APRES LA GRECE, L’ESPAGNE…
26 juillet 2023
Dimanche dernier, les Espagnols ont rejeté l’extrême-droite.
Vox est en recul et le Parti Populaire, arrivé en tête, ne parviendra pas à la majorité absolue avec son apport. De son côté, le parti socialiste a perdu des sièges mais reste en position pour garder le pouvoir. Est-ce la perspective d’avoir une coalition PP-Vox qui a poussé les ibères à limiter la poussée du parti de Feijo ? On peut le penser. En Grèce, Mitsotakis a gagné son pari en provoquant une nouvelle consultation : la droite est sortie renforcée avec, cette fois-ci une majorité. Les extrêmes sont renvoyées sur les marges. Et en France, que peut-on espérer après la tempête ?
En France, la situation est plus compliquée.
Le paysage qu’elle offre après la tempête fait l’objet d’une remarquable analyse de Jacques Julliard dans Le Figaro du 10 juillet. Des deux côtés du spectre politique, c’est une course aux extrêmes qu’on observe, la poussée à droite répondant à la violence de l’extrême-gauche.
Selon lui, la gauche est devenue un « parti de déclassés » en abandonnant ce qui faisait son identité : la République et la classe ouvrière pour sombrer dans le populisme faisant une place particulière aux catégories sociales, jeunesse, femmes, immigrés… L’axe doctrinal perdu, il n’y a que Mélechon pour sembler préférer les « jeunes » à la « République » en donnant le ton à toute la Nupes, Fabien Roussel réussissant toutefois à sauver l’honneur. Même face au chaos, la gauche n’a pas su renouer son lien consubstantiel avec la République. Elle continue de déserter ses propres électeurs ; ce qui la condamne au naufrage.
Poursuivant son tour d’horizon, il observe que le centre est devenu impuissant. Disposant d’une majorité relative, elle a pour chef un homme qui, bien que disposant de larges pouvoirs, n’est plus rééligible, un handicap rédhibitoire pour son parti dans le contexte de la Vème. Pour les Français, il n’incarne plus un avenir et son statut handicape son autorité. C’est ce qui manque le plus à Emmanuel Macron. Ce qui fait dire à Jacques Julliard, que, finalement, dans cet épisode violent qui a permis de mesurer combien la frontière entre la civilisation et la barbarie était fragile, c’est l’absence d’autorité et non les lacunes de la police qui explique l’inexplicable. En conclusion, le centre, même élargi aux Républicains, ne dispose plus d’un leader incontestable, malgré les Philippe, Le Maire, Wauquiez… . Une vacance dans le leadership qui le condamne à l’impuissance.
La droite française profite du glissement de terrain. La droite traditionnelle écartelée entre le centre et l’extrême, restent les droites extrêmes que se partagent en parties inégales le RN et Reconquête ! qui, loin d’avoir nui au premier, lui a permis de se recentrer sans rien perdre de son attractivité sur la partie la plus radicale de l’électorat de droite. Et grâce au comportement de Mélenchon qui refusait de condamner les émeutes dirigées contre les bâtiments et les symboles de l’ordre républicain, Marine Le Pen classée comme antirépublicaine sinon fasciste, n’a eu aucun mal à s’en tenir à un discours strictement républicain, respectueux de l’ordre et des institutions. Une démarche sur laquelle elle mise pour lui ouvrir les portes du pouvoir. Comme dans tous les pays européens, à chaque occasion, il y a désormais, « une course à la droite ».
On peut, certes, gloser sur les difficultés des autres partis et trouver toutes sortes de raisons à leur déclin, mais il y a une constante qui ne doit pas échapper à l’observation : le glissement vers la droite dans toute l’Europe, au-delà des circonstances particulières, a un facteur commun qui l’explique : l’immigration et l’immense difficulté à la contrôler.
Une victoire RN n’est pourtant pas une fatalité.
C’est ce que les scrutins grecs et espagnols nous montrent. Même l’exemple de l’Italie peut nous être utile : Georgia Méloni n’a-t-elle pas eu comme première préoccupation de se recentrer pour rassurer ses partenaires européens et mener une politique habilement conseillée par Mario Draghi, notamment pour ne pas perdre l’accès aux fonds européens. Marine Le Pen a eu tout faux sur le Brexit, nous a annoncé cent fois la fin de l’Euro, tient sur l’Ukraine le même discours que le « narratif » russe (et pour cause) et en dehors du sujet de l’immigration, n’a que de vieilles recettes à proposer aux Français en matière d’économie et d’emplois qui ont toujours produit faillite et impuissance. Alors, puisque Macron ne croit pas aux coalitions, il est grand temps que Les Républicains reprennent toute leur liberté et passent à l’offensive. Puisque l’avenir est à droite, entre les deux extrêmes droites, plus ou moins pétainistes, et la droite moderne qu’ils incarnent, le choix des Français peut être vite fait. Il suffit qu’ils incarnent à nouveau et pleinement les trois mots qui font la France et qui sont garants de son unité : la Liberté, l’Egalité et la Fraternité !
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