LE FLEAU TIKTOK
18 décembre 2023
Comme si il n’y avait pas assez du comeback de Trump l’escroc et de l’obscurantisme wokiste des universités américaines qui menacent l’un et l’autre la démocratie américaine et risquent de la faire sombrer, voici l’effondrement éducatif général constaté par le classement Pisa qui met en évidence une baisse des résultats scolaires qui ne concerne pas que la France. Les pays asiatiques font tous mieux. En Europe, les pays du nord ont en général de meilleures notes. Cette baisse s’explique par de multiples raisons. Mais si la Chine, pour ne citer qu’elle, s’en tire mieux, ce n’est pas un hasard. Rappelons-nous, le Figaro Magazine publiait, il y a un an, un article intitulé : « TikTok : comment la Chine protège ses enfants et rend les nôtres débiles. » Eh bien, depuis, le mal s’est aggravé et la baisse du niveau de nos élèves en mesure l’impact.
Le mal est sérieux !
Michel Desmurget démontre dans son livre « Faites-les lire », l’impact délétère que peuvent avoir les consommations internet non régulées pour nos enfants au point de les rendre débile, surtout si à côté, ils ne lisent pas. J’y reviendrai bientôt en détail. Je viens de terminer son ouvrage et vous en livrerai les grandes idées. Mais comment, en parallèle, a-t-on pu laisser un réseau social suivi par 1,7 milliard d’utilisateurs dans le monde, se développer sans entraves alors que Pékin le contraignait à distribuer une version édulcorée et très restreinte à la population chinoise, pendant que la version débridée a continué d’inonder le reste de la planète. Et le monde « libre » laisse les citoyens de ses démocraties consommer sans modération un média inféodé au Parti communiste. Le Sénat s’était emparé de la question en lançant une commission d’enquête présidée par Mickaël Vallet (Charente-Maritime, SER) et Claude Malhuret (Allier, LIRT). Les conclusions rendues en juillet dernier sont limpides et reconnaissent des faits d’espionnages de journalistes, des transferts de données d’utilisateurs vers La Chine et des mesures avérées de censure et de désinformation au bénéfice de Pékin et de ses priorités géopolitiques. Peut-être pire encore, les travaux de la commission attestent de la capacité de TikTok à créer des bulles de filtres dangereuses (il suggère par exemple plus de contenus liés aux suicides aux personnes intéressées par la santé mentale) ; reconnaissent que les contrôles d’âge sont inefficaces (40% des 11 ans en France l’utilisent) et admettent que son pouvoir de captation de l’attention est bien plus efficace que les autres réseaux sociaux. « Les constats délivrés par certains praticiens sont préoccupants semble découvrir le législateur français. Impacts en termes de déficit de sommeil, de troubles de l’attention ou encore de sédentarité. » Enfin, les sénateurs exhortent comme « moindre prudence, à nous départir de notre naïveté envers les risques posés aux démocraties par les “guerres hybrides” des dictatures. »
Et il s’aggrave !
En 2022, record pour TikTok et sa société mère ByteDance qui ont enregistré un chiffre d’affaires de 85 milliards de dollars - soit 30% de plus qu’en 2021 - ce qui leur a permis de dépasser les autres géants de la tech chinoise Alibaba et Tencent. Démontrer que ce succès se construit sur la débilisation à grande ampleur des cerveaux n’est pas compliqué : il suffit de regarder les « tendances » qui cartonnent sur ce réseau social. Outre les sempiternels défis souvent idiots et parfois dangereux qui fleurissent régulièrement sur internet, TikTok poursuit son entreprise de déconstruction de l’attention. Comme le rapportait une journaliste, la nouvelle mode consiste à regarder sur son téléphone des films et des séries… mais découpées « à la TikTok », c’est-à-dire réduits en extraits de 90 secondes. Ultime stade de la culture du zapping : on ne regarde même plus une œuvre, on la consomme sous forme de dose comme un drogué avec son crack. Sommé par la Commission européenne de fournir certaines informations et d’instaurer de nouvelles mesures sur des points précis, TikTok n’a rien fait de sérieux pour se conformer aux demandes européennes ou françaises et il faut souligner qu’à bien des égards (modération de contenus illicites, censures), la situation «est encore pire qu’avant».
En France, la loi dispose déjà d'une interdiction d’utiliser le smartphone à l’école, du primaire au collège - ce qui n’endigue en rien la consommation puisque, selon le Sénat, les utilisateurs de TikTok consultent l’application en moyenne 40 fois par jour et y passent 1 h 47 pour les 4 -18 ans. Des données à corréler, peut-être, avec la chute libre de la France dans le classement Pisa qui évalue le niveau des élèves. Car, au-delà du simple cas TikTok, il y a la question essentielle de la surexposition aux écrans (et aux réseaux sociaux) pour la jeunesse. Là-dessus, une "initiative d’Emmanuel Macron est censée arriver avant Noël".
Espérons que sur ce sujet, le chef de l’État parviendra à donner un cap et à se « départir de naïveté ». En attendant, évitons de mettre sous le sapin un smartphone ou une tablette en cadeau de Noël à nos enfants. Une pile de livres vaudrait mieux !
L’AGITATEUR FRENETIQUE
06 décembre 2023
Les Américains ont Trump, les Russes ont Poutine, nous, nous avons Mélenchon ! Un cas de plus au chapitre de l’incompréhension pour mon entendement. Les outrances du leader de la France Indigne, nous y sommes habitués depuis que nous l’avons vu en furie à la porte de son appartement lors d’une perquisition qu’il voulait empêcher. Mais le dérapage auquel il vient de se laisser aller contre Ruth El Krief pose la question de sa santé mentale.
Rappelons les faits.
Mme El Krief a eu un entretien sur LCI avec Manuel Bompard, coordinateur de LFI, et en journaliste chevronnée elle a posé des questions qui ont mis l’intéressé dans l’embarras à cause de la position prise sur le conflit entre Israël et le Hamas. De quoi provoquer une énorme colère, exprimée sur les réseaux sociaux, du « saint oracle de LFI » qui a traité la journaliste de « manipulatrice » ce qui est injurieux, et de « fanatique », ce qui n’est pas acceptable compte-tenu de la teneur antisémite de l’accusation. Un propos qui dépasse les bornes. Les téléspectateurs qui connaissent bien Ruth El Krief auront été étonnés du portrait que le chef de file de l’extrême gauche dresse d’une journaliste rigoureuse et dont la courtoisie est établie, toujours respectueuse de ses invités. L’attaque a été si vive, dans le contexte actuel, que le gouvernement a décidé de lui accorder une protection policière.
Un propos antisémite flagrant.
Ruth El Krief rappelle qu’elle est née au Maroc et qu’elle a été éduquée dans un monde rassemblant cultures et religions. Il est évident que le message vengeur de Jean-Luc Mélenchon prend une autre dimension du fait des origines de la journaliste. Dès lors on peut considérer le propos comme ouvertement antisémite et si grave que Gérald Darmanin a estimé qu’une « cible lui a été placée dans le dos ». Quant à Eric Ciotti, il considère Mélenchon comme « un sombre et vulgaire lanceur de fatwas » et même le placide Gérard Larcher, notre Président du Sénat, est sorti de ses gonds en lançant un « ferme ta gueule ! ». Il n’est pas étonnant, que la polémique enflant, elle ait reçu le soutien de ses confrères et même de la France entière.
Une ficelle de plus en plus grosse.
On aurait tord de prendre à la légère de tels propos racistes qui devraient tomber sous le coup de la loi et dont les répercussions vont déboucher sur une disposition qui va bouleverser la vie quotidienne de la journaliste. On en arrive à penser qu’il faudrait peut-être légiférer sur ces excès de langage qui se traduisent par des crimes dont il est aisé de suivre la litanie dans la presse. On a certes compris que, loin de bouillir de colère, Mélenchon tente de rafler le vote musulman en France. La ficelle est de plus en plus grosse. C’est d’abord supposer que les Français musulmans votent tous par antisémitisme, ce qui n’est pas sûr et ceux d’entre eux qui ont compris la basse stratégie de LFI devraient être furieux de ce qu’on puisse croire qu’il est tellement facile de les manipuler.
Mélenchon perdant. LFI avec.
Le bilan de cet épisode est négatif à tout point de vue. Il l’est parce que la liberté d’expression vient de prendre un coup sévère ; il l’est parce qu’il met en danger une innocente. Il l’est parce que la stratégie électorale de Jean-Luc Mélenchon a touché le fond : son attitude à l’égard d’Israël a achevé la Nupes, grand mais vain espoir d’union de la gauche. À mettre chaque jour le pays en tension comme il le fait, il a lassé plus d’un de ses anciens fans. Il y a chez lui un côté suicidaire : il a créé la Nupes (Nouvelle union politique, écologique et sociale), c’est lui qui l’a détruite. Il a probablement enterré les espoirs de la gauche pour les élections européennes et pour la présidentielle de 2027. Il l’est enfin parce qu’il hystérise en permanence le débat politique, ce dont toute la classe politique pâtit, et par les temps qui courent, on s’en passerait bien.
Il faudrait mettre Mélenchon hors d’état de nuire. Mais cela ne peut venir que des siens.
C'est clair, il veut mettre la France à feu et à sang pour espérer prendre le pouvoir. On ne le laissera pas faire.
GUERRE DE CIVILISATIONS ?
22 novembre 2023
Dominique de Villepin, avec sa véhémence habituelle, a fait l’autre soir à la télé une brillante démonstration, voulant voir dans le déchainement au Moyen Orient une guerre de civilisations : en gros l’Islam contre l’Occident chrétien. Séduisant, car le conflit en a toutes les apparences. A bien y regarder, ce n’est peut-être pas la bonne grille de lecture. Ne serait-on pas plutôt dans des conflits qui opposent le monde démocratique aux anciens empires tombés entre les mains de régimes totalitaires et prédateurs ?
Le recul des démocraties.
C’est un fait : le nombre des démocraties dans le monde ne cesse de diminuer, sans compter celles dites « illibérales », qui en gardent l’apparence mais sont en fait entre les mains de régimes autoritaires qui « trichent » savamment pour garder le pouvoir comme en Hongrie.
Les dangers qui les menacent sont nombreux, à commencer par les réseaux sociaux. On a vu comment des « fermes à trolls », pilotées par exemple par la Russie, sont intervenues à coups de « fake news » dans des élections en Europe pour favoriser le candidat qui convenait au Kremlin, comme en Slovaquie dernièrement. La toxicité des réseaux sociaux pour les démocraties libérales n’est plus à démontrer : ils dissolvent la vérité dans un flot de fausses allégations et contribuent à discréditer l’action des élus au profit des thèses complotistes. Le système démocratique est sapé de l’intérieur.
Ce n’est pas la seule menace. Il faut prendre en compte l’idéologie wokiste, importée des Etats-Unis, qui pénètre les rouages intellectuels de nos sociétés occidentales avec les thèses obscurantistes, héritées du gauchisme soixante-huitard, qui visent à détruire la pensée des Lumières au profit d’une analyse toxique qui mélange toutes les oppressions dont le « méchant blanc » serait à l’origine et l’auteur. L’intersectionnalité des luttes remplace alors l’universalisme républicain qui sert de socle à la République et cherche à détruire la laïcité qui garantit la cohésion nationale.
Le terrain est ainsi préparé pour l’islamisme politique et toutes ses exigences en contradiction avec les lois de notre pays. Ailleurs en occident on a choisi la voie du communautarisme, ce qui, d’évidence, conduit au déni d’intégration et augmente le péril démocratique libéral. L’immigration devient donc un enjeu majeur : si nous n’arrivons pas à la contrôler, c’est le régime politique des pays européens et leur manière de vivre qui sont directement appelés à disparaître.
Enfin, dernier danger et pas le moindre, le populisme, cette version avilie du débat démocratique, prospère sur cette situation d’affaiblissement, profitant de toutes les causes précédentes auxquelles s’ajoutent les erreurs de gestion avec un endettement massif, et de l’effondrement des partis traditionnels qui en résulte.
Cette situation de recul se mesure à l’ONU où les démocraties libérales sont minoritaires dans l’assemblée générale et mises en échec par les droits de veto au Conseil de Sécurité. C’est ainsi que le « machin » a fait preuve d’une relative discrétion quant aux exactions des Russes en Ukraine (veto russe) et s’est déchaîné contre Israël en faveur du Hamas … Cherchez l’erreur.
Un colonialisme peut en cacher d’autres.
Pour concrétiser le rejet de l’Occident « dominateur », les pays qui veulent imposer leur domination ou étendre leur empire ont constitué une sorte d’auberge espagnole qu’ils ont nommé « Sud global ». Loin d’être une coalition, il s’agit plutôt d’un conglomérat de puissances plus ou moins grosses qui jouent chacune leur partition, n’étant d’ accord que sur un point : le rejet de l’Occident à qui elles reprochent son colonialisme passé et de qui elles dénoncent son « néocolonialisme » même quand ce sont elles qui appellent leurs anciens tuteurs à la rescousse.
Le « Sud global » est une expression commode derrière laquelle se cachent des régimes prédateurs qui s’appuient sur toutes les formes d’obscurantisme, et au moins deux colonialismes avérés : celui de la Russie avec la déstabilisation des pays de l’Afrique francophone avec l’aide de Wagner dont l’aide pour se débarrasser de l’ancien colonisateur est assortie du pillage de leurs richesses en or et diamant et la tentative de reconquête des anciennes marges européennes de l’URSS qui explique la guerre en Ukraine ; celui de la Chine avec les fameuses « routes de la soie » qui ne sont autres qu’un assujettissement pour s’emparer des ressources convoitées pour son propre développement en Afrique et partout dans le monde. Les deux régimes ont en commun la dictature totalitaire, d’une clique cleptocrate pour l’une, du parti communiste pour l’autre. Ces deux pays prétendent au leadership mondial.
Pour compléter le tableau, il faut ajouter la Turquie d’Erdogan qui rêve de reconstituer l’empire ottoman, et qui a quasiment mis fin à la République d’Ataturk en s’appuyant sur l’obscurantisme religieux, l’Iran Chiite qui rêve de dominer le monde musulman, l’Inde qui joue sa propre partition mais qui glisse vers un totalitarisme hindouiste. Chacun entraîne dans son sillage des pays plus ou moins vassaux tenus à la gorge financièrement. Tous ces pays ont en commun des régimes qui s’accaparent les richesses sur le dos de leurs peuples en les maintenant dans l’obscurantisme et la suppression de la liberté de penser, qu’il soit communiste ou religieux. Ils sont animés par la nostalgie d’un passé révolu depuis longtemps.
Quant aux pays arabes, particulièrement ceux du golfe, ils ont trop besoin de l’Occident pour écouler leur pétrole et maintenir leurs ressources pour s’en séparer franchement, ils jouent donc sur tous les tableaux au gré de leurs intérêts bien compris.
Le mythe de l’occident faible.
Si on y regarde de plus près, le Sud global rassemble des économies disparates et fragiles. La Russie est en train de se détruire. Elle présente au monde le visage d’un pays sous-développé si on excepte Moscou et Saint-Pétersbourg, avec le PIB de l’Espagne. Elle a pour elle d’être une puissance nucléaire ce qui est suffisant pour asseoir sa capacité de nuisance. L’autre grand de ce conglomérat, c’est la Chine. Son développement est cassé depuis l’arrivée au pouvoir de XI Jinping qui a remis au goût du jour la dictature économique du PC avec tous les inconvénients que l’on connaît bien depuis la chute de l’URSS. Si on prend en compte la gestion catastrophique du Covid et sa pyramide des âges, il est désormais certain qu’elle ne sera jamais la première puissance mondiale. La Turquie d’Erdogan connaît une déroute financière, seule peut-être l’Inde semble avoir un avenir plus prometteur, bien que le pays soit plombé par sa croissance démographique. L’amérique latine est loin d’être tirée d’affaire…
Etats-Unis, Europe, d’un côté, Australie, Japon, Corée du Sud, Taïwan de l’autre, ce que l’on appelle l’Occident assez improprement présente certes des faiblesses, mais peut mettre sur la table encore de solides atouts. La puissance financière du dollar n’est pas près d’être détrônée, la recherche, la technologie, la qualification des populations, les infrastructures sont autant de points d’appuis qui permettent de rebondir et compensent largement les faiblesses. Leur PIB cumulé reste solide, même s’il passe par des périodes de moindre croissance. Cette partie du monde là n’a pas dit son dernier mot. Et il faudra compter encore avec pendant quelques décennies. Merci Poutine : la guerre en Ukraine l’a sortie de sa torpeur.
Plus qu’une guerre de civilisations, c’est une guerre des pays oppresseurs contre les régimes démocratiques qui les gênent, car avec la mondialisation de l’information par internet, il est de plus en plus difficile de maintenir comme autrefois des barrières étanches pour maintenir le conditionnement du cerveau.
LIRE REND INTELLIGENT !
12 novembre 2023
Michel Desmurget est docteur en neurosciences et directeur de recherche à l'Inserm. Le livre qu'il nous propose dont l'article ci-dessous reprend les idées, est solidement documenté et donc à prendre très au sérieux. Et la situation est dramatique. Il y a urgence !
Si lire rend intelligent, le contraire est vrai aussi : ne plus lire rend bête.
Il faut lire le dernier livre de Michel Desmurget « Faites-les lire !», si vous n’êtes pas convaincu. Il n’est pas abusif d’affirmer que le déclin de notre pays dans les classements internationaux, surtout par rapport aux pays asiatiques et les quelques exceptions ailleurs dans le monde, est lié à l’effondrement de la « lecture loisir » au profit des autres divertissements au premier rang desquels on trouve les « écrans » qui nous fabriquent des « crétins numériques ».
Une place centrale pour la lecture.
Rétrospectivement, je m’enorgueillis d’avoir fabriqué des générations de vrais lecteurs et lectrices par l’attachement que j’apportais à la pratique de la lecture dans mon enseignement. C’est d’ailleurs confirmé par les anciens élèves que je rencontre. A plusieurs reprises j’ai eu la bonne surprise de m’entendre dire « vous m’avez donné le goût de la lecture ! » venant surtout d’élèves féminines je dois l’avouer. Mais qu’on en juge ! Dans une semaine de cours de français pour une classe de 6ème/5ème, la lecture occupait une place de premier rang : l’heure de lecture expliquée qui permettait de prendre un texte d’auteur et de le décortiquer pour en extraire la « substantifique moelle » ; l’heure de lecture suivie et dirigée qui constituait chaque semaine un point d’étape dans la lecture d’une œuvre au programme, généralement un roman, avec questions sur le ou les chapitres lus d’une semaine sur l’autre ; l’heure de travaux pratiques consacrée chaque quinzaine au « laboratoire de lecture » qui consistait à choisir une fiche dans une boîte où elles étaient classées par niveau avec étalonnage et possibilité de progresser ; le moment pris sur l’emploi du temps en français pour choisir un livre dans la bibliothèque de la classe que j’avais aménagée et la présentation d’un ouvrage lu par un élève, en plus de l’offre du CDI ; sans compter avec l’heure d’orthographe dont le support était toujours un texte d’auteur choisi pour son intérêt littéraire autant qu’orthographique ou grammatical… Et l’heure de rédaction, ou « composition française » qui s’appuyait souvent sur des récits étudiés en amont. Bref, la lecture occupait une place centrale. Et j’avais en face de moi, des élèves lecteurs : telle élève avait lu la plupart des pièces de Molière, telle autre m’apostropha en me demandant si j’avais lu la « Fée carabine » de Pennac … Il faut dire qu’à cette époque-là, les classes bénéficiaient de 6 h de français par semaine et parfois avec une heure dédoublée. Je doute que la génération actuelle des profs ait autant de motivation pour faire lire leurs élèves. D’ailleurs, lisent-ils eux-mêmes ? J’entends déjà la parade : je devais enseigner dans un de ces établissements privilégié à la clientèle choisie. Que nenni, j’ai passé 30 années dans un collège de zup, dans le quartier de la Roseraie à Angers.
La lecture, vecteur essentiel de développement.
Michel Desmurget l’affirme : depuis l’émergence du langage, l’humanité n’a rien inventé de mieux que la lecture pour structurer la pensée, organiser le développement du cerveau et civiliser notre rapport au monde. Le livre construit littéralement l’enfant dans la triple composante intellectuelle, émotionnelle et sociale. En affirmant l’importance essentielle de la lecture pour le développement de l’enfant et en soulignant combien ce dernier a besoin d’un étayage familial solide pour devenir lecteur, il ne s’agit nullement de stigmatiser les parents, encore moins de les critiquer. Il s’agit seulement de leur fournir les éléments de choix et ce faisant de nourrir leur liberté éducative. Et inutile de se lamenter, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Par chance, au royaume des livres, rien n’est jamais perdu : quel que soit l’âge, le sexe, les réticences potentielles ou l’embarras scolaire, l’accès aux bénéfices (et plaisirs) de la lecture reste toujours ouvert.
Lire commence très tôt.
Le goût de la lecture n’a rien d’inné. Il s’inculque et se transmet lentement. Pour les parents, il est important de lire avec son enfant, dès le plus jeune âge, mais aussi après, même à l’adolescence. La plupart des enfants croisent des livres bien avant de savoir lire. Les formes sont multiples : la lecture partagée, le jeu symbolique quand l’enfant fait semblant de lire, la manipulation d’ouvrages graphiques tels les imagiers et albums sans textes… Elles posent les bases des usages ultérieurs en inscrivant le livre et la lecture dans le champ des habitudes quotidiennes. Les enfants aiment qu’on leur lise des histoires. Même les adolescents affectionnent la pratique dans des proportions surprenantes. Aussi est-il important, pour les parents de continuer la lecture partagée bien au-delà de l’apprentissage de la lecture. Et quand ils l’abandonnent, en fait ils renoncent à superviser et encourager les activités livresques de leur progéniture, au moment où la tentation de la « récréation numérique » est la plus forte. Il est démontré que plus les membres du foyer sont exposés aux écrans récréatifs, moins le temps offert aux échanges intrafamiliaux, dont la lecture, est significatif. D’autant plus que l’expérience montre que le fait de cesser de lire des histoires aux enfants pour favoriser leur autonomie et stimuler leur pratique personnelle est une fausse bonne idée. C’est le contraire qui est vrai : loin de s’amputer l’une l’autre, les consommations solitaires et partagées ont tendance à se soutenir et s’additionner. Plus l’enfant est exposé à la lecture partagée, plus il a tendance à lire seul. Conclusion : si vous voulez que vos enfants lisent seuls, lisez-leur des histoires quel que soit leur âge, et même (surtout) lorsqu’ils approchent de l’adolescence.
Fermez les écrans, ouvrez les livres !
La concurrence de la télé s’est avérée être la cause la plus évidente du déclin de la lecture. Il a été démontré que la fréquence de la lecture diminue lorsque les enfants ont un accès accru aux outils numériques, même lorsque ces outils sont dotés de fonctions e-reading (livres numériques). Les écrans récréatifs sont un ennemi féroce et ancestral de la lecture. Ainsi, la Région des Pays de la Loire qui croit bien faire en distribuant des ordinateurs à tous les lycéens pour réduire la « fracture numérique », a tout faux, car elle contribue parallèlement à faire régresser drastiquement la lecture. L’expérience montre en effet que les applications ludiques l’emportent massivement dans l’utilisation de ces ordinateurs au détriment notamment du temps passé à lire. Si nos ados offraient chaque jour à la lecture la moitié du temps qu’ils consacrent à leurs jeux vidéo et contenus audiovisuels, ils pourraient lire chaque année autour de cent vingt romans moyens ou une grosse cinquantaine de pavés tels Germinal, le Capitaine Fracasse ou Notre-Dame de Paris.
De plus en plus de livres et de moins en moins de lecteurs.
Pour celui qui voudrait lire, il n’y a pas d’excuses. Notre époque offre de véritables temples voués aux livres, en plus des librairies dites « spécialisées ». Il suffit de parcourir les magasins Cultura ou FNAC, ou d’aller sur Amazon pour les inconditionnels d’internet, pour se trouver face à l’embarras du choix. Et il m’arrive encore d’y trouver un ouvrage que je n’avais pas prévu d’acheter. Abondance et profusion, donc, mais pour qui ? Si l’on en croit les statistiques sérieusement établies, le nombre des lecteurs diminue. L’affaissement brutal de cette activité au sein des nouvelles générations constitue un véritable désastre pour la fertilité collective de notre société et ce d’autant plus que la disparition de la lecture s’effectue au profit d’une culture numérique récréative dont le caractère abêtissant est aujourd’hui irrévocablement démontré par un vaste ensemble d’études scientifiques. Les influences négatives sont avérées sur le langage, la concentration, l’impulsivité, l’obésité, le sommeil, l’anxiété et la réussite scolaire. Après on s’étonne de la violence …
Allez, vite un livre !
NON A L’ANTISEMITISME !
08 novembre 2023
C’est un appel hautement symbolique et solennel à la hauteur de l’enjeu.
Yaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale, et Gérard Larcher, Président du Sénat convient la population à une grande marche qui aura lieu dimanche entre le siège de l’Assemblée et celui du Sénat. La vague d’antisémitisme qui déferle sur notre pays ne correspond pas au visage de la France. Tous les partis s’associent à l’appel sauf LFI, comme par hasard. Il faut que les Français répondent massivement par leur présence.
Le niveau d’antisémitisme n’a jamais été aussi élevé depuis la Seconde Guerre mondiale, ce qui devient intolérable. L’initiative des deux présidents est donc la bienvenue. Elle participe à une prise de conscience de ce qui s’est passé le 7 octobre dernier en Israël et qui reste perçu par l’opinion publique comme un épisode de plus dans le conflit israélo-palestinien. Ce n’est pas un épisode, mais un tournant historique dans la vie d’Israël qui doit obtenir la libération des quelque 240 otages et rassurer les Israéliens sur leur sécurité, largement compromise depuis l’assaut du Hamas, et éradiquer de Gaza, si c’est possible, le terrorisme .
Il est inutile de rappeler ici l’horreur vécue par les Israéliens le 7 octobre. Il n’est pas question non plus d’ignorer la souffrance de la population gazaouie. Simplement, la France ne peut pas tolérer le racisme quel qu’il soit. Il est essentiel que s’unissent les forces démocratiques. Tous les partis politiques, sauf LFI, ont répondu « oui » à l’appel des deux présidents. La position inspirée par l’islamo-gauchisme est une mauvaise farce qui inverse les principes sur lesquels notre société est organisée. C’est aussi insupportable.
Au-delà, comme en atteste les sondages, les Français doivent montrer qu’ils sont unanimes, au moment où l’Etat juif vit une tragédie, pour condamner les trop nombreuses manifestations d’antisémitisme, parfois organisées de très loin, qui s’expriment sur les murs et sur les réseaux sociaux. La meilleure réponse à apporter au machiavélique Mélenchon et à tous ceux qui voudraient alimenter un antagonisme communautaire en France, c’est la foule qui répondra à l’appel de Braun-Pivet et de Larcher !
Vive la République !
DRÔLE DE JUSTICE !
07 novembre 2023
Curieuse situation.
Quelle époque vivons-nous ? Depuis hier, Éric Dupond-Moretti, Garde des sceaux, comparaît devant la Cour de justice de la République (CJR) pour « prise illégale d’intérêts », tout en restant à son poste. Oui, c’est possible ! Comment le citoyen lambda peut-il comprendre cette situation plutôt ubuesque.
Le PNF sur la sellette.
Au cœur du sujet on retrouve les méthodes du Parquet National financier. On a vu comment le Conseil constitutionnel avait fini par donner raison à Nicolas Sarkozy et François Fillon qui dénonçaient les procédures inquisitoriales utilisées. Le sujet ici est simple : un avocat est sacré. Les magistrats du parquet financier n’ont jamais répondu à cette question, bien qu’elle soit prépondérante. Ils se sont contentés d’émettre des réponses évasives sur leurs propres méthodes qui, de toute évidence, ne les grandissent pas, affectant d’avoir tous les droits pour la recherche de la vérité, y compris celui de s’immiscer dans le rapport entre l’avocat et son client. Si c’était aussi simple, les enquêtes judiciaires seraient courtes et les avocats deviendraient bien inutiles.
Un sujet incontournable.
Il serait surprenant que les juges de la CJR n’accordent pas un peu d’intérêt pour les arguments de l’intéressé. Mais, pour nous, demeure une question lancinante que Me Dupond-Moretti sera peut-être amené à développer, du moins on l’espère : est-il seulement légal, pour des juges, d’écouter les conversations téléphoniques entre des accusés et leurs avocats ? Comment se fait-il que notre société, elle qui dispose de tous les instruments d’une justice égale pour tous et profondément démocratique, tolère sans broncher le viol de la relation accusé-avocat ? Nous sommes les meilleurs quand il s’agit de plaider, mais beaucoup moins bons quand il suffit de ne faire que ce que le droit permet.
Le doute est permis.
Pour plusieurs raisons, le doute est permis. La CJR fonctionne mal et il a été envisagé de la supprimer. Surtout que l’affaire a tout à voir avec un règlement de comptes entre avocats et magistrats et rien avec l’exercice serein de la justice. L’initiative de celui que l’on appelle « Acquittator » aurait été mieux traitée par une instruction discrète qui aurait mis à égalité les protagonistes. En outre, toute l’histoire se déroule dans un flou juridique dense d’où le pire peut sortir, à commencer par une perte d’éligibilité et une forte amende pour l’actuel ministre, lequel n’a pas jugé utile de quitter ses fonctions pendant la durée du procès et assure qu’il mènera de concert son procès et la gestion de son ministère.
« Une infamie ».
« Ce procès est une infamie », a déclaré d’emblée Éric Dupond-Moretti, ce qui laisse présager des débats plutôt houleux, déclaration qu’il a atténuée en ajoutant qu’il était « soulagé » de pouvoir se défendre. Dans l’affaire lancée par le Parquet national financier, une enquête sur le financement de campagnes électorales, notamment celle de Nicolas Sarkozy, avait été étendue à ses avocats, ce qui, déjà, est parfaitement illégal, mais est allée jusqu’à écouter les conversations téléphoniques de M. Dupond-Moretti qui, lui, n’était nullement concerné par le scandale. L’avocat, à bon droit, a explosé de colère, a porté plainte contre les magistrats, sans prévoir que, plus tard, il serait hissé au poste de ministre. Il est accusé d'avoir utilisé sa fonction pour enquêter sur les magistrats du PNF, un crime de lèse-majesté. Et sans pouvoir imaginer qu’il allait, de cette manière, créer un sac de nœuds inextricable dont souffrent la justice, la magistrature et le pouvoir politique.
Question de démocratie.
Le procès de Me Dupond-Moretti ne manquera pas de soulever ces points litigieux . Ils sont consubstantiels à la démocratie et pourtant considérés avec la plus grande indifférence par l’opinion publique qui, d’ailleurs, voit dans ce procès une sorte de match où s’entretuent des personnages pourtant essentiels au fonctionnement de l’État. La démocratie, rappelons-le, est en recul dans le monde et cela affecte notre façon de vivre. Il a fallu la gagner et, surtout, il faut se battre tous les jours pour la conserver. Le verdict du procès donnera une indication essentielle à sa survie, alors que les réseaux sociaux et les médias en continu la fragilisent plus qu’ils ne la confortent.
QUAND LA SENESTRE SEVIT !
08 octobre 2023
La culture prise en otage.
L’idéologie, c’est bien, mais à petite dose sinon, les inconvénients de la pensée toute prête font des ravages et peuvent conduire au désastre comme on l’a vérifié avec l’effondrement de l’Union soviétique sur elle-même, par le pourrissement intérieur généré par le stalinisme. Je parie que le même destin menace la Chine avec la reprise des fondamentaux marxistes par Xi Jinping. Mêmes causes, mêmes effets. Ce n’est qu’une question de temps. Cela ne veut pas dire que nous, les occidentaux, attachés aux droits de l’Homme, à l’Etat de droit, au respect des règles internationales, nous soyons à l’abri. Car nous sommes minés de l’intérieur par une idéologie plus sournoise, puisée aux mêmes sources par les Derrida, Foucault et cie, née dans les années 70, exilée aux Etats-Unis et qui nous est revenue par le biais le plus inattendu : la consommation de biens culturels. Inutile d’évoquer le « wokisme » puisque selon ses propagandistes, ça n’existe pas, comme la « théorie du genre », d’ailleurs, tout comme « l’islamo-gauchisme », qui sont autant de notions inventées par les réacs blancs pour discréditer les partisans du « bien ».
Le nouvel art officiel.
Pourtant, il y a bien une idéologie qui impose son cadre à la fiction (roman, ciné, télé) jusqu’à l’absurde, une politisation de la culture qui n’hésite pas à trier, censurer, réécrire les œuvres… Un nouvel art officiel est né, promu par Netflix et Hollywood et même le service public français, qui vise à construire un nouvel imaginaire à toute une génération. Si vous n’avez pas tout compris, je traduis : il s’agit de montrer à travers la fiction que l’Occident est un enfer pour les minorités raciales, les LGBT et les femmes et de faire de ces trois catégories, les héros exclusifs de la production artistique. Prenez par exemple n’importe quel épisode de n’importe quel policier, qu’il soit français, anglais, scandinave ou allemand, vous n’échapperez pas aux enquêteurs en mal de couple, plus ou moins séparés, dont les tribulations occupent la moitié du scénario ; l’enquêteur en chef est presque toujours une femme, elle a, pour l’aider, inévitablement son lot de « diversitaires » noirs ou autres, elle doit faire avec des collaborateurs ou collaboratrices en couples homosexuels, et forcément c’est le blanc qui est le méchant … Dans son livre « Woke fiction » , Samuel Fitoussi (un affreux réac) dresse la table de la loi qui régit les productions actuelles : des héros vertueux, des minorités discriminées, pas d’appropriation culturelle, pas de stéréotypes de genre, les non blancs seront gentils et les blancs méchants, les hommes seront haïssables, les normes déconstruites… le tout sous l’oeil de l’Arcom, institution publique chargée de surveiller l’audiovisuel en France, qui établit chaque année un « baromètre de la diversité » (qui consiste à compter les Noirs et les Blancs à la télévision). Le réalisme woke rappelle le réalisme socialiste dans un seul pays (l’URSS), sauf qu’il est mondialisé et systémique.
C’est pas bien de résister.
Les grandes œuvres d’art sont celles qui puisent dans le réel et le transfigurent, pas celles qui le falsifient. Depuis des millénaires, la culture est ce qui nous grandit, nous ennoblit, qui fait que nous sommes des êtres irrigués des mots de nos pairs, enracinés dans une terre, constitués d’une certaine idée de la liberté de l’Homme et de sa place dans le monde à laquelle on ne peut renoncer sans se nier. Voilà ce que nous sommes et qu’on voudrait nous empêcher de rester. Et comme la France est un pays rebelle par nature, la résistance à la « révolution culturelle en marche » oblige ses protagonistes à sortir leurs armes : tout ce qui résiste est fasciste, d’extrême-droite, et doit être discrédité et combattu. D’où les campagnes menées par l’intelligentsia senestre (= gauche) contre le JDD et Geoffroy Lejeune qui est aussi facho que moi je suis évêque, contre Cnews où l’on ose encore nommer les Saints du jour et parler de religion chrétienne, contre Alain Finkielkraut d’autant plus méprisable qu’il vient de la gauche (mais l’autre, la sociale démocrate de Jacques Julliard)… C’est triste et coûteux, car l’offensive en France se fait avec notre argent. Consolation : ces œuvres subventionnées et subversives rencontrent rarement leur public.
Le « nouveau monde ».
Mais ce n’est pas tout. L’Occident est aussi attaqué par les partisans du « nouveau monde », conçu selon Poutine et XI. En échange de nos démocraties, certes parfois imparfaites, ils nous proposent des régimes « forts », gérés par des Kleptocrates selon le modèle russe, où une poignée d’oligarques milliardaires se gavent sur le dos du peuple en pillant les richesses de leur pays voire, d’autres pays (en Afrique, par exemple) où ils se comportent en prédateurs impérialistes. Le modèle proposé par la Chine n’est guère plus attirant, avec son dictateur doctrinaire qui décide de tout y compris du destin du moindre de ses « sujets ». Les deux modèles ont en commun une surveillance étroite de chaque individu et le règne par la terreur y est la règle, relayé par une propagande qui zombifie le peuple. Vraiment, non, merci.
L’universalisme indépassable.
La culture c’est ce qui permet de faire société, et faire société, c’est passer de l’animalité à l’humanité. Voilà pourquoi il faut tenir absolument à notre héritage des lumières sur lequel sont fondées nos démocraties libérales. L’universalisme qu’il a engendré est indépassable mais fragile. Il ne tient pas sans le soubassement sur lequel il s’est peu à peu élaboré, de Pétra à Athènes et à Rome, ces fondements que d’aucuns voudraient effacer alors qu’ils expliquent tout. Ils sont le caractère essentiel constitutif de notre culture et en même temps sa fragilité. C’est cet universalisme qui caractérise et définit la civilisation, et c’est de l’ignorance que viendra le drame, si on ne transmet plus ou si on « efface » (cancel). L’ensauvagement et la « décivilisation » viennent de là. L’idéologie « woke » refuse l’universel puisque chacun est ramené à ses caractéristiques identitaires. Alors on n’envisage plus les hommes dans leur unité, mais on les évalue selon leur utilité. Voilà une dimension à prendre en compte dans le débat sur la « mort assistée ». Car tout se tient. Car la civilisation commence vraiment lorsque quelqu’un prend soin d’un autre.
Tant que l’esprit critique veille, ceux qui veulent nous faire attraper la « sinistrose » n’y arriveront pas !
LA MORT « CHOISIE »
06 octobre 2023
Comme c’est joliment dit.
Notre époque à cet art inimitable d’utiliser les « expressions camouflages » pour cacher une réalité, enjoliver une réalité ou tout simplement la nier : un manœuvre devient un « ouvrier spécialisé », un paralytique est « une personne à mobilité réduite » et un aveugle est un « non-voyant ». Alors, il ne faut pas traumatiser le quidam avec une expression aussi brutale que « suicide assisté », encore moins « euthanasier ». On dira donc : « mort choisie ». Relevons le côté poétique du choix… Cela ne veut pas dire que le projet de loi sur le sujet qui est concocté par le gouvernement passe mieux pour autant.
La Convention citoyenne.
La Convention sur « la fin de vie » voulue par Macron avec des citoyens tirés au sort a fini ses travaux il y a six mois et ne semble pas avoir dégagé un consensus sur « l’aide active à mourir ». Le président de la République s’est engagé à proposer un projet de loi. Sauf que six mois après la fin de ses travaux, les anciens de la convention citoyenne ne parlent pas d’une seule voix. Deux associations ont vue le jour pour poursuivre et faire vivre leurs travaux. L’une veut exister dans le débat et veut faire valoir ses arguments favorables à une euthanasie, l’autre propose une version plus élargie du travail effectué et rappelle que l’unanimité s’est faite sur le nécessaire développement des soins palliatifs et une meilleur connaissance de la loi actuelle.
Une concertation cahotique avec les soignants.
Ils sont évidemment les premiers concernés par une loi sur la fin de vie. Le mélange dans le nouveau texte du développement des soins palliatifs et du suicide assisté scandalise beaucoup de soignants et professionnels de santé. Car c’est une loi de société majeure, susceptible de provoquer un « vertige éthique » selon les mots mêmes d’Emmanuel Macron. Le droit à une aide active à mourir serait réservé aux patients atteints d’une maladie incurable, avec un pronostic vital engagé à moyen terme. Le texte prévoit trois parties : accès aux soins palliatifs, aide active à mourir, droits des patients. Un mélange des genres qui hérisse les opposants au projet. Le collectif des sociétés savantes et organisations professionnelles de santé regrette les conditions du débat et le regroupement des deux sujets. Il dénonce un « enfumage » et le contexte actuel des établissements de santé qui ne serait pas en mesure d’appliquer la nouvelle loi. Il déplore la manière dont a été menée la concertation avec des réunions sans ordre du jour et des longues présentations qui ne permettaient pas le débat. L’accompagnement de la fin de vie est un sujet qui méritait la consultation de l’ensemble des parties prenantes. Visiblement elle n’a été que de façade.
Un piège sociétal.
Selon Jean Leonetti, père de la loi actuelle, le projet s’inspire de la légalisation du droit au suicide assisté tel qu’il a été autorisé dans l’état de l’Orégon aux Etats-Unis. Pour lui, le débat reste ouvert au Parlement et chacun aura à se déterminer en fonction de ses convictions personnelles. Mais il met en garde contre la tentation d’utiliser une loi comme simple marqueur politique pour aller dans le sens de l’opinion de l’instant au nom d’une modernité, alors qu’il s’agit de choix culturels voire civilisationnels d’une société. Il rappelle que les positions de la France dans le domaine éthique sont observées, respectées et quelquefois inspirantes pour d’autres pays. C’est une responsabilité dont il faut avoir conscience. Et il pense que sur un sujet aussi sensible et complexe, le Président de la République ne devrait pas prendre le risque de diviser les Français.
La priorité n’est-elle pas de faire en sorte que la loi actuelle soit correctement appliquée sur l’ensemble du territoire, ce qui n’est pas le cas.
L’IMPUISSANCE DE L’EXTRÊME DROITE !
29 septembre 2023
Avec l’affaire de Lampedusa, l’idée m’était venue d’écrire un article sur le thème. Mais je lis dans le Figaro l’excellent texte de Vincent Jeanbrun, Maire de l’Hay-les-Roses. Comme je ne ferai pas mieux, je vous le livre.
« Nul besoin d’aller jusqu’en Italie pour constater l’impuissance de l’extrême droite »
« Six mille vies échouées sur le sable d’une petite île au sud de l’Italie. En quelques jours, Lampedusa est (re)devenue le cœur symbolique d’une Europe divisée, cristallisant les tensions mais aussi et surtout les postures, des effets de manches autoritaires aux proclamations des éternels tartufes transis d’humanité, pour peu que la cause soit loin de chez eux. Car, après l'afflux de migrants, s’est bousculé derrière eux le traditionnel cortège de journalistes en quête de l’image choc, de politiques aux formules qui claquent et de leurs traditionnels commentateurs relayant abondamment les informations, vraies ou pas (pour peu qu’elles soient marquantes…) Le tout devant les yeux résignés des 6000 habitants de cette île jadis calme et dont le nom résonne désormais comme le symbole de l’immigration incontrôlée, des vies dévastées et d’une Europe à la dérive, plus divisée que jamais.
Dans mon village familial, perché dans les montagnes du Frioul, les discussions vont bon train. On y craint la « submersion », on y prononce désormais l’expression de « grande sostituzione », directement importée des vocables de l’extrême droite française ; preuve malheureuse que notre influence culturelle n’a pas tout à fait disparu, même en matière de théories déclinistes. Au téléphone, mon cousin me raconte que ce midi, un voisin attablé au café du village s’exclamait : « Si même Meloni n’arrive pas à les repousser, qui va le faire ? » Et, au fond, ils sont nombreux à penser comme lui, en Italie comme en France.
Le constat de l’impuissance.
Car plus que la compassion, l’inquiétude, la peur de disparaître ou de se compromettre, le sentiment qui domine, c’est l’impuissance. L’impuissance d’une politique : celle De Giorgia Meloni, élue présidente du Conseil italien il y a un an, instantanément devenue l’égérie de l’extrême droite européenne, prônant une fermeté sans faille sur l’immigration et qui apparaît aujourd’hui dépassée, prise au piège de sa propre rhétorique incendiaire. Comme tous les candidats d’extrême droite, elle s’appuyait sur des diagnostics lucides, proposait des solutions simples et désignait un ennemi consensuel : l’Europe. Celle qui déclarait il y a quelques mois encore avec une éclatante confiance « si je gagne, pour l’Europe, la belle vie, c’est terminé » se voit aujourd’hui contrainte d'appeler au secours l'Union européenne, affirmant être soumise à une pression migratoire « insoutenable », et appelant à « affronter le problème de manière pragmatique ». Pire, la voilà qui accueille sur place la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, scellant ainsi la « normalisation » de ses relations avec les institutions européennes.
Des solutions qui n’en sont pas.
La promesse, pourtant projet phare de sa campagne, d’instaurer un « blocus maritime » contre les migrants et de « briser le trafic d’êtres humains en Méditerranée » semble bien lointaine. Pas plus que Donald Trump n’aura construit son « mur » à la frontière mexicaine, pas plus que Viktor Orban n’aura fait adopter son « référendum anti-immigration » en Hongrie, les déclarations martiales de la candidate Meloni n’auront pas suffi à protéger les Italiens d’une immigration devenue incontrôlable. Pire, si les Italiens ont appris à ne pas croire aux promesses trop « belles » pour être vraies, l’extrême droite comptait au moins sur l’effet symbolique de l’élection d’une candidate si radicalement hostile aux migrants pour créer un effet dissuasif. Résultat : depuis le 1er janvier 2023, plus de 100.000 migrants ont franchi illégalement les frontières italiennes. C’est deux fois plus que sur la même période en 2022.
Marion l’opportuniste.
En débarquant par le premier avion sur l’île de Lampedusa, Marion Maréchal – qui est à un bateau de migrants ce qu’un papillon de nuit est à une lanterne un soir d’été – avait sans doute à cœur de fanfaronner devant une si belle occasion de démontrer combien l’immigration illégale qu’elle dénonce – à raison – était le péril de notre civilisation. Elle en aurait presque oublié ses propres déclarations, jugeant que « la victoire de Meloni protéger(ait) les Français de l’immigration ». Clairvoyant. Accordons-lui de ne pas avoir été seule au club des admirateurs de Giorgia Meloni. Jordan Bardella, des étoiles dans les yeux, déclarait après son élection : « Les peuples d’Europe relèvent la tête et reprennent leur destin en main. »
Les Dalton de la droite dure.
Bardella, Zemmour, Le Pen, Maréchal : les « Dalton » de la droite dure voyaient en elle l’espoir de prouver au monde et surtout aux Français qu’au-delà des discours, l’extrême droite était une solution fiable pour les protéger face aux crises migratoires. Pourtant, il n’est point besoin d’aller jusqu’en Italie pour constater quotidiennement l’impuissance de l’extrême droite au pouvoir. Pour ne prendre qu’un exemple, dans la commune du Luc, dans le Var, le maire RN a fait voter une charte par son conseil municipal en octobre 2017 : « Ma commune sans migrant. » À l’élégance s’est ajoutée l’impuissance lorsque, quelques moins plus tard, il accueillit une trentaine de migrants, dans un centre pour réfugiés. Nous sommes donc prévenus. Monsieur Bardella et Madame Maréchal, c’est Madame Meloni en pire. Jordan Bardella, c’est un colosse aux pieds d’argile. Marion Maréchal, c’est un tigre de papier. Ils ont un point commun : la parole sans les actes. Car comme souvent, l’extrême droite se nourrit des problèmes, pourvu qu’elle n’ait pas à les résoudre. »
Vincent Jeanbrun est maire de L’Hay-les-Roses, président du groupe Île-de-France Rassemblée à la région Île-de-France et porte-parole des Républicains.
En dehors du sujet de l’immigration, j’ajouterai que notre extrême-droite n’est pas crédible sur bien d’autres points de son programme, comme la proposition de remettre la retraite à 60 ans. Alors braves citoyennes et citoyens, avant d’aller voter, comme par exemple aux européennes, lisez bien ce qui est proposé, car rien ne pourra être tenu. Car bien évidemment , la crise migratoire ne pourra être contenue que pas une politique européenne cohérente de l’ensemble des Etats de l’Union, et qui est en train d’être mise en place.
LA LETTRE DE LA HONTE
19 septembre 2023
Un comportement vieux comme le monde…
Le harcèlement entre enfants, qu’ils soient écoliers, collégiens ou lycéens, est vieux comme le monde. A croire qu’il fait partie de la nature humaine. Il est difficile à combattre par les enseignants car il est généralement couvert par la loi d’airain de l’omerta. Il est rarement apparent en classe, en tout cas difficile à déceler, je peux en témoigner. Mais dès lors qu’il est connu ou dénoncé par les parents, par exemple, il doit être combattu et sévèrement réprimé par l’ensemble de la communauté éducative.
Bouc émissaire et « tête de Turc ».
L’école est hélas une source d’angoisse pour beaucoup d’enfants isolés, incompris, écartés des « bandes ». À chaque âge, l’être social est confronté à l’hostilité du milieu et ne doit montrer aucune fragilité. Les réseaux sociaux ajoutent une amplification néfaste et offrent un espace supplémentaire aux adeptes du harcèlement, méthode cynique pour détourner l’attention du groupe vers un bouc émissaire ou un individu à stigmatiser sous des motifs variés, aspect physique, trait de caractère,… L’apprentissage du respect de l’autre et de la bienveillance mutuelle pour être efficace doit s’accompagner d’une grande vigilance de la part du corps enseignant sur les comportements des élèves. Encore faut-il que les personnels aient reçu une formation adéquate pour les déceler, ce qui est loin d’être le cas.
Les carences de l’institution.
Depuis quelque temps, le nombre des suicides d’adolescents va s’accélérant. Et l’on est obligé de constater que le système éducatif ne semble pas à la hauteur. Le cas de Nicolas est emblématique et a enfin provoqué une réaction que l’on voudrait salutaire. En mai dernier, les parents de l’adolescent avaient adressé une lettre indignée et sévère à la direction de son établissement, inquiets de la réaction insuffisante des personnels concernés pour mettre fin à une situation qui n’évoluait pas. Le jeune de 15 ans, rendu profondément dépressif par le harcèlement qu’il subissait, a fini par se suicider. Le comble a été atteint avec la lettre du Rectorat qui a été envoyée aux parents : l’administration a voulu voir dans leur requête un comportement agressif et excessif, allant jusqu’à mettre en doute la réalité des faits. Pire, elle a dénoncé un libellé indigne et les a menacés de poursuites judiciaires graves. On reste glacé par le déni et la froideur d’un texte cautionné par le Rectorat. Ce qui en dit long sur le chemin à parcourir.
Une honte !
Le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, a aussitôt déclaré que la lettre de l’Académie était une « honte ». Réflexe largement partagé par l’opinion. De toute évidence, les dirigeants de l’Académie semblent n’avoir eu qu’une préoccupation : protéger l’ordre établi et se protéger eux-mêmes, abandonnant la victime à son triste sort. D’insensibles technocrates dans toute leur splendeur. A quelque chose, malheur est bon ! Le Ministre de l’Education semble décidé à engager une réforme profonde pour mettre les harceleurs hors d’état de nuire, et leurs familles face à leurs responsabilités. Il se devait de réagir à ce qui est apparu comme l’absence de toute compassion, le refus d’enquêter sur l’affaire, la négligence répandue qui permet de masquer les différends au moyen des consignes réglementaires.
Un travail de longue haleine.
Gabriel Attal a manifesté sa volonté de créer un électrochoc en convoquant tous les Recteurs et en annonçant des sanctions, en même temps qu’il faisait des propositions qui devraient protéger les plus fragiles des écoliers, collégiens et lycéens et apporter un peu d’assurance et de répit aux parents d’élèves. Cependant, il s’agit d’un travail de longue haleine qui nécessitera un effort considérable et en profondeur, et qui ne débouchera pas toujours sur un succès, tant sont nombreuses les agressions du groupe sur un individu isolé, qu’il s’agisse du harcèlement, du bizutage ou de toute forme de mise à l’écart et de stigmatisation. On l’a vu avec le suicide récent de Marie dont les parents mettent en cause le réseau « Tik Tok » contre lequel ils ont porté plainte. C’est une question qui mériterait un débat national, car dans la société d’aujourd’hui, les atteintes à la personne sont fréquentes et multiples, et l’autorité trop souvent remise en cause : que penser quand des élèves convoqués par un chef d'établissement ressortent de son bureau en se marrant ouvertement (vécu). Les réponses doivent prendre des formes multiples : formation des personnels, de vraies punitions contre les harceleurs, interdiction de l’usage des réseaux sociaux avant 18 ans (les Chinois le font bien), port de l’uniforme qui apaiserait les relations entre adolescents car il effacerait les différences…
Il n’en reste pas moins que dans le cas de Nicolas, l’Institution s’est couverte de honte et le prix payé reste inacceptable.
SI J’ETAIS MINISTRE DE L’EDUCATION…
11 septembre 2023
Vous allez dire : « pour qui se prend-il ? ».
Quand on voit dans quel état se trouve notre système éducatif et la tâche qu’il faudrait accomplir pour le remettre debout, je n’ai pas de scrupules à me dire que je pourrais faire mieux que tous ceux qui ont occupé la place rue de Grenelle. Nul doute que Gabriel Attal c’est mieux que Pap N’Diaye et les quelques mesures qu’il a prises à son arrivée augurent d’un début sur de meilleures bases. Mais la tâche est immense, et le gaillard a beau être habile et savoir écouter, avoir la caution du « château », je parie que la machine ne tardera pas à la broyer. L’étage des Inpecteurs généraux est redoutable …
C’est que tout est à reconstruire.
Je ne vais pas passer en revue tous les problèmes et toutes les insuffisances de la machine éducative : chacun les connaît, qu’il s’agisse des performances en lecture ou en mathématiques ou en sciences, l’augmentation du nombre des illettrés que les performances mirifiques aux bacs n’arrivent pas à cacher, sans parler des inégalités qui vont croissant avec près de 80 000 jeunes qui sortent chaque année sans aucune qualification. Du côté des enseignants, ça n’est guère réjouissant : attractivité du métier en berne, démissions galopantes et recrutement quasi en panne. Et quand on pense que plus de 300 000 enseignants partiront en retraite d’ici 2030, c’est-à-dire demain, on mesure l’ampleur de la tâche !
Une tâche gigantesque mais pas impossible.
D’abord parce que les moyens sont là : un budget de 64,2 milliards d’€ pour 12 millions d’élèves, une dépense qui a progressé de 7% du PIB depuis les années 80, largement au-dessus de la moyenne de l’OCDE. Alors, que faut-il faire ?
La première chose c’est de sortir du déni.
Se soucier d’interdire le port de l’abaya et réfléchir à l’instauration d’un uniforme pour les scolaires, c’est nécessaire, mais on n’est pas sur l’essentiel. Il ne faudrait pas que notre Ministre se contente d’agir sur ce qui est « périphérique ». Je ne suis pas certain qu’il soit sorti du déni sur l’amplitude de l’effondrement du système. Tout est à reprendre de fond en comble et le plus vite sera le mieux, avec deux priorité en tête : exclure le « wokisme » de la machine et faire barrage à l’islam politique dont l’abaya est l’arbre qui cache la forêt, les deux constituant un frein redoutable à la transmission des connaissances indispensables à la formation de citoyens libres et responsables.
Deux réformes profondes s’imposent qu’il faut mener en parallèle.
Débureaucratiser et dépyramidaliser un système figé au centralisme asphyxiant, dévoreur de moyens au détriment de la qualité de l’enseignement ; entreprendre immédiatement une refonte de la formation des enseignants par la fin du concept unique « prof de la maternelle à l’université » qui a montré son inefficacité et son ineptie pour un coût qu’on ne retrouve pas dans les compétences.
Le système éducatif selon mes vœux est d’abord décentralisé auprès des régions avec une large autonomie des établissements, l’Etat gardant la maîtrise des contenus et du contrôle des personnels par l’évaluation fréquente pour assurer la cohérence des carrières et des enseignements. Dans la réorganisation, un soin particulier doit être apporté à la maîtrise des savoirs fondamentaux, lecture, écriture et mathématiques, grâce au relèvement des heures qui leur sont consacrés, avec un effort ciblé sur le primaire.
Des personnels bien formés.
Qualité de l’enseignement et primat de la connaissance nécessitent des personnels bien formés et bien encadrés grâce à une formation continue tout au long de la carrière. Ces deux exigences passent par une réhabilitation matérielle et morale du métier. L’effort financier qui vient d’être engagé sur les rémunérations devra être poursuivi et s’accompagner d’une gestion dynamisée des carrières rendue possible par la déconcentration et la débureaucratisation. Pendant plus d’un siècle, les « élèves-maîtres » ont appris, dans les écoles normales d’instituteurs à servir la nation. Il faut renouer avec cet esprit-là. Pour l’avoir vécu, j’atteste aujourd’hui qu’il est légitime d’en avoir la nostalgie. Dans chaque département, les écoles normales de filles et de garçons fournissaient un corps d’élite sorti du peuple par son recrutement au service du peuple dans sa mission. Au début, on a parlé des « hussards noirs » à cause de leur costume uniforme, gage de sérieux, sur l’ensemble du territoire.
Les écoles des « arts pédagogiques »
Aujourd’hui, il faut réintroduire cette dimension dans la formation des professeurs en mettant en place dans chaque département, des « écoles des arts pédagogiques », recrutant à bac +2 pour les écoles primaires et les collèges, et la licence pour les lycées, des élèves-professeurs à qui on proposera l’étude des disciplines nécessaires pour enseigner : conduite de projet, animation d’équipe, gestion des situations conflictuelles, connaissances sur le fonctionnement du cerveau établi par les neurosciences, épistémologie des sciences éducatives, sociologie, sensibilisation aux différentes sortes de handicaps, utilisation et place de l’intelligence artificielle… en plus des connaissances indispensables dans chaque discipline ou spécialité garanties par le diplôme de départ. La formation s’étalerait sur deux ans. La première année consacrée à l’étude théoriques des savoirs et techniques, la seconde à des stages en classes d’application, le tout étant validé par un certificat final d’aptitude et de compétences pédagogiques. A notre époque, nous avons besoin de professionnels hybrides autant enseignants que « développeurs sociaux ». L’encadrement dans ces « écoles des arts pédagogiques » devra faire appel à un personnel trié sur le volet et reconnu pour ses compétences : l’idéal serait qu’il sorte lui-même d’une « école nationale supérieure des arts pédagogiques » centrée sur les valeurs de la République laïque, une et indivisible, comme les professeurs des écoles normales sortaient eux-mêmes de « l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud ». On évitera ainsi les discordances qui existent aujourd’hui entre les Inspe selon l’université à laquelle ils sont rattachés.
Les méthodes du futur.
On ne redessinera pas l’école du futur en l’appuyant sur les méthodes et inspirations de l’éducation (dite) nouvelle, issues du siècle dernier, type Freinet, Montessori et Cie , d’ailleurs condamnées par les neurosciences comme improductives en matière d’apprentissage par le cerveau. Cette école, centrée sur la réussite scolaire devra mettre l’accent sur le développement de la personnalité de chaque élèves et sa capacité à donner du sens à ses apprentissages, à développer sa confiance en lui en même temps qu’elle lui donne les enseignements fondamentaux et lui transmets les concepts de vie en société fondé sur la citoyenneté et le civisme.
De ce point de vue, l’enseignement professionnel, que le gouvernement souhaite revaloriser, ne saurait se limiter aux incantations habituelles, et se focaliser sur l’exigence d’une meilleure articulation entre la théorie et l’expérience, entre l’esprit et la main, en irriguant l’ensemble du système éducatif parce qu’en fait, cela concerne l’ensemble des enfants, quels que soient leur milieu social et leurs ambitions. De même, il faudra revoir le fonctionnement du collège qui perpétue de fait l’école à deux vitesses faute de pouvoir pratiquer la pédagogie différenciée.
On aura alors une chance de construire un système éducatif de l’épanouissement de la personne et de la démocratie locale, partant de la démocratie tout court.
L’ABAYA, UNE VOLONTE DE SUBVERSION
06 septembre 2023
La France « une et indivisible ».
La France n’est pas un pays comme les autres. Depuis la révolution de 1789, elle est une « République une et indivisible », ce qui veut dire qu’elle ne reconnait qu’une communauté : la communauté nationale faite de l’ensemble de ses citoyennes et citoyens. Pour éviter les tentations communautaristes, d’origine religieuse notamment, elle a ajouté à sa définition le principe de laïcité, défini par la loi de 1905 qui séparait à l’époque l’église et l’état, plus généralement les religions de l’état. Ce principe s’applique à tous les lieux publics et a été reprécisé par la loi contre les signes ostentatoires d’appartenance, notamment dans les établissements scolaires. Quand j’étais gamin, j’avais un insigne « cœur vaillant » cousu sur mon béret que j’étais obligé de retourner afin qu’il ne se voie pas pour entrer à l’école. Ce n’est donc pas nouveau. Ce qui valait pour mon écusson notoirement chrétien vaut aujourd’hui pour l’abaya !
Pourquoi l’abaya ?
Les motivations de celles qui veulent porter l’abaya sont nombreuses et variées : il y a les filles musulmanes qui cèdent à la pression du foyer, dominé par le père et les fils. Il y a celles qui croient obéir à une règle imposée « par Dieu » au nom de la pudeur, alors qu’il s’agit d’une lecture rigoriste du Coran. Comme pour le « foulard », il y a débat entre les musulmans. Mais il y a aussi celles qui estiment faire leur devoir, c’est-à-dire défier la République et en finir avec l’unité laïque à l’école. Ce n’est pas anecdotique ; ce qui est en jeu, c’est l’unité de la République au sein de laquelle seraient créées des enclaves où les convictions religieuses l’emporteraient sur le principe de laïcité et où s’appliqueraient d’autres lois que celles de la République. Ne soyons pas naïfs, on sait bien qu’il existe des activistes qui veulent se servir de leur religion comme d’un outil politique pour marquer leur influence.
La religion n’est pas en cause.
Il y a mille moyens pour les jeunes musulmanes de s’habiller en préservant leur pudeur sans avoir recours à une tunique qui est ostensiblement un marqueur communautaire. En France, la religion appartient à la sphère privée et se pratique dans les lieux appropriés qui ne sont pas remis en cause, sauf quand ils sont le lieu de discours politiques subversifs. Gabriel Attal a interdit l’abaya et son correspondant masculin, le kami, purement et simplement, ce qui a pour effet de clarifier le débat. Il est combattu par un concert de critiques, de la France insoumise et d’EELV, qui retournent contre lui sa propre argumentation : l’abaya serait en conséquence un signe, certes religieux, mais qui démontrerait l’aspiration à la liberté des jeunes musulmanes. L’interdire reviendrait à supprimer la liberté de cacher leur corps. Raisonnement qui relève du sophisme car elles brandissent leur liberté au nom d’un autre logiciel qui n’est pas celui de la République, ce que nos bonnes âmes islamogauchistes se gardent bien de voir, par hypocrisie, obscurantisme idéologique et calcul électoral démagogique.
Un phénomène minoritaire.
Rappelons tout de même que le phénomène reste largement minoritaire : le Ministre de l’Education estime à 513 le nombre des établissements scolaires concernés. Le jour de la rentrée, environ 300 élèves ont voulu enfreindre la consigne et seulement 67 ont refusé de se soumettre à la règle. Il n’empêche que la religion, affaire privée, tend à devenir publique et prosélyte. Les pouvoirs publics doivent combattre ces dérives avant qu’elles ne s’étendent – ce qui était en train de se produire - en s’appuyant sur la loi. Quand on chasse les promoteurs de la laïcité, on met en péril l’éducation des enfants, les principes d’égalité et de fraternité. Ces facteurs de division doivent être détruits de manière impitoyable avec les moyens qu’offrent les institutions. Ce qui n’empêche par de respecter les musulmans, de loin les plus nombreux, qui jouent le jeu républicain.
Pourquoi pas l'uniforme...
Autrefois, l'uniforme, c'était la blouse grise... Mais pourquoi pas instaurer dans les écoles et collèges le port d'un uniforme, le même pour tous, dans toute la France ! Cela réglerait le problème de l'abaya et aussi celui de nos Perettes contemporaines qui vont "légères et court vêtues", short minimal, seins moulés et ventre à l'air, souvent à la limite de l'outrage à la pudeur. Un peu de bienséance ne nuirait pas !
EPICURE A LA PLAGE
30 août 2023
Une présentation de la vie et de la pensée d'Epicure.
L'auteure retrace son parcours, dans une Grèce antique sur le déclin, de sa naissance sur l'île de Samos à ses enseignements à Mytilène puis à Lampsaque, en Asie Mineure. Elle décrit les grandes lignes de sa doctrine, basée sur une recherche des plaisirs immédiats, ainsi que sa conception du monde dans la lignée du penseur Démocrite.
Incroyable modernité.
L’ouvrage d’Hélène Soumet a le mérite de mettre la philosophie à la portée de tous. Elle met en lumière la pensée d’Epicure à travers les étapes de sa vie. On découvre surtout que la plupart d’entre nous a gardé une idée fausse faite de clichés : un épicurien ce serait un bon vivant, un gourmet avide de bonne chère, voire un débauché. Grave erreur. Le sage épicurien est invité à jouir de tous les moments heureux qu’offre la vie s’il sait savourer chaque instant. En caricaturant, c’est le principe de la « première gorgée de bière » décrit par Philippe Delerm. Mais Epicure va beaucoup plus loin, il milite pour l’égalité des femmes avec les hommes, il condamne l’esclavage et dénonce toutes les superstitions et les religions au profit de la liberté intérieure du sage qui n’est esclave de personne. C'était il y a ... 2 300 ans ! Un enseignement d’une incroyable modernité qui prône, dans la recherche du plaisir, une frugalité qui pourrait inspirer bien des écolos de notre époque.
Un penseur irrévérencieux et rebelle.
L'auteure nous propose dans son ouvrage de revisiter la vie et l'oeuvre d'Epicure en insistant sur l'importance de son oeuvre en son temps mais également dans la philosophie contemporaine. Michel Onfray s’en inspire. Dans un monde chaotique, lors de la fin de l'hégémonie grecque, Epicure propose une conception scientifique du monde, conception atomiste suivant la pensée de Démocrite qui permet à l'homme de se débarrasser de tout obscurantisme. Délié de toute crainte et de toute croyance infondée, l'homme se recentre sur lui-même, mais pas au sens narcissique. Conscient d'être un condensé d'atomes perdu dans l'infini, d'être né par un hasard extraordinaire, conscient que la vie est quasi miraculeuse, l'Epicurien refuse l'hypothétique bonheur futur, évite l'ajournement de la joie, se réjouit de cette vie-là, de l'instant présent « ici et maintenant » et vit tel un dieu parmi les hommes.
Le parcours d’une vie.
Hélène Soumet commence par resituer le contexte historique avant de s'attaquer à la philosophie d'Épicure qui se construit à travers les étapes de sa vie de l’enfance à la vieillesse. Un cheminement qui permet de comprendre comment se construit la pensée du philosophe qui ne tarde pas à ouvrir, dans la tradition de l’époque, une « école ». On passe en revue la naissance d'Epicure, le malheur des esclaves, les mortelles superstitions, on voit naître une folle théorie, avant qu’Epicure ne découvre l’épreuve de la guerre. Puis ce sont les écoles successives : Colophon, Lesbos, Lampsaque et le jardin d’Epicure. Un chapitre pour faire la part de l’Amour et de l’amitié et enfin la joie qui l'emporte sur la mort.
L’auteure propose en fin de livre, une liste des personnages, un tableau des philosophes et une petite bibliographie bien utile pour ceux qui veulent aller plus loin.
Voilà un livre sans prétention, qui, comme le propose la collection promet « du plaisir dans un transat », et quand on est face à la mer, on rejoint Epicure … à la plage !
JOUR DU DEPASSEMENT …
05 août 2023
... LA GRANDE IMPOSTURE !
Par Luc Ferry.
Il s’agit, comme toujours avec le fondamentalisme vert, de stigmatiser les pays riches afin d’accréditer l’idéologie punitive selon laquelle nous ferions mieux de nous serrer la ceinture. Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer cette chronique de Luc Ferry dont je ne retrancherais pas un mot.
« Le jour du dépassement va tomber, cette année, pour l’ensemble de la planète (pour la France c’était en mai dernier), début août. Inventé par l’ONG américaine Global Footprint Network, ce jour est celui à partir duquel l’humanité est censée avoir consommé toutes les ressources non renouvelables que la terre est capable de produire en un an pour régénérer nos consommations ou absorber nos déchets. Passé ce jour, l’humanité puiserait donc de manière irréversible dans les réserves non renouvelables tout en accumulant les déchets. Il n’est pas besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre que cette échéance n’a aucun sens. S’agissant de la capacité des surfaces terrestres ou maritimes à produire les ressources que nous consommons sur une année, tout dépend évidemment de l’état des sciences et des techniques utilisées. Un hectare de terre ne produit pas la même quantité de biens selon qu’il est cultivé avec des instruments agraires du Moyen Âge ou avec des biotechnologies modernes.
Comme le note la géographe Sylvie Brunel dans son excellent petit livre Le Développement durable (PUF, 2004), le concept d’empreinte écologique, qui repose sur la conversion des activités humaines en « hectares bioproductifs », est totalement fantaisiste: « Son calcul, qui méconnaît tous les acquis du progrès technique, repose sur des bases hautement discutables dont la caractéristique est de pénaliser systématiquement toutes les activités liées à la modernité. Quand une donnée n’entre pas dans son mode de calcul, l’empreinte écologique ne la comptabilise tout simplement pas, comme c’est le cas pour l’énergie nucléaire : impossible de calculer le nombre d’hectares bioproductifs nécessaires pour compenser l’énergie nucléaire. Donc, on n’en tient pas compte! Cela n’empêche pas ce référentiel farfelu de faire autorité. »
De fait, les calculs de Global Footprint Network font chaque année la une des médias alors qu’ils mélangent tout et n’importe quoi.
Le concept d’empreinte écologique prétend en effet prendre en compte six indices: champs cultivés, zones de pêche, pâturages, forêts pour le bois, zones urbanisées et forêts pour la séquestration du carbone ( l’empreinte carbone ). Ce calcul suscite immédiatement deux objections.
Premier biais méthodologique : ces référents sont tous fondus en un seul au sein d’une nouvelle entité appelée « hectare global de planète » alors qu’il s’agit de sujets totalement différents : la surpêche, par exemple, n’a aucun lien avec la déforestation et les problèmes que posent ces deux sujets peuvent et doivent recevoir des solutions qui n’ont rien à voir entre elles. Les mélanger dans une seule unité n’a en réalité qu’un seul but : fabriquer une machine de guerre simpliste destinée à stigmatiser les pays développés afin de valoriser la décroissance, alors qu’à l’évidence, pardon d’y insister, tout dépend de l’état des techniques utilisées pour tirer parti de ces surfaces.
Mais le second biais est plus malhonnête encore : selon une étude publiée dans la revue Plos Biology, en novembre 2013, par six chercheurs dont l’éco-moderniste Michael Shellenberger, sur les six critères choisis, cinq sont à l’équilibre, voire en excédent, mais qui plus est, s’agissant du sixième ( l’empreinte carbone ), il est insensé de la mesurer à partir du nombre d’hectares d’arbres que la planète devrait compter pour absorber nos émissions de CO puisque tout dépend bien évidemment des modes de production d’énergie utilisés !
Si l’électricité produite par le nucléaire, qui n’émet pas de gaz à effet de serre et ne contribue donc pas au réchauffement climatique, était généralisée, le problème de l’empreinte carbone ne se poserait pas dans les mêmes termes que dans les pays où on utilise des centrales au charbon. Pas de malentendu: personne ne nie qu’il y ait une empreinte sur l’environnement due aux activités humaines, mais prétendre qu’on peut la calculer de manière globalisante à partir de ces six critères relève d’une imposture dont les arrière-pensées sont cousues de fil blanc.
Il s’agit, comme toujours avec le fondamentalisme vert, de stigmatiser les pays riches afin d’accréditer l’idéologie punitive selon laquelle nous ferions mieux de nous serrer la ceinture et de renoncer aux technologies sophistiquées afin d’organiser la décroissance. C’est ainsi que les pays plongés dans la misère, comme Cuba, l’Irak et le Nicaragua, où, comme chacun sait, il fait si bon vivre, sont présentés sans rire comme des modèles au nom d’une haine pathologique et irrationnelle du progrès.
Consternant ! »
APRES LA GRECE, L’ESPAGNE…
26 juillet 2023
Dimanche dernier, les Espagnols ont rejeté l’extrême-droite.
Vox est en recul et le Parti Populaire, arrivé en tête, ne parviendra pas à la majorité absolue avec son apport. De son côté, le parti socialiste a perdu des sièges mais reste en position pour garder le pouvoir. Est-ce la perspective d’avoir une coalition PP-Vox qui a poussé les ibères à limiter la poussée du parti de Feijo ? On peut le penser. En Grèce, Mitsotakis a gagné son pari en provoquant une nouvelle consultation : la droite est sortie renforcée avec, cette fois-ci une majorité. Les extrêmes sont renvoyées sur les marges. Et en France, que peut-on espérer après la tempête ?
En France, la situation est plus compliquée.
Le paysage qu’elle offre après la tempête fait l’objet d’une remarquable analyse de Jacques Julliard dans Le Figaro du 10 juillet. Des deux côtés du spectre politique, c’est une course aux extrêmes qu’on observe, la poussée à droite répondant à la violence de l’extrême-gauche.
Selon lui, la gauche est devenue un « parti de déclassés » en abandonnant ce qui faisait son identité : la République et la classe ouvrière pour sombrer dans le populisme faisant une place particulière aux catégories sociales, jeunesse, femmes, immigrés… L’axe doctrinal perdu, il n’y a que Mélechon pour sembler préférer les « jeunes » à la « République » en donnant le ton à toute la Nupes, Fabien Roussel réussissant toutefois à sauver l’honneur. Même face au chaos, la gauche n’a pas su renouer son lien consubstantiel avec la République. Elle continue de déserter ses propres électeurs ; ce qui la condamne au naufrage.
Poursuivant son tour d’horizon, il observe que le centre est devenu impuissant. Disposant d’une majorité relative, elle a pour chef un homme qui, bien que disposant de larges pouvoirs, n’est plus rééligible, un handicap rédhibitoire pour son parti dans le contexte de la Vème. Pour les Français, il n’incarne plus un avenir et son statut handicape son autorité. C’est ce qui manque le plus à Emmanuel Macron. Ce qui fait dire à Jacques Julliard, que, finalement, dans cet épisode violent qui a permis de mesurer combien la frontière entre la civilisation et la barbarie était fragile, c’est l’absence d’autorité et non les lacunes de la police qui explique l’inexplicable. En conclusion, le centre, même élargi aux Républicains, ne dispose plus d’un leader incontestable, malgré les Philippe, Le Maire, Wauquiez… . Une vacance dans le leadership qui le condamne à l’impuissance.
La droite française profite du glissement de terrain. La droite traditionnelle écartelée entre le centre et l’extrême, restent les droites extrêmes que se partagent en parties inégales le RN et Reconquête ! qui, loin d’avoir nui au premier, lui a permis de se recentrer sans rien perdre de son attractivité sur la partie la plus radicale de l’électorat de droite. Et grâce au comportement de Mélenchon qui refusait de condamner les émeutes dirigées contre les bâtiments et les symboles de l’ordre républicain, Marine Le Pen classée comme antirépublicaine sinon fasciste, n’a eu aucun mal à s’en tenir à un discours strictement républicain, respectueux de l’ordre et des institutions. Une démarche sur laquelle elle mise pour lui ouvrir les portes du pouvoir. Comme dans tous les pays européens, à chaque occasion, il y a désormais, « une course à la droite ».
On peut, certes, gloser sur les difficultés des autres partis et trouver toutes sortes de raisons à leur déclin, mais il y a une constante qui ne doit pas échapper à l’observation : le glissement vers la droite dans toute l’Europe, au-delà des circonstances particulières, a un facteur commun qui l’explique : l’immigration et l’immense difficulté à la contrôler.
Une victoire RN n’est pourtant pas une fatalité.
C’est ce que les scrutins grecs et espagnols nous montrent. Même l’exemple de l’Italie peut nous être utile : Georgia Méloni n’a-t-elle pas eu comme première préoccupation de se recentrer pour rassurer ses partenaires européens et mener une politique habilement conseillée par Mario Draghi, notamment pour ne pas perdre l’accès aux fonds européens. Marine Le Pen a eu tout faux sur le Brexit, nous a annoncé cent fois la fin de l’Euro, tient sur l’Ukraine le même discours que le « narratif » russe (et pour cause) et en dehors du sujet de l’immigration, n’a que de vieilles recettes à proposer aux Français en matière d’économie et d’emplois qui ont toujours produit faillite et impuissance. Alors, puisque Macron ne croit pas aux coalitions, il est grand temps que Les Républicains reprennent toute leur liberté et passent à l’offensive. Puisque l’avenir est à droite, entre les deux extrêmes droites, plus ou moins pétainistes, et la droite moderne qu’ils incarnent, le choix des Français peut être vite fait. Il suffit qu’ils incarnent à nouveau et pleinement les trois mots qui font la France et qui sont garants de son unité : la Liberté, l’Egalité et la Fraternité !
ELOGE DU BEAU
12 juillet 2023
La laideur est partout.
Je hais cette époque dans laquelle nous vivons. La laideur et la vulgarité sont partout et j’ai l’impression que le mal s’aggrave sous la pression des idéologies obscurantistes vertes et déconstructionnistes. Tous les domaines sont touchés. Le plus usuel qui nous concerne tous les jours, celui de la mode, est particulièrement concerné : vêtements troués, coiffure soigneusement ébouriffées… Avec l’été et la chaleur, les corps se dénudent et l’on découvre l’invasion des tatouages qui sont rarement jolis. Les grands couturiers y mettent du leur et les défilés qu’ils organisent hésitent entre le disgrâcieux et l’improbable au point qu’on se demande s’ils « ont tout », comme aurait dit ma grand-mère. Le domaine de l’art n’y échappe pas : les œuvres des artistes contemporains font un concours qui se partage entre farce et foutage de gueule : il ne suffit pas de planter un plug anal géant place Vendôme ou de suspendre un homard géant dans la merveilleuse galerie des glaces du château de Versailles pour transformer une provocation en œuvre artistique impérissable. De même, notre époque contemporaine, qui voit l’extension des villes, se vautre dans une architecture généralement terne qu’on pourrait qualifier de « caserniste » tant elle privilégie le fonctionnel, ce qui fit dire à Renaud, avec justesse, dans une chanson : « il est blême, mon HLM ». Le modernisme n’a pas de modèle de beauté. Il se complet dans l’ordinaire et le terne. Les entrées de villes sont emblématiques de cette laideur de boites à chaussures en tôles avec comme enluminures les panneaux publicitaires. Même les monuments qui se targuent de « gestes contemporains » laissent souvent songeurs, et je peux comprendre le réflexe de Roselyne Bachelot, alors Ministre de la Culture, qui a préféré qu’on reproduise la flèche de Notre-Dame à l’identique au « phallus surplombant des boules » que d’aucuns auraient voulu réaliser. Ces artistes (un bien grand mot) de l’art contemporain se moquent du monde et ne croient plus qu’en leur singularité de « créateurs », expression de leur « moi » surdimensionné. L’insignifiant le cède souvent à la provocation. Et voilà que nos espaces verts qui embellissaient de leur parterres fleuris nos jardins urbains, sous la pression dite du « respect de la biodiversité », sont devenus des friches innommables remplies de chardons et de plantes peut-être naturelles mais particulièrement disgracieuses. Double punition pour les citadins condamnés à vivre dans des espaces vulgaires et calamiteux. Recrudescence des allergies aux pollens garantie. Même le septième art est touché et je il y aurait beaucoup à dire sur la dictature des minorités qui nous imposent des thématiques absurdes en guise de fictions. On ne rêve plus, on cauchemarde.
Je rêve d’une nouvelle Renaissance.
Heureusement, nous avons notre patrimoine monumental et architectural, nos musées et leurs œuvres indépassables pour nous replonger dans le beau, les splendeurs du passé. Notre sensibilité peut enfin s’émouvoir et le goût se confronter à l’esthétisme. Nos contemporains ont tout à gagner à renouer avec les Grecs et leur exigence sans cesse poursuivie de la recherche de l’équilibre, de la ligne harmonieuse, de la proportion idéale. Le temple, grâce au nombre d’or, reste à taille humaine, la statue se fait représentation parfaite du corps humain. Face à une œuvre contemporaine, on a envie de crier : « Au secours, Praxitèle ! ». C’est en essayant de faire aussi bien que les tragiques grecs que Racine a su être lui-même. C’est en renouant avec l’inspiration première, la beauté du monde, à travers la représentation de la nature, que les artistes ont su se dépasser en se lançant le défi : puis-je faire aussi bien ? Pour cela il faudrait qu’ils renoncent à la subversion qui veut que l’art soit devenu une branche de la société spectaculaire-marchande au lieu de proposer le pas de côté qui permettrait d’y échapper. Le plus beau moment de notre histoire n’a-t-il pas été celui où, encore pleine de la foi du Moyen-Age, notre Europe redécouvre le réalisme géométrisé des Grecs, instaurant un dialogue fécond avec les œuvres imprégnées du christianisme, pleines de compassion et de douceur, du Roman et du Gothique. Le chemin parcouru jusqu’à nous n’est qu’une longue liste de chefs d’œuvres, accompagnée par Les Lumières qui apportent leur dimension insurpassable, faisant que la raison ne pouvait se fonder que sur le savoir et le courage de l’acquérir. L’individualisme forcené qui guide aujourd’hui la conduite de beaucoup et l’obéissance à ses propres instincts plutôt qu’aux lois de la communauté que forme la République unie est exactement la situation à laquelle les Lumières voulaient arracher l’Homme prisonnier de sa minorité intellectuelle. On préfère enfermer la population dans ses préjugés et son ignorance, s’étonnant ensuite de son inculture et de son abêtissement. Les récents événements qui ont secoué la France en sont un parfait exemple et le débat qui s’en suit n’échappe pas aux modes actuels de fonctionnement de notre société : débat public entravé par l’autocensure et même la censure, déni de réalité et, comme l’affirme Alain Finkielkraut, « malheur à celui qui ose dire ce qu’il voit ». En même temps, ce ringard de Tour de France offre à nos yeux émerveillés, chaque jour, la beauté de notre pays, partout elle se déploie, saupoudrant le territoire de ses châteaux, de ses églises, de ses bourgs, des ses paysages cultivés avec amour, de ses forêts, en une grâce enchanteresse et nulle part ailleurs la beauté géographique ne s’articule si bien au sceau de l’Histoire. Un bien joli lot de consolation commenté par l’intarissable Franck Ferrand. Les déconstructeurs ont du boulot ! Il est grand temps de tourner la page.
Revenons à notre projet de civilisation. C’est dans la richesse de ce que le passé nous offre de plus beau que l’on trouvera le chemin de la Renaissance.
LA REPUBLIQUE DEFIEE
03 juillet 2023
Depuis des années, les refus d’obtempérer se multiplient à la faveur de l’indifférence ou même du défi que beaucoup de jeunes adressent aux forces de l’ordre. Ils font partie de ce long cortège d’incivilités qui illustrent la vie des « quartiers » : rodéos urbains, trafics en tous genres, courses poursuites et haine de toute autorité… La peur du gendarme serait un sentiment désuet éprouvé seulement par les personnes plus âgées et qui aurait cédé la place à un héroïsme de pacotille méprisant les flics et le danger. Tout comme les rodéos urbains, les dangers qu’ils présentent sont autant de permis de tuer le quidam qui aura le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Et c’est déjà arrivé ! Mais dans ces cas-là, aussitôt la « bien-pensance » hurle au « pas d’amalgame ».
Alors que peut-on penser de ce qui s’est passé avec la mort de cet adolescent tué lors d’un contrôle par les gendarmes : voilà un jeune de 17 ans, connu pour des faits délictueux, qui n’a même pas peur d’un policier qui l’enjoint d’éteindre son moteur, arme au poing, et qui tente même de redémarrer, qui de surcroît conduit sans permis (et pour cause) et sans assurance, une voiture puissante… Evidemment, il faut déplorer qu’il soit mort dans ces circonstances ? Il appartiendra à la justice, loin de la fureur des médias et des approximations auxquelles elle peut donner lieu, d’établir les faits et les responsabilités. Ce fait dramatique illustre pourtant bien la société dans laquelle nous vivons : car le même adolescent aurait bien pu lui-même causer une mort par son comportement hors-la-loi. Dans certains quartiers, vous, moi, êtes à la merci de ce type de « citoyen ». Le comportement de jeunes, le désordre auquel ils contribuent, les incidents sérieux qu’ils provoquent sont inacceptables. En quelques années, ce sont des centaines de refus d’obtempérer et des dizaines d’incidents graves qui ont été enregistrés. Il faut mettre un terme à cette dérive.
Inévitablement, l’affaire à très vite pris un tour politique, la gauche exigeant que les méthodes policières fassent l’objet d’une révision de fond en comble et la France Indigne par la voix de son leader minimo pouvait reprendre son antienne : « La police tue ». Sandrine Rousseau proclamait avec raison « qu’on ne doit pas mourir pour un refus d’obtempérer », oubliant au passage les morts qu’ils ont pu causer, et il y en a eu. Le plus grave c’est que plus globalement, ces leaders de partis ont refusé de joindre leurs voix aux appels à l’apaisement. Pire, Mélenchon a même fait un tri dans les institutions et bâtiments publics que les émeutiers doivent épargner. Qu’espère-t-il ? que le grand soir arrive et détruise cette République qu’il hait. Quant à la droite qui réclame le respect de l’ordre républicain, elle est dans son rôle. Les émeutiers en culotte courte finiront bien par rentrer à la maison, mais il faut cependant s’interroger sur qui les a commandités, qui les a pourvus en munitions, et comment on en est arrivé à tant de haine de la France. Force restera à la loi et à la République. Cela dit, je trouve les conseils de l’ONU bien malvenus, l’organisme mondial ferait mieux de se préoccuper des graves crimes contre l’Humanité perpétrés en Ukraine par la Russie, en l’excluant du Conseil de Sécurité et je me contenterai de rappeler à l’Iran qui ose donner des conseils en matière de répression : « combien de morts ? ». Quant à ce que pense la France profonde de ce malencontreux épisode, le volume des « cagnottes » en dit plus long que des mots. Je ne traduirai pas pour ne pas m’exposer à la vindicte des détenteurs de la morale officielle.
Il y aurait beaucoup à dire aussi sur l’influence et l’utilisation des réseaux sociaux qui facilitent et contribuent à l’extension des territoires soumis aux agissements des délinquants. On apprend que le mouvement a même débordé en Suisse : faisant écho aux événements et émeutes qui font rage en France, plus d'une centaine de jeunes se sont rassemblés au centre-ville de Lausanne et ont causé des déprédations sur les commerces. « Sept personnes ont été interpellées » affirme la police de Lausanne dans un communiqué, six adolescents et un adulte ont été arrêtés. Là encore, il y a matière à méditer.
C’est une tragédie qui n’aurait jamais dû arriver, mais voilà, il y a parfois des concours de circonstances … Il va falloir pourtant en supporter les conséquences : je pense à tous ces commerçants pillés, ces immeubles publics détruits, ces transports en commun carbonisés, ces voitures brûlées et tout ce mobilier urbain qu’il va falloir remplacer. Encore une fois, la facture va être lourde et peser sur des budgets déjà tendus. On espère que ceux qui ont été arrêtés ne s’en tireront pas, comme d’habitude, à bon compte. Ce serait trop facile et un encouragement à recommencer.
Rendez-vous devant la mairie à midi ! La République aura le dernier mot !
DURA LEX, SED LEX !
10 juin 2023
La page est tournée, enfin !
La réforme des retraites est définitivement sur les rails. La proposition de loi du groupe LIOT n’avait aucune chance d’aboutir. L’article 40 de la Constitution interdit à une nouvelle loi de priver l’État d’une source de financement si elle n’est pas compensée par une autre recette. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée, a donc pris ses responsabilités puisque le Président de la Commission des Finances, le LFI Coquerel avait cautionné à tort le projet. Devant l’annonce du blocage, messieurs De Courson et Pancher se sont donc résignés à retirer leur projet, qui plus est, vidé de sa substance puisque l’article visant au retrait de la mesure d’allongement à 64 ans avait été censuré en commission. On notera au passage que la technique poutinienne du mensonge et de l’inversion des rôles a fait des petits et que le groupe de La France Indigne utilise la même rhétorique : le blocage démocratique qui empêche de débattre c’est les autres, eux qui l’ont empêché par l’accumulation des amendements et leur attitude forcenée transformant la Chambre en « Zone à Délirer », avec Mme Panot et M. Bompard dans leur meilleur jeu . La vraie démocratie, c’est celle qui respecte les règles et les institutions et la Présidente de l’Assemblée a bien joué son rôle. Permettre le débat sur cette loi, c’était créer un dangereux précédent. La « Loi est dure, mais c’est la Loi ! »
Idiots utiles.
On se demande bien ce qu’ont pu chercher Messieurs Pancher et De Courson. Surtout ce dernier qui nous avait habitués à plus de rigueur intellectuelle et financière. Avec leur motion de censure, heureusement rejetée, et leur projet de loi, ils ont attiré les feux de la rampe. Grand bien leur face. Ils ont surtout été les « idiots utiles » des extrêmes de l’Assemblée qui n’en demandaient pas tant. Ils ont surtout été à l’origine d’une agitation démagogique et inutile qui discrédite un peu plus la représentation parlementaire, car ils savaient pertinemment que leur projet de loi n’avait aucune chance d’aboutir. S’il avait été adopté par l’Assemblée, le Sénat n’aurait pas suivi. Si le Sénat l’avait voté aussi, ce qui aurait été bien improbable, le Conseil constitutionnel aurait invoqué l’article 40 de la Constitution. Il est urgent de travailler dans un climat plus serein, il y en a assez de cette pantomime de marionnettes dont les ficelles sont tirées par des Machiavel. Les opposants à la réforme ont épuisé le vocabulaire lié aux dictatures. Ils n’auront plus de mots pour décrire Poutine ou Xi Jinping. Il ne fait pas de doute que l’initiative des Liot a contribué à l’hystérisation des débats. Ce faisant, M. de Courson ne travaillait pas pour l’intérêt général, il voulait marquer un « coup » historique. Et il l’a fait en diffamant le gouvernement qu’il a accusé, bien sûr, d’être autoritaire, dominateur et anti-démocratique, de prendre des mesures illégales alors que ce sont leurs initiatives qui l’étaient. Peut-être sont-ce les inquiétudes du déclin et de la fin d’une carrière qui le motivent …
Poursuivre les réformes.
Le président de la République et la Première ministre ont remporté plusieurs victoires d’étape et la réforme aura bien lieu, puisque la loi a été promulguée et que les premiers décrets d’application sont parus, ce qui ouvre la voie à d’autres réformes. Certes, la bataille, finalement perdue par les oppositions, laissera des traces dans une opinion mécontente. Mais la potion amère n’est désagréable qu’au moment de l’avaler. Les Français finiront par s’habituer à la réforme, comme pour toutes les précédentes. Il appartient au gouvernement de s’emparer des sujets que la loi n’a pas traités ou insuffisamment et proposer qu’elle soit complétée par des mesures sociales pour des catégories de gens qui s’estiment menacées.
Encore un épisode bien inutile qui se termine dans la confusion pour ses protagonistes. Puisse la leçon servir pour la suite …
TOUT CE QUI EST EXCESSIF…
21 mai 2023
Sarko, le feuilleton…
Le Tribunal en appel a tranché : Nicolas Sarkozy est condamné à 3 ans de prison dont un ferme ainsi que le juge Azibert et son avocat, Maitre Herzog, pour « trafic d’influence ». Inutile de revenir sur l’affaire, à partir d’une écoute téléphonique très contestable sur une autre affaire, dont le condamné n’avait pas connaissance évidemment, le PNF a capté un message aussitôt exploité. Le trafic d’influence pour lequel il y a condamnation n’a donné lieu à aucune démarche, aucune rétribution, aucune contre-partie. Inutile de commenter un jugement de justice, sa sévérité en regard des faits en dit tout. Ce qui est excessif est insignifiant. On comprend que les intéressés se pourvoient en cassation. Plus politiquement, il y aurait lieu de s’interroger sur l’existence de ce PNF mis en place par François Hollande et sur ses méthodes quasi inquisitoriales. Quel quidam ne serait pas tenté de penser à une justice orientée ?
L’arnaque de LIOT.
Dans la même veine de l’excès, la proposition de loi du groupe LIOT à l’assemblée nationale, ultime tentative de barrage contre l’application de la loi sur la réforme du financement des retraites. Ce groupuscule animé par deux électrons libres pour ne pas dire irresponsables, Bernard Pancher et l’ineffable Charles de Courson, compte rassembler toutes les oppositions pour tenter de trouver une majorité pour voter un texte qui devrait, en toute logique, être irrecevable puisqu’il veut abroger une mesure qui privera l’Etat de 15 milliards d’euros de recette, sans en prévoir la compensation, ce que le règlement de l’Assemblée nationale interdit. Sans compter sur le fait que cette proposition n’a aucune chance d’être examinée par le Sénat au moins avant l’automne et encore moins d’être votée. Alors à quoi sert cette initiative sinon à prolonger l’agitation dans le pays. Moi, j’appelle ça la dictature des minorités et pouvoir de nuisance.
Alerte sur la démographie.
La France va se retrouver en première ligne. C’est une alerte lancée par les agences de notation. Elles s’inquiètent des finances publiques des pays développés, du fait de la démographie et du poids des retraites. Avec la chute des naissances, et donc de la population active, et l’allongement de la durée de la vie, la charge des retraites va mener les dépenses publiques dans le mur. Inévitablement les déficits vont déraper et donc les dettes vont suivre. Et un dérapage des dettes avec des taux élevés provoquera inexorablement une dégradation des notations des pays, avec à la clé la hausse des taux d’intérêts. Sans compter le coût de la santé : une population beaucoup plus âgée est plus consommatrice de santé publique. Si bien que les agences de notation prévoient que la combinaison du poids des retraites, du coût de la santé et des taux d’intérêt élevés va provoquer un cocktail explosif pour les finances publiques. La part de la population des plus de 65 ans dans les pays développés, mais aussi en Chine, va passer de 20% aujourd’hui à plus de 30% en 2050. Et selon S&P, la dette de la moitié des pays développés sera considérée comme pourrie d’ici 2060, du fait du poids de la charge. La France, pire élève, est très mal placée évidemment. Et le déficit des États les plus dépensiers pourrait dépasser les 9% du PIB dans le même temps, du simple fait du vieillissement de la population. Pour les agences de notation, il faut des réformes urgentes sur le financement de la retraite et sur la durée de cotisation. Tiens donc ! Quand on voit ce qui s’est passé en France, on a du mal à imaginer qu’on va pouvoir passer l’âge de la retraite à 70 ans… Ou qu’on va s’attaquer, enfin, aux régimes spéciaux. Et pourtant, plus on attendra pour agir, plus ce sera douloureux. Il va falloir travailler plus longtemps, il va falloir cotiser plus, et les retraites seront encore moins élevées qu’aujourd’hui. Une seule solution, le recours à la capitalisation. Encore un gros mot ! Nous voilà prévenus.
Pour terminer, le gros mensonge de Laurent Berger dans le JDD : il considère toujours que la réforme n’a pas été votée par l’Assemblée nationale, avec le 49-3. Il oublie que la motion de censure qui a suivi a valeur de vote favorable en étant repoussée !
JOYEUSES PAQUES !
08 avril 2023
HALTE A LA TERREUR DES PASTEQUES !
28 mars 2023
Il se disent verts, écologistes, mais en réalité sont bien rouges, d’ultra-gauche et d’extrême-gauche. Leur violence et leurs actions de sabotage ne cessent d’augmenter. Il faut y mettre fin. La démocratie doit se défendre. En commençant par mettre hors d’état de nuire leurs commanditaires et ceux qui appellent à la violence et à la désobéissance civile et en menant une action tous azimuts contre leurs vecteurs d’action et de moyens : réseaux sociaux, soutiens identifiés … Ces « black-blocs » qui viennent paraît-il de toute l’Europe, il y a bien quelqu’un qui les finance !
Et d’abord je ne comprends pas que des médias de renom invitent Jean-Luc Mélenchon à venir proférer ses mensonges, ses contre-vérités et ses appels à l’insurrection, avec complaisance sur leurs plateaux. On sait ce que l’admirateur de Chavez nous réserverait si, par malheur, il prenait le pouvoir : une population sous surveillance généralisée, les opposants arrêtés et torturés ou éliminés, et une police au service de son idéologie mortifère bien pire que nos CRS et gendarmes républicains. D’ailleurs les mesures d’audimat signalent que l’audience chute drastiquement dès que ce sinistre individu, imbu de lui-même, apparaît à l’écran. Je ne comprends pas non plus ce que les écolos autres que Tondelier et Rousseau, et les PS continuent de faire avec LFI.
L’écologie radicale et les partisans de Mélenchon sont les activistes du désordre et de la violence. Sous couvert de défense de l’environnement ils n’ont en réalité d’autre obsession que de s’en prendre au capitalisme par tous les moyens et de provoquer la décroissance et la destruction des entreprises tout en faisant la chasse aux riches. Mélenchon y ajoute sa touche de délire révolutionnaire dans lequel il a entraîné la gauche. Toute son action révèle la nature du personnage : telle un « leader maximo », le « Grand Insoumis » rejette sa défaite à l’élection présidentielle et la légitimité parlementaire, appelle au soulèvement tous les quatre matins et justifie toutes les exactions y compris les plus intolérables. Ses aboyeurs à l’Assemblée nationale empêchent tout débat serein et sabotent la démocratie.
Nous avons vu samedi à Saint-Soline, après les saccages de nos villes, ces hordes de voyous entraînés comme des milices, mener une attaque avec une violence ahurissante contre les forces de l’ordre. On ne me fera pas croire que la seule présence de celles-ci a pu motiver ces exactions. On ne vient pas se promener à la campagne, tranquillement, comme le suggère Mélenchon, avec un sac à dos plein de pavés et muni d’un coktail molotov. A d’autres ! Dans n’importe quel pays démocratique digne de ce nom, ces faits susciteraient une réprobation et une indignation unanimes. Or, nous voyons Marine Tondelier, Sandrine Rousseau, Jean-Luc Mélenchon émettre des propos qui excusent l’indéfendable. Non, on ne renvoie pas gendarmes et barbares dos à dos. En réalité, ces gens-là et leurs affidés sont les fossoyeurs de la République ; ceints de leur écharpe tricolore, ces élus prônent la désobéissance civile puisque participant à une manifestation non autorisée, et leur comportement appelle ouvertement à la sédition. Pour cela ils mériteraient d’être poursuivis.
La nouvelle manifestation contre le projet de loi de réforme des retraites organisée ce 28 mars va être encore une occasion pour les « casseurs » de mettre la terreur dans nos villes. Leurs exactions n’ont aucun rapport avec le sujet : ils viennent pour casser, pour blesser, pour tuer des policiers et des gendarmes ; leur objectif n’a rien à voir avec la réforme des retraites, leur objectif est de déstabiliser nos institutions républicaines et de mettre la France à feu et à sang. Le service d’ordre des syndicats risque encore d’être débordé et il va revenir aux policiers et gendarmes, encore une fois de les empêcher de nuire. Alors, n’écoutons pas ces députés LFI qui exigent qu’on supprime les brigades motorisées, trop efficaces à leur goût. Il s’agit, encore une fois, de ne pas laisser s’installer la loi du plus fort et la barbarie.
Quant au soi-disant « comportement responsable » des syndicats, j’ai envie de sourire. Ils sont dans une attitude de blocage depuis le départ, annonçant que le recul de l’âge de départ n’était pas négociable. La radicalisation, c’est d’abord eux. C’est d’autant plus inacceptable que le contenu de la loi comporte de nombreux progrès à côté de la mesure d’âge qui s’avère inévitable si l’on veut maintenir la pérennité du régime par répartition. Le chantage de Laurent Berger sur la « pause » est d’autant plus malvenu.
ECHEC … ET MAT ?
24 mars 2023
Macron n’a rien compris !
Les syndicats et les oppositions ont riposté à l’interview d’Emmanuel Macron par un jugement méprisant : il n’a rien compris. En réalité, il s’agit d’une grave erreur d’analyse. Le Président a compris qu’il était en minorité ; il a compris que le vote de la loi par l’Assemblée nationale n’était pas sûr et il a préféré utiliser le 49/3. Bref, il a compris qu’il fallait un peu forcer le destin. Qu’aurait-il donc dû faire ? Se rendre en rase campagne aux forces de la contestation alors que la Constitution lui offre les moyens de résister ? Il a compris qu’il est impopulaire et il a déclaré sans nuances qu’il préférait cette impopularité à l’abstention. Et d’ailleurs quelle confiance accorder à des sondages qui affirment que 2/3 des Français sont contre sa réforme quand on voit les questions posées : vous en connaissez des gens qui répondrait oui à la question « voulez travailler deux ans de plus ? ».
Macron assume.
Il a bien compris qu’il est personnellement rejeté par le peuple au même titre que sa réforme honnie. Il a compris aussi qu’il est victime du raz-de-marée démagogique mis en place par des partis qui ne voient pas plus loin que leur intérêt existentiel et le maintien de leurs privilèges Il a surtout compris que s’il montrait le moindre signe de faiblesse, ses adversaires auraient cherché à l’achever, en bons requins qu’ils sont. Il ne risquait donc pas de s’attarder sur ses propres erreurs ni de se livrer à un mea culpa dont il aurait dû ensuite tirer la conséquence logique en affaiblissant un peu plus l’exécutif. Oui, il est en danger, oui, il est vulnérable comme aucun président de la Vème ne l’a été avant lui. Et du moment où il ne peut pas se présenter pour un troisième mandat, toutes les forces de la contradiction se sont liguées pour l’abattre.
Non rééligible, c’est sa force.
Il ne peut pas se présenter à nouveau, c’est une force. Il n’a rien à cacher, il s’est présenté brut de décoffrage, blessé, déçu par le peuple versatile qui l’a réélu il y a un an et qui, aujourd’hui, contrairement à toutes les lois, exige qu’il « dégage ». Enfin, ce n’est que l’écume du peuple. En profondeur, en est-on certain ? Comme un judoka, il a utilisé la violence de la contradiction pour faire chuter l’agresseur. Après, on a cru comprendre qu’il n’avait rien compris, alors que, en vérité, il a tout compris. Il savait bien que les risettes et les vains efforts de séduction ne feraient pas le poids. Ses adversaires semblent triompher après la manifestation d’hier, mais à quel prix ? En réalité, ils sont en échec, et ils le savent. Si le conseil constitutionnel valide la loi, ils n’auront plus que la violence à leur disposition. Ils sont dans une impasse. Car ils n’ont rien de crédible à proposer pour résoudre le problème posé. Mélenchon le sent bien qui radoucit son discours.
Une image déformée du pays.
L’importance des cortèges, la radicalité des discours des manifestants répercutées à tous les échos par les médias omniprésents attirés par le spectacle du sang et du feu, n’arrivent pas à cacher la France profonde qui continue à travailler : même pas 25% de grévistes dans l’Education, naguère bastion syndical, 15% dans la fonction publique d’Etat, 25% chez les énergéticiens … Et tous ces Français qu’on emmerde avec la pénurie à la pompe et qui ont besoin de carburant pour bosser ou qui galère pour attraper un train ou un métro. Le pays n’est pas à l’arrêt et Fabien Roussel se ridiculise en appelant au blocage total, se croyant à l’époque de Maurice Thorez et oubliant qu’il a contre lui le télétravail …
Force doit rester à la loi.
Je ne suis pas devenu macroniste, loin de là. Mais entre deux maux, il faut choisir le moindre. Entre la chienlit des incapables et le courage de réformer parce que c’est incontournable, il n’y a pas photo. J’ai entendu tellement de mensonges et de contre-vérités sur cette réforme que ce serait une calamité que de laisser ceux qui les profèrent l’emporter. Je sais aussi que si le Président tient bon c’est qu’il n’a pas d’alternative pour le « en même temps ». Après le « quoi qu’il en coûte », la France est le dos au mur financièrement. On peut penser ce qu’on veut de lui, il faut reconnaître son courage et même son sacrifice, bien qu’il n’ait rien à perdre. Dans son intervention, il a voulu rappeler de quels instruments on ne peut pas priver un président en exercice. Il a eu raison de faire référence au sac du Capitole : c’est l’objectif des émeutiers et ils ne l’ont pas caché. Jean-Luc Mélenchon n’a-t-il pas appelé à l’insurrection ?
Mais ce qui est le plus étonnant dans toute cette affaire, c’est l’inquiétude des jeunes pour leur retraite, comme si, dans les années qui viennent et avant qu’ils y arrivent, il n’y aurait pas d’autres réformes. Surréaliste ! Ils vivront peut-être plus de cent ans et devront cotiser jusqu’à 70 ans. Que voulez-vous, c’est la France d’aujourd’hui : une jeunesse qui compte les jours jusqu’à la retraite, comme s’il n’y avait aucun épanouissement dans le travail. Oui, le prochain chantier urgent, c’est celui de la réhabilitation de la valeur travail ! Le mandat est de cinq ans et oui, il y a encore à faire. Macron est encore le chef d’orchestre et il force les musiciens, disciplinés ou non, à jouer sa partition. Le classique contemporain produit un résultat chaotique. Bah, on y est habitué depuis que la mode est de tout déconstruire.
GENERATIONS LAGAFFE !
15 mars 2023
M’enfin !
Scandaleux, on veut me faire travailler deux ans de plus ! Et pourtant, il y a de grandes chances pour que ce ne soit pas fini. Parce que cette réforme, comme les précédentes n’est qu’une étape pour équilibrer provisoirement les comptes du financement des retraites. Il faudra y revenir tant que nous n’aurons pas éclusé les générations baby-boomers qui séviront jusqu’en 2050, avec un pic de retraités entre 2030 et 2040. Et à cause, en parallèle d’une chute de la natalité qui ne permet pas de financer aussi confortablement le principe de répartition qui veut que ce soient les actifs qui paient en direct pour ceux qui jouissent de leur fin d’activité. Qui est prêt à l’abandonner ? Personne évidemment. Voilà le paradoxe. Et comme en plus, nous sommes le pays où le temps de travail est le plus court, aussi bien mensuellement qu’annuellement, la seule solution c’est d’allonger la carrière de chacun pour faire face à l’allongement de la vie qui fait se cumuler le chevauchement des pensions sur des périodes bien plus longues qu’autrefois. Tous ceux qui vous démontrent que d’autres solutions de financement existent mentent !
Les bras m’en tombent.
Alors quand j’observe que près de 70% de notre bon peuple soutient les mouvements de protestation, sont compréhensifs avec ceux qui les prennent en otage et demandent le retrait du texte, je me dis que nous sommes tombés bien bas en niveau de conscience civique. La facilité consisterait à dire : « Les Français ne comprennent pas ! » (ou ne veulent pas comprendre). En vérité, « ils n’écoutent plus ». On en revient toujours au même : les médias ne jouent pas correctement leur rôle d’informateurs, trop préoccupés d’attirer le chaland dans la concurrence féroce qu’ils se livrent, ils font appel à des plateaux contradictoires où l’on trouve à boire et à manger, info et désinfo, vérités tronquées et contre-vérités, si bien, qu’à moins d’être soi-même très documenté, il est très difficile de se faire une opinion. Par exemple, aujourd’hui, le thème qui revient en boucle porte sur les députés LR et le 49-3 ou le vote, avec commentaires sortis de derrière les fagots et suppositions… L’idéal étant de créer un climat bien anxiogène, alors que ce n’est pas le sujet principal qui est le contenu du projet sur lequel se sont mis d’accord députés et sénateurs. Je parie que la loi sera votée. Les quelques députés LR qui s’apprêtent à voter contre se couvriront de honte et mériteront d’être battus à la prochaine échéance électorale. Car, ne l’oublions pas, une fois votée, personne ne reviendra sur cette réforme, ils se seront reniés pour rien.
Les syndicats font fausse route.
Certes, on est en année électorale syndicale. La surenchère est à l’ordre du jour, et la CGT de Martinez et les syndicats gauchistes sont à la manoeuvre dans ce qu’ils excellent : le pouvoir de nuisance. Ils aiment jouer à la révolution pour de faux, ils ont le sentiment d’exister et de mettre enfin cette société libérale et capitaliste en difficulté… Même pas. En ces temps d’inflation, en dehors des pros de la grève et des secteurs de la fonction public habituels, , les grévistes ne sont pas légions et le télétravail est bien commode pour sauter les jours de galère dans les transports, car, les journées non payées pèsent à la fin du mois. Surtout, les organisations syndicales, s’appuyant sur les sondages qui n’ont aucune légitimité démocratique, excèdent les limites de leur représentativité en prétendant parler au nom de tout le pays. En fait ils ne parlent pas au nom du peuple comme pourrait le faire un parti politique avec ses élus. Leur légitimité vient d’élections professionnelles où moins de 40% des salariés jugent utiles de voter pour eux. Et on peut ajouter qu’ils ne défendent pas forcément l’intérêt général, étant porteurs d’intérêts particuliers qui sont leur raison d’exister. La meilleure preuve en est que les plus virulents sont ceux qui ne sont guère concernés par le projet de loi, bénéficiant eux-mêmes de régimes particuliers dits « spéciaux ». Se ranger derrière les bannières syndicales, comme ils ne proposent pas de projet alternatif crédible, c’est mettre en danger l’équilibre fragile entre démocratie politique et démocratie sociale, le primat devant rester à la première. Pourtant c’est bien ce que cherche M. Martinez quand il prétend continuer la contestation même si la loi est votée et aussi M. Mélenchon qui, sans hésiter, appelle à un « coup de force », ce qui relèverait de poursuites devant les tribunaux pour incitation à la violence et au désordre public ou même « complot contre la République » !
Travail en chaise longue.
Il n’en reste pas moins que la crise sanitaire a révélé au grand jour les aspirations dans l’air du temps d’un grand nombre de salariés, et souvent les jeunes, au travail « en chaise longue », une conception, dopée à « l’Etat-nounou », qui privilégie les RTT et le temps pour soi. Comme si Lagaffe était devenu un modèle de société. Ils reprochent aux boomers d’avoir acquis richesse et patrimoine en oubliant que ceux-ci ont travaillé dur pour les obtenir. Alors, toi, lycéen ou étudiant, qui descend dans la rue pour refuser de travailler jusqu’à 64 ans alors que c’est peut-être bien plus qui t’attend, toi qui vivras probablement plus de cent ans, j’ai deux conseils à te donner si tu veux encore bénéficier de la « répartition » : bosse pour cotiser et fait au moins deux enfants pour assurer ta retraite. Bah tiens !
PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS…
12 mars 2023
… Pendant que le ChatGPT n’y est pas !
En faisant appel à deux neuroscientifiques, Gaspard Koenig pose la question : entre tech et nature, de quel régime notre cerveau a-t-il besoin ? La réponse est implacable. Je vous livre sa réflexion publiée dans Les Echos. Un vrai régal ! Des préconisations que je vais mettre en pratique pour la marche en forêt, étant par ailleurs sobre en consommation d'écrans. Et je vous invite à en faire autant.
« Je ne vais pas sermonner le lecteur sur l'importance vitale des forêts, les meilleures fermes photovoltaïques jamais inventées. Je ne vais pas ouvrir le débat, largement abordé lors des dernières Assises de la forêt et du bois, sur la proportion inquiétante des plantations mono-essence, plutôt des usines à bois que des forêts. Je ne vais pas non plus dénoncer, après bien d'autres, la tartufferie écologique omniprésente. J'aimerais simplement, en faisant appel à deux neuroscientifiques, poser la question suivante : entre tech et nature, de quel régime notre cerveau a-t-il besoin ?
La constitution d'un jugement autonome
Les effets du régime tech sont évidents. Dans son essai désormais classique, « La Fabrique du crétin digital », Michel Desmurget, directeur de recherche à l'Inserm, analyse la débilitation que provoque la connexion quasi perpétuelle aux écrans : troubles de l'attention, perte de la capacité de mémorisation, anxiété pathologique, conduites à risque, déficit de sommeil, diminution des interactions sociales, autant de constats bien documentés qui obèrent le développement du cerveau de l'enfant (expliquant la baisse du QI moyen) et polluent celui de l'adulte. Selon le rapport annuel de We Are Social, les internautes français ont passé en moyenne 5 h 30 en ligne par jour, dont 1 h 45 sur les réseaux sociaux… Je ne peux que conseiller, comme je le fais moi-même, de réserver dans sa journée de larges plages de temps déconnectées ou, tout au moins, épargnées par les sollicitations (ni mails, ni infos, ni téléphone). L'esprit en sort frais et rasséréné.
Signe que le sujet commence à inquiéter, le législateur a décidé de protéger les mineurs, conformément au rôle émancipateur de l'Etat. Deux propositions de loi sont aujourd'hui examinées par le Parlement, l'une portée par la députée LREM Caroline Janvier pour prévenir l'exposition excessive des enfants aux écrans, l'autre par le député Horizons Laurent Marcangeli pour introduire une « majorité numérique ». Ayant défendu moi-même l'interdiction des réseaux sociaux au moins de 16 ans, je ne peux qu'approuver (pour une fois) cette tentative de régulation. Laissons une chance à la constitution d'un jugement autonome, fondement d'une société libre.
Les bienfaits de la forêt
Les effets du régime nature sont, quant à eux, moins bien connus. Il faut donc lire Michel Le Van Quyen, directeur de recherche à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière, qui consacre son dernier ouvrage, « Cerveau et Nature », à vanter les bénéfices du contact avec la nature pour notre développement neuronal. Silence des montagnes, immersion dans l'eau, contemplation des couleurs naturelles, bruits de la mer : ces émotions universellement partagées sont étudiées au prisme des dernières recherches neuroscientifiques. La marche en forêt est particulièrement recommandée. L'activité parasympathique, qui régule la détente, y connaît une augmentation de 100 %. Les molécules phytoncides émises par les arbres renforcent le système immunitaire (au point de contribuer à prévenir le cancer). La zone du cerveau responsable des pensées obsessionnelles, le gyrus cingulaire antérieur pour être précis, se calme : on rumine d'autant moins qu'on se laisse gagner par les sensations environnantes.
Voilà pourquoi les Asiatiques ont érigé les bienfaits de la forêt en politique de santé publique. Le bain de forêt, le fameux « shinrin-yoku », est pratiqué au Japon depuis les années 1980, le pays s'étant même doté de « forêts thérapeutiques ». La Corée du Sud a adopté en 2015 une « loi sur la promotion du bien-être forestier ». Si les promenades en forêt n'étaient pas gratuites, elles devraient être remboursées par la Sécu ! Nous sommes encore loin de cette approche dans un pays capable d'interdire les promenades en forêt durant le confinement…
C'est en rééquilibrant le régime quotidien auquel notre cerveau est soumis que nous retrouverons, en plus de notre bonne humeur, notre sens critique. »
Gaspard Koenig
L’OPINION SE MEURT, L’OPINION EST MORTE !
05 mars 2023
Bien informé, bien dans la vie.
Avec le titre parodiant la célèbre phrase de Bossuet, j’ai voulu montrer l’urgence d’enrayer le mal qui ronge notre temps et met tout droit la démocratie en danger : devant la marée des infos, les gens ne savent plus qui croire ni que croire, ont tendance à se désintéresser de l’actualité et se sentent, toujours plus nombreux, incapables de se faire une opinion sur les aléas du monde qui les entoure et sur ceux qui le gouvernent. Or nous vivons dans une société de citoyens dont le pouvoir, construit collectivement, repose sur la capacité à se faire chacun son propre jugement pour ensuite exercer des choix qui peuvent être décisifs. Il est donc primordial d’être « bien informé ».
Overdose informationnelle.
Une enquête récente menée notamment par Arte et la Fondation Jean Jaurès, constate que 53% des Français souffrent de « fatigue informationnelle » et 38% de façon aiguë. Elle touche tout particulièrement les jeunes diplômés qui ont un rapport très actif à l’information et très marqué par internet, et un autre groupe plutôt féminin, au niveau de vie plus modeste, qui voudrait s’informer mais se sent dépassé par l’information. Sont en cause la multiplicité des sources d’information auxquelles on a accès où on s’abonne souvent inconsciemment, le caractère répétitif des actualités, leur impact souvent démoralisant sur notre psychisme, et enfin le manque de confiance envers leur fiabilité. Trop d’infos tuent l’info.
Toutes les stratégies de captation.
L’apocalypse cognitive guette nos sociétés développées. Les médias, accros à l’audimat, utilisent tous les ressorts de captation de notre attention, parfaitement décrits par Gérald Bronner dans son « apocalypse cognitive ». Les « invariants » de notre cerveau humain sont systématiquement sollicités : la peur, l’effet cocktail, le sexe, le conflit ou la colère, et surtout le visuel dont notre attention est esclave à 60%. C’est ainsi que les intervenants dramatisent souvent inutilement, mettent en avant l’émotion que peut susciter tel type d’agression ou de fait divers, qu’on cherchera à faire passer en boucle les images jusqu’à satiété, et si vous êtes sur un réseau qu’on n’hésitera pas à vous interpeler par votre prénom… De toute évidence ceux qui s’abonnent aux « posts » des « influenceurs » se font avoir, ceux-ci ne travaillant pas gratuitement. Il faut d’autant plus être méfiants, que de nombreux messages peuvent être le fait de « trolls » programmés par des campagnes d’opinions fabriquées de toutes pièces.
De la fatigue informationnelle à la fatigue démocratique.
De l’information à la désinformation, il n’y a qu’un pas. Le régime poutinien nous en fournit chaque jour des exemples emblématiques et pathétiques. Mais le paysage médiatique peut cacher des stratégies plus subtiles de conditionnement. L’abondance croissante des informations et la multiplication des intervenants soi-disant « experts » ou « spécialisés », le croisement dans les débats des arguments contradictoires, dont certains sont assénés d’autant plus catégoriquement qu’ils sont erronés ou faux, fait que le quidam moyen peut ne plus s’y retrouver. Et le plus grave, c’est que l’obscurantisme côtoie la science avec la même crédibilité. J’ajouterai que ceux qui sont chargés normalement de faire le tri, les professionnels de l’info, les journalistes, répètent souvent comme des perroquets des infos sans en vérifier la véracité ou la source, surtout si elles sont passées dans le consensus considéré comme acquis. Alors quand en plus ils sont partisans, ce qui arrive plus souvent qu’on ne le croie ! Petit exercice : amusez-vous à compter le nombre de fois par jour où il est fait référence d’une manière ou d’une autre au réchauffement climatique, basée sur une évidence supposée et forcément non explicite. Sachez que vous pouvez être victimes du même conditionnement quand il s’agit d’aller voter. Mais le plus souvent, le citoyen baisse les bras et se réfugie dans le retrait ou le rejet. Avec les dégâts que l’on sait.
Penser par soi-même.
Choisir c’est déjà décider. En matière d’information il est donc essentiel de choisir la qualité plutôt que la quantité et de définir ses propres critères de choix : d’où vient l’information, est-elle recoupée, quelle compétence a celui qui la diffuse, est-elle signée par un journaliste, la source est-elle crédible … ??? La première chose à faire est donc de limiter les accès en commençant par supprimer les réseaux sociaux où circule tout et n’importe quoi très vite et où il est très difficile de séparer le bon grain de l’ivraie : twitter, instagram, tik-tok (surtout tik-tok), facebook … Ensuite, comme pour se nourrir, il est préférable de sélectionner des moments précis pour s’informer et sans y revenir. Nous avons besoin de connaître l’actualité, mais en faire le tour une fois par jour est suffisant. Enfin, sur beaucoup de sujets, la lecture d’ouvrages documentés écrits par des gens reconnus et à la compétence avérée, peut être nécessaire si on veut se forger son propre jugement. Contrairement à ce que beaucoup croient, lire ce n’est pas perdre son temps. C’est au contraire entraîner son cerveau à ne pas perdre ses compétences acquises : esprit critique, assimilation de connaissances, tri et jugement… Car l’information au sens large détermine beaucoup de choses dans notre vie : notre humeur, nos objectifs, la façon dont nous menons nos projets, et nous évite de sombrer dans le péremptoire, le partial ou l’emporte-pièce. Il est tellement plus facile de mépriser plutôt que d’essayer de comprendre. A cet égard, nos élites ne méritent pas, en général, le sort qui leur est fait, et en particulier nos politiques.
L’exemple du réchauffement climatique.
Je vous livre ici un exemple concret de manipulation de l’information. Depuis longtemps, par formation et par goût personnel, je m’intéresse au temps qu’il fait. C’est dire si ce que l’on appelle le changement climatique me passionne. Depuis de nombreuses années, je trouvais qu’il y avait un décalage entre mes connaissances en géographie physique acquises à la Sorbonne et les explications fournies par les intervenants dans les médias lors d’aléas climatiques. Je m’en étais ouvert à Jean Jouzel, le climatologue bien connu, lors de sa venue à Saint-Barthélemy. Il n’en démordait pas, la cause du réchauffement climatique et son accélération était quasi uniquement due aux activités humaines et aux rejets de gaz à effets de serre. J’ai donc voulu en avoir le cœur net et lu de nombreux ouvrages sur le sujet et plus largement sur la géophysique de notre planète. Jusqu’au dernier qui corroborait tous les autres, celui de Steven Koonin, « Climat, la part d’incertitude ». En bref, le GIEC nous ment, plus ou moins, parfois partiellement, parfois totalement, selon l’aspect du climat qui est traité. Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de contester que la Terre se réchauffe, ce qui serait stupide au regard de la géopaléonthologie, il s’agit d’établir la part qui revient au genre humain dans le processus. Prenons le cas de la mer de glace : chaque reportage nous prend à témoin de l’aggravation du recul du glacier, préconisant à chaque fois « l’urgence d’agir », sans la moindre précaution de langage… comme si on y pouvait quelque chose. Il suffit de constater à quelle altitude se situent de chaque côté du glacier les épaulements rocheux qui attestent du niveau atteint à son apogée pour se dire que pendant des milliers d’années (peut-être 12 000) il a fondu sans que l’Homme et ses activités soient en cause. Il y a quarante ans, je montrais déjà en classe des photos de « l’Illustration » (journal des années 30) comparées à celles de mon époque (40 ans plus tard), puisées dans mes dossiers de la « Documentation photographique ». Alors oui, la « mer de glace » continue de fondre ! Et si le mouvement s’accélère, c’est plutôt logique. Car nous sommes peut-être au bout de « l’holocène », période interglaciaire dans laquelle nous vivons. Inutile de vous préciser que les projections d’étés sahariens en 2050, envisagés comme quasi certains me font doucement rigoler, surtout si notre hémisphère est entré dans le « petit âge glaciaire » annoncé par la NASA !
Un citoyen sans opinion c’est un citoyen zombie ! Un Russe sous Poutine…
DESOLE Sandrine ! IL N’Y A QUE DEUX SEXES
26 février 2023
Les constats scientifiques.
Déjà on sait par les neurosciences et les avancées dans la connaissance du fonctionnement de notre cerveau et du corps humain que les sexes sont bien différenciés dès la naissance et que toutes les cellules portent le marqueur génétique du sexe en plus des sécrétions spécifiques à chaque genre. Un nouvel ouvrage : « C’est votre sexe qui fait la différence» de Claudine Junien et Nicole Priollaud apportent des éléments complémentaires incontournables à cette certitude. Utiliser de rares anomalies chromosomiques pour nier ou diluer la réalité binaire du sexe ne relève pas de la science mais de la théorie, autrement dit d’élucubrations intellectuelles qui ne peuvent pas être sans graves conséquences. La réalité biologique du sexe n’est pas ambiguë et vouloir imposer l’idée contraire en rejetant ceux qui la conteste dans l’intolérance, c’est ni plus ni moins sombrer dans l’obscurantisme.
Les différences entre les sexes.
Ce qui revient à dire que déconstruire les stéréotypes de genre entre les hommes et les femmes ne doit pas revenir à nier les différences qui existent entre les sexes, comme la tendance du moment qui tend à faire de plus en plus de place à la neutralité sexuelle voudrait l’imposer. La différence entre les sexes va bien au-delà de la perception. Les neuroscientifiques vont de découvertes en découvertes. Ainsi la meilleure connaissance de la différence entre les sexes permet d’amener à une meilleure prise en charge de nombreuses pathologies. Ainsi, on sait que le mécanisme de la douleur n’est pas le même chez les deux sexes. La dissymétrie des chromosomes sexuels chez les hommes qui sont doté de chromosomes XY quand les filles ont deux X, fait que les filles font moins pipi au lit ou se lèvent moins la nuit pour aller aux toilettes grâce à leurs deux chromosomes X, de même que ceux-ci les protègent mieux des infections courantes. A contrario, en étant mieux armées contre les infections courantes, les femmes sont plus sensibles aux maladies inflammatoires… Bref, la différence entre les sexes ne se limite pas à la reproduction. On nait avec un corps sexué formant un ensemble complet : la science nous dit que le cerveau forme un tout avec le corps. Faire croire qu’on peut naître dans un corps qui n’est pas le bon ne peut être qu’une construction intellectuelle, donc une fable.
L’idéologie se substitue à la réalité pour s’imposer.
On comprend qu’une cohorte de scientifiques et d’intellectuels se soient élevés récemment dans une lettre envoyée au Ministre de la Santé pour que cesse à la CAF la diffusion d’un document qui « organisait l’accompagnement des enfants atteints de dysphorie de genre ». Dans le film « Un homme heureux », Catherine Frot incarne une femme qui veut devenir un homme à plus de cinquante ans et doit pour cela se shooter à la testostérone pour avoir une pilosité mâle et se muscler avec un coach pour devenir virile… sans compter qu’elle ne peut rien changer à sa morphologie sinon s’aplatir les seins mais bien obligée de faire avec son bassin de femme. La démonstration de propagande transgenre est tournée en dérision et se fait comédie comique tant on peine à croire à la farce de la dysphorie, sur fond de carnaval (ce n’est pas anodin) où tout le monde se travestit. Par contre, on découvre avec horreur les dégâts provoqués par la guerre idéologique alimentée par les théories fumeuses et délirantes sur le genre, sur des centaines d’enfants pris en charge par une clinique anglaise, aboutissant à des traitements systématiques aux hormones et à des opérations de changement de sexe irréversibles, par des praticiens sans expérience et négligents. Des traitements administrés à des enfants parfois dès l’âge de dix ans, souvent lourds de conséquences…. Faisant de la dysphorie une généralité alors qu’elle ne devrait être qu’une infime exception.
Et ne pas oublier l’inné !
La soi-disant assignation arbitraire du sexe à la naissance, par laquelle la société enserre le poupon dans ses catégories et l’inscrit dans une socialisation qui l’enfermera dans un genre est encore contredite par l’observation du comportement des enfants en Suède où les jouets sont dégenrés et où pourtant les garçons continuent de préférer les outils et les filles les poupées, et le même constat est fait par Frans De Waal, un primatologue de renommée mondiale sur le comportement des chimpanzés et tous les autres primates dans le comportement des femelles qui ont tendance à jouer avec des poupées…. Il faut donc faire une place à l’inné. L’éducation non sexuée des enfants est une erreur : il y a certaines compétences que les jeunes femmes et les jeunes hommes doivent acquérir pour leur vie future et nous avons le devoir de les leur fournir.
Le combat pour l’égalité.
Nous vivons une époque bien compliquée. Les idéologies obscurantistes, au sens où elles nient l’histoire et la science, quitte à les déconstruire pour avoir le champ libre, progressent dans les milieux intellectuels de gauche et gagnent du terrain en se servant sans vergogne des places que ses tenants occupent dans les administrations, l’enseignement, la communication. Les partisans des Lumières et de la science et de leur universalisme sont aujourd’hui assiégés. L’égalité des sexes n’a rien à voir avec le genre. On ne réglera pas le problème des inégalités homme-femme par une éducation neutre, comme si le genre était le problème, alors que le problème c’est l’inégalité. Nous ferions mieux de nous concentrer sur la justice, l’équité et l’égalité.
Va-t-on vers une nouvelle défaite de la pensée ?
Lire : « C’est votre sexe qui fait la différence » de Claudine Junien et Nicole Priollaud – Plon
« Différents, le genre vu par un primatologue » de Frans de Waal - Ed. Les liens qui libèrent
682 JOURS !
20 février 2023
Un style inimitable.
C’est du Roselyne Bachelot pur sucre. Rendre compte de sa charge ministérielle au jour le jour aurait pu rapidement devenir un pensum fastidieux, en fait, c’est un vrai régal. Notre ex-ministre de la culture raconte comme elle parle, sans détour, avec sa faconde et sa franchise proverbiales, dans un style inimitable qui n’appartient qu’à elle. Ce n’est pas par hasard si elle a mis en sous-titre « le bal des hypocrites ». Voilà un récit qui mélange allégrement tous les modes d’expression, les figures familières : « en prendre plein la gueule », « dont tout le monde se contrefout », les « clampins », le « canasson » y côtoient les « mirliflores, les besogneux et les midinettes », les « politiciens guignolos » (Trump) ou encore pour les préliminaires, quand il y en a : « tout cela n’était que zakouskis », sans oublier le registre propre à Roselyne : « pas de ça Lisette », « faut pas pousser Roselyne dans les orties », et évidemment : « faut pas me prendre pour un con ! » ; cette trivialité cohabite avec des formules plus savantes abusant quelque peu de l’épithète homérique : « falsifications misérables », « choc esthétique absolu », « symbole psychopompe », et hyperbolique : « ébouriffant de virtuosité », agrémenté de sorties descriptives telle « la camarilla des intégristes sanitaires » pour désigner tous les prêcheurs qu’on a vu défiler sur les plateaux télévisés pendant la Covid ou encore « mettre à quia les féodaux ». Le sacerdoce ministériel impose souvent aussi de « donner sa livre de chair » pour parvenir à ses fins. On touche parfois au complexe : je doute que beaucoup de lecteurs soient familiers des « prolégomène », « prolepse » et autre « ultracrépidarianisme ». Le panorama ne serait pas complet sans les emprunts à la langue anglaise qui émaillent notre expression contemporaine. Ainsi, concernant la campagne de Pécresse : « ça poquait la loose », et je passe sur les « business as usual », « storytelling », casting », et autre « road-movie ». Inévitables aussi les latinismes tels « in petto » ou « pro domo ». Enfin, les adeptes d’Audiard trouveront des emprunts au style du maître : « Voilà que j’m’énerve… revenons à nos beautés » parodiant une séquence célèbre. Ce livre permet de découvrir les multiples facettes d’une femme cultivée et à l’aise dans son époque.
Un compte-rendu méticuleux.
Le cœur du sujet est évidemment de rendre compte de son action rue de Valois. On feuillette avec elle son agenda. Je n’entrerai pas dans le détail. Pour faire Simple Roselyne a fait du Bachelot : quand on lui confie une mission, elle ne rechigne pas à taper dans la butte : des journées de 14H suivies de nuits à éplucher les dossiers pour ne pas laisser la main aux technos de Bercy. Je suis bien placé pour le savoir, ayant été le secrétaire départemental de l’UMP quand elle était présidente de la fédération de Maine-et-Loire et … Ministre de la Santé. Après une semaine éreintante à Paris, elle rentrait dans le département où, pour les besoins de la cause, je lui avais préparé un road-movie de réunions à animer qui la menait aux quatre coins de l’Anjou. Je ne l’ai jamais entendue se plaindre. Sans compter qu’elle me faisait totalement confiance. Aussi, ceux qui espéraient trouver ici quelques lignes désagréables à son égard en seront pour leurs frais. Même si depuis, je n’ai pas partagé tous ses choix, je les respecte et je ne m’arrogerai pas le droit de la juger. Elle rêvait du Ministère de la Culture déjà à l’époque. Aussi a-t-elle pris très à cœur son portefeuille et la bataille fut rude compte-tenu du contexte. Déjà que la culture n’était pas une priorité, avec la crise sanitaire et le quoi qu’il en coûte, on pouvait craindre le pire. La fermeture des salles avec le confinement lui a terriblement compliqué la tâche, mais elle a défendu bec et ongles son périmètre pour protéger les artistes en priorité, qui ne lui en ont pas toujours été très reconnaissants et les médias se sont jetés comme des fauves sur « la tartine beurrée des deux côtés » de Biolay ou les sarcasmes de Clara Luciani, comme si c’était l’essentiel. Le récit de la cérémonie des Césars que nous en fait la Ministre vaut aussi le détour. Pour les décisions et le bilan, le langage se fait plus technocratique, car évidemment, Roselyne connaît son ministère par cœur et ses dossiers sur le bout des doigts. Je pense qu’elle aurait bien voulu égaler Jack en réputation. Le bilan de son action est loin d’être mince, mais les temps ont proposé trop d’événements qui ont accaparé l’actualité entre les rebondissements de la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, pour que la culture puisse y trouver son compte. Quand ça veut pas… Au moins, celle qui lui a succédé au Ministère ne lui fera pas d'ombre, c'est toujours ça !
Une place pour les inévitables anecdotes.
Le livre vaut aussi pour les anecdotes, les analyses politiques et les inévitables retours sur le passé. Roselyne Bachelot découvre les ravages fait par le non cumul des mandats qui a contribué largement à couper les élus locaux du pouvoir central et elle a l’honnêteté de faire son mea culpa, elle qui militait pour le non cumul. La rencontre avec le Président, se veut soft même si on sent une réticence sur le style du « jeunot ». Elle a aussi l’occasion de rendre justice à la IVème République pour son bilan trop méconnu de reconstruction de la France dans tous les domaines après la 2ème guerre mondiale. De la part d’une gaulliste, c’est pour le moins inattendu. Sur le mode de la confidence, on apprend que la petite Roselyne trouvait le moyen de se cacher sous la table de la salle à manger pour écouter les conversations quand ses parents recevaient « les comploteurs », à savoir André Malraux, Jacques Chaban-Delmas et autres qui préparaient le retour au pouvoir du Général. On comprend qu’elle occupe une place à part dans le Panthéon gaulliste. Elle se fait plus ironique quand elle évoque son ancien parti n’hésitant pas à saisir une saillie de Xavier Bertrand refusant de « monter sur le Titanic », en parlant du gouvernement pour comparer avec LR, devenu « radeau de la méduse » pour l’occasion.
Vous l’avez compris, vous ne perdrez pas votre temps à lire cet ouvrage. On ne s’ennuie jamais.
Vous retrouverez Roselyne sur BFM, RTL et Forum Opéra. Elle hante aussi les Grosses têtes…
682 JOURS, le bal des hypocrites, chez Plon.
POURQUOI LA DICTEE EST-ELLE NECESSAIRE ?
17 février 2023
Pour sortir un peu des sujets habituels, je vous propose aujourd'hui un texte d'une agrégée de philosophie qui explique pourquoi dans l'apprentissage de l'orthographe, la dictée est nécessaire. Ses arguments rencontrent mon plein accord, et recoupent les motivations qui m'ont amenées à faire des dictées jusqu'à la fin de ma carrière, de la 6ème à la 3ème, en précisant que ce n'était pas le seul moyen d'apprendre l'orthographe, évidemment. Mais je trouve ce texte si lumineux que je ne résiste pas au plaisir de vous le proposer.
« La dictée, un art du raisonnement, un exercice de recueillement et d’attention »
Par Emma Carenini professeur agrégé de philosophie.
Le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a annoncé vouloir encourager la dictée quotidienne à l’école primaire. Le professeur agrégé de philosophie, Emma Carenini, qui, lorsqu’elle enseignait dans un lycée difficile de banlieue, terminait chacun de ses cours par un quart d’heure de dictée, recommande et défend les vertus de cet exercice.
Nous avons tous un souvenir de dictée.
Le plus souvent, c’est un souvenir pénible. Le grand écrivain de l’enfance, Marcel Pagnol, se souvient: «Vers le 10 août, les vacances furent interrompues, pendant tout un après-midi, par un orage, qui engendra, comme c’était à craindre, une dictée.» Dans un monde d’enfants, la dictée est une idée d’adultes. Et dans un monde heureux, la dictée ne devrait être qu’une idée tout court.
On a du mal à imaginer un monde où les enfants demanderaient instamment à faire des dictées.
Et pourtant, ce monde existe. Lorsque j’étais professeur de philosophie dans un lycée difficile de la banlieue parisienne, les élèves de terminale avaient l’habitude de me demander de leur faire faire des dictées. Pourquoi souhaitaient-ils donc ce que personne ne souhaitait? D’abord, c’était la honte ; la honte de ne pas maîtriser la langue française, qu’ils utilisaient pourtant à l’oral au quotidien. Ils ne le montraient pas explicitement, mais je voyais bien qu’ils souffraient un peu de ne pas être capables de rédiger une phrase sans faire de faute d’orthographe. Ils savaient que certains recruteurs en font parfois la première étape des entretiens d’embauche en stage, et ils savaient aussi qu’ils ne la passeraient pas.
Lorsqu’on a monté tous les échelons de l’école française jusqu’en terminale, il est parfois difficile de se confronter à ses lacunes sur les compétences «de base» ; car on ne parle pas ici de fautes bénignes, auxquelles même nos plus grands écrivains ne peuvent échapper - celles qu’on commet par inadvertance ou sur un mot compliqué. On parle plutôt des fautes d’accord ou de conjugaison, qui traduisaient une méconnaissance du fonctionnement de la langue française et de ses structures grammaticales.
L’orthographe n’est pas qu’une question de correction du langage et de l’écrit. C’est aussi la première marche nécessaire à la capacité d’articuler des pensées.
Une langue française mal maîtrisée, ce sont des raisonnements impossibles à mener. Quand on confond les connecteurs logiques, les pronoms, les conjugaisons, on n’a pas seulement du mal à écrire, on a du mal à réfléchir, et ensuite à convaincre et à communiquer. Corriger sa langue, dans ce cas, devient un exercice fastidieux et décourageant. Ainsi la demande d’une dictée était une sorte de cri du cœur, le cri de la «dernière chance». Alors les élèves «dictophiles» se sont acheté un cahier petit format sans carreaux, comme les écoliers de primaire consciencieux qu’ils auraient voulu être. Le dernier quart d’heure du cours de philosophie était consacré à: la dictée.
Mais il y a autre chose qui rend la dictée si précieuse.
Une dictée est l’un des rares moments où l’on prend vraiment le temps, à l’école, d’écouter un texte dans tous ses détails, comme un tableau qu’on scruterait à la loupe. On en pèse chaque mot, on le savoure, parce qu’il ne faut pas aller trop vite. Quand le professeur dicte, il laisse au texte le temps de se déployer. Les élèves notent tous en même temps, concentrés. C’est l’un des rares moments de silence et d’attention complète dans une classe ; seule la littérature parle, chacun l’écoute, et s’éveille dans un même mouvement à ce qui fait la sonorité des mots, la musique du langage, sa relation avec les formes écrites du texte. Et ce faisant, les élèves apprennent une chose essentielle, qu’on ne leur dit pas assez autrement: c’est que la forme compte. Ils y aspirent sans parfois le savoir. Ils apprennent que l’orthographe et la syntaxe sont le bel habillage d’un texte, et que ce bel habillage est indispensable pour en jouir.
Ils apprennent aussi que bien écrire, comme bien parler, est extrêmement important dans la société.
On peut bien leur expliquer que c’est arbitraire, que c’est une construction sociale ; il n’empêche que ça existe, et qu’ils ont besoin de le savoir pour respecter ces règles ou, s’ils le souhaitent ensuite, s’en libérer en connaissance de cause. De la correction d’une dictée à l’art de savoir se comporter en société, il n’y a finalement pas si loin. Je leur disais toujours: “Viendriez-vous en tongs à un entretien d’embauche ou à un enterrement? Vous ne savez pas pourquoi «ça-ne-se-fait-pas» mais vous le faites sans vous poser de questions.”
L’orthographe, c’est la même chose. Il y a peu d’exercices comme la dictée qui unissent ainsi le recueillement, l’attention aux sons, l’attention aux signes, et l’art du raisonnement. Alors ne refusons pas aux élèves ce plaisir et ce soutien. Car nos élèves ont la passion des mots: mirliflore, sylphide, florilège et filigrane, autant de mots qu’ils notaient diligemment dans leur cahier comme des collectionneurs attentifs aux sons et aux images. Et peut-être que la dictée, en encourageant la lenteur, en louant les sons, pourrait encourager cette petite manie bien utile.
A la recherche de la dictée perdue.
Cette expérience avec les élèves m’a rappelé qu’on ne comprend parfois le sens d’une chose qu’en la perdant. C’est d’ailleurs pourquoi l’essence d’une époque n’apparaît jamais bien clairement à ses contemporains ; c’est pourquoi aussi nous avons parfois de la nostalgie pour nos années passées. Et pour me rappeler que même les exercices pénibles ont un sens, peut-être fallait-il ces quelques élèves à la recherche de la dictée perdue.
L’EDUCATION NATIONALE A RATE LE VIRAGE DU NUMERIQUE
15 février 2023
On avait l’habitude de comparer l’Education nationale à l’armée rouge pour la coloration de son personnel mais aussi pour sa lourdeur, le « mammouth », et sa lenteur à manœuvrer. Je suis bien placé pour affirmer qu’en son temps elle a raté le virage de l’audiovisuel : il a fallu un temps fou pour obtenir des salles de classes équipées d’autres choses que le tableau noir et les bâtons de craie. Ce n’est que dans les dix dernières années de ma carrière que le rétroprojecteur s’est installé au milieu des élèves et si mes cours ont fait appel au magnétophone et à des illustrations audio, c’est parce que j’apportais mon matériel personnel, magnétocassette et lecteur cd. Je ne doute pas qu’avec la décentralisation, les départements aient équipé les collèges en ordinateurs et en tableaux interactifs. Mais pour autant, l’Education nationale n’a pas, que je sache, apporté une formation professionnelle à la hauteur sur l’utilisation du numérique et des ressources nouvelles que cette technologie est capable d’apporter. Je m’en aperçois à travers le travail scolaire de mes petits enfants.
L’intelligence artificielle fait irruption.
Mais voilà que ChatGPT vient tout bousculer. Ce robot conversationnel d’Open AI, accessible à tous avec le moindre smartphone, est capable de rédiger un devoir ou de résumer un livre en quelques minutes avec un niveau de crédibilité qui pourrait paraître époustouflant. Pour les petits malins, il offre un moyen efficace de réaliser le travail demandé sans faire le moindre effort, surtout si c’est en devoir « à la maison ». Gain de temps mais quid de l’effort intellectuel et des connaissances acquises. Face à cette intrusion dans l’univers des études, nos enseignants sont désarmés. Lesquels seront en mesure de détecter la supercherie ? La multiplication de devoirs stéréotypés mettra la puce à l’oreille, mais après ? Ce type de logiciel oblige désormais à faire exécuter les travaux en classe sans l’accès aux écrans et sous surveillance. C’est forcément une complication qui va diminuer les occasions de confronter les élèves à des exercices et à des recherches en complément du temps passé en classe. Le premier réflexe est donc d’interdire son utilisation ou de limiter son accès. Il faut dire que l’univers scolaire est plutôt « à la bourre » en matière de numérique. La possibilité d’accès aux basses de données telles Google et aux « tutos » de toutes sortes n’a qu’à peine modifié les méthodes pédagogiques. Le rapport d’octobre 2021 sur la pratique informatique du CP à la sixième souligne les insuffisances d’un programme qui existe mais dont les heures ne sont pas précisées. L’inspection générale relève que, à l’école primaire, les équipements sont insuffisants et les enseignants réticents estimant qu’ils ont déjà beaucoup à faire avec les maths et le français ; au collège, les enseignements sont assurés par les profs de mathématique et de technologie qui ont chacun leurs langages et se parlent peu. Surtout, le rapport souligne un manque de formation aux concepts de l’informatique, notamment à la démarche algorithmique, assorti d’une pensée informatique insuffisamment présente. Après avoir privilégié l’aspect bureautique, aujourd’hui on se focalise sur le codage. Mais il est à craindre que cette manière d’aborder le numérique soit dépassée. D’abord parce que les outils s’utilisent sans codage et que probablement, plus personne ne fera du codage d’ici peu de temps : écrire du code sans savoir ce qu’est un algorithme, c’est comme construire un bâtiment sans plan.
Le renforcement des compétences numériques.
C’est l’objectif que fixe le ministre comme une des priorités de la transformation des classes de cinquième, quatrième et troisième. L’objectif est de permettre aux élèves de comprendre le fonctionnement des outils et dispositifs numériques, algorithmes, intelligence artificielle,… et savoir les utiliser de manière responsable et disposer de premières compétences en codage. Evidemment, les professeurs seront davantage formés à l’algorithme et à la programmation sans écran et les équipements seront renforcés. Tout cela est bienvenu et urgent. Il est même grand temps de s’en préoccuper. Mais connaissant l’inertie d’un corps qui aurait l’agilité de l’actuelle armée russe pour manoeuvrer et atteindre ses objectifs, on peut se préparer à attendre de longues années avant de voir intégrer les robots tels ChatGPT dans les stratégies pédagogiques d’apprentissage. Je crains qu’en matière de maniement des outils, les élèves restent pour longtemps en avance sur leurs profs.
Le défi est immense.
Pour le relever, il faudrait plus d’heures de temps scolaire. Quand on constate les dégâts de la diminution des heures d’enseignement du français, on se dit que l’enseignement du numérique nécessaire à sa maîtrise ne peut se faire au détriment des autres savoirs fondamentaux. Mais comment y parvenir dans une période où l’on vante plus la paresse que le travail et où les élèves sont souvent plus habiles que leurs maîtres pour manipuler les nouveaux outils. Et le fait que ceux-ci puissent favoriser la facilité n’arrange rien. Dans les programmes de l’Education nationale le terme « informatique » n’est jamais utilisé. On lui préfère le mot « numérique » qui permet d’aborder le sujet sans rien en dire. Or « l’informatique » est une façon de penser. Contrairement à la physique qui étudie la matière, l’énergie et les ondes, l’informatique n’étudie qu’une seule chose : l’information. C’est le cœur du sujet. L’IA n’est pas infaillible. Le robot peut être source de fake news. L’enjeu est donc de former les jeunes pour appréhender les informations recueillies avec suffisamment de sens critique. Car l’algorithme n’a pas de conscience logique. Chat GPT n’est qu’un système automatisé adossé à une énorme base de données, mais ce qu’il délivre est une parole de mainate mécanisée. A de nombreux endroits, le système a été modifié par la main de l’homme, et optimisé par des annotateurs humains chargés de classer plusieurs réponses alternatives. Bref, il faut bien comprendre que derrière la machine, il y a des hommes et que ses réponses ne sont pas le fait du hasard, mais dépendent d’eux et de leurs points de vue.
Le crétin numérique.
Il y a certainement une utilisation pédagogique de cet outil qui pourrait apporter, probablement, une aide décisive aux enseignants, tant la parole du robot paraît magique, les expériences ayant montré que les enfants suivent davantage les instructions de l’intelligence artificielle que celle de l’humain. Rien d’étonnant, les adultes eux-mêmes s’y laissent prendre. Pour cela il faut s’atteler à déjouer tous les pièges tendus par l’intelligence artificielle : jusqu’à maintenant, plus on a investi dans les « TICE » plus les résultats des élèves ont chuté. Et notamment empêcher le « cambriolage » de notre cerveau par les écrans qui en exploitent toutes les failles créant addictions et troubles de l’attention, langage amputé, relations humaines mutilées … A moins de faire comme pour les enfants de Google et de la Silicon Valley : supprimer tous les écrans pendant l’apprentissage et revenir aux livres et à l’écriture. Et/ou faire comme les Chinois qui ont décidé de réduire drastiquement le temps d’accès aux écrans !