LA DERNIERE LIGNE DROITE
25 octobre 2010
Il n’est pas encore temps de tirer des conclusions, mais cette semaine apparaît bien comme la dernière ligne droite pour l’adoption de la réforme des retraites avec l'adoption définitive par les deux Assemblées du projet de loi. C'est étape est déterminante pour la suite du mouvement de contestation. Sans être le dernier round de la bataille qui a commencé, Nicolas Sarkozy peut espérer une sortie de crise avec les syndicats qui hésitent sur la marche à suivre et sont divisés ouvertement sur les blocages, et une opinion qui exprime de plus en plus sa résignation à défaut d’une adhésion. C'est le scénario le plus probable et l’on en voit déjà les premiers signes avec la fin de la grève dans trois raffineries et la reprise du travail des éboueurs dans plusieurs villes. Tout le monde verra les choses reprendre leur cours normal, les contestataires avec amertume, le plus grand nombre avec soulagement. Il n’y a pas de vainqueurs ni de vaincus à y célébrer. Avec ou sans réforme, le recul de l’âge de la retraite était inéluctable. Les Français en sont convaincus au fon d’eux-mêmes.
Mais ce conflit aura montré, une fois de plus, que notre pays est incapable d’assumer sereinement les conséquences de son vieillissement et de la mondialisation réunies. Notre tradition politique continue de tout mélanger : le sujet des retraites a été depuis le début parasité par des considérations autres telles que la préparation de la bataille de 2012, l'inquiétude sur l'avenir des raffineries, l'impopularité du président de la République qui a dû faire face aux effets de la crise, le télescopage « organisé » avec l'affaire Bettencourt, et aussi le désir ardent de François Chérèque de ne pas perdre d'adhérents comme en 2003. Je ne pense pas pour autant que l’accès fièvre qui s’est manifesté soit si grave : à bien des égards il a été même très modéré, qu’il s’agisse des manifestations organisées par les syndicats ou des mots d’ordre de grève finalement peu suivis. Il n’y a eu guère que les cris antisarkozystes de l’hystérique de Lille ou les déclarations paranormales de la folle de Poitiers pour faire désordre.
On continue de nous dire que d'autres voies étaient possibles. Une grande négociation type « Grenelle » aurait évité l’affrontement. Celle-ci n'avait en réalité aucune chance d'aboutir. J’ai déjà dit ici que le mot « négociation » n’était pas adapté à notre contexte national. Mais même la concertation ne pouvait produire que des résultats à la marge. Si la CFDT accepte l'allongement de la durée de cotisation, alors que celle-ci n'aurait pas d'effet financier réel avant 2030, elle n'a jamais envisagé d'approuver une réforme qui serait rejetée par la CGT. Or, cette dernière a comme objectif, depuis son dernier congrès, d' « arrêter la spirale de l'allongement de la durée de cotisation que prévoit la loi Fillon »... Cette directive est d'ailleurs appliquée à la lettre dans les raffineries, où la revendication officielle de la CGT est le retour aux 37,5 années de cotisation ! Comment aboutir dans ces conditions ? La CGT ne signe jamais d’accords, c’est une constante. Quant à ceux qui préconisent des hausses de prélèvement, ils seront vite satisfaits car il en faudra pour financer la dépendance et, selon toute vraisemblance, un jour ou l'autre pour financer l'assurance-maladie.
Les Français qui sont bien sévères aujourd’hui avec leur Président ne tarderont pas à s’apercevoir que ses choix sont judicieux parce qu’ils laissent un peu de marge de manœuvre pour faire face aux autres défis qu’il faut relever avant 2012. pour une fois qu’on en a un qui va jusqu’’au bout sans reculer…
Commentaires