HISTOIRE
UN AN APRES …
PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS…

L’OPINION SE MEURT, L’OPINION EST MORTE !

Bagarre_village_gaulois

 

Bien informé, bien dans la vie.

Avec le titre parodiant la célèbre phrase de Bossuet, j’ai voulu montrer l’urgence d’enrayer le mal qui ronge notre temps et met tout droit la démocratie en danger : devant la marée des infos, les gens ne savent plus qui croire ni que croire, ont tendance à se désintéresser de l’actualité et se sentent, toujours plus nombreux, incapables  de se faire une opinion sur les aléas du monde qui les entoure et sur ceux qui le  gouvernent.  Or nous vivons dans une société de citoyens dont le pouvoir, construit collectivement, repose sur la capacité à se faire chacun son propre jugement pour ensuite exercer des choix qui peuvent être décisifs. Il est donc  primordial d’être « bien informé ».

Overdose informationnelle.

Une enquête récente menée notamment par Arte et la Fondation Jean Jaurès, constate que 53% des  Français souffrent de « fatigue informationnelle » et 38% de façon aiguë. Elle touche tout particulièrement les jeunes diplômés qui ont un rapport très actif à l’information et très marqué par internet, et un autre groupe plutôt féminin, au niveau de vie plus modeste, qui voudrait s’informer  mais se sent dépassé par l’information. Sont en cause  la multiplicité des sources  d’information auxquelles on a accès  où on s’abonne souvent inconsciemment, le  caractère répétitif des actualités, leur impact souvent démoralisant sur  notre psychisme, et enfin le  manque de confiance envers leur fiabilité. Trop d’infos tuent l’info.

Toutes les stratégies de captation.

L’apocalypse cognitive guette nos sociétés développées. Les  médias, accros  à  l’audimat, utilisent tous les ressorts de captation de notre  attention, parfaitement décrits par Gérald Bronner dans son « apocalypse cognitive ». Les « invariants » de  notre cerveau humain  sont systématiquement sollicités : la  peur, l’effet cocktail, le sexe, le conflit ou  la colère,  et surtout le visuel dont notre attention est esclave à  60%. C’est ainsi que les intervenants dramatisent souvent inutilement, mettent en avant l’émotion que peut susciter  tel type d’agression ou de fait divers, qu’on cherchera à faire passer  en boucle les images jusqu’à satiété, et si vous êtes sur un réseau qu’on n’hésitera pas à vous interpeler par votre prénom… De toute évidence ceux qui s’abonnent aux « posts » des « influenceurs » se  font avoir,  ceux-ci  ne travaillant pas gratuitement. Il faut d’autant  plus être  méfiants, que de nombreux  messages  peuvent être le fait de « trolls » programmés par des campagnes d’opinions fabriquées de toutes  pièces.

De la fatigue informationnelle à la fatigue démocratique.

De l’information à la désinformation, il n’y a qu’un pas.  Le régime poutinien nous en fournit chaque jour des exemples emblématiques et pathétiques. Mais le paysage médiatique peut cacher des stratégies plus subtiles de conditionnement. L’abondance  croissante  des informations et la multiplication des intervenants soi-disant « experts » ou « spécialisés », le croisement dans les débats des arguments contradictoires, dont certains sont assénés d’autant plus catégoriquement qu’ils sont erronés ou faux, fait que le quidam moyen peut ne plus s’y retrouver. Et  le plus grave, c’est que l’obscurantisme côtoie la science avec la même crédibilité. J’ajouterai que ceux qui sont chargés normalement de faire le tri, les professionnels de l’info, les journalistes,  répètent souvent comme des perroquets des infos  sans en vérifier la  véracité ou la source, surtout si elles sont passées dans le consensus considéré comme acquis. Alors quand en plus ils sont partisans, ce qui arrive plus  souvent qu’on ne le croie ! Petit exercice : amusez-vous à compter le nombre de fois par jour où il est fait référence d’une manière ou d’une autre au réchauffement climatique, basée sur une évidence supposée et forcément non explicite. Sachez que vous pouvez être victimes du même conditionnement quand il s’agit d’aller voter. Mais le plus souvent, le citoyen baisse  les bras et se réfugie dans le retrait ou le rejet. Avec  les dégâts que l’on sait. 

Penser par soi-même.

Choisir c’est déjà décider. En matière d’information il est donc essentiel de choisir la qualité  plutôt que la quantité et de définir ses propres critères de choix : d’où vient l’information, est-elle recoupée, quelle compétence a celui qui la diffuse, est-elle signée par un journaliste,  la source est-elle crédible … ??? La  première chose à faire  est donc de limiter les accès  en commençant par supprimer les réseaux sociaux où circule tout et n’importe quoi très vite et où il est très difficile de séparer le bon grain de l’ivraie : twitter, instagram, tik-tok (surtout tik-tok), facebook … Ensuite, comme pour se nourrir, il est préférable de sélectionner des  moments précis pour s’informer et  sans y revenir. Nous avons besoin de connaître l’actualité, mais en faire le tour une fois par jour est suffisant. Enfin, sur beaucoup de sujets, la  lecture d’ouvrages documentés écrits par des gens reconnus et à la compétence avérée, peut être nécessaire si on veut  se forger son propre  jugement. Contrairement  à ce que beaucoup croient, lire ce n’est pas perdre son  temps. C’est au contraire entraîner son cerveau à ne pas perdre ses compétences acquises : esprit critique, assimilation de connaissances, tri et jugement… Car  l’information au sens large détermine beaucoup de choses dans notre vie : notre humeur, nos objectifs, la façon dont nous menons nos projets, et nous évite de sombrer dans le péremptoire,  le partial ou l’emporte-pièce.  Il est tellement plus facile de mépriser plutôt que d’essayer de comprendre. A cet égard, nos  élites ne méritent pas, en général, le sort qui leur est fait, et en particulier nos politiques.

L’exemple du réchauffement climatique.

Je vous livre ici un exemple concret de manipulation de  l’information. Depuis longtemps, par formation et par goût personnel, je m’intéresse au temps qu’il fait.  C’est dire si ce  que l’on appelle le  changement climatique me passionne.  Depuis de nombreuses années, je trouvais qu’il y avait un décalage entre mes connaissances en géographie physique acquises à la Sorbonne et les explications fournies par les intervenants dans les médias lors d’aléas climatiques. Je m’en étais ouvert à Jean Jouzel, le  climatologue bien connu, lors de sa venue à Saint-Barthélemy. Il n’en démordait pas, la cause du réchauffement climatique et son accélération était quasi uniquement due aux activités humaines et aux rejets de gaz à effets de serre. J’ai donc voulu en avoir le cœur net et lu de nombreux ouvrages sur le sujet  et  plus largement sur la géophysique de notre planète. Jusqu’au dernier qui corroborait tous les autres, celui de Steven Koonin, « Climat,  la part d’incertitude ». En bref, le GIEC nous ment, plus ou moins,  parfois partiellement,  parfois totalement,  selon l’aspect du climat qui est traité. Entendons-nous bien, il ne s’agit  pas de contester que la Terre se réchauffe, ce qui serait stupide au regard de la géopaléonthologie, il s’agit d’établir la part qui revient au genre humain dans le processus. Prenons le cas  de la mer de glace : chaque reportage nous prend à témoin de l’aggravation du recul du glacier, préconisant à chaque fois « l’urgence d’agir », sans  la  moindre  précaution de langage… comme si on y pouvait quelque chose. Il suffit de constater à quelle altitude se situent de chaque côté du glacier les épaulements rocheux qui attestent du niveau atteint à son apogée pour se dire que pendant des milliers d’années (peut-être 12 000) il a fondu sans que l’Homme et ses activités soient en cause.  Il y a quarante ans, je montrais déjà en classe des photos de « l’Illustration » (journal des années 30) comparées à celles de mon époque (40 ans plus tard), puisées dans mes dossiers de la « Documentation photographique ».  Alors oui, la  « mer de  glace » continue de fondre ! Et si le mouvement s’accélère, c’est plutôt logique. Car nous sommes  peut-être au bout de « l’holocène », période interglaciaire dans laquelle nous vivons. Inutile de vous préciser que les projections d’étés sahariens en 2050, envisagés comme quasi certains me font doucement rigoler, surtout si notre hémisphère est entré dans le « petit âge glaciaire » annoncé  par la NASA !

Un citoyen sans opinion c’est un citoyen zombie ! Un Russe sous Poutine…

 

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