LE NOUVEAU SONGE D’ATTALI
26 octobre 2010
« C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit.
Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée,
Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté ;
Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage,
Pour réparer des ans l'irréparable outrage.
« Tremble, m'a-t-elle dit, fille digne de moi… »
Athalie (III, 5) - Racine
Comme l’héroïne de Racine, nous faut-il trembler à l’énoncé des catastrophes qui nous attendent, si l’on en croit la prophétie de l’Attali moderne, Jacques, pour ne pas le nommer ?
« 23 Mars 2020. Le printemps était pourtant précoce et la douceur des jours pouvaient faire oublier le terrible drame que la France allait vivre en ce jour sinistre : la banqueroute de l’Etat, incapable de trouver la moindre somme à emprunter sur les marchés financiers, pour faire face à ses obligations. Les salaires des fonctionnaires ne seront pas versés, le versement des intérêts de la dette non plus, et faute de crédits alloués, ce sont des pans entiers de l’économie qui sombrent dans le cauchemar : hôpitaux, collectivités territoriales, associations, travaux publics… Il faut dire que la catastrophe était prévisible de longue date. La dette atteignait maintenant 4 000 milliards d’euros. Rien n’avait pu enrayer sa progression fulgurante depuis que la gauche ayant repris le pouvoir, on avait renoué avec l’état-providence et renoncé à la politique de rigueur et de diminution des dépenses publiques… »
Politique fiction, heureusement. Pourtant c’est à peu de chose près ce qui pourrait arriver si l’on en croit Jacques Attali. Pour éviter ce scénario d’épouvante, avec un comité de 40 experts, il vient de rendre un rapport au Président de la République qui préconise les mesures à prendre à travers une « cure d’austérité » en 25 propositions chocs. Sur les quelque 25 propositions soumises au chef de l'Etat, environ la moitié porte sur la maîtrise des finances publiques.
Trouver un consensus entre la quarantaine de membres de tous bords qui composent la commission n'a pas été simple avec pour objectif de répondre aux « urgences » que sont le désendettement et l'emploi et préparer deux « chantiers de long terme » que constituent l'éducation et la gestion des ressources rares. Le tout étant censé former « une stratégie à dix ans » à l'horizon de laquelle la France serait alors capable d'atteindre une croissance moyenne d'au moins 2,5 % par an.
Pour cela, la priorité est d'abord de ramener le déficit public sous le seuil de 3 % de PIB en 2013, comme s'y est engagé le gouvernement. Si la croissance atteint en moyenne 2 % sur la période, la première proposition est d'accomplir un ajustement de 75 milliards d'euros sur trois ans, indique une version préliminaire du rapport consultée par « Les Echos ». Comment ? En jouant « exclusivement » sur la réduction des dépenses publiques (50 milliards d'euros) et en élargissant l'assiette des prélèvements « sans relèvement des taux » (25 milliards).
Concernant le volet dépenses, 10 milliards d'économies préconisées dans le cadre de « mesures exceptionnelles » : d'ici à 2013, la commission suggère de geler le point d'indice pour les salaires des fonctionnaires (ce qui n'est prévu par le gouvernement que pour 2011) et de prolonger et élargir la règle de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite aux collectivités locales et à la Sécurité sociale. Il faut en outre geler certaines prestations sociales et mettre sous conditions de ressources les allocations familiales.
A côté de ces mesures temporaires, 40 milliards d'économies sont attendus d'une « meilleure maîtrise des dépenses de chacun des acteurs publics ». L'accent est notamment mis sur les collectivités locales, pour qui est recommandée une baisse de 1 % des concours financiers de l'Etat en valeur. Pour la Sécurité sociale, il propose le déremboursement de médicaments et, surtout, la mise en place d'une participation financière des malades en affection de longue durée aujourd'hui pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale quelles que soient leurs ressources.
Côté recettes, la commission partage la philosophie du gouvernement en décidant de jouer en priorité sur les niches fiscales et sociales. Le rapport prône un « réexamen » de la fiscalité sur les plus-values et les successions « pour des raisons d'équité ».
La commission estime que ce plan de redressement des finances publiques est « réaliste, équitable et équilibré ». Il a été rejeté en bloc par le PS. De nombreuses mesures trop impopulaires sont déjà mises à l’écart par le gouvernement… L'ancien conseiller de Mitterrand a adjuré les députés de dire la vérité aux Français et d'avoir le courage d'en assumer les conséquences. Sinon, la France sera définitivement "larguée".
Ah ! Daniel !
Ah ! t'as lu Atali ?
Si t'as lu Atali, T'as dû aller au lit ...
Rédigé par : jibe 124 | 26 octobre 2010 à 23:08