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Forêt

… Pendant que le ChatGPT n’y est pas !

En faisant appel à deux neuroscientifiques, Gaspard Koenig pose la question : entre tech et nature, de quel régime notre cerveau a-t-il besoin ? La réponse est implacable. Je vous livre sa réflexion publiée dans Les  Echos.  Un vrai régal ! Des préconisations que je vais mettre en pratique pour la marche en forêt, étant par ailleurs sobre en consommation d'écrans.  Et je vous invite  à  en faire autant. 

 

« Je ne vais pas sermonner le lecteur sur l'importance vitale des forêts, les meilleures fermes photovoltaïques jamais inventées. Je ne vais pas ouvrir le débat, largement abordé lors des dernières Assises de la forêt et du bois, sur la proportion inquiétante des plantations mono-essence, plutôt des usines à bois que des forêts. Je ne vais pas non plus dénoncer, après bien d'autres, la tartufferie écologique omniprésente. J'aimerais simplement, en faisant appel à deux neuroscientifiques, poser la question suivante : entre tech et nature, de quel régime notre cerveau a-t-il besoin ?

La constitution d'un jugement autonome

Les effets du régime tech sont évidents. Dans son essai désormais classique, « La Fabrique du crétin digital », Michel Desmurget, directeur de recherche à l'Inserm, analyse la débilitation que provoque la connexion quasi perpétuelle aux écrans : troubles de l'attention, perte de la capacité de mémorisation, anxiété pathologique, conduites à risque, déficit de sommeil, diminution des interactions sociales, autant de constats bien documentés qui obèrent le développement du cerveau de l'enfant (expliquant la baisse du QI moyen) et polluent celui de l'adulte. Selon le rapport annuel de We Are Social, les internautes français ont passé en moyenne 5 h 30 en ligne par jour, dont 1 h 45 sur les réseaux sociaux… Je ne peux que conseiller, comme je le fais moi-même, de réserver dans sa journée de larges plages de temps déconnectées ou, tout au moins, épargnées par les sollicitations (ni mails, ni infos, ni téléphone). L'esprit en sort frais et rasséréné.

Signe que le sujet commence à inquiéter, le législateur a décidé de protéger les mineurs, conformément au rôle émancipateur de l'Etat. Deux propositions de loi sont aujourd'hui examinées par le Parlement, l'une portée par la députée LREM Caroline Janvier pour prévenir l'exposition excessive des enfants aux écrans, l'autre par le député Horizons Laurent Marcangeli pour introduire une « majorité numérique ». Ayant défendu moi-même l'interdiction des réseaux sociaux au moins de 16 ans, je ne peux qu'approuver (pour une fois) cette tentative de régulation. Laissons une chance à la constitution d'un jugement autonome, fondement d'une société libre.

Les bienfaits de la forêt

Les effets du régime nature sont, quant à eux, moins bien connus. Il faut donc lire Michel Le Van Quyen, directeur de recherche à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière, qui consacre son dernier ouvrage, « Cerveau et Nature », à vanter les bénéfices du contact avec la nature pour notre développement neuronal. Silence des montagnes, immersion dans l'eau, contemplation des couleurs naturelles, bruits de la mer : ces émotions universellement partagées sont étudiées au prisme des dernières recherches neuroscientifiques. La marche en forêt est particulièrement recommandée. L'activité parasympathique, qui régule la détente, y connaît une augmentation de 100 %. Les molécules phytoncides émises par les arbres renforcent le système immunitaire (au point de contribuer à prévenir le cancer). La zone du cerveau responsable des pensées obsessionnelles, le gyrus cingulaire antérieur pour être précis, se calme : on rumine d'autant moins qu'on se laisse gagner par les sensations environnantes.

Voilà pourquoi les Asiatiques ont érigé les bienfaits de la forêt en politique de santé publique. Le bain de forêt, le fameux « shinrin-yoku », est pratiqué au Japon depuis les années 1980, le pays s'étant même doté de « forêts thérapeutiques ». La Corée du Sud a adopté en 2015 une « loi sur la promotion du bien-être forestier ». Si les promenades en forêt n'étaient pas gratuites, elles devraient être remboursées par la Sécu ! Nous sommes encore loin de cette approche dans un pays capable d'interdire les promenades en forêt durant le confinement…

C'est en rééquilibrant le régime quotidien auquel notre cerveau est soumis que nous retrouverons, en plus de notre bonne humeur, notre sens critique. »

                                                                                                                                    Gaspard Koenig

 

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