HISTOIRE

JUPPE ENTRE EN LICE

Juppé

Alain Juppé vient de se déclarer candidat de l’UMP à la primaire de l’élection présidentielle de 2017. Ce faisant, il a pris de court tous les autres concurrents ou présumés tels. Le maire de Bordeaux dispose d’atouts non négligeables : sa popularité -il est en ce moment premier au hit-parade politique-, son expérience -il a été Premier ministre et un brillant ministre des Affaires étrangères deux fois-, et on peut compter sur sa capacité à rassembler la droite et le centre, condition sine qua non de toute victoire de l’opposition.

Est-ce que cela gêne Nicolas Sarkozy ? Peut-être mais celui-ci est plus attendu sur sa candidature à la présidence de l’UMP, la question de la présidentielle venant, dans son esprit, après la reconstruction indispensable de la  maison. Des démarches parallèles, donc, mais qui se télescopent un peu.

Une démarche estimable.

Néanmoins, il faut accueillir la démarche d’Alain Juppé avec beaucoup de bienveillance. Il ne sert à rien de crier à la guerre des chefs. Son ambition n’est pas illégitime et le moment venu, tout le monde devra faire équipe autour du champion désigné. Alors gardons-nous d’insulter l’avenir ! Attendons de voir ce que les uns et les autres proposeront. N’oublions jamais que l’élection présidentielle sous la Vème république, c’est toujours un rapport direct entre un candidat et le peuple.

Si on examine le cas d’Alain Juppé, sa candidature n’est pas exempte de faiblesses : il est clair, par exemple que les militants de l’UMP, qui formeront les bataillons de la primaire, lui préfèrent Nicolas Sarkozy. Son âge, sans faire injure aux septuagénaires dont je fais partie, peut jouer en sa défaveur : il aura près de 72 ans au moment de l’élection présidentielle, ce qui peut laisser supposer qu’il ne sera élu que pour un mandat. Certains lui reprochent toujours son manque de charisme et de dynamisme, ce qui est une vieille fausse idée : il a prouvé le contraire à Bordeaux. Il n’a pas le caractère fonceur de Nicolas Sarkozy, c’est vrai, mais c’est un décideur. Il rassurera néanmoins toux ceux qui, à droite ou au centre, n’ont pas compris que Nicolas Sarkozy ait tenté de concurrencer le Front national en 2012. Son aura de vieux sage peut plaire à un électorat vieillissant et apporte une garantie de compétence et de sérieux dans un moment où la France est gouvernée par des gens qui en manquent terriblement.

Ratisser large.

Sa stratégie est claire et on la connait : il n’ira pas sur le terrain de l’extrême droite, il proposera une politique susceptible de séduire le centre et même l’électorat de gauche modérée qui a été déçu par François Hollande. Du gaullisme classique. Ce n’est pas un hasard si François Bayrou s’est félicité de l’annonce de sa candidature. Les deux hommes ont toujours entretenu d’excellentes relations personnelles. L’ancien Premier ministre a soutenu François Bayrou pendant sa campagne pour la mairie de Pau en mars dernier, mairie que le président du MoDem n’a pu emporter que parce que le candidat UMP s’était retiré de la course. Mais cela n’empêche pas nombre de militants UMP de considérer que Bayrou, éternel candidat à la présidence, a trahi la droite quand, entre les deux tours de la présidentielle de 2012, il s’est prononcé en faveur de François Hollande, faisant battre Nicolas Sarkozy, ce qui reste une tache indélébile à leurs yeux. Pourtant, si les deux hommes s’associaient pour rassembler la droite et le centre, leur crédibilité y gagnerait incontestablement

La primaire, une quasi-certitude.

On n’est pas en 2017. D’ici là, les incertitudes sont suffisamment nombreuses pour que ce scénario n’aille pas au bout de sa logique. D’abord, il est évident qu’il faudra compter avec Nicolas Sarkozy qui ne va pas disparaître du paysage comme par enchantement. Il y a gros à parier qu’il sera dans la course avec l’ardeur qu’on lui connaît, assortie de la volonté probable d’annihiler les velléités de ses amis avant de vaincre ses ennemis. Il n’empêche qu’Alain Juppé vient de contraindre littéralement l’ancien président de la République à passer par la primaire de l’UMP, parce que lui non plus, face à la candidature d’un homme aussi important ne pourra obtenir l’intronisation de l’UMP par le seul pouvoir de son statut. D’autant qu’il y aura d’autres candidats, notamment ceux qui se sont déjà déclarés, par exemple François Fillon, lequel, ne bénéficie pas de la popularité d’Alain Juppé dont il est la première victime.

En bref, l’offre politique de l’ancien Premier ministre conviendra à tous ceux qui, à droite, ne souhaitent pas que l’UMP aille sur les terres du Front national et voient d’un bon oeil une alliance droite-centre dont François Bayrou ne serait plus l’homme-lige. En outre, M. Juppé serait le mieux placé pour remettre de l’ordre dans le parti que Jean-François Copé a plongé dans le chaos, mais il n’annonce pas son ambition d’en prendre la présidence par ailleurs convoitée pour l’instant par d’autres candidats et peut-être bientôt par Nicolas Sarkozy lui-même. Tout cela va se décanter à l’automne.

Il reste à espérer que la primaire de l’UMP ne soit pas une foire d’empoigne avec trop de candidats pour donner le vertige aux électeurs. Pour aller au bout du parcours qu’il vient de décider de suivre, Alain Juppé devra avoir du coffre et du coeur. Il a prouvé à Bordeaux qu’il en avait. Mais la présidentielle n’est pas une municipale.

 


PITOYABLE !?

 

Hollande pit


« Pitoyable », ils osent dire « pitoyable ! »

« Pitoyable ! » Le mot est des socialistes pour qualifier l’interview de Nicolas Sarkozy dans « Valeurs Actuelles ». Ils n’ont vraiment pas peur du ridicule. Ont-ils vu seulement la situation dans laquelle ils ont plongé le pays qui est devenu la risée du monde entier ? Et depuis ses déclarations du 14 juillet, vraiment « pitoyable » elles,  le chef de l’exécutif enchaine déconvenues sur camouflets. Les deux derniers illustrent assez bien l’impéritie de ceux qui prétendent nous gouverner : la censure de la baisse des charges salariales par le Conseil Constitutionnel qui ruine le peu de marge qui restait au « pacte de responsabilité » et le « nein » de la chancelière allemande aux demandes françaises  de contribution de notre voisin à la relance de l’économie européenne. Tout le monde a bien compris que la France veut faire faire les efforts par les autres pour mieux s’en dispenser elle-même. Surtout, elle a épuisé pour rien les deux ans de prolongation qui lui ont été accordés pour réussir à revenir aux 3% de déficit annuel, puisque  le chiffre qui circule pour cette année serait une aggravation à 4,4% et l’objectif ne sera atteint ni en 2015, ni en 2016.

L’hôpital se fiche de la charité : on dénonce la déflation qui risque de s’abattre sur l’Europe alors que c’est la France qui contribue grandement à accroître ce risque par sa lenteur à se réformer et par le marasme économique engendré par une politique inepte qui va à contresens.

François Hollande aurait pu se dispenser de cet entretien du 14 juillet. Il ne pouvait pas espérer convaincre ses concitoyens par des démonstrations sans rapport avec la réalité qu’ils vivent. La politique du gouvernement n’a produit à ce jour aucun résultat. Pis, la France s’enfonce dans le chômage et les déficits. S’il voulait tenir aux Français un discours qui ne n’aggrave pas leur morosité, c’est raté.

Quelle considération peut-on avoir pour un chef d’état qui réaffirme « la reprise est là » (où ?), mais qu’elle est « fragile », alors que c’est manifestement un « pitoyable » mensonge qui ne convainc personne, même pas lui probablement ?

Le 14 juillet, il a aussi entonné le « chant martial » de la réforme, autre mensonge « pitoyable », tout en sachant qu’il ne procède pas aux plus nécessaires que conteste une partie de sa majorité et qui, elles, commenceraient enfin à entamer un chômage épouvantable. Il a aussi tenté une nouvelle diversion en affirmant qu’il relancera le projet de droit de vote des étrangers, lequel divisera de nouveau le pays mais ne fera rien pour le pouvoir d’achat ou contre la précarité. Les propos du président étaient trop jalonnés de contradictions pour qu’un cap se dessine, on constate que la barre n’est toujours pas tenue. Nous avons toujours un « infra-président ».

Le psychodrame de la France s’aggrave.

En cet été au climat erratique, les incertitudes se renforcent quant à l’avenir du pays, avec un président qui n’est pas sûr de sa majorité, qui ne sait pas quand la conjoncture économique deviendra enfin favorable, qui demande aux ministres d’être sur le pont sans qu’on sache ce qu’ils y font, et qui après avoir persisté à annoncer un retournement entonne maintenant le grand danger d’une déflation, un mensonge « pitoyable » de plus, qui ruinerait le peu d’efforts fournis, afin de préparer les esprits à une rentrée « catastrophique ». Sa réforme territoriale fait l’objet des protestations les plus vives et tourne au vaudeville avec le vote par l’Assemblée nationale d’une version différente de celle élaborée au « château » de sorte que Martine Aubry et Ségolène Royal mangent leur chapeau. Le couple qu’il forme avec son Premier ministre et qui serait soudé « parce qu’il ne pourrait en être autrement » pose une question de fond,  à savoir quelle marge de manœuvre a Manuel Valls pour engager les réformes, bousculer les obstacles, et obtenir enfin les changements dont nous avons tellement besoin ! Et personne n’a évidemment la réponse.

On  n’est pas au bout de nos peines.

Le mot « pitoyable » prononcé par les dirigeant socialistes contre Nicolas Sarkozy est un cautère sur la jambe de bois d’une majorité bancale et cache mal la fronde que celle-ci mène pour réduire à néant la seule politique qui n’ait pas été engagée à ce jour, celle qui a été appliquée avec succès ailleurs en Europe et au sujet de laquelle, maladivement, nos gouvernants actuels continuent à trouver tous les défauts, comme pour empêcher le salut du pays.  S’il y a bien un mot qui caractérise nos ministres et les dirigeants du PS, c’est bien celui-là.  Pitoyable, en effet, notre ministre du redressement productif qui croit encore que la croissance peut faire l’objet d’une loi. Pitoyable notre ministre du travail, muet et impuissant sur le chômage. Pitoyable le ministre de l’économie, disparu des écrans radars. Pitoyable Le Ministre de l’Intérieur face à la montée de la violence. Pitoyable la ministre de la famille sur le dossier de la GPA… Pitoyables !  A tel point qu’on se demande par quels artifices ils vont tenter de se maintenir au pouvoir. Le déni de réalité étant permanent, le pire est à craindre et même à venir !

 


UNE SEMAINE D’ACTU … EN BREF

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Après une semaine en Corse du sud où le temps n’a pas toujours été sympa (toutes les valeurs se perdent, décidément), les journaux accumulés pendant notre absence réservent toujours quelques infos qui retiennent l’attention. Enfin, MON attention. Et comme je ne doute pas que votre esprit vagabonde à d’autres délices en ce début août et afin de vous éviter une synthèse fastidieuse, je vous livre quelques-unes de ces précieuses nouvelles que vous aurez eues de façons éparses et qui rassemblées ici en une suite de « brèves » prennent un tour… inattendu.

Six trimestres consécutifs de hausse du PIB : l’économie revient à son niveau d’avant crise. Voilà qui peut donner le sourire. Oui, mais ça c’est au Royaume Uni !... Et si on essayait le libéralisme ?

310 000 chômeurs de moins au 2ème trimestre : avec un PIB en croissance de 1,3% en 2014 et une prévision de 2% pour 2015, le pays remonte la pente. La courbe du chômage se serait-elle inversée enfin ? Oui, mais ça c'est l’Espagne dirigée par les conservateurs du Parti Populaire de Rajoy…

Plus bas niveau historique pour le taux de la dette (du jamais vu) à 1,147% : c’est un taux qui permet d’emprunter, non ? Il faut dire que le pays à 6,7% de taux de chômage… Oui, mais ça, c’est en Allemagne !

Bref, vous l’avez compris, l’économie redémarre en Europe sauf en France.

La France où il n’y a toujours pas de pause sur le front du chômage : avec 2,1 millions de chômeurs de longue durée à la fin juin,  près de 100 000 chômeurs de plus en 6 mois, les séniors qui morflent… et les contrats temporaires toujours privilégiés, preuve que la confiance n’est toujours pas là. Aucun frémissement…

La France où les collectivités locales ont continué à dépenser et à embaucher en 2013 à cause dit-on des élections, des salaires, du coût des rythmes scolaires… toutes les excuses sont bonnes ! Mais ça, c’était avant. Espérons que les équipes élues en mars seront plus économes  et responsables !

La France où l’activité manufacturière continue de se replier en juillet.

La France où le travail au noir explose dans le BTP où il atteindrait un taux record. Voilà ce qui arrive quand on assomme les entreprises d’impôts et de charges. C’est le résultat des choix économiques désastreux faits au début du quinquennat. Et le bâtiment ne redémarre pas !

La France où 1 million de foyers sont touchés par la baisse du quotient familial en 2013 pour ponctionner 550 millions d’€ qui devaient financer la hausse de 25% de l’allocation de rentrée scolaire ; allocation qui sera versée aux parents des 16-18 ans dès ce mois-ci et sans justificatif… Le nombre de foyers touchés par la baisse du quotient familial atteindra 1,4 millions cette année avec l’abaissement à nouveau du plafond. Merci pour les familles !

La France où l’on préfère ponctionner tout ce qui peut encore l’être, renforcer les contrôles et les sanctions. Malgré les résultats désastreux,"l’enfer fiscal" s’accentue et on voudrait que les Français aient confiance !

La France où la machiavélique ministre de l’écologie remet en cause l’autoroute Fontenay le Comte - Rochefort, aussitôt contredite par Manuelito. Cela s’appelle un coup à la Royal : comme ça elle pourra dire aux écolos qu’elle avait tenu compte de leur avis, mais que … L’art de faire porter le chapeau ! Préparerait pas 2017 celle-là ?

La France où l’infra président en est réduit à copier… Sarkozy en parlant de France « Forte » ! Mais plus personne ne l’écoute …  Cocasse : il a fait savoir qu’il allait passer ses vacances à « la Lanterne ». Tout un programme. « Ah ça ira, ça ira » !!!! Voilà une incantation qui lui va bien.

 


COMME UNE ROUTINE…

Paris plage

Week-end sur les Côtes d’Armor enchaîné d’une semaine sur la côte vendéenne avec les trois juniors de nos huit petits-enfants : de quoi  perdre un peu de vue l’actualité, à peine désengourdie par quelques frasques cyclistes sur la « grande boucle ».

Une courte escale dans nos pénates permet de rétablir le contact. Un constat : rien de ce qui se produit ne sort de l’ordinaire auquel les médias nous ont habitués. L’actualité nous déroule son tapis de faits et de méfaits avec une routine implacable.

La violence au Proche-Orient.

Rien de nouveau. Le Hamas envoie des rockets sur Israël qui réplique par des bombardements et des destructions ciblées. Des morts. Toujours des morts. De part et d’autre, mais surtout dans la bande de Gaza où la population concentrée sert de « bouclier » humain aux combattants du Hamas. Déjà vu, trop souvent, malheureusement. A qui la faute ? Aux extrémistes des deux côtés, sans crainte de se tromper.

La violence gagne la France ?

Rien d’étonnant. Le basculement en faveur des Palestiniens de populations que des « imams islamistes» travaillent souterrainement ne peut surprendre personne. Il est déjà ancien. Et qu’il serve de prétexte à des manifestations violentes à caractère antijuif voire anti-français, exploitées comme d’habitude par l’extrême gauche, n’est pas nouveau non plus.  Ce qui en fait l’originalité, c’est le terrain laxiste proposé par le gouvernement socialiste sur lequel ces manifestations se développent, et le déni qu’il ne peut plus afficher. Le pouvoir « se veut » ferme mais uniquement en verbe. « Inacceptable » est le mot qui revient dans la bouche de notre Premier Ministre, comme une rengaine et comme toutes les « scies », les mots perdent rapidement de leur force et de leur sens quand ils ne sont pas suivis d’effet. Inacceptable, en effet, qu’on puisse crier, sans retenue, « mort aux juifs ». Inacceptable ce déferlement de haine barbare.

La violence dans les airs.

Un avion de ligne « descendu » comme un vulgaire transport de troupes ennemies… Erreur ou bavure volontaire des uns pour tenter de discréditer les autres. Un jeu effrayant aux épisodes déjà connus. L’histoire recèle de nombreux événements similaires qui confinent à l’acte terroriste. Sauf qu’avec les moyens électroniques modernes, celui qui s’y risque joue avec le feu, et en l’occurrence la Russie de Poutine pourrait bien y perdre ce qui lui reste de « face ». Mais la France est occupée ailleurs !

Deux meurtres de plus à Marseille.

On finit par en faire une chronique des assassinats annoncés. Cette routine est la partie visible de l’iceberg de la violence qui infuse dans toute la France avec un demi-million d’actes violents constatés. Que va nous dire le Casanova de l'Intérieur ? Et à la Justice, victime de Taubirite aiguë, on va encore nier toute relation de cause à effets entre la politique suivie et les malfrats qui en prennent à leur aise, certain de leur impunité ? Les actes délictueux, enfants de la crise et d’une société sans repères, ne risquent pas de régresser avec nos actuels gouvernants. Leur responsabilité ne saurait être exonérée : la crise, ils l’ont aggravée, et la société, ils en sapent tous les fondements, loi après loi.

L’oracle de l’Elysée annonce la croissance.

Sérieux ? « Il » a osé refaire le même pari qu’un an plus tôt. « La croissance est là ! » Au château on confond toujours le péremptoire et la réalité. Combien de fois faudra-t-il expliqué à son locataire, qu’il ne suffit pas de « dire » pour que cela « soit ». Car il est bien le seul à annoncer la croissance dans un pays éteint comme jamais, où l’on fait les poches de tout ce qui a encore un peu de monnaie : les chambres de commerce, les chambres d’Agriculture, les rentiers bientôt, où l’on annonce toujours des économies qui ne se réalisent jamais que sous la forme de coups de rabots imposés par les contraintes. Comment en serait-il autrement dans un pays où le Ministre du Redressement  croit que la croissance se « décrète » et qu’il suffit de faire une loi, ne voit que l’argent qu’il peut reprendre à l’activité privée sans jamais voir celle qu’il pourrait économiser dans la fonction publique. « Frère Yvon, ne vois-tu rien venir ? » Non, avec sa franchise coutumière, le patron des patrons ne voit rien venir et ne craint pas de contredire le Président, en le criant haut et fort. La routine, quoi !

A l’Elysée on plane pendant que la France brûle. Là, on sort de la routine. Un tel désastre, c’est du jamais vu !

 


LA FRANCE EN RADE ! (et pas qu’à Marseille !)

Sncm

 

Le titre m’est venu en lisant la « glorieuse » histoire des grévistes CGT de la SNCM. Si cette compagnie maritime n’est pas le symbole du fiasco dirigiste, je veux bien renoncer au pastis pour toujours. Et ce n’est pas faute pour l’Etat d’y avoir englouti des dizaines de millions d’euros des contribuables. Cette « épopée » du partenariat social est assez emblématique de l’état de notre pays : en rade ou à la dérive, comme on veut.

Le dialogue social est à plat.

La conférence sociale, qui se veut être le temps fort annuel de la concertation avec les partenaires sociaux a tourné cette année au véritable fiasco. Les deux CGT ont claqué la porte. Celle de Lepaon parce qu’il n’a plus rien à négocier, étant dépassé partout par sa base, celle de Mailly pour tenter de continuer à exister. Alors en fait de grand-messe, la montagne a accouché d’une souris sous forme de quelques annonces de négociations à la rentrée et de mesurettes (200 millions) en faveur de l’apprentissage pour réparer l’erreur de la suppression des aides dont le résultat a été une baisse de 8% du nombre des apprentis en 2013 et une chute de 14% des contrats au début de cette année. En guise de nouveauté, on prévoit de recruter 10 000 apprentis dans la fonction publique !!! Pour remplacer les fonctionnaires qu’on supprime ? En matière de dialogue social, on aura été servi ce printemps avec les mouvements à la SNCF, ceux des intermittents du spectacle et cerise sur le gâteau, la paralysie de la SNCM. A quoi ça sert d’avoir un gouvernement de gauche si en plus on doit avoir les grèves ? Le paritarisme à l’allemande est encore bien loin.

Les politiques sont en folie.

C’est la querelle et la discorde partout. A l’UMP, on est passé de « stupeur et tremblements » à « règlement de comptes à OK Koral ». Malgré la mise en place du triumvirat pour tenter d’apurer la situation, les francs-tireurs s’emploient à pourrir la situation. Il y a pourtant mieux à faire que ces chamailleries dont le citoyen lambda n’à que faire. Ils feraient bien mieux de s’interresser à l’Eta de la France. La gauche leur fait un boulevard politique et ils ne s’intéressent qu’à leur nombril ! Au PS, c’est pas mieux. Les frondeurs continuent de créer des problèmes à l’Assemblée. Il a fallu que Valls menace de démissionner pour que le vote contre se transforme en abstention. Les quelques mesures du pacte de « responsabilité » vont enfin pouvoir être mises en application. Trop tard , mais c’est mieux que rien. Chez les Verts, c’est guère mieux. Dans le parti écologiste, on se regarde en chiens de faïence et les clans ne se font pas de cadeaux. La tutelle de la miss Duflot ne fait pas l’unanimité et pour elle, c’est « Noël » plus qu’à son heure. Et puis il y a le centre où les chapelles n’en finissent pas de se chercher : un seul Borloo vous manque et tout est dépeuplé ! Au moins pour la présidence de l’UDI, il n’y a pas la crise des vocations.

L’économie est en déroute.

La production industrielle a reculé en mai de 1,7% alors qu’on l’attendait en hausse. Le pingouin de la rue St-Honoré ne va pas nous refaire le coup du 14 juillet 2013 : « la croissance, elle est là » ! Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Si Hamon la sent, elle n’est pas perceptible, mais il la sent. Et puis tout va bien puisque notre Sapin-la-vie-en-rose est devenu l’ami de la finance (c’est lui qui le dit), de la « bôôônne finance ». Nuance ! En attendant le déficit du commerce extérieur continue de se creuser et la consommation des ménages ne se réveille guère. Tous les moteurs restent en panne. Je vous passe le couplet sur la dette qui frôle les 2000 milliards d’euros et les déficits qu’on creuse. C’est pourquoi, notre formidable ministre de l’économie-bis, Arnaud Montebourg, a décidé de faire une loi pour la croissance. La croissance par décret, il faut être socialiste pour croire à ça ! Mais voyons, il fallait y penser ! La croissance est absente : convoquez-là !

En Europe la France est en marge.

Au Parlement européen, notre pays est marginalisé. Il n’a réussi à décrocher que 2 présidences de commission sur 20. Au moment où Renzi préside, c’est l’Italie qui fait figure de pays dynamique. On risque d’avoir un bien piètre lot de consolation : en effet, il est possible que Mosco deviennent commissaire à l’Economie. Une nomination, si elle intervient, qui doit certainement trouver sa justification dans les « excellents résultats » qu’il a obtenus au même poste en France : en matière de croissance en berne et de hausse du chômage, c’est un expert !

Si avec ça vous passez de bonnes vacances, c’est que vous avez la foi du charbonnier chevillée au corps. Heureusement, il est possible qu’avec l’été, l’activité se ralentisse aussi pour les mauvaises nouvelles ! 


L’OMBRE D’UN DOUTE ?

Allez, une dernière analyse pour la route. Le point de vue du militant !

Sarko exam

Au contraire, il n’y a pas l’ombre d’un doute.

En mettant en garde à vue Nicolas Sarkozy, pour l’humilier  (car pour l’impressionner, il en faudra plus), les magistrats désignés par Mme Taubira pour poursuivre l’ancien président, ont voulu marquer leur détermination à lui nuire et empêcher son retour en politique. Dans cette procédure, les arrière-pensées sont claires.

Non qu’il faille traiter Nicolas Sarkozy différemment d’un justiciable ordinaire, même si, ancien chef de l’Etat et membre de droit du Conseil constitutionnel, il n’est pas tout à fait comme tout un chacun.

La mise en scène de sa garde à vue est un événement tellement spectaculaire qu’elle nourrit forcément plus que des soupçons.

D’abord sur les juges. Pas tous, seulement ceux qui instruisent son cas. Pourquoi s’acharner sur un homme alors que toutes les affaires qu’on tente artificiellement de lui coller sur le dos font « flop » : Bettencourt, Karachi, Kadhafi, et bientôt Tapie où l’on n’arrive pas à démontrer qu’il a influencé l’arbitrage. Vengeance de leur part parce qu’il les a malmenés pendant son mandat ou plutôt combat idéologique de personnes aveuglées par leurs certitudes ? On peut aussi constater que curieusement leur agenda d’action est directement corrélé au calendrier politique.

Ensuite soupçon sur le pouvoir. Bien que M. Le Foll s’en défende et ose prétendre à l’indépendance de la justice, on ne peut pas imaginer qu’il ne soit pas à la manœuvre, dans l’ombre, pour orchestrer chaque épisode. Comment croire des gens qui ont fait preuve de tant de mauvaise foi et qui ont la haine chevillée au corps contre l’ancien président tout en se donnant le visage d’anges pacificateurs.

Soupçon enfin sur les procédures. Il est tout de même curieux que chaque affaire serve de marchepied à la suivante, alternant non-lieu et saisine connexe, comme s’il fallait absolument trouver quelque chose. Ainsi du filet dérivant d’écoutes téléphoniques mise en place pour une affaire et qui servent, faute d’avoir pêché ce qui était recherché, à intenter une nouvelle action dont le moins qu’on puisse dire, pour ce qu’on en sait, c’est qu’elle est tirée par les cheveux.

Ce curieux cocktail a, en fait, pour objet de nourrir le doute sur l’honnêteté de Nicolas Sarkozy, et ainsi ébranler la foi de ses partisans encore trop nombreux au goût du pouvoir, écorner la réputation d’un homme dont la compétence et le talent rendent par contraste encore plus évidente la nullité et l’inconsistance de celui qui occupe la place. Quant à savoir si cette accumulation est susceptible de le dégoûter de la politique, c’est mal le connaître : ce serait plutôt l’effet contraire.

Si la justice doit s’exercer sereinement, alors il faudra qu’elle trouve d’autres chemins. En commençant par dessaisir des juges dont la partialité apparaît au grand jour, dans les faits.

On est libre de ne pas croire Nicolas Sarkozy quand il raconte ce qu’on lui fait. Mais on a encore le droit de le croire. Rien n’est démontrable, bien sûr. C’est vérité contre vérité. A chacun de choisir son camp. Et tant qu’on n’aura pas fait la preuve de sa culpabilité, il est innocent.  Alors pour ceux qui ont les yeux ouverts, point de malaise.  

Dans un pays malade qui accumule les contre-performances économiques et sociales, Il n’y a pas de place pour cette suspicion qui s’insinue partout dans la vie publique, achevant de convaincre les plus indécis que, décidément, la politique sent mauvais.

Mauvais signal pour la démocratie, surtout. Merci les doctrinaires de gauche !

 


SARKOZY : LE REGARD DU PRO

Sarko exam

Affaire N. SARKOZY. Retour vers le futur fiasco judiciaire…

par Jean-Paul Garraud, magistrat (source : Union Républicaine)

 

De quoi s’agit-il ? Résumons-nous :

Tout démarre à partir d’une enquête (qui ne donne rien) menée par deux juges d’instruction dans le cadre du financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

Plusieurs personnalités sont placées sur écoute téléphonique en 2013 (!) dont l’ancien Président, du jamais vu…

Certaines écoutes laissant supposer l’existence d’un trafic d’influence, des procès-verbaux sont extraits de cette procédure pour servir de fondement à une nouvelle affaire, n’ayant rien à voir avec la première.

Cette nouvelle enquête est lancée par le tout nouveau parquet national financier créé par le gouvernement actuel.

Il s’agit donc d’un des tous premiers dossiers de ce Procureur national dont l’institution est justifiée par la volonté de lutter efficacement contre les grandes affaires financières, notamment internationales.

On en est loin…

En effet, on reprocherait à Nicolas Sarkozy et son avocat d’avoir tenté d’obtenir des informations protégées par le secret de l’instruction concernant l’affaire Bettencourt. Nicolas Sarkozy aurait, par l’intermédiaire de son avocat, approché un avocat général de la Cour de Cassation pour obtenir des informations sur l’éventuelle restitution des agendas personnels saisis par la Justice dans le cadre de cette affaire Bettencourt et dont il estime la saisie illégale.

Il y aurait eu promesse en échange pour le magistrat d’un poste honorifique à Monaco alors qu’il occupe déjà un des postes les plus prestigieux en … France !

En fait, on s’aperçoit très vite que Nicolas Sarkozy voulant récupérer ses agendas saisis dans le cadre d’un dossier pour lequel il a fait l’objet d’un non-lieu, en parle à son ami et avocat Thierry HERZOG qui s’en entretient avec son ami et avocat général à la Cour de cassation, Gilbert AZIBERT.

Un pourvoi en cassation a d’ailleurs été formé par Maître HERZOG contre l’ordonnance de non-lieu qui, pourtant, innocente Nicolas SARKOZY car ce dernier souhaite avoir la restitution de ses carnets.

La Cour de Cassation rejettera cette demande estimant que Nicolas Sarkozy n’est plus une partie à la procédure puisqu’il a fait l’objet d’un non-lieu…
Et donc il ne peut demander de restitution…

Logique juridique imparable mais comment fait-on pour obtenir ces agendas ?  C’est la seule et unique question de ce colossal dossier !

Gilbert AZIBERT se serait renseigné auprès d’un collègue, avocat général à la chambre criminelle, Patrick SASSOUST, qui, après plus de 24H de garde à vue a été relâché sans aucune charge contre lui.
Comment peut-on violer un secret de l’instruction si celui qui serait chargé de violer ce secret n’a absolument rien à se reprocher ?!!

Gilbert AZIBERT aurait souhaité obtenir un poste honorifique à MONACO, une fois retraité de la magistrature en France ?

Oui, il s’est porté candidat mais le poste était déjà pourvu…et il n’y a eu aucune intervention de Nicolas SARKOZY, c’est enregistré sur une écoute !!

Pourtant, au cours de la nouvelle information confiée à deux autres juges d’instruction, les placements sur écoutes se poursuivent, dont ceux concernant l’ancien Président et son avocat… Et qui durent plus de 6 mois au total…

Du jamais vu s’agissant de conversations entre un avocat et son client, entre son avocat et son propre Bâtonnier (!) …

Un premier scandale éclate lorsque la Ministre de la Justice affirme ignorer l’existence d’écoutes concernant l’ancien Président en se justifiant d’autant plus maladroitement que le document qu’elle tient en main affirme le contraire…

La directrice de Cabinet en fera les frais, elle sera limogée.

Des perquisitions et des premières gardes à vue sensationnelles sont menées : à la Cour de Cassation dans le bureau d’un haut magistrat (une première dans les annales de la Justice), au domicile d’un avocat de renom dans des conditions dignes d’un film à grand spectacle.

Du jamais vu encore…

On « cueille » ensuite au petit matin à leurs domiciles bordelais deux hauts magistrats de la Cour de Cassation et on les amène dare-dare à Paris pour interrogatoires. De même pour l’avocat, déjà placé en garde à vue, quelques semaines auparavant. Pourquoi ne pas les avoir convoqués ? Redoutait-on une fuite digne de grands criminels, de terroristes ?

Du jamais vu encore…

On convoque l’ancien Président et on le place en garde à vue avec interrogatoires serrés à la clef.

Après plus de 24H de garde à vue, on libère l’un des hauts magistrats contre lequel absolument aucun indice n’est relevé et on lui dit de vaquer tranquillement à ses occupations… Il s’agit d’un avocat général à la Cour de Cassation remarquable qui a passé sa vie professionnelle au service de la Justice, qui dispose d’une excellente réputation et de l’estime de tous ses collègues.

C’est le même que l’on est allé « cueillir » et conduire toute affaire cessante dans des locaux de garde à vue pour une garde à vue qui a été prolongée.

Du jamais vu toujours et encore…

Les juges d’instruction décident de faire déférer les trois autres gardés à vue : un ancien Président de la République, un Premier Avocat Général à la Cour de Cassation, un avocat renommé.

Pourquoi les déférer encadrés par des policiers ? Redoutait-on une fuite ?
Voulait-on les placer en détention provisoire ?

Il suffisait évidemment de les convoquer ! Encore et encore du jamais vu pour ces mêmes infractions supposées…

Sans aborder le fond du dossier, une chose est certaine : les moyens et les méthodes employées sont totalement disproportionnés par rapport à la gravité des faits reprochés et à la situation personnelle des suspects.

Les mêmes résultats auraient pu être obtenu sans déployer autant de moyens, à grands frais pour les contribuables d’ailleurs…

Mais, ce n’est pas tout.

Rappelons la 1ére mise en examen de Nicolas SARKOZY qui avait aussi fait grand bruit. Dans l’affaire Bettencourt, celui-ci était subitement passé en fin d’information et sans aucune raison juridique du statut de témoin assisté à celui de mis en examen pour aboutir quelques jours plus tard à une ordonnance de… non-lieu !

Pourquoi mettre en examen si le juge n’a pas l’intention de renvoyer devant le tribunal correctionnel ?

Encore du jamais vu…

En l’occurrence, il s’agissait d’un autre juge d’instruction qui n’avait pas hésité à nommer comme expert dans le dossier l’un des témoins de son mariage…

S’agissant de la dernière mise en examen, elle a été prononcée par deux juges d’instruction dont l’un est membre du virulent syndicat de la magistrature qui avait publiquement appelé à voter F. HOLLANDE et qui avait publié un texte au vitriol sur le bilan en matière de Justice de Nicolas SARKOZY…

La présidente de ce syndicat a été mise en examen dans la sinistre affaire du « mur des cons » où figurait en bonne place Nicolas SARKOZY et des anciens ministres de la Justice et de l’Intérieur…
Pour le moins la question de l’impartialité du juge se pose.

Renversons les rôles : si, demain, en tant que juge d’instruction, je déploie autant de moyens, j’utilise des méthodes réservées au grand banditisme pour garder à vue et mettre en examen, après déferrement et pour des supposées infractions mineures, Mme TAUBIRA, dont j’ai combattu la politique pénale, ne croyez-vous pas qu’il serait possible de me taxer, à juste titre, de partialité ?

« L’affaire » ne tient pas la route, tant au niveau légal que procédural. 

Les méthodes employées sont disproportionnées car généralement réservées à la grande délinquance et à des criminels dangereux.

Les règles d’impartialité et de préservation du secret professionnel des avocats sont foulées aux pieds.

S’il est naturel que la loi soit la même pour tous, y compris pour un ancien Président de la République redevenu citoyen « comme les autres », il est certain que « les autres » n’auraient pas connu un tel traitement.

En définitive, pour de tels faits, qui ne sont d’ailleurs en aucune façon établis, si Nicolas SARKOZY, Gilbert AZIBERT, Thierry HERZOG avaient été des citoyens « comme les autres », ils n’auraient vraisemblablement pas été mis en examen, déférés, gardés à vue, et peut être même poursuivis !

Alors pourquoi ?

Il faut maintenant mettre autant de moyens, de rigueur et de détermination afin de le savoir.

L’emballement contrôlé ou non de cette affaire annonce un nouveau fiasco judiciaire, un de plus, un de trop.

 


PUISQU’ON VOUS DIT QU’IL N’Y A PAS D’ACHARNEMENT !

Justice

 

L’ancien président de la république mis en examen pour corruption active et trafic d’influence. Une réalité qui dépasse la fiction. Avec ses démêlés judiciaires, il y a de quoi écrire un roman. Car avec la mise bout à bout des affaires dans lesquelles la justice veut l’impliquer, on a l’impression de sombrer dans une histoire directement issue du cerveau d’un écrivain. On y trouverait à souhait des juges partisans en connivence avec un pouvoir politique avide de vengeance, des procédés inavouables, des procédures au tempo soigneusement calculé, et, évidemment des supputations sans preuves. Un but : empêcher le retour en politique d’un citoyen redevenu « ordinaire » après avoir exercé les plus hautes fonctions.

Je vais donc me faire conteur pour vous relater cette sombre histoire. Il s’agit évidemment d’une fiction. Toute ressemblance avec une situation existante serait pure coïncidence.

« En garde à vue ! Vous allez répondre de vos actes ».

15 heures d’interrogatoire. De quel criminel s’agit-il ? D’un ancien président à qui jusqu’à présent on n’a rien trouvé à reprocher. Garde à vue quand même ! Il doit être traité comme n’importe quel justiciable. Logique, non ? Comme dans un roman il faut forcer le trait, on va lui infliger un régime judiciaire bien corsé pour mettre l’eau à la bouche du lecteur. Les médias en profitent pour ressortir des placards toutes les affaires dans lesquelles son nom est cité, ne serait-ce qu’à la marge, même celles où il a été disculpé.

« Si les juges agissent ainsi, c’est qu’ils ont entre leurs mains du lourd ! »

Alors tant pis pour la présomption d’innocence, le secret de l’instruction. Dans la vraie vie on n’en fait pas cas, alors, pensez, dans une fiction. Que lui reproche-t-on ? Bien des choses apprises par des écoutes téléphoniques. Ah, les enregistrements de conversations et les écoutes : voilà des filons inépuisables de possibles procédures. Déjà l’affaire de la richissime milliardaire, aujourd’hui éteinte, avait commencé par des révélations tirées d’enregistrements clandestins effectués par son majordome. Et on avait réussi à extrapoler une possible implication de notre homme jusqu’à le mettre en examen pour finalement aboutir à un non-lieu. Palpitant, non ?

Où en est-on ? Figurez-vous que son avocat, homme compétent et avisé avait cherché à connaître l’évolution des enquêtes concernant son client et autres renseignements utiles pour la défense. C’est l’usage dans la profession, mais  là, non. Interdit d’être ami avec un juge qui pourrait donner des indications. C’est là que les écoutes téléphoniques interviennent : au mépris des règles ordinaires de l’instruction, pendant de longs mois (on est dans un roman) l’avocat et son client sont espionnés par des policiers qui se relaient 24H sur 24. Les droits de la défense sont bafoués : vous êtes certain ? On ne trouve rien de ce qu’on cherche. Il s’agit d’un financement occulte lointain qu’un site de journalistes a dévoilé et pour lequel on cherche des preuves. On ira jusqu’à perquisitionner chez l’avocat, fouiller son lave-linge, démonter sa bibliothèque… vous allez me dire que j’exagère, que ça fait pas réel ! Dans un roman les faits doivent rester plausibles.

Alors, on met sur écoutes…

Intéressantes les écoutes, parce qu’elles vont permettre de trouver un prétexte pour une nouvelle implication de ce personnage qui échappe sans cesse à ses poursuiteurs. Peu importe que les faits ne soient pas constitués. Avec un peu de mauvaise foi, on va mettre en relation ce qui peut constituer un grave délit de trafic d’influence. L’essentiel n’est pas de condamner, mais de poursuivre. Car dans son cas, le soupçon est aussi destructeur que l’acte délictueux établi. Et peu importe que la procédure débouche à nouveau sur une impasse ou un non-lieu.  Alors on organise un tourbillon judiciaire : rumeur, accumulation, mensonges. Et de l’accumulation nait la présomption d’une culpabilité puisqu’un honnête citoyen ne serait pas ainsi incriminé dans autant d’affaires. Il est forcément coupable de quelque chose : « il n’y a pas de fumée sans feu ! »

De l’instruction à l’instrumentalisation.

Le roman ne serait pas complet s’il n’y avait pas une dimension politique. Et bien sûr, le pouvoir politique est impliqué : il est tenu informé. Il n’a pas besoin de donner des consignes. La connivence idéologique et l’envie de faire sa fête à l’intéressé en tiennent lieu et place. Ce n’est pas par hasard si ce sont  ces juges-là qui instruisent, ils ont été nommés pour ça. On peut alors mettre en avant le principe de la séparation des pouvoirs et de la présomption d’innocence, en sachant fort bien que ni l’un ni l’autre ne sont respectés. Pour faire bonne mesure, on met dans le scénario un ministre pris en flagrant délit de mensonge en plein JT de 20H et une haute personnalité qui se livre à des confidences dans ses réceptions : il sait tout ce que fait l’énergumène en question. Voilà du romanesque !

Et le roman se termine comment ? Attendez, on n’est pas au bout : la victime va se débattre et va chercher à en découdre avec ses adversaires. Et on peut s’attendre à des rebondissements, car son tempérament  ne l’encline pas à l’abattement, et ses atouts sont nombreux.

Une petite idée de la suite : cherchez à qui profite le crime…

Mais enfin, laissez la justice faire sereinement son travail, puisqu’on vous dit qu’il n’y a pas d’acharnement !

 


LA GUERRE DES GAUCHES

   Mélenchon Bastille 2013   Marine le Pen 2013   Hollande 14

Une guerre meurtrière.

Elle était inévitable. Toute une partie de la gauche n’a pas fait sa révolution intellectuelle et en est restée à l’idéologie marxiste et ses vieilles lunes. Aussi le clash avec les réformistes était-il inévitable. Il est même classique. Il était inscrit dans la campagne de Mélenchon. Il est devenu une réalité.

Il touche aussi bien le monde syndical que la classe politique : les clivages éclatent au grand jour entre les anarchos de Sud et de FO, les néo-staliniens de la CGT et les « traitres » de la CFDT et autres syndicats autonomes ; on retrouve le même schéma entre le Front de Gauche, PC et Mélenchonistes, gauche du PS et les tenants de la sociale démocratie qui soutiennent le gouvernement de Valls.

Cela nous vaut de beaux débats. Et à l’assemblée, les récalcitrants de la gauche dure font dérailler la majorité sur le PLFSS (loi de financement de la sécu pour les béotiens). Le collectif budgétaire sur lequel a plané la menace des frondeurs a été adopté dans les grimaces et la douleur, sous la menace probable du 49-3 ou d’une dissolution.  D’autant plus que la gauche « verte », les écolo-gauchos soixante-huitards, soutient le gouvernement comme la corde (pure chanvre indien) soutient le pendu. Ambiance !

Cela nous vaut surtout une belle pagaïe dans le pays, comme on le voit avec les excités du rail, de la SNCM ou du spectacle, partout où la CGT peut user de son pouvoir de nuisance.

Mais cette guerre meurtrière n’est pas perdue pour tout le monde.

Il faut dire que les atermoiements et le manque d’autorité du Président de la République n’aident pas un Premier Ministre plus velléitaire que volontaire. Avancées et reculades se succèdent auxquelles s’ajoutent un amateurisme déconcertant qui accélère la décomposition à la tête de l’Etat. Pour les contestataires, c’est du pain béni. Que les communistes et autres marxisants s’en prennent au « social-traitre » n’est pas nouveau. Ce qui rend la faiblesse du PS encore plus dramatique.

Car il y a un os supplémentaire dans la mécanique. Il s’appelle Front National. Il n’était pas prévu, en effet, que ce soit lui qui tire les marrons du feu de cette guerre fratricide. Après avoir vidé le Front de Gauche de ses électeurs, le discours de Marine Le Pen se fait sans ambiguïté : « à gauche toute ! ». On n’abandonne pas une stratégie qui marche et qui peut la conduire au deuxième tour de la présidentielle par élimination de la gauche comme en 2002, dont il semble que seul le parti populiste ait tiré une expérience utile.

De l’extrême droite à l’ultra gauche !

Il est difficile de classer aujourd’hui le parti lepéniste à droite, aussi bien sur son antienne laïcarde que sur son programme économique. Un programme très à gauche. Car en matière de surenchère, la Marine n’est pas à ça près. Qu’on en juge : tout ce qui touche à la libéralisation des services publics est condamné sans nuances, EDF, gaz, service public ferroviaire, avec une vision étatique que n’aurait pas reniée Georges Marchais. Antilibérale, elle se fait l’alliée objective des syndicats en attisant les colères catégorielles dont elle engrange les voix aux élections. Elle cible aussi bien les patrons du CAC 40 que les dirigeants de l’OMC, sans parler des instances européennes, sources de tous nos maux. Thierry Lepaon est un tiède à côté d’elle.

Avec ses promesses intenables d’augmentation de 200€ des salaires inférieurs à 1500€, la revalorisation des pensions de retraite et de réversion, le relèvement du point d’indice de la fonction publique, la baisse immédiate des tarifs du gaz, de l’électricité (infaisables), de la taxe sur les carburants, l’âge de la retraite ramené à 60 ans et la tranche supérieur de l’impôts sur le revenu portée à 46% (eh oui, elle aussi cible les riches), on se demande bien ce que la gauche pourrait proposer de plus et de mieux en mesures démagogiques ! Avec le rejet de la mondialisation « libérale » et le refus de l’austérité budgétaire « imposée par Bruxelles », le tableau est complet.

La guerre des gauches sert le populisme.

Et ça marche ! Le FN a fait une percée exceptionnelle dans l’électorat ouvrier, au grand dam des Mélenchon et Besancenot dont le discours rouge paraît désormais bien palôt et délavé. C’est que dans la bouche de Marine Le Pen, ces arguments éculés prennent un coup de neuf ! Les résultats sont éloquents : le parti frontiste progresse dans tous les bastions de gauche aux dernières élections et partout où la désindustrialisation sévit, dans les banlieues en proie à l’insécurité ou à l’emprise islamiste. Le FN a capté le vote ouvrier à près de 60% dans l’est et plus de 50% dans le nord et est désormais le premier parti de la « classe ouvrière ». Sauf que son programme est à usage exclusivement électoral. On peut être persuadé que sa patronne, qui n’a pas de leçon à recevoir en matière de cynisme, ne croit en rien à ce qu’elle propose et qu’elle sait très bien que c’est inapplicable. C’est un axe stratégique pour prendre le pouvoir. Faute de pouvoir prendre des électeurs à la droite, ce que son père s’est épuisé à faire, elle a trouvé le filon dans la faillite des idées marxistes.

La guerre des gauches alimente le populisme, comme les eaux chaudes de l’océan un cyclone. En précipitant la France dans le chaos économique, la gauche porte une lourde responsabilité. Elle alimente le désespoir des Français les plus fragiles, fait fuir à l’étranger les plus industrieux, et risque de plonger l’Europe dans une nouvelle crise. Un film d’épouvante qu’on a le sentiment d’avoir déjà vu.

Si l’histoire ne se répète jamais, il arrive qu’elle bégaie !

Il y a urgence pour la droite et le centre à proposer une alternative crédible. Mais là encore, ce n’est pas parce qu’on craint le pire qu’il ne se réalisera pas.

 


DE-SEM-PA-RES !

Chomage-mai-2014


Hausse du chômage et silence radio...

En mai, le nombre de chômeurs de catégorie A (n'ayant pas du tout travaillé le mois dernier) a bondi de 25 000. Ce septième mois consécutif de hausse marque un cap : la barre des 5 millions de chômeurs, toutes catégories confondues, vient d'être franchie en France métropolitaine. Le nombre des demandeurs d’emplois n’en finit pas de grossir. Pôle Emploi a du mal à faire face à cette explosion des demandeurs d'emploi. En regard de cette situation, les réactions des Ministres de l’Economie et du Travail sont affligeantes : entre constat banal de la situation et silence sidéral, on a le choix de la médiocrité.

En effet, François Rebsamen, le ministre du Travail et de l'Emploi, n'a pas voulu commenter ce chiffre. Pire, notre Sapin, d’habitude expert en langue de bois (avec nœuds), s’est réfugié cette fois-ci dans la blagounette que même Hollande n’aurait pas osé faire : interrogé sur l’opacité et l’obésité du code du travail qui ne faciliterait pas l’embauche, le « grand argentier » (je rigole) a préféré s’esclaffer , affirmant que pour qu’il soit moins épais, il suffisait d’écrire plus petit ! Indigne !

... de ministres dépassés et désarmés...

Si on manquait de preuves qu’on a affaire à des incapables, en voilà une belle. La vérité, c’est que le Ministre des Finances tout comme le Ministre du (manque de) Travail sont désarmés face à la situation que l’arrivée au pouvoir des socialistes a créée, bien qu’ils tentent d’en faire porter le chapeau à leurs prédécesseurs.

Et que va-t-on donc faire pour y remédier ? La même chose : du traitement social ! Le Premier Ministre se propose de dépenser un peu plus d’argent en pure perte en grossissant le nombre des contrats d’emplois dits « d’avenir » (on admirera l’acuité de la formule !) pour les « d’jeunes » et doubler la prime d’embauche pour les séniors.

On se demande bien comment et par quel miracle la prolongation et la réitération de la même politique pourrait aboutir à d’autres résultats que ceux enregistrés. Ils ne peuvent que s’aggraver. Comme le dit un Vert, « Hollande attend la croissance comme on attend le bus ». Apparemment les bus sont en grève.  La dégradation des chiffres du chômage et des indicateurs de croissance devrait inciter le gouvernement à plus de professionnalisme, ne serait-ce que par respect des chômeurs et des partenaires sociaux.

pendant que les irresponsables jouent leur comédie...

La comédie permanente jouée par les « intermittents du spectacle » ces « profiteurs abusifs » de la générosité sociale, nous donne un exemple emblématique de la décomposition de notre modèle social. Mais c’est une comédie amère, elle ne nous distrait même pas, elle nous accable. Le gouvernement trouve encore le moyen de temporiser avec ces irresponsables qui ne respectent même pas les accords signés par leurs pairs. Ce faisant, il déresponsabilise un peu plus les partenaires sociaux dont il fait pourtant la pierre angulaire de son pseudo dialogue social. Ah qu’il est beau le défilé sur les estrades de tous ces beaux esprits bien gominés aux cheveux en bataille, artistes reconnus aux silhouettes replètes, metteurs en scène aux millions bien cachés, anciens ministres en mal de pompe, pour défendre « la cause », celle d’un régime sous perfusion des cotisations du régime général érigé « en pompe à finances » au profit d’un petit nombre de personnes et d’entreprises vivant au crochet du salarié de base qui n’a pas voix au chapitre, le gueux !

la France est en chute libre.

Pendant ce temps-là, on discutaille à l’Assemblée nationale sur le collectif budgétaire qui doit mettre sur les rails le si mal nommé « pacte de responsabilité ». Et la France continue de sombrer. Tous les moteurs de l’économie sont à l’arrêt : consommation et investissements sous l’effet des prélèvements et de la hausse des impôts, exportations à cause de l’effondrement de la compétitivité de nos entreprises qui attendent toujours les allégements promis comme l’Arlésienne de Bizet. Désormais le chômage touche 3,6 millions de personnes, 5 millions toutes catégories confondues et le déficit  public de 4% va propulser la dette au-delà des 100% du PIB à l’aube de 2016, sinon avant. Une chute libre qui contraste avec le redressement de nos voisins de la zone euro.

Dehors les incapables !

 

 


UNE SEMAINE DE PÊCHE… AUX NOUVELLES !

 

Valls 2  Hollande 14



Petite sélection de ce que j’ai retrouvé  dans mes « sources » à mon retour.

Le PIB ne devrait progresser que de 0,7 % cette année.

C’est la prévision de croissance de l’Insee pour l’année 2014. Une prévision très inférieure aux 1% attendus par le gouvernement. Les statisticiens publics prédisent 0,3% de croissance chacun des trois prochains trimestres ce qui porterait l’acquis de croissance début 2015 à 0,4%. Si cela s’avère exact, ça va être dur-dur de faire 1,7% de croissance en 2015 (prévisions officielles du gouvernement). Le taux de chômage devrait encore augmenter légèrement sur l’année. Après une croissance de 0,4 % l’an passé, l’Hexagone connaîtrait une reprise bien faible.

L’Assemblée entame son marathon budgétaire.

Malgré ces mauvaises prévisions, la machine à dépenser continue sa course folle. Les députés ont voté une réduction d’impôt pour les foyers les plus modestes lundi 23 juin, lors de l’examen du projet de loi de finances rectificative. C’était le premier acte d’une discussion qui doit se prolonger jusqu’à la mi-juillet avec l’adoption du budget de la Sécu. D’ici la mi-juillet, le Parlement va être amené à adopter d’une part le projet de loi de finances rectificatif, ou PLFR (fiscalité, économies, etc.) et d’autre part le budget rectificatif de la Sécurité sociale, ou PLFRSS (exonération de cotisations sociales, gel de prestations…), examiné à partir de la semaine prochaine. Ces deux textes sont les premiers à mettre en œuvre le Pacte de responsabilité et de solidarité annoncé par François Hollande, financé par 50 milliards d’euros d’économies d’ici la fin du quinquennat. Au total, ce sont près de deux milliards d’euros de « cadeaux » non financés. Et l’argent on le prend où ?

Un parcours semé d’embûches.

La politique du gouvernement favorable aux entreprises et les économies prévues passent toujours mal dans une partie de la gauche, notamment les 41 abstentionnistes sur le vote du programme de stabilité budgétaire. le PLFR prévoit 4 milliards d’euros d’économies, dont 1,6 milliard du budget de l’État, afin de réduire le déficit public à 3,8 % du PIB. En plus de l’exonération d’impôt, le gouvernement va ajouter un amendement pour y introduire le successeur de l’écotaxe, le “péage de transit” prévu pour les poids lourds. Le gouvernement s’est montré ouvert à la suppression du gel des aides personnelles au logement prévue dans le projet de loi, à condition que le coût, 130 millions d’euros en année pleine, soit compensé par de nouvelles économies. Mais la rapporteure générale au budget, Valérie Rabault, juge « fragiles » les hypothèses du gouvernement sur la consommation des ménages.

La Cour des Comptes en rajoute une couche !

Avec des rentrées fiscales en baisse et une croissance au ralenti, le déficit des finances publiques va continuer de se creuser ! Le diagnostic des magistrats de la rue Cambon est sans concession et les remèdes préconisés difficiles à avaler. Dans la potion amère, la diminution du nombre des fonctionnaires ! Et le gel du point d’indice ne suffira pas : il faudra aussi augmenter leur temps de travail ! De quoi plaire aux frondeurs du PS …

Depuis qu’il l’a découverte, la marche arrière est la vitesse de prédilection du gouvernement

Exemple, l’immobilier : on reprend tout et on recommence. Retour du prêt à taux zéro pour le logement ancien, simplification des normes de construction, amélioration des incitations à l’investissement locatif, garantie universelle des loyers revue… Bref Duflot avait tout faux. Il faut absolument enrayer le marasme que sa loi a produit. Donc, retour à la case départ à vive « allure » ! Sans le dire, évidemment.

Réforme territoriale : c’est pas la joie !

Pris dans le tourbillon de la réforme territoriale, les élus des conseils généraux n'ont pas dit leur dernier mot. Réunie en assemblée générale le 25 juin, l'Assemblée des Départements de France (ADF) s'est accordée sur la bataille à engager dans les mois qui viennent sur les deux textes présentés par le gouvernement. Sur la nouvelle carte régionale proposée par l'exécutif et examinée en juillet au Sénat, le président socialiste de l'ADF, Claudy Lebreton, a demandé qu'un « avis officiel des départements soit sollicité », tout en appuyant l'idée de permettre aux départements de changer de région. Mais c'est surtout le deuxième projet, clarifiant les compétences des collectivités et débattu à partir d'octobre, qui cristallise l'opposition des élus départementaux. Le Sénat n’est pas en reste. Le groupe socialiste y a déposé deux amendements au projet de loi sur la réforme territoriale. L'un propose la fusion des régions Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin. Le second veut donner la possibilité aux départements de changer de région au cours de la période 2016-2020. Pour cela, un triple accord serait nécessaire : celui du conseil départemental et ceux des deux conseils régionaux de la région de départ et d'accueil, indique le groupe dans un communiqué. Le projet du gouvernement prévoit uniquement des fusions de régions entières. Y’a du rififi dans l’air ! Et si  en faisant « marche arrière » on revenait au « Conseiller territorial » ? 

UMP : les premières décisions tombent.

Le prochain président du parti sera élu le 29 novembre par vote électronique. En cas d'égalité, un second tour se tiendra une semaine plus tard. Des dates arrêtées par le bureau politique de l'UMP, qui a également lancé la procédure de radiation de Jérôme Lavrilleux. Seule Michèle Tabarot, ex-secrétaire générale, à voter contre, critiquant le fait que «certains aient envie de régler des comptes de façon précipitée». En Sarkozyste convaincue, elle peut toujours se consoler avec le fait que la date choisie pour le congrès tombe le jour de la Saint-Nicolas !

Bonne nouvelle : La cour de cassation donne raison à Baby Loup !

La Cour de Cassation a rejeté le pourvoi de la salariée de la crèche Baby Loup qui avait été licenciée pour refus de retirer son voile. Six ans de procédure. Espérons que la décision fera jurisprudence. Et Benoit Hamon ferait bien de s’en inspirer pour régler le problème de l’encadrement des sorties scolaires ! Un peu de courage !

Parlement européen.

Enfin, une bonne nouvelle ! Marine Le Pen n’a pas réussi à former un groupe. Elle n’y est pas arrivée. Moins d’un mois après s’être imposée en tête des élections européennes en France, elle n’est pas parvenue à rassembler suffisamment de partis eurosceptiques. Elle doit faire face à un constat d’échec qu’elle tente de minimiser en annonçant que c’est partie remise.

 

 


OTAGES EN TOUT GENRE …

Archibald en colère
 

A la veille de ce week-end, j’avais plutôt envie d’aborder avec vous un sujet plus riant : vous expliquer pourquoi, par exemple, la Banque Centrale Européenne a décidé la semaine dernière de prendre les mesures fortes qui devraient réveiller la croissance et l’emploi dans l’Union, avec la bénédiction d’Angela… Ce sera partie remise et pour plus tard. Le bloc-notes va en effet faire une pause jusqu’au moins au 25 juin. Nous aurons encore quelques sujets sérieux puis ce sera le régime estival avec des thèmes plus ensoleillés et souriants.

En attendant, c’est un coup de gueule que j’ai envie de vous faire partager.

Entre les intermittents et les cheminots, j’ai l’impression qu’il y a des coups de pieds au cul qui se perdent.

Ras-le-bol de ces prise d’otages qui sont toujours les mêmes : que ce soit le spectateur usager du spectacle, ou le voyageur usager des trains, c’est toujours le même cochon de payant que l’on emmerde. Car ces gens-là ne se rendent même pas compte que ce sont nos impôts qui font vivre leurs statuts largement déficitaires. Les uns contestent l’aménagement de leur régime  d’indemnisation pourtant décidé par l’Unedic et les partenaires sociaux, les autres s’élèvent contre une réforme de la SNCF, voulue par un gouvernement de gauche, en bâtissant un argumentaire qui relève pour la plus grande part du procès d’intention.

Arrêtons-nous un instant sur cette dernière réforme, car la situation est complexe.

Le projet, qui sera discuté dès ce mois-ci à l’Assemblée, même s'il n'y a pas d'accord avec les syndicats, consiste à remplacer les deux entités actuelles, le SNCF et RFF (Réseau Ferré de France), nées sous Jospin, par trois établissements publics à caractère industriel, ou Epic, avec un Epic « mère », la SNCF, et deux Epic « filles », "SNCF mobilités" et "SNCF réseau". L’idée est de rationaliser le système ferroviaire pour faire des économies pourtant modestes (1,5 milliard d’euros par an), et de stabiliser la dette ferroviaire, qui atteint 44 milliards d'euros.

La CGT réclame évidemment un cadre social unique pour que les salariés de la SNCF continuent à bénéficier de leur statut particulier dont on sait qu’il est très avantageux, ce qui semble acquis. UNSA et Sud Rail demandent eux que la dette soit « reconnue comme dette publique », ce que le gouvernement, déjà accablé par un fardeau de près de 2 000 milliards ne veut pas. Cependant, celui-ci s’est employé à rassurer les syndicats sur le sort des cheminots. Le financement de la dette est un problème qui relève de la responsabilité nationale, et dans le contexte d’endettement que nous connaissons tous, il est impossible de laisser filer des dépenses qui ne sont pas compensées par des recettes.

La SNCF, à elle seule, illustre parfaitement notre mal français. 

Nous avons un réseau ferroviaire performant, moderne, accessible à tous, mais nous ne nous sommes jamais vraiment posé la question de son coût. Pour le rail, comme ailleurs, nous avons vécu et vivons encore au-dessus de nos moyens : s’il fallait rembourser la dette de la SNCF en augmentant le prix des billets, les Français n'auraient plus les moyens de prendre le train. Au temps des 30 glorieuses la croissance autorisait toutes les revendications, celles-là d'ailleurs qui ont rendu prohibitive l’exploitation du réseau. Et comme les cheminots actifs ont diminué des deux tiers en 50 ans, leur nombre ne permet plus depuis longtemps de financer des retraites qui commencent à 55 ans. Ces syndicats qui prolongent une grève au sujet d’un endettement dont ils sont peu ou prou responsables ne se rendent pas compte de ce qu’il y a de choquant dans leur comportement. 

Si l’on examine l’affaire de plus près, on s’aperçoit que cette réforme pourtant timide, sur laquelle le ministre a déjà lâché beaucoup de lest, a peu de chances d’assurer l’avenir de la SNCF. Elle donne pourtant lieu à un conflit social dans lequel deux syndicats jusqu’auboutistes défient le gouvernement et même le Président de la République dont l’appel à la raison a eu pour réponse mépris et surenchère ! La grève pure et dure reste la seule concption du dialogue social pour certains syndicats indifférents aux changements du monde. 

Alors qu'est-ce que ce serait si on alignait les retraites des cheminots sur le régime général !

Pourtant, ce ne serait que justice.

En attendant, les perturbations vont durer et ce sera tant pis pour les lycéens qui rateront leur bac parce que des irresponsables ne leur auront pas permis d’arriver à l’heure pour passer leurs épreuves. Et je n’évoque pas la galère de tous ceux qui bossent…

 


ON NE TIRE PAS SUR LE PIANISTE !

Nicolas-sarkozy-pianiste
 

Le "Directoire" peut déboucher sur un "Consulat".

L’UMP a réussi son opération « OVERLORD » avec le débarquement des 3 anciens Premiers ministres pour la diriger. Ils seront secondés dans leur tâche par Luc Chatel qui a accepté d’être Secrétaire Général, en faisant l’unanimité du Bureau Politique sur son nom. Le plus dur reste à faire : organiser le congrès et l’élection d’un nouveau président dans la transparence et l’égalité des chances. Ce sera une étape décisive pour la reconstruction du parti sur des bases assainies. Mais il importe que le "Directoire" ne dérive pas en "Consulat", si l'autorité d'un prenait le pas sur les deux autres. Ce serait désastreux. On espère donc que les trois autorités se sont mises d'accord sur leur manière de procéder.

Nul doute qu’il n’y ait pléthore de candidats.

Tant mieux. Encore faudrait-il que chacun s’attache à ne pas transformer l’épreuve en « Règlements de comptes à OK Corral ». Les militants attendent une compétition digne et surtout pas une bataille de chiffonniers. Car le travail à mener est considérable. Il s’agit d’abord de remettre de l’ordre dans une gestion financière catastrophique qui se traduit par un passif de quelques dizaines de millions d’euros, ensuite de faire face aux poursuites judiciaires que l’affaire Bygmalion ne va pas manquer d’entraîner, enfin de rassurer les militants indignés par des pertes qu’ils ont en partie compensées en puisant dans leur poche. Le nouvel encadrement du parti est rassurant dans la mesure où il réunit des hommes insoupçonnables, mais il ne met pas un terme aux divisions ou aux conflits personnels.

Et surtout, chacun serait bienvenu d’éviter de tirer sur le pianiste.

En l’occurrence sur Nicolas Sarkozy.  Surtout si, comme le bon sens le commanderait, il n’est pas candidat. Pour le moment, il semble affaibli : avec la démission de Jean-François Copé et les incertitudes sur le financement de sa campagne de 2012 liées à l’affaire Bygmalion, notre ex-président est beaucoup moins bien placé qu’il y a encore quelques semaines. Sa cote de popularité a commencé à baisser tandis que s’élève celle d’Alain Juppé. Son autorité sur le parti parait beaucoup moins ferme aujourd’hui. Comme le pouvoir  s’ingéniera à remuer les diverses affaires auxquelles son nom est associé, celles-ci jalonneront son parcours politique d’ici à 2017 avec des effets négatifs qu’il n’est pas difficile d’imaginer.  

Aussi serait-il heureux que sa famille le protège ou le ménage.

D’abord parce que l’ancien président n’a jamais démérité, même dans sa défaite. N’oublions jamais que son quinquennat n’a été qu’une suite d’épreuves imposées de l’extérieur, auxquelles se sont ajoutés des campagnes médiatiques ignobles et un acharnement de la gauche que même ce que subit Hollande aujourd’hui  est de l’eau de rose en comparaison.

Ensuite parce que Nicolas Sarkozy, par sa stature et son expérience n’est pas le plus mal placé pour envisager de reconquérir l’Elysée. Sa parole reste forte. Les affaires qu’on lui colle sur le dos pour tenter de l’affaiblir se dissolvent au fur et à mesure que les instructions avancent, faute de faits établis. Ce sera à lui d’exprimer le moment venu ce qu’il souhaite faire. Et il sera incontournable, chacun le sait bien.

L’urgent, c’est de restaurer l’image de l’UMP.

C’est pourquoi, si l’on veut que l’UMP reste forte et attirante pour tous nos amis de la droite et du centre, il vaut mieux éviter les paroles désobligeantes à son égard. Additionnons les arguments pour gagner ensemble plutôt que les soustractions qui font fuir les adhérents et les électeurs, et nous font perdre au bout du compte. Mettons plutôt l’accent sur la nécessaire reprise en main du parti et sur le travail à faire en direction de militants perplexes, déboussolés ou exaspérés. Il est évident que la réunion du bureau politique ne constitue qu’une toute petite première étape dans un périple ardu et semé d’obstacles. Il sera temps, après, d’envisager l’étape suivante qui est celle de l’élection présidentielle. Inutile de mettre la charrue avant les bœufs.


VALLS ENTRE DANS LE « DUR »

 

Valls 2

Le Premier Ministre va  entamer son difficile parcours devant le parlement pour faire adopter son budget modificatif qui devrait enfin avaliser le « pacte de responsabilité » près de six mois après les annonces de l’Elysée. Et à la clé, les 50 milliards d’euros d’économie sur trois ans ! Sur ce sujet comme sur le « pacte de compétitivité » qui doit faire baisser les charges des entreprises de 20 à 30 milliards sans qu’on sache vraiment quel est le bon chiffre, il va rencontrer au sein du groupe socialiste une opposition résolue qui fait déjà ses contre-propositions.

Ces 50 milliards d’euros d’économie sont-ils encore réalisables ?

C’est la question qu’on peut se poser dès lors que l’on connait mieux le contexte des trois prochaines années : absence de croissance, dérive des dépenses qui sont contenues par des coups de rabots et un gel qui ne peut pas s’éterniser, absence des réformes nécessaires… alors que le contexte social se tend comme on le voit avec le conflit des intermittents (encore eux !), de la SNCF (toujours contre tout !), ou encore avec les taxis (corporatisme absolu).

Pourtant ces 50 milliards représentent un engagement pris par la France devant la Commission européenne pour revenir au seuil des 3% de déficit imposé par le « pacte de stabilité » de l’euro. C’est bien l’excès de dépenses publiques depuis de nombreuses années qui causent ces dépassements récurrents de la discipline budgétaire communautaire et sur lequel il convient d’agir, au moment où celles-ci consomment plus de la moitié des 2115 milliards de la richesse nationale (57,2% du PIB) et viennent grossir une dette à peu près du même montant (92% du PIB). Mais cet objectif de réduction de dépenses attendu pour 2017 est devenu irréel depuis que le gouvernement l’a déconnecté du déficit à 3% toujours prévu pour 2015. Il fait diversion avec son discours sur « le déficit structurel » qui se calcule hors des effets de conjoncture oubliant qu’en face des dépenses « structurelles » il fallait aussi des recettes « structurelles » !

Un objectif déconnecté de l'économie réelle.

La réalité, c’est que cet objectif de 50 milliards d’euros d’économies est totalement déconnecté de la situation économique et sous-estime gravement l’effort à fournir. Les économistes qui se sont penchés sur le problème ont évalué à 120 milliards la réduction pour seulement stabiliser les dépenses, voire 145 milliards si l’on tient compte des nouvelles exonérations d’impôts accordées récemment. Il est à craindre qu’avec le « dégel » la progression des dépenses ne reprenne son rythme naturel de 1,6%/an. Et comme 2013 s’est terminée sur un déficit de 4,2% et un trou de 14,5 milliards d’euros de moins-values fiscales…  on voit bien que la pente n’est pas la bonne.

Même si Manuel Valls réussit l’exploit  de faire voter ces fameux 50 milliards sans les écorner, on sera encore loin du compte, car ils ont de fortes chances de se perdre dans le tonneau des Danaïdes. Ce sont de nouvelles hausses d’impôts inévitables pour les classes moyennes qui s’annoncent  et une opinion publique dont la frustration ira croissante avec le sentiment persistant de sacrifices sans issues.

Les 7 recommandations de Bruxelles.

D’ailleurs Bruxelles ne s’est pas gêné pour rappeler la France à ses obligations de ne pas relâcher ses efforts, la commission doutant de l’aboutissement des réformes entreprises et surtout de l’importance de leur impact. Si le plan d’économies n’est pas pris complètement à la légère, la prévision de croissance à 1,7% en 2015 est jugée « optimiste », le chômage hexagonal ne devrait pas diminuer d’ici 2017 et avec 45,9% de pression fiscale, la France a le ratio des impôts par rapport au PIB qui est l’un des plus élevés de l’Union européenne. La commission recommande donc de renforcer la stratégie budgétaire, de veiller à la poursuite de la réduction du coût du travail, de simplifier les règles administratives, fiscales et comptables des entreprises, de s’attaquer aux professions réglementées et ouvrir les services à la concurrence, de rendre le système fiscal plus efficace, de lutter davantage contre les rigidités du marché du travail et enfin de moderniser l’enseignement et la formation professionnelle. Un vrai programme pour … une campagne présidentielle.

Pendant le même temps, les députés de gauche du groupe socialiste, emmenés par Jean-Marc Germain, un proche de Martine Aubry, font des contrepropositions qui sont diamétralement opposées : dépenser de l’argent pour financer des emplois, et une relance de la demande, c’est à dire de la consommation, pour favoriser les exportations chinoises qui n’en demandent pas tant !

Comme quoi, à gauche, ils n’ont toujours pas compris.

 * Dernière minute, Info "l'Opinion" : "Le Conseil des ministres a examiné ce matin le projet de loi de finances rectificatives qui doit permettre de réaliser 4 milliards d’économies, pour compenser le dérapage du déficit en 2013. Sont attendus, le détail de l’annulation de 1,6 milliard d’euros de crédits ministériels, les moyens pour baisser de 2,2 milliards d’euros les dépenses de sécurité sociale et le report de 500 millions d’euros d’investissements d’avenir."

 On rabote, on rabote.... 

 


L’OUTSIDER

Bruno Lemaire 2

Bruno LEMAIRE était dimanche sur BFMTV pendant deux heures dans l’émission de Appoline de Malherbe. S’il y en a un qui incarne le renouveau possible à l’UMP, c’est bien lui. J’avais déjà été séduit par son livre « Jours de pouvoir » et l’approche du rapport humain entre l’élu et la vie publique qu’il y développait. Sa principale qualité étant de mettre en pratique pour lui-même ce qu’il exigerait pour les autres.

Son positionnement dans la crise actuelle que traverse l’UMP est marqué par deux traits qui lui sont bien personnels : l’élégance intellectuelle et le respect du principe de rassemblement. Rien dans ses propos ne peut être retenu comme une volonté de s’affirmer au détriment de concurrents qu’il « habillerait », pratique pourtant courante dans le sport politique. Cela ne l’empêche pas d’exprimer son ambition de jouer le moment venu un rôle de premier plan. Il démontre qu’il en a les capacités par sa dialectique brillante. Il s’en réserve les moyens en n’insultant jamais l’avenir, qu’il s’agisse des décisions qui seront prises mardi soir par les instances dirigeantes de l’UMP ou de l’éventuel retour de Nicolas Sarkozy.

Ce qu’on aime en lui, c’est la franchise. Est-il pris au piège d’une déclaration antérieure, il en donne une explication convaincante ou reconnait tout bonnement qu’elle était inadaptée. Voilà un trait de caractère supplémentaire qui le différencie de tous ceux qui se réfugient dans la langue de bois. Mais vous ne lui ferez pas dire ce qu’il n’a pas envie de dire, ou plutôt ce que l’intervieweuse aimerait lui faire dire.

Sa compétence ne fait aucun doute : il en a donné quelques preuves au gouvernement dans l’exercice d’un ministère plutôt difficile, celui de l’agriculture, qui exige de l’écoute, du discernement, de la finesse, avec les différents interlocuteurs, qu’il s’agisse du monde agricole ou des instances internationales, sur des dossiers toujours ardus. Son argumentation actuelle s’ancre dans les réalités du quotidien, et l’on sent dans ses réponses le terrain parcouru. En même temps, il ne perd jamais une occasion de rappeler les valeurs auxquelles il croit et dans quelle partie du paysage politique il a jeté l’ancre. Attention, derrière l’image de tiédeur apparente qui tient à sa politesse naturelle se cache un homme de conviction dont on pressent le caractère bien trempé.  

Il a des propositions de réforme qui sont bien dans l’air du temps et qui sonnent comme des réponses au problème qu’il cherche à résoudre : cette équation qui a tant éloigné le « politique » de son public. Il veut remettre en place les bons paramètres : pas plus de trois mandats successifs, pas de cumul, réduction raisonnable du nombre des députés et des sénateurs, fin du pantouflage qui permet de passer alternativement de la fonction publique à  fonction élective, … De quoi régénérer un parlement accaparé par une caste de professionnels élus ad vitam aeternam ou presque.

Bruno Lemaire a incontestablement appris. Il a gommé en partie sa froideur qui était chez lui de la pudeur naturelle. Comme un bon vin qui mûrit, il se bonifie avec le temps. Et il est encore en phase ascendante. Il faudra compter avec lui.

 


POUR UNE RECOMPOSITION DE LA DROITE ET DU CENTRE

 

Les élections européennes ont cristallisé tous les ingrédients de la crise économique, sociale et politique de l’hexagone. L’abstention a joué un rôle majeur dans tous les secteurs de l’électorat : à droite comme à gauche, la boussole était folle. Résultat : une photographie déformée du paysage politique avec une hypertrophie populiste. Même si cette situation est à relativiser, il n’y a pas de vague bleu-marine mais un reflux des électorats conventionnels, les conséquences ne sont pas à prendre à la légère car l’abstention massive comme la crise aigüe du vote protestataire sont significatives d’une profonde exaspération des Français.

L’éclatement du paysage politique

Avec 43% de votants, la participation se maintient à un bas niveau. L’enjeu européen n’est pas perçu comme important. L’électorat de droite et celui du Front National se sont davantage mobilisés que celui des gauches. Seulement 42% des électeurs de François Hollande se sont déplacés contre 52% de ceux de Nicolas Sarkozy et 50% de ceux de Marine Le Pen. L’abstention est donc une forme de sanction et de désappointement, pour tous les camps. La gauche en miette, le centre en panne de chef, l’UMP en crise et un FN triomphant, voilà le triste spectacle que la France offre aujourd’hui à l’Europe et au monde.

L’effondrement des gauches

Les listes du PS, avec seulement 14% des suffrages ont subi un camouflet qui les marginalise avec un record de faiblesse dans ce type de scrutin. Le PS est en voie de disparition chez les ouvriers (8%) et dans la France des « petits revenus » (11%). Mais c’est l’ensemble de la gauche qui enregistre un affaiblissement historique en rassemblant à peine 30% de l’électorat. Un discrédit qui érode profondément sa légitimité à gouverner. Après la défaite des municipales, les lendemains s’annoncent difficiles pour le PS qui n’est plus audible.

Les failles de la droite

Avec cette élection, l’UMP connait une récession d’environ 7% par rapport à 2009, grignotée par des centristes unis qui retrouvent quelques succès sur leurs terres de prédilection. Cela l’a non seulement privée de la première place, mais l’arrivée en tête du FN dans la plupart des Régions a pour effet de lui contester la place de principal parti d’opposition. Il faut dire que le parti qui prétend être le « rassemblement de la droite et du centre » n’a pas tout fait pour mobiliser ses électeurs, bien au contraire. Le retour de la querelle interne, les révélations sur Bygmalion, une ligne politique brouillée par les francs-tireurs adeptes des plateaux télévisuels, ont contribué à démobiliser un électorat déjà hésitant. Et constitué autant de failles dans lesquelles s’est engouffrée Marine Le Pen. Néanmoins, on sait maintenant que ce ne sont pas les électeurs de la droite et du centre qui ont été le plus sensibles à son discours qui aura été le plus tranché et le plus radical de la campagne.

Le FN, exutoire privilégié de la sanction et du rejet

L’arrivée en tête du FN a été portée par une convergence de causes qui vont des effets délétères de la crise économique et sociale à l’accentuation du malaise français par rapport à la mondialisation et à l’Europe, en passant par le climat de défiance porté à son paroxysme par l’impopularité du Président et de la majorité actuelle, et par la division entre la droite et le centre, à laquelle s’est ajoutée la confusion des discours à l’UMP.  Du coup, ce que révèle ce scrutin est très intéressant autant qu’inquiétant : le Front National est devenu dans les milieux populaires l’exutoire privilégié de la sanction et du rejet du pouvoir de gauche. Il y est parvenu en s’appropriant le « nationalisme républicain » et en gauchisant ses propositions économiques et sociales, ce qui lui a permis de récupérer toute une série de protestations et d’inquiétudes aussi diverses qu’hétéroclites. Il a aussi prospéré sur la « diabolisation » à laquelle s’accroche la stratégie du PS, et qui provoque l’effet contraire de celui recherché, et sur l’absence d’unité entre la vision d’un Alain Lamassoure et celle d’un Henri Guaino. L’absence de clarté, la brièveté de la campagne qui n’a pas permis une réflexion constructive et nuancée sur l’Europe, le doute sur la nécessité de l’Union qui a gagné une grande partie de l’opinion… tout a concouru à faire le miel du parti populiste.

La crise de l’UMP

Pour le moment, le parti plonge dans un inconnu aux conséquences imprévisibles : la déception électorale, la menace judiciaire et la division interne ont de quoi inquiéter militants et sympathisants. L’opacité financière vient s’ajouter à tous les désordres. Jean-François Copé en est la première victime par sa démission rendue inévitable. Tout montre qu’il n’a pas dit son dernier mot. La justice à l’œuvre fait peser sur les responsables une épée de Damoclès pénale, et le déroulement de la procédure n’a pas fini de jeter le discrédit par la divulgation d’informations « choisies ». La solution qui consiste à convoquer un congrès extraordinaire est bien la moindre des choses, et en en confiant l’organisation au trio Juppé, Raffarin, Fillon, le bon sens semble vouloir s’imposer. Encore faut-il que la transparence soit totale et la collégialité effective. L’annonce de l’intention de Nicolas Sarkozy de revenir dans la bataille n’est pas faite pour simplifier les choses. Il n’y a pas trente-six solutions si l’on veut éviter le drame fatal : respect entre les uns et les autres, respect des règles communes et vote des adhérents qui trancheront aussi bien pour la présidence que pour la candidature en 2017 ! Quant à la ligne politique, elle va désormais de soi : l’UMP doit continuer de s’affirmer sur ses valeurs de droite et doit se rapprocher du centre, car c’est un impératif stratégique face à la montée de l’extrême droite qui se construit sur la colère des électeurs de gauche.

 


MR BRICOLAGE EST REVENU !

  Redécoupage des régions

 

En politique tout est possible, même l’improbable.

Le redécoupage des régions est le dernier avatar élyséen que le chef de l’Etat a inventé pour distraire les Français de la dure réalité à laquelle il les livre par son incurie et ses atermoiements.

Comme il est incapable de proposer une réforme des collectivités locales digne de ce nom, faute de majorité pour modifier la constitution qui serait un passage obligé, après avoir juré le maintien des départements puis leur suppression d’ici 2021, puis leur maintien, il propose maintenant de les vider de leurs compétences tout en les maintenant.

Le maillon faible : les Régions

Alors, on s’attaque au maillon faible, le plus facile : les Régions. Plus facile puisque la gauche en gère 20 sur 22. On va donc en diviser le nombre par deux. Pourquoi pas. Encore faudrait-il savoir dans quel but : refaire les provinces de l’ancien régime comme le réclame les Bretons ou constituer des entités ayant du sens du triple point de vue économique, démographique et d’aménagement du territoire ?  Rappelons aussi qu’il s’agit de faire des économies. Et je n’aurais pas l’outrecuidance d’insister sur la nécessité de simplifier le millefeuille territorial.

Voilà qu’on nous livre un découpage pour le moins fantaisiste, résultat de tripatouillages politiciens ou de convenances, fruit de fastidieuses négociations entre barons, où l’on apprend que la Picardie ne rejoint pas le Nord parce que la puissante fédération du PS n’en voulait pas… Est-ce sérieux ? Et au doigt mouillé, on nous assure que ce puzzle incohérent permettrait de faire entre 10 et 15 milliards d’euros d’économies, sans qu’on nous dise qui a fait ce calcul pour le moins fantaisiste.

Une décision marchandée en petit comité

Le « fait du prince » s’assoit gaillardement sur les réalités du terrain. Si des rapprochements paraissent logiques, comme les deux Normandies, l’Alsace-Lorraine, la bourgogne et la Franche-Comté, si on conçoit que la Corse reste seule –encore que-, comme PACA, la manière dont est traitée la façade atlantique, le rapprochement de l’Auvergne avec Rhône-Alpes ou du Languedoc-Roussillon avec Midi-Pyrénées, le rattachement de la Picardie avec Champagne-Ardennes... ne relèvent pas de l’évidence biblique. Ce qui est sûr, c'est que la Baronne du Poitou se voit dotée d'un immense territoire : favoritisme d'ancien régime ?

Et si on demandait au bon peuple de chaque région ce qu’il en pense ? Une consultation des habitants serait bien le minimum pour un sujet aussi important que l’organisation de la France administrative du 21ème siècle.  Nous sommes loin d’une vraie démarche de décentralisation. Pour aller vite, on propose un projet bâclé !

Une réforme qui marche sur la tête

Le problème est même pris à l’envers. On sait que le vrai gisement d’économies est dans une réforme de l’échelon communal. Que les Départements et les Régions ont des complémentarités qui peuvent être mises en synergie. La seule diminution du nombre des Régions est loin d’être suffisante et il n’est pas prouvé que leur nouvelle taille sera gage d’efficacité accrue.

Et si on revenait au « Conseiller territorial » ?

En fait, ce qui serait vraiment le plus raisonnable et le plus efficace serait de revenir à la précédente réforme que les socialistes ont abrogée en arrivant au pouvoir : celle du « conseiller territorial » qui permettait dans un premier temps de diminuer le nombre des élus, de supprimer les doublons d’administration entre les départements et la Région, et de permettre une diminution progressive du nombre de fonctionnaires territoriaux d’ici 2020, profitant du nombre important de départs en retraite sur la période. Attendre 2020, c’est déjà se priver d’une opportunité qui ne sera plus d’actualité. Il devenait aisé ensuite de savoir ce qu’on voulait faire du département. Mais voilà, c’était une réforme Sarkozy !

Alors que ces super-régions qu’on nous propose vont contribuer à éloigner les élus et les centres de décision de la gestion locale et des habitants des territoires notamment ruraux et péri-urbains, surtout s’ils sont élus au scrutin proportionnel.

Et quid de l’Etat dans les territoires ? Va-t-on garder les préfets dans chaque département ?  Et quel sens aura un échelon de l’administration centrale s’il n’a pas comme partenaire une assemblée élue ? Cela s’appelle la recentralisation !

Pas sérieux ! Une diversion de plus !

 

 


RIEN NE VA PLUS !

La croissance en panne


Le pingouin est passé sous la banquise, niveau popularité, et le dégel ne semble pas pour demain. Le PS est au bord de l’explosion, et le charivari ne va pas se calmer avec le vote du collectif budgétaire. Le Front National fleurit en ce printemps au climat chahuté, depuis qu’on constate qu’il puise l’essentiel de ses voix à FO, à la CGT et même à la CFDT… comme quoi ceux qui continuent à nous faire croire que la droite est menacée nous bourrent le mou. Mais celle-ci ne va pas mieux. L’Alternative n’a pas fait un gros score aux européennes comme elle l’espérait, mais cela ne l’empêche pas de nourrir des ambitions hégémoniques de troisième force, vieille chimère centriste qui date du MRP. Et même l’UMP s’y met : c’est franchement le bordel et il y a des coups de pieds au cul qui se perdent ! On aimerait bien que les « egos » rentrent au vestiaire et que l’humilité gagne les « pachas » comme les « quadras ». Les bras en tombent !  Mais ce n’est pas le plus grave…

Car le plus grave, c’est la situation dans laquelle notre pauvre pays est plongé !

J’ouvre « Les Echos » et je découvre une mauvaise nouvelle par page !

Commençons par la situation du bâtiment. L’immobilier est à l’arrêt. Merci Duflot. Aucuns signes de reprise en vue et c’est ce qui est alarmant pour ce secteur prédominant de l’économie. Ne dit-on pas : « Quand le bâtiment va, tout va ! ». Mais quand il ne va pas, l’inverse est aussi vrai. La politique menée depuis 2012 s’est appliquée à congeler un secteur déjà amoindri par la crise par une loi de mobilisation du foncier mal calibrée, l’accumulation des normes, l’encadrement des loyers… de quoi écoeurer complètement professionnels et investisseurs. Criminel quand il manque un million de logements dans le pays et qu’on laisse s’accumuler un manque annuel de 200 000 nouveaux logements. Une vraie bombe sociale à laquelle il faut ajouter le nombre des emplois laissés ainsi en déshérence.

Sur le front du chômage, la nouvelle aggravation apportée par les chiffres du mois d’avril touche toutes les catégories et toutes les classes d’âge. Les jeunes, les seniors, les chômeurs de longue durée sont en nette progression, ce qui montre que le traitement social a atteint ses limites, et que l’Etat exsangue n’a plus les moyens de continuer le financement. Ce sont plus de 5 200 000 demandeurs d’emplois que compte la France !

Côté finances, ce n’est pas mieux. On nous promet toujours des économies, mais c’est surtout le trou qui se creuse. Ce sont 14,5 milliards d’euros d’impôts qui ne sont pas rentrés en 2013, près de la moitié de la recette fiscale supplémentaire escomptée (30 milliards). Cela n’a pas eu l’air d’émouvoir nos grands médias nationaux qui ont fait preuve d’un autisme déconcertant sur le sujet. Impôts sur le revenu, impôts sur les sociétés, TVA : les trois composantes sont concernées. La faute à l’atonie de la croissance, mais aussi à « des changements de comportements des agents économiques », commente pudiquement le ministère. Autrement dit, la fuite des contribuables et la délocalisation des sièges des entreprises par le biais des « fusions-absorptions » savamment organisées. « L’impôt tue l’impôt » a affirmé Manuel Valls devant l’Assemblée : il en a une belle illustration. Mais c’est 14,5 milliards de plus à trouver ! La Cour des Comptes n’est pas dupe des manipulations de Bercy. L’objectif de retour à l’équilibre structurel de nos finances n’est plus programmé pour 2016 mais 2017 ! Et l’on voudrait que nos partenaires nous prennent au sérieux !

En fait d’économies, c’est surtout la machine à dépenser que l’on voit en marche tous les jours : et je te baisse la cotisation retraite pour les 2 millions de fonctionnaires des basses catégories (450 millions d’euros), et je te rembourse l’impôt pour les bas revenus (environ 800 millions d’euros),  après avoir supprimé la journée de carence pour les fonctionnaires et autres babioles…

Après avoir réussi à revenir en arrière sur la hausse de la TVA qu’avait programmé Nicolas Sarkozy, mais en agissant sur les mauvais taux, voilà le gouvernement contraint  de recourir à des allégements de charges sur les emplois à domicile pour enrayer la chute pourtant largement prévisible. Mais c’est par le biais d’une baisse forfaitaire du prix de l’heure travaillée que le gouvernement compte agir. Un geste qui coûtera 200 millions d’euros, et qui est déjà jugé insuffisant par la profession. Et ce genre de dispositif n’est pas fait pour rassurer les particuliers qui ont renoncé à embaucher, ou qui sont passés au « gris » quand ce n’est pas au « noir ». Tant que le gouvernement ne comprendra pas …

Dans ce contexte, la volonté du Premier Ministre de mettre en œuvre les allégements de charges pour les entreprises qui devraient frôler les 20 milliards d’euros d’ici à 2017, paraissent à la fois comme un geste sans précédent et en même temps largement insuffisant : trop peu et trop tard. Entre l’annonce du chef de l’Etat et aujourd’hui, il s’est déjà passé cinq mois sans que rien ne bouge ! Les usines à gaz que les socialistes mettent en place pour financer les réductions de charges sont révélatrices de leur volonté de continuer à administrer l’économie en voulant tout contrôler. C’est pas comme ça que ça marche ! De la même façon, on s’apprête à alléger les seuils sociaux pour les PME, mais pour trois ans seulement à titre expérimental : avec une telle épée de Damoclès, quel patron envisagera de passer durablement de 10 à 11 ou 12 salariés et de 50 à 51 ou 52… ?

En toute logique, il n’y a donc pas d’embellie en vue pour la croissance en France.

Elle devrait rester faible au 2ème trimestre. L’objectif du 1% annuel ne sera vraisemblablement pas atteint non plus : commencer réaliser alors les économies que seule une économie dynamique pourrait financer. La pente est même inquiétante. La consommation fléchit, touchée par le contexte social, les investissements sont au point mort et les exportations vivotent péniblement. Les trois moteurs sont à l’arrêt. La confiance n’est pas là. Pire, c’est la défiance vis-à-vis du pouvoir qui s’est installée.

Non, rien ne va plus ! Et l’on s’étonne que Le Pen fasse la une. Mais là encore, c’est un mirage déformé par le « j’m’enfoutisme » ou le découragement qui a gagné les 2/3 du corps électoral. On a envie de dire, comme Jean Lefèvre : « Pauvre France ! ».

Merci la gauche ! Je souriais quand ma vieille mère (paix à son âme) disait : « Ces gens-là vident toujours les caisses et ne savent apporter que le malheur ! ». Comme elle avait raison !

 


L’UMP DANS LA TOURMENTE

Logo ump

L’affaire Bygmalion aura eu raison de la présidence de Jean-François Copé. Les liens qu’il entretenait avec la société de communication le rendent évidemment suspect, mais comme il clame son innocence avec véhémence, on lui accordera le principe de la présomption en sa faveur. Néanmoins vu l’ampleur des sommes concernées, près de 20 millions d’euros, il ne pouvait que démissionner de son poste. C’est à la justice d’éclaircir cette affaire, maintenant. Il faudra bien qu’on sache à qui ces malversations ont profité. Et tant pis pour les dégâts. Les militants de l’UMP ont le droit de savoir.

Le départ de Jean-François Copé et son remplacement par une direction collective apparaissent comme des décisions de bon sens. La troïka Juppé, Fillon, Raffarin, est composée d’hommes intègres. Il importe de rassurer les adhérents et de donner le plus vite possible une image moins calamiteuse du parti, que la propagande du Front national continuera à harceler avec le thème éternel de « tous pourris ». Encore que la Marine, dont le micro parti « Jeanne » fait l’objet d’une enquête, devrait bien être prudente. Mais il ne faut pas se cacher que les conséquences judiciaires du scandale vont rendre moins attirante l’UMP aux yeux des électeurs de droite.

Aussi l’idée d’avancer le congrès au mois d’octobre de cette année et de lui donner vocation à refondation est-elle encore la meilleure solution pour redonner un élan à l’opposition, surtout si on profite de l’occasion pour faire participer les militants à la définition de la ligne du parti, avec comme condition indispensable de réussir cette fois, une élection démocratique irréprochable de la direction. Il serait adroit de changer de nom et de logo.

Car, si on peut enterrer un parti, on n’enterre jamais les idées ni un mouvement politique. Les talents de l’UMP sont nombreux. Le parti peut donc trouver dans son personnel les forces humaines dont il a besoin pour se réformer et représenter une alternative politique. Le renouvellement sera un gage supplémentaire car le ras-le-bol des adhérents exige des « sacrifiés » ! Il importe aussi que les cadres qui continueront à faire vivre notre formation politique jouent « solidaires » et se serrent les coudes, que chacun s’engage à faire cohabiter dans le respect mutuel les diverses sensibilités de la droite et du centre qui existent et devront continuer ensemble le combat pour relever notre pays. Il faudrait aussi mettre peut-être fin aux chapelles privées que chacun anime dans son coin. Ces conditions sont indispensables si l’on veut reconstruire un parti puissant au cœur de la vie politique de notre pays.

Ce nouveau parti devra s’ériger surtout en force d’alternance, capable de faire face à une extrême droite qui est d’autant plus intraitable qu’elle se croit puissante, à une décomposition de la gauche au pouvoir, à un abstentionnisme alarmant. Le paysage politique après les européennes est désespérant : la gauche, malgré la nomination de Manuel Valls, se casse le nez sur la crise qu’elle a engendrée ; François Hollande, mauvais oracle de la lucarne magique, parle pour ne rien dire ; l’extrême gauche campe sur ses positions irresponsables. Il est réconfortant de voir qu’en Allemagne, la CDU a réussi à réunir 35% des suffrages et qu’en Espagne, la droite de Rajoy est arrivée en tête. En France, la place est à prendre. Il faudrait qu’on ait la droite la plus bête du monde pour ne pas la ravir.

Enfin, le temps presse. Car tout cela ne doit pas nous faire oublier la déroute du parti socialiste qui est quand même un événement aussi majeur que la première place prise par le FN. La France se débat tragiquement dans les difficultés et rien n’est sûr quant aux solutions promises par le gouvernement, tant la majorité socialiste renâcle. Une crise majeure point à l’horizon et plus tôt une formation réunissant la droite et le centre sera en ordre de marche, mieux ça vaudra.

En politique, d’un mal jaillit souvent un bien.

 


MACHIAVEL A LA MANŒUVRE

 

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Bureau 105 à Monplaisir à Angers. Un quartier de cités comme la périphérie des grandes villes en compte tant. Ici, depuis longtemps on vote à gauche, très à gauche même. Il est 19H, le scrutin est clos : sur les 965 inscrits, seuls 278 électeurs se sont présentés. Les résultats : FN : 78 voix, UMP 45, PS : 40… Que peut-on penser de tels résultats aussi peu représentatifs et une déformation du scrutin qui peut prêter à toutes les interprétations ce que les médias ne vont pas se gêner de faire pour en rajouter. Dans ce bureau, on a bien vu qui a voté Le Pen : ces Français, victimes du chômage et sous la pression communautariste, clients habituels du Front de Gauche et du PC réduits pour la circonstance à un score confidentiel !

Hollande a atteint ses trois objectifs

Derrière la dramatisation de façade, Hollande doit savourer son plaisir. De fait, tout a été fait, depuis un mois pour faire monter le FN, volontairement ou incidemment, avec la complicité des médias : il fallait éviter à tout prix une nouvelle victoire de l’UMP. Mieux valait sans doute que ce soit le FN dont on sait que les élus seront impuissants à Strasbourg. Nous avons un piètre Président, mais reconnaissons que c’est un politicien redoutable d’habileté et de manipulation. Car avec le résultat de dimanche soir, il a atteint ses trois objectifs : déstabiliser l’UMP, vider le Front de Gauche de sa substance et faire oublier la déroute de son parti, affaiblissant au passage son Premier Ministre un peu trop « encombrant » en l’envoyant au charbon à sa place. Voilà pourquoi "sa sérénité élyséenne" a fait profil minimum dans cette campagne en signant une tribune insipide dans le journal Le Monde, aussitôt oubliée trois jours après.

Mais avec 60% d’abstentions, et 30% de Français qui disent avoir voulu sanctionner Hollande, l’image que donne notre pays n’est pas brillante. Quels enseignements en tirer ?

Un immense désintérêt

Si les Français n’ont pas voté, je pense que c’est en grande partie pour exprimer leur désintérêt pour un vote dont ils ne comprennent pas les implications. L’Europe n’est pas la priorité d’un quotidien où les urgences sont ailleurs et nombreuses entre se nourrir, se loger, trouver du travail … la campagne a été trop courte, il n’y a pas eu suffisamment de pédagogie pour montrer les enjeux, la multiplication des listes que favorise le scrutin proportionnel, des débats d’où il ne ressort rien, tout a concouru à semer le doute et la confusion. Et les partis eux-mêmes ont rarement eu un message clair. Soulignons au passage le peu d’intérêt des médias audiovisuels français pour traiter le sujet.

Une victoire du FN aux pieds d’argile

Le Rassemblement Bleu-Marine est arrivé largement en tête avec près de 25% des suffrages exprimés. De quoi susciter l’émotion, surtout des belles âmes qui vont larmoyer dans les salons bobos. L’honnêteté devrait obliger à rappeler que ce sont toujours des victoires sans lendemain, comme celle de l’UMP en 2009, parce qu’elles sont acquises sur une base très étroite en pourcentage des inscrits. Le FN, premier parti de France, est une extrapolation qui peut donner l’occasion à Marine Le Pen de se faire plaisir, mais la réalité est toute autre. Le seul résultat tangible est le hold-up réussi sur les sièges, acquis au prorata des exprimés. Mais ils ne serviront pas à grand-chose à Strasbourg où les députés frontistes se trouveront confrontés à un large bloc européiste.

L’UMP déstabilisée

La victoire aux municipales, comme on pouvait s’y attendre a ravivé les tensions à l’intérieur, pour empêcher Le Président Jean-François Copé d’en tirer trop profit. Le dossier du financement a été relancé opportunément par le Nouvel Obs, afin de mettre de l’huile sur le feu et les journalistes se sont concentrés là-dessus chaque fois qu’il a été possible, ce qui a rarement permis de parler de la campagne et du projet  européen. Nombre de militants m’ont fait part de leur agacement du comportement de François Fillon qui vendredi dernier soufflait encore sur les braises pour se transformer en sauveur du « rassemblement » dimanche soir, jouant ainsi le rôle du pompier pyromane. On lui dira que n’est pas De Gaulle qui veut, et que plus de la moitié des adhérents n’est pas prête à le suivre. De toute façon, malheur à celui qui cassera la maison ! La sagesse voudrait, dans le contexte actuel, qui est une belle piqûre de rappel de 2002, qu’on recherche l’union plutôt que la division. Tout cela a découragé nos électeurs qui ont boudé le scrutin... Constater qu’ en ajoutant au 20% obtenus les 10% de l’UDI-Modem, le résultat est comparable au 29% réalisés au précédent scrutin avec une liste UMP-Nouveau Centre, est une bien maigre consolation. Avec son statut de premier parti d’opposition, en tant que force structurée, l’UMP aurait dû faire plus de voix. Il est urgent de mettre de l'ordre dans la maison quoi qu'il en coûte aux uns ou aux autres.

La déroute de la Majorité présidentielle

Les électeurs de gauche se sentent bafoués et ils l’ont fait savoir au pouvoir en s’abstenant massivement d’aller voter. Quelques socialistes sont allés alimenter les listes vertes, mais sans grand succès. La campagne de Manuel Valls s’est époumonée dans le désert. Il a au moins le courage de reconnaître la défaite et de l’assumer. Au moins, lui, il a un peu d’élégance. La figure marquante du PS, en cette soirée électorale, en dehors des visages fermés sur les plateaux et des sanglots de Mélenchon, aura été l’apparition effarante du nouveau Premier Secrétaire : les Français ont découvert qu’on avait remplacé un ectoplasme par un bouledogue ! Décidément, la reconquête sera dure.

« L’alternative » n’en est pas une

Avec seulement 10% des exprimés, le rassemblement UDI-Modem, qui a pourtant assumé une campagne de conviction clairement fédéraliste, aux arguments souvent convaincants, n’a pas réussi son pari. Si on ramène aux inscrits, on s’aperçoit que le centre campe sur la même représentativité. On remarquera les scores intéressants dans la grande région Ouest, bastion traditionnel naguère des Chrétiens Démocrates, que le PS avait réussi à capter. S’agit-il d’un début de retour au bercail de cet électorat ? Si c’était le cas, ce serait une bonne nouvelle. En attendant, « l’Alternative » ne fait pas le poids.

Quant aux petites listes, excusez-moi, mais on aurait pu s’en passer.

Il reste que malgré tout, certains ne vont pas se priver de ces résultats tronqués et déformés par l’abstention pour alimenter le bal des prétentions.

Un terrain de manœuvre dégagé

Ainsi Hollande a le terrain dégagé pour manœuvrer. On peut donc s’attendre au pire !  Il va jouer de la dramatisation et le PS en ruine ne va pas pouvoir s’opposer à ses projets, avec la menace d’une dissolution implicite en cas d’indiscipline. Il va vouloir activer la réforme territoriale, pour empêcher l’UMP de rafler les Régions en appliquant le même scénario : élection à la proportionnelle et vote des étrangers en chiffon rouge pour faire monter la mayonnaise FN… On peut parier qu’il  va du même coup changer les modalités d’élection de l’Assemblée nationale par l’introduction de la proportionnelle dans la désignation des députés, rendant tout majorité absolue impossible. C’est sur ce champ de ruines qu’il compte bâtir sa victoire en 2017. Une victoire à la Pyrrhus !

Il y a un antidote à ce scénario noir 

Que l’opposition joue plus fin que lui et reprenne la leçon de 2002. C’est pour faire barrage au FN qu’on avait créé l’UMP, rassemblant la droite et le centre. Sans imposer aux transfuges de revenir à la maison, évitons au mois de finir de la démolir et faisons pour les prochaines échéances une plate-forme commune avec les centristes !

 


PEUT-ON SUPPRIMER LES DEPARTEMENTS ?

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L’avis de Michel VERPEAUX, Président de l’association française de droit des collectivités territoriales.

(avis publié dans « Acteurs Publics »)

Pour Michel Verpeaux, président de l’Association française de droit des collectivités territoriales et ancien membre du comité Balladur, supprimer les conseils généraux passe obligatoirement par une révision de la Constitution. Et contourner l’obstacle rendrait le processus long et complexe.


« S’il veut supprimer les conseils généraux, le gouvernement devra-t-il passer par une révision de la Constitution ?
Rien de tel n’est possible sans réviser la Constitution. Ce qui est en cause, c’est le département en tant que collectivité territoriale, tel que le mentionne l’article 72 de la Constitution. Le supprimer revient donc à réviser la Constitution.

Le gouvernement peut aussi conserver le conseil général tout en transférant l’essentiel de ses compétences à un autre niveau de collectivité, intercommunalité ou région…
Cela reviendrait à le vider de sa substance et à en faire une coquille vide. Or la Constitution ne dit pas simplement que les collectivités s’administrent librement par des conseillers élus. Une autre exigence, qui résulte de la jurisprudence, est que les collectivités et leurs organes délibérants doivent avoir des “attributions effectives”. Cette notion est un peu vague mais vider ainsi de leurs compétences les conseils généraux reviendrait à nier leur existence. On retombe sur l’article 72 de la Constitution…

Une autre piste consisterait à faire élire un conseil commun à plusieurs niveaux de collectivités…
Oui, c’est une possibilité, mais c’est le retour au conseiller territorial, inscrit dans la loi de 2010 et abrogé en 2013. Pour le gouvernement, la difficulté ne serait pas juridique mais politique car l’actuelle majorité avait bataillé contre ce dispositif quand elle était dans l’opposition. À l’époque, le Conseil constitutionnel n’avait rien dit sur la création du conseil territorial puisqu’on ne supprimait aucune collectivité. Et puis, d’une certaine manière, ce dispositif s’appliquait déjà en Nouvelle-Calédonie et à Paris, où les conseillers sont à la fois conseillers municipaux et conseillers généraux.

Il y a aussi l’idée qui consiste à fondre les départements dans la région afin d’aboutir à une collectivité unique. Serait-ce possible sans réviser la Constitution ?
Oui, mais c’est long et compliqué. La loi de 2010 prévoit la possibilité de fusionner plusieurs régions entre elles et de fondre les départements à l’intérieur des régions. C’est l’exemple alsacien, même s’il n’a pas abouti car les électeurs l’ont rejeté. C’était aussi la solution envisagée pour la Corse en 2003, là aussi écartée par les électeurs. Le projet de loi qui doit être présenté prochainement par le gouvernement prévoit de pouvoir se passer de l’acceptation des électeurs pour la fusion des régions, mais encore faut-il qu’il y ait consentement des collectivités concernées.

Cette piste de collectivité unique, à l’échelle régionale, dans laquelle se fondraient les conseils généraux est donc possible ?
Oui, c’est possible, mais cela implique pour 22 régions, 22 procédures. Et tout le monde doit être d’accord. Je le redis, ce serait long et fastidieux. “Une région et les départements qui la composent peuvent, par délibérations concordantes de leurs assemblées délibérantes, demander à fusionner en une unique collectivité territoriale exerçant leurs compétences respectives”, dit déjà l’article L4124-1 du code des collectivités locales, qui impose toutefois un vote des électeurs.  

Le gouvernement doit donc convaincre les collectivités de s’inscrire dans ce processus…
Il y a même deux processus distincts qui n’obéissent pas aux mêmes contraintes : la fusion des régions qui, elle aussi, est prévue par le code des collectivités territoriales (article L4123-1) et, le cas échéant, l’absorption des départements.

Donc, soit le gouvernement supprime les conseils généraux, mais il doit réviser la Constitution. Soit il contourne l’obstacle, mais le processus s’annonce long, complexe et donc incompatible avec la volonté d’aller vite…
Il est probable que les élus locaux fassent de la résistance. Sans vouloir polémiquer, tout cela donne l’impression d’une impréparation du gouvernement. »

Un éclairage intéressant  dans la confusion actuelle.

 


SARKOZY : POUR UNE RENOVATION DE L’EUROPE !

 

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A trois jours de l’élection des députés européens, dans une tribune publiée aujourd’hui dans Le Point et le quotidien allemand Die Welt, Nicolas Sarkozy appelle à une rénovation en profondeur de l'UE qu’il présente comme la garantie « d’un modèle de civilisation ». Celle-ci doit s'appuyer sur « une grande zone économique franco-allemande » qu’il avait commencé à construire. Il préconise aussi la sortie de l'actuel Schengen.

« Nous devons être Européens et Français »

Résolument pro-européen, l'ancien président dit comprendre que l’actuelle Union Européenne soit source d’exaspération et de colère pour les Français mais « ce n'est pas un paradoxe que de plaider tout à la fois pour l'Europe et pour la défense de notre identité, c'est-à-dire la spécificité de notre modèle », explique-t-il, connaissant pertinemment les nombreuses réticences de nos compatriotes envers Bruxelles et sa bureaucratie.

On ne sera pas surpris qu’il n’appelle pas à voter pour l'UMP. Mais le message est cependant clair. Quand Nicolas Sarkozy s’exprime, c’est en tant qu’ancien Président, et donc il n’est pas question pour lui d’aller ferrailler dans l’arène politique. Il s’agit de se placer au-dessus de la mêlée en prenant de la hauteur pour proposer des solutions afin de corriger les erreurs du fonctionnement actuel de l'Union : « Nous devons profondément refonder notre politique européenne », affirme-t-il.

« Une grande zone économique franco-allemande »

Lui qui qui s'était efforcé, durant son quinquennat, à faire du couple franco-allemand le moteur de l'UE (d'où le surnom de « Merkozy » qui qualifiait ses relations avec la chancelière Angela Merkel) défend à nouveau « la création d'une grande zone économique franco-allemande cohérente et stable au cœur de la zone euro qui permettra d'abord de mieux défendre nos intérêts (…) en gommant nos handicaps fiscaux et sociaux.». Aussi dénonce-t-il « l'absence actuelle de leadership qui met l'Europe en danger, car sans vision, sans cap et sans priorité ». Une critique à peine voilée envoyée à son successeur dont il ne cite pas le nom. Cette grande zone « nous permettra d’abord de mieux défendre nos intérêts face à la concurrence allemande, en gommant nos handicaps fiscaux et sociaux et ensuite de prendre le leadership des 18 pays qui composent notre union monétaire. Inspirons-nous de ce qui marche en Allemagne et des réussites de la France. Imposons un équilibre dans nos rapports. Défendons nos lignes rouges », décline l'ancien président.

« Un nouveau projet pour l’Union »

Nicolas Sarkozy souhaite plus d'intégration pour les 18 pays de la zone euro. Alors que l'étendue des pouvoirs dévolus à Bruxelles est régulièrement dénoncée par la classe politique française, il veut supprimer pas moins de la moitié des actuelles compétences communautaires. Celles-ci « devront demain être assumées par les Etats nationaux, et en regroupant les compétences de l’Europe en une petite dizaine de politiques prioritaires et fondatrices : l’industrie, l’agriculture, la concurrence, les négociations commerciales, l’énergie, la recherche... », précise-t-il. «La Commission ne devrait plus avoir de compétences législatives puisqu'il y a un Parlement européen. Elle demeurera en charge de la mise en œuvre, du contrôle et éventuellement de la sanction». Une réflexion qui approfondit sa vision : il n'avait jamais été aussi loin lorsqu'il était à l'Elysée.

« Il faut un Schengen II »

Face à « l'échec sans appel de la question essentielle des flux migratoires » - dont le front national a fait son cheval de bataille - Nicolas Sarkozy veut « suspendre immédiatement Schengen et le remplacer par un Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu’après avoir préalablement adopté une même politique d’immigration ». « C'est une évidence, affirme-il, ainsi il serait mis fin au détournement de procédure qui permet à un étranger de pénétrer dans l’espace Schengen, puis une fois cette formalité accomplie de choisir le pays où les prestations sociales sont les plus généreuses », avec cette mise en garde :  « Si nous ne réagissons pas rapidement dans les années qui viennent, c'est notre pacte social qui va exploser ». C’est du simple bon sens.

« Une Europe qui protège »

Comme il l'avait abondamment fait durant sa campagne, Nicolas Sarkozy vante également une Europe qui « protège, notamment des dérives idéologiques de nos gouvernants et des majorités qui les soutiennent », poursuit-il, allusion claire qui vise le pouvoir socialiste actuel. « La dérive à laquelle nous assistons serait pire encore. Impôts sans limite, dépenses publiques sans frein, déficits explosés ». Mais « l'Europe a une responsabilité aujourd'hui : contribuer au règlement des crises pour éviter que (cet) anneau de révolutions ne devienne pour l'Europe une ceinture de dangers incontrôlables

Cette tribune est aussi un appel aux électeurs de droite à aller voter dimanche prochain. Si Nicolas Sarkozy ne dit pas pour quelles listes il faut voter, ce n’est pas son rôle, le message est fait pour être entendu. "Je suis bien heureux qu'il publie une tribune pour venir appeler les Français à la mobilisation !", a lancé Jean-François Copé, sous les applaudissements du public venu assister au meeting.

Si l'Europe se cherche un leader...

 


DEUX ANS ACCABLANTS !

 

  Hollande trempé

La France n’en finit pas de sombrer. En fait de retournement, c’est une économie atone qui stagne à 0% et qui tire l’Union européenne vers le bas. Le président, au lieu de s’occuper de l’essentiel, préfère aller à une finale de numéros d’improvisation. Cela ne s’invente pas : il improvise depuis deux ans qu’il est élu, c’est donc un amateur « éclairé » qui a remis le trophée !

Rien dans ce début de quinquennat ne vient plaider en sa faveur. Pire, les Français lui en veulent de s’être fait élire en faisant des promesses intenables et beaucoup s’en veulent d’avoir voté pour lui ! Sa cote de popularité n’en finit pas de baisser et selon un hebdomadaire, elle plongerait même à 8% de satisfaits !

Un état accaparé.

A peine élu, le nouveau pouvoir a aussitôt procédé à une véritable « purge » des fonctions de l’Etat à tous les niveaux. La valse des nominations donne le tournis au point que d’aucun évoquera du jamais vu sous la Vème République, même en 1981. La valse des têtes touche tous les corps : 50% des recteurs dans les trois premiers mois dont trois n’ont pas hésité à parler d’épuration,  les préfets, la justice, la police où les intéressés sont souvent prévenus la veille de leur remplacement, les grands établissements comme la Caisse des Dépôts ou l’Institut du Monde Arabe, les Directions importantes des Ministères. Tous les moyens ont été bons pour faire partir les intrus : pressions, menaces voilées, voire éviction sans ménagement. Il s’agissait de mettre la bonne personne à la bonne place, pourvu qu’elle soit… proche du pouvoir et de gauche. La promotion Voltaire de l’ENA est à l’honneur. Hollande, décidément sans vergogne, piétinant ses discours moralisateurs de campagne et sa fameuse anaphore, nomme ses proches sans hésitation. Quelques exemples emblématiques d’une liste qui serait trop longue à énumérer ici : Olivier Schrameck au CSA, Jean-Pierre Jouyet à la Caisse des Dépôts avant de permuter avec Pierre-René Lemas, Jack Lang à l’IMA, Nicolas Dufourcq à la BPI où il est rejoint par… Ségolène Royal. On a en tête le lynchage du juge Courroye, le débarquement sans précaution de Daniel Canepa, Président de l’association du corps préfectoral et des hauts fonctionnaires…  Une mise au pas menée au cœur de l’été 2012, et qui continue encore aujourd’hui avec la nomination par Taubira de procureurs, tous de ses amis. Celui qui dénonçait un Etat UMP a fait bien pire, dans le silence général de médias qui n’y voient pas de mal ! A cela, il faut rajouter le tripatouillage électoral : redécoupage inique des cantons, manipulation de la représentation des arrondissements à Paris, modification du mode d'élection des sénateurs pour tenter de garder la haute assemblée, et maintenant réforme des collectivités territoriales dont on peut attendre le pire avec report probable des élections dont le mandat a été déjà prolongé d'un an !

L’économie du pays en panne.

Les mois passent et l’économie française ne repart toujours pas. Pire, elle a détruit près de 25 000 emplois au premier trimestre 2014, plus de 60 000 sur un an, et les investissements restent au point mort. La consommation qui s’était réveillée à la fin de l’an dernier replonge sous l’effet de l’assommoir fiscal. Le discours lénifiant du nouveau ministre de l’économie frise le ridicule. Après avoir cherché vainement le retournement de la courbe du chômage qu’il lisait dans une boule de cristal, c’est celui de la croissance qu’il tente de lire dans la même boule… avec le même résultat. Avec une économie atone qui fait 0% au premier trimestre, on se demande comment on tiendra l’objectif annuel fixé à 1% et 1,5% en 2015. La tragique erreur de l’été 2012 semble irréparable et les 12 milliards de plus qui vont peser cette année sur les ménages ne vont rien arranger. Et l’Etat n’en finit pas de continuer à dépenser : baisse d’impôts pour ceux qui n’en payaient pas, diminution des cotisations retraite pour les fonctionnaires… Quoi comprendre ?

La société française déchirée.

Non content d’avoir planté l’économie, le pouvoir socialiste, pris à contre-pied par l’exigence de réduire les dépenses, a tenté de faire diversion en donnant satisfaction à son électorat avec des lois « sociétales ». Mais il n’a réussi qu’à attiser les tensions dans la société. La loi sur le mariage pour tous a jeté dans les rues de Paris des centaines de milliers de manifestants venus crier leur opposition, sans qu’on prenne un instant pour les écouter. La mobilisation a été telle que le gouvernement a préféré reculer sur la PMA et la GPA. Mais le résultat est là : le rejet et la radicalisation restent présents dans les esprits. Celui qui prétendait « apaiser » la France l’a fracturée comme jamais.

Une majorité politique en crise.

Le changement de premier ministre n’y a rien fait. Le cap n’est toujours pas clair. Les économies ne sont toujours pas documentées et restent donc virtuelles, les impôts font des allées et venues selon les circonstances. Le discours de justice devient une comédie qui ne prend plus d’autant que ceux que l’on assomme sont de plus en plus les classes moyennes, faute de … riches. Au sein même du Parti socialiste on n’est d’accord sur rien. Le Front de gauche est entré dans l’opposition depuis longtemps et les Verts y ont un pied dedans. La confiance n’a été obtenue que de justesse, avec plus de 60 députés PS qui ne l’ont pas accordée : un signe inquiétant pour les mois à venir. La France est au bord d’une grave crise politique. Car, à la radicalisation de la droite, il faut ajouter le transfert des voix de gauche sur le FN, ce qui lui assure des gains électoraux.

La France inexistante en Europe et dans le monde.

Hollande a voulu nous faire croire à la fable de la renégociation du pacte de stabilité. On sait qu’il n’en est rien. Depuis qu’il est élu, il n’a rien obtenu, ni de Merkel, ni des Etats du sud, ni de Bruxelles. Il a joué les figurants au sein du G8 et du G20. La France n’a pris aucune initiative majeure depuis 2012, hormis le coup d’éclat du Mali, et semble se désintéresser de ce qui se passe aux confins de l’Europe. Deux ans après, on ne peut que constater l’affaiblissement de l’influence de notre pays. Une échéance électorale importante aura lieu dimanche prochain : cherchez où est passé le Président ! Ce n’est pas en cherchant à se faire oublier quand il faudrait montrer le chemin qu’il va retrouver l’estime des Français.

Au bilan désastreux s’ajoute une crise morale.

Aujourd’hui, les Français subissent la présidence comme une purge. Ils ont assisté au triste spectacle de l’affaire Léonarda, en direct, et l’ont ressenti comme une humiliation. C’est ensuite pour découvrir que le chef de l’Etat partait faire ses galipettes à scooter avec une starlette… Le vaudeville tourne à la mauvaise farce : on se croirait revenu sous la IVème République et aux frasques des gouvernants comptées par les chansonniers du Grenier de Montmartre ! Et on voudrait que nos concitoyens aient le moral ! Eux qui sont attachés aux Institutions les voient galvaudées tous les jours avec la vulgarisation (le mot est faible) de la fonction présidentielle.

Deux ans de fiasco !

Certains en arrivent à se demander comment on pourrait bien faire pour se débarrasser d’un tel boulet. Comme sa démission est improbable, faut-il s’en remettre à la providence ?  En attendant la colère gronde et s’exprimera dans les urnes le week-end prochain.

 


GISCARD A LA BARRE...

Giscard 1974

Il y a 40 ans, le 19 mai 1974, les Français élisaient leur plus jeune président de la République du XXème siècle. Valéry Giscard D’Estaing battait d’une courte tête François Mitterrand et entamait un septennat qui allait faire entrer la France dans la modernité. La barre était entre de bonnes mains et le capitaine regardait loin au-dessus de l’horizon. Nostalgie !

A la même époque, Jean Ferrat se demandait en chanson : « A quoi ça sert un Jeune Républicain Indépendant ? ». Il avait la réponse : à faire élire un jeune président de la République.  On l’a en effet oublié, mais la candidature de Giscard avait suscité dans la jeunesse centriste et libérale un élan d’enthousiasme rarement égalé depuis. Au lendemain de l’élection les JRI se transformaient en un mouvement qui allait accompagner le nouveau président pendant son septennat : « Génération Sociale et Libérale », une enseigne qui était aussi un programme, les « chevau-légers » de la « société libérale avancée ».

La Présidence de Giscard a été résolument moderne. De la « décrispation », autre mot pour l’ouverture, à « deux Français sur trois », que le chef de l’Etat voulait rassembler en un grand groupe central pour lequel il souhaitait  trouver les consensus, la volonté de réforme associant changement (déjà) et sécurité pour chacun de nos compatriotes, aura touché à presque tous les domaines.

On a brocardé son souci de ralentir le rythme de la Marseillaise pour en faire un hymne plus apaisé, mais cela ne doit pas faire passer au second plan la loi Veil sur l’avortement, le vote avancé à 18 ans aujourd’hui passé dans les mœurs, les efforts consentis en faveurs des personnes âgées et des handicapés, la fin du monopole de l’ORTF … Des bouleversements qui ont modifié en profondeur la société française et sur lesquels on n’est jamais revenu.

Giscard, c’est aussi la modernisation de notre économie. C’est sous son impulsion que nous sommes sortis de l’économie administrée héritée de la guerre : fin du contrôle des prix, libéralisation et concurrence dans tous les secteurs et pour les Français, le symbole en a été la fin du prix  de la baguette fixé par l’Etat. Et pourtant le contexte n’était pas facile : il a fallu faire face à deux chocs pétroliers en sept ans !

Un septennat important pour l’Europe, au cours duquel on jette les bases de la monnaie unique avec le SME (serpent monétaire européen) qui permet de faire évoluer ensemble un « paniers » de monnaies des pays qui se regrouperont ensuite dans l’euro. C’est avec Giscard et Schmidt que nait le Sommet européen des chefs d’Etat véritable exécutif commun, et ils donnent une impulsion démocratique décisive avec l’élection au suffrage universel du Parlement européen.

A la fin des années 70, le MIT (Massachusset’s Institute of Technology) écrit un ouvrage intitulé : « l’envol de la France dans les années 80 ». En 1981, le pays s’est largement modernisé, mais le renchérissement du prix du pétrole pèse lourd dans la balance, alors que le programme électro-nucléaire, mis en œuvre par Michel d’Ornano, ne donne pas encore toute sa mesure, le jeune président est battu par un Mitterrand qui jette ses derniers feux dans la bataille politique. Là encore, il s’en est fallu de peu. Le jeu diviseur de Chirac pèsera lourd dans le résultat du 2ème tour. On ne refait pas l’histoire, mais la droite ne retrouvera la présidence qu’en… 1995.

Valéry Giscard d’Estaing a été un président réformateur comme la France en aura rarement connu. Un président stratège qui occupe la scène internationale, qui fait rayonner la France parmi les grandes puissances, qui donne le cap au gouvernement et qui sait prendre les risques en tant que chef des armées, comme lorsqu’il fait sauter la légion sur Kolwezi pour délivrer les otages. Il laisse un pays peu endetté, respecté, et des institutions en bon état. Seul le quinquennat de Nicolas Sarkozy s’est approché d’un tel bilan. Mais comme pour celui de Giscard, Les socialistes arrivés au pouvoir ont eu vite fait de dilapider les acquis.

 


MERCI QUI ?

Contribuable détroussé

 

Voici le moment tant attendu de la déclaration d’impôts sur les revenus 2013. Bonjour les dégâts pour les classes moyennes. L’impôt, c’est fini, avait pourtant dit le pingouin : ça dépend pour qui !

Voici un cas précis qu'on m'a communiqué, dont le calcul va concerner plein de foyers fiscaux. : couple retraité ayant eu trois enfants. Pour un revenu de 68 700 € en 2012 avec deux parts, l’augmentation a été de 9,5% en 2013, soit 75 000 €, logique puisque la prime de 10% pour avoir élevé trois enfants est intégrée dans le revenu imposable. L’impôt 2012, hors défiscalisation, s’était élevé à 7 950 €. C’était déjà une augmentation conséquente par le gel du barème. Le calcul simulé pour 2013 donne 9 940 €, soit une augmentation de 25% !!! Vous lisez bien : une hausse de 25% pour une augmentation de revenus de 10% !!

L’explication tient essentiellement dans la manipulation des plafonds des tranches imposables et surtout dans l’intégration du supplément de 10%  pour les trois enfants élevés qui font allégrement sauter d'une tranche. Bonjour les dégâts pour les retraités concernés ! Au moins on sait où sont les 14 milliards supplémentaires prélevés sur les ménages.

Si on ajoute que les retraites, cette année, ne seront pas revalorisées, le pouvoir d’achat va être encore un peu plus touché. L'automne va être chaud avec la tombée des feuilles et le paiement du solde de l'impôt. « C’est toujours les mêmes qui paient », ce n’est pas qu’un sentiment, c’est un constat. On aimerait bien que le gouvernement privilégie enfin la baisse de ses dépenses autrement qu’en paroles.

Ras-le-bol d'alimenter le tonneau des Danaïdes !

C’est certain, le 25 mai, je ne penserai pas qu’à l’Europe quand j’irai voter !

 


PARLER POUR NE RIEN DIRE…

 

Le_Radeau_de_La_Meduse
Le radeau de la Méduse

Des moulinets dans le vide

Français Hollande s’est livré mardi matin, sur BFM-TV et RMC, à un laborieux exercice de communication. Face à Jean-Jacques Bourdin,  interlocuteur tyrannique, il a dû répondre à des questions qui portaient toutes sur son sinistre bilan. Impopularité, absence de résultats, sombres perspectives, promesses non tenues, il y a gros à parier que l’on aura retenu les questions plus que les réponses.

Il a voulu donner l’image d’un président « de combat ». On a surtout vu un bateleur prêt à tout pour assurer sa survie politique, comme si des annonces péremptoires pouvaient remplacer ou influencer la réalité. Sans doute n’avait-il pas le choix. Il est difficile de commémorer deux ans d’échecs et de débâcle économique. Aussi  le jeu de l’interview est-il périlleux : les questions ont toutes la forme de jugements négatifs sur son immense impopularité, sur l’échec des deux premières années du quinquennat, sur les difficultés énormes qu’il aura dans la recherche de résultats et dans la quête d’un second mandat. Car finalement cette quête apparaît comme son unique préoccupation. Pour cela, il est prêt à toutes les contradictions, à tous les reniements. Et maintenant qu’il a Manuel Valls à la tête du gouvernement à qui il a confié une feuille de route claire et précise, à ce qu’il dit, il espère que ses décisions relativement audacieuses lui profiteront plus qu’à son nouveau Premier ministre. « Je n’ai plus rien à perdre ! » : terrible aveu qui résume tout.

La colère des Français.

Evidemment, il est suffisamment aguerri pour trouver une réponse à n’importe quelle question, si accablante soit-elle ; suffisamment roué pour nous dire qu’un second mandat est moins important que le redressement du pays ; assez expérimenté pour nous faire croire que la gravité de la crise explique la désaffection de l’électorat, et donc qu’il souhaite être jugé non sur 2012 et 2013 mais sur la durée complète du quinquennat. Il reste que la vacuité de ses propos a déclenché une vague médiatique qui déjà se retourne contre lui car la colère du public a atteint un niveau tel que la protection naturelle qui enveloppe normalement la fonction présidentielle a été détruite. Les irrévérencieux s’en donnent à cœur joie : les journalistes assènent au président d’épouvantables vérités et les téléspectateurs lui présentent des cas personnels pour lesquels il ne peut rien. On a connu la même chose avec Nicolas Sarkozy : la télé-réalité est cruelle. Aux gens qui n’ont plus pour vivre que le minimum social, que voulez-vous dire sinon énumérer les recours possibles. Mais la vérité est bien plus brutale : l’état doit faire des économies, il faut donc qu’il raréfie les largesses, alors, allez expliquer à Mme Michu, qui vit avec moins de 700 euros et qui mériterait sûrement bien plus, qu’elle coûte déjà trop cher ! Une sentence inhumaine impossible à prononcer en public pour un président.

Le grand bazar…

L’épreuve aurait pu être l’occasion, pour le président,  de mesurer la gravité des erreurs qu’il a commises quand il a lancé une campagne électorale foisonnant de promesses irréalistes et quand, une fois parvenu au pouvoir, il a voulu, par une sorte de coupable honnêteté, les tenir. Il lui a fallu du temps pour constater qu’il ne suffisait pas d’augmenter les impôts pour rétablir les comptes. Il n’y avait pas d’autre voie que celle de la rigueur, de la contraction de la dépense publique, de l’encouragement fiscal aux entreprises. N’ayant plus le choix, il a dû s’y conformer. Ce faisant, il fait poindre, sous la crise économique et sociale dont il est responsable, une crise politique qui va peser sur l’avenir. Car il n’a pas fini d’être confronté aux adeptes d’une vérité révélée qui continue à dicter des rêves idéologiques qui n’ont plus aucun rapport avec la mondialisation que les Français veulent ignorer ou avec l’Europe qu’ils soupçonnent de les appauvrir. Et au passage, il ne manque pas de rappeler qu’il est attaché au vote des étrangers, histoire de faire monter un peu plus le vote Le Pen, dont il se réjouira certainement si sa liste arrive en tête aux européennes.

… Et l’entourloupe !

Il a donné un coup d’accélérateur à son programme, affirme-t-il, et il demande qu’on attende que sa politique fournisse des résultats. Mais encore faut-il que les propositions soient crédibles. Que penser d’une réforme territoriale subitement précipitée, annoncée sans aucune précision sur la réforme de l’état qui devrait l’accompagner, sans dire ce qu’on fera des dettes des départements supprimés, des préfectures et sous-préfectures, de tous les fonctionnaires … sinon à retenir qu’elle donne le prétexte pour reculer les élections régionales et cantonales d’un an, que d’ici là le Sénat sera probablement repassé à droite et que la nécessaire réforme constitutionnelle deviendrait alors très aléatoire. Du tripatouillage politicien digne de la IVème République et la France ravalée au rang de république bananière ! Quant au désendettement on a déjà tout dit sur les fameux 50 milliards.

Mais dès l’instant où les institutions ne nous laissent pas le loisir de changer de président à volonté, il a raison d’exiger qu’on le juge sur la totalité du quinquennat, mais ça changera quoi ? On voulait de la clarté, on a toujours la confusion, les annonces d’aujourd’hui contredisant les précédentes.

Nous ne sommes donc pas au bout de nos surprises avec un revirement par trimestre ! On ne s'étonnera pas qu'il n'ait convaincu personne !

Il aurait été mieux inspiré de se taire !

 

 


POUR EN FINIR AVEC « L’HERITAGE » !

 

Sarko 2012

5 mai 2014 : seulement deux ans !

Que le temps semble long sous la hollandie normale. Et il est grand temps de solder les comptes !

« Vous ne l’avez pas fait pendant dix ans ! » s’exclamait un député socialiste, commentant les mesures présentées par Manuel Valls pour économiser 50 milliards. A les entendre, il ne s’est rien passé pendant les cinq années du mandat Sarkozy.  Ils ont pourtant mis beaucoup d’empressement à défaire les réformes qui avaient été menées à bien.

Mais par-dessus tout, ce qui est insupportable, c’est que deux ans après ils en sont encore à prendre comme excuse « l’état dans lequel ils ont trouvé les finances du pays », citant l’accroissement de la dette et le déficit public. Ce pourrait être  au mieux une approximation, au pire un mensonge volontaire, mais en vérité c’est une véritable escroquerie intellectuelle. Car ils ne pouvaient pas ne pas savoir.

Revenons deux ans en arrière.

Janvier 2012. La France sort de trois ans et demi de crises aigües qu’elle a dû subir et dont elle n’est en rien responsable : financière avec les subprimes, économique avec la paralysie des échanges mondiaux, monétaire avec la crise de l’euro et des dettes souveraines. Une réaction en chaine. Il a fallu faire face. D’ailleurs à l’époque tous les observateurs tressaient des lauriers à Nicolas Sarkozy pour son sang-froid et sa maitrise devant la gravité des événements. Avec deux trimestres seulement de récession, notre pays s’en est effectivement plutôt bien sorti. Mais il a bien fallu l’intervention de l’Etat, d’abord pour sauver les banques, c’est-à-dire l’épargne des Français, puis pour financer les amortisseurs sociaux qu’il n’était pas question de laisser sans moyens, enfin pour relancer l’économie. Ce qui a permis à la fois de maintenir le pouvoir d’achat, d’endiguer la montée du chômage et de faire redémarrer les entreprises. Evidemment, il a fallu avoir recours à l’emprunt. La dette a forcément gonflé. Le déficit s’est creusé jusqu’à  frôler les 8% du PIB. Comment faire autrement quand le ralentissement de l’activité fait chuter de 50% les recettes de l’Etat ? Que préconisait donc l’opposition de gauche : de dépenser plus ! Le plan de relance de 40 milliards d’euros était jugé trop timide !  Autrement dit de creuser encore plus le trou ! ‘entends encore le sombre Ayrault fulminer dans l’hémicycle !

Quelle était la situation en 2012 ?

Au moment où la gauche prend le pouvoir, 2010 et 2011 avaient vu le retour de la croissance, le déficit était en voie de résorption et la barre des 3% était visée pour la fin 2013. Le budget de l’Etat voté fin 2011 montrait le chemin : pour la première fois depuis le début de la Vème république il était en diminution de 1 milliard d’euros par rapport à celui de l’année précédente, en réel et pas en « tendanciel » comme on dit aujourd’hui. Il prévoyait un recul de 14 milliards d’euros du déficit qui devait le ramener à 4,5% du PIB fin 2012 et 3% fin 2013. Donc des finances en voie d’assainissement et une économie encore convalescente que la baisse des charges sur les entreprises votées fin 2011 avec un transfert sur la TVA (dite sociale) devait consolider. Toutes choses attestées par la Cour des Comptes, dans son rapport sur la certification des comptes 2011 et l’audition de mai 2012. Didier Migaud précise : « L’amélioration du solde budgétaire est réelle et incontestable, la trajectoire de réduction du déficit a été respectée, pour la première fois depuis 2007 le solde budgétaire s’est amélioré par rapport à l’exercice précédent. Ainsi parmi les trois composantes du déficit public, Etat, collectivités territoriales, sécurité sociale, on peut considérer que l’Etat a tenu ses objectifs. L’amélioration du déficit public repose pour l’essentiel sur un redressement des recettes fiscales qui confirment le rebond observé en 2010. Ce redressement du niveau des recettes a directement et principalement contribué à la réduction du déficit ; le respect des normes de dépenses dans le cadre de l’exécution 2011 a contribué incontestablement à la maîtrise de la dépense. Un tel ralentissement des dépenses, dont certaines composantes sont très dynamiques, comme la charge de la dette, constitue un résultat méritoire et qui n’a guère de précédent. »

Il y a pire comme héritage !

L’impact du choc fiscal.

Le choc fiscal intervient dès juillet 2012,  accompagné du dérapage des dépenses avec le collectif budgétaire que Hollande fait voter, avec notamment l’abrogation de la loi instituant la TVA anti-délocalisation, réduisant à néant le sérieux du budget voté fin 2011. L’économie en stand bye pendant la présidentielle ne redémarrera jamais, le chômage explose, les impôts tuent le peu de croissance qui lui avait été léguée. Pourtant la Cour des Comptes avait prévenu : « Les efforts consentis en 2011 devront être répétés, amplifiés au cours des exercices suivants pour rester sur cette trajectoire… Seule une baisse des effectifs (publics) est à même de fournir une marge de manœuvre en matière de politique salariale… Si la réduction des niches fiscales ne suffisait pas à dégager les recettes attendues, il pourrait être nécessaire d’augmenter le taux d’impôt à assiette large, c’est-à-dire la CSG ou la TVA ! » Le message est clair. Le nouveau gouvernement, qui avait demandé l’audit, n’en a pas tenu compte !

L’héritage n’est pas en cause.

C’est l’abandon de la trajectoire mise en place par le gouvernement Fillon et recommandée par la Cour des Comptes qui plonge le pays dans les difficultés. Le gouvernement du sombre Ayrault n’aura jamais le courage de prendre les mesures nécessaires, toujours repoussées pour ne pas déplaire à un électorat à qui on avait promis la Lune. La France était convalescente, les socialistes, en vrais Diafoirus, l’ont soignée à coups de saignées fiscales, remède qui s’est avéré pire que le mal ! Le déficit, malgré les hausses d’impôts continue d’augmenter. Le chômage devient une vraie catastrophe : dans les six derniers mois sous Sarkozy, le nombre des chômeurs avait augmenté de 83 200, c’est encore trop, mais le chômage était contenu. Pour bien montrer où se trouve la rupture, il faut remonter aux  24 derniers mois du quinquennat précédent pour accumuler un chiffre comparable soit  211 800 chômeurs supplémentaires contre 214 400 pour les six premiers mois de Hollande !

Deux ans après.

La France fait-elle face à une crise venue de l’extérieur ? Non ! On s’aperçoit qu’elle a fait du surplace, que la situation économique et sociale s’est dégradée profondément. S’il y a crise, c’est celle du socialisme au pouvoir et de ses idées fausses : malgré le matraquage fiscal, la France n’a résorbé ni sa dette, ni son déficit, et ce bien que les taux d’intérêts soient restés d’une sagesse inespérée (pour des raisons externes à la France, précisons-le). Elle compte un nombre record de chômeurs : plus de 3 millions. La croissance se traine lamentablement à peine tirée par une reprise économique mondiale qui se dessine. Pire, les socialistes y ont ajouté une crise morale par des comportements qui insultent tous les jours les leçons qu’ils prodiguaient naguère, Président en premier. Et on dit qu’il n’y a pas de différence entre la droite et la gauche ?

C’est la faute à Sarko, c’est la faute à l’euro, c’est la faute à l’Europe…

Et si c’était tout simplement la faute à Hollande !

Cela les Français l’ont bien compris, il suffit de voir sa cote de popularité pour s’en convaincre.

« Putain, encore trois ans ! »

 

 

 


TOUCHE PAS A MON EUROPE !

Europe_le_volontarisme_politique

Après le « cri d’amour » d’Alain Juppé, mon cri de protestation !

Quand Marine le Pen affirme que « tout a échoué dans l’Union européenne, absolument tout ! » elle profère un odieux mensonge. Elle peut faire la liste de tout ce qui ne lui convient pas, on le conçoit : abolition des frontières, la directive détachement des travailleurs, l’aide aux banques, l’immigration ou l’euro trop fort… Mais qu’elle ne le fasse pas avec les arguments qu’elle utilise qui sont ceux de l’ignorance de ce qui a été fait et donc ceux d’une élue qui n’a pas rempli correctement son mandat à Strasbourg !

Quand Henri Guaino et Laurent Wauquiez, avec d’autres parlementaires UMP signent une tribune dans le Figaro pour faire d’autres propositions que celles de la plate-forme de synthèse votée par le bureau politique, ils commettent une grave faute : ils plantent un coup de poignard dans le dos de nos candidats qui font campagne dans les Régions, ils sèment la confusion dans l’esprit de nos militants et de nos électeurs, et ravivent inutilement au sein de notre famille les tensions entre pro et nonistes ce qui est dépassé. Le temps n’est plus au débat, il est à la campagne active. Leur attitude profite au Front National, ce qui n’est probablement pas le but qu’ils recherchent, et peut contribuer à affaiblir le score de notre parti, ce qui n’est pas souhaitable !

A nos amis qui se demandent s’ils vont aller voter, je peux déjà leur proposer deux objectifs : empêcher le Front national d’arriver en tête, dire une deuxième fois « stop » à Hollande. Si déjà on arrivait à ça, ce ne serait pas si mal. Mais je voudrais aussi leur faire partager quelques-unes de mes réflexions pour qu’on vote en fonction du véritable enjeu : il s’agit d’élire l’instance démocratique de l’Union. Auparavant, sachons au moins de quoi on parle !

A-t-on besoin d’Europe ?

L’union fait la force. Cet adage n’a jamais eu autant de signification que sur le sujet de l’Europe. Dans le monde globalisé qui est la marque de notre époque, ne pas la vouloir est suicidaire. On le voit encore aujourd’hui avec le drame d’Alstom. Certes comme l’a très bien montré Alain Juppé, l’Union est imparfaite. Cela ne l’empêche pas d’être nécessaire et ne nous interdit pas de travailler à la renforcer. La puissance de la France passe aujourd’hui par une Europe puissante politiquement. Le 25 mai nous pouvons choisir la catastrophe et le déclin définitif en tournant le dos à l’Europe. Nous pouvons aussi choisir le chemin de la construction jamais finie de l’Union européenne, chemin difficile mais le seul porteur d’avenir pour nos enfants.

Depuis cinq ans, qu’est-ce qui a été fait ? A quoi l’Union européenne a-t-elle servie ?

Nous autres Français, en avons peu conscience, tant nos politiques savent habilement se défausser sur l’Union européenne, bouc émissaire de leur lâcheté électorale. La gauche est experte en la matière, on l’a vu avec la soi-disant renégociation du « pacte de stabilité ». Pourtant si on regarde ce qui s’est passé depuis 2008 avec les crises successives qui se sont abattues sur le Monde et sur l’Europe, l’Union aura été notre bouclier : elle a été secouée mais elle a tenu. La monnaie commune nous a mis à l’abri de la tourmente monétaire, les européens, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, puis du tandem France-Allemagne, ont été à la manœuvre et à l’origine d’avancées significatives dans la régulation de la finance mondiale, et quand les marchés s’en sont pris à l’Euro, ils ont dû reculer face à la volonté politique commune de le défendre.

Pendant ces cinq dernières années, l’Union européenne a progressé. L’adoption récente de l’Union bancaire en est un bon exemple. On lui doit nombre de décisions qui facilitent notre vie quotidienne : du brevet européen peu coûteux et unique aux frais d’itinérance des téléphones en passant par le plafonnement des bonus financiers, de l’Erasmus élargi aux non diplômés à la protection des données personnelles, la liste est longue. Une superstructure technocratique, l’Union ? C’est l’hôpital qui se fiche de la charité : il y a autant de fonctionnaires à Bruxelles qu’à …la mairie de Paris !! Derrière chaque décision de la commission, il y a une décision politique de nos représentants, voilà la vérité.

Le Parlement européen est-il important ?

C’est une platitude que de rappeler que nos députés européens sont élus au suffrage universel. Moins d’un Français sur deux le sait : consternant ! Pourtant l’Europe n’est pas plus complexe dans ses institutions que notre fameux « millefeuille ». Le parlement européen est donc un « levier de pouvoir » dont nous devons avoir pleine conscience. Il faut peser sur les choix européens et donc envoyer à Strasbourg des élus responsables. D’autant plus que l’assemblée élue en mai prochain verra son pouvoir élargi puisqu’elle désignera le Président de la Commission qui ne sera plus nommé par les chefs d’Etats. Un progrès démocratique évident.

Et l’euro ? Que faut-il en penser ?

Il serait trop fort. Tu parles ! Ce discours sert à masquer notre propre insuffisance de réformes que tous nos partenaires ont su réaliser pour se redonner des marges de manœuvre : baisse des charges sur les entreprises, retraite retardée, flexibilité du marché du travail, simplification administrative, rigueur de la dépense publique… Nous n’avons su lever aucun de ces freins qui pèsent sur notre économie et donc sur notre croissance. La vérité, c’est qu’aujourd’hui, la France est un boulet pour l’Union européenne. Depuis qu’elle a abandonné la voie du redressement sur laquelle l’avait placée Nicolas Sarkozy après la crise de 2010. Ce n’est pas le cours de l’euro qui est trop élevé, c’est notre économie qui est trop faible, engluée qu’elle est dans son carcan étatique.

Mais la politique monétaire de l’Union est un véritable sujet pour l’avenir. La gestion de l’euro mérite un vrai débat. Il est possible d’en faire une arme de croissance et pas seulement de lutte contre l’inflation au même titre que le dollar. Cela suppose des inflexions dans les objectifs qui lui sont assignés et la mise en place d’une véritable gouvernance politique, déjà largement amorcée. On pourra alors aborder le sujet épineux de la « mutualisation » de la dette.

La souveraineté de la France est-elle menacée ?

Encore une farce marinesque ! La souveraineté de la France est menacée si elle s’isole et se referme sur elle-même, ça oui ! Dans l’architecture actuelle de l’Union européenne, il y a des « souverainetés partagées », c’est vrai. L’euro en est une. J’en suis partisan chaque fois que c’est nécessaire. D’ailleurs, nous aurions intérêt à élargir le domaine des « souverainetés partagées » à l’énergie, la défense, de grands projets structurants. C’est aussi la réponse aux défis de notre temps. Comment se positionner face à Moscou ? Comment exister face à la Chine ? Comment résister à l’hégémonie américaine ? Comment avancer dans la lutte contre le réchauffement climatique ? … Voilà autant de sujets pour lesquels la réponse franco-française n’est pas à la taille du défi. L’Europe, avec nos partenaires, c’est la bonne dimension.

Et si on voyait l’Union européenne comme un écrin au sein duquel pourrait s’épanouir non seulement la France, mais l’avenir de nos enfants !

  Européennes 14

 


EUROPE, MON AMOUR ! par Alain JUPPE

Je relaie ici, l'excellent texte de notre ancien Premier Ministre, dont je partage pleinement le contenu. Alain Juppé nous dit tout. C'est une manière pour moi de lancer la série d'article que le calepin va consacrer à la campagne pour l'élection du Parlement européen.

Le 25 mai, votons, faisons voter; pour les listes UMP !

Daniel

 

Juppé 2 Europe, mon amour !

"Je mesure ce qu’il y a de provocateur dans le titre que j’ai choisi de donner à ma déclaration.

Par les temps qui courent, ma douce Europe, tu inspires plus de désamour que de sentiments amoureux.

Il n’est question que d’euro-scepticisme, voire d’euro-hostilité. Chaque matin, médias et politiques te chargent de tous les péchés du monde. Tu es, à les en croire, trop peu démocratique et beaucoup trop technocratique, souvent naïve, impuissante et divisée, assoiffée d’austérité et source de chômage, j’en passe et des pires.

« Bruxelles » est devenu le grand épouvantail, que nos amis belges nous pardonnent.

Nier qu’il y ait une part de vérité dans le procès qui est instruit contre toi serait faire preuve d’aveuglement.

Ceux qui t’aiment ont beau dire que ton Parlement a conquis de réels pouvoirs de co-décision, les Européens ne se pressent pas aux urnes quand il s’agit d’élire leurs députés.

Il est vrai que la bureaucratie bruxelloise est nombreuse, lointaine, compliquée et qu’elle produit trop de normes dans trop de domaines.

Ta banque centrale gère ta monnaie sans qu’un véritable gouvernement économique puisse dialoguer avec elle comme, aux Etats-Unis, le Secrétaire au Trésor, Ministre des Finances, le fait avec la Réserve Fédérale.

Schengen, cet accord qui devrait réguler les mouvements de population, ne marche pas parce que tu n’es pas capable de contrôler tes frontières extérieures.

Les Européens ont le sentiment que tu ne sais pas répondre à leurs attentes en mettant, par exemple, en œuvre une politique de croissance efficace fondée sur l’innovation, ou en organisant une réelle transition énergétique pour relever le défi du changement climatique.

Tu n’as pas pu empêcher l’annexion de la Crimée par Poutine ni la déstabilisation de l’Ukraine.

Avant de te décider à soutenir l’action de la France au Mali où tes intérêts sont directement en jeu, tu as atermoyé pendant des mois.

La vision du commerce international qui continue d’inspirer ta Commission est en retard d’une globalisation. Le dogme de la concurrence pure et parfaite semble intangible dans tes hautes sphères, alors que nos grands partenaires, américains ou chinois, assurent la protection de leurs intérêts comme Monsieur Jourdain faisait de la prose : sans user du mot mais en profitant de la chose.

La manière dont tu négocies avec les Etats-Unis d’Amérique un accord de libre-échange présenté comme stratégique n’est pas un modèle de transparence. J’entends bien que dans une négociation aussi âpre on ne met pas d’emblée toutes ses cartes sur table. Mais il est essentiel que l’exécution du mandat donné au négociateur reste sous contrôle.

Tu vois, je ne suis pas complaisant avec toi. Je te dis tes quatre vérités. Qui aime bien châtie bien.

Ce qui m’autorise à parler vrai, aussi, à tes détracteurs.

Et de leur dire : non l’Europe n’est pas responsable de tous nos maux ! La crise qui a failli emporter non seulement la finance mais aussi l’économie mondiale en 2008-2009 n’est pas son fait. La pratique des «subprimes» et le dérèglement des marchés qui en est résulté a pris naissance en Amérique. Et la crise des dettes souveraines en Europe n’est pas à mettre au débit de « Bruxelles ». Il faut chercher les responsabilités à Dublin, à Athènes, à Rome, à Madrid… ou à Paris dont les gouvernements n’ont pas respecté leurs engagements de réduction des déficits publics et de maitrise de l’endettement.

Certains, en France, sont malvenus de s’insurger contre les rappels à l’ordre de la Commission : c’est nous-mêmes qui l’avons chargée de vérifier que nous nous mettons en conformité avec les règles que nous avonsnous-mêmes édictées, et, à défaut de nous sanctionner.

Je vais plus loin : non seulement tu n’es pas responsable de tous nos maux mais tu nous as protégés au milieu de la tourmente que l’économie mondiale traverse depuis quelques années.

C’est une grande chance que d’avoir une monnaie stable. A mes amis gaullistes, je demande de faire retour une cinquantaine d’années en arrière : le premier objectif du Général de Gaulle quand il revint au pouvoir ne fut-il pas de guérir la France de l’instabilité monétaire et de la doter d’un nouveau franc ?

L’euro stable, ce sont des taux d’intérêt historiquement bas, sans quoi le refinancement de notre dette nous entraînerait droit dans le mur.

Et là encore, ne rejetons pas la responsabilité de nos mauvaises performances sur autrui.

Dans le commerce des biens industriels (j’emprunte ces chiffres à l’excellent livre de Pascal Lamy, « Quand la France s’éveillera ») tu dégages, mon industrieuse Europe, « un excédent qui a triplé en dix ans pour atteindre plus de 200 milliards d’euros et maintiens [tes] parts de marché, alors que celles de [tes] concurrents américains ou japonais ont régressé. »

Aujourd’hui le Japon qui pratique les « Abenomics » c’est-à-dire une politique du yen moins fort, enregistre le pire déficit commercial de son histoire.

Si la France souffre, elle aussi, d’un lourd déficit commercial, la raison n’en est pas principalement le cours de l’euro, mais l’insuffisante compétitivité de ses entreprises et l’inadaptation de son secteur productif à la demande mondiale, faiblesses qui résultent de notre propre incapacité à mettre en œuvre les réformes nécessaires.

Faut-il ajouter que, dans le nouveau monde qui a émergé depuis trois décennies, tu es, ma puissante Europe, une extraordinaire chance ?

Avec toi, nous pesons 500 millions de citoyens, le plus grand PIB du monde, et le quart des échanges mondiaux.

Nous, Français que la mondialisation effraie… au point que quelques bons esprits chez nous vont jusqu’à prôner la « dé-mondialisation » ; nous que traumatise le déplacement du centre de gravité de la richesse et de la puissance vers d’autres horizons ; nous qui souffrons de n’être plus le centre du monde… nous devrions nous tourner, plus que jamais, vers toi, Europe, nous jeter dans tes bras, t’exprimer la confiance que nous mettons en toi pour, ensemble prendre toute notre place dans le nouveau monde, y faire rayonner nos idées et nos valeurs, y défendre nos intérêts

Et pas simplement nos intérêts économiques.

D’abord et avant tout le bien suprême que tu nous as apporté : la paix après un siècle de massacres.

Avons-nous bien conscience que ce bien n’est pas acquis pour toujours ?

La guerre a sévi dans les Balkans il y a 20 ans, à nos portes.

Notre voisinage oriental, je pense bien sûr à l’Ukraine, traverse une crise d’une grande gravité.

Et dans les frontières de l’Union elle-même, les vieux démons ne sont pas morts : quelques groupuscules défilent aujourd’hui dans les rues de Budapest un brassard à croix gammée à l’épaule.

Faire exploser la zone euro, c’est engager un processus de déconstruction de l’Europe et dès lors, tout redevient possible y compris le pire. Pascal Lamy rappelle ce message de François Mitterrand : « Le nationalisme, c’est la guerre ».

Voilà pourquoi je plaide pour toi, Europe, et suis décidé à combattre avec toute mon énergie ceux qui veulent, en le disant ou sans le dire, te déconstruire.

La meilleure manière de te défendre, c’est évidemment de te réformer. Et Dieu sait si tu as besoin de réformes.

L’urgence, c’est de doter ton cœur battant, c’est-à-dire la zone euro, d’une gouvernance efficace. Des progrès ont été récemment accomplis en ce sens, souvent à l’initiative de la France. Il faut aller plus loin et doter le Conseil Européen des moyens d’assurer le pilotage qui lui revient : une présidence forte qui devrait incomber à l’une des principales économies de l’union, un secrétariat performant qui veille à la mise en œuvre des décisions prises.

Mon choix de gouvernance, on le voit, est plutôt de nature inter-gouvernementale parce que c’est là qu’existe la légitimité démocratique.

Mais pour éviter les blocages, il faudra bien progresser vers plus d’intégration et si l’on veut notamment une réelle harmonisation fiscale, cesser de faire de l’unanimité une règle intangible.

Tout le monde ne voudra pas suivre.

L’idée que la zone euro est le cercle de solidarité maximum et qu’au-delà, la souplesse est de règle pour tous ceux qui se contentent de moins, finit peu à peu par s’imposer.

La gouvernance n’est pas tout. Ce que les Européens attendent, c’est certes une Europe qui fonctionne mais surtout une Europe qui réalise.

Il faut, dès lors, que tu choisisses. Tu ne pourras pas tout faire. Il faut abandonner ton ambition de tout régenter.

Il faut te concentrer sur quelques objectifs prioritaires.

En voici trois, qui n’épuisent pas la question :

  • une politique de stimulation de la croissance par le soutien à l’innovation sous ses diverses formes. Une suggestion : le « programme des investissements d’avenir » que la France a lancé en 2010/2011 et qui commence à produire ses premiers effets pourrait inspirer une initiative européenne.
  • une politique de l’éducation qui favorise la circulation mais aussi la compréhension mutuelle de nos jeunesses. Je préconise depuis longtemps l’apprentissage obligatoire d’au moins 2 langues vivantes étrangères dans tous nos systèmes éducatifs.
  • une politique énergétique qui semble aujourd’hui hors de portée compte tenu des choix divergents faits par la France et l’Allemagne mais que l’urgence climatique et l’urgence diplomatique -je pense au desserrement de notre dépendance vis-à-vis du gaz russe- peuvent demain rendre possible.

Suis-je en train, mon Europe, de te faire rêver, de te raconter une belle histoire, de te promettre la lune ?

Beaucoup le pensent. Mais je l’assume…

Peut-être est-il utopique de rêver d’une Europe politique, acteur à part entière de la scène mondiale, dotée des moyens de se défendre, capable de conduire une action diplomatique cohérente. Une Europe puissance, expression taboue.

C’est pourtant bien le but où nous conduit le chemin sur lequel je te propose d’avancer.

Y sommes-nous seuls ?

Sans doute aujourd’hui.

Est-il utopique de rassembler des partenaires prêts à partager notre espérance ? Peut-être.

Mais peut-on vivre sans utopie ?

J’ai deux raisons de penser que ce rêve n’est pas illusoire.

D’abord la France et l’Allemagne. C’est la clef. L’Allemagne hésite. Aujourd’hui, la France n’a pas la capacité de la convaincre parce qu’elle a perdu sa crédibilité. Si nous reprenons force et influence, nous pouvons redevenir un partenaire attractif et convaincant.

Tout en dépend.

Et puis, tu existes ma belle Europe.

Il suffit de voyager à travers le vaste monde, en Asie, en Afrique, en Amérique… pour prendre conscience d’une réalité que nous apercevons mal en vision rapprochée : tu existes. Nous, Européens, nous avons un bien commun, nous partageons une culture commune, des valeurs, des idées sur le monde.

Loin de moi de sous-estimer nos différences… ni de vouloir les effacer ; elles font notre richesse.

Mais il existe un socle commun. Démocratie, liberté, dignité de la personne humaine… où donc ces valeurs s’épanouissent-elles mieux qu’en Europe ?

Philosophie, littérature, musique, arts… n’existe-t-il pas une « marque » européenne ?

Il serait prétentieux, de ma part, de vouloir m’essayer à la définir en quelques lignes. D’autres, plus savants ou plus profonds, l’ont fait et le feront. Mais je ressens en moi-même tous les sentiments qui m’ont donné envie de te faire cette déclaration.

Les abominations dont tu as été le théâtre au siècle dernier ont certes ébranlé nos certitudes et nourri une vaste entreprise de déconstruction de l’humanisme dont nous nous enorgueillissions et qui a failli.

Mais je te sens capable, Europe, de reconstruire un humanisme du XXIème siècle, lucide et exigeant.

 Tu en as les moyens. Tu dois en avoir la volonté."

                                                                                    Alain Juppé

 

Européennes 14

 

 

 

 


LA MAGIE DU SAPIN...

 

Noel
Le sapin et le gel ...

Chez nous, la magie du sapin existe réellement, chaque année, à Noël. Enfin pour les petits que l’on envoie regarder un dessin animé à l’étage vers 23H et que l’on fait redescendre après un simulacre de passage du barbu à manteau rouge, à base de clochettes, de coupure de courant et de bruits étranges. Il faut voir alors les yeux émerveillés devant le tas des paquets déposés en (trop) grand nombre au pied du sapin ! Pour ceux qui les découvrent, c’est forcément de la magie : celle du Père Noël ! Et ça marche ! Sauf que c’est une manipulation.

C’est quelque chose du même genre que notre Sapin-le-financier essaie de nous faire gober avec ses « additions dynamiques ». Eh oui, voilà la solution à nos turpitudes financières. On sait que les 50 milliards d’économies n’y seront pas, et quand bien même ils y seraient, que ce ne serait pas suffisant pour combler le trou de nos déficits. Les projections qui relèvent de 0,2% les prévisions du taux d’engagement par rapport au PIB en 2014 et 2015 en sont un aveu à peine dissimulé.

Il n’importe. Grâce à la magie du Sapin, nous allons atteindre sans coup férir et sans effort supplémentaire le nec plus ultra du désendettement. Comment ? Grâce au redémarrage d’une croissance bénie des dieux socialistes, au retour surprise des investissements et à une subite consommation rose vif, sans parler des exportations ressuscitées. Du coup on va créer 200 000 emplois, pour faire bon poids, bonne mesure, grâce au pacte de responsabilité. Voilà une économie rêvée telle qu’on ne peut la trouver que dans un cerveau de gauche : une économie administrée qui obéit au doigt et à l’œil à l’Etat. Mais voilà, c’est pas comme ça que ça marche ! La magie des « additions dynamiques » c’est un peu comme les bougies qu’on va faire brûler chez le marabout.

L’économie n’est pas un monde enchanté, mais un monde de réalités autrement plus âpres. La réalité, c’est que le gouvernement est au pied du mur de sa majorité rétive. Il faudrait faire plus, mais il va être obligé de faire moins. La quadrature du cercle ne peut être résolue que par l’intervention de la providence. D’où les « additions dynamiques ». On notera au passage que l’élément de langage à la mode chez les ministres c’est : « je comprends ». On comprend l’inquiétude des « petits » retraités, des « petits » fonctionnaires, des « petits salariés ». C’est fou comme on compatit pour les « petits ». Quant aux « moyens » et aux « gros », on les prend pour des (petits ?) cons !

Vous l’avez compris, le "programme de stabilité" tel qu’il va sortir la semaine prochaine de la moulinette du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, relève du pari  osé. Croire que tout va s’arranger parce que l’économie mondiale va mieux, parce que l’on donne un peu d’oxygène à contre cœur à nos entreprises, parce que l’on va ménager quelques milliers de foyers et qu’ainsi les affaires vont reprendre. Inutile donc de faire les efforts indispensables puisque l’argent va rentrer à nouveau dans les caisses …

Il faudra expliquer à notre Sapin-le-financier que la magie du sapin, pour que ça fonctionne, d’abord que c’est à Noël, qu’ensuite il faut croire au Père Noël et qu’en plus il faut des parents qui aient les moyens d’acheter les cadeaux.

On n’est pas à Noël, on ne croit pas au Père Noël socialiste et on n’a de moins en moins les moyens ni l’envie de payer des cadeaux au gouvernement !