PEUT-ON REORIENTER LE CAPITALISME ?
15 janvier 2010
C’est la question qui était posée en filigrane du colloque « Nouveau monde – nouveau capitalisme » organisé par
Depuis le début de la crise, sous l’impulsion de Nicolas SARKOZY,
De son côté, en clôturant le colloque « Nouveau Monde, Nouveau Capitalisme », le 8 janvier, le Premier Ministre, François FILLON, a appelé les Etats à « réorienter » le capitalisme et à éviter à tout prix le retour des mauvaises habitudes en créant « une nouvelle règle du jeu mondial fondée sur la coordination des politiques économiques ». « A présent, notre priorité doit être de conjurer l'économie de bulle et d'éviter à tout prix le retour au business as usual », a-t-il déclaré, en adressant une mise en garde contre le retour de la spéculation financière et immobilière, et refusant que la finance prenne une « position hégémonique sur la production ». « L'endettement des pays développés et la structure du bilan des banques sont devenus tels que tout nouveau sauvetage en haute mer devient matériellement impossible, et nous ne disposerons donc plus de parade efficace pendant de nombreuses années. Face à ces dérives, une éthique et une philosophie du capitalisme mondialisé émergent. Elles consistent notamment à résister aux tentations du laisser faire et à la fascination des modes et des mythes. Cette volonté de résistance, je ne la dissocie pas des valeurs gaullistes qui fondent mon engagement, cette synthèse entre efficacité économique et justice sociale, dans laquelle l'Etat joue un rôle d'arbitre entre les impératifs du long terme et les pulsions du court terme,» a-t-il continué.
François Fillon, pointant du doigt les « poisons et délices » du capitalisme qu'il faut conjurer veut réhabiliter « la responsabilité, la transparence, l'éthique » dans l'économie, a rappelé les avancées récentes :
- sur la régulation des bonus distribués aux opérateurs de marché, le G20 de Pittsburgh avait repris les positions françaises;
- dans la lutte contre les paradis fiscaux, de nombreux pays ont décidé de mettre fin au secret bancaire et il sera « difficile aux récalcitrants de revenir en arrière ». Le G20 a décidé que des sanctions pourront être adoptées à partir de mars 2010 contre les Etats qui violent les règles internationales ;
- sur la régulation des banques, François Fillon a rappelé les progrès réalisés en France : création d'une autorité unique de contrôle des banques et des assurances, dotée notamment de nouveaux pouvoirs leur permettant de sanctionner les politiques de rémunération qui conduisent à une politique de prise de risque inconsidérée.
D’autre part, les systèmes de protection des épargnants seront renforcés grâce à une taxe assise sur les bonus, a également rappelé François Fillon.
Pour ne pas retomber dans la routine des égoïsmes nationaux, le Premier Ministre propose de « créer une nouvelle règle du jeu mondial fondée sur la coordination des politiques économiques ». « Il n'est pas possible que la prospérité repose durablement sur les déficits abyssaux des uns et les excédents de balances de paiement des autres. Il est donc impératif de mieux se coordonner dans au moins trois domaines » et de :
- faire en sorte que les parités monétaires reflètent davantage les fondamentaux économiques. Pour François Fillon, il serait souhaitable, dans cette optique, d'intégrer la régulation des marchés de change dans l'agenda du G20 ;
- coordonner les stratégies nationales d'assainissement des finances publiques. « Le risque est réel de voir certains pays aller trop loin dans les déficits », a-t-il souligné ;
- poursuivre les efforts menés dans le cadre de l'OMC pour limiter les barrières protectionnistes et développer les accords de libre-échange ;
- raffermir les enceintes de coordination des politiques économiques : G20, FMI et Banque mondiale, ces deux derniers étant dotés de vrais pouvoirs d'évaluation et de régulation et représentant mieux les pays émergents. « En novembre 2008, a-t-il rappelé,
« Ce que je crois, c'est qu'un nouveau capitalisme fondé sur une éthique de progrès est possible », a-t-il poursuivi, rejetant les nouveaux dogmes de la décroissance, une vision « illusoire, rétrograde et pour tout dire défaitiste ». Le grand emprunt national va dans ce sens. « Ce goût de l'avenir, c'est à 27 qu'il faut l'avoir », a conclu François Fillon, appelant l'UE à « initier une vraie politique de croissance » et les Etats membres à mettre sur pied un « véritable gouvernement économique européen sans lequel aucune coordination des politiques, ni aucune réassurance des chocs internes ou externes de la zone euro ne peut exister ».
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