DANS LES DOSSIERS DE TRYPHON
05 décembre 2011
OGM : CROYANCES ET REALITES
65% des Français se déclarent inquiets des OGM : beau résultat en vérité de la tyrannie des médias et de la dictature intellectuelle des écologistes qui ont réussi à nous faire prendre des vessies pour des lanternes et qui ont sciemment mélangé le combat –qui peut avoir sa raison d’être- contre la firme Monsanto et les progrès scientifiques apportés par la « transgénèse ». Dans ce débat, la parole des scientifiques compétents a été complètement occultée : nous sommes placés devant un cas avéré d’intoxication idéologique de la classe politique qui n’existe qu’en France. Il est peut-être justifié de continuer d’interdire le maïs Monsanto pour des raisons électorales, mais certainement pas pour des raisons scientifiques.
Démêlons le vrai du faux.
- Les pesticides peuvent se transmettre par la chaine alimentaire : VRAI
C’est le cas des pesticides synthétisés chimiquement, qui sont des polluants organiques persistants (POP). Ce sont les produits épandus sur les plantes qui peuvent se retrouver dans les nappes phréatiques par ruissellement, et évidemment dans la chaine alimentaire par accumulation dans les tissus des organismes (bioaccumulation). Une des raisons d’être des plantes transgéniques est justement de diminuer l’usage des pesticides chimiques persistants les plus toxiques pour les animaux, l’homme et l’environnement.
- Les OGM sont des plantes pesticides : FAUX
Ce n’est pas parce qu’une plante génétiquement modifiée contient un gène qui la rend tolérante à un herbicide ou secrétant un insecticide qu’elle se comporte comme une plante traitée chimiquement. Prenons l’exemple du maïs Monsanto 810 : il produit une protéine appelée Cry, issue de Bacillus thuringeniensis et utilisée depuis 60 ans en agriculture biologique. Cette protéine est bien un insecticide, mais de façon ciblée. Elle n’est toxique que pour les chenilles de certains papillons qui attaquent le maïs. A la différence des insecticides chimiques de synthèse, elle n’est pas toxique pour les autres organismes. De plus cette protéine est une molécule organique naturelle qui, étant biosynthétisée, est biodégradée par les protéases, omniprésents dans tous les organismes et les microorganismes. Cette protéine ne s’accumule donc ni dans les animaux, ni dans l’environnement.
- Les gènes mutés des OGM se transmettent à d’autres espèces : FAUX
Impossible ! Quand nous mangeons, nous ingérons des milliards de gènes. Ils sont digérés, ils ne se transfèrent pas tels quels dans notre organisme. Dans le tube digestif des animaux et de l’Homme, les protéines transgéniques, comme les autres protéines alimentaires, sont démontées par les protéases en briques élémentaires appelées acides aminés qui sont absorbés pour refaire les protéines de l’individu. Elles ne sont donc pas transmises dans la chaine alimentaire. Ce qui explique que toutes les études menées n’ont pas permis d’en retrouver. Quand Greenpeace veut faire labelliser OGM des bêtes qui consomment des OGM, c’est parfaitement ridicule. Il suffit d’analyser la viande et le lait pour s’apercevoir qu’il est impossible d’y retrouver des gènes modifiés.
- L’agriculture utilise des plantes mutées depuis 10 000 ans : VRAI
Il y a de nombreuses manières d’obtenir de nouvelles semences, que ce soit par la technique dite de croisement ou par mutation induite par des rayons, et on n’est jamais à l’abri d’une mutation dangereuse. En 1995, les Suédois ont sorti une pomme de terre qui a été retirée du marché après des cas d’intoxication grave : sa teneur en alcaloïdes toxiques était très forte. L’Egypte a commencé à tester du blé tolérant mieux le manque d’eau, mais ils ont obtenu la variété presque par hasard. Et s’il y a bien une plante qui a été génétiquement modifiée depuis le moyen âge, c’est bien le blé : taille de la tige, nombre de grain dans l’épi, dur ou tendre… L’Homme a cherché à adapter les plantes depuis qu’il pratique l’agriculture. On cherche aussi des résistances aux herbicides par des méthodes de croisement classiques, mais elles sont moins ciblées, c’est tout. On touche là à des phénomènes communs à tous les êtres vivants.
- Les cultures OGM en plein champ peuvent contaminer les cultures proches : VRAI ET FAUX
Le terme même de « contamination » émet l’idée de contact impur, de maladie, de souillure. Il vaut mieux parler de dissémination. C’est grâce aux recherches sur les OGM qu’on sait la mesurer. D’abord, un pollen ne peut féconder qu’une espèce biologiquement très proche. Un grain de pollen de maïs ne vit que deux heures : même s’il est emporté par le vent en haute altitude et retombe beaucoup plus loin ; il sera inactif. Cela fait 50 ans que l’on cultive du maïs et ils ne se sont jamais resemés. Et même si un pourcentage d’une récolte est fécondé par un pollen OGM, cela ne concernera que la récolte en cours. Le risque est donc très limité.
- Les OGM seront indispensables si on veut nourrir 9 milliards d’hommes : VRAI
De même que la thérapiegénie ouvre la porte à la guérison de certaines maladies, la transgénèse est la méthode la plus fiable, la plus sure, la plus rapide, parce qu’on sait exactement ce qu’on change dans la variété. Depuis que l’homme cultive les plantes, il sélectionne, mais ce n’est que depuis 50 ans que nous disposons de variétés stables. La durée de vie moyenne d’une variété est de trois à sept ans, parce que notamment les ravageurs évoluent en continu. Donc il faut s’adapter en continu. Ainsi, on commence à constater aux Etats-Unis, que le maïs Monsanto 810 est de nouveau attaquer, ce qui voudrait dire que son parasite n’est plus tué par la protéine. Mais on ne peut pas tout faire avec les OGM. Souvent les paramètres à maitriser jouent sur des milliers de gènes… Aucune semence n’est mieux contrôlée qu’un OGM mis sur le marché, par la Commission de Génie biomoléculaire (CGB) et par l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments).
- Le confinement des recherches en laboratoire tue la recherche française : VRAI
En France nous avons la chance d’avoir un grainetier expert en la matière Vilmorin qui par sa firme Limagrain est à la pointe de la recherche. Mais elle a été obligée de délocaliser à l’étranger ses expérimentations. De même, nous avons avec l’INRA, un centre de recherche public dont l’éthique est garantie. Les actions « terroristes » menées par José Bové et les écologistes les affaiblissent et, in fine, font le jeu de Monsanto qui n’en demande pas tant et qui ne s’embarrasse pas de scrupules.
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