HISTOIRE

LES CONTRE-VERITES QUI ONT LA VIE DURE

 

RIEN N'A ETE FAIT POUR REGULER LA FINANCE

FAUX ! 

Répétée par chaque intervenant socialiste dès qu'un micro se présente, et phrase phare du discours de François Hollande, au Bourget, voilà une nouvelle contre-vérité, un gros mensonge pour abuser les Français. peu de médias ont relevé la tartufferie.

La mesure de régulation la plus marquante depuis 2008 est vraisemblablement la définition d'un nouveau cadre réglementaire pour les banques, appelé Bâle III, qui doit entrer en vigueur progressivement à compter de 2013.

Ce corpus de nouvelles règles impose notamment aux banques de renforcer très nettement leurs fonds propres, multipliant quasiment par cinq le seuil minimum pour les plus grands établissements.

Il alourdit notamment le coût des activités de marché, considérées comme plus risquées, ce qui a incité l'ensemble des banques françaises à s'astreindre à une cure d'amaigrissement à l'automne.

Il les oblige également à conserver suffisamment de liquidités pour faire face à une crise de confiance majeure comme celle qui a frappé le secteur bancaire fin 2008.

Outre Bâle III, les banques françaises se sont engagées fin 2009, sous la pression du gouvernement, à encadrer les rémunérations variables des opérateurs de marché, dont les fameux traders, des règles ensuite gravées dans le marbre d'une directive européenne.

Concrètement, ces normes prévoient le versement d'au moins 40% des bonus, et jusqu'à au moins 60% pour les plus hautes rémunérations, de manière différée sur une durée minimale de trois ans. Elles prévoient aussi le versement de 50% de la rémunération variable sous forme d'actions.

A ces mesures spécifiques aux banques, peuvent être ajoutés le nouveau cadre réglementaire prévu pour le secteur des assurances, baptisé Solvabilité II, qui contraint également à un renforcement des fonds propres et à une approche par évaluation des risques.

Comme quoi, "rien n'a été fait " !



LES DELIRES DE MARINE LE PEN

 

Marine-le-pen-le-17-janvier-2011

Marine Le Pen est-elle comme le clame Jean-Luc Mélenchon, « cette demi-démente qui fait des propositions auxquelles personne ne peut croire » ? Son programme est un fourre-tout peu crédible, promettant à la fois beaucoup de dépenses et le désendettement du pays grâce au protectionnisme, aux économies sur l'Europe et l'immigration, avec le retour au franc comme passage obligé du redressement.

C’est pourquoi la semaine dernière elle s’est évertuée pendant plus de deux heures à présenter un chiffrage pour lui donner de la consistance, aidée par ses deux conseillers, Jean-Richard Sulzer et Thibault de la Tocnaye, à coups de démonstrations techniques et d’empilement de chiffres.  Un exercice qui cède évidemment à la traditionnelle minoration des dépenses et à la surestimation des recettes. Un chiffrage qui est fait surtout pour abuser les gogos auxquels elle s’adresse et qui n’y comprennent rien. La stratégie consiste à faire croire au « sérieux » des propositions et démontrer que la sortie de l’euro peut se faire sans dégâts, que le repli de l’hexagone sur lui-même sera profitable aux humbles qui s’apprêtent à voter pour elle.

Plus de 100 milliards de dépenses supplémentaires par an...

Au chapitre des hausses de dépenses à horizon 2017, les secteurs régaliens sont en force (+8,5 milliards d'euros pour la justice, 1,2 md pour la sécurité), mais aussi

Comme en 2007, le FN promet 200 euros net de hausse de tous les salaires inférieurs à 1,4 fois le Smic (environ 1.500 euros net par mois), en faisant prendre en charge par l'Etat une partie des charges salariales. Elle serait financée par une « contribution sociale sur l'importation », taxe de 3 % « sur l'ensemble des biens et services importés chaque année ». Soit 74 milliards d'euros sur cinq ans, dont 58 milliards consacrés à cette mesure. Interrogée sur l'inflation qu'entraînerait cette taxe, elle s'est contentée de réfuter toute hausse des prix. C’est un mélange de dirigisme et de nationalisme. Le rendement de la taxe est forcément incertain et l’affirmation qu’il n’y aura pas d’inflation reste un pari. Autre promesse,  un « salaire parental » pour élever ses enfants, soit un « revenu équivalant à 80% du Smic pendant 3 ans à partir du 2e enfant ». Ce qui fait 64,6 milliards pour l’augmentation du pouvoir d'achat.

La leader du parti d'extrême droite a aussi annoncé sur le quinquennat, « en euros constants », des hausses de budget : pour la justice (+ 8,5 milliards d'euros dont près de 7 pour 50.000 places de prison supplémentaires), la sécurité (elle compte gagner sur ce poste 6,4 milliards grâce à la baisse de la délinquance), la santé (+ 15,3 milliards, sans donner de précisions sur le financement de la protection sociale). Il faudrait ajouter la défense (14 milliards), la recherche (32 mds), la famille (32,4 mds) et le financement des promesses sur le logement impossible à chiffrer, ne connaissant ni le montant du chèque 1er logement, ni le crédit d’impôt. On arrive allègrement à plus de 100 milliards de dépenses supplémentaires par an.

et des recettes ... fictives pour la plupart, ou aléatoires.

Côté économies et recettes, toujours à horizon 2017, Marine Le Pen mise sans surprise sur l'immigration : en supprimant l'aide médicale d'Etat (AME, réservée aux étrangers sans ressources), et les allocations familiales, en expulsant systématiquement tout clandestin et en réservant les emplois aux Français, les économies attendues approchent 41 milliards . Les "coûts" de l'immigration sont souvent sujets à caution, des économistes estimant au contraire que les étrangers ont un apport positif sur l'économie. Mais surtout, ces chiffres sont très largement surestimés. Ils sont fondés sur une croyance mythique du « gouffre financier des étrangers en France ». A titre d’exemple le coût de l’AME n’est que de 800 millions.

 La lutte contre les fraudes sociales et fiscales devrait rapporter 67,2 mds ce qui est quasi impossible, quand on connait la complexité et l’inertie économique qui y préside.

 La clé de voûte du projet reste la sortie de l'euro, puis le retour au franc et la possibilité de monétiser une partie de la dette, c'est-à-dire de fabriquer de la monnaie à hauteur de 100 mds d'euros par an. On comprend la nécessité devant le choix de la fuite en avant de dépenses démagogiques déconnectées des réalités économiques. C’est ainsi que le FN veut ramener à zéro la contribution de la France au budget de l'UE (11,7 mds) et promet 74 mds grâce à une taxe de 3% sur les importations aux frontières nationales. Ce modèle permettrait, selon le FN, d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2018 et de résorber 50% du "capital-dette" à horizon 2025. Pure hypothèse, surtout quand Marine Le Pen balaie tout risque d'inflation malgré la mise en route de la « planche à billets ». La réalité c’est que nous aurons une monnaie dévaluée et des petits épargnants ruinés. De même qu'elle a rejeté tout risque de rétorsions économiques d'autres pays en réponse au protectionnisme français, ce qui serait surprenant.

Une sous-estimation des effets du protectionnisme.

Le retour au franc, la baisse de la contribution de la France au budget de l'Union européenne, l'arrêt de sa participation aux plans de sauvetage de l'euro, la mise en place de « frontières économiques » - qui vont de pair avec une renégociation des traités européens et une « déconstruction de l'Europe », représenteraient un gain de 160 milliards sur le quinquennat (une autre fiction). Quant à la faisabilité des mesures, notamment par rapport aux traités européens qu'il faudrait renégocier dans une Europe à 27, tout repose sur les capacités de négociation de la France. « Nous renégocierons les contraintes mortelles qui sont le fondement de l'Europe de Bruxelles, et si nous ne pouvons les renégocier, nous (les) dénoncerons ».

Selon Le FN, la sortie de l'euro déprécierait le franc de seulement 9,4 %, quand elle est estimée par les économistes autour de 30 à 40 %. Aucune conséquence non plus sur la croissance, que le FN prévoit à 0 % en 2012 mais progressant jusqu'à 2,8 % en 2017. Pour « Les Echos », l'Institut Montaigne avait, lui, estimé, avec une dévaluation de 20 % de la nouvelle monnaie, que la dette passerait mécaniquement de 82 à 103 points de PIB. Il chiffrait aussi à dix ans la destruction de 6 à 19 points de la richesse nationale et la destruction de plus de 1 million d'emplois (« Les Echos » du 13 décembre). « Une sorte de big bang », a estimé hier à l'AFP Eric Heyer, économiste à l'OFCE, pour qui la sortie de l'euro, « dont on ignore ce qu'elle coûterait, à la centaine de milliards près », amène à « changer de logiciel ».

Le programme de Marine Le Pen est pour le moins un saut dans l’inconnu avec à la clé une catastrophe économique. Car c’est ignorer qu’en dix ans, avec l’euro, les économies européennes de « l’euroland » se sont imbriquées finement dans les partenariat d’entreprises, les échanges commerciaux, et même dans la structure internationale des productions, comme Airbus, mais pas seulement…. Bref, du délire !

Nous sommes au bord du précipice, et elle nous propose de faire un grand pas en avant .


 


QUELQUES NOUVELLES DE L’ECONOMIE

 

La prime dividendes

Elle est de 420 euros en moyenne, on connaitra le bilan définitif à mi-2012. Parmi les entreprises du CAC 40, 23 ont dû verser cette prime, les autres n'affichant pas de dividende en hausse, indépendamment des profits réalisés. Dans le haut de la fourchette, on trouve Michelin (entre 500 et 1.200 euros), Technip (1.000), BNP Paribas (690), L'Oréal (450 à 765), Rhodia, Sanofi et LVMH (600) et Safran (500). Chez les constructeurs automobiles, Renault a accordé 150 euros et PSA 230 euros. Total, qui a affiché 10 milliards de bénéfices en 2010, n'était pas contraint de verser la prime car il n'a pas augmenté les dividendes versés aux actionnaires. Le groupe pétrolier a néanmoins décidé de verser une prime ponctuelle de 1.200 euros. Pas si mal !

Airbus bat de nouveaux records

Le groupe EADS s'envole, c’est normal pour un avionneur, direz-vous. Airbus a annoncé mardi un chiffre de commandes sans précédent dans l'histoire de l'aéronautique, permettant à sa maison mère, le groupe européen EADS, de promettre croissance et rentabilité dans les années à venir. Avec un chiffre net de 1.419 avions commandés (annulations déduites) face aux 805 commandes du concurrent américain Boeing, Airbus revendique 64% du marché sur l'année écoulée. Même si les commandes doivent baisser en 2012 - le PDG d'Airbus Tom Enders en attend 600 à 650 - la production va augmenter pour satisfaire un carnet de commande qui s'élevait à fin décembre à 4.437 unités, un nouveau record absolu pour l'industrie qui représente sept à huit ans de production.

L'euro se redresse.

On pouvait craindre un nouvel accès de faiblesse de la monnaie européenne, avec la dégradation du Fonds de secours européen. L'euro progressait en début de semaine, bénéficiant d'achats à court terme, les investisseurs ayant anticipé l'annonce par Standard & Poors lundi d'une dégradation de la note du Fonds de soutien de la zone euro (FESF), après l'abaissement des notes de neuf pays de la zone. La note à long terme du fonds a été abaissée d'un cran, à "AA+". Comme la France donc. Mais les marchés qui avaient anticipé cette annonce n’en tiennent pas compte. Ainsi, lors de son premier test depuis la décision de SP, la France a réussi lundi un emprunt à court terme, avec des taux en baisse et une forte demande.

Zone euro: excédent commercial de 6,9 milliards d'euros.

La zone euro a enregistré un excédent de son commerce extérieur de 6,9 milliards d'euros en novembre contre un déficit de 2,3 milliards d'euros un an plus tôt, selon les premières estimations publiées vendredi par l'office européen de statistiques Eurostat

Le déficit public français.

Il pourrait atteindre 5,5% en 2011 selon François Baroin. Le Premier ministre François Fillon avait annoncé que le déficit de l'Etat serait en 2011 « de 4 milliards inférieur à la dernière prévision », avec pour conséquence un déficit public « très probablement inférieur aux 5,7% du PIB ». Sur l'ensemble de l'année 2011, le déficit de l'Etat est attendu à un niveau inférieur à 91,5 milliards d'euros. Le solde définitif pour 2011 sera publié le 8 février 2012.  Le respect de l'objectif de réduction du déficit du budget de l'Etat est nécessaire pour que la France tienne son engagement de ramener le déficit public, qui cumule ceux de l'Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale, de 7,1% du produit intérieur brut (PIB) en 2010 à 5,7% en 2011.

Prix de l’essence.

Les prix de l'essence ont atteint un nouveau sommet en France, subissant le double contrecoup de l'accès de faiblesse de l'euro par rapport au dollar et des craintes concernant la production d'or noir en Iran et au Nigeria. Du coup, Ségolène Royal, jamais en retard d’une proposition démagogique, souhaite un blocage du prix de l'essence. La présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, espérait que le sommet social se pencherait sur la flambée des prix du carburant. Le gouvernement doit également agir sur la fiscalité « pour que le coût du prix de l'essence à la pompe n'augmente pas », en prônant aussi le développement de la voiture électrique. Elle ignore que l’essence chère, est le plus sûr moyen de nous faire changer d’habitudes en optant par exemple pour le co-voiturage. Est-ce vraiment le moment de proposer une diminution des recettes de l’Etat ?

            

 


« C’EST UNE CRISE FABRIQUEE »

 

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Les grands esprits se rencontrent. Du moins j’ai été flatté de voir que Valéry Giscard d’Estaing partageait le point de vue que j’ai évoqué à plusieurs reprises sur le calepin, à propos de la crise dite de « l’euro ». Ceux qui connaissent mon engagement giscardien dans les années 70-80 ne seront pas surpris de cette identité de vue.

Dans une interview au « Courrier de l’Ouest » l’ancien président n’y va pas par quatre chemins : « Il n’y a pas de crise de l’euro. Nous nous trouvons dans une configuration monétaire internationale déstabilisée, où la monnaie européenne fait l’objet de l’attaque organisée et délibérée des marchés financiers, en particulier anglo-saxons. Une spéculation détestable qui consiste à transférer des sommes importantes du secteur économique, c’est-à-dire de la production et des échanges, en direction du secteur financier, dans une proportion considérable. Le tout sans qu’il n’y ait réglementation ni sanction. »

Il estime d’ailleurs que la défiance de la part d’une minorité de Français vis-à-vis de la monnaie unique n’est en fait que la manifestation d’une inquiétude plus générale : celle-ci « vise un chômage manifestement trop élevé et juge l’économie dans son ensemble. Or, ce n’est pas l’euro qui est en cause, ce sont les finances publiques, avec l’accroissement de la dette et des déficits, dans des proportions totalement anormales. Ces dérives étaient pourtant interdites par le traité de Maastricht. »

Sur le traité lui-même, il rejoint les constats que j’avais énoncés  dans l’article sur l’euro du 2 janvier. Le traité a bien fonctionné dans sa partie monétaire avec la stabilité des prix et un euro devenu la deuxième monnaie de réserve mondiale, après le dollar, ce qu’il considère comme un grand succès. VGE est plus critique sur la partie politique : « Ce qui occulte le résultat, ce sont des faits extérieurs. Et c’est également la conséquence d’un mauvais traité, celui de Nice, signé en 2001. Il a en partie démoli l’accord de Maastricht, notamment en mettant à égalité tous les pays, grands ou petits. Que Malte puisse peser autant que l’Allemagne dans les décisions économiques n’a aucun sensL’Europe à 27 est devenue ingouvernable et de fait, on a vu qu’elle n’était pas gouvernée… (Ce qui est) anormal encore : seulement 16 pays sur 27 ont adopté l’euro. De sorte que dans la crise actuelle, les Anglais ou les Suédois n’ont pas donné un centime d’aide aux pays en crise. »

Sur la question de savoir ce qu’il faut faire, l’ancien président ne semble pas favorable à un nouveau traité : « La première chose serait de faire vraiment fonctionner la zone euro pour affirmer sa solidarité et rendre confiance aux gens. On n’a pas besoin d’un nouveau traité pour cela : toutes les règles, toutes les sanctions sont déjà prévues : appliquons-les ! Les pays de l’euro, dans l’idéal devraient se réunir une fois par mois, en présence d’un secrétaire général de la zone, qu’il faudrait nomme très vite. »

Difficile dans le contexte actuel, de ne pas évoquer l’affaire du AAA. Comme on peut l’imaginer, Giscard relativise l’impact : « cette dégradation n’est pas une catastrophe. Sur le plan financier, cela n’a aucune importance. Cette affaire des agences de notation est d’ailleurs très critiquable. Elles existent pour éclairer les investisseurs qui peuvent manquer d’information sur telle ou telle entreprise. Ce n’est pas leur rôle de noter les Etats. La France paiera sa dette. Elle l’a toujours fait, dans des conditions méritoires, courageuses et même héroïques. J’ai été le ministre des Finances qui a remboursé la dernière partie de la dette de la France après la Seconde Guerre Mondiale ».

En conclusion, notre ancien président n’hésite pas à nous réaffirmer sa conviction d’européen convaincu et sa foi en l’avenir : « L’Union européenne ne doit pas se limiter à l’économie. L’Europe, à la base, c’est une civilisation et une culture. Mais si l’économie s’effondre, la civilisation et la culture s’effondrent aussi. Et l’économie ne peut pas tenir si elle ne se réforme pas. L’euro peut être le flambeau de la renaissance de l’Europe ! » L’Europe, c’est la marque du giscardisme, marque que ce grand bâtisseur de l’Union européenne continue d’imprimer.

 


LE BILLET DU DIMANCHE SOIR

 

AAA…HARO SUR SARKO !

Funeste vendredi 13 qui voit le naufrage du navire amiral de Costa Croisières et la France dégradée de son AAA par Standard & Poor’s.

Si le premier était hautement improbable et nous stupéfie en nous rappelant la dure loi inexorable de la mer, le second n’est qu’un demi événement depuis qu’il avait été annoncé avant les fêtes comme imminent. D’ailleurs, il y a belle lurette que les marchés ont entériné la situation de la France que le ralentissement économique n’aide pas à faire face à ses difficultés malgré les efforts du gouvernement. On relativisera aussi par le fait que les deux autres grandes agences ont maintenu la meilleure note à notre pays. Je serais tenté de dire, l’avis de Standard & Poor’s, on s’en Fichte !

Mais on ne m’ôtera pas de l’idée, bien que les « experts » affirment le contraire, que l’avis de l’agence américaine n’obéit pas qu’à des considérations purement objectives à caractère économique. Il y a bien quelques arrières pensées d’officines anglo-saxonnes qui ne veulent pas entendre parler de taxe sur les transactions financières et qui s’en prennent à l’Europe pour que le Dollar reste « roi », et qui sont donc à la manœuvre. Ne soyons pas naïfs.

Par contre,  on pouvait s’attendre à un concert de commentaires plus ou moins efficients sur le sujet, et on a été servis. Concert est un bien grand mot, pour qualifier un ensemble de déclarations discordantes, mais, forcément convergentes sur la cible unique : le Président . Je me suis amusé à les classer.

La plus stupide : « Tant que les banques commanderont au lieu d’obéir, l’économie française se dégradera » Ségolène Royal.

La plus décevante : « Cela démontre que la politique d’austérité a été inopérante » Eva Joly.

La plus prétentieuse : «  cette présidence aura été celle de la dégradation de la France : dégradation financière, sociale et morale » François Rebsamen.

La plus imbue : « ça disqualifie tous ceux qui, de Nicolas Sarkozy à François Hollande en passant par François Bayrou, ont défendu et imposé la monnaie unique ». Marine Le Pen.

La plus sentencieuse : « Cela signe des années d’échec et de dérives extrêmement lourds. Toutes les déclarations optimistes et péremptoires de ces derniers mois sont donc cruellement démenties par les faits » Cassandre,… euh, non François Bayrou.

La plus idéologique : «  La guerre de la finance est déclarée contre la France et contre l’Europe. Il faut rendre les coups ». Jean-Luc Mélenchon.

La plus réaliste : « Cela ne m’empêcherait pas de dormir. La différence entre le taux allemand et le taux français anticipe les jugements à venir des agences de notation ». Jacques Delors.

La plus inconséquente, affligeante de parti pris : « C’est une politique qui a été dégradée, pas la France ». François Hollande.

La plus insipide : « Les Français paient un enlisement de longue date » Dominique De Villepin.

La plus pragmatique : « La France était notée 21 sur 21, elle est désormais notée 20 sur 21, la note de la France reste donc parmi les meilleures du monde ». François Fillon.

Comme le fait remarquer Marc Fiorentino, spécialiste des marchés financiers, « pas de panique, on peut vivre sans le triple A ». Surtout que le degré d’abaissement de la note est moindre que prévu, cela pourrait au contraire permettre à la France d’emprunter à de meilleurs taux que récemment.

Quant à tous ceux qui tirent sur Nicolas Sarkozy, qui ont tout fait pour l’empêcher de réformer, qui ont refusé la règle d’or budgétaire, et qui donnent aujourd’hui des leçons sur le mode du réquisitoire, ils sont vraiment mal placés. Ils feraient mieux de s’interroger sur ce que serait la note de la France sans réforme des retraites, diminution du nombre des fonctionnaires, réduction des directions territoriales de l’Etat, réduction de l’impasse budgétaire… de se demander, plutôt que de s’en prendre à l’actuel président, si ce n’est pas plutôt le financement à crédit de notre modèle social depuis 25 ans qui nous a conduit là où on est.

Ils feraient bien aussi de revoir leur copie… côté dépenses principalement, en vue de la présidentielle. Il ne suffit pas de faire un diagnostic ou un constat, encore faut-il proposer des remèdes crédibles.

Si la perte du AAA est un mauvais coup pour Sarkozy, c’est aussi une très mauvaise nouvelle pour François Hollande et ses 60 000 fonctionnaires…

 


L’INVASION DES INVESTISSEURS BIONIQUES

  Palais_Brongniart_Paris

L’essentiel des ordres de bourse est aujourd’hui réalisé par des ordinateurs qui utilisent des programmes informatiques capables d’analyser et d’exploiter les informations du marché à une vitesse inimaginable. Le temps de réaction d’un ordinateur à une nouvelle information provenant d’une entreprise ou de l’évolution du carnet d’ordres d’un titre est de l’ordre de la milliseconde.

Ce qui est inquiétant, c’est que ce trading automatique déhumanisé tend à s’accroître au point de représenter 54% des transactions américaines aujourd’hui. Si les spécialistes de ce trading à haute fréquence avancent un certain nombre d’avantages dans le cadre de la concurrence acharnée qu’ils se livrent, à savoir que les ordinateurs s’avèrent plus performants que les humains même quand il s’agit de prédire les évolutions des prix, ces pratiques ont néanmoins des effets indésirables et pénalisent notamment les investisseurs traditionnels (i.e. lents) tentés de se retirer du marché  face à ce qu’ils jugent être une concurrence déloyale.

De plus, les ordinateurs sont sujets à des pannes et même des erreurs. On cite l’exemple de l’action United Airlines qui a perdu un jour de 2008 près de 15% de sa valeur en un quart d’heure à la suite de la publication erronée sur internet d’une information vieille de plusieurs années… Qui plus est, le nombre des transactions rend très difficile d’identifier les erreurs, compte tenu de l’interconnexion croissante des prix des différentes classes d’actifs. C’est comme cela que le 6 mai 2010 des titres ont subi en quelques minutes des baisses vertigineuses à cause d’une erreur d’une firme de trading du Kansas, déclenchant un « flash crash »…

Les algorithmes contre les neurones : qui va gagner ? Pas si sûr que la machine l’emporte au final, car l’introduction d’une taxe Tobin réduirait à néant les micromarges générées par le trading à haute fréquence. Qu’est-ce qu’on attend ?

Le problème, pour qu’une taxe sur les transactions financières soit efficace, il faut qu’elle soit prise au niveau mondial pour concerner toutes les places financières pour éviter les délocalisations « déloyales ». Dans le cadre de la mondialisation, les capitaux chercheront toujours le « havre » le plus favorable. Mais rien ne serait plus justifié qu’une taxation de ce type, la financiarisation de l’économie ayant conduit aux effets pervers et aux conséquences catastrophiques que l’on sait. Qu’ils concourent par ce biais à la réparation des dégâts n’est pas immoral n’ont plus.

Le Président de la République a raison quand il veut pousser les feux pour qu’une telle taxation entre en vigueur rapidement, encore faut-il que ce soit à minima au niveau de l’Union européenne. Le décider pour la France toute seule, même à titre d’exemple à valeur d’entraînement, risque d’être au mieux un coup d’épée dans l’eau, au pire la faillite de la bourse de Paris. Cela mérite qu’on y regarde à deux fois !

 

 


LA TVA SOCIALE, ENFIN !

 

TVA b


En France, les charges sociales, les cotisations qui financent l’assurance maladie, la retraite et l’assurance chômage sont calculées sur le salaire, à la fois sur la part patronale et la part salariale. Au total, elles représentent plus de 50% du salaire net distribué et elles pèsent 70% du total de la fiscalité des entreprises contre 30% pour les taxes qui frappent les bénéfices, couramment dénommé « impôt sur les sociétés ». Avec un tel système, le chef d’entreprise n’a pas intérêt à créer des emplois. Il est plutôt poussé à mécaniser au maximum son outil de production : la machine ne paie pas de charges sociales. Ou à délocaliser pour bénéficier de cieux plus cléments.

Il est facile de comprendre que le résultat en est plus de chômage, des fermetures d’entreprises, des pertes de compétitivité, des déménagements vers des pays où le travail coûte moins cher.

Alléger le coût du travail est le seul moyen qui reste au gouvernement.

Il est donc urgent d’alléger le coût global du travail en France, récemment classée comme l’un des pays où le prix du travail est le plus coûteux. Un premier pas a été fait avec la suppression totale de la taxe professionnelle, cet impôt « imbécile » qui décourageait les investissements, remplacée par une taxe plus favorable aux entreprises industrielles.

La crise a accéléré la réflexion du gouvernement. Le principe d’un report de tout ou partie des charges sociales sur un impôt d’assiette plus large sans diminuer les revenus des organismes sociaux est devenu en ce début d’année 2012 une urgence si l’on veut faire repartir l’économie sans mettre la main à la poche que nécessiterait une relance de la consommation : il n’y a pas un sou vaillant disponible dans les caisses de l’Etat. C’est donc par les investissements et la compétitivité qu’il faut faire redémarrer les entreprises.

Un transfert d’impôt bien venu.

Le recours à la TVA dite « sociale » est une solution sociale-libérale qui peut s’avérer performante et équilibrée. Elle consiste à compenser la baisse des charges sociales par une augmentation de la TVA. Elle est relativement simple à mettre en œuvre. A ceux qui crient déjà à l’injustice sociale pour la consommation des pauvres, on peut déjà rétorquer que, quelle que soit la nature de l’impôt, il se retrouve toujours dans le prix de vente et au bout de la chaîne, c’est toujours le consommateur qui paie.

Après la TVA à 7%, la suite logique, c’est l’augmentation du taux courant de 19,6 à 23 ou 25%. De l’ampleur de l’augmentation dépendra l’allégement correspondant pour la compétitivité des entreprises, la baisse de leurs coûts de production et les possibles augmentations de salaires. Il y a ici, une possibilité de « deal » intéressant avec les partenaires sociaux, salariés et patrons. Cela permettrait de dépasser le raisonnement à courte vue de la pénalisation des revenus modestes par l’engagement sur des augmentations de salaires. Manuel Valls l’avait bien compris. Dommage que par pure posture politicienne, il soit obligé de reculer aujourd’hui.

L’autre intérêt de ce transfert, consiste à faire payer aux produits importés de pays à bas coûts de production une participation à notre protection sociale. Personne ne s’en plaindra. De plus, il y a gros à parier que les marges des importateurs sur ces produits leur permettront de ne pas répercuter sur les prix de vente les 2 ou 3 points de TVA.

Enfin, dernier avantage : la TVA assure immédiatement des rentrées financières avec une garantie sur la durée.

Mieux vaut tard que jamais.

Voilà pourquoi, cette idée qui traîne dans le débat depuis 2007, aurait dû être mise sur la table depuis longtemps. On dit qu’elle a fait perdre 50 députés à la Majorité depuis le fameux échange entre Fabius et Borloo. Raison de plus pour l’appliquer, puisque le prix électoral en était déjà payé. Les Allemands avaient retenu cette solution dès 2007. Certains, à l’époque avaient affirmé que c’était une forme de « dévaluation compétitive », ce qui est presque vrai, puisque c’est la mesure qui a permis à l’Allemagne de faire baisser les prix à la production et de relancer l’aptitude de ses PME à exporter. En faisant de même, le gouvernement français s’engage sur le chemin qui privilégie l’activité industrielle.  Ne reste plus qu’une réforme de l’impôt sur les sociétés pour que nos PME soient à armes égales.

En touchant à l’impôt sur les sociétés et aux charges sociales on fait d’une pierre deux coups. D’un côté on trouve les recettes supplémentaires pour les organismes sociaux, de l’autre on dégage un peu de pouvoir d’achat et on favorise l’emploi industriel. Les deux clés de la croissance et de l’élection présidentielle.

Reste à financer une baisse de l’impôt sur les sociétés : en augmentant la CSG ? Pourquoi pas ?

 


L’EURO A DIX ANS

Euro pièce

Il est né en fait en 1999. Il est « virtuel » puisque réservé aux marchés financiers et aux comptes des entreprises. Une phase d’adaptation indispensable avant le lancement en grand pour devenir une monnaie « palpable ». Il est porté sur les fonds baptismaux par onze pays. Coté à 1,18 dollar à sa naissance, il a fondu à 0,82 dollar en 2000. Mais sous l’effet de la tutelle rigoriste de la BCE, il ne tardera pas à se revaloriser au point même d’être surévalué en atteignant 1,60 dollar en 2008. Il faut dire que la gouvernance de la « Fed » est totalement différente et le dollar fluctue au gré des intérêts américains.

Aujourd’hui ce sont dix-sept pays qui ont adopté la monnaie unique, d’autres attendent à la porte pour entrer dans le cercle, c’est donc que les avantages semblent l’emporter. Lituanie, Bulgarie, Pologne restent candidats. Même dans la tourmente, l’euro reste une valeur sure. C’est pourquoi les décisions prises par le dernier sommet européen pour installer un respect rigoureux des critères communs –ceux de Maastricht- ont toutes chances d’être entérinées et surtout appliquées. On verra alors la tempête s’éloigner et la confiance des marchés revenir.

C’est que l’euro est devenu une grande monnaie internationale, c’est la deuxième au monde pour les transactions, la deuxième monnaie de réserve en constante progression avec  près de 30%, la première pour la quantité de billets en circulation (610 milliards). La défiance actuelle ne porte pas sur la monnaie en elle-même, mais sur sa gouvernance politique.

La monnaie unique a été et reste un bouclier protecteur. Elle a permis plus d’échanges (6%) et empêché l’inflation (2% par an en moyenne). Elle a mis les pays qui l’ont adoptée à l’abri de la spéculation et offert une remarquable stabilité des prix. Grâce à l’euro, il y a eu davantage de concurrence entre les producteurs européens ce qui a fait baisser les prix du commerce dans la zone.

Il faut tordre le coup à une idée fausse couramment répandue, et démentie par toutes les statistiques et études sur le sujet, à savoir que l’euro est responsable de la vie chère et a fait monter les prix. J’entends couramment la comparaison sur le prix de la baguette de pain qui est aujourd’hui à 1 euro et aurait été à 1 franc il y a dix ans. C’est évidemment faux. D’abord, le prix moyen de la baquette est de 0,85 € actuellement à comparer avec le prix de 2001 qui était de …4,50F (référence Insee) soit 0,70€. Si on tient compte de l’inflation et des variations de cours du blé…. Cet exemple illustre bien le problème des Français qui focalisent sur quelques prix quotidiens comme le café ou le pain, avec des souvenirs imprécis (la baguette à 1F c’était en 1975, sous Giscard), ce qui n’exclue pas qu’il y ait eu ici ou là des « arrondis » vers le haut. L’euro n’a pas fait monter les prix. Ce qui est en cause, c’est la faiblesse de l’augmentation des salaires sur la période, et il faudrait incriminer alors les 35 Heures.

Mais l’euro a eu un point faible : la croissance. La rigueur de la BCE avec comme seul objectif la lutte contre l’inflation, n’a pas maintenu l’Europe à armes égales avec un dollar offensif par rapport auquel sur la période l’euro a été constamment surévalué, bridant l’activité sur le vieux continent et obligeant l’Allemagne a des réformes de structures drastiques pour garder son modèle de production et faire baisser le prix du travail. Les autres pays ont fait le choix de l’endettement pour maintenir leur train de vie. On sait ce qu’il en coûte aujourd’hui. La dévaluation qu’il connait actuellement, si elle renchérit le prix de nos importations de pétrole et de gaz, est plutôt bienvenue pour nos industries. Les efforts d’intégration des pays qui composent la zone contribueront à renforcer sa gouvernance politique.

Car on serait bien mal inspirés d’abandonner la monnaie unique. Les avantages de très court terme qu’on pourrait en tirer grâce à la dévaluation qui s’en suivrait, seraient loin de compenser les désagréments : une dette en croissance exponentielle, la ruine des épargnants, la forte hausse des taux d’intérêts, la faillite des banques par la réduction de l’exposition au Franc des établissements étrangers… Sans parler du coût lui-même de l’opération monétaire. Une perte de richesse évaluée à 20-25% du PIB la première année, 6 à 20% sur dix ans, soit des centaines de milliers d’emplois supprimés, sans parler de l’instauration de droits de douane par nos concurrents, jamais pris en compte dans les études.

L’euro a un bel avenir. Il suffit de couper court à la crise en allant à marche forcée vers la coordination économique et en activant une politique de croissance. D’ailleurs aucun gouvernement européen ne songe à quitter le bateau.

Mais le temps presse, car le vrai danger, c’est le mécontentement des peuples obligés de quitter le confort des politiques d’endettement menées à l’abri de la monnaie commune, et poussés dans la rue par les « populistes nationalistes ou gauchistes» qui exploitent la situation.

 


SORTIR DE l’EURO : UNE CATASTROPHE

 

Revendiquée par le Front national, la sortie volontaire de l'euro provoquerait la destruction de 6 à 19 points de la richesse nationale à un horizon de dix ans et la destruction de plus de 1 million d'emplois, estime l'Institut Montaigne sur la base des modèles économétriques de Bercy.

C'est le rêve de Marine Le Pen. La sortie de l'euro, qui n'avait jamais été sérieusement envisagée avant l'effondrement de la Grèce et la difficulté de l'Europe à y répondre rapidement, a intégré le champ des possibles bien que les engagements qui viennent d'être pris par les pays européens - à l'exception du Royaume-Uni -pour créer une union budgétaire ait éloigné cette perspective. Elle est souhaitée par plus du tiers des Français, si l'on en croit un sondage publié la semaine dernière par Ipsos.

« Les rafistolages et plans de renflouement successifs pour sauver l'euro ne permettront pas de résoudre la crise. Sans sortie de l'euro, ça va être le chaos économique et social », ne cesse de clamer la présidente du Front national. C’est le remède qu’elle préconise pour relancer la France. Mais Marine Le Pen est à l’économie ce que Diafoirus est à la médecine.

Le retour au franc apporterait certainement bien pire. Il impliquerait des conséquences a priori désastreuses pour les ménages et les entreprises, en termes de croissance, d'emploi et de pouvoir d'achat. L'institut Montaigne a tenté d'en mesurer l'ampleur. Décidé à expertiser les principales mesures défendues par les candidats à la présidentielle 2012, en partenariat avec les « Echos », il s'est penché sur la proposition concrète du Front national, à savoir le retrait de la France de la zone euro. Il entraînerait la destruction de 6 à 19 % de la richesse nationale à un horizon de dix ans, estime cet Institut . Concrètement, la France s'appauvrirait donc de 9.000 euros par salarié. Plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de milliers d'emplois seraient supprimés dès la première année. A long terme, il faudrait même s'attendre à la destruction de plus de 1 million de postes, évaluation approximative qui s’appuie sur des modèles économétriques qui la sous-estime très probablement (sa fiabilité est d'ailleurs estimée à 1 sur 5).

Dévaluation et dette plus lourde

Les chiffrages de l’Institut Montaigne ne tiennent pas compte des changements de comportement des investisseurs - qui seraient tentés de transférer leurs capitaux à l'étranger, des autres pays qui imposeraient des quotas sur les produits français et augmenteraient les droits de douane et des marchés financiers qui couperaient les crédits. La zone euro, elle-même, ne survivrait certainement pas au retrait de la France, ce qui aurait des effets encore plus désastreux. L'agriculture française, notamment, serait alors malmenée par celle de l'Espagne et de l'Italie, plus compétitive. Si l'Institut Montaigne encourt un risque, c'est donc davantage celui de l'optimisme excessif que du catastrophisme, estime-t-il. L'estimation se concentre en fait sur les événements majeurs qui ne manqueraient pas d'arriver en cas de retour volontaire au franc.

Le FN l'évoque d’ailleurs dans son programme : la sortie de l'euro s'accompagnerait d'une dévaluation de 20 % de la nouvelle monnaie. A court terme, les produits français bénéficieraient d'un important avantage en terme de compétitivité, la dépréciation de la monnaie les rendant beaucoup moins chers que les produits importés. Les exportations seraient plus dynamiques. Mais les ménages, qui consomment beaucoup de produits importés, perdraient en pouvoir d'achat : i-Phone, jouets et voitures étrangères deviendraient 20 % plus chers. Cette dévaluation serait surtout sévèrement sanctionnée par les marchés, qui exigeraient une forte hausse des taux d'intérêts. La dette passerait mécaniquement de 82 à 103 points de PIB avec la dévaluation de la monnaie et deviendrait alors extrêmement lourde à financer.

La France sur la pente de la Grèce.

Dans un premier temps, la France se trouverait rapidement dans la situation de l'Italie aujourd'hui (118 % de dette), qui doit faire face à des taux d'intérêt bien plus élevés (entre 6  % et 7 %) que les nôtres actuellement (3%). Encore est-il supposé que Paris parviendrait à refinancer l'ensemble de sa dette (400 milliards la première année), ce qui est loin d'être acquis. Pour supporter un tel fardeau, le pays serait contraint de réduire ses dépenses (prestations sociales, salaire des fonctionnaires, etc.) ou d'augmenter les impôts. Les Français seraient alors incités à moins dépenser, alimentant le cercle infernal récession> chômage>moindre consommation. La dégradation de la situation économique conduirait à un emballement de la dette, des taux pour la  financer… le calvaire suivi par la Grèce avec son cortège de tensions sociales, d’augmentation massive du chômage, de ruine des épargnants.

Hollande et les agences : même combat

En attendant, les menaces qui pèsent sur la France sont suffisamment inquiétantes pour inspirer à nos politiques un peu de sens des responsabilités. La déclaration du Directeur de la Banque de France qui s’interroge sur l’objectivité des agences de notation, dès lors que le Royaume-Uni, par exemple a des « fondamentaux » moins bons que ceux de notre pays, une dégradation de la note de la seule France apparaîtrait comme une volonté de nuire très ciblée. Mais dans ce contexte, où le « doute » sur la fiabilité et la « visibilité sur l’avenir » sont des constantes d’évaluation pour les prêteurs, François Hollande ne peut s’exonérer de sa responsabilité, par ses déclarations sur la renégociation et la réitération de promesses coûteuses et intenables. Ce serait certes un échec pour le Président de la République. Ceux qui s’en réjouiraient pourraient bien se mordre les doigts.

 


DANS LES DOSSIERS DE TRYPHON

 

OGM : CROYANCES ET REALITES

Maïs M

65% des Français se déclarent inquiets des OGM : beau résultat en vérité de la tyrannie des médias et de la dictature intellectuelle des écologistes qui ont réussi à nous faire prendre des vessies pour des lanternes et qui ont sciemment mélangé le combat –qui peut avoir sa raison d’être- contre la firme Monsanto et les progrès scientifiques apportés par la « transgénèse ». Dans ce débat, la parole des scientifiques compétents a été complètement occultée : nous sommes placés devant un cas avéré d’intoxication idéologique de la classe politique qui n’existe qu’en France.  Il est peut-être justifié de continuer d’interdire le maïs Monsanto pour des raisons électorales, mais certainement pas pour des raisons scientifiques.

Démêlons le vrai du faux.

-       Les pesticides peuvent se transmettre par la chaine alimentaire : VRAI

C’est le cas des pesticides synthétisés chimiquement, qui sont des polluants organiques persistants (POP). Ce sont les produits épandus sur les plantes qui peuvent se retrouver  dans les nappes phréatiques par ruissellement, et évidemment dans la chaine alimentaire par accumulation dans les tissus des organismes (bioaccumulation). Une des raisons d’être des plantes transgéniques est justement de diminuer l’usage des pesticides chimiques persistants les plus toxiques pour les animaux, l’homme et l’environnement.

-       Les OGM sont des plantes pesticides : FAUX

Ce n’est pas parce qu’une plante génétiquement modifiée contient un gène qui la rend tolérante à un herbicide ou secrétant un insecticide qu’elle se comporte comme une plante traitée chimiquement. Prenons l’exemple du maïs Monsanto 810 : il produit une protéine appelée Cry, issue de Bacillus thuringeniensis et utilisée depuis 60 ans en agriculture biologique. Cette protéine est bien un insecticide, mais de façon ciblée. Elle n’est toxique que pour les chenilles de certains papillons qui attaquent le maïs. A la différence des insecticides chimiques de synthèse, elle n’est pas toxique pour les autres organismes. De plus cette protéine est une molécule organique naturelle qui, étant biosynthétisée, est biodégradée par les protéases, omniprésents dans tous les organismes et les microorganismes. Cette protéine ne s’accumule donc ni dans les animaux, ni dans l’environnement.

-       Les gènes mutés des OGM se transmettent à d’autres espèces : FAUX

Impossible ! Quand nous mangeons, nous ingérons des milliards de gènes. Ils sont digérés, ils ne se transfèrent pas tels quels dans notre organisme. Dans le tube digestif des animaux et de l’Homme, les protéines transgéniques, comme les autres protéines alimentaires, sont démontées par les protéases en briques élémentaires appelées acides aminés qui sont absorbés pour refaire les protéines de l’individu. Elles ne sont donc pas transmises dans la chaine alimentaire. Ce qui explique que toutes les études menées n’ont pas permis d’en retrouver. Quand Greenpeace veut faire labelliser OGM des bêtes qui consomment des OGM, c’est parfaitement ridicule. Il suffit d’analyser la viande et le lait pour s’apercevoir qu’il est impossible d’y retrouver des gènes modifiés.

-       L’agriculture utilise des plantes mutées depuis 10 000 ans : VRAI

Il y a de nombreuses manières d’obtenir de nouvelles semences, que ce soit par la technique dite de croisement ou par mutation induite par des rayons, et on n’est jamais à l’abri d’une mutation dangereuse. En 1995, les Suédois ont sorti une pomme de terre qui a été retirée du marché après des cas d’intoxication grave : sa teneur en alcaloïdes toxiques était très forte. L’Egypte a commencé à tester du blé tolérant mieux le manque d’eau, mais ils ont obtenu la variété presque par hasard. Et s’il y a bien une plante qui a été génétiquement modifiée depuis le moyen âge, c’est bien le blé : taille de la tige, nombre de grain dans l’épi, dur ou tendre… L’Homme a cherché à adapter les plantes depuis qu’il pratique l’agriculture. On cherche aussi des résistances  aux herbicides par des méthodes de croisement classiques, mais elles sont moins ciblées, c’est tout. On touche là à des phénomènes communs à tous les êtres vivants.

-       Les cultures OGM en plein champ peuvent contaminer les cultures proches : VRAI ET FAUX

Le terme même de « contamination » émet l’idée de contact impur, de maladie, de souillure. Il vaut mieux parler de dissémination. C’est grâce aux recherches sur les OGM qu’on sait la mesurer. D’abord, un pollen ne peut féconder qu’une espèce biologiquement très proche. Un grain de pollen de maïs ne vit que deux heures : même s’il est emporté par le vent en haute altitude et retombe beaucoup plus loin ; il sera inactif. Cela fait 50 ans que l’on cultive du maïs et ils ne se sont jamais resemés. Et même si un pourcentage d’une récolte est fécondé par un pollen OGM, cela ne concernera que la récolte en cours. Le risque est donc très limité.

-       Les OGM seront indispensables si on veut nourrir 9 milliards d’hommes : VRAI

De même que la thérapiegénie ouvre la porte à la guérison de certaines maladies, la transgénèse est la méthode la plus fiable, la plus sure, la plus rapide, parce qu’on sait exactement ce qu’on change dans la variété. Depuis que l’homme cultive les plantes, il sélectionne, mais ce n’est que depuis 50 ans que nous disposons de variétés stables. La durée de vie moyenne d’une variété est de trois à sept ans, parce que notamment les ravageurs évoluent en continu. Donc il faut s’adapter en continu. Ainsi, on commence à constater aux Etats-Unis, que le maïs Monsanto 810 est de nouveau attaquer, ce qui voudrait dire que son parasite n’est plus tué par la protéine. Mais on ne peut pas tout faire avec les OGM. Souvent les paramètres à maitriser jouent sur des milliers de gènes… Aucune semence n’est mieux contrôlée qu’un OGM mis sur le marché, par la Commission de Génie biomoléculaire (CGB)  et par l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments).

-       Le confinement des recherches en laboratoire tue la recherche française : VRAI

En France nous avons la chance d’avoir un grainetier expert en la matière Vilmorin qui par sa firme Limagrain est à la pointe de la recherche. Mais elle a été obligée de délocaliser à l’étranger ses expérimentations. De même, nous avons avec l’INRA, un centre de recherche public dont l’éthique est garantie. Les actions « terroristes » menées par José Bové et les écologistes les affaiblissent et, in fine, font le jeu de Monsanto qui n’en demande pas tant et qui ne s’embarrasse pas de scrupules.  

 

 


L’IMPASSE DE LA DETTE

 

La crise des dettes souveraines des états de l’Union européenne n’en finit pas, faute de visibilité politique. L’Allemagne campe sur sa position tant en ce qui concerne le respect des règles du traité que sur le rôle de la BCE qui reste amputé de son volet stratégique. Angela Merkel a raison, mais avec un métro de retard. C’est hier qu’il fallait taper du poing sur la table pour exiger le respect des bornes fixées par le traité de Maastricht : maximum de 60% du PIB et 3% d’impasse annuelle. Faute de l’avoir fait, au moment où l’Allemagne elle-même n’était pas dans les clous –mais elle n’était pas Chancelière- la dérive des états du sud, dont la France fait partie, s’est accentuée avec un modèle de croissance fondé sur la consommation tirée par les dépenses sociales financées … à crédit.

La seule rigueur budgétaire, si elle est nécessaire, ne sera pas suffisante pour nous sortir d’affaire. Nous et les autres états européens, Allemagne comprise. En effet, faute de croissance, la récession fera plonger nos investissements et notre consommation, et comme tout se tient, l’économie de nos voisins s’en ressentira nécessairement. Les signes de ralentissement sont perceptibles aussi en Allemagne, ce qui n’est pas bon signe, d’autant plus que les Etats-Unis semblent confrontés à la même difficulté, ainsi que la Chine. Pourtant, notre désendettement est nécessaire. Car, si le monde extérieur perd confiance en notre crédibilité budgétaire, il nous le fera payer cher : c'est tout l'enjeu de notre notation. Mais ce désendettement doit intervenir dans la durée et suppose un minimum de croissance de notre économie pour en absorber les chocs.

Alors, sommes-nous devant une contradiction insurmontable ? Non, mais le sentier est étroit. Au niveau national, la discipline sera de règle. Nous n'aurons d'autre choix que d'économiser, innover, produire mieux et davantage

Attendre la relance de l’économie mondiale, qui ne manquera pas de survenir, n’est pas satisfaisant. Nous pourrions mourir guéris. Un sursaut européen est nécessaire, à travers une vigoureuse relance dans l’Euroland par les investissements sur des programmes publics communs, type « grands travaux » d’infrastructure ou sur des branches industrielles d’avenir comme les biocarburants issus des micro-algues… avec une coordination accrue des politiques budgétaires, une action de soutien à la consommation des pays excédentaires, une politique monétaire tolérant une légère inflation et des directives qui ne créent pas des distorsions de concurrence au détriment de nos propres entreprises. Faute de quoi, le projet européen sera gravement menacé.

Qui financera ? C’est là que la BCE, qui en a les moyens, pourrait jouer un rôle stratégique au service de tous.

En attendant, les foyers français ont le moral en berne et le climat électoral ajoute au stress. Les récents démêlés entre le PS et les écologistes ne sont pas faits pour les rassurer. L’agence Fitch a beau prétendre que le triple A français n’est pas en danger, tout le monde a bien compris qu’il dépendra de ce que sera la croissance en 2012. Et pour l’instant elle s’annonce plutôt terne. La crainte du chômage redevient la préoccupation dominante, alimentée par quelques plans de licenciements de grandes entreprises très médiatisés, et elle risque d’alimenter le cercle vicieux qui conduit à la récession.

Dans ce contexte, les marges de manœuvre immédiate du gouvernement sont quasi nulles. Il ne peut faire que le gros dos en priant le ciel… qu’il ne lui tombe pas sur la tête. Il n’y a que les socialistes pour faire croire qu’on pourrait faire autrement, avec de l’argent qu’on n’a pas. Si, j’oubliais, il suffit de prendre aux riches. A condition de pouvoir. Et même si c’était faisable, ça ne suffirait pas. Loin s’en faut, sauf à croire au Père Noël !

Par contre, on peut exiger que les banques jouent leur rôle financier pour développer l’économie réelle !

Nous sommes entrés dans  «l’économie du désendettement », et nous n’en sommes qu’au début.

 


VERBATIM

 Sarko FIS

"Les industriels paient leur énergie 40% moins cher que les autres pays européens grâce à cette filière industrielle nucléaire.

Toutes les familles politiques françaises ont porté cet effort national sans précédent qui a permis à la France d'être au premier rang, et je ne laisserai pas brader cet avantage pour la France. Ce serait irresponsable et ça apporterait des conséquences pour nos industries. Imaginez, vous industriels, la fin du nucléaire et vous devrez payer l'énergie dont vos industries ont besoin 40% plus cher. Aucun d'entre vous ne pourra s'en remettre.

Ce n'est pas de la politique, ce n'est pas la gauche, ce n'est pas la droite, ce n'est pas l'opposition, ce n'est pas la majorité, c'est la France."

                                                              Nicolas SARKOZY,

17/11/2011, 3ème anniversaire du Fonds stratégique d'Investissements

 


L’EURO VAUT BIEN UNE BATAILLE

 Euro

Malmenée par la crise des dettes d’Etat et critiquée par les souverainistes, la monnaie unique mérite qu’on se batte pour l’empêcher de sombrer.

Avons-nous vraiment intérêt à garder l’euro ?

Répondre par l’évidence n’est pas satisfaisant. Et même si nous nous sommes habitués à voyager en Europe en appréciant la commodité de ne plus avoir de change, ce n’est pas suffisant pour justifier de son existence. Le fait qu’il n’existe aucun plaidoyer documenté pour argumenter ne rend pas la tâche facile.

Pourtant, il existe au moins trois raisons de garder notre monnaie européenne.

Les grandes puissances, qu’il s’agisse de l’Amérique ou de la Chine,  souhaitent son maintien parce que la devise européenne leur apparaît comme un pilier essentiel d’une Europe économique dont l’équilibre de la planète a besoin. A moyen terme, c’est même géostratégique : l’euro  empêchera que se constitue un dangereux face-à-face entre la Chine et les Etats-unis.

Malgré tout, depuis 12 ans, les résultats de l’Euro sont plutôt flatteurs. La monnaie unique a permis de contenir l’inflation, de développer l’emploi qui s’est accru de 15 millions de postes depuis 1999 (contre 5 millions dans la décennie précédente),  de faire progresser le PIB par tête de 12% (la même chose que les Etats-Unis), et la balance commerciale de la zone est équilibrée en dépit du déficit de certains pays. Bref, l’Euro  a consolidé le marché et évité que n’éclate une guerre des monnaies qui n’aurait pas manqué d’arriver en ces temps tourmentés.

Enfin, l’Euro est devenu une monnaie de réserve. Il représente 1/3 des réserves détenues par les banques centrales. C’est un grand marché concurrent du dollar qui a vu le jour, qui permet des effets d’échelle, apporte des liquidités à coût plus bas et donne du travail aux banquiers européens, ne serait-ce que par la mobilité interne de l’épargne…

L'impossible sortie.

Il faut évidemment ajouter que sortir de l’euro est quasiment impossible, hors de prix et cela conduirait à une déflagration bien pire que la crise actuelle. Une étude de chez Natixis estime à 10 000 euros par européen la première année, puis 3500 euros les années suivantes, le coût de l’éclatement de la zone euro. Avec un effet de domino instantané : désastre pour les banques, guerre des changes, taux d’intérêts et inflation élevés. En comparaison, l’abandon total de la dette grecque coûterait 1 000 euros par personne.

Une crise politique.

D’ailleurs, la crise que nous traversons n’est pas une crise de la monnaie. C’est une crise de la gouvernance de la monnaie. Faute d’avoir adopté la constitution qui donnait les outils de cette gouvernance, c’est le laxisme et les égoïsmes nationaux qui ont prévalu : trop d’états, à commencer par la France, n’ont pas respecté les critères de Maastricht sur l’endettement. Les pays ont stimulé la consommation pour maintenir leur croissance en creusant les déficits. Voilà pourquoi le retour à l’orthodoxie et des progrès de gouvernance sont absolument nécessaires. Il n’est pas utile, pour cela, d’utiliser les « grands mots » de fédéralisme ou d’intégration. Il suffit d’être pragmatique et de se doter des règles communes nécessaires (elles existent en grande partie) et des moyens de les faire respecter.

L’Euro reste notre destin. Le chemin de sortie de la crise est d’abord politique.

 


NUCLEAIRE : LE GRAND MENSONGE DES SOCIALISTES

 

Centrale-nucleaire-france

 

Le PS et les écologistes se sont mis d’accord sur un constat de désaccord. Passons outre ce tour de passe-passe politicien pour nous arrêter sur les positions défendues par le PS et sur lesquelles il n’a (soi-disant) pas transigé. L’important pour les deux parties étant avant tout de se mettre d’accord pour battre Sarkozy : le programme tient  dans cette volonté.  Donc le PS a « cédé » 25 centrales nucléaires contre des circonscriptions législatives allouées aux Verts. Marché de dupes ? C’est bien possible. Voilà pourquoi.

Un gouffre financier.

Ramener à 50 % la part du nucléaire en France nécessiterait un investissement supplémentaire de 60 milliards d'euros, selon les calculs de l'Union française de l'électricité, qui fédère les électriciens dont EDF. En conséquence, la facture des particuliers augmenterait de 50 % en vingt ans. Entre autre. Est-ce tenable d’ici 2030 ? Pour les entreprises, la pente s'annonce plus rude encore avec des augmentations de 41 % si la politique énergétique n'est pas modifiée, et de 65 % si la part du nucléaire est réduite à 50 %.

Le PS et les verts sont empêtrés dans leurs discours politiciens et perdent de vue l’essentiel. Dans le sillage de Fukushima et au moment où la France entre en campagne électorale la question nucléaire doit aller au-delà d'un bras de fer idéologique stérile pour occuper une place centrale dans le débat démocratique. S'il est légitime d'estimer que le risque que fait peser l'atome sur notre société est trop lourd, il est en effet primordial que les Français disposent de tous les éléments pour mesurer sereinement quelles seraient les conséquences qu'aurait pour notre pays un basculement vers un nouveau « mix-électrique ».

Le débat doit aborder trois questions.

La première est que le risque nucléaire ne s'accommode pas de demi-mesures. Si l'on pense qu'une catastrophe nucléaire est à la fois possible et absolument insupportable, il ne sert à rien de diminuer de 30 % ou de 50 %, ou même de 80 % la production d'électricité d'origine nucléaire, et on doit penser que seule l'interdiction totale est acceptable. Le risque nucléaire est défini par la probabilité très faible d'un dommage très grand. Les extrémistes qui ne se contentent pas d'une sortie partielle mais exigent une sortie totale ont la logique pour eux.

La deuxième est qu'il est absolument impossible de remplacer tout le nucléaire existant par l'éolien et le photovoltaïque. C'est pour partie une affaire d'économie. L'éolien en mer est subventionné à hauteur d'environ 10 centimes le kilowattheure, le solaire à hauteur de 30 centimes. Remplacer les 400 terawattheures de nucléaire (1 TWh égale 1 milliard de kilowattheures) par une quantité égale de renouvelable implique une subvention annuelle (vous avez bien lu : annuelle) de quelque 70 milliards d'euros, soit à peu près 3 points de PIB. Et encore, tous les kilowattheures ne se valent pas : l'éolien comme le photovoltaïque sont des sources d'énergie intermittentes qui ne fonctionnent que lorsqu'il y a du vent ou du soleil  et pas forcément au moment où on en a besoin.  Ils ne peuvent pas assurer plus du tiers de la production d'électricité. Ils doivent être assistés par des sources complémentaires sures, ce qui suppose des investissements supplémentaires.

La troisième, qui découle des deux autres, est que sortir du nucléaire implique un recours massif à l'électricité thermique à base de charbon, de fioul ou de gaz, comme va le faire l'Allemagne. Cela est parfaitement faisable. Mais cela revient à tripler les rejets de CO2 (et d'autres polluants) de l'électricité, et donc à tourner le dos à tous les engagements et à tous les discours de Kyoto et de Grenelle. Cela revient aussi à augmenter d'autant les importations de combustibles fossiles et à porter un mauvais coup à notre balance commerciale. Cela nous expose à la hausse du prix de ces carburants fossiles, que beaucoup nous annoncent très forte. Cela revient, enfin, à mettre une partie de notre destin entre les mains de M. Poutine, le grand contrôleur des vannes des gazoducs de Gazprom.

La perte de l’indépendance énergétique.

La vérité est que la France n’a pas les moyens financiers de sortir du nucléaire pour l’instant. La question est d’autant moins d’actualité que sortir du nucléaire (cela arrivera nécessairement) demandera beaucoup de temps et ne peut être envisagé que pour l’horizon 2050 et après. A la fois pour des raisons techniques et pour prendre en compte le temps de reconversion suffisant qui soit compatible avec notre économie. Et c’est aussi mettre une croix sur une filière d’excellence de notre industrie et les dizaines de milliers d’emplois qu’elle génère. Sans parler de l’avenir de l’EPR…

Si elle veut être positive, la France peut aussi profiter de l’avantage que lui procure le nucléaire pour investir parallèlement dans les énergies renouvelables, tel que cela a été prévu par le Grenelle de l’environnement.  Rien ne l’empêche d’avoir l'ambition de retrouver un avantage technologique et commercial en dépassant une nouvelle frontière énergétique. Ne serait-ce pas la meilleure façon de favoriser la transition ?

En attendant, les verts seront cocus. Ce n'est pas moi qui m'en plaindrai.

 


ARCHIBALD REMONTE SUR LE PONT

 

Mille milliards de mille millions de mille sabords ! Qu’est-ce qui nous a valu ce quinquennat de concentré de déluges de tonnerre de Brest ! Heureusement qu’on a un capitaine qui se bat et qui tient la barre dans ces tempêtes successives. Même la nature semble s’en mêler, accumulant les catastrophes naturelles à un rythme jamais vu.  Heureusement nous avons l’opposition  pour nous faire rêver… Tu parles Charles ! En France l’opposition ne s’oppose pas, elle dénigre, elle ment par omission, elle tempête-dans-un-verre-d’eau, elle « méthode-coué » ses contre-vérités populistes, elle « justice-à-gogo » à tout bout de champ. La toile toute faite du décor si elle prenait le pouvoir : un cauchemar.

Que penser du G20 ? Papandréou avec son histoire de referendum a mis l'Europe en position de faiblesse, et de ce fait, la France n'a pas réussi à atteindre tous les objectifs de sa présidence du G20. La crise de la zone euro a dominé la rencontre et les pays émergents sont restés sur la réserve. Le 1er Ministre grec aurait-il voulu rendre service à ses copains socialistes français pour empêcher Sarkozy d’en tirer trop de profit ? Sabotage ? On peut se le demander. Les grecs veulent le beurre et l’argent du beurre au risque de lasser les pays de l’Euroland où ils sont entrés par « effraction » (merci Baroin). A cela il faut ajouter le maillon faible italien, le « cavaliere-sauteur » n’a plus aucune crédibilité. On ne pourra donc pas se plaindre de la solidité du couple franco-allemand qui a permis de sauver les meubles.

Au débit : la prudence des pays émergents qui ont choisi d’attendre pour voir, avant de s’engager dans une aide à l’Europe, Chine en tête. Le renforcement du FMI est remis au début de l’année prochaine faute d’accord sur la méthode. Pas d’avancée non plus sur la politique de change de Pékin, sauf de vagues promesses d’évolution. La taxe sur les transactions financières ne faisant pas l’unanimité, elle est seulement évoquée .

Mais il y a quand même des avancées significatives : d’abord sur la relance économique sur mesure selon les pays, ce qui est gage de souplesse : les pays dont les finances publiques restent « solides » se sont engagés à prendre des mesures pour soutenir la demande intérieure. Une autre avancée : le volet social apparaît pour la première fois et concrètement : un groupe de travail du G20 sera mis en place avec pour priorité l'emploi des jeunes. Des progrès plus décisifs ont été obtenus sur la régulation financière avec la publication d’une liste de 29 banques systémiques à supervision renforcée et une liste de 11 pays dits « paradis fiscaux »…

Demi-échec diront les pisse-vinaigre, demi-succès diront les réalistes.

A cette occasion notre candidat "Gauche molle" dit « Ch’mol » a trouvé le moyen de se ridiculiser, campé dans le dénigrement antisarkozyste qui lui colle à la peau comme un morpion sur les roustons d’un sans-culotte. Ne pouvant être qu’un « commentateur » extérieur, il ne pouvait se faire valoir qu’en étant désagréable. Il y aurait pourtant une autre manière de faire, celle d’avoir l’élégance de reconnaître le travail accompli au service de la France, même quand il est le fait d’un adversaire. J’ai dit « élégance » ? Où ai-je la tête, il y a longtemps que les leaders du PS ont perdu de vue ce mot qui ne fait pas partie de leur culture !

                                                                               Votre Archibald

 


LA SEMAINE SELON SAVINIEN

 

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Lundi : Jean-Paul Huchon, le Président socialiste de la Région Ile-de-France, a confondu vitesse et précipitation : il s’est fait flasher à 171 km/h au lieu de 130. Permis retiré. C’est la deuxième fois. Récidiviste ! Pourtant les socialistes sont censés donner l’exemple. / - Hervé Gaino, le conseiller du Président était en Corrèze pour porter la « bonne » parole. Un département « exemplaire » sous tutelle de l’Etat à cause de sa dette. C’est qui déjà le président de son Conseil Général ? / - Villepin de plus en plus seul : le député Daniel Guarrigue vient de se rallier à la candidature de… François Bayrou. Pas un bon choix non plus !

Mardi : Arnaud Montebourg annonce qu’il va lancer son mouvement politique : « Nouvelle France » ou comment faire du « neuf » pour l’avenir avec les vieilles lunes marxistes du XIXème siècle. / - Morano a crié à Dati : « ça suffit ! » : en rappelant que l’enfant terrible de l’UMP avait été servie sur un plateau en « or massif ». S’il y en a une qui ne doit pas se plaindre, en effet, c’est bien elle. / - Le parlement a donné le feu vert aux garanties de Dexia pour le démantèlement de la banque franco-belge.

Mercredi : Bataille pour le perchoir en perspective, enfin, si la gauche passe (y’en a qui vendent la peau Sarko…) : le secrétaire du PS de la Rochelle pose sa candidature et contre Ségolène Royal qui a annoncé son intention de se présenter aux législatives dans le port charentais. On va encore bien se marrer ! / - « Les Guérini ont mis en place un système mafieux » : c’est Arnaud Muselier qui l’affirme dans un livre qu’il vient d’écrire. / - Laurent Wauquiez veut réserver les logements sociaux à ceux qui travaillent. L’occasion de redire qu’on n’en a jamais construit autant que cette année (130 000, contre 40 à 50 000/an sous Jospinou). Une vérité que le PS n’aime pas entendre. / - Bayrou déclare, à propos du sommet européen : « Il ne s’agit pas d’aider la Grèce, mais la France ». Justement, il faut aider la Grèce pour éviter l’éclatement de l’Union Européenne, donc c’est aider la France. CQFD.

Jeudi : accord européen : ouf ! Le tandem Merkel -Sarkozy a réussi la « synthèse ». / - Nicolas Sarkozy à la télé : agir au rythme de l’actualité et les pistes pour l’avenir : croissance revue, budget corrigé, poids lourd franco-allemand, objectif 2016, et la martingale de la réussite : moins d’assistanat, plus d’investissements d’avenir./- Aubry : « l’accord européen n’est pas à la mesure de la gravité de la crise ». Mais qu’aurait-elle donc fait ? Décider toute seule ? La critique est facile. / - Marine le Pen : « Nicolas Sarkozy est l’avocat fatigué d’une monnaie à l’agonie » et elle c’est la « madone rabâcheuse d’arguments éculés ».

Vendredi : Grève à Air France, en pleines vacances, histoire d’emmerder les gens un peu plus. Ils le font exprès, ne cherchez pas. / - « Ch’mol »  au JT de France 2 tente de répondre à Sarkozy. Ses arguments n’arrivent pas à la cheville du Président. Mais c’est sûr qu’il n’aime pas qu’on mette les socialistes devant leurs responsabilités sur les retraites et les 35 heures. Il tente vainement de minimiser la dépense de ses 60 000 postes de prof en plus. Ce qu’il y a de terrible avec les socialistes, c’est leur malhonnêteté intellectuelle qui consiste à faire comme si le président avait gouverné sans avoir eu à subir la moindre crise. / - François Fillon a « déclassifié » les documents Karachi –comme il s’y était engagé-. Que la justice fasse son boulot.

Samedi : On aura tout vu, voilà que les « catho » intégristes manifestent à leur tour. Au nom de la France chrétienne. Bon, alors là, y’a du boulot ! / - Grave débat : combien coûtent 60 000 enseignants. 2,5 milliards sur 5 ans disent les socialistes, qui sortent aussitôt des gros mots. 7,5 milliard rétorque le Ministre de l’Education. Et il a raison : 12 500 enseignants par an supplémentaires c’est 500 millions, mais qui se cumulent : 500 millions (N) + 1 milliard (N2) + 1,5 milliard (N3) + 2 milliards (N4) + 2,5 milliards (N5) = 7,5 milliards en cumulé sur 5 ans. Conclusion : « Ch’mol est un menteur et c’est Lang qui est fâché avec le calcul (mais ça on le savait déjà !)

Dimanche : Le PS joue le réflexe « nationaliste » au sujet de la participation de la Chine au fonds de soutien européen. Curieux ! Giscard, lui, y voit une preuve de l’intérêt pour l’Euro. Question d’ouverture d’esprit, sûrement. /

 


UN CAPITAINE GRAVE ET SERIEUX

 

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De la cohérence et du sens : voilà ce qui ressort de l’entretien du Président de la République à la télévision, suivi par près de douze millions de Français. On n’empêchera pas les responsables du parti socialiste de commenter sur le mode ironique. Mais présenter Nicolas Sarkozy comme un incapable, qui est leur passe-temps favori, ne colle pas avec la réalité que le pays a pu constater après le Conseil européen de Bruxelles. Ce sont bien les idées françaises qui ont prévalu au renforcement du fonds de soutien et à l’abandon de la moitié de la dette privée grecque, et le tandem franco-allemand a, encore une fois, bien fonctionné. Aussi, laissons-les à leurs slogans creux, à leurs effets de paroles de procureurs débutants, à leurs leçons obsolètes.

De la cohérence pour expliquer pourquoi on en est arrivé là : la dette ne date pas d’hier, et à défaut des médias, l’histoire retiendra que les décisions emblématiques prises par les socialistes, la retraite à 60 ans et les 35 heures ont pesé lourd dans l’affaiblissement de notre industrie. Et puis, comment peut-on faire semblant d’ignorer que son mandat essuie crise sur crise venue de l’extérieur. Alors c’est sûr, la dette a augmenté. Ils auraient fait quoi, la gauche ? Probablement pire avec des dépenses inutiles de relances de la consommation. Malgré tout le pouvoir d’achat a-t-il été maintenu ? Oui, il a même continué à faiblement progresser au plus fort de la crise financière. Le pacte social a-t-il été préservé ? Oui, à l’évidence, malgré la chute vertigineuse des recettes au plus fort de la récession. Le cap choisi a-t-il été le bon ? Oui, puisque nous avons connu la récession la plus faible des pays développés. Nous avons un Président qui tient la maison et sa place sur la scène internationale.

Du sens : Nicolas Sarkozy a fait preuve de pédagogie pour montrer que nous avons besoin de l’Europe, que l’Euro est une conquête qu’il faut défendre. L’euro n’est pas en crise, c’est la deuxième monnaie du monde, et elle est forte, trop forte même. Ce qu’il faut, c’est en améliorer la gouvernance monétaire, et il faut que la gouvernance économique progresse.  Nous devons prendre conscience que l’Europe a un PIB trois fois supérieur à celui de la chine et que sa monnaie sera une des trois mondiales avec le Yuan et le dollar dans vingt ans. L’axe franco-allemand est primordial par son poids politique et économique. C’est vrai, en écoutant la France plus tôt, l’Allemagne aurait permis d’avancer plus vite et à meilleur compte sur le problème de la dette grecque. Mais l’Europe est ainsi faite qu’on ne décide pas seul, ce que semblent ignorer nos gens de gauche. Relativisons aussi, la Grèce, c’est peanuts dans le PIB de l’Europe. La marche vers plus d’intégration est nécessaire et se fera. Si on avait voté la constitution, on n’en serait d’ailleurs pas là. C’est pourquoi les leçons de M. Fabius sont plutôt mal venues. Voilà un socialiste qui s’est toujours trompé : sa dernière erreur, c’est d’être allé dans le camp de Martine Aubry, la perdante.

Mais Nicolas Sarkozy s’est présenté aussi en capitaine soucieux de ménager les Français modestes et les classes moyennes. La croissance économique ne se décrète pas et la consommation n’est qu’un moteur auxiliaire, mais qu’il faut ménager en période de vaches maigres. L’économie est mondiale, la nôtre est beaucoup plus imbriquée qu’on ne le croit dans le processus, en fragmentation des process industriels, approvisionnement en produits semi-finis et composants. Ceux qui parlent de protectionnisme feraient bien d’être prudents. Les temps nous imposent deux contraintes qui sont valables pour tous : revenir à l’équilibre de nos finances publiques, ce qui suppose des économies dans les dépenses, et c’est le seul moyen de parvenir au seuil qui permettra de commencer le désendettement ; retrouver le chemin de la croissance en redonnant de la compétitivité à nos entreprises, ce qui suppose des transferts d’impôts. Les marges de manœuvre sont minces, et le Président a raison de ne céder ni au laxisme ne à l’excès de rigueur. Sachant qu’au moindre faux pas, les marchés financiers nous ferons payer au prix fort : un point de taux d’intérêt c’est 15 milliards d’euros.

A qui faire confiance ?  Au capitaine qui tient le cap. Mais faudra-t-il attacher les Français au mât pour qu’ils ne cèdent pas au chant des sirènes socialistes ????

 


LA TVA A 5,5% DANS LA RESTAURATION

LA TVA A 5,5% DANS LA RESTAURATION EST UN CADEAU FISCAL.

FAUX !

Alors que l’heure est aux économies et que sont particulièrement visées les niches fiscales, des voix s’élèvent en faveur de la remise en cause de la baisse de la TVA à 5.5% dans la restauration. Comme déjà l’an dernier, un discours simpliste et de mauvaise foi résume l’affaire : cadeau de 3 milliards aux restaurateurs, les consommateurs n’ont pas vu la baisse, 50% des restaurateurs n’ont pas joué le jeu …. Les chiffres de l’INSEE permettent de porter un éclairage objectif avec une triple perspective : les prix, l’emploi et les mesures sociales et le rapport du sénateur Michel Houel, adopté par la commission de l'Économie du Sénat, en dresse un bilan positif.

Deux ans après la mise en œuvre de ce dispositif, le Gouvernement est au rendez-vous des objectifs exigeants qui avaient été fixés...

 Lire la suite ci-joint dans le dossier  "CES CONTRE-VERITES QUI ONT LA VIE DURE"

 


ENTRE DEUX SOMMETS

 

 Euro

Espérons que ce qui sortira du prochain sommet mercredi prochain sera à la hauteur (si j’ose dire) du travail laborieux entrepris depuis presque deux mois pour faire converger les points de vue vers les solutions durables qui s’imposent et que les européens attendent.  On ne pourra pas dire, sauf à être de mauvaise foi, que Nicolas Sarkozy, une fois de plus n’a pas mouillé la chemise.

Les enjeux sont énormes. C’est l’avenir de la construction européenne ni plus, ni moins, qui  est posé sur la table. Il semble que l’on aille vers un accord global. Des signes encourageants ont été donnés hier au cours de la conférence de presse du Président et d’Angela Merkel. Les tensions perceptibles entre les deux dirigeants n'occultent cependant pas une réalité essentielle : si le couple franco-allemand lâche le gouvernail, c'est toute la zone euro qui chavire.

Les divergences sont réelles entre l’Allemagne que sa situation économique rend forte et lui permet d’exiger une véritable convergence budgétaire et la France fragilisée par sa propre situation de finances publiques. Un accord n'est pas non plus encore trouvé sur les moyens de circonscrire  l'incendie notamment en renforçant la force de frappe du FESF. Les points positifs tiennent dans le rapprochement des points de vue sur la recapitalisation des banques (108 milliards d'euros) et l'effacement d'une nouvelle partie de la dette grecque (plus de 50 %). Paris et Berlin sont enfin sur la même ligne pour presser Silvio Berlusconi d'agir, quitte à... renoncer au pouvoir.

Rassurer le monde entier à la veille du G20 est une nécessité. Les USA et le Japon n’attendent qu’un signe de faiblesse pour faire porter le chapeau de la crise à la confusion européenne, alors que ce sont les anglo-saxons qui sont à la manœuvre sur les marchés pour spéculer sur les dettes.

Le dosage de l’aide à la Grèce est au coeur des négociations. La Grèce vient de recevoir sa tranche de 8 milliards d’euros pour ne pas se retrouver en défaut de paiement. Le dosage de l’aide à Papandréou passe, on le sait maintenant, par un abandon de 50% voire plus de ses créances. Voilà un pays qui ne pourra pas dire que l’Europe est ingrate. !

Réinjecter 100 milliards dans les banques. Le principe est acquis, c’est un autre compromis : anticiper pour ne pas subir. Cet effort se justifie notamment par la décision d’abandonner 50% de la dette grecque. Une opération à mener en prenant garde de ne pas couper l’accès au crédit aux particuliers et aux entreprises. En principe, l’argent public ne sera pas sollicité sauf à travers les Etats et le FESF.

Renforcer le FESF est rendu nécessaire par le défaut partiel grec et la situation d’autres pays. Il risque d’être très sollicité. Sa capacité de 440 milliards d’euros ne suffirait pas s’il fallait secourir l’Espagne ou l’Italie. Le transformer en banque qui se financerait auprès de la BCE permettrait un effet de levier intéressant, mais les traités ne le permettent pas et l’Allemagne est contre. Alors, faudra-t-il le porter à mille milliards ? Pourquoi pas ? C’est de l’argent virtuel, après tout… tant qu’il n’est pas sollicité.

Qui pilotera la gouvernance de la zone euro ? Enfin, les 17 de la zone euro se sont mis d’accord pour que le Président de l’Union soit aussi le pilote de la gouvernance de la zone. Une bonne manière d’assurer la coordination avec les dix autres pays. Mais le principal écueil, le vote à l’unanimité restera une difficulté si l’on veut aller vite. Comment passer à la règle de la majorité : impossible sans réformer les traités et donc un accord … unanime des 27…

Mais l’Europe continue d’avancer quand même par la coordination budgétaire des états. Il reste des efforts importants à consentir pour réaliser une convergence économique et fiscale, passage obligé pour arriver à une mutualisation de la dette et peut-être les « eurobonds ».

  


LA CRISE GRECQUE POUR LES NULS

 

Grèce Athènes

La Grèce a été la première à plonger dans la crise de la dette souveraine.

Les dirigeants de la zone euro ont approuvé le 21 juillet, un nouveau plan d'aide à Athènes de 109 milliards d'euros, assorti d'une participation des banques et assureurs européens sous la forme d'un échange de dette. Mais dès ce mois-ci, ce plan semble remis en cause, le ralentissement économique le rendant insuffisant. Le 5 octobre, en effet, l'office des statistiques grec a révisé en baisse la comptabilité nationale : le pays serait en fait en récession depuis 2008.

Un cercle vicieux aux conséquences néfastes.

- un secteur public hypertrophié : La Grèce a été la première à plonger dans la crise de la dette souveraine. Une hausse annuelle moyenne du PIB de 4,2 % entre 2000 et 2007 a permis de faire oublier ses déficits structurels. Le modèle social adopté par Athènes a été fondé sur des dépenses publiques généreuses et le maintien d'un secteur public surdimensionné. Celui-ci représente environ 40 % du PIB du pays qui compte quelque 800.000 fonctionnaires civils sur une population active de 5 millions de personnes. Depuis 1993, le ratio de la dette publique rapportée au PIB a systématiquement dépassé les 100 %.

- une économie "parasitée" : Les années fastes  jusqu'en 2007, n'ont pas conduit à résorber la dette publique et, surtout, n'ont pas empêché que l'économie souterraine continue de prospérer, notamment dans les services et le tourisme, avec la fraude fiscale comme conséquence. Un fléau endémique qui se traduit par un manque à gagner « de 10 à 15 milliards d'euros par an » pour l'Etat, selon le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou. On estime par ailleurs, entre 20 % et 30 % du PIB du pays le poids de l'économie « grise » et la corruption qui va avec : un phénomène profondément ancré dans l'activité économique grecque. La crise économique globale s’est traduite en 2009 par des revers soudains dans le tourisme et le transport maritime, deux secteurs d'activité essentiels. Pourtant, le gouvernement conservateur de l'époque n'a pas fait sienne l'exigence d'une plus grande discipline budgétaire. Il a préféré maquiller les comptes publics, comme en 2004 au moment de l’entrée dans l’Euro.

- La crise a révélé la triste réalité : En fait, depuis 2000, la Grèce n'a eu de cesse de transgresser le Pacte européen de stabilité financière. La triche éclate une deuxième fois au grand jour en novembre 2009, lorsque le nouveau gouvernement socialiste multiplie par deux l'estimation de déficit budgétaire pour la porter à 12,7 % du PIB. Ah ! ils peuvent manifester aujourd’hui, les Grecs doivent d’abord s’en prendre à eux-mêmes : laxisme budgétaire, économie souterraine, fraude fiscale, corruption, triche sur les comptes publics… les ont conduit là où ils en sont ; avec une responsabilité collective !

Les banques créancières et la Banque centrale européenne en première ligne.

- "L'Eurosystème" peut faire face : En cas de défaut (faillite) de la Grèce, ce n'est pas tant l'exposition de la Banque centrale européenne (BCE) qui importe que celle des 17 banques centrales de la zone euro, ce qu'on appelle « l'Eurosystème ». D'après une étude de JP Morgan datant de mai 2011, « avec 81 milliards de capital et de réserves, l'Eurosystème a les moyens de faire face à une décote de la dette grecque, même de 50 % de la valeur nominale ». Dans ce scénario très défavorable, ses pertes pour l'Eurosystème s'élèveraient à 35 milliards d'euros, d'après les estimations. Tant que l'éventuelle décote ne dépasse pas 30 %, il n'y aurait pas de pertes. Les banques françaises et allemandes seraient les premières touchées par une restructuration de la dette grecque, mais cela resterait gérable.

- La spéculation aggrave la situation : Si elles connaissent à nouveau des jours difficiles en Bourse, c'est d'abord parce qu'elles sont parmi les plus importants créanciers de la Grèce. Leur exposition totale à ce pays s'élevait fin 2010 à 162 milliards d'euros, selon les chiffres de la Banque des règlements internationaux. Sur ce montant, la dette souveraine représentait 52 milliards, les banques françaises et allemandes en portant l'essentiel, respectivement 15 et 22 milliards. Cette situation a donc conduit l'agence Moody's à annoncer une possible dégradation de leur notation, pour mieux prendre en compte cette exposition grecque, en précisant bien que les banques françaises figurent parmi « les mieux notées en Europe » et que « même si une dégradation devait avoir lieu, elles resteraient parmi les établissements les plus solides ». Un abaissement de note leur coûterait quelques points de base supplémentaires pour se refinancer, mais elles sont pour l'heure à l'aise sur leur programme de refinancement de l'année. Au pire, la plupart des banques estime globalement gérable une décote de 30 % de la dette grecque. BNP Paribas l'évalue ainsi à 1,2 milliard d'euros, soit moins de la moitié de ses bénéfices trimestriels.

La France n’a pas intérêt à une restructuration de la dette grecque.

- Jusqu'à maintenant, un impact faible pour la France : La France a déjà prêté 9 milliards à Athènes. Un rééchelonnement ne changerait rien, à la différence d'une restructuration. Pour l'heure, l'impact de la crise grecque sur les finances publiques françaises est faible. A court terme, l'Etat encaisse même une marge sur les prêts accordés (la France emprunte à des taux inférieurs à ceux imposés à la Grèce) : ces gains devraient représenter plus de 300 millions d'euros d'intérêts en 2011. Mais tout pourrait changer en cas de restructuration de la dette. Et là, l'exposition de la France serait importante, comme du reste celle des autres Etats membres, même si en théorie ce sont d'abord les dettes privées qui seraient concernées.

- La restructuration aura des conséquences sur la dette française : La France est aussi engagée dans le cadre du Fonds européen de stabilité financière par un apport de garantie qui représente 110 milliards d'euros et qui doit être porté à 159 milliards dans le collectif budgétaire examiné au Parlement. Il n'y a cette fois pas d'impact à court terme sur le déficit, ni sur le programme d'émission de dettes (c'est le FESF qui émet). La garantie viendra néanmoins accroître la dette brute à mesure des émissions du FESF. Surtout, là encore, si un Etat auquel le fonds apporte son secours venait à faire défaut (pas seulement la Grèce), il y aurait appel à cette garantie et impact sur le déficit. La France doit enfin contribuer, à compter de 2013, à hauteur de 16 milliards en apport en capital au Mécanisme européen de stabilité, le futur fonds d'aide permanent.

De nombreux pays sont exposés à la dette grecque.

Les principales économies mondiales ne devraient pas négliger le risque d'une banqueroute grecque tant elles sont engagées dans ce pays. Ce sont 350 milliards d'euros de dette publique ; 110 milliards d'aide internationale sur trois ans  Le tout pour un PIB en 2010 de l'ordre de 230 milliards. A la fin 2010, les prêts publics et privés consentis ou promis par les dix principaux pays créanciers d'Athènes dépassait les 200 milliards d'euros. La France arrive en tête avec 62 milliards et 35 milliards sans les crédits au secteur privé non financier. L'Allemagne suit avec respectivement 50 et 44 milliards. Les Etats-Unis arrivent en troisième position avec 34 et 31 milliards d'euros. Viennent ensuite l'Italie à 19 et 18 milliards, le Royaume-Uni à 14,6 et 9 milliards et l'Espagne à 11 et 10,5 milliards…

La peur de la contagion : un effet de spirale incontrôlable.

- Payer pour éviter le "défaut" (la faillite ) : Si le rééchelonnement de la dette grecque est si problématique, c'est qu'il risque de déclencher des conséquences dramatiques en rafale. Depuis des semaines, la Banque centrale européenne (BCE) et de nombreux dirigeants européens ont mise en garde contre un « effet Lehman Brothers » si la crise grecque s'aggravait. Une mise en défaut de la dette grecque pourrait déclencher une crise de confiance dans la zone euro dont personne n'est capable de mesurer l'ampleur. Le constat des agences de notation aurait pour effet de priver, en partie, les banques du financement de la BCE, qui n'accepterait plus les obligations restructurées en garantie de ses prêts. Cela provoquerait sans doute la faillite d'une bonne partie des banques grecques. La mise sous surveillance mercredi par Moody's des trois principales banques françaises cotées donne une idée des pertes que les banques européennes pourraient essuyer.

- La crainte de l'effet "domino" : Le défaut grec risque aussi de susciter un mouvement de panique sur les autres pays fortement endettés, Portugal, Irlande, Italie, Belgique, déclenchant de nouvelles dégradations des agences et une dangereuse spirale négative. Enfin, un défaut grec pourrait provoquer le paiement des fameux CDS (« credit defaut swaps »), ces assurances contre la défaillance de la Grèce, mettant en danger les émetteurs de ces produits, des banques pour l'essentiel. Avec en résultante une nouvelle récession économique par assèchement du marché financier.

 

 

 

 


POUR EN FINIR AVEC LE PROTECTIONISME

 

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Une idée facile, portée par le contexte international, dont Arnaud Montebourg s’est fait le chantre après Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. C’est un mirage. Elle fait partie des fausses bonnes idées qui peuvent abuser le bon petit peuple peu au fait des mécanismes mondiaux et de l’économie, mais qui peuvent rapporter des voix.

L’histoire nous a pourtant appris où cela menait : au mieux au fascisme, au pire à la guerre, dans tous les cas à la récession, à la pauvreté  et à la décadence. Mais qui connaît l’histoire aujourd’hui ?

Eviter de taper à côté du clou

L’Europe n’est pas plus ouverte que le reste du monde. Le taux moyen de protection de l'Europe est certes très faible (1,47 %), mais il est identique à celui des Etats-Unis (1,43 %) et du Japon (1,41 %). C’est moins que  la Chine qui est à 2,1 %, le Brésil à 6 % et l'Inde à 8 %. Mais la solution c'est de négocier à l'OMC un accord international ! Sans accord, il n'y a qu'une alternative : la protection unilatérale. Or celle-ci générera mécaniquement des sanctions, car nous n’exporterons pas sans nous heurter à des mesures de rétorsions. De plus, il sera difficile de se protéger de nos partenaires européens sauf à revenir 60 ans en arrière, à sortir de l’Union  : c’est un peu comme si on voulait récupérer nos œufs après avoir fait une omelette avec les autres. Nous faisons les trois quarts de nos échanges avec des pays développés qui partagent les mêmes modèles sociaux et environnementaux que nous. Or, la quasi-totalité des Etats européens sont hostiles au relèvement du tarif extérieur commun. Et notre principal concurrent c'est l'Allemagne, pas la Chine. Si nous voulons nous protéger, c'est face à cette dernière qu'il conviendrait de le faire, en sachant que notre déficit avec la Chine n'est que l'équivalent de la somme de notre déficit avec l'Allemagne et la Belgique ; et notre déficit cumulé avec l'ensemble de l'Europe est bien supérieur à celui que nous faisons avec la Chine. Se protéger du monde extérieur à l’Europe, c’est taper à côté du clou.

La protection environnementale et sociale est un leurre.

Les protectionnistes proposent de s’appuyer sur les normes environnementales et sociales pour ériger des barrières camouflées. Là encore, le raisonnement est séduisant : quoi de plus normal que d’exiger une taxe carbone sur un produit qui vient de loin, ou une taxe « sociale » pour rééquilibrer les niveaux de protection sociale. Mais sur la protection environnementale, qui est tout à fait légitime, il faut là encore rester prudent et éviter de céder à la facilité. Car, pour prendre des sanctions dans ce domaine, il faut se référer au contenu en carbone des produits. Or le contenu moyen en carbone des exportations européennes est supérieur à celui des exportations américaines, japonaises et chinoises ! On peut nier cette vérité, mais c'est pourtant la vérité. Nos exportations ont un fort contenu industriel, et il est normal qu'elles génèrent une intensité en carbone plus forte que les exportations chinoises, qui portent sur des produits à plus faible valeur ajoutée, ou sur les exportations américaines dominées par les services. Quant aux salaires, s’ils sont bien entendu plus faibles dans les pays pauvres que dans les pays riches, c’est que la productivité globale y est aussi beaucoup plus faible. Augmenter le coût du travail dans ces pays reviendrait à supprimer leurs avantages comparatifs et à les condamner à la pauvreté ! Et si les désordres des changes engendrés par les manipulations monétaires des Etats empêchent souvent les ajustements de coûts, le libre-échange n’est pas responsable.

L’industrie ne disparait pas. Elle se transforme et s’internationalise.

Derrière le film catastrophe de la désindustrialisation que la France aime se projeter, la baisse de nos effectifs industriels a deux causes essentielles : d’une part, l’externalisation des fonctions de service (gardiennage, nettoyage, cantine) autrefois comptabilisées dans les emplois industriels et passées aujourd’hui dans les services. Au lieu de vendre un bien, on vend de plus en plus un service. Les industriels se font commerçants. Les commerçants se font industriels. D’autre part, la hausse de la productivité dans l’industrie fait que moins d’emplois et moins d’argent sont nécessaires par unité produite. Et surtout, l’influence des délocalisations reste marginale : tous les rapports convergent pour montrer que les délocalisations sont globalement favorables à la croissance économique et à l’emploi. Demandons-nous plutôt pourquoi l’Allemagne est devenue le premier exportateur de biens de haute technologie devant les Etats-Unis, à partir des mêmes facteurs de production que la France (même monnaie et même coût du travail). La plupart des produits aujourd’hui sont le résultat d’assemblages extrêmement complexes à l’échelle de la planète et vouloir opposer des obstacles à cette prodigieuse division internationale du travail est puéril. Si on ferme nos frontières avec nos voisins, comment on fera avec notre Airbus dont les morceaux viennent d’Allemagne, d’Angleterre, d’Espagne…? La mondialisation et la mutation de nos économies vers la société de la connaissance ne font que renforcer cette interdépendance des activités économiques et financières. En fait, Nous faisons du libre-échange le bouc émissaire de nos désordres monétaires.

Le libre-échange est un jeu à somme positive, le gain de l’un n’est pas la perte de l’autre.

Prenons un exemple : on voit l’entreprise contrainte sous la pression de la concurrence de fermer ses portes ou de délocaliser. Mais on voit moins que le consommateur, en achetant par exemple une paire de chaussures importée 110 € au lieu de 200, a gagné un pouvoir d’achat supplémentaire de 90 €. Et l’on ne voit pas non plus derrière la perte du producteur national, le profit de cet autre producteur qui bénéficiera de ces 90 €. Ce que l’on voit encore moins, c’est que les 110€ touchés par le producteur étranger reviendront inéluctablement, directement ou indirectement, sous forme d’achat de bien ou de services dans notre  économie au profit d’un autre producteur. Vouloir réserver le libre-échange à des pays comparables, serait dire que les riches devraient échanger entre eux, les plus pauvres pourraient leur acheter, mais surtout pas leur vendre.

Le problème vient de notre désindustrialisation.

Promouvoir le protectionnisme, c’est se tromper de combat de même que le procès du dumping fiscal, social ou écologique est un faux procès. Le fond de l'affaire est que la France souffre d'un processus de désindustrialisation. Mais celui-ci n'a rien à voir avec la mondialisation en tant que telle. Il découle fondamentalement de la faiblesse de notre tissu industriel, qui s'exprime à la fois par l'insuffisante innovation de nos petites et moyennes entreprises, elle-même liée à la faiblesse de leur taille. La vraie solution ce n'est donc pas la démondialisation, mais le renforcement stratégique de nos petites et moyennes entreprises. Cela ne permet pas forcément de gagner les élections. Mais cela fait nécessairement gagner le pays. Tous les discours protectionnistes et dirigistes ne changeront rien – fort heureusement – aux évolutions du monde. Mais ils peuvent assurément faire perdre des chances à notre pays, aggraver nos problèmes d’emploi et de pouvoir d’achat.

 


LE BUDGET 2012 POUR LES NULS

 Pécresse Valérie Pécresse, Ministre du Budget

L’assemblée nationale a abordé la discussion du projet de budget pour 2012. Voici quelques éléments incontournables à connaître.

Le contexte.

Un impératif, celui de limiter les dépenses pour réduire le déficit. Il s’inscrit dans le prolongement  des efforts engagés depuis 2010. Ainsi, le déficit du budget de l'Etat a reculé d'une vingtaine de milliards d'euros fin août  2011 par rapport à l'année précédente, à 102,8 milliards, grâce à une diminution  des dépenses et, dans une moindre mesure, une hausse des recettes.

Une baisse des dépenses de l’Etat. 

Pour la première fois depuis 1945, le budget 2012 affichera une baisse des dépenses. C’est le fruit  des efforts menés ces dernières années en réformes de l’état et en non remplacement d’un fonctionnaire sur deux. De ce fait, la masse salariale de l’état baissera, certes de seulement 200 millions, mais les mesures engagées demandent du temps pour produire leurs effets. Autre première depuis 1945, les dépenses, hors charges d’intérêt et de pensions de retraite, diminueront d’1 milliard d’euros en 2012.Ce résultat est obtenu par une baisse de 2,5% des dépenses de fonctionnement et d’intervention dans les ministères et les 500 et quelques structures para-publiques et la pression est mise sur les collectivités qui devront fournir un effort de 200 millions correspondant aux 20% des dépenses de l’état. Les dépenses totales progresseront de 1,2%, ce qui est bien inférieur à l’inflation prévue de 1,7%.

La dette de la France.

A fin juin, l’endettement se décompose ainsi : Etat, 1350 milliards ; administrations publiques locales, 154 milliards ; sécurité sociale, 189 milliards, soit 1693 milliards d’euros. L’endettement atteint 86,2% du PIB. Le niveau de l’année 2011 devrait toutefois plafonner à 85,5% du PIB, le pic étant dû à un effet de trésorerie et de stratégie d’émission. Elle est prévue à son plus haut en 2012 à 87,4% du PIB et commencerait à refluer ensuite mais ne redescendrait qu’à 84% en 2015. La France empruntera l’an prochain 179 milliards d’euros : 5 milliards de moins qu’en 2011 et 9 de moins qu’en 2010. La charge de la dette représentera presque 49 milliards d’euros (soit 83% de la recette prévue de l’impôt sur le revenu des ménages). Il faut savoir que la dette française continue à séduire (pour l’instant) : En septembre, la France a emprunté au taux record de 2% seulement.

Des recettes en hausse.

Le gouvernement compte sur plus de 3 milliards d’euros de nouvelles hausses d’impôt. Elles seront probablement modulées par les parlementaires, mais l’enveloppe devra rester conforme. La plupart des mesures ont été annoncées par François Fillon en août. Si on tient compte des mesures votées l’an passé, c’est 5,4 milliards de plus qui entreront dans les caisses de l’état. L’augmentation des recettes est obtenue avec la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus de 3% sur les revenus annuels dépassant 500 000 euros (projet) ou peut-être 250 000 comme le souhaitent les parlementaires. La seconde source est la taxe sur les sodas, en discussion elle aussi. Les niches fiscales subiront un nouveau coup de rabot de 10%, sauf celles touchant à l’emploi. Suivent une série d’ajustements : taxe carbone pour les quotas de CO2, tour de vis sur les réductions d’impôt Scellier, …

Les chiffres clés.

Dans ce contexte, les prélèvements obligatoires –impôts, taxes, cotisations sociales, CSG…- vont continuer à augmenter pour représenter 44,5% du PIB en 2012. Les dépenses publiques représenteront 55,8% du PIB. Le pouvoir d’achat du revenu disponible augmenterait de 1,1% et l’inflation serait de 1,7%. Le gouvernement table sur une croissance du PIB de 1,75% avec une croissance de la consommation des ménages de 1,6%. Notre balance commerciale continuerait d’accuser un gros déficit de près de 74 milliards d’euros. Enfin, il est à noter que le déficit public qui était de 7,1% en 2010 au plus fort de la crise, est passé à 5,7 en 2011 et sera ramené à 4,5% en 2012… ce qui vaut à la France le maintien de son AAA.

Une inconnue : le budget n’engage que le gouvernement actuel. Après mai ?

Une réflexion : quand on voit le poids de l’intérêt de la dette dans le budget, avec des taux d’emprunt très bas, il est facile d’imaginer ce qui se passerait si la note de la France était dégradée : 1 point de taux d’intérêt équivaut à un surcoût de 13 à 15 milliards d’euros. De quoi annuler toute marge de manœuvre. Un bon argument pour ne pas voter « nul ».

 


L'impromptu de Berlin

 

Avec cette nouvelle journée maussade aussi bien par la météo que par le nouveau plongeon des bourses, voici un petit texte, dont j'ignore le nom de l'auteur, qui permet d'aborder le sujet sur un mode plus détendu. je l'ai reçu il y a déjà quelques temps et ne résiste pas au plaisir de le partager avec vous. Une manière d'oublier la descente vertigineuse des titres de nos banques. Si ça continue, on va bientôt trouver du pétrole sous le siège de la société Générale ! ...

La scène se passe dans les jardins du Château Bellevue, à Berlin. Angela Von Mecklemburg et Nicolas de Neuilly se sont discrètement éclipsés de la réception offerte par le roi de Prusse. On entend, au loin, les accents du quatuor de Joseph Haydn.

Nicolas :
> > Madame, l'heure est grave : alors que Berlin danse
> > Athènes est en émoi et Lisbonne est en transes.
> > Voyez la verte Erin, voyez l'Estrémadoure
> > Entendez les Romains : ils appellent au secours !
> > Ils scrutent l'horizon, et implorent les Dieux.
> > Tous les coffres sont vides, et les peuples anxieux
> > Attendent de vous, madame, le geste généreux !
> > De leur accablement ils m'ont fait l'interprète :
> > Leur destin est scellé, à moins qu'on ne leur prête
> > Cet argent des Allemands sur lesquels vous régnez.
> > Cette cause est bien rude, mais laissez-moi plaider...

Angela :
> > Taisez-vous Nicolas ! Je crois qu'il y a méprise
> > Folle étais-je de croire à une douce surprise
> > En vous suivant ici seule et sans équipage
> > Je m'attendais, c'est sûr, à bien d'autres hommages !
> > Mais je dois déchanter, et comme c'est humiliant
> > De n'être courtisée que pour son seul argent !

Nicolas :
> > Madame, les temps sont durs, et votre cœur est grand
> > Vos attraits sont troublants, mais il n'est point décent
> > D'entrer en badinage quand notre maison brûle !
> > Le monde nous regarde, craignons le ridicule !
> > Notre Europe est malade, et vous seule pouvez
> > La soigner, la guérir et, qui sait ? La sauver !
> > Nous sommes aujourd'hui tout au bord de l'abîme
> > Vous n'y êtes pour rien, mais soyez magnanime !
> > Les Grecs ont trop triché ? Alors la belle affaire !
> > Qu'on les châtie un peu, mais votre main de fer
> > Est cruelle aux Hellènes, et nous frappe d'effroi !

Angela :
> > J'entends partout gronder, en Saxe, Bade ou Bavière
> > L'ouvrier mécontent, le patron en colère.
> > Ma richesse est la leur, ils ont bien travaillé.
> > L'or du Rhin, c'est leur sueur et leur habileté.
> > Et vous me demandez, avec fougue et passion
> > De jeter cette fortune au pied du Parthénon ?
> > Ce serait trop facile et ma réponse est non !

Nicolas :
> > On ne se grandit pas en affamant la Grèce
> > En oubliant Platon, Sophocle et Périclès !
> > Nos anciens nous regardent, et nous font le grief
> > D'être des épiciers et non pas de vrais chefs !
> > Helmut Kohl est furieux et Giscard désespère.
> > Un seul geste suffit, et demain à Bruxelles
> > Desserrez, je vous prie, le nœud de l'escarcelle !

Angela :
> > Brisons là, je vous prie, la nuit est encore belle
> > Votre éloquence est grande et mon âme chancelle...
> > Mais si je disais oui à toutes vos demandes
> > Je comblerais la femme, et trahirais l'Allemande !

(Ils s'éloignent, chacun de leur côté)

 ...

 


CES BONNES NOUVELLES QU’ON OUBLIE DE NOUS DONNER…

 

Par les temps qui courent, elles sont très rares, et pourtant en voilà une qui aurait mérité la « une » de nos JT : c'est la hausse des rémunérations dans les entreprises. Selon le cabinet Hewitt, les enveloppes salariales grossiraient de 2,8 % cette année et de 3 % en 2012. Des chiffres un peu plus élevés que les années précédentes et proches de ce que l'on constatait avant la crise.

Les pessimistes penseront que ces prévisions ont été arrêtées avant la crise dans laquelle nous entrons peut-être. Ils nous expliqueront aussi que ce résultat est le fruit de l'arbitrage qu'a choisi la France depuis une trentaine d'années : donner l'avantage aux salariés en place sur ceux qui sont aux portes du marché du travail. C’est une réalité, dont les combats syndicaux portent leur part de responsabilité. Ce qui se traduit par la hausse de salaire plutôt que la préservation de l'emploi ou les embauches.

Mais une autre lecture peut aussi être faite de l'évolution positive des salaires promise par Aon Hewitt. Les entreprises ont « tenu » pendant la crise et elles ne vont pas si mal que cela. L'économie réelle tourne, avant d'être (peut-être) rattrapée par le scepticisme ambiant. D’où les signaux contradictoires envoyés par marchés. Le fond du problème reste la lenteur du temps politique en Europe et la faiblesse de la gouvernance de la banque centrale. Et les marchés, faute de pouvoir spéculer sur l’euro, le font sur les dettes.  

On a oublié aussi de faire écho à cette étude de l’Insee qui révélait que les niveaux de vie des Français dans leur ensemble (salaires, revenus du capital, prestations sociales, etc.) avaient progressé en 2009.  Eh oui, c’est une confirmation, n’en déplaise à ceux qui nous gavent de discours sur la rigueur et l’austérité. Evidemment, cette évolution s'était accompagnée d'une poussée logique du taux de pauvreté liée à l'envol du chômage, mais l'élément le plus remarquable était ailleurs et a été peu remarqué : le pouvoir d'achat au sens large a fait mieux que se maintenir pendant la récession la plus profonde qu'aient connue les pays développés depuis soixante ans. Et si  le salaire de base des fonctionnaires a été gelé, leur rémunération globale continue de croître. Cela n'a pas été le cas chez une grande partie de nos voisins, et pas seulement en Grèce ou en Espagne.

Oui, il faut une politique rigoureuse de nos finances publiques, mais ce n'est pas l'austérité tant décriée. pas encore ! 

 


C’EST GRAVE DOCTEUR ?

 Stethoscope

Depuis la fin juillet, les actions bancaires tirent les marchés vers le fond. A tel point que la situation est désormais critique en Europe. La cote d'alerte est atteinte pour quelques établissements, tout proches de leurs plus bas historiques. En attendant, l'envolée des liquidités déposées par les banques auprès de la BCE témoigne de l'inquiétude croissante qui règne au sein du secteur.

Une nouvelle fois, les difficultés des banques viennent plomber les grands indices et contaminer l'économie réelle et il est tentant de faire le parallèle avec la crise financière de l'automne 2008 : ce serait une erreur. Car la crise actuelle est différente : cette fois les déboires des banques sont alimentés par les craintes de récession et l'impact qu'un tel scénario aurait sur la solvabilité des Etats les plus endettés, notamment ceux d'Europe du Sud. Ce cocktail peut avoir des effets redoutables pour les bilans bancaires car les coffres de nombreuses banques européennes recèlent d'importants stocks de dettes souveraines -le plus souvent pour des raisons prudentielles. Ce qui explique l'exode massif et sans distinction d'investisseurs qui sont pas loin de considérer les obligations de la zone euro comme toxiques.

Ce contexte explique pourquoi Christine Lagarde a demandé aux banques européennes de se recapitaliser, ce qui serait une manière de les remettre en ordre, et qui sera inévitable pour certaines. Mais pour sortir de la spirale actuelle, il faudrait entériner de toute urgence l'accord européen du 21 juillet. Le temps politique s’avère décalé par rapport aux réactions brutales et irrationnelles des marchés, mais comment faire autrement ?

Il faudra surtout trouver les moyens de relancer la croissance pour rendre crédibles les scénarios de désendettement des Etats les plus fragiles de la zone euro. Et c’est là que la situation est très délicate et plus tendue qu'à l'automne 2008. Car, après trois années de crise, les marges de manoeuvre budgétaire et monétaire manquent cruellement. Il faudra pourtant bien trouver une solution. L’année 2011 n’a pas fini de nous apporter des surprises. Après les mauvaises, espérons qu’il y en aura de bonnes !

D’abord, les regards se tournent naturellement vers les Etats-Unis en espérant que le géant ne va pas entrer en récession. Ce qui ne semble pas le cas, mais il envoie tout de même des signes inquiétants qui électrisent les marchés.  Ils se tournent ensuite vers l’autre géant d’où pourrait venir le salut : la Chine. Mais à l'heure où plane la menace d'une rechute de l'économie mondiale, il n'est pas sûr qu’elle soit en mesure de rééditer l'exploit de 2008 : un plan massif de relance lui avait alors permis de résister à la crise. Elle en subit aujourd'hui les effets pervers, inondée de liquidités, elle peine à reprendre la main sur la circulation monétaire, et l'inflation dérape. Si le monde cale à nouveau, Pékin risque de se retrouver face à un délicat dilemme : subir un coup de frein douloureux ou impulser un stimulus dangereux.

C’est bien pourquoi nous devons chercher les solutions à nos problèmes d’endettement et de croissance d’abord chez nous, en étant plus vertueux, et la "règle d'or" voulue par Nicolas Sarkozy en représente un symbole que le PS s'obstine à refuser, nuisant gravement à sa crédibilité et par contre coup à celle de la France. Les chercher en même temps en Europe, entre états européens, en renforçant la coordination des politiques économiques, la gouvernance commune et la convergence fiscale.

Sans effort sur nous-mêmes et hors l’Europe, point de salut. 

 


PROTECTIONNISME ET DEMONDIALISATION

 

Deux députés de l’UMP avaient protestés contre le projet d’Air France de renouveler sa flotte en partageant les achats entre Boeing et Airbus, arguant qu’il fallait privilégier le constructeur européen. Agitation bien inutile : il suffit de constater le nombre de commandes engrangées par l’avionneur européen au dernier salon du Bourget pour se persuader que la concurrence est non seulement saine, mais nécessaire. Elle est encore le meilleur stimulant pour rendre notre industrie aéronautique plus compétitive.

Le protectionnisme, dans le monde de l’économie globalisée, est une forme de myopie. Il relève d’un analphabétisme économique, surtout quand il touche aux idéologies en vogue dans notre pays. Le protectionnisme s’accompagne souvent de discours virulents où se mêlent les méfaits de l’Europe, de l’Euro et de la mondialisation, le tout résumé en délocalisations, chômage et autres misères. Démondialiser et protéger notre économie derrière nos frontières, voilà la solution miracle !

Démondialisation : économie peau de chagrin.

Que le concept de démondialisation soit le fait de quelques nostalgiques de la planification communiste tel Mélanchon, ou de poêtes rêveurs du socialisme tel Montebourg, leur croisade au service de l’économie dirigée risque malgré tout de diffuser dans l’esprit du public et de conduire à des réflexes défensifs antimondialistes et antieuropéens qui ne peuvent que nous nuire.

La démondialisation qu’ils prônent parfois rebaptisée « protectionnisme européen » aurait des conséquences très défavorables pour l’avenir de l’Union Européenne car ce sont des raisonnements qui conduisent à la fin de l’Euro. Les mêmes sirènes existent en Grèce, où l’on comprendra aisément pourquoi- et en Allemagne pour les raisons inverses. Or la fin de la monnaie unique, c’est le retour à la dévaluation compétitive et à la croissance médiocre qu’elle génère encadrée par l’intérêt corporatiste le plus brutal. Une spirale vertigineuse qui conduit à des rigueurs bien plus terribles que celles que nous connaissons actuellement.

Le grand marché européen

On constatera dans un avenir proche que c’est l’importance d’un grand marché unifié européen qui demeure le socle de notre expansion face à un monde dont les évolutions sont  plus rapides que les opinions. Quand les pays émergents seront tombés dans « le piège des moyens revenus » avec les salaires qui augmentent plus vite que la productivité, avec un marché intérieur insuffisamment développé pour soutenir la croissance, c’est le grand marché européen qui permettra à notre vieux continent de faire jouer les avantages comparatifs qui sont les siens en matière d’infrastructures et d’éducation.

Comme pour airbus, le marché mondial est plus porteur pour nos activités que sa version « nationale » étriquée. Au moment où l’Euro pourrait devenir la première monnaie mondiale, il n’est pas innocent d’y penser.


FMI : LAGARDE HAUT LA MAIN !

 

Christine Lagarde serre les dents et souris001 

La nomination de Christine Lagarde par « consensus », ce qui veut dire unanimité,  comme directrice Générale du FMI, est venue alimenter une actualité politique bien fournie pour ce mardi 28 juin.  Certes l’entrée en lice de Martine Aubry dans la course à la primaire socialiste est un fait notable, mais il tient  du non-évènement tant le suspense était insoutenable. Le déplacement dans la Sarthe du Président de la République avec notre premier Ministre venait en contrepoint montrer la solidité de l’exécutif.

Certes, que Christine Lagarde ait été désignée à la tête du FMI n’est pas une surprise. Ce qui constitue l’évènement c’est le fait qu’elle soit une femme. Voilà une victoire qui mérite d’être soulignée, tant le monde économique est encore aujourd’hui, resté l’apanage presque exclusif des hommes. Il suffit de voir d’ailleurs la composition du conseil d’administration qu’elle va diriger : exclusivement des hommes.

Une athlète devenue femme d’influence.

On dit que la France ne sait pas exporter ses produits. Eh bien voilà un « label politique » made in France qui est régulièrement récompensé dans le classement du magazine américain « Forbes » des femmes les plus puissantes du monde. Une femme française au cœur de l’élite mondiale ! Cette Havraise, fille d’universitaires, a peut-être raté l’ENA deux fois, mais cela ne l’a pas empêchée de se hisser par son talent à la présidence du grand cabinet d’avocats d’affaires américain Baker and Mackenzie. On imagine qu'elle retrouvera avec plaisir les Etats-Unis. Elle aura aussi battu au passage le record de longévité ministérielle à Bercy. Ces qualités de ténacité et de rigueur elle les doit à son éducation mais surtout à son premier loisir : elle a fait partie de l’équipe de France de natation synchronisée, championne de France, et son entraîneur ne cessait de lui répéter « serre les dents et souris ».  Aujourd’hui encore, elle met la gym et le yoga à son menu quotidien, la piscine chaque fois qu’elle peut. Associés à un régime alimentaire frugal où le poisson est prioritaire, cela lui donne une forme physique qui lui permet d’affronter les marathons politiques les plus laborieux comme celui de la nuit où il fallut sauver la banque Dexia.

Une bosseuse zen.

Levée à 5H30, elle termine généralement ses journées à 23H. Son humour la conduit à afficher dans son bureau à la moquette zébrée (pour décontenancer ses visiteurs dit-elle) toutes les caricatures qui la brocardent. Sa capacité de travail impressionne ainsi que son calme légendaire. Elle s’impose par la connaissance de ses dossiers et l’emporte dans les négociations par sa capacité à convaincre et son sens de la diplomatie. Elle a apporté à Nicolas Sarkozy, dans les négociations du G20 un plus décisif par son réseau de relations dans le monde entier acquis dans le cabinet américain. Son savoir-faire a fait le reste. Ce qui fait dire que dans cette affaire, ce que la France gagne d’un côté –et on peut être fier de cette nomination-, elle le perd de l’autre, et notamment celle qui a été désignée en 2009, la meilleure économiste de l’année pour le travail accompli au coeur de la tempête financière.

On peut penser que le FMI est entre de bonnes mains. Les meilleures qui soient à l’heure actuelle.

Pour en savoir plus, "Christine Lagarde" de Martial You chez Alphée Documents

 


BONNES NOUVELLES DES CONSPIRATEURS DU FUTUR

 

 Bonnes nouvelles du futur001

Michel Godet, exemples à l’appui, s’est donné pour but de nous montrer que les Français ont tort d’être pessimistes. Economiste et enseignant au CNAM, il a recensé toutes les « bonnes nouvelles » et toutes les bonnes pratiques à adopter pour voir l’avenir avec un œil moins morose. C’est que la France est « un pays merveilleux », plein d’entrepreneurs géniaux et efficaces, de familles formidables, de villages partis à la conquête du monde.

L’essai qu’il nous propose, après une première partie  dans laquelle il nous rappelle un certain nombre de réalités « objectives » et chiffrées et propose les clés de la réussite, rassemblant un certain nombre de chroniques et de point de vue, les parties suivantes nous racontent quatorze réussites toutes différentes qui témoignent de la vitalité créative et du dynamisme économique qui existent encore en France.

Michel Godet termine par 12 conseils pour penser et agir autrement. Il est convaincu que le mal est en nous et donc la solution aussi. Il rappelle que notre niveau de vie a augmenté de 50% depuis 1980 : « nous sommes plus riches mais aussi plus malheureux, car c’est un trait bien français, nous sommes une société de l’envie et de la frustration ».

Ces réussites n’empêchent pas qu’il a fallu souvent soulever des montagnes d’obstacles : « La « France d’en haut » impose les charges excessives d’une société de l’assistance bureaucratique et des fonctions territoriales pléthoriques. Les entreprises doivent ainsi courir dans la compétition internationale avec des semelles de plomb ». (la fonction publique territoriale a encore augmenté ses effectifs de 67 000 emplois en 2010 !). Les causes de nos difficultés sont d’abord internes et «l’impact de la globalisation sur nos économies doit être fortement relativisé… ». l’auteur rappelle que nos dépenses publiques par rapport au PIB sont de 6 points supérieures à la moyenne communautaire, « c’est dire aussi que nous avons un gisement potentiel d’économie de l’ordre de 120 milliards d’euros ! ». Sans réduire le champ de l’action publique, il est possible de la renforcer dans les domaines essentiels tels que éducation, santé, logement, sécurité, justice, pour peu que l’on évalue les politiques publiques nationales et territoriales en s’attachant à « ne pas confondre service public et statut public des agents qui le rendent. »

Bonnes nouvelles des conspirateurs du futur chez Odile jacob.