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L’EURO A DIX ANS

Euro pièce

Il est né en fait en 1999. Il est « virtuel » puisque réservé aux marchés financiers et aux comptes des entreprises. Une phase d’adaptation indispensable avant le lancement en grand pour devenir une monnaie « palpable ». Il est porté sur les fonds baptismaux par onze pays. Coté à 1,18 dollar à sa naissance, il a fondu à 0,82 dollar en 2000. Mais sous l’effet de la tutelle rigoriste de la BCE, il ne tardera pas à se revaloriser au point même d’être surévalué en atteignant 1,60 dollar en 2008. Il faut dire que la gouvernance de la « Fed » est totalement différente et le dollar fluctue au gré des intérêts américains.

Aujourd’hui ce sont dix-sept pays qui ont adopté la monnaie unique, d’autres attendent à la porte pour entrer dans le cercle, c’est donc que les avantages semblent l’emporter. Lituanie, Bulgarie, Pologne restent candidats. Même dans la tourmente, l’euro reste une valeur sure. C’est pourquoi les décisions prises par le dernier sommet européen pour installer un respect rigoureux des critères communs –ceux de Maastricht- ont toutes chances d’être entérinées et surtout appliquées. On verra alors la tempête s’éloigner et la confiance des marchés revenir.

C’est que l’euro est devenu une grande monnaie internationale, c’est la deuxième au monde pour les transactions, la deuxième monnaie de réserve en constante progression avec  près de 30%, la première pour la quantité de billets en circulation (610 milliards). La défiance actuelle ne porte pas sur la monnaie en elle-même, mais sur sa gouvernance politique.

La monnaie unique a été et reste un bouclier protecteur. Elle a permis plus d’échanges (6%) et empêché l’inflation (2% par an en moyenne). Elle a mis les pays qui l’ont adoptée à l’abri de la spéculation et offert une remarquable stabilité des prix. Grâce à l’euro, il y a eu davantage de concurrence entre les producteurs européens ce qui a fait baisser les prix du commerce dans la zone.

Il faut tordre le coup à une idée fausse couramment répandue, et démentie par toutes les statistiques et études sur le sujet, à savoir que l’euro est responsable de la vie chère et a fait monter les prix. J’entends couramment la comparaison sur le prix de la baguette de pain qui est aujourd’hui à 1 euro et aurait été à 1 franc il y a dix ans. C’est évidemment faux. D’abord, le prix moyen de la baquette est de 0,85 € actuellement à comparer avec le prix de 2001 qui était de …4,50F (référence Insee) soit 0,70€. Si on tient compte de l’inflation et des variations de cours du blé…. Cet exemple illustre bien le problème des Français qui focalisent sur quelques prix quotidiens comme le café ou le pain, avec des souvenirs imprécis (la baguette à 1F c’était en 1975, sous Giscard), ce qui n’exclue pas qu’il y ait eu ici ou là des « arrondis » vers le haut. L’euro n’a pas fait monter les prix. Ce qui est en cause, c’est la faiblesse de l’augmentation des salaires sur la période, et il faudrait incriminer alors les 35 Heures.

Mais l’euro a eu un point faible : la croissance. La rigueur de la BCE avec comme seul objectif la lutte contre l’inflation, n’a pas maintenu l’Europe à armes égales avec un dollar offensif par rapport auquel sur la période l’euro a été constamment surévalué, bridant l’activité sur le vieux continent et obligeant l’Allemagne a des réformes de structures drastiques pour garder son modèle de production et faire baisser le prix du travail. Les autres pays ont fait le choix de l’endettement pour maintenir leur train de vie. On sait ce qu’il en coûte aujourd’hui. La dévaluation qu’il connait actuellement, si elle renchérit le prix de nos importations de pétrole et de gaz, est plutôt bienvenue pour nos industries. Les efforts d’intégration des pays qui composent la zone contribueront à renforcer sa gouvernance politique.

Car on serait bien mal inspirés d’abandonner la monnaie unique. Les avantages de très court terme qu’on pourrait en tirer grâce à la dévaluation qui s’en suivrait, seraient loin de compenser les désagréments : une dette en croissance exponentielle, la ruine des épargnants, la forte hausse des taux d’intérêts, la faillite des banques par la réduction de l’exposition au Franc des établissements étrangers… Sans parler du coût lui-même de l’opération monétaire. Une perte de richesse évaluée à 20-25% du PIB la première année, 6 à 20% sur dix ans, soit des centaines de milliers d’emplois supprimés, sans parler de l’instauration de droits de douane par nos concurrents, jamais pris en compte dans les études.

L’euro a un bel avenir. Il suffit de couper court à la crise en allant à marche forcée vers la coordination économique et en activant une politique de croissance. D’ailleurs aucun gouvernement européen ne songe à quitter le bateau.

Mais le temps presse, car le vrai danger, c’est le mécontentement des peuples obligés de quitter le confort des politiques d’endettement menées à l’abri de la monnaie commune, et poussés dans la rue par les « populistes nationalistes ou gauchistes» qui exploitent la situation.

 

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