche Moderne d’Eric Besson.

 

Depuis le début de la crise, sous l’impulsion de Nicolas SARKOZY, la France se bat pour la moralisation du capitalisme. Elle a été à l’initiative du G20 pour que les pays émergents ne soient pas mis à l’écart. Elle a soutenu les efforts de rénovation du FMI pur que son rôle soit élargi, et elle est à la manœuvre pour que soient mises en place une nouvelle régulation financière.

  

La Ministre de l'Économie, Christine Lagarde, vient de confirmer la mise en place d’une taxe exceptionnelle sur les bonus qui sera appliquée dès la fin du premier trimestre 2010. Ce texte prévoit de taxer à hauteur de 50 % tous les bonus, réalisés par les opérateurs de marché payés depuis la France, indépendamment des modalités et du calendrier des versements. La création de cet impôt exceptionnel,  prélevé sur les  bonus,  est une mesure de bon sens, d’équité et de justice, eu égard à l’intervention des finances publiques au  secours du système bancaire. Il est légitime, puisque les profits sont de retour dans de nombreux établissements bancaires et financiers, que les Français soient directement associés à ces résultats positifs. Cette taxation devrait en effet générer une rentrée de 360 millions d'euros, dont 270 millions seront consacrés à alimenter le Fonds de garantie des dépôts pour renforcer la sécurité des déposants.

De son côté,
en clôturant le colloque « Nouveau Monde, Nouveau Capitalisme », le 8 janvier, le Premier Ministre, François FILLON,  a appelé les Etats à « réorienter » le capitalisme et à éviter à tout prix le retour des mauvaises habitudes en créant « une nouvelle règle du jeu mondial fondée sur la coordination des politiques économiques ». « A présent, notre priorité doit être de conjurer l'économie de bulle et d'éviter à tout prix le retour au business as usual », a-t-il déclaré, en adressant une mise en garde contre le retour de la spéculation financière et immobilière, et refusant que la finance prenne une « position hégémonique sur la production ». « L'endettement des pays développés et la structure du bilan des banques sont devenus tels que tout nouveau sauvetage en haute mer devient matériellement impossible, et nous ne disposerons donc plus de parade efficace pendant de nombreuses années. Face à ces dérives, une éthique et une philosophie du capitalisme mondialisé émergent. Elles consistent notamment à résister aux tentations du laisser faire et à la fascination des modes et des mythes. Cette volonté de résistance, je ne la dissocie pas des valeurs gaullistes qui fondent mon engagement, cette synthèse entre efficacité économique et justice sociale, dans laquelle l'Etat joue un rôle d'arbitre entre les impératifs du long terme et les pulsions du court terme,» a-t-il continué.

   

François Fillon, pointant du doigt les « poisons et délices » du capitalisme qu'il faut conjurer veut réhabiliter « la responsabilité, la transparence, l'éthique » dans l'économie, a rappelé les avancées récentes :

- sur la régulation des bonus distribués aux opérateurs de marché, le G20 de Pittsburgh avait repris les positions françaises;

- dans la lutte contre les paradis fiscaux, de nombreux pays ont décidé de mettre fin au secret bancaire et il sera « difficile aux récalcitrants de revenir en arrière ». Le G20 a décidé que des sanctions pourront être adoptées à partir de mars 2010 contre les Etats qui violent les règles internationales ;

-  sur la régulation des banques, François Fillon a rappelé les progrès réalisés en France : création d'une autorité unique de contrôle des banques et des assurances, dotée notamment de nouveaux pouvoirs leur permettant de sanctionner les politiques de rémunération qui conduisent à une politique de prise de risque inconsidérée.

D’autre part, les systèmes de protection des épargnants seront renforcés grâce à une taxe assise sur les bonus, a également rappelé François Fillon.

Pour ne pas retomber dans la routine des égoïsmes nationaux, le Premier Ministre propose de « créer une nouvelle règle du jeu mondial fondée sur la coordination des politiques économiques ». « Il n'est pas possible que la prospérité repose durablement sur les déficits abyssaux des uns et les excédents de balances de paiement des autres. Il est donc impératif de mieux se coordonner dans au moins trois domaines » et de :

- faire en sorte que les parités monétaires reflètent davantage les fondamentaux économiques. Pour François Fillon, il serait souhaitable, dans cette optique, d'intégrer la régulation des marchés de change dans l'agenda du G20 ;

- coordonner les stratégies nationales d'assainissement des finances publiques. « Le risque est réel de voir certains pays aller trop loin dans les déficits », a-t-il souligné ;

- poursuivre les efforts menés dans le cadre de l'OMC pour limiter les barrières protectionnistes et développer les accords de libre-échange ;

- raffermir les enceintes de coordination des politiques économiques : G20, FMI et Banque mondiale, ces deux derniers étant dotés de vrais pouvoirs d'évaluation et de régulation et représentant mieux les pays émergents. « En novembre 2008, a-t-il rappelé, la France a obtenu que, pour la première fois de son histoire, le G20 se réunisse au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement ».  Le sommet de Pittsburgh a depuis confirmé l'institutionalisation du G20 comme instance de pilotage de l'économie mondiale.

  

« Ce que je crois, c'est qu'un nouveau capitalisme fondé sur une éthique de progrès est possible », a-t-il poursuivi, rejetant les nouveaux dogmes de la décroissance, une vision « illusoire, rétrograde et pour tout dire défaitiste ». Le  grand emprunt national va dans ce sens. « Ce goût de l'avenir, c'est à 27 qu'il faut l'avoir », a conclu François Fillon, appelant l'UE à « initier une vraie politique de croissance » et les Etats membres à mettre sur pied un « véritable gouvernement économique européen sans lequel aucune coordination des politiques, ni aucune réassurance des chocs internes ou externes de la zone euro ne peut exister ».

 


AUTO-ENTREPRISE

                                                       

Voilà une initiative qui a donné de bons résultats : le statut de l’auto-entrepreneur. Celui-ci permet de créer son entreprise plus facilement et de bénéficier d'un régime fiscal accommodant, les cotisations sociales de l'entreprise étant indexées sur son chiffre d'affaires. Si bien que l'auto-entreprise a d'ores et déjà séduit 291 921 personnes, bien au-delà des espoirs de son instigateur, Hervé Novelli, le secrétaire d'Etat des Petites et Moyennes Entreprises. Ce statut, mis en place il y a un an, principalement destiné aux personnes désirant s'octroyer un complément de revenu, mais pas seulement, a permis en période de crise de garder le cap en matière de créations d’entreprises.

Cela représente tout de même plus d'une création sur deux. En effet, le record de 327 000 créations d'entreprises établi en 2008 sera largement battu en 2009. Fin novembre, selon l'institut, 528 399 nouvelles sociétés avaient déjà vu le jour. Si on déduit l’auto-entreprise, ce sont tout de même 236 144 unités qui ont vu le jour dans les 11 derniers mois, auxquelles devaient encore s’ajouter celles du mois de décembre. Un assouplissement et une facilité qui sont les bienvenues et qui auront permis ainsi autant de créations d’emplois.

De quoi permettre au Ministre de présenter un bilan annuel satisfaisant ! Même si le chiffre record en créations d’entreprises (hors nouveau statut) reste celui de 2008 avec plus de 300 000 naissances. 


2010, UNE ANNEE DELICATE


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Sans tomber dans le catastrophisme que certains n’hésitent pas à brandir face à la faiblesse persistante de certains secteurs de l’économie américaine, il faut bien reconnaître que l’année qui débute ne présente pas que des aspects réjouissants. Les gouvernements des pays dits « riches » se trouvent obligés de laisser filer les déficits publics pour soutenir une reprise fragile qui ne tiendrait pas sans eux, tout en guettant le moment espéré où ils pourront commencer à fermer le robinet. Pendant ce temps-là, dans les pays comme l’Inde et la Chine, les gouvernements risquent d’avoir du mal à maîtriser une relance dont les taux de croissance avoisineront les 10%, avec la menace d’une inflation dont les signes réapparaissent.

Mais partout, l’assainissement budgétaire et monétaire est à l’ordre du jour. Le problème est de savoir à quel moment, il faut commencer l’effort : trop tôt et l’on enraye le redémarrage, trop tard et il faudra alors des hausses d’impôts pour compenser.

Les économies du continent européen sont encore convalescentes. Si quelques clignotants sont passés au vert, la plupart hésitent encore entre l’orange et le rouge. La production devrait augmenter dans le monde entier, mais elle se traînera en Europe qui ne décollerait pas du 1,5%. En France, la consommation résiste encore, l’emploi donne son premier signe encourageant avec une activité en hausse de l’intérim qui précède généralement le retour de l’embauche, alors que les industriels ont des stocks au plus bas. Mais tant que la dette publique remplace la dette privée comme carburant de la croissance, nous ne serons pas sortis d’affaire.

Un autre sujet de préoccupation est le rapport entre les monnaies. La faiblesse du Dollar handicape notre sortie de crise, et la Chine campe sur une position égoïste qui reste sourde à toutes les demandes de réévaluation du Yuan. On sent déjà le ton se durcir entre les Etats-Unis et Pékin. Mais ne nous leurrons pas, le géant asiatique n’acceptera, comme à Copenhague, que ce qui lui convient et sert ses intérêts. Il ne faut pas compter sur lui pour aider la communauté internationale à générer une reprise mondiale durable. Dans ce contexte, la surévaluation de l’Euro est un handicap qui risque de durer encore un bout de temps, et ce n’est pas fait pour nous plaire !

Oui, 2010 sera une année délicate qui nécessitera un pilotage tout en finesse.



UN GRAND EMPRUNT TRES RAISONNABLE

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A force de faire passer Nicolas Sarkozy pour un super excité autoritaire, on aurait presque fini par oublier que c’est au contraire un homme qui consulte beaucoup et qui s’entoure de beaucoup d’avis avant de trancher. Il est même capable d’évoluer dans son point de vue. Le « grand emprunt » en est un exemple. Il avait envisagé une enveloppe beaucoup plus importante et de lever l’argent par l’appel à l’épargne populaire. Le montant ne sera que de 35 milliards d’euros et l’emprunt sera levé sur le marché, ce qui le rendra beaucoup moins coûteux. Au demeurant, la somme véritablement empruntée s’élèvera à 22 milliards, le reste étant couvert par l’argent que les banques vont rembourser à l’état. C’est raisonnable et c’est bien joué. Tant pis pour l’habillage politique que certains souhaitaient.

Il n’en demeure pas moins que par sa dimension, c’est le plus grand emprunt d’Etat jamais vu sous la Vème république. Et si j’en crois les commentaires entendus hier soir à « C’ dans l’air » des gens compétents réunis autour d’Yves Calvi, comme Elie Cohen que l’on ne peut suspecter de sarkozysme zélé, il est particulièrement bien taillé et ciblé. Mêmes les procédures, à quelques poils près, semblent faire l’unanimité. Cet emprunt va donc servir à doper notre enseignement supérieur qui en a bien besoin, à financer des investissements pour faire émerger les « campus du 21ème siècle », la recherche, les PME ou encore le développement durable. « Il nous faut investir pour rattraper le retard dû à la crise. C'est de l'investissement que naît le progrès technique, moteur de la croissance ».

Il s’agit en effet de « préparer la France aux défis de l'avenir ». Cet emprunt est un événement important pour notre pays que les Français auraient bien tort de prendre à la légère en écoutant les balivernes de l’opposition, qu’Elie Cohen qualifiait hier soir de « skizophrénie de la dette ». Il devrait au contraire faire consensus ne serait-ce que par le caractère très pluraliste de la commission qui a présidé à sa définition, dont Alain Juppé et Michel Rocard ne sont que la partie voyante.

Mais l'opposition ne veut voir qu’une opération de séduction très coûteuse à long terme, ce qui n’est même pas vrai. Les exemples de pays surendettés comme la Grèce et l'Espagne devraient dissuader la France de creuser encore plus son déficit : voilà qui prouve une fois de plus que le PS, ou bien méconnaît totalement le positionnement de la France en matière de dette, ou plutôt, ce que je crois, cherche à faire peur aux Français pour en tirer des bénéfices électoraux à court terme. Il faudrait pourtant que ses dirigeants expliquent comment avec 15 milliards d’euros qu’ils récupéreraient de l’abrogation de la loi TEPA et des niches fiscales, ils feraient pour, tout à la fois, relancer la croissance, diminuer la dette, augmenter le nombre des fonctionnaires, équilibrer les comptes sociaux et distribuer du pouvoir d’achat, comme ils le prétendent. Ce sont des magiciens…du verbe !

Les efforts finiront par payer, car hors crise, les dépenses de l’Etat sont tenues. Il faut garder le cap. Demain sera meilleur qu’aujourd’hui. Plus que jamais, je crois à l’essor de la France dans les dix ans qui viennent. L’emprunt est une pierre de plus qui en renforce l’augure.

 


LA GRANDE A DU TALENT !

ChristineLagarde

Christine Lagarde, née le 1er janvier 1956 à Paris, est une avocate, femme d'affaires venue récemment à la politique. Après des études à Sciences Po et à la Holton Arms School de Bethesda, cette ancienne championne de natation synchronisée s'installe à Chicago et rejoint les rangs de « Baker and Mac Kenzie », un célèbre cabinet d'avocats d'affaires dont elle prend la tête quelques années plus tard.
 
Appelée au gouvernement en juin 2005,  elle décide de mettre ses compétences au service de la France. Son poste de ministre délégué au Commerce extérieur lui permet de déployer tous ses talents de négociatrice, en s'impliquant dans les pourparlers de l'Organisation Mondiale du Commerce et en s'efforçant de promouvoir les exportations françaises.
 
Brièvement ministre de l'Agriculture et de la Pêche dans le premier gouvernement Fillon, elle devient, à l'occasion du remaniement de juin 2007, la première femme ministre de l'Économie en France. Sa nomination est unanimement saluée par la presse internationale. La ministre est  déjà élue en 2006, 30ème  femme la plus puissante du monde par le magazine « Forbes». 

La Ministre française de l'Economie vient d’être désignée « Ministre des Finances de l'année en Europe » par un jury du Financial Times (FT), qui la qualifie de « star » dans le monde de la finance, pour sa pugnacité pendant la crise. Les membres du jury ont apprécié ses performances au niveau international en ce qui concerne la régulation et l'avenir du secteur bancaire. « Aucun autre ministre des Finances d'une économie importante du monde est parvenu à traverser cette année test dans une telle forme » commente le journal, soulignant que la ministre française était en queue de classement il y a deux ans.

 

Le Financial Times estime que l'économie de la France s'est avérée l'une des plus résistantes du monde industriel. « Elle est également bien équilibrée, ne dépendant ni des exportations, ni d'un secteur immobilier hypertrophié et disposant d'un important secteur public qui contribue à l'équilibre de l'économie », précise encore le journal qui estime que les mesures prises par le gouvernement français ont permis d'éviter « une récession encore plus marquée ». Un canard que les socialistes feraient bien de lire !

 

Il ressort de l’analyse que Christine Lagarde a joué un rôle déterminant dans la gestion de la crise au niveau international, faisant preuve d'une grande détermination pour apporter une réponse coordonnée.

 

C'est la quatrième fois que le quotidien accorde ce prix.

 

Voilà qui devrait rassurer les Français. Les finances du pays sont entre de bonnes mains et on peut mesurer chaque jour, les qualités d’une Ministre qui sait s’engager mais aussi écouter et dialoguer. Ainsi, devant le Sénat, elle a su utiliser les mots qu’il fallait pour défendre son projet et prendre en compte les critiques sur le texte de la réforme de la taxe professionnelle, en assurant qu'elle voulait prendre sur cette mesure phare, « le temps de l'examen » mais aussi « le temps de l'erreur » et « nous sommes tout à fait d'accord pour avoir une clause de rendez-vous à la mi-année pour corriger", "vérifier sur la base des simulations", a-t-elle précisé.

Ce qui fait que, quoi qu’on dise, la démocratie fonctionne. Et les sénateurs ont voté le texte de la réforme de la taxe professionnelle….



LES CHOIX JUDICIEUX DU TANDEM JUPPE-ROCARD

 Fortune_100

La France peut se targuer d’avoir redressé sa situation plus vite que d’autres états membres de l’Europe. Ce n’est pas un mince succès, même s’il est prématuré de faire cocorico. Si l’opposition n’était pas empêtrée dans ses problèmes de postures politiciennes à répétition, elle pourrait sinon reconnaître (n’en demandons pas trop), au moins s’apercevoir que le gouvernement sous la houlette de Nicolas Sarkozy, a conduit son action avec intelligence, en faisant du keynésianisme élémentaire juste ce qu’il faut pour contenir les conséquences sociales et permettre une convalescence rapide de notre économie. Il est vrai aussi qu’en choisissant Christine Lagarde, le Président a fait la « bonne pioche ». La France est sur la bonne voie et sa politique économique et financière est efficace. Il n’y a que Mme Royal pour dire le contraire, mais sa motivation la rend sourde et aveugle. Il ne lui reste que la parole et c’est pour affirmer des contre-vérités et des inepties économiques.

Le plan de relance était la pompe à incendie. Le maintien de la cure d’amaigrissement de l’état et du frein sur les dépenses courantes, la réforme de la fiscalité et particulièrement celle de la taxe professionnelle sont autant de vitamines dont l’économie de la France ne peut que profiter en 2010. L’emprunt national c’est l’investissement à long terme qui nous permettra de renouer avec la prospérité.

Le « Grand emprunt » tel qu’il est conçu est une rupture. Emprunter pour financer ce que l’état n’a plus les moyens de se payer à cause de la dette et du déficit, voilà qui pourrait paraître paradoxal. A l’évidence, les priorités définies par le tandem Juppé-Rocard sont les bonnes. La priorité donnée à la recherche et à l’université, est non seulement souhaitable et utile, mais déterminante pour l’avenir de notre économie. On peut aussi se réjouir du choix de placer quelques milliards d’euros dans la société numérique et l’émergence des villes du futur. D’autres secteurs comme la santé ou le vieillissement auraient pu aussi faire partie des secteurs porteurs, mais il fallait être raisonnable. L’enveloppe de 35 milliards est calculée pour s’autofinancer à partir d’un surplus de croissance de 0,5%.

Le plus important, n’est pas la somme, mais la méthode : engagement d’une évaluation préalable des projets, l’assurance de préserver la solidité des finances publiques, et surtout la volonté de coordonner les priorités de l’emprunt avec les réformes déjà engagées. On évite le saupoudrage d’avance inefficace, et on s’apprête à donner de l’argent aux universités au moment où leur changement de gouvernance en garantit une bonne utilisation. Si le gouvernement tient ce cap, les effets bénéfiques ne tarderont pas à poindre.