"EGALITE REELLE" POUR MONDE VIRTUEL
12 novembre 2010
Après une longue nuit de débats de la « commission des résolutions » pour examiner des dizaines d'amendements, le projet du PS pour lutter contre les inégalités a été soumis au vote du conseil national (parlement) du PS. Le texte à propos de « l'égalité réelle » d'une quarantaine de pages sera soumis en décembre aux militants. Rédigé par Benoît Hamon, il révèle des divergences réelles entre socialistes et réveille le bon vieux clivage entre la « gauche » et la « droite » du parti.
« Egalité réelle », un slogan suivi d’un ensemble de mesures confuses, extrêmement vagues et parfois ridicules, non triées ni hiérarchisées et surtout sans financement précis : le PS fait la preuve qu’il n’est pas un parti de gouvernement, refuse toujours de s’inscrire dans les réalités du monde actuel, bref, il reste archaïque ! C’est à peu de choses près ce qu’en a dit Denis Olivennes du Nouvel Observateur, l’autre soir à C dans l’air. Un projet qui cherche plus à surfer sur le « sentiment d’inégalité » qu’à apporter des solutions à ce qui les génère. On se demande comment on peut encore imaginer un projet qui prévoit de « distribuer » encore plus alors que le pays est endetté jusqu’au cou. On comprend mieux pourquoi Benoit Hamon ne parle jamais de la dette. Comme d’habitude, le PS se soucie davantage de la force symbolique de ses propositions que de leur coût, l'affichage politique prime sur la crédibilité économique.
Les allocations nouvelles - et non chiffrées -abondent. Voici l'Etat relançant le pouvoir d'achat par la magie d'une négociation nationale sur les salaires. Et renationalisant le secteur de l'énergie par « une forme de contrôle public » sur Total, « en vue de l'indispensable réappropriation citoyenne de la rente pétrolière »...
On peut s’interroger sur l’intérêt d’un tel document. S’il s’agissait de faire surgir le clivage entre les gestionnaires réalistes partisans d’un socialisme ancré dans la réalité du monde, tels Manuel Valls et François Hollande ou les amis de DSK, et les socialistes visionnaires encore ancrés dans le marxisme pour lesquels les mots comptent plus que les réalités, autrement la gauche du parti incarnée par Benoit Hamon lui-même (on n’est jamais si bien servi…), c’est plutôt réussi. Entre position symbolique, sinon dogmatique, et une position réaliste, on voit les primaires se profiler et la stratégie de Martine-la-sentencieuse qui a bien verrouillé toutes les portes de la maison, apparaît en pleine lumière : l’arbitre au centre du débat. Position idéale de future candidate.
Reste que le PS, et sa patronne avec, n’arrive pas à décoller de sa posture habituelle depuis Guy Mollet : contester fort dans l’opposition, gestionnaire au pouvoir en faisant le contraire. Car on ne voit pas comment un tel programme pourrait être appliqué. La réalité est malheureusement très têtue. Quand les moyens se dérobent …Autrement dit « égalité réelle » dans un monde virtuel !
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