HISTOIRE

AU CENTRE : COMBIEN DE DIVISIONS ?

 

On va finir par croire que quand on ne sait pas où héberger en politique, on dit qu’on est  « au centre » ! C’est quoi le centre ? On connaissait le centre de Lecanuet, il était démocrate et social. Il se définissait ainsi parce qu’il se trouvait à mi-chemin des sociaux-démocrates de gauche et des socio libéraux de droite… Mais aujourd’hui entre le PS et l’UMP, qui est la fusion, rappelons-le du RPR et de la plus grande partie de l’UDF, l’espace commence à être encombré.

On y trouve le centre « extrême » de Bayrou. Extrême par son intransigeance. On y trouve le « Nouveau centre » d’Hervé Morin qui regroupe des exilés du Modem effarouchés par l’ayatollah et la grande prêtresse qui le gouverne. Il ne faut pas oublier « l’Alliance centriste » du Sénateur Arthuis, sorte de nébuleuse aux frontières mal définies. Et puis voilà maintenant que l’ancien Premier Ministre, Villepin, que l’on croyait gaullo-bonapartiste, se déclare lui aussi au centre. Et maintenant c’est au tour de Borloo, après avoir quitté le gouvernement, qui prétend occuper la place, avec une sensibilité de … centre gauche. Vous voyez bien que lorsque je parle de divisions, ce n’est pas des troupes que je parle !

Si l’électorat centriste existe bel et bien, il est aujourd’hui servi.  Par contre, les prétendants sont à la tête d’armées mexicaines aux effectifs fort maigres. C’est que depuis fort longtemps, le centriste, par définition est un « p’têt que oui, p’têt que non » et il est difficile de le faire militer. L’ambition, plus qu’un projet, n’est-il pas leur moteur commun et des rivalités profondes séparent tous ces « braves gens » qui nous veulent tant de bien.

Toutes les conditions sont réunies, en vérité, pour que la compétition des ambitions annule la perspective d’un rassemblement, lequel, au demeurant ne constituerait pas un électorat suffisant pour dépasser le statut de force d’appoint. Et les dîners en ville, ou en tête-à-tête ne semblent pas changer grand-chose à la donne.

Entre le centre qui se parcellise et la gauche qui tente de masquer ses divisions sans y parvenir, nous n’avons pas fini d’assister aux batailles d’égo. De quoi donner à Nicolas Sarkozy quelques occasions de se délecter, lui qui peut compter sur une UMP sanctuarisée aux troupes aguerries. Au moins personne n’ose lui contester le leadership, sinon en criant sa bonne fois de vouloir bien le servir pour 2012. Tout cela pour dire qu’il tient encore en main, en dépit des sondages, les atouts qui pourront lui permettre de remporter la mise.



MANUEL ENVOIE « VALLSER » LES 35 H …

Valls

 

« Déverrouiller les 35 heures » : le tabou est brisé. « Valls, il a free, il a tout compris ! ». Il a compris que les Français devaient se retrousser les manches et se remettre au travail. Il a compris que les 35H c’est le symbole d’une France qui pense plus à se reposer avec les RTT qu’à créer des richesses. Il a compris que la montagne idéologique a accouché d’une souris et que la 1ère secrétaire en est encore à croire que son dispositif a créé 400 000 emplois alors qu’il devait en créer 1 million quand l’INSEE arrive péniblement à en décompter … 150 000.  Les 35 H c’est un fiasco qui coûte une fortune. Là encore le candidat à la candidature n’a pas peur d’asséner les vérités : le dispositif coûte une fortune à l’Etat chaque année et pour le contourner on a mis en place une usine à gaz qui consiste à défiscaliser les heures supplémentaires censées les compenser pour permettre à ceux qui le souhaitent ou le peuvent, de travailler plus.

Et le député-maire d’Ivry n’y va pas par quatre chemins : « déverrouiller les 35 heures  pour permettre aux Français de travailler plus et travailler mieux. Il faudrait augmenter de deux ou trois heures la durée légale du travail et les salaires d'autant. Tout cela devrait évidemment se négocier avec les partenaires sociaux. Cela permettrait de se donner une marge de manoeuvre supplémentaire pour sortir du blocage très français sur les salaires et le travail. Ce serait aussi une manière d'alléger le budget de l'Etat» Valls-Copé, même combat ? C’est une affaire de génération.

En effet, quand la direction du PS regrette une « posture », il enfonce le clou. Les 35 H sont ramenées à des postures des années 70,80 ou 90. « Le rôle des responsables politiques c’est de faire preuve d’inventivité et de formuler des nouvelles propositions ». Manuel Valls entend bien profiter des primaires socialistes pour faire entendre sa petite musique. Sauf que les effets en sont dévastateurs dans un parti qu’il faudrait aussi « déverrouiller » et qui n’accepte le débat que sous la forme d’additions, personne ne voulant trancher entre les « réalistes », clan auquel appartient le député d’Ivry, et les « idéologues » retranchés derrière Benoit Hamon.

Cela dit, il rend aussi service à droite où Jean-François Copé aimerait bien remettre le sujet en avant, alors que le Président reste sur la réserve, estimant que le détricotage réalisé est suffisant. Il reste cependant coûteux, plus de 20 milliards par an, et au moment où les économies sont à la mode…

Le débat dépasse le cadre franco-français. Nombre de pays européens plaident pour l’abandon de toute durée légale du travail dans les pays de l’Union. Le dossier doit être plaidé prochainement à Bruxelles. Le fait que l’Allemagne se soit ralliée à l’idée lui donne du poids. Voilà donc qui va alimenter et faire rebondir la querelle. Les socialistes n’ont pas fini de se disputer, car ce débat est tout sauf inutile !

 


DES VŒUX AUX REALITES …

Sarko voeux 2011

Voilà un Président très « présidentiel » qui a visiblement pris le « pli » qu’impose, sous la Vème république, le poids des responsabilités sur les épaules du chef de l’Etat. La « patine » a remplacé le « trop voyant » des débuts, la « patience » s’est substituée à la hâte des premiers temps. Bref, comme beaucoup d’observateurs l’ont signalé, le Président a pris de la hauteur. On sait aussi qu’il apprend vite et qu’il sait tirer les leçons.

Voilà des vœux raisonnablement optimistes pour les Français en 2011. Vœux auxquels les éternels Cassandre opposeront comme d’habitude et sans grand risque d’être détrompés par des médias grand public le plus souvent ignards en économie, leurs sombres prévisions et leurs convictions étayées des mêmes ritournelles.

Pourtant, il y a un an, c’est le même concert de critiques hautaines et méprisantes qui avait accueilli les prévisions économiques, sociales et budgétaires que le président avait égrenées lors de son discours du jour de l’an. La France ne devait en aucune façon atteindre aucun des objectifs qu’il lui assignait. Il est facile de constater qu’à l’arrivée, sur le déficit, la croissance, l’emploi et le pouvoir d’achat, les résultats de 2010 auront été pour certains proches, pour d'autres au-delà des espérances. Qui ment, je vous le demande ?

Alors, en sera-t-il tenu compte cette fois-ci ? On n’aurait tort de tenir pour négligeable les promesses du Président. D’autant plus qu’il réitère trois engagements tirés de l’expérience de l’année écoulée : celui de faciliter la cohésion sociale en choisissant la fraternité républicaine, celui de maintenir le cap d’une rigueur budgétaire salvatrice mais aux efforts mieux répartis, celui d’améliorer l’attractivité fiscale de notre pays, qui sous couvert de convergence franco-allemande, permettra de sortir de cet impôt imbécile de solidarité sur la fortune.

Après avoir été retardé par la crise, l'assainissement de nos comptes publics se poursuivra donc à un rythme qui devrait mettre la France à l'abri de la zone des cyclones financiers. Le soutien à l'innovation et à la création d'emplois viables dans le privé viennent opportunément compléter le tableau pour faire de l’année 2011, l’année « utile » que Nicolas Sarkozy appelle de ses vœux.

Ne soyons pas béats. Rien n’est joué. Bien des données nous échappent. L’une d’elles se trouve en Allemagne dont le rôle de locomotive de la zone euro dépend pour beaucoup des politiques salariales qui se desserrent mais à un rythme trop lent. Une autre tiendra dans la capacité de l’Euroland à affronter les nouvelles attaques que ne manqueront pas de subir ses membres les plus fragiles comme le Portugal ou l’Espagne. Et puis il faudra compter aussi avec les Etats-Unis, dont la politique d'expansion monétaire est ressentie comme nécessaire pour la croissance mondiale mais est en même temps source d'inquiétude pour notre « Vieux Continent » incapable de la même audace, car elle y est potentiellement exportatrice de chômage.

En présidant le G20, la France ne sera pas à la plus mauvaise place pour agir sur ces inconnues de 2011. Ce n’est pas le moindre de ses atouts, quand on connaît la capacité de notre Président à négocier et convaincre.

 



LA BONNE ANNEE D’ARCHIBALD

  Boule de gui

 

Puisque la tradition veut que nous sacrifiions aux vœux avec le nouvel an, je me suis demandé ce qu’on pouvait bien souhaiter à la France pour 2011. Et n’étant rien d’autre qu’un citoyen lambda, je me suis permis de rêver un peu, en sachant bien que la réalité, de toute façon, saura bien nous rattraper, et plus vite qu’on ne le voudrait.

En temps que « sarkonaute » convaincu –y’en a- j’aimerais bien qu’en 2011, année préélectorale s’il en est, on ait dans notre bon pays une opposition un peu moins bête et méchante. Parce qu’il faut bien le dire, entre Ségodinde mise au pilori de l’agacement par les Français si l’on en croit le sondage d’un nouveau type, et l’amère de Lille version « je souris quand je m’pince » assortie de son factotum d’Hamon qui n’a rien d’un dieu égyptien mais qui est plutôt au commentaire politique ce que le cure-dent est au bec d’un coq, on n’est pas gâté. L’esquisse du nouveau programme socialiste n’est pas faite pour me rassurer au sens où je ne vois pas comment il va permettre d’élever le débat.

J’aimerais aussi une majorité moins désarmante. Non pas qu’elle n’ait pas fait un travail immense en votant les réformes aussi indispensables à la France que la dialyse l’est à l’insuffisant rénal. Simplement on aimerait qu’elle évite ce genre d’amendement à la noix, comme celui sur le patrimoine des députés, qui jette bêtement la suspicion et qui nous empêche de voir clairement le travail accompli. Un président de groupe tout neuf qui se retrouve en short au premier virage, ça fait un peu désordre !

Et puis, là je délire vraiment, je voudrais bien qu’en 2011 nos édiles de tout poil pris d’un accès de lucidité, décident de diminuer les dépenses publiques en taillant dans tout ce qui est superflus et pas franchement indispensable. Qu’on puisse seulement envisager dépenser 400 000 € pour inaugurer un tramway et présenter la délibération nous montre que certains n’ont plus les pieds sur terre. Le problème c’est que le « syndrome du siège » en atteint beaucoup. Et il y a de quoi faire, de l’Etat à la plus petite mairie, en passant par tous les syndicats mixtes et autres structures gonflables pour ne pas dire gonflantes. Tout le monde est concerné. Aux économies, citoyens !  Liberté, égalité, sobriété !

Comment ne pas finir par les Français ?  Que leur souhaiter d’autres qu’une bonne prise de conscience que l’Etat ne peut plus rien pour eux, que les caisses sont vides, et pis, que le pays est en état de surendettement. Eux qui font du chômage –pourquoi pas- leur priorité, avant la sécurité –on peut le comprendre aussi- devraient mettre en exergue et avant tout, l’équilibre des comptes publics et le désendettement de la France sans lesquels nous irons tout droit à la ruine et à l’accentuation du cycle décadent dans lequel nous sommes entrés. Français, ne te demande plus ce que l’Etat peut faire pour toi, mais demande toi plutôt ce que tu peux faire pour lui. Réduire les dépenses et botter le cul à tous ceux qui te propose de les élire en promettant de dépenser plus !

Voilà le programme. Il m’aura fallu à peine trois minutes pour "réaliser" que rien de tout cela n’est ... "réalisable". Quoique…

 

                                                                                    Bonne année !

 

 


LES COUPS D’PROJO D’ARCHIBALD

  Projecteur

 

Après cette première interruption du bloc-notes « pré-vacances de Noël » et la pause de la « trêve des confiseurs » qui commence dès demain et jusqu’au 3 janvier, voici une série de « points d’actualités » tirés de cette semaine.

CURIEUX ! Le juge du tribunal de simple police de Nantes qui a eu à connaître de l’affaire de la contravention sanctionnant la conduite en tchador, et qui avait défrayé la chronique, a rendu une drôle de décision en « estimant que l’amende n’était pas justifiée ». Certes, la contrevenante pouvait voir, mais elle avait le visage complètement masqué. Est-ce acceptable quand on est sur la voie publique et susceptible, par exemple, d’être « flashée » par un radar ? Au regard de l’application stricte du code de la route, il semble bien qu’elle était en faute. Evidemment, le problème ne se posera plus dès le mois d’avril avec l’entrée en vigueur de la loi qui interdit le port du voile intégral. On aurait pu se passer de cette décision vraiment inopportune.

RECRUTEMENT. Le Parti Radical, qui fait toujours partie de l’UMP, n’en finit pas de recruter des « colonels », à défaut de troupes. C’est Rama Yade qui vient de décider d’adhérer au Parti de Jean-Louis Borloo, sans laisser de temps à Jean-François Copé ni prévenir quiconque de sa décision. Il y a des carrières qui se sont plantées pour moins que ça. Trop impulsive en ce moment la donzelle ! Et c’est dommage. Et puis on parle de l’arrivée de Fadela. Là, c’est une bonne nouvelle, si c’est le cas. Fadela la laïque arriverait dans le « small old party » au moment où, avec les provocations de Marine Le Pen, le débat sur la laïcité va rebondir.

EXTRA-TERRESTRE. Nicolas Hulot a dit qu’il réfléchissait à une candidature à la Présidentielle. On peut comprendre que ça le démange, mais passer d’une cote de popularité médiatique à un combat politique ce n’est pas aussi simple. Surtout quand on doit s’appuyer sur la « pétaudière des Verts » et alors  que celui qui était le plus proche de lui vient d’en claquer la porte. Nicolas abandonnant son « kit-surf » pour la campagne électorale, je n’y crois pas beaucoup.

TANDEM. Le tandem franco-allemand n’a jamais abordé les sommets européens aussi soudé que cette fois-ci. Depuis l’été dernier, pas un nuage entre Angela et Nicolas. Objet majeur de cette entente : sauver l’Europe et la monnaie unique. Il est vrai que l’affichage d’une union forte entre la France et l’Allemagne est le meilleur moyen de voir les rangs se resserrer, ainsi que dissuader la spéculation. L’Allemagne avec 3% de croissance est aujourd’hui le pays le plus puissant sur le vieux continent. Rien ne peut se faire sans elle.

CROISSANCE. L’Insee annonce à nouveau 1,6% de croissance pour la France en 2011. Je fais le pari qu’elle sera plus importante et proche de 2%. Les prévisions ne peuvent prendre en compte statistiquement l’effet de levier des dépenses du « grand emprunt » qui vont passer dans la phase « effective ». Cette injection de plus de 30 milliards d’euros devrait provoquer ½ point de plus pour notre économie. Reste à faire en sorte que la consommation se maintienne, bien que l’important soit plutôt le développement de nos exportations et le rétablissement de notre balance commerciale.

RETHORIQUE IMBECILE. On peut avoir envie de surfer sur la « nostalgie » du Franc, surtout quand on est « souverainiste ». Mais ce qui dépasse l’entendement, c’est la campagne que mène l’autre Nicolas, Dupont-Aignan, au nom de « Debout la République », pour l’abandon de l’euro, avec des formules aussi folles que fausses comme quoi la monnaie unique serait cause de tous nos malheurs et que sortir de son carcan nous donnerait l’oxygène dont notre économie a besoin. D’abord, il oublie de dire que les modalités seraient très compliquées tant sur la plan pratique que juridique et aussi très coûteuses. Ensuite, quel crédit donnerait-on à une monnaie plombée par une dette de 10 500 milliards de Francs ? Les spéculateurs ne tarderaient pas à en aggraver la faiblesse provoquant dévaluation et faillite de l’Etat… Moi, je crois que l’Union fait la Force, tout bêtement.  

 

                                                                               Tonnerre de Brest !

 


COUPS DE PROJO… AVEC ARCHIBALD

Projecteur

 

TOUCHE PAS A MON POTE.  En grande pompe et sous le signe fédérateur de la laïcité et de la République Jean-Louis Borloo a fait son retour sur la scène publique à Paris, devant plusieurs centaines de personnes conviées à un « dîner républicain » en l'honneur du 105ème  anniversaire de la loi de 1905 sur la laïcité. Radicalisme oblige. Et tout ce que la France compte de gratin laïc était venu, presque toutes tendances confondues. Se déclarant « ému », il s'est présenté à l'aube d'un nouveau départ, mais les piques à l'égard de l'exécutif étaient trop lisibles pour masquer son dépit. Celui de ne pas avoir été choisi comme Premier Ministre. L’occasion de faire un portrait du locataire de Matignon, classé dans les « conservateurs à l’air sérieux et bien coiffé ». On lui pardonne ce propos superficiel à condition qu’il ne recommence pas. Jean-Louis Borloo nous a habitués à mieux. Au passage, je ne partage pas sa présentation de la loi de 1905 comme « une loi de réconciliation entre deux France », au moment ou le « Radicalisme » se situait … à l’extrême gauche !

DEBALLAGE VERT. Il n’y va pas de main morte Jean-Paul Besset. Il démissionne de la présidence du conseil fédéral, le parlement du parti, dont Cécile Duflot assure la « direction exécutive ». Dans une lettre rendue publique intitulée « pourquoi j’abandonne », il dénonce un « climat délétère de guerre froide et de paix armée ». Et avec des mots particulièrement forts, il lance : « que les couteaux sortent s’ils doivent sortir ou que les convictions l’emportent enfin sur les ambitions, mais au moins, qu’il se passe quelque chose ». Comme si céder aux vieux démons des querelles de chapelles n’était pas une habitude chez les écolos. Autrement dit, la mayonnaise n’a pas pris. Pour reprendre les termes de la lettre de Jean-Paul Besset, on a vu le retour du « scénario des crispations et des jeux claniques, la comédie du pouvoir, le Monopoly des territoires, les délices du déchirement les obsessions purificatrices et les procès en sorcellerie ». Bonjour les lendemains verts qui chantent !

LE SPHINX. Ségolène Royal, qui était mardi 30 novembre au 20 heures de France 2, a justifié sa candidature par un syllogisme d’une navrante simplicité : on « attendait que DSK s’exprime en premier. Or, il vient de dire qu’il n’était pas candidat puisqu’il restait au FMI jusqu’en 2012. Donc je suis candidate. C’est aussi simple que ça. N’allez chercher ni rupture de pacte, ni initiative solitaire. » Comme le sphinx est interdit de parole sous peine de démission, elle ne risque pas d’être démentie. Diabolique !

REJET D’AVENIR. Cache-cache en banlieue. Le marché du pauvre est très convoité. Martine Aubry et Ségolène Royal se sont toutes les deux déplacées dans la banlieue parisienne mais séparément et sans qu'il y ait eu communication et donc coordination entre elles. De son côté, Blanche de Poitiers,  s'est rendue à Cergy pour rencontrer de jeunes chefs d'entreprise et visiter le marché de la ville. Pour « donner sa voix à ceux qui sont sans voix », a-t-elle affirmé, toujours en verve de formules « ségoliennes ». Tandis que l’amère de Lille s'est, elle, rendue en Seine-Saint-Denis à la mi-journée pour un déplacement organisé dans la plus grande discrétion. La presse a finalement été prévenue par des membres de l'entourage de… Ségolène Royal, toujours prête à rendre service.

OCCUPATION. Dans un ou une Le Pen, il y a toujours un Jean-Marie qui sommeille. On vient de le constater avec la sortie de Marine sur les rues « occupées » par les musulmans en prière. Sur le fond, il y a matière à s’interroger en effet. Mais la comparaison avec l’occupation nazie est volontairement choquante parce que dénuée de sens. Mais l’effet est réussi. Naturellement, on peut penser que c’est à usage interne. Sauf que les raisonnements de la fille, tant sur l’Europe qu’en matière d’économie, rappellent les beaux jours de « l’autarcie » … C’était dans les années 30, et les tenants en étaient Mussolini et Hitler.

LA BOULETTE. Il ne suffit pas de s’appeler Hortefeux pour faire fondre la neige. Le Ministre de l’Intérieur aurait mieux fait de se mordre la langue en affirmant qu’il n’y avait pas de pagaille sur les routes de l’Ile-de-France, alors que des milliers de citadins ramaient sous les épais flocons. La neige, c’est propice aux boulettes, et c’est glissant !

ON NE S’ENGUEULE PLUS… à ce qu’il paraît, au PS. C’est ce qu’a affirmé Martine Aubry à la convention sur « l’égalité réelle dans un monde virtuel ». Elle n’est pas rancunière. D’autant plus que « la candidate de dans 18 mois » est venue parler d’Union à la tribune et aussitôt après s’asseoir auprès d’elle, en virant le porte-parole sur une autre chaise par la même occasion. Une version inédite des chaises musicales… grinçantes. On ne s’engueule plus, mais qu’est-ce qu’on se met comme coups de pieds sous la table !

UNE CLOCHE, DEUX SONS. C’est bien les conventions du PS, parce que ça me donne beaucoup à dire. Ainsi, toujours la Première Secrétaire : elle s’est émue de ce que Brice Hortefeux à oser critiquer le jugement du tribunal de Bobigny (Il soutient ses flics). « Laissons les juges faire leur travail » a-t-elle proclamé,sous-entendant que le pouvoir fait pression sur la justice. Pourtant, Effrayés par l’éventualité d’une inégibilité de Jean-Paul Huchon, le PS exerce une forte pression sur le Conseil d’Etat. Martine Aubry en tête déclare « vouloir savoir ce qui se trame au Conseil d’Etat. » Autant l’accuser de complot ! Mais selon les socialistes, il ne s’agit pas de pression

QUELLE SURPRISE ! Bayrou a été réélu Président du MODEM. Il faut dire que ce n’était pas bien difficile, il était le seul candidat et son parti n’est plus qu’une coquille vide. Que dire de plus ? Ah si, Il y a encore Marielle De Sarnez…

CORIACE. L’animateur de C/Politique n’était pas à la fête ce soir. Il avait en face de lui une Roselyne Bachelot à qui il n’a pas réussi à faire dire ce qu’il aurait aimé lui entendre dire. C’est que la Ministre n’a pas sa langue dans sa poche, est rompue à ce genre d’interview musclée, et joue de la lucidité, du sourire et de l’argumentation avec un brio déstabilisant pour son interlocuteur qui s’est retrouvé plus d’une fois dans les cordes : sur sa nomination, sur le débat national sur la dépendance que d’aucun voudrait cousu de fil blanc, sur le coût de la vaccination contre la grippe, sur le « virage social » pour lequel exemples concrets à l’appui elle lui montre que c’est… tout droit, ou encore sur François Bayrou qu’elle dénonce comme le « fossoyeur du centre » ce que Demorand prend pour de la haine, alors que ce n’est qu’un jugement sévère. J'allais oublier la belle démonstration en réponse aux protestations de Mme Cantona. Du cousu main !

 


HUMEUR D’HIVER

Neige

 

Voilà à quoi on a réduit les Français : un troupeau de « cons assistés » même pas foutus de se renseigner avant de prendre la route et donc se prendre en charge. Ils attendent tout de l’Etat. Et voilà qu’il se met à neiger abondamment. Comme si c’était surprenant en hiver. Même si cela n’arrive pas tous les jours, il faut bien admettre que la nature n’est pas franchement déréglée parce qu’il tombe 10 cm de neige. Dans mon enfance j’ai connu des hivers dans les années 50 bien plus froids avec des épisodes neigeux de 30 à 50 cm sur la région parisienne. Oui, il arrive qu’il neige, qu’il grêle, qu’il vente, qu’il tempête, qu’il pleuve trop ou pas assez, même qu’il canicule et qu’il « gèle à pierre fendre » comme disait ma grand-mère.

Mais voilà, nos sociétés modernes nous font croire que l’Homme peut tout en oubliant que face aux éléments, il est vite dépassé et… tout petit. Et nous n’admettons pas d’être gênés dans nos déplacements. Voilà : y’a qu’à ! Et puis qu’est-ce qu’il fout Sarko, s’il n’est même pas capable d’empêcher de neiger ?

On s’émeut jusqu’au plus haut niveau du Gouvernement, et de Moscou, oh abomination, le Premier Ministre a eu l’audace d’affirmer que Météo France n’avait pas suffisamment estimé dans ses prévisions, l’intensité des précipitations. Au lieu de 3 à 7 cm annoncés, il en est tombé entre 7 et 15 selon les endroits. Pas de quoi en faire un drame et surtout pas une accusation : on sait bien que ce genre de chose est très aléatoire. Non, un constat ! Mais que n’a-t-il pas commis là : oser suspecter les personnels d’incompétence.  Et c’est vrai que les services de voirie ne sont pas intervenus à temps. Voire… Faire passer un chasse-neige sur la 118 à 17H, alors qu’elle est pleine sur deux files à ras bord, c’est comme vouloir faire entrer un éléphant par le chas d’une aiguille.

On pouvait espérer que la polémique, Victor (ouais, je sais) en reste là. C’était oublier Zorro, la Ségo qui s’en mêle : elle est à l’affût de tout, elle est en campagne. En Joséphine Ange Gardien des Français qui souffrent, si elle avait été présidente (oublions tout de suite le cauchemar), avec sa baguette magique, elle aurait réglé le problème. J’ai envie de chanter, sur l’air de Zorro :

"Ségo est arrivéééée,

Empresséééééee

La vraie Ségo,

La peau d’chameau,

Avec ses grands mots

Et ses gros sabots."

Tout ça, parce que sur Chaville, il tombait un peu de neige…

 


COUPS DE PROJO … AVEC ARCHIBALD

Projecteur

 

ABONDANCE… de biens ne nuit pas. La Côte d’Ivoire se retrouve avec deux présidents intronisés. Cela fait beaucoup pour un petit pays. Gbagbo a trouvé un moyen pour gagner : annuler le vote des bureaux où son adversaire a fait le plus de voix. Mais il n’a pas vu la fraude dans ceux où il est majoritaire, normal, ivoirien (facile). Pour le coup son concurrent Ouattary n’a pas ri (facile aussi). Pourvu que le sang ne coule pas, ça ce serait moins drôle.

FAUX SCOOPS. Le fameux « WikiLeaks » nous livre des secrets de Polichinelle et a surtout comme cible la déstabilisation des USA. Le présumé violeur en cavale qui manage le site prend le risque de trouver un « Lucky Luke » sur son chemin qui pourrait bien lui être fatal…

OH, PARDON ! Cinq trafiquants de drogue présumés ont été remis en liberté par erreur à cause d’une anomalie de date de convocation. Une de plus. Pauvre justice ou vraie provoc’ ? Ce sont les policiers qui sont contents…

CROISSANCE. Nicolas Sarkozy a dit qu’il irait chercher la croissance avec les dents. Après les chinois qu’il a reçus en grande pompe à Paris, le voilà en Inde avec une soixantaine de chefs d’entreprises pour négocier un maximum d’accords commerciaux avec ce grand pays émergent.  Mercredi c’est François Fillon qui file à Moscou pour un séminaire intergouvernemental et vendredi, un conseil des Ministres franco-allemand se tiendra avec comme objectif la convergence des politiques des deux pays.

RETOUR A LA CASE MARX. Le projet pour « l’égalité réelle » a été approuvé par les militants socialistes. La nouvelle « vitrine magique » renoue avec la vieille posture sortie du 19ème siècle qui consiste à promettre « plus de beurre que de pain » au nom des « lendemains qui chantent. » Extrait du catalogue à la Prévert : « paiement au forfait des médecins généralistes, maternelle obligatoire à partir de trois ans, semaine de cinq jours à l'école, vacances scolaires d'été raccourcies, statut social pour les jeunes (allocation d'autonomie pour les étudiants, aide à la recherche du premier emploi, aide au départ en vacances), mariage et droit à l'adoption pour les couples homosexuels, congé parental partagé à égalité entre le père et la mère, interdiction du crédit revolving et un grand service public de l'eau. » Manque plus que le raton laveur.

LITTLE BROTHER. Non, nous ne sommes pas sous la coupe d’un « « Big Brother » qui organiserait les cambriolages pour s’emparer de dossiers compromettants ou faire pression sur ses adversaires. Les tentatives pour le faire croire et les mises en scène de dramatisation, dont la dernière est revenue à la Blanche de Poitiers dans son meilleur rôle de « persécutée », tombent à l’eau au fur et à mesure des élucidations de la police.

Le bonnet d’âne de la semaine : on le décerne au Président bolivien qui applique dans son pays une dictature marxiste qui garantit à son peuple la paupérisation à long terme (sous-emploi et petits salaires). Il vient d’abaisser l’âge de la retraite de 65 à 58 ans et de nationaliser les caisses de retraite. Encore un qui croit que le travail se partage. Idéologie quand tu nous tiens ! A défaut d'avoir le moral, ils ont le Moralès.

Ça ne s’invente pas : Huchon, le Président socialiste de l’Ile-de-France est sur la sellette. L’annulation de l’élection est recommandée au Conseil d’Etat. Les motifs semblent réels et sérieux qui touchent à une campagne d'information jugée  "litigieuse". A l'époque l'UMP dénonçait l'utilisation des fonds publics dans le financement des campagnes dites à caractère "général"...

Un sourire pour terminer : Après hier soir, l’élection de Miss France « Endemol », nous avons, ce soir, l’élection de « Miss patate ». Mais si, la « Belle de Fontenay » !

 

 


L'APPEL DU 2 DECEMBRE

                        De Jean-François COPE            

Copé 2 dec

 

Chers amis,
 
Depuis trois ans et demi, avec Nicolas Sarkozy, la majorité est mobilisée pour tenir les engagements pris devant les Français en 2007. Nous avons évidemment à cœur de poursuivre notre action réformatrice au service de la France. Au cœur de la crise, le statu quo serait la pire des solutions.
 
Dès à présent, nous devons aussi préparer avec détermination les prochaines élections présidentielle et législatives : 2012 est déjà en ligne de mire ! Dans les 17 mois à venir, l’UMP sera au cœur de tous les combats pour assurer le succès de Nicolas Sarkozy et faire gagner à nouveau notre famille politique. Avec la confiance du Président de la République, j’ai besoin de vous pour dynamiser notre parti.
 
Ensemble, nous avons deux défis prioritaires : d’une part, il faut renouer avec l’élan militant qui a toujours fait la force de notre mouvement. Il est temps d’organiser la « levée en masse » de tous ceux qui refusent un retour de la gauche au pouvoir, avec son cortège de taxes supplémentaires et de propositions archaïques. Tous ceux qui, à droite et au centre, partagent nos valeurs et veulent les promouvoir sont les bienvenus : L’UMP a besoin de chacun ! Notre diversité est une richesse parce que nous savons nous rassembler quand l’essentiel est en jeu.
 
D’autre part, il faut construire avec tous les Français un projet ambitieux, fidèle à nos valeurs et ouvert sur le monde. C’est sur le terrain des idées que se gagnent les grandes batailles électorales. Voilà pourquoi je compte mettre en place un conseil des clubs politiques et des think tanks associant à notre réflexion tous ceux qui veulent contribuer à dessiner la France de demain. De même, nous organiserons dans vos circonscriptions des réunions publiques de dialogue pour bâtir avec les Français notre projet pour la France.
 
Notre mouvement grandit lorsqu’il fait preuve d’audace et de courage. Notre mouvement grandit lorsqu’il est au cœur des débats majeurs pour notre pays. A nous de porter des réponses crédibles aux grands défis des années qui viennent afin de redonner confiance à nos concitoyens.
 
Notre mission est exigeante mais elle est aussi enthousiasmante. Parce qu’il en va de l’avenir de la France !
 
Ensemble, soyons les premiers artisans des victoires à venir.

 

 


C’EST GRAVE, DOCTEUR ?

Stethoscope

T6-IMG_7389_1291217536 Le Président de la République était avant-hier en Normandie pour se pencher sur le problème de la médecine en milieu rural. Au programme : visite d’une maison médicale regroupant plusieurs praticiens (C’est l’une des mesures préconisées par le rapport Hubert) et table ronde. Pourtant l'idée n'est pas toute neuve.

Effectivement, si vous interrogez un quidam dans la rue pour lui demander si la France a assez de médecins, il vous répondra que non et qu’on n’en forme pas assez… Voilà ce que produisent tous les reportages dont on nous abreuve à longueur de JT, sur les déserts médicaux de notre pauvre pays, sur ces malheureuses communes qui ont perdu leur généraliste malgré tous leurs efforts…

Et pourtant si on se documente un peu sérieusement, il est facile de connaître la réalité et elle est plutôt étonnante ! Non seulement le nombre des médecins en activité n’a pas baissé, mais il a progressé de près de 100% dans les trente dernières années (93% exactement). Ils sont plus de 215 000 au 1er janvier 2010 et dans les cinq dernières années, leur nombre n’a cessé de progresser.  Comme la population a progressé beaucoup moins rapidement dans le même temps, il est facile de comprendre que la densité médicale a considérablement augmenté : elle est passée de 206 à 324 pour 100 000 hab. Aucun pays au monde ne connaît un tel confort. La densité médicale en France est la plus élevée du monde et c’est un rapport de l’ONU qui le dit. Il vaut mieux le préciser sinon les mauvais esprits m’accuseraient de propagande sarkozyste.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problème.  L’atlas de l’ordre des médecins qui est capable de nous donner le nombre exact de praticiens est aussi capable de faire l’état des lieux de la densité médicale dans notre hexagone et de fait il existe un écart de 50% entre les régions les mieux dotées (Ile de France ou Paca)  et les plus pauvrement pourvues (Picardie, Centre). Le souci majeur est donc celui de la répartition.  Voilà pourquoi le « politique » est requis pour remédier à ce déséquilibre.

Comment en est-on arrivé là ? D’abord, les médecins sont vent debout pour défendre leur liberté d’installation. Et ils ont un lobby parfaitement bien relayé par les « députés docteurs » toutes tendances confondues qui veillent au grain législatif. C’est ainsi qu’on a vu leurs syndicats protester contre les mesures bien timides contenues dans la loi Bachelot pour tenter de corriger ces inégalités. Pour ménager un électorat, on préfère manier la carotte plutôt que le bâton. Il faudra bien pourtant en arriver à des pratiques plus coercitives car les « déserts médicaux », bien réels, eux, ne sont pas acceptables dès lors qu’on a un système de santé appuyé sur la solidarité nationale à travers la Sécurité Sociale. C’est une question de justice et d’accès égal aux soins.

Le travail est à faire aussi sur les esprits. Il est tout de même surprenant de constater que sur plus de 5 000 nouveaux médecins de 2010, plus de 1 000 choisissent le statut de remplaçants (près de 1 sur 5) parce qu’ils peuvent plus facilement échapper aux gardes de nuit et de week-end (50%) ou éviter la paperasse (70%). On veut bien le statut et la rémunération, mais mettre la main dans le cambouis, non, merci !

Le serment d’Hippocrate ne serait-il pas devenu un engagement d’hypocrites ? Ils ne savent pas ce qu’ils perdent, parce que, notre France profonde, elle vaut le détour, autant par ses habitants que par la qualité de vie qu’elle peut offrir.

 


HARO SUR L’EURO

  Euro

Après la fièvre, la baisse. L’euro, la zone euro devrait-on dire, connaît des turbulences. Que la monnaie commune baisse, on ne s’en plaindra pas au moment où les Etats-Unis font marcher la planche à billets verts pour favoriser leurs exportations et soutenir leur économie.

Les fonds spéculatifs attaquent les pays endettés pratiquement depuis un an. Après la Grèce et maintenant l’Irlande, nul doute qu’ils vont accentuer la pression sur le Portugal, puis ce sera la Belgique, l’Espagne, l’Italie…et peut-être aussi la France. De là à crier contre l’euro qui serait la source de tous nos maux ! De quoi en tout cas faire vendre du papier en utilisant les titres tapageurs comme celui du dernier JDD, pourtant sans aucun fondement.

Deux réflexions : l’une concerne la monnaie commune, l’autre la situation de la France.

Les mesures qui ont été prises depuis deux ans sur le plan international ont permis de ne pas aggraver la crise, mais cela ne veut pas dire que nous en sommes sortis, et il faudra encore du temps avant que nous retrouvions un équilibre mondial. Il n’est donc pas étonnant  que les grandes monnaies souffrent, mais reconnaissons que depuis le début de la crise, l’euro nous a davantage protégés qu’affaiblis. Il serait pourtant illusoire de croire que la monnaie à elle toute seule puisse nous tirer d’affaires.

La situation de la France n’est certes pas brillante. On ne peut guère reprocher au gouvernement d’avoir privilégié les amortisseurs sociaux au moment où les recettes baissaient dramatiquement avec la crise, creusant le déficit. Par contre, on peut lui faire le reproche de ne pas avoir réduit sa dette lorsqu’elle en a eu les moyens au début des années 2000. En comparaison, que dire de la Grèce qui avait triché sur les chiffres pour avoir l’euro, de l’Irlande qui avait laissé ses banques distribuer des crédits à des emprunteurs non solvables ou de l’Espagne qui a laissé gonfler la bulle immobilière qui la plombe aujourd’hui. L’Italie croule sous une énorme dette de près de 120% de son PIB et avec la crise politique qu’elle connaît, elle fait à son tour les frais de la contagion. Les taux avec lesquels le trésor italiens lèvent des fonds s’envolent… Comme on le voit notre pays n’est pas en première ligne, loin s’en faut.

Le vrai gros problème est celui de la dette américaine et il va forcément se poser à un moment ou un autre, tout comme celui de la dette anglaise. La restructuration des dettes devrait être une priorité. Cela passe par des mesures drastiques au niveau international pour empêcher les banques de spéculer et réglementer les marchés et surtout s’attaquer vraiment aux fonds spéculatifs. Autant on peut comprendre qu’on ait aidé les banques à se redresser, autant il est choquant qu’elles n’aient pratiquement rien fait pour l’économie. La preuve en est la reprise de la spéculation sur les matières premières…

Face à cette situation, la recherche d’une convergence franco-allemande est utile. Elle n’est pas suffisante. Le bon signal serait de donner à la monnaie commune un territoire politique qui lui corresponde : un état fédéral. Convenons que la crise est un accélérateur de cette prise de conscience. Encore faut-il que nos dirigeants aient la volonté politique et la capacité de convaincre les opinions publiques. A contrario, un éclatement de la zone euro nous rendrait à notre destin étriqué  avec une guerre des dévaluations compétitives et la ruine assurée de tous nos rentiers.

Heureusement, on n’en est pas là !

 


EN ATTENDANT GODOT…

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Comme les deux vagabonds de la pièce de Samuel Beckett qui attendent un homme (Godot) qui ne viendra jamais, les socialistes en sont rendus à trouver des occupations pour passer le temps. Alors on s’amuse à organiser des « primaires », à réunir des « conventions » pour définir un programme dont on sait pertinemment qu’aucun candidat ne le reprendra à son compte, on fait tomber les sondages pour se convaincre qu’il va enfin venir… On va même jusqu’à faire croire qu’il y aurait un « deal », manière pour la patronne d’entretenir le suspense et l’espoir.

Je vous demande pardon, mais il y en a une qui ne l’entend pas de cette oreille. Elle est « free » et elle a tout compris ! La Blanche de Poitiers version 2012 s’est rendue compte que le piège de l’attente pouvait être mortel, pour sa candidature, mais aussi pour tout candidat PS qui serait investi. Le temps qui passe est du temps perdu dès lors que Nicolas Sarkozy est entré en campagne. Elle commet peut-être des bourdes, mais en stratégie, elle a toujours le flair. Elle n’est pas la mieux placée, direz-vous ? Autant prendre tout le monde de vitesse et occuper le vide qui risquait de s’installer à gauche : « ralliez-vous à ma tunique blanche ! »… et donc marquer des points et qui sait peut-être arriver en bonne posture au moment des primaires à l’automne prochain. C’est aussi une manière de mettre des bâtons dans les roues de son ex-conjoint dont le profil commence à percer et de signifier aux autres candidats qu’ils sont … marginaux. Valls, Montebourg et compagnie apprécieront.

De son côté, « l’Arlésienne du FMI » entretient le doute, ne pouvant en aucun cas préciser son intention sans aussitôt être obligée de démissionner.  Elle aurait tout à y perdre et on comprend bien qu’elle attendra le tout dernier moment pour se prononcer. Une place à ce « prix-là » n’autorise pas l’improvisation. D’ailleurs rien ne dit que DSK soit vraiment partant, conscient qu’il est de la volatilité des sondages, surtout à 18 mois de l’échéance. Car si ceux-ci, très flatteurs, peuvent l’inciter à se présenter, d’autres éléments font qu’il y devrait y regarder à deux fois : le glissement à gauche du programme du PS qui est en cours d’élaboration, la concurrence et ses coups inévitables lors des primaires, la campagne de terrain à mener à travers le pays, le profil « en or » qu’il offre aux attaques de la droite avec son train de vie… avec l’assurance au bout d’un résultat serré de toute façon. Pour qu’il lâche la proie pour l’ombre, il faudrait qu’il ait de réelles certitudes de mettre toutes les chances de son côté. Au PS, ce n’est jamais gagné d’avance !

Et on voit bien que ça réagit dans le panier. Il n’y a qu’à lire ou entendre les commentaires des « amis ». Les haines recuites dissipent l’illusion de l’union malgré les consignes de façade. Vous voulez savoir la suite ? Relisez donc "Petits meurtres entre camarades"...

 

 


ARCHIBALD SUR LE PONT

 

Longue vue 2
 

ENTENTE CORDIALE AU PS. Comme au bon vieux temps des relations entre la France et la « perfide Albion », le PS nous livre une nouvelle version de « je t’aime, moi non plus ». L’amère de Lille explique qu’il y a un pacte entre DSK, Segodinde et elle pour qu’un seul des trois soit candidat. Aussitôt, ça fait du bruit dans Landerneau : les autres candidats autonominés hurlent à la primaire bafouée et la Dinde de Poitiers affirme qu’elle n’est pas liée par un pacte. Si vous cherchez à comprendre… En attendant les « éléphants » font les gros yeux : et l’unité alors ? Le drame c’est qu’il y en a toujours un plus « uni » que les autres.

DUEL AU FN. Qui pilotera le parti d’extrême droite ?  La campagne interne est lancée et chacun y va de ses vachardises. « Gollnisch diabolise le parti » selon Marine Le Pen. Voilà un argument inattendu de la part de la rejetonne du grand diable borgne. La fille du père fouettard a beau avoir le crin blond, sa faconde n’a rien à envier à celle de son géniteur.  Jouer sur les peurs ne lui fait pas peur (sans jeu de mots) et tout est bon pour plaire au petit peuple. A force de slogans simplistes, on peut faire croire au Père Noël, là est le danger. Pour les Français qui tomberaient dans le panneau. Le Pen ou Gollnisch, ce n’est qu’une question d’apparence, le fond est le même .

DEPENDANCE.  La priorité de Roselyne Bachelot : d’abord donner la parole aux Français, sur un sujet qui les concerne tous. Elle ne veut pas qu’on l’accuse d’arriver avec des solutions toutes faites. Une manière de déjouer les procès d’intention. Dans une interview au Figaro, elle décline avec sa maestria habituelle les données, notamment financières, et les enjeux et fixe le calendrier. Cela ne l’empêche pas de hiérarchiser les étapes. D’abord s’occuper des plus fragiles, ceux qui doivent supporter des frais importants sans bénéficier d’aides ni d’exonérations fiscale et sociale. La contrainte de l’équilibre financier sans recours possible à la dette sera respectée. Ce qui impose d’envisager toutes les solutions sans préempter sur le débat. Entre la nécessaire solidarité et l’effort individuel, il faudra trouver le juste équilibre.

PULVAR. Ecartée de i-télé en raison de son concubinage avec Arnaud Montebourg, candidat à la candidature pour la présidentielle, ne veut pas être mise à la sauce Sinclair ou Schonberg. Elle crie son indignation dans le journal Libération contre ce procès en « incompétence fait à toutes les femmes » se plaçant sur le terrain de l’indépendance d’esprit vis-à-vis de son compagnon. On veut bien la croire. Mais animer un journal politique demande une liberté totale. C’est bien parce que le doute de favoritisme même inconscient peut exister que chaque fois que le problème se pose il a été traité de la même façon. Pas facile d’aimer un « politique ». Désormais, on dira d’un journaliste censuré pour la même raison qu’il a été «pulvarisé ».

A L’EST DU NOUVEAU : l’Europe de Brest à Vladivostock. C’est inattendu, mais ceux qui rêvaient d’une Europe jusqu’à l’Oural sont dépassés. Vladimir Poutine, conscient que l’islamisme peut menacer son empire, notamment dans les pays musulmans aux confins du Kazakhstan et de la Tchétchénie, a compris qu’il ne fallait pas que l’OTAN échoue en Afghanistan. Au sommet Otan-Russie de Lisbonne, le président Medvedev s’est déclaré prêt à participer au bouclier antimissiles européen, autre signe du retournement russe. L’appel à créer un espace de libre-échange commun pourrait participer d’une démarche gagnant-gagnant. D’un côté les approvisionnements en énergie et matières premières seraient assurés en échange d’investissements et de transferts de technologies. De quoi constituer un front puissant face à la Chine et à l’Inde…

Le bonnet d’âne de la semaine : à Cantona qui veut que tous les Français vident leur compte en banque pour que le système s’écroule. Il oublie une chose : une fois retiré, l'argent, on en fait quoi ? Et si le système s’écroule, que vaudra la monnaie ? Pas bien compliqué de comprendre que le remède serait pire que le mal. Tout dans les cuisses mais rien dans la tête.

Ça ne s’invente pas ! Un homme se fait greffer une caméra derrière le crâne. Il est professeur assistant à l’université de New York. C’est dans le cadre d’un projet artistique… Une innovation qui devrait intéresser le corps professoral : en effet c’est quand le prof’ a le dos tourné que les potaches font des bêtises…

Il l’a dit : Edouard Balladur, Premier Ministre à l’époque, n’était pas informé de l’octroi de commissions dans la signature des contrats d’armements. Cela n’entrait pas dans ses compétences. Il ne reste plus qu’à interroger le Président de l’époque… François Mitterrand.

 

 


LA RIGUEUR TETUE ET SEREINE

    Fillon andard 3


On parlera peut-être dans l’Histoire de la « doctrine Fillon » comme remède au redressement de la France. A défaut de briller sur le devant de la scène – encore que – le Premier Ministre agit en profondeur et dans la durée et marquera par la longévité à son poste : probablement le plus long règne sous la Vème République.

Dans son discours de politique générale, François Fillon a défendu l'exigence d'une « rigueur budgétaire » à laquelle tous les nouveaux projets seront soumis, à commencer par la réforme de la fiscalité du patrimoine qui devra se faire à budget constant. Au cours de cet exercice convenu, il s'est surtout attaché à mettre en cohérence le bilan de l'exécutif et les chantiers à venir. « L'élan de la réforme est intact », a-t-il martelé, rejetant « toute idée d'usure ou de pause ». La priorité est clairement la lutte contre le déficit.

Cette rigueur, dont il ne se cache pas, se veut « tranquille » et la sérénité qu’il exprime  n’empêche pas le mordant pour dénoncer la vacuité de l’opposition. Sans faire de nouvelles annonces, il fait entendre aussi sa petite musique personnelle, en exprimant une retenue sur la réforme de la dépendance et en élargissant le débat à l'ensemble de la protection sociale dans la perspective de 2012, ou en renvoyant la balle aux partenaires sociaux sur l’emploi.

Au terme de son intervention, l'impression dominante est celle d'une absence de décalage, sur l'essentiel, avec le chef de l’Etat. François Fillon administre une fois de plus la preuve de son habileté et de son utilité en habillant le réformisme présidentiel de l'habit de la compétitivité de l'économie pour que l’idée du progrès social  reste associée à la majorité.

Cette volonté de progrès, le Premier Ministre l'a appliquée hier au domaine de l'emploi, en opposant au malthusianisme socialiste le développement des entreprises par la recherche et l'innovation, en vantant l'écologie comme créatrice plutôt que punitive, en théorisant pour la justice, à travers la réforme des jurys, le resserrement nécessaire, et depuis si longtemps souhaité par la gauche, entre le peuple et ses juges.

Devant un public - sa majorité -conquis d'avance, qu'il n'avait ni à convaincre ni à retourner, François Fillon a choisi d'avoir le triomphe modeste. Il a préféré la sérénité des mois à venir à l'éclat d'un jour, s’appuyant sur l'éloge de « l'intérêt général » qui ne fait pas bon ménage avec les « petits compromis et les reculades du passé » et surtout en plaidant pour « la continuité de la politique réformiste » quand tant à droite succombaient aux sirènes d'un tournant social. La force d'une pensée politique cohérente le dispense de  jouer les « hyper-premiers ministres ».

C’est avec une large majorité, centristes compris, que les députés lui ont accordé la confiance demandée.

 


LE BEURRE ET L’ARGENT DU BEURRE

 
Contribuable détroussé
Fortune_100            Vieille


 

Le sondage réalisé pour « Les Echos » par BVA montre que les Français sont plutôt partagés sur la refonte de la fiscalité du patrimoine avec la suppression de l’ISF et du bouclier fiscal remplacés par une imposition des revenus du patrimoine (45% contre, 44% pour) et pour le moins dubitatifs sur la mise en place d'un « cinquième risque », celui de la « dépendance », avec il faut le dire, des propositions peu enthousiasmantes comme la mise en place d’une deuxième journée de solidarité.

Encore sous le coup de la réforme des retraites et de l’allongement de deux ans de la durée du travail, qu’ils n’ont pas encore digérés, il est peut-être un peu tôt pour le plonger déjà dans les affres d’une nouvelle réforme dont ils savent bien qu’il faudra la financer et que cela ne sera pas sans de nouveaux sacrifices. Elle est belle et bien finie l’époque où l’on pouvait avoir en même temps le beurre et l’argent du beurre, avec le crédit.

On aurait pu néanmoins penser que la prise en charge de la dépendance s'annonçait comme plutôt consensuelle, quand la réforme de la fiscalité du patrimoine paraissait, elle, semée d'embûches, car impliquant entre autres la suppression de l'ISF. Eh bien c’est le contraire !

La mise en place d'un cinquième risque pour les personnes âgées dépendantes ne sera pas une partie de plaisir. On voit d’emblée toute l’importance de la phase de concertation que doit mener Roselyne Bachelot. Car si une majorité de Français (51 % contre 44 %) se dit « prête à payer » pour financer cette réforme, selon ce sondage, aucune des pistes évoquées n'emporte réellement l'adhésion : l'obligation pour les personnes de plus de cinquante ans de prendre une assurance privée pour la perte d'autonomie ne recueille que 19% d’avis favorables, et ils sont seulement 14% pour la hausse de la CSG pour les retraités. Voilà du grain à moudre pour le« grand débat national ».

Est-ce la campagne exagérée du PS contre le bouclier fiscal qui a permis aux Français d’en comprendre la problématique, toujours est-il que la réforme de la fiscalité du patrimoine arrive sur un terrain moins miné que prévu. Elle est rejetée d'une très courte tête par une majorité de Français. Si la suppression du bouclier fiscal était réclamée depuis des mois par une opinion abreuvée par les médias et des élus de plus en plus divers, pour tenir compte de la crise, celle concomitante de l'ISF paraissait totalement taboue depuis la création de cet impôt en 1988, aucun dirigeant de droite, y compris Nicolas Sarkozy, n'ayant osé jusqu'à maintenant la promettre.

Un « challenge » musclé quand même se prépare, puisque la solution proposée par Nicolas Sarkozy pour compenser la disparition de l'ISF et du bouclier fiscal est moins bien acceptée que celle suggérée par certains parlementaires de la majorité : le relèvement à 45 % du taux de la dernière tranche de l'impôt sur le revenu qui recueillait 64% d’avis favorables. Dans un contexte économique qui reste délicat, il faudra contrer les charges lancées par le PS contre « l’injustice » du projet, pour limiter leur impact sur l’opinion alors que la politique économique est toujours jugée sévèrement, en raison du chômage. Le courage, c’est bien, mais ce n’est pas  forcément productif sur le plan électoral.

 


KARACHIKAYA

 

Quel jeu sordide jouent les médias ? Vous ouvrez le journal, la radio, les JT, c'est "Karachi partout" ! A force d‘en rajouter contre le Président de la République, ils vont favoriser le vote extrême et surtout la désertion des bureaux de vote.

J’écoutais sur France Info le journaliste en charge du dossier « Karachi », d’ailleurs fort bien analysé, faire le point : il le disait lui-même, il n’y a aucune preuve tangible de quoi que ce soit en l’état des choses. Ni sur les commissions, ni sur les rétrocommissions, ni sur le lien éventuel avec l’attentat. Tous les soupçons étalés ici et là, toutes les questions vicieuses qui sont posées ne reposent que sur un échafaudage d’hypothèses. Dans un pays où l’on met volontiers en avant la présomption d’innocence, c’est un comportement plutôt curieux. Qu’on laisse les "karachicaneaux" travailler.

Justement, l'enquête sur l'attentat de Karachi va-t-elle tourner au bras de fer entre les juges et l'exécutif ? Nicolas Sarkozy a assuré samedi «  que tous les documents qui sont demandés » seraient « communiqués en temps et en heure ». Or François Fillon a refusé une perquisition à la DGSE demandée par le juge Renaud Van Ruymbeke, qui enquête sur une possible corruption lors de la présidentielle de 1995, pouvant être liée à l'attentat. Un super juge : c’est celui qui avait instruit l’affaire Clearstream en s’appuyant sur des fichiers truqués ! On comprend donc le refus dans la mesure où la commission compétente a donné un avis défavorable. Il y va de la crédibilité de nos services secrets.

Dans un autre volet du dossier, le juge antiterroriste Marc Trévidic a écrit hier au nouveau ministre de la Défense, Alain Juppé, pour demander des déclassifications de documents : celui-ci lui a répondu publiquement qu’il répondrait à sa demande. Quant à Dominique de Villepin, qui avait accrédité vendredi les soupçons de corruption, il a modéré ses propos dimanche, s’étant aperçu qu’il s’était tiré une balle dans le pied. Il doit être entendu en fin de semaine : on se demande bien ce qu’il pourra dire de plus au juge.

Il était donc malvenu de questionner Nicolas Sarkozy sur le sujet jusqu’au sommet de l’OTAN. On comprend sa mauvaise humeur et il a bien fait de moucher le journaliste en utilisant le même procédé, l’accusant, selon son intime conviction « d’être pédophile. » Tout le monde aura compris l’ironie volontairement acide. Mais quand c’est lui qui dénonce, c’est un dérapage !

Il n’y a qu’en France où les médias peuvent s’emparer d’un sujet pour en faire une « affaire », n’hésitant pas à utiliser la grosse artillerie du vocabulaire dramatique : affaire d’état, corruption, régime perverti, …et tout occulter de l’information, alors que les faits supposés remontent à 16 ans, sous un président socialiste, ce qui devrait inciter les responsables du PS à la prudence. Et en même temps, curieusement, personne ne semble s’intéresser au Ministre de la Défense de l’époque.

Mais attention, maintenant que la réforme des retraites est passée, la patience du locataire de l’Elysée pourrait trouver ses limites. On sait qu’il est capable de se défendre et connaissant son tempérament, je ne serais pas étonné qu’il passe à l’offensive. Les médias n’ont pas fini de se plaindre !

 


LA SEMAINE D’ARCHIBALD

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AUDIENCES. On sait que Nicolas Sarkozy, lors de son interview a eu une audience de 12,5 millions de téléspectateurs. Sans être un record, c’est quand même un niveau très élevé.  Martine Aubry, il est vrai en chute dans les sondages, elle, a plombé le journal de 20 heures d’Harry Roselmack qui a fait, dès son apparition une de ses pires chutes d’audience… Celle que Anne Roumanoff surnomme le « Pitbull » aurait commenté méprisante : « on sait bien qui regarde TF1… ». Alors pourquoi elle y vient ?

AUBRY C’EST COUE. Je savais ce que l’Amer de Lille allait dire à la fin de l’émission du Président. J’avais parié avec mon entourage. Et j’ai gagné : « J’ai vu un président perdu, qui ne sait pas où il va, sans cap, etc… » Le commentaire était déjà écrit avant l’émission. C’est la 3ème fois qu’elle le répète en quelques jours : c’est la nouvelle antienne du PS. Comme s’il suffisait de répéter les choses pour qu’elles deviennent réalité…

AVEU. Un peu de local. Je lis dans mon quotidien une interview du Maire d’Angers venu s’expliquer sur la délibération retirée du vote au Conseil d’Agglo, prévoyant une somme de 400 000€ pour couvrir une partie des frais de l’inauguration du futur tramway. Choquant par les temps qui courent. Mais au détour d’une phrase que ne nous dit-il pas, sans doute pour tenter de justifier la dépense ? « une inauguration de tramway, on en fait une par siècle ! »  Ouf ! On n’aura donc pas de 2ème ligne d’ici 100 ans. Cela tombe bien, il n’y a pas un rond pour la financer.

PERFUSION. Le PC est moribond. Mais heureusement, il a trouvé un produit pour le maintenir en survie. On s’en est aperçu ce week-end au Mans, avec le congrès du parti de Gauche. Le produit miracle c’est la « méchanconite » qu’on lui transfuse à haute dose, avec « Internationale » en cachets  (effervescents, évidemment).

EPIDEMIE. Rue89 a été cambriolé, comme d’autres médias. Le site s’est fait soustraire une vingtaine d’ordinateurs. Comme Médiapart, où le vol  était plus ciblé. On nous fait savoir, avec une certaine gourmandise, que bien sûr, certains contenaient des dossiers sensibles et que ce n’est peut-être pas un vol « ordinaire » mais un moyen de pression sur des journalistes… si vous voyez ce que je veux dire ( Suivez mon doigt.) C’est vrai que les journalistes sont tellement cons qu’ils ne savent pas faire de sauvegardes de leurs dossiers importants. On nous prend pour qui ?

 

- Le bonnêt d’âne de la semaine (il y en aura un chaque semaine) : Il est décerné à Nicolas Dupontéigneux, non pas pour son annonce qu’il va se présenter à l’élection présidentielle, mais pour son numéro médiatique sur l’euro qui serait source de tous nos maux et dont il a déchiré une coupure géante devant les caméras.

- Ça ne s’invente pas !  Deux statues romaines trônant au Palazzo Chigi, siège du gouvernement italien, ont connu une restauration pour le moins peu orthodoxe pour ne pas dire surprenante : la statue de Mars, sous les traits de Marc Aurèle a retrouvé son pénis, et celle de Vénus, sous les traits de son épouse Faustine, ses bras. Vous l’avez deviné, on doit ces adjonctions au Cavaliere, qui, passant devant chaque jour, était lassé de les voir mutilées. Ah, le sexe… On ne dit pas sur qui les restaurateurs ont pris modèle.

 


UNE TRAJECTOIRE CLAIRE

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Nicolas Sarkozy  s’est livré à un exercice classique. Il a montré ce soir qu’il s’était adapté à l’exercice de la fonction présidentielle que souhaitent les Français. Cela lui a probablement demandé beaucoup d’efforts pour prendre sur lui-même et son naturel bouillonnant. Nous avons vu un Président calme et déterminé mais se gardant de toute provocation. Il nous a montré aussi qu’il savait se remettre en cause et tourner les pages. Une forme de hauteur de vue qui contraste singulièrement avec les jacasseries de Ségodinde qui ont suivi.

On a bien compris aussi les avantages qu’il y a à garder François Fillon au poste de premier  Ministre. A commencer par sa vertu première qui est sa loyauté à toute épreuve. Il présente deux autres avantages : il a tout le groupe parlementaire UMP derrière lui et il est le plus à même de conforter l’électorat  naturel de la majorité puisque son aura déborde même sur le centre. Mais sa reconduction n’a pas qu’une vocation électorale.

Ce qui a aussi présidé aux choix du Président et du Premier Ministre dans la composition du Gouvernement, c’est le souci de donner de la France une image de solidité et de stabilité, qui n’est pas négligeable, loin s’en faut, aussi bien sur la scène internationale que pour la gestion des ministères importants. Pour sortir de la crise complètement, la France a plus besoin de continuité que de revirements.

Enfin, Nicolas Sarkozy a fait le choix d’aller jusqu’au bout des réformes. Un pari risqué pour le cas où il déciderait de se représenter. Quitte à être impopulaire, autant être utile jusqu’au au bout du mandat, pouvait-on comprendre en message subliminal. Certes, il espère peut-être secrètement que les Français lui sauront gré d’avoir ce courage, il n’empêche que cette conception des choses est la marque de fabrique du gaullisme, et qu’on le veuille ou non, c’est privilégier l’intérêt du pays sur son destin électoral. Personne ne pourra nier que les réformes engagées ou programmées sont nécessaires et qu’en même temps il faut à tout prix redresser les comptes et réduire la dette.

La page de la rupture et de l’ouverture est peut-être tournée. Celle du G20 s’ouvre sur des perspectives autrement plus lourdes. Qu’il s’agisse de la régulation des monnaies et du prix des matières premières ou de l’urgence du développement de l’Afrique, ce sont des enjeux qui pèsent déjà sur notre vie quotidienne. On comprend que le Président en ait fait ses priorités dans la gestion de la gouvernance mondiale.

Le débat politique va donc se faire maintenant entre deux camps dont l’un, celui du Président a une feuille de route et un agenda défini quand l’autre en est encore à définir son programme et  reporte à quelques mois de l’élection le choix de son leader. On comprend donc la stratégie de communication de Martine Aubry qui consiste à projeter sur son adversaire ses propres turpitudes et on comprend que pour l’instant les Français ne lui accordent qu’un crédit relatif.

 

 

 


RETOUR AUX FONDAMENTAUX

Fillon télé Sarko relance 4

 

Quels qu’aient été les choix de Nicolas Sarkozy, nous aurions eu droit aux sarcasmes de la gauche. Inutile donc de s’y attarder, sauf à dire, pour répondre à la cheftaine du PS, qu’elle n’est pas habilitée comme elle tente de le faire croire, à être la porte-parole de tous les Français. Si le Président doit entendre en priorité des Français, ce ne sont certes pas les mêmes que ceux qui ont défilé dans les rues.

Le gouvernement qu’il vient de nommer est un gouvernement d’experts es-politique et de personnes compétentes pour gérer les portefeuilles qui leur sont attribués. Le bateau France va encore tanguer dans les mois qui viennent et le Président a besoin d’une équipe sure, qui lui laisse la disponibilité nécessaire pour gérer les affaires du G 20 et éventuellement faire campagne. Le « resserrement » sert à ça. Le renouvellement de François Fillon dans sa fonction fixe aussi un cap qui est celui de l’équilibre entre la rigueur obligatoire et le soutien à l’économie indispensable pour développer l’emploi. Quelle autre politique pourrait être menée ? L’idée d’un virage social, dans le contexte de croissance actuel, n’aurait été qu’un gros mensonge. Le Premier Ministre sort renforcé mais il sera plus exposé.  De la nouvelle gouvernance qui va s’installer et de la relation entre les deux têtes de l’exécutif découlera naturellement une candidature à la présidentielle.

Car ces choix ne lèvent pas complètement le voile sur ce que sera le destin de Nicolas Sarkozy. Les efforts vont porter sans nul doute sur l’emploi, en priorité. C’est la condition sine qua none pour qu’il puisse se représenter. Ils comportent un pari stratégique sur l’incapacité qu’aura le « Centre » à s’organiser pour présenter un candidat commun. La liberté rendue à Borloo, sans avoir été souhaitée, est faite aussi pour compliquer un peu plus le jeu dans un marigot encombré de personnalités… secondaires. Mais d’un autre côté, on ne peut pas se plaindre comme le fait Hervé Morin d’avoir été évincé, alors qu’il a passé une année à philosopher sur sa propre candidature. Il y a cependant un risque à cette stratégie, c’est que le mécontentement persistant, l’addition des voix sur de petits candidats multiples lui joue le même tour qu’à Jospin en 2002. Car en même temps, il faudra neutraliser la « Marine ».

Enfin, parmi les attributions de ce nouveau gouvernement, il y en a une qui nous touche plus particulièrement : celle de Roselyne Bachelot  au Ministère des Solidarités et de la Cohésion Sociale. Nous savons en Anjou l’intérêt qu’elle porte depuis longtemps aux handicaps, à la dépendance, à toutes les formes de précarité. Elle était probablement la mieux à même de porter le projet de création du 5ème risque. Et nous sommes persuadés qu’elle donnera un élan et une nouvelle dimension à la politique de cohésion sociale.

 

 


SI ARCHIBALD VOUS LE DIT !

  Copie de longue vue

CANARD. Le Canard enchaîné serait « espionné » par les services secrets du gouvernement. Autrement dit ses journalistes « sur écoutes ». Affirmation dont on attend les preuves. Il y a longtemps que ce canard ne se contente plus d’être satirique, il est trop souvent « subversif ». Moi je trouverais normal qu’il soit surveillé.

CEINTURE. Que du bon sens dans la bouche du nouveau président du Conseil Général de Vendée, Bruno Retailleau. Interrogé sur la manière dont il comptait combler le déficit budgétaire annoncé pour 2011, il répond : « Augmenter les impôts, sûrement pas. Il va falloir se serrer la ceinture en faisant des arbitrages dans les dépenses ! ». Voilà un raisonnement qu’on aimerait entendre plus souvent.

G 20. Ce serait plutôt « j’ai zéro ». Les grandes nations vont-elles plonger dans l’égoïsme national en pratiquant une guerre des monnaies ? Dès lors que les US font tourner la planche à billets et que les Chinois ne veulent pas toucher au cours du Yuan, les 18 autres pays se retrouvent spectateurs : un rôle dont ils ne se contenteront pas. Bon courage Nicolas !

RACKET. Dans son projet économique et social pour 2012, Eva Joly prévoit une imposition de 50% pour les revenus supérieurs à 70 000 euros par an. Ce qui fait qu’avec moins de 6 000 euros par mois, vous êtes concernés. Une information qui intéressera nombre de gens de gauche, les couples d’enseignants du secondaire et du supérieur, par exemple. Cela porte un nom : « l’impôt confiscatoire » !

A PEU PRES. On connaissait les effectifs de l’Education Nationale à 20 000 près. Excusez du peu. En effet, à la suite d’une enquête diligentée par le Ministre, on a retrouvé 20 000 postes non comptabilisés. Ils en disent quoi les syndicats ?

AMONT. Au PS, on fait des conventions sans concertation en amont. C’est Mosco qui le dit. Pourtant c’est Hamon qui les organise. Donc avec Hamon, l'amont c'est lui. On s’en serait douté. La gauche de "gauche" est toujours marquée par ses certitudes. C’est à ça qu’on la reconnaît.

MATCH. Avez-vous vu la cote de François dans le dernier Match : plus de 50% sur tous les critères. Etonnant après la bataille des retraites. On comprend que Nicolas ait décidé de le conserver premier ministre. Dans cette période, la France a plus besoin de stabilité et de continuité que de rupture. En plus dans un récent sondage il battrait Martine. Tout pour plaire !

FOURRE-TOUT. Mêmes pas capables de trouver un nom original pour leur conglomérat. Le rassemblement des verts, « ni à gauche, ni à droite », c’est aussi crédible que si le « facteur » se disait centriste. On attend avec impatience de découvrir l’écologie de « sobriété joyeuse, économe et solidaire ». Faut avoir fumé un pétard pour sortir des trucs pareils.

A Demain, pour l’analyse du nouveau gouvernement.

 


 


"EGALITE REELLE" POUR MONDE VIRTUEL

Aubry-lille égalité réelle

Après une longue nuit de débats de la « commission des résolutions » pour examiner des dizaines d'amendements, le projet du PS pour lutter contre les inégalités a été soumis au vote du conseil national (parlement) du PS. Le texte à propos de « l'égalité réelle » d'une quarantaine de pages sera soumis en décembre aux militants. Rédigé par Benoît Hamon, il révèle des divergences réelles entre socialistes et réveille le bon vieux clivage entre la « gauche » et la « droite » du parti.

« Egalité réelle », un slogan suivi d’un ensemble de mesures confuses, extrêmement vagues et parfois ridicules, non triées ni hiérarchisées et surtout sans financement précis : le PS fait la preuve qu’il n’est pas un parti de gouvernement, refuse toujours de s’inscrire dans les réalités du monde actuel, bref, il reste archaïque ! C’est à peu de choses près ce qu’en a dit Denis Olivennes du Nouvel Observateur, l’autre soir à C dans l’air.  Un projet qui cherche plus à surfer sur le « sentiment d’inégalité » qu’à apporter des solutions à ce qui les génère. On se demande comment on peut encore imaginer un projet qui prévoit de « distribuer » encore plus alors que le pays est endetté jusqu’au cou. On comprend mieux pourquoi Benoit Hamon ne parle jamais de la dette. Comme d’habitude,  le PS se soucie davantage de la force symbolique de ses propositions que de leur coût, l'affichage politique prime sur la crédibilité économique.

Les allocations nouvelles - et non chiffrées -abondent. Voici l'Etat relançant le pouvoir d'achat par la magie d'une négociation nationale sur les salaires. Et renationalisant le secteur de l'énergie par « une forme de contrôle public » sur Total, « en vue de l'indispensable réappropriation citoyenne de la rente pétrolière »...

On peut s’interroger sur l’intérêt d’un tel document. S’il s’agissait de faire surgir le clivage entre les gestionnaires réalistes partisans d’un socialisme ancré dans la réalité du monde, tels Manuel Valls et François Hollande ou les amis de DSK, et les socialistes visionnaires encore ancrés dans le marxisme pour lesquels les mots comptent plus que les réalités, autrement la gauche du parti incarnée par Benoit Hamon lui-même (on n’est jamais si bien servi…), c’est plutôt réussi. Entre position symbolique, sinon dogmatique, et une position réaliste, on voit les primaires se profiler et la stratégie de Martine-la-sentencieuse qui a bien verrouillé toutes les portes de la maison, apparaît en pleine lumière : l’arbitre au centre du débat. Position idéale de future candidate.

Reste que le PS, et sa patronne avec, n’arrive pas à décoller de sa posture habituelle depuis Guy Mollet : contester fort dans l’opposition, gestionnaire au pouvoir en faisant le contraire. Car on ne voit pas comment un tel programme pourrait être appliqué. La réalité est malheureusement très têtue. Quand les moyens se dérobent …Autrement dit « égalité réelle » dans un monde virtuel !

 



SARKOZY A-T-IL ENCORE UN DESTIN ?

Sarko Europe

 

Au moment où se profile le dernier quart temps du quinquennat et alors que s’annonce le changement de gouvernement qui en donnera le ton sinon le tempo, la question se pose au fond de savoir ce que souhaite vraiment faire le Président ensuite : se présentera-t-il à nouveau au suffrage des électeurs ou non ?

Pour beaucoup d’observateurs, la question ne se pose même pas tant ils s’imaginent que Nicolas Sarkozy doit y « penser tous les matins en se rasant ».  Pourtant au vu de sa cote de popularité et  de la tâche qui reste à accomplir, au vu de l’évolution de la situation économique, le doute sur ses intentions est pour le moins permis : on peut penser qu’il y regardera à deux fois et qu’il est du genre à partir la tête haute plutôt que de prendre le risque d’être battu. Le destin de Nicolas Sarkozy dépend moins du rapport de force politique que de l’état de l’économie en 2012.

Comme Barak Obama, il aura été victime de la « malédiction des réformateurs ». La plupart des réformes qui ont été engagées en France, à l’initiative du Président et conduites par le Gouvernement, que ce soit celle des retraites ou de l’Etat, de la santé, de l’armée, de la justice, ne s’appliqueront avec leur plein effet que dans quelques années, ce qui interdit à leurs concepteurs d’en tirer le moindre bénéfice. Au contraire, les bouleversements qu’elles imposent au corps social au moment où elles sont décidées coûtent très chers aux dirigeants qui les ont portées.

Le temps des réformes structurelles n’est pas compatible avec celui d’une opinion consumériste. Ce qui revient à dire qu’un homme politique qui dispose d’un mandat de cinq ans n’a pas les moyens de conduire le programme pour lequel il a été élu sans le payer du prix de sa non-réélection. Le réformisme est une recette pour un désastre. Et Nicolas Sarkozy aura beau modifier son style, avoir abandonné sa faconde au profit d’une grande sobriété, être passé du « Président Grande Vitesse » à un rythme plus classique, avoir réorienté sa politique vers la droite et le centre, ne modifie pas substantiellement son sort, plus déterminé par la crise et le chômage qu’on ne lui pardonne pas de ne pas résoudre. Qu'il privilégie l'intérêt national plutôt que sa propre carrière ne m'étonnerait pas.

La tentation peut-être grande alors de mettre en application ce que le Président livrait en privé lors de sa campagne de 2007 : « je suis élu, je fais les réformes et je m’en vais. ».

Les réformes, il les aura toutes faites et la plupart de ses promesses auront été tenues au terme du mandat. J’aurai l’occasion d’y revenir. La France a déjà plus changé en trois ans et demi sous Sarkozy qu’en sept sous Giscard ou douze sous Chirac. Et je pense qu’il a peut-être déjà pris sa décision. Le fait qu’il ait changé d’avis sur les réformes qu’il va mener jusqu’au terme du mandat au lieu de la pause annoncée, ce qui rend difficile une campagne de sortant, l’anticipation d’une reprise molle qui ne lui permettra pas de tenir sa promesse sur le pouvoir d’achat, la nécessité d’accentuer l’effort impopulaire de réduction de la dette… et aussi que Carla ait dit à plusieurs reprises qu’elle souhaiterait une vie plus calme… autant d’éléments qui me font penser qu’il ne se représentera pas. Le signe qu’il va envoyer avec le changement de gouvernement sera décisif : s’il garde Fillon sera un argument de plus, peut-être pour mettre son fidèle premier ministre en piste… Jean-François Copé à l'UMP en sera un autre.

Pendant un an, il va s’éclater au G20, réussir comme il en a le talent les compromis impossibles, peut-être même laisser sa marque sur un nouvel ordre mondial, et après… Salut la compagnie !  Sauf si d’aventure les Français lui jouaient l’air du « t’en vas pas comme ça ! ».

Pure Hypothèse évidemment. Nicolas ne m’a pas téléphoné.  

 

 


ENCORE LES RETRAITES

    Journal_officiel


La loi est promulguée. Validée hier par le Conseil Constitutionnel, le Président a choisi d’aller vite. Fidèle à sa maxime : « on part à fond, on accélère ensuite », cette rapidité d’exécution préfigure ce qui va se passer maintenant. Mais peut-être pas avec le scénario attendu. Je vous en parlerai demain.

La réunion hésitante de l’intersyndicale de jeudi dernier et la mobilisation en net retrait du samedi précédent ont confirmé ce que chacun savait déjà : la bataille des retraites est terminée et elle se conclut sur la victoire du gouvernement et de Nicolas Sarkozy. Sans reculer sur l'essentiel, ce dernier a fait passer une réforme dont l'ampleur -symbolique, financière, politique - est profonde. Elle aura de surcroît une incidence concrète et rapide sur la vie des Français. Personne ne sait si cette issue servira ou non le candidat Sarkozy (s’il l’est) en 2012. Mais il est possible déjà de tirer plusieurs enseignements de ces six mois d’affrontements.

En premier lieu, les manifestations ont remplacé les grèves comme mesure de la mobilisation. Le blocage des transports publics ne constitue plus le principal levier d'action pour paralyser ou ralentir le pays comme en 1995 ou même en 2003. Le service minimum est passé par là. Cette fois-ci, ils ont été remplacés par les raffineries,  créant une gêne rapidement contournée par les importations très faciles sur un marché européen en raffinage excédentaire.

Dans les rangs syndicaux, il y a désormais le puissant tandem CGT-CFDT, qui estime avoir gagné la bataille de l'opinion malgré sa défaite –ce qui reste à prouver- et les autres. Force ouvrière, notamment, se retrouve affaiblie. Ce diagnostic reste à vérifier lors des prochaines élections professionnelles. Les syndicats dits « réformistes » ont été plus suivistes que meneurs par intérêt électoral mais ont pesé sur la fin du conflit en prêchant la modération, finissant par imposer leur point de vue.

Pour la première fois, les syndicats ont été mis en difficulté sur le décompte des manifestants : la longue habitude de couper la poire en deux entre les chiffres de la police et ceux des syndicats pour avoir une idée de leur nombre a pris du plomb dans l'aile. Des expertises concordantes extérieures laissent penser que les premiers s'approchent le plus de la vérité ! Et cela ne surprendra que les gogos prêts à avaler les mensonges de la propagande. Mais, je l’ai déjà dit ici, un ou trois millions de personnes, ce n'est pas la même chose, et le pouvoir le savait …

La sur-interprétation des faits de beaucoup de médias par une empathie exagérée pour les mouvements sociaux conduit parfois à des simplifications outrageusement hâtives. Il suffit que quelques lycées soient bloqués pour qu’on y voit le malaise de toute une génération !La réalité est certainement plus prosaïque : une fraction de ces jeunes de 16-18 ans, toujours la même, a été ravie de cette occasion de mettre le bin’s et de ces heures gagnées sur les cours, pour lesquels ils n’ont qu’un goût modéré. Au moins retrouvera-t-on leurs leaders demain à la tête des Jeunes Socialistes…

Une certitude, enfin. Ces six mois ont une nouvelle fois confirmé la lourde interrogation sur le rapport au travail en France mais aussi, si on veut donner un sens au soutien apporté aux manifestants par l'opinion, sur le malaise profond des classes moyennes quant à leur avenir. C'était vrai avant la crise, cela l'est encore plus après. Le Ministère du « temps libre » est loin, mais que de dégâts depuis !

 

 

 


LA SEMAINE D’ARCHIBALD

Longue vue

 

Après une pause familiale, le bloc-notes reprend du service. L’actualité est particulièrement fournie, ce qui promet quelques développements qui se prolongeront dans les jours prochains.

REMEDE DE CHEVAL. C’est celui que Cameron impose à l’Angleterre pour tenter de sortir le pays du fossé où il est allé se planter. La financiarisation exagérée n’a pas que des bons côtés. Les mesures en raccourci : l'âge de la retraite est repoussé à 66 ans,  près d'un demi-million d'emplois supprimés dans la fonction publique, la TVA  relevée de 2,5 points, à 20 % et les prestations sociales sérieusement revues à la baisse ! Et en plus, cerise sur le gâteau d’un eurosceptique, un accord exceptionnel de coopération militaire avec la France. Comme quoi les économies n’ont pas que du mauvais.

PEKIN SUR SEINE. La visite du Président Chinois Hu Jin Tao (prononcer « usine tout ») permet à Nicolas Sarkozy de concrétiser sa volonté d’aller chercher la croissance « avec les dents s’il le faut ». Près de 20 milliards d’Euros de contrats signés ou de projets mis en route, c’est tout bon pour nos entreprises et l’emploi en France, malgré tout. Silence radio de la gauche sur le sujet… Ah si, les Droits de l’Homme érigés en statuts du commandeur. Un peu maigre pour faire tourner nos usines, sauf à fabriquer des pin’s de la déclaration de 1789.

MEDIATARTE. Plenel voit des barbouzes partout. On serait tenté de lui conseiller d’arrêter le H ou la marijuana. Il n’empêche, la campagne que son site mène pour nous faire croire que nous vivons sous un régime dictatorial continue à travers toutes ses insinuations. Au point que Claude Guéant, directement nommé, sans preuves comme d’hab, s’est résolu à porter plainte. Stop ! Il faut de la transparence du pouvoir, mais quand il s’agit de « sources journalistiques », l’opacité la plus épaisse est de rigueur. Pourquoi ? parce qu’il s’agit de corruption ? de procédés inavouables ? de collecte de ragots ou de poubelles ?

BASTA ! Des milliers de fonctionnaires ont crié « ça suffit ! » dans les rue de … Lisbonne. Ils protestent contre l’austérité imposée par le gouvernement, notamment la baisse des salaires de 3 à 10%, l’augmentation de la TVA et le plafonnement des prestations sociales. Une grève générale est prévue le 24 novembre. Mais quel est donc cet affreux gouvernement qui serre ainsi la ceinture au pauvre (c’est le cas) peuple portugais ? Celui de José Socrates, socialiste si je ne m’abuse. C’est fou ce que les situations se ressemblent. Je présume que la cote de popularité du bonhomme réélu en 2009 doit être dans les 36èmes dessous… Que voulez-vous, les effets de la crise se moquent bien de la couleur des gouvernements !

PAS DE VAINQUEUR. Donc on a dit pas de vainqueur. C’est dit, c’est dit ! M’enfin, il me semble bien que la baudruche des défilés qui battent le pavé se dégonfle, que l’intersyndicale cherche une solution de sortie et bat de l’aile, et que sauf erreur, les opposants au projet n’ont obtenu ni son retrait, ni son ajournement. La gauche peut dire ce qu’elle veut, la fermeté du gouvernement a payé. D’ailleurs les sondages commencent a émettre un son différent. Il faut se méfier des sondages. Je ne retiens qu’un chiffre de celui de l’IFOP publié dans le JDD : 64% des Français pensent « qu’il fallait bien en passer par là » (62 ans) tout en ayant de la sympathie pour les manifestations. Râleurs mais conscients et résignés. On l’avait compris ! Le fil des évènements donne toute latitude au Président pour reprendre l’initiative.

BORGNE ET AVEUGLEE. Martine à la manif’ devrait moins picoler avant de battre le pavé. Du moins c’est ce qu’on pourrait penser à lire les propos incohérents et surréalistes qu’elle a tenus : « Nicolas Sarkozy est perdu. Le Gouvernement ne fait plus rien. Le pays part à vau l’eau. On ne sait plus où on va, il n’y a plus de cap… ». Elle a un oeil qui ne voit plus rien et l’autre est obstrué par la poutre… une preuve ? voilà : « Nous, nous sommes unis avec le reste de la gauche pour proposer une alternative. Voilà la différence ». Si c’est pas un gros mensonge … A force de faire le grand écart entre Hamon et Valls (pour ne parler que du PS) elle va se déchirer le périnée.

EXPLOITS. En revenant de Bretagne ce soir, j’écoutais le Club de la presse sur RTL avec comme invité… Benoit Hamon. De sa prestation idéologique de bout en bout, je retiendrai deux choses. Un : les rédacteurs des rapports du FMI sont des rigolos ou des aimables plaisantins (il faut dire qu’ils ont le culot de trouver des effets positifs à la réforme que la France vient de voter). Deux : on peut être responsable politique et porte-parole du parti d’opposition susceptible de gouverner et parler pendant plus d’une heure sans jamais évoquer la dette ! Incroyable.

LE PROBLEME C’EST LUI.  Le Gargamel de République Solitaire s’en est encore pris au Président de la République, en des termes vils et bas. S’il espère conquérir des voix à droite par ce moyen, il se trompe. En tout cas, il n’aura pas la mienne. Par contre il rend service à la gauche en servant de caisse de résonnance à ses attaques incessantes et aussi haineuses. Comme Bayrou en un autre temps. On a vu avec quel résultat.

 


EGALITE SELECTIVE

Conseil_constitutionnel

Comme on pouvait s’y attendre, le recours déposé au Conseil Constitutionnel contre la réforme des retraites par les partis de gauche porte essentiellement sur « l’égalité », thème obsessionnel s’il en est.

En voici les termes : « Cette réforme porte atteinte aux principes d'égalité reconnus par le préambule de la Constitution et par son article 1 ». Ces « ruptures d'égalité » concernent : « les salariés qui ont commencé à travailler tôt et qui devront supporter seuls le recul de l'âge de la retraite à 62 ans »; « les femmes et les chômeurs qui ont connu des carrières professionnelles hachées et qui devront attendre 67 ans pour obtenir une pension complète »; « les ouvriers qui ont une espérance de vie de 7 ans inférieure aux autres catégories sociales et qui se voient priver d'un droit compensatoire ».

De quoi faire sourire. Car il s’agit bien d’une conception de l’égalité très sélective. On aurait pu imaginer trouver aussi dans les ruptures d’égalité celle qui concerne le salaire de base  sur lequel on calcul la pension, entre la moyenne des vingt meilleures années et les six derniers mois pour les fonctionnaires (autrement dit, le dernier payé dans presque tous les cas). On aurait pensé trouver une rupture d’égalité dans la possibilité qu’ont de nombreuses catégories de partir (encore) à 50 ans ou 55 ans, rentes de situation qui n’ont plus beaucoup de sens aujourd’hui pour la plupart d’entre elles…

Si le Conseil constitutionnel tombe dans le piège, il n’y a plus qu’à rétablir les régimes spéciaux !

Pour terminer quelques paroles sélectionnées qui éclairent la réforme.

Alain Juppé : A vous de juger (14/10)

« La réforme des retraites est nécessaire”, affirme Martine Aubry. Bien. Mais laquelle? Mystère. Question assassine de Nicolas Beytout: ” Pour un jeune qui commence à travailler et à cotiser à 20 ans, l’âge de la retraite à taux plein viendra à 62 ans dans la réforme Sarkozy et à 61,5 ans dans la vôtre. La différence justifie-t-elle l’ébullition actuelle?” Martine Aubry ne conteste pas les chiffres … et reste coite. »

François Fillon : Le bon sens (20/10)

Répondant au Président du groupe Nouveau Centre, à l’Assemblée Nationale : « La réforme actuelle, Monsieur le Président SAUVADET, elle n'est ni de droite ni de gauche. C'est la réforme du bon sens, et c'est la réforme de la République sociale ! Et je vous le dis, dans quelques temps, cette réforme fera l'objet, comme les autres, d'un large consensus national. »

 Jean-Pierre Raffarin : « Le temps manipulé » (21/10) 

« Au Sénat l’opposition joue la montre. Les discours bégayent, les amendements s’amoncellent, les arguments rebondissent, les suspensions de séances se succèdent, le temps passe, l’opposition parle, la majorité, lasse, patiente…
L’opposition guette la rue, en espérant que la rue sera plus efficace qu’elle même… »
 

Eric Woerth : Fiasco (28/10)

Invité du JT de 20 heures et commentant le reportage qui venait d’être diffusé dans lequel Laurent Fabius proclamait sentencieux « cette réforme c’est le fiasco du sarkozysme », « c’est surtout le fiasco du Parti Socialiste si l’on en juge par les propos contradictoires et le flou du projet »


 

 


 


OUTRANCES, EXCES, CONTRE-VERITES ET MAUVAISE FOI

 

L’affrontement entre le pouvoir et l’opposition sur la réforme des retraites, donne lieu, plus que de raison, à des excès de langage, des outrances et tout un catalogue de contre-vérités dont surtout la gauche et les syndicats font un usage immodéré, au point que le vocabulaire utilisé a glissé depuis longtemps dans le registre de la « guerre civile » (heureusement encore limitée aux mots)… où il n’est question que d’épreuve de force, de conflit, de bataille, d’affrontement.  

Le Gouvernement a résisté tant bien que mal à cette avalanche tout en ne répugnant pas aux échanges virils, notamment à l’Assemblée Nationale. La gauche prétend, par la voix de Jean-Marc Ayrault, avoir gagné la bataille de l’opinion : je pencherai plutôt pour une victoire de l’intox, du faux-semblant et du mensonge. Ceux qui prétendent défendre nos intérêts, en réalité, nous mentent. La vérité serait plutôt d’affirmer qu’elle a gagné la bataille de la démagogie !

Extraits d’une guérilla :

Petit florilège :

Pour qualifier le débat parlementaire qui a duré des centaines d’heures et permis dix-huit modifications importantes du texte :

« Naufrage démocratique », c’est l’expression utilisée par les élus de la gauche participant à la réunion de la commission paritaire Assemblée/Sénat ;

« Passage en force », locution martelée à tout moment dès qu’un micro est tendu, par les syndicalistes de tout poil ;

« Gouvernement sourd », expression préférée des élus du PS.

« Bernard Accoyer n’est que le pantin d’une farce sinistre » de Marisol Touraine, pour protester contre le rejet de l’obstruction socialiste qui voulait imposer 100 explications de vote.

« Il n’y a pas eu de concertation ni de négociations », la contre-vérité la plus diffusée par les syndicats

« On ne gouverne pas contre le peuple, contre les Français » comme si les manifestants étaient tous les Français…

Sur le contenu de la réforme :

« une réforme injuste qui ne règle rien », celle-là c’est l’antienne de Martine Brochen-Aubry

« Allégeance aux marché financiers », comme si la gauche pouvait s’en affranchir : c’est comme raser gratis.

« Les séniors prendront le travail des jeunes » autre contre-vérité énoncée par le Président de l’Unef et scandée par des lycéens programmés comme des « zhu zhu pet »

La cerise sur le gâteau :

« Le fiasco du sarkozysme », la dernière trouvaille de l’ineffable Fabius (un expert en fiascos)

« Un système tyrannique » pour qualifier les conditions de vote de la loi, c’est la nouvelle sortie de la Royal (après le système corrompu) qui n’est pas à une outrance près.

On pourrait y ajouter les sornettes d’Eva Joly ou  les saillies de Benoit Hamon ou encore les rodomontades du méchancon du Parti de Gauche, mais vraiment la liste serait trop longue. Et je ne voudrais pas vous lasser !

 

 

 


POUR EN FINIR AVEC LES CONTESTATIONS

 

Rien ne sert de dénoncer la « politisation » du conflit  sur la réforme des retraites : il est politique depuis le début.  Le PS tente par tous les moyens de se servir du caractère forcément impopulaire du recul de l’âge de la retraite pour s’en prendre à Nicolas Sarkozy, en camouflant au mieux les attitudes contradictoires qu’on décèle en son sein ; les syndicats sont en surenchère permanente, plus préoccupés de l’avenir de leur boutique que de l’intérêt général en raison des élections qui auront lieu en décembre avec la barre des 10% pour leur représentativité, instituée par la loi d’août 2009.

En face, le Président et le Gouvernement se doivent de rester imperturbables,  convaincus à juste raison du bienfondé de la réforme, conforté en plus par les encouragements du FMI qui approuve la solution démographique apportée à la crise du financement des retraites en France.

Cette réforme des retraites est infiniment plus raisonnable que le document de la commission Attali, parce qu’elle propose une politique du possible qui ne porte pas atteinte à la croissance. En effet, si l’essence de ce document est logique et ses attendus incontestables, comme je l’ai écrit avant-hier, proposer l’austérité à tout-va pour réduire la dette et les déficits porteraient une atteinte sévère au pouvoir d’achat des Français, ce qui risquerait de nous plonger dans une durable stagnation économique. Sachant que ce ne sont ni le FMI, ni la commission Attali qui votent !

D’où le pari que fait le Président de la République que sa politique sur le fil du rasoir permettra d’engranger suffisamment de résultats positifs dans l’année 2011 pour lui permettre de l’emporter en 2012, persuadés que nous sommes avec lui, que le retour de la gauche au pouvoir remettrait en cause tous les efforts de réduction des dépenses publiques qu’il faut au contraire amplifier et élargir au fur et à mesure que la situation économique s’éclaircira.

Les errements de la démocratie sociale qui s’arroge le droit de parler au nom de tous les Français parce que quelques dizaines de milliers d’entre eux, plutôt fonctionnaires et déjà retraités qu’actifs, sont dans la rue, battent en brèche sa légitimité dès lors que la démocratie qui s’exprime se traduit par des blocages et des coups de force qui en sont, en eux-mêmes, la négation. Alors que le gouvernement est issu des urnes, ce qui est la meilleure des légitimités et la plus respectable, et dispose d’une majorité parlementaire jusqu’en 2012.

Ceux qui protestent sont-ils si conservateurs qu’ils veulent ignorer le vieillissement, la mondialisation, le mouvement de l’histoire, les gains d’espérance de vie ? Les statistiques de l’Insee viennent de nous annoncer 30% de plus de 60 ans en France en 2060 et 200 000 centenaires : un vrai pied de nez aux manifestants quand on évoque des galopins de septuagénaires et de fringants octogénaires. Il faut bien se dire que l’allongement de la vie au travail, on n’en est qu’au début. N’en déplaise aux lycéens mal instruits de leur avenir !

 


LE NOUVEAU SONGE D’ATTALI

 

« C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit.
Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée,
Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté ;
Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage,
Pour réparer des ans l'irréparable outrage.

« Tremble, m'a-t-elle dit, fille digne de moi… »
                                        Athalie (III, 5) - Racine

 

Comme l’héroïne de Racine, nous faut-il trembler à l’énoncé des catastrophes qui nous attendent, si l’on en croit la prophétie de l’Attali moderne, Jacques, pour ne pas le nommer ?

« 23 Mars 2020. Le printemps était pourtant précoce et la douceur des jours pouvaient faire oublier le terrible drame que la France allait vivre en ce jour sinistre : la banqueroute de l’Etat, incapable de trouver la moindre somme à emprunter sur les marchés financiers, pour faire face à ses obligations. Les salaires des fonctionnaires ne seront pas versés, le versement des intérêts de la dette non plus, et faute de crédits alloués, ce sont des pans entiers de l’économie qui sombrent dans le cauchemar : hôpitaux, collectivités territoriales, associations, travaux publics… Il faut dire que la catastrophe était prévisible de longue date. La dette atteignait maintenant 4 000 milliards d’euros. Rien n’avait pu enrayer sa progression fulgurante depuis que la gauche ayant repris le pouvoir, on avait renoué avec l’état-providence et renoncé à la politique de rigueur et de diminution des dépenses publiques… »

Politique fiction, heureusement. Pourtant c’est à peu de chose près ce qui pourrait arriver si l’on en croit Jacques Attali. Pour éviter ce scénario d’épouvante, avec un comité de 40 experts, il vient de rendre un rapport au Président de la République qui préconise les mesures à prendre à travers une « cure d’austérité » en 25 propositions chocs. Sur les quelque 25 propositions soumises au chef de l'Etat, environ la moitié porte sur la maîtrise des finances publiques.

Trouver un consensus entre la quarantaine de membres de tous bords qui composent la commission n'a pas été simple avec pour objectif de répondre aux « urgences » que sont le désendettement et l'emploi et préparer deux « chantiers de long terme » que constituent l'éducation et la gestion des ressources rares. Le tout étant censé former « une stratégie à dix ans » à l'horizon de laquelle la France serait alors capable d'atteindre une croissance moyenne d'au moins 2,5 % par an.

Pour cela, la priorité est d'abord de ramener le déficit public sous le seuil de 3 % de PIB en 2013, comme s'y est engagé le gouvernement. Si la croissance atteint en moyenne 2 % sur la période, la première proposition est d'accomplir un ajustement de 75 milliards d'euros sur trois ans, indique une version préliminaire du rapport consultée par « Les Echos ». Comment ? En jouant « exclusivement » sur la réduction des dépenses publiques (50 milliards d'euros) et en élargissant l'assiette des prélèvements « sans relèvement des taux » (25 milliards).

Concernant le volet dépenses, 10 milliards d'économies préconisées dans le cadre de « mesures exceptionnelles » : d'ici à 2013, la commission suggère de geler le point d'indice pour les salaires des fonctionnaires (ce qui n'est prévu par le gouvernement que pour 2011) et de prolonger et élargir la règle de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite aux collectivités locales et à la Sécurité sociale. Il faut en outre geler certaines prestations sociales et mettre sous conditions de ressources les allocations familiales.

A côté de ces mesures temporaires, 40 milliards d'économies sont attendus d'une « meilleure maîtrise des dépenses de chacun des acteurs publics ». L'accent est notamment mis sur les collectivités locales, pour qui est recommandée une baisse de 1 % des concours financiers de l'Etat en valeur. Pour la Sécurité sociale, il propose le déremboursement de médicaments et, surtout, la mise en place d'une participation financière des malades en affection de longue durée aujourd'hui pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale quelles que soient leurs ressources.

Côté recettes, la commission partage la philosophie du gouvernement en décidant de jouer en priorité sur les niches fiscales et sociales. Le rapport prône un « réexamen » de la fiscalité sur les plus-values et les successions « pour des raisons d'équité ».

La commission estime que ce plan de redressement des finances publiques est « réaliste, équitable et équilibré ». Il a été rejeté en bloc par le PS. De nombreuses mesures trop impopulaires sont déjà mises à l’écart par le gouvernement… L'ancien conseiller de Mitterrand a adjuré les députés de dire la vérité aux Français et d'avoir le courage d'en assumer les conséquences. Sinon, la France sera définitivement "larguée". 

 


 


LA DERNIERE LIGNE DROITE

   Parlement séance

 Il n’est pas encore temps de tirer des conclusions, mais cette semaine apparaît bien comme la dernière ligne droite pour l’adoption de la réforme des retraites avec l'adoption définitive par les deux Assemblées du projet de loi. C'est étape est déterminante pour la suite du mouvement de contestation. Sans être le dernier round de la bataille qui a commencé, Nicolas Sarkozy peut espérer une sortie de crise avec les syndicats qui hésitent sur la marche à suivre et sont divisés ouvertement sur les blocages, et une opinion qui exprime de plus en plus sa résignation à défaut d’une adhésion. C'est le scénario le plus probable et l’on en voit déjà les premiers signes avec la fin de la grève dans trois raffineries et la reprise du travail des éboueurs dans plusieurs villes. Tout le monde verra les choses reprendre leur cours normal, les contestataires avec amertume, le plus grand nombre avec soulagement. Il n’y a pas de vainqueurs ni de vaincus à y célébrer. Avec ou sans réforme, le recul de l’âge de la retraite était inéluctable. Les Français en sont convaincus au fon d’eux-mêmes.

Mais ce conflit aura montré, une fois de plus, que notre pays est incapable d’assumer sereinement les conséquences de son vieillissement et de la mondialisation réunies. Notre tradition politique continue de tout mélanger : le sujet des retraites a été depuis le début parasité par des considérations autres telles que la préparation de la bataille de 2012, l'inquiétude sur l'avenir des raffineries, l'impopularité du président de la République qui a dû faire face aux effets de la crise, le télescopage « organisé » avec l'affaire Bettencourt, et aussi le désir ardent de François Chérèque de ne pas perdre d'adhérents comme en 2003. Je ne pense pas pour autant que l’accès fièvre qui s’est manifesté soit si grave : à bien des égards il a été même très modéré, qu’il s’agisse des manifestations organisées par les syndicats ou des mots d’ordre de grève finalement peu suivis. Il n’y a eu guère que les cris antisarkozystes de l’hystérique de Lille ou les déclarations paranormales de la folle de Poitiers pour faire désordre.

On continue de nous dire que d'autres voies étaient possibles. Une grande négociation type « Grenelle » aurait évité l’affrontement.  Celle-ci n'avait en réalité aucune chance d'aboutir. J’ai déjà dit ici que le mot « négociation » n’était pas adapté à notre contexte national. Mais même la concertation ne pouvait produire que des résultats à la marge. Si la CFDT accepte l'allongement de la durée de cotisation, alors que celle-ci n'aurait pas d'effet financier réel avant 2030, elle n'a jamais envisagé d'approuver une réforme qui serait rejetée par la CGT. Or, cette dernière a comme objectif, depuis son dernier congrès, d' « arrêter la spirale de l'allongement de la durée de cotisation que prévoit la loi Fillon »... Cette directive est d'ailleurs appliquée à la lettre dans les raffineries, où la revendication officielle de la CGT est le retour aux 37,5 années de cotisation ! Comment aboutir dans ces conditions ?  La CGT ne signe jamais d’accords, c’est une constante.  Quant à ceux qui préconisent des hausses de prélèvement, ils seront vite satisfaits car il en faudra pour financer la dépendance et, selon toute vraisemblance, un jour ou l'autre pour financer l'assurance-maladie.

Les Français qui sont bien sévères aujourd’hui avec leur Président ne tarderont pas à s’apercevoir que ses choix sont judicieux parce qu’ils laissent un peu de marge de manœuvre pour faire face aux autres défis qu’il faut relever avant 2012. pour une fois qu’on en a un qui va jusqu’’au bout sans reculer…

 


ARCHIBALD EN COLERE

Longue vue Longue vue


Voyage en absurdie. Lu dans le journal, ce propos d’un parent d’élève de la FCPE venu soutenir, en tant que « parent responsable », les élèves qui avaient décidé de bloquer l’entrée du lycée et rétorquant aux parents  qui voulaient faire entrer leurs enfants : «  ils remettent en cause une décision démocratique prise en assemblée générale ! ». On croit rêver. Quel crédit apporter à des votes acquis dans des assemblées générales que personne ne contrôle par une minorité d’élèves ? Et, même « démocratiquement » peut-on voter pour un acte illégal ! Ce M. Guilloteau a une conception soviétique de la démocratie. Ce n’est pas la nôtre !

Surréaliste. Vendredi soir dans « C dans l’air », c’est ainsi qu’un participant au débat (René Silvestre, ancien président de l’Etudiant), qualifiait la participation des lycéens aux manifestations contre la réforme des retraites. Rappelant l’endettement de la France pour le profit de la génération qui part en retraite actuellement, et le qualifiant de « hold-up du siècle » sur le dos des jeunes générations qui auront à payer deux fois, il exprimait ainsi sa stupéfaction de voir les jeunes se dresser contre une réforme qui est surtout faite pour eux !

Coup de force ! C’est l’expression encore employée par la gauche pour le vote au Sénat, de la réforme des retraites, après un débat long de 140 heures et après avoir épuisé les amendements, alors qu’elle s’ingéniait à reposer les mêmes questions que dix jours plus tôt. Face à cette obstruction il fallait bien avancer. Il faut être de mauvaise foi pour oser affirmer qu’elle n’a pas pu faire valoir ses arguments. Mais la mauvaise foi de la gauche, et ses mensonges simplificateurs, nous, on a l’habitude !

Réforme injuste. C’est vrai, mais parlons des vrais injustices qu’elle ne corrige pas : sur l’âge des départs en retraite à la SNCF, à la RATP, chez les aiguilleurs du ciel, (pour ne prendre que ces exemples là) et sur le taux des cotisations du régime privé à 10,55% alors qu’il est de 7,85% pour les fonctionnaires. On pourrait évoquer le calcul sur les 25 meilleures années à mettre en face du salaire des six derniers mois…. Il est facile d’imaginer l’ampleur des écarts. Et encore ne passe-t-on pas au microscope les 38 régimes différents qui existent. Et ce sont ceux dont les retraites ne sont pas mises en cause que l’on trouve en pointe dans la contestation… La justice, parlons-en. Parlons en même temps du respect de la légalité !

Négociations. « Il n’y a pas eu de négociations ! Nous voulons une négociation ! ». Les syndicats nous chantent ce refrain sur l’air des lampions. J’ai envie de leur dire que le Gouvernement n’a pas à négocier avec eux. Ce n’est pas comme en Allemagne : en France, ils ne représentent qu’une toute petite partie de la société civile. Le pouvoir d’amendement est au Parlement, pas chez les partenaires sociaux. Par contre, le Gouvernement a un devoir de concertation, ce qui n’est pas la même chose. Et il l’a correctement rempli avec plus de 50 rendez-vous. Que ses interlocuteurs aient été bloqués sur l’âge de départ est un autre aspect, qu’ils cachent soigneusement. La preuve qu’ils ont été écoutés, c’est que le texte a subi 18 modifications et connaît quelques avancées majeures pour les femmes, les polypensionnés ou les parents d’enfants handicapés.

Sondages. Comme dit mon toubib préféré : « on peut sonder les Français par tous les trous, la seule fente qui compte… c’est celle de l’urne ! ». Et en matière de sondage, on a été servi. 2/3 des Français soutiennent paraît-il le mouvement de contestation. Le sondage Opinionway de samedi apporte des précisions intéressantes : s’ils sont 61% à « comprendre » les manifestations, ils ne sont plus que 51% quand il s’agit de soutien (contre 48%) et 63% soutiennent le Gouvernement pour le déblocage des dépôts de carburant ; 56% pensent même qu’il faut respecter le vote des parlementaires et arrêter le mouvement : voilà qui est rassurant pour la démocratie. Cela devrait faire réfléchir les va-t-en guerre.