MR BRICOLAGE EST REVENU !
03 juin 2014
En politique tout est possible, même l’improbable.
Le redécoupage des régions est le dernier avatar élyséen que le chef de l’Etat a inventé pour distraire les Français de la dure réalité à laquelle il les livre par son incurie et ses atermoiements.
Comme il est incapable de proposer une réforme des collectivités locales digne de ce nom, faute de majorité pour modifier la constitution qui serait un passage obligé, après avoir juré le maintien des départements puis leur suppression d’ici 2021, puis leur maintien, il propose maintenant de les vider de leurs compétences tout en les maintenant.
Le maillon faible : les Régions
Alors, on s’attaque au maillon faible, le plus facile : les Régions. Plus facile puisque la gauche en gère 20 sur 22. On va donc en diviser le nombre par deux. Pourquoi pas. Encore faudrait-il savoir dans quel but : refaire les provinces de l’ancien régime comme le réclame les Bretons ou constituer des entités ayant du sens du triple point de vue économique, démographique et d’aménagement du territoire ? Rappelons aussi qu’il s’agit de faire des économies. Et je n’aurais pas l’outrecuidance d’insister sur la nécessité de simplifier le millefeuille territorial.
Voilà qu’on nous livre un découpage pour le moins fantaisiste, résultat de tripatouillages politiciens ou de convenances, fruit de fastidieuses négociations entre barons, où l’on apprend que la Picardie ne rejoint pas le Nord parce que la puissante fédération du PS n’en voulait pas… Est-ce sérieux ? Et au doigt mouillé, on nous assure que ce puzzle incohérent permettrait de faire entre 10 et 15 milliards d’euros d’économies, sans qu’on nous dise qui a fait ce calcul pour le moins fantaisiste.
Une décision marchandée en petit comité
Le « fait du prince » s’assoit gaillardement sur les réalités du terrain. Si des rapprochements paraissent logiques, comme les deux Normandies, l’Alsace-Lorraine, la bourgogne et la Franche-Comté, si on conçoit que la Corse reste seule –encore que-, comme PACA, la manière dont est traitée la façade atlantique, le rapprochement de l’Auvergne avec Rhône-Alpes ou du Languedoc-Roussillon avec Midi-Pyrénées, le rattachement de la Picardie avec Champagne-Ardennes... ne relèvent pas de l’évidence biblique. Ce qui est sûr, c'est que la Baronne du Poitou se voit dotée d'un immense territoire : favoritisme d'ancien régime ?
Et si on demandait au bon peuple de chaque région ce qu’il en pense ? Une consultation des habitants serait bien le minimum pour un sujet aussi important que l’organisation de la France administrative du 21ème siècle. Nous sommes loin d’une vraie démarche de décentralisation. Pour aller vite, on propose un projet bâclé !
Une réforme qui marche sur la tête
Le problème est même pris à l’envers. On sait que le vrai gisement d’économies est dans une réforme de l’échelon communal. Que les Départements et les Régions ont des complémentarités qui peuvent être mises en synergie. La seule diminution du nombre des Régions est loin d’être suffisante et il n’est pas prouvé que leur nouvelle taille sera gage d’efficacité accrue.
Et si on revenait au « Conseiller territorial » ?
En fait, ce qui serait vraiment le plus raisonnable et le plus efficace serait de revenir à la précédente réforme que les socialistes ont abrogée en arrivant au pouvoir : celle du « conseiller territorial » qui permettait dans un premier temps de diminuer le nombre des élus, de supprimer les doublons d’administration entre les départements et la Région, et de permettre une diminution progressive du nombre de fonctionnaires territoriaux d’ici 2020, profitant du nombre important de départs en retraite sur la période. Attendre 2020, c’est déjà se priver d’une opportunité qui ne sera plus d’actualité. Il devenait aisé ensuite de savoir ce qu’on voulait faire du département. Mais voilà, c’était une réforme Sarkozy !
Alors que ces super-régions qu’on nous propose vont contribuer à éloigner les élus et les centres de décision de la gestion locale et des habitants des territoires notamment ruraux et péri-urbains, surtout s’ils sont élus au scrutin proportionnel.
Et quid de l’Etat dans les territoires ? Va-t-on garder les préfets dans chaque département ? Et quel sens aura un échelon de l’administration centrale s’il n’a pas comme partenaire une assemblée élue ? Cela s’appelle la recentralisation !
Pas sérieux ! Une diversion de plus !
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