GENERATIONS LAGAFFE !
15 mars 2023
M’enfin !
Scandaleux, on veut me faire travailler deux ans de plus ! Et pourtant, il y a de grandes chances pour que ce ne soit pas fini. Parce que cette réforme, comme les précédentes n’est qu’une étape pour équilibrer provisoirement les comptes du financement des retraites. Il faudra y revenir tant que nous n’aurons pas éclusé les générations baby-boomers qui séviront jusqu’en 2050, avec un pic de retraités entre 2030 et 2040. Et à cause, en parallèle d’une chute de la natalité qui ne permet pas de financer aussi confortablement le principe de répartition qui veut que ce soient les actifs qui paient en direct pour ceux qui jouissent de leur fin d’activité. Qui est prêt à l’abandonner ? Personne évidemment. Voilà le paradoxe. Et comme en plus, nous sommes le pays où le temps de travail est le plus court, aussi bien mensuellement qu’annuellement, la seule solution c’est d’allonger la carrière de chacun pour faire face à l’allongement de la vie qui fait se cumuler le chevauchement des pensions sur des périodes bien plus longues qu’autrefois. Tous ceux qui vous démontrent que d’autres solutions de financement existent mentent !
Les bras m’en tombent.
Alors quand j’observe que près de 70% de notre bon peuple soutient les mouvements de protestation, sont compréhensifs avec ceux qui les prennent en otage et demandent le retrait du texte, je me dis que nous sommes tombés bien bas en niveau de conscience civique. La facilité consisterait à dire : « Les Français ne comprennent pas ! » (ou ne veulent pas comprendre). En vérité, « ils n’écoutent plus ». On en revient toujours au même : les médias ne jouent pas correctement leur rôle d’informateurs, trop préoccupés d’attirer le chaland dans la concurrence féroce qu’ils se livrent, ils font appel à des plateaux contradictoires où l’on trouve à boire et à manger, info et désinfo, vérités tronquées et contre-vérités, si bien, qu’à moins d’être soi-même très documenté, il est très difficile de se faire une opinion. Par exemple, aujourd’hui, le thème qui revient en boucle porte sur les députés LR et le 49-3 ou le vote, avec commentaires sortis de derrière les fagots et suppositions… L’idéal étant de créer un climat bien anxiogène, alors que ce n’est pas le sujet principal qui est le contenu du projet sur lequel se sont mis d’accord députés et sénateurs. Je parie que la loi sera votée. Les quelques députés LR qui s’apprêtent à voter contre se couvriront de honte et mériteront d’être battus à la prochaine échéance électorale. Car, ne l’oublions pas, une fois votée, personne ne reviendra sur cette réforme, ils se seront reniés pour rien.
Les syndicats font fausse route.
Certes, on est en année électorale syndicale. La surenchère est à l’ordre du jour, et la CGT de Martinez et les syndicats gauchistes sont à la manoeuvre dans ce qu’ils excellent : le pouvoir de nuisance. Ils aiment jouer à la révolution pour de faux, ils ont le sentiment d’exister et de mettre enfin cette société libérale et capitaliste en difficulté… Même pas. En ces temps d’inflation, en dehors des pros de la grève et des secteurs de la fonction public habituels, , les grévistes ne sont pas légions et le télétravail est bien commode pour sauter les jours de galère dans les transports, car, les journées non payées pèsent à la fin du mois. Surtout, les organisations syndicales, s’appuyant sur les sondages qui n’ont aucune légitimité démocratique, excèdent les limites de leur représentativité en prétendant parler au nom de tout le pays. En fait ils ne parlent pas au nom du peuple comme pourrait le faire un parti politique avec ses élus. Leur légitimité vient d’élections professionnelles où moins de 40% des salariés jugent utiles de voter pour eux. Et on peut ajouter qu’ils ne défendent pas forcément l’intérêt général, étant porteurs d’intérêts particuliers qui sont leur raison d’exister. La meilleure preuve en est que les plus virulents sont ceux qui ne sont guère concernés par le projet de loi, bénéficiant eux-mêmes de régimes particuliers dits « spéciaux ». Se ranger derrière les bannières syndicales, comme ils ne proposent pas de projet alternatif crédible, c’est mettre en danger l’équilibre fragile entre démocratie politique et démocratie sociale, le primat devant rester à la première. Pourtant c’est bien ce que cherche M. Martinez quand il prétend continuer la contestation même si la loi est votée et aussi M. Mélenchon qui, sans hésiter, appelle à un « coup de force », ce qui relèverait de poursuites devant les tribunaux pour incitation à la violence et au désordre public ou même « complot contre la République » !
Travail en chaise longue.
Il n’en reste pas moins que la crise sanitaire a révélé au grand jour les aspirations dans l’air du temps d’un grand nombre de salariés, et souvent les jeunes, au travail « en chaise longue », une conception, dopée à « l’Etat-nounou », qui privilégie les RTT et le temps pour soi. Comme si Lagaffe était devenu un modèle de société. Ils reprochent aux boomers d’avoir acquis richesse et patrimoine en oubliant que ceux-ci ont travaillé dur pour les obtenir. Alors, toi, lycéen ou étudiant, qui descend dans la rue pour refuser de travailler jusqu’à 64 ans alors que c’est peut-être bien plus qui t’attend, toi qui vivras probablement plus de cent ans, j’ai deux conseils à te donner si tu veux encore bénéficier de la « répartition » : bosse pour cotiser et fait au moins deux enfants pour assurer ta retraite. Bah tiens !
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