HISTOIRE

MERCI L’EUROPE !

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L’Europe bouc émissaire.

Alors que l'on s'apprête à fêter samedi prochain les soixante-dix ans de la déclaration de Robert Schuman, considérée comme l'acte fondateur de la construction européenne, l'Union européenne ressort un peu plus affaiblie, aux yeux de l'opinion, du choc provoqué par la pandémie, si l'on en croit le sondage réalisé par Elabe pour « Les Echos », Radio Classique et l'Institut Montaigne. Seuls 20 % des Français jugent que l'UE a été à la hauteur de la crise, et ils sont plus de la moitié à réclamer un contrôle durable des frontières. Plus grave, le sentiment est partagé par tous les électorats. Le thème de « l'Europe qui protège » semble avoir été battu en brèche par la crise. Cela accentue les lignes de fracture autour de la question européenne : 34 % des Français voudraient privilégier une coopération avec certains voisins européens, hors du cadre de l'UE et notamment parmi l'électorat de François Fillon ce qui est très décevant ; 33 % estiment que la France ne doit compter que sur elle-même, sentiment fort dans l'électorat populiste ce qui est logique et seulement 32 % estiment que la France doit renforcer l'Union mais cet  avis se rencontre généralement parmi les plus diplômés. Faut-il en déduire que pour comprendre l’Europe il faut être instruit ? Conséquence politique logique de cette défiance grandissante, l'ouverture des frontières - un des symboles de la construction européenne - n'a pas la cote, puisque 55 % des sondés veulent le maintien de leur fermeture après la crise. On note aussi une aspiration très forte à la relocalisation de la production en France : les Français y sont favorables pour la santé (85 %), l'alimentation (80 %) mais aussi la technologie (62 %), ce  qui est plus facile à dire qu’à faire. Ce sentiment de  scepticisme aurait pourtant dû être balayé avec la crise que nous vivons. Mais la désinformation a la vie dure.

Réalité et commentateurs de mauvaise foi.

Les  commentateurs mettent surtout l’accent sur les discussions qui sont toujours difficiles entre les  partenaires. Comment en serait-il autrement à 27, et d’autant plus  que certains comme la France ne respectent pas leurs engagements, ce comportent en escrocs qui ne tiennent pas parole mais donnent des leçons en permanence. Il est pourtant étonnant, voire très énervant, d'entendre ces commentateurs expliquer que l'Europe ne fait rien, qu'elle laisse les pays membres se débrouiller seuls, qu'il n'y a pas d'initiatives européennes. Ceux-là oublient volontairement la plus grande initiative européenne : celle de la Banque Centrale Européenne. Sans elle, des pays comme l'Italie, l'Espagne et même la France devraient se financer, compte tenu du niveau de leurs déficits et de leurs dettes, à des taux très élevés. Ceux qui se plaignent en permanence de la lenteur de l'Europe devraient être étonnés de la vitesse à laquelle les décisions sont prises. Ces moments  extraordinaires nécessitent une action extraordinaire a dit Christine Lagarde, et les actions menées sont vraiment extraordinaires ! La réponse globale a  été d'une puissance, et d'une rapidité surtout, qu'on n'avait jamais connue. En quelques jours, on a fait presqu'autant qu'en 4 ou 5 ans pour la crise de 2008 et la crise de l'euro qui a suivi. Ceux qui nous expliquaient que l’Europe ne fonctionne pas et est incapable de s’accorder, s’arrêtant au psychodrame rituel de la nuit blanche à négocier, en ont été pour leur mauvaise  foi : l’accord sur le plan de sauvetage à 500 milliards a été voté par les ministres des Finances de l'Union européenne en trois jours : trois jours pour s’entendre, alors qu’il avait fallu des mois après la crise des subprimes. Alors, vous savez celle qui est nulle, qui n'arrive jamais à se mettre d'accord à cause des Allemands ou des Hollandais, oui, cette Europe-là, a débloqué la coquette somme de 540 milliards d'euros et ce n'était qu'un début. Car la BCE a annoncé dès le 19 mars un plan d'urgence de 750 milliards. Rappelez-vous combien de temps il avait fallu aux banques centrales et aux gouvernements pour réagir en 2008. Rappelez-vous les tergiversations européennes sur le sauvetage de la Grèce, l'aide aux pays en faillite, le rachat des dettes. Il a fallu trois à quatre ans pour qu'on entre dans un cycle d'injection massive de liquidités et de relance budgétaire. Avec cette crise aussi soudaine que brutale et rapide, la réaction a  été fulgurante. Et pour une fois, l’Europe est au rendez-vous. Tous ceux qui sont au chômage partiel, ne serait-ce que ceux-là, devraient lui en savoir gré, sinon où le gouvernement français aurait-il trouvé les 40 milliards d’euros pour financer leurs indemnités les plus généreuses d’Europe ?

Le bouclier européen face à la tourmente.

L’Union a ouvert les vannes. Appuyés par les banques centrales qui rachèteront sans aucune limite les dettes d'état dont les déficits vont exploser, les gouvernements vont injecter plus d'argent dans l'économie qu'on n'en a jamais vu. La Banque d’Angleterre va encore plus loin : elle a décidé de se substituer  purement et  simplement à l’Etat. FED, BCE mais aussi banques centrales du Japon, Canada, Royaume Uni et Suisse ont assoupli les conditions auxquelles elles s'échangent des devises entre elles afin de pouvoir mettre à disposition suffisamment de liquidités, en dollars, chez nous en euros, aux banques commerciales, et ainsi aux entreprises en difficultés qui ont besoin d’argent frais. Très rapidement, une très large partie de la dette des États européens sera détenue par la BCE. Et ce sera pareil dans tous les pays. Nous, nous avons dans cette crise une chance extraordinaire, celle d'avoir une monnaie commune qui évite les dévaluations sauvages, d'avoir une banque centrale qui finance les dettes des pays en difficulté, et l'Allemagne qui accepte de « garantir » de fait l'endettement d'une partie des États de la zone euro. Un pays seul ne peut pas se livrer à cette création monétaire sans limite. Il serait tout de suite sanctionné par un effondrement de la monnaie et l'explosion à la hausse des taux d'intérêt, et cela provoquerait une explosion dévastatrice de l'inflation dans le pays. Mais allez expliquer ça à Marine Le Pen et à Nicolas Dupont Aignan !

Et ce n’est pas fini : voici le temps de la relance.

Les 27 pays de l'Union Européenne négocient actuellement un nouveau plan de relance. Thierry Breton le commissaire européen est en train de jeter les bases d’un méga plan de relance européen de 1 600 milliards d’euros soit environ 10% du PIB européen basé sur l’environnement, le numérique et la relocalisation des industries en Europe. De quoi tenir la dragée haute à Trump. Le commissaire européen précise : « Nous allons rebâtir un autre monde avec un fonds très large pour accompagner ces trois tendances. Cela va peut-être s’accompagner d’une augmentation des prix dans certains domaines, mais si l’on met bout à bout la souveraineté, l’empreinte carbone du transport des marchandises, l’augmentation des niveaux de vie des pays à bas coût, tout cela  fait que les cartes sont déjà en partie redistribuées. Nous n’allons qu’accompagner cet effort. Ce n’est pas la fin de la globalisation à court terme, mais c’est le début d’une nouvelle ère de cohabitation plus intelligente plus ordonnée. Le commerce sera mieux réparti à terme pour que les intérêts de chacun soient respectés. » Pour cela Thierry Breton va lancer un grand fonds européen pour « rebâtir » l’Europe autour de ces trois grandes tendances. Tous les pays européens n’ont pas l’argent pour sortir de cette crise, l’Allemagne vient d’emprunter 356 Milliards, et tous les pays européens vont faire de même. Le fonds que Thierry Breton appelle de ses voeux  va permettre aux états de reconstruire en empruntant sur le temps long, 20 ans, 30 ans … Cette démarche devrait être mise en place sans condition de réformes pour les états qui y souscrivent.  

L’ingratitude des peuples est monnaie courante et l’Histoire nous l’enseigne. Il est bon tout de même de rappeler les faits. Sans l'Europe, la plupart des pays de la zone euro ne fonctionnent pas, à commencer par la France. On a envie de paraphraser Sardou : « Si la BCE n'était pas là, nous serions tous en faillite ». D’autant plus que ce faisant, l’Union européenne a démontré sa spécificité, celle d’être un espace  où la valeur humaine compte autant sinon  plus que l’économie. C'est l'Europe "civilisation". Un vrai sujet pour les « nationalistes » anti-européens n’est-il pas ? 

Vive l’Europe !

 


PENDANT LA CRISE, LA CRISE CONTINUE…

Récession

 

« Le jour d’après »

Tout le monde nous parle du « jour d’après ».  C’est quand au fait ? Et chacun y va de son rêve selon son idéologie, ses convictions, son expérience ou son absence de repères.  Tout est permis. Déjà les  médias écrits ou télévisuels sont pleins de ces doux visionnaires.  On assiste,  comme  pour les impôts, à un véritable concours Lépine des utopies : un nouveau monde nous attend, en vert pour les écolos, en rose pour les socialos, en rouge pour les nostalgiques de la révolution,  et  ailleurs en plus ou moins bleu… A défaut de me faire rêver, ça me fait sourire ou ça me met en rogne, c’est selon, mais ça passe le temps.  En attendant, la France est frappée de plein fouet par la double crise  sanitaire et économique et elle n’en finit pas de plonger. Les déficits se creusent à une vitesse vertigineuse pour financer le plan de sauvetage. On en est au 2ème budget d’ajustement pour actualiser les enveloppes prévues. Ainsi il a fallu passer de 8,5 milliards d’euros à 24 milliards pour financer le chômage partiel. Le déficit de la sécu, en toute logique, grimpe à 41 milliards d’euros. Les amortisseurs sociaux jouent à plein et il ne faut  pas s’étonner des chiffres qui gonflent.

Coup d’œil sur le tableau de bord.

C’est la situation en ce début mai.  Elle va continuer d’évoluer. Le PIB va plonger de 10%, c’est-à-dire une perte de 200 milliards d’euros d’ici fin 2020.  La dette va monter à 115%  du PIB, voire plus, et le déficit de l’Etat augmente à -12%. En période de crise, les totaux se cumulent : aux aides que l’Etat décaisse en empruntant à tout va, il faut ajouter les moindres rentrées, moins de TVA, charges et cotisations reportées ou annulées, … avec un double effet négatif. Mais par rapport aux crises précédentes, notre activité a freiné beaucoup plus, alors qu’il n’y a pas de vraies raisons. La  diminution de l’activité n’est pas pire qu’en 2008 où  le choc des "subprimes" avait secoué la planète financière.  La  bourse a plutôt résisté et fait le yoyo autour des 4500 points, en 2009 elle avait plongé  à 2200  points. D’où vient alors que la croissance Française est à la traîne de la zone euro ? Notre PIB a reculé de 5,8% au 1er trimestre contre 3,8%  pour la zone euro. Le décrochage est même assez net par rapport à l’Allemagne où plusieurs indicateurs  permettent de voir que l’économie continue de tourner davantage qu’en France. On a vite fait de mettre la contre-performance de la France sur le dos de  la crise sanitaire. Vous voulez savoir pourquoi ? Eh bien je vais vous le dire  ! 

Détour par le PIB.

Car il y a aussi une explication structurelle qu’on ne vous dit pas. Elle nécessite un peu de technique mais tout le monde peut comprendre. Rappelons que le PIB se divise en deux grandes parties : d’un côté le « PIB marchand » regroupant l’ensemble des produits ou services vendus sur un marché (par des entreprises privées ou non) et qui sont valorisés à leur prix d’échange ;  de l’autre, le « PIB non marchand » rassemblant toutes les activités des administrations publiques. Leurs produits et services sont dans leur grande majorité gratuits. N’ayant pas de prix ils sont donc évalués à leur coût de production (principalement les traitements des fonctionnaires) selon une convention internationale des instituts de statistique. En France les services publics régaliens (police, défense, justice) ou pas (enseignement public, santé) occupent une place particulièrement importante. Le « PIB non marchand » représente 22% du PIB total, selon l’Insee, soit 4 à 5 points de plus que la moyenne de l’Union européenne (Ne pas confondre avec les «dépenses publiques» équivalentes à 56% du PIB et qui comprennent, outre la production de services, l’ensemble des revenus de redistribution sous la houlette de l’État). Cette répartition entre « pib marchand » et « pib non marchand » explique en grande partie que la France amortit davantage les effets en cas de crise mais redémarre toujours plus lentement. Ainsi en 2008-2009, la grande récession qui a suivi le krach financier s’est traduite en Allemagne par une chute de 5,1% du PIB 2009 alors que la France subissait un repli de 2,9%, presque deux fois moindre.

Le boulet du secteur public.

Or ce n’est pas le cas cette fois. Et pourtant les deux facteurs traditionnels de la résilience française sont toujours présents. C’est tout d’abord une moindre dépendance au commerce international, les exportations françaises étant deux fois et demie moins importantes que celles de l’Allemagne. Cette  fois encore, le commerce mondial est un amplificateur de crise : le FMI prévoit un effondrement des échanges de 12,8% qui devrait handicaper tout particulièrement le « made in Germany ». L’autre facteur de résilience c’est justement la « sphère publique », comme expliqué ci-dessus, qui forme normalement un pôle de stabilité appréciable malgré les déficits qui tendent alors à déraper puisque les dépenses, et notamment les prestations sociales, sans parler des traitements des 6 millions de fonctionnaires, continuent sur leur lancée « quoi qu’il en coûte ». Mais le fait tout simple que les services soient maintenus, indépendamment des crises qui affectent les marchés, constituent un soutien à la croissance ne serait-ce que par la consommation des salariés de la fonction publique et les services qu’ils continuent d’assurer. Le problème est qu’aujourd’hui les services publics ne sont plus assurés en totalité, et de très loin. D’après un décompte de la CPME, la Confédération des PME, 70% des agents de l’État ou des collectivités territoriales sont à l’arrêt. D’un point de vue comptable le « PIB non marchand » n’a pas diminué puisque ses coûts demeurent mais c’est une pure illusion. La chute effective du PIB total est donc supérieure à l’estimation de l’Insee (- 35% pendant le confinement). Cela  s’explique par la carence de services comme « La Poste » qui ont handicapé l’activité des entreprises qui continuaient de fonctionner et par ailleurs, avec le confinement, nombre de fonctionnaires n’ont pas utilisé leur « pouvoir d’achat » d’autant plus que la plupart des commerces étaient fermés. Non seulement, cette fois-ci, les services publics ne constituent pas un soutien, mais leur continuité très défaillante est un handicap pour l’économie privée. Sans parler de leur inefficacité, que les lacunes des services de santé ont remise cruellement en évidence dans l’éternelle comparaison France-Allemagne.

L’activité économique « marchande » s’est contractée plus que chez nos partenaires, notablement inférieure à ce qu’elle est en Allemagne, et le rôle de stabilisateur du secteur public n’a pas joué. La conjonction des deux phénomènes explique la brutale plongée, plus  forte qu’ailleurs, de notre taux de croissance.

 


LE PLAN DE SOUTIEN A L’ECONOMIE DE LA REGION PAYS DE LA LOIRE

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Interview de Paul JEANNETEAU

Vice-Président du Conseil Régional des Pays de la Loire

Président de la Commission Développement Economique

 

J’ai interviewé notre ami Paul Jeanneteau pour la page Facebook des Républicains du Maine-et-Loire  et j’ai eu envie d’en faire  profiter mes  fidèles lecteurs du bloc-notes qui ne vont pas tous sur les réseaux sociaux. Je pense qu’il est important aujourd’hui de  montrer combien l’expérience des mandats électoraux est importante  dans l’exercice des responsabilités et pour l’efficacité des choix  et des décisions, expérience qui manque tant à la majorité actuelle et au plus haut niveau et qui nous vaut une gestion de crise à la godille.  Ancien député, ancien maire et conseiller départemental, Paul Jeanneteau, aujourd’hui Vice-Président du Conseil Régional des  Pays de la Loire en charge de la    plus importante commission, fait partie de ces élus qui « savent transformer  leur parole en actes »  et n’agissent  pas au hasard.

« sur-mesure et proximité maximale »

L’Etat a mis en place un fonds national de solidarité pour venir en soutien aux entreprises sinistrées par la crise du Coronavirus. Les Régions ont décidé d’apporter un soutien supplémentaire en mobilisant 500 M€ au sein de ce fonds (soit pour les Pays de la Loire, 25 M€). Pour sa part, la Région des Pays de la Loire a mis en place plusieurs dispositifs, visant à compléter le plan national décidé par le gouvernement : un plan d’urgence de 56 M€ et un « Fonds Territorial Résilience » de 32 M€ ainsi qu’un dispositif d’aides pour le tissu associatif, culturel et sportif de 4,3 millions. Si on prend en compte les 25 M€ qui avaient été voté au BP 2020, c’est en réalité 76 M€ qui ont été mobilisés, 51 M€ de mesures nouvelles ayant été votées en urgence depuis le début de la crise.

 

Rencontre avec Paul JEANNETEAU, Vice-Président chargé du dossier économique à la Région  des Pays de la Loire, qui en a été la cheville ouvrière active.

 

«  Le Conseil Régional a voté  le  17 mars dernier un  plan d’urgence de 56 M€ pour venir en aide aux entreprises mises en difficultés par la crise sanitaire.  Quelles en sont les  grandes lignes ?


P1050503 PJ
: Nous faisons face à une crise sans précédent. Pour aider nos entreprises  à traverser cette terrible épreuve, après avoir mené une concertation avec tous les partenaires concernés, nous avons décidé de mobiliser des moyens régionaux exceptionnels, plus de 56 M€.  L’objectif de ce plan d’urgence est de proposer en lien avec l’Etat et la BPI, des dispositifs qui correspondent aux besoins de toutes nos entreprises : commerçants, artisans, agriculteurs, PME, ETI, mais aussi en soutien à tous nos acteurs  associatifs, sportifs et culturels. Je tiens à souligner que ces 56 M€ peuvent permettre grâce à l’effet de levier et aux dispositifs de garantie, d’apporter plus de 320 M€ de prêts aux entreprises. Nous avons fait en sorte que tous les dispositifs soient rapidement opérationnels afin d’éviter que les entreprises ne fassent faillite.

Vous ne craignez pas de faire doublon avec les aides de l’Etat ?

PJ : Nous nous sommes fixés trois principes : « simplicité » d’abord, pour l’accès et l’instruction des dossiers, « efficacité » ensuite : il s’agit de proposer des  mesures adaptées à chaque situation et chaque taille d’entreprise, en maximisant les effets de levier financiers, et enfin « unité » de façon que ce que nous mettons en œuvre le soit en étroite coordination avec la BPI et en complémentarité avec l’Etat, l’idée étant de « jouer collectif », pour assurer la cohérence de l’action économique et d’agir dans le cadre de l’unité nationale face à l’ampleur de la crise.

En quoi consiste concrètement le plan d’urgence ?

P1050502 PJ : Il s’articule en six grandes mesures. Et nous avons voulu, pour chacune d’entre elles, qu’il soit simple, efficace et pragmatique. Nous avons voulu aussi  qu’il s’adresse au plus grand nombre d’entreprises, d’activités et de filières.

Sans entrer  dans le détail, le 1er train de mesures, c’est notre participation au Fonds National de Solidarité pour lequel nous avons apporté 25M€ (Cette somme a été fixée en tenant compte du PIB régional rapporté au BIP national). Il est destiné aux artisans, commerçants, traiteurs, restaurateurs, TPE et entreprises de l’économie sociale et solidaire.  Il s’adresse aux entreprises connaissant des difficultés de trésorerie et leur permettra de bénéficier d’une subvention.

La 2ème mesure consiste en un « prêt rebond » à taux zéro  doté de 12 M€, Région-BPI.  Il vise les PME qui pourront bénéficier d’un prêt de 10 000 à 300 000 €. C’est 60 M€ de prêt au total qui seront déployés grâce aux effets de levier des contreparties bancaires.

La 3ème mesure consiste, à hauteur de 5 M€, en un report de six mois des avances remboursables de la Région dues par les entreprises qui en sont redevables.

La  4ème mesure  est un dispositif de garantie de prêts dans le cadre de « Pays de la Loire garantie », destiné aux TPE, PME-PMI et ETI. Il porte à 80% le montant garanti et est cofinancé par la Région et BPI. Ces 10 M€ de fonds garantis visent à rendre  possible 205 M€ de prêts bancaires.

La 5ème  mesure,  avec le dispositif « Pays de la Loire-redéploiement », abondé de 15 M€, permettra de souscrire un prêt en trésorerie de 50 000 à 500 000 € à un taux de 2,03%, sans garanties ni coûts additionnels et vise à un volume de 60 M€ de prêts, toujours grâce à l’effet levier.

Enfin, la 6ème  mesure, est un nouveau dispositif « fonds d’urgence événements » destiné à toutes les associations organisatrices d’événements sportifs ou culturels pour   leur venir en aide au moment où nombre de leurs projets sont annulés, avec un plafond de 30 000 €.  Ce fonds est complété par un effort régional de 2,3 M€  que représente le maintien de toutes les subventions versées pour les  manifestations programmées et finalement annulées et en renforcement des dispositions actuelles.  Ce qui fait un effort total de 4,3 M€ de soutien financier régional.

Comment fait-on pour accéder à ces aides et sur quels critères ?

P1050504 PJ : Le plus simplement possible. Nous avons mis en place deux n° verts, un pour les entreprises (0 800  100 200) et un pour les associations culturelles et sportives (0 800 200 402). Un conseiller leur indiquera la marche à suivre et  l’interlocuteur  dont elles ont besoin.  Tous  les agents du réseau des développeurs et de notre Agence de développement « Solutions&Co» sont mobilisés pour faire face à la demande. Les  critères sont précis et adaptés à la taille des entreprises concernées. Il s’agit de faire du sur-mesure, pour compléter ce que fait  l’Etat qui ne peut être que du « prêt-à-porter ».  Notre objectif est de sauvegarder le maximum d’emplois et de faire en sorte que la crise n’ait pas de conséquences irréversibles sur le plus grand nombre des entreprises qu’elle atteint, quelle que soit leur taille, de la plus petite à la plus grosse. Ces dernières ayant plus de capacité de résistance. Notre effort est relayé par d’autres partenaires comme, notamment, les Chambres de Métiers et de Commerces.

Pourquoi alors un fonds « territorial de « résilience » ?

PJ : nous nous sommes aperçus que malgré tous nos efforts, beaucoup de très petites entreprises passaient à côté de nos dispositifs. Nous avons donc décidé d’agir au plus près des territoires.  Nous avons lancé une levée de fonds auprès de toutes les autres collectivités.  Les  cinq départements, les grandes collectivités et l’ensemble des EPCI ont répondu à l’appel. En partenariat avec la Banque des Territoires, nous avons  pu créer ce fonds « Résilience » doté de 32M€. Il a  pour objectif, en complément de ce que nous avons déjà mis en place, de répondre au besoin de trésorerie des entreprises de moins de 10 salariés dont l’activité est impactée par la crise sanitaire. Il s’agit souvent de micro-entreprises, de TPE et de structures de l’Economie Sociale et Solidaire.  Elles pourront obtenir un soutien sous la forme d’une avance remboursable.  Un site dédié est d’ores et déjà opérationnel : www.resilience-paysdelaloire.fr. Les entreprises concernées peuvent y déposer directement leur dossier en attestant sur l’honneur de leur inéligibilité au Fonds national de solidarité et de leurs difficultés liées à la crise du Covid 19.

P1050502 En conclusion, je pense que l’engagement pris par la majorité du Conseil Régional de ne laisser aucune entreprise au bord du chemin, est tenu. La  Région des Pays de la Loire est pleinement mobilisée pour faire face à cette crise sans précédent, et de multiples autres actions en rapport avec ses missions de service public ont été engagées parallèlement. »

 

Les dispositifs de soutien proposés par la Région se révèlent pleinement efficaces si l’on en croit le nombre d’entreprises qui ont fait connaître leur souhait d’en bénéficier. On le doit évidemment en grande partie à l’expérience d’élu local de Paul Jeanneteau et à sa   connaissance fine du tissu économique régional grâce à l’expertise qu’il  a acquise à la tête du Comité d’Expansion du Maine-et-Loire. Cette double compétence lui a permis de peaufiner un soutien sur-mesure aux différents types d’entreprises. La Région des Pays de la Loire reste pleinement mobilisée auprès des associations sportives, culturelles ou sociales, dans cette période particulièrement difficile et le dispositif de soutien  vient d’être prolongé au-delà de la période de confinement jusqu’au 30 septembre.

 


GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE : UN LEURRE !

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Profitant de la crise sanitaire causée par  le Covid 19 et se rêvant rassembleur et au-dessus de la mêlée, comme une sorte de Raymond Poincaré, le chef de l’État voudrait se  propulser comme chef de file d’une union sacrée. Mais le ton  martial ne suffit pas.

La « verticalité » de Macron est nuisible.

Le 11 avril dernier, dans son allocution aux Français, le chef de l’État a assuré vouloir bâtir « un autre projet de concorde » qui rassemblera « toutes les composantes de la nation ». Le flou artistique habituel de sa communication conduit à l’hypothèse d’un nouveau gouvernement qui rallierait des personnalités venues de la gauche et de la droite. Mais c’est déjà le cas.  Mais pour quoi faire   ? Encore faudrait-il qu’Emmanuel Macron change de comportement, car le pire obstacle à un gouvernement de concorde ou d’union nationale, ou encore de salut public, c’est son incapacité  à abandonner sa pratique de « verticalité du pouvoir » qui tend à envenimer tous les problèmes  qu’il appréhende toujours de la même façon, par le haut, sans considération du terrain. Là encore  les mots et les intentions ne sont jamais suivis d’effets. Ce comportement aggrave les pratiques technocratiques centralisées. Le pouvoir est incapable de cerner avec finesse les difficultés. Un exemple : nous avons plus de 10 millions de chômeurs à temps partiel aujourd’hui en France, trois ou quatre fois plus que partout ailleurs en Europe,  ce qui prouve que nos  amortisseurs de crise sont mal calibrés. La crise est une occasion de plus de subir la bureaucratie et la paperasserie, atteignant des sommets d’absurdité. Le meilleur exemple en est la courtelinesque « attestation de déplacement dérogatoire » qui rappelle  pour les  anciens encore en vie  « l’ausweis » de l’occupation allemande… Et que dire de la pratique du mensonge pour cacher l’incurie et  l’impréparation comme l’a été la triste comédie des « masques ».

Un appauvrissement démocratique.

A son habitude, le Président brasse large pour anticiper l’après-crise du coronavirus. Il rêve d’un  phagocytage de l’opposition, non pour la rallier  à lui, mais parce qu’en existant elle le gêne.  Il voudrait être seul face à Marine Le Pen, mais après presque trois ans de mandat, le vieux monde n’a pas disparu, il revit même. Peut-être enrage-t-il de voir Les Républicains se refaire une santé avec les municipales. Car c’est bien eux qu’il vise, les socialistes n’étant toujours pas relevé de leur déroute. La crise est grave, mais pas au point de renoncer à notre vie démocratique.  L’état d’urgence sanitaire donne déjà suffisamment de pouvoirs exceptionnels  à l’exécutif. Demain, quand le danger de l’épidémie sera éloigné, la France aura besoin au contraire de toute sa diversité démocratique pour envisager l’avenir. Il n’y aura pas un seul chemin possible, mais plusieurs pour nous reconstruire. Les Français pourront choisir leur voie librement entre les propositions qui leur seront faites. Un gouvernement d’union national créerait la confusion en asséchant le débat démocratique et en réduisant la vie politique à la confrontation entre un pouvoir en fin de mandat et des forces de contestation aux deux extrêmes.

La confusion vient aussi des médias en continu.

Depuis bientôt trois mois nous vivons avec un sujet unique qui tourne en boucle en continu sur toutes les chaines d’information, interrogeant tout ce qui peut l’être dès qu’un avis est donné ou qu’une décision est prise. Le coronavirus nous soule et de ces multiples interventions nait la confusion.  Les bons citoyens surinformés sur tout et son contraire ne savent plus quoi  penser. Au point que la confiance dans les gouvernants est ébranlée. Ni Les Républicains, ni le PS n’étant intéressés par la proposition du chef de l’Etat, il se pourrait qu’il persiste dans son intention, pour tenter de se donner  le beau rôle. Récupérer ici et là de nouvelles personnalités politiques lui assurerait de « rester spectateur de sa propre action politique », comme s’agace Julien Aubert, député LR du Vaucluse. S’ouvrir mais pas trop quand même. S’extraire de la logique partisane mais rester proche de son camp. La pratique du débauchage n’est pas la meilleure façon de rassembler. C’est confondre débauchage national et union nationale,  car ce type d’alliance est l’exact contraire d’une union véritable attendu qu’elle n’engage que des personnalités tentées par un maroquin et en aucun cas des forces politiques. Ce serait une confusion supplémentaire.

La présidentielle en ligne de mire.

La vérité, c’est que Macron ne sait plus comment sauver son quinquennat.  Ses réformes sont  tombées à l’eau, son calendrier est complètement vérolé par  les conséquences de la crise sanitaire. Que deviendra la réforme des retraites, celle de la constitution ?  En stratège politique, le président voudrait jouer les rassembleurs pour assurer sa crédibilité de sortie de crise et si possible sa réélection. Mais que vaut une démarche d’union nationale sans le Rassemblement National  dont le  poids électoral  en fait un parti incontournable.  On ne voit pas comment Marine Le Pen pourrait siéger aux côtés d’un président qu’elle critique avec virulence chaque jour plus violemment. Et c’est  la même chose pour la France insoumise de Mélenchon. Non, la proposition du chef de l’Etat est un leurre.  Elle est faite pour endormir l’électorat. Il ne peut y avoir « d’union sacrée » sur des bases aussi floues : car quoi, on cherchera vainement une quelconque volonté d’alliance sur un programme commun pour un temps donné.

 


QUAND LA MONNAIE TOMBE DU CIEL.

Des-liasses-de-billets

En bref : l’argent va couler à flots, on va emprunter à tour de bras, on ne remboursera pas, mais  en France on a deux problèmes.

Le sujet de la dette.

C'est la question qui va se poser régulièrement et qui reviendra comme un refrain. Avec sa question induite : « Qui paiera » ?  Oui, qui va payer pour toutes ces centaines de milliards d'euros que les États distribuent et vont continuer à distribuer ? Car, c’est une évidence, les Etats n’ont pas l’argent qu'ils distribuent. Ils l'empruntent quasiment tous aux banques centrales. Forcément, on se  demande  bien comment on pourra rembourser. « Helicopter money » est devenu le terme qui illustre cette masse d'argent qui tombe directement sur les comptes des particuliers. Ce serait plutôt des Canadairs que des hélicoptères.

L’Europe mobilise au total plus de 2 000 milliards.

Et d’abord, d’où viennent ces 2000 milliards d’euros que les Etats mobilisent pour faire face à la crise ? Ils sortent de trois poches. D’abord celle des Etats membres qui ont cassé leur budget et se sont assis sur les normes de bonne conduite de Maastricht. Ils sortiront 500 milliards et principalement des grands pays de l‘Union européenne. La deuxième poche sera celle de l’Union européenne,  via trois canaux : la Banque européenne d’investissement qui va prêter 200 milliards à des entreprises, la Commission qui se réserve de lever 100 milliards et le MES mécanisme européen de stabilité va sortir 200 milliards. Mais le gros de l’effort viendra de la troisième poche, la plus  profonde, la BCE : la Banque centrale européenne s’est engagée à racheter pour 1000 milliards de dettes aux banques. Pour simplifier : les banques centrales distribuent de l'argent aux banques, elles distribuent de l'argent aux États, indirectement, en rachetant leurs dettes, et elles distribuent de l'argent aux entreprises, toujours indirectement en rachetant leurs dettes. Comme en plus il va falloir relancer la consommation et compenser la perte de pouvoir d'achat liée à la crise, on va donc plus loin. Les États, et la France, une fois de plus en pointe pour ce type d'initiatives, distribuent de plus en plus d'argent. Les déficits n’en finissent plus de se creuser : sécu, budget, assurance chômage,  solidarité …

La crainte des contribuables.

Quand on entend « qui paiera ? », c’est surtout la crainte des contribuables de voir les impôts exploser qui s’exprime. Et ressort ce fantasme qui revient à chaque crise, d'un « prélèvement exceptionnel » très élevé sur les actifs financiers au-delà d'un certain seuil. Il y a eu des précédents.  Tout  le monde se souvient de « l’impôt sécheresse » de 1976… Et l’imagination de nos politiques est débordante en la matière : ça va du rétablissement de l’ISF à la création d’un impôt spécial corona, en passant par des taxes exceptionnelles comme  celle que Laurent Berger a déjà proposé. La  France est la reine du concours Lépine quand il  s’agit d’inventer des impôts nouveaux. Il  y a deux écoles : il y a ceux qui cherchent des idées pour faire payer des taxes et des impôts à tous les autres qu'eux ; et il y a ceux qui veulent que cette dette soit un jour annulée, ou qu'elle devienne « perpétuelle », ce qui revient, peu ou prou, au même. Ces derniers n’ont pas tort.

La solution est toute simple.

En fait, arrêtez de vous préoccuper de la dette, elle ne sera jamais payée. Nous ne rembourserons jamais la dette liée à la relance post-Covid. D’abord, elle ne va rien coûter. Certains pays, dont la France ou l’Italie, sont déjà très endettés, mais beaucoup en Europe le sont moins  et  comme par ailleurs, l’Union européenne est une meilleure garantie que la somme des garanties nationales les taux bas sont garantis pour longtemps.. Car le fait nouveau est que la solidarité  joue cette fois-ci, et que l’Allemagne est d’accord. La BCE, qui rachète les dettes des banques commerciales pour qu’elles puissent accorder de nouveaux prêts va donc être un instrument clef d’une mutualisation très forte. La BEI Banque Européenne d’Investissements) et le MES (Mécanisme Européen de Stabilité) également. Donc les moyens de financement prévus sont beaucoup plus puissants et moins chers que si on laissait les membres du club se débrouiller chacun de leur côté.  Tout cela rend une inflation ou une hyperinflation, qui devrait découler de la surabondance monétaire, quasiment impossible.

Mais la réalité probable est encore plus simple. Ces 2000 milliards ne seront jamais remboursés, ni aux Etats, ni à l’Union Européenne ni à la BCE ... Ces 2000 milliards seront inscrits et stockés dans un compte spécial, corona, crise exceptionnelle, sous forme d’emprunts très long terme, plus de 30 ans, qui pourront être renouvelés. Une sorte de dette perpétuelle qui sera garantie par les contribuables européens mais auprès desquels on ne fera jamais jouer cette garantie, jusqu’au jour où on annulera la dette. Mieux, ça ne gênera personne, pas même les héritiers lointains des épargnants qui auront tout oublié ou disparus et si cet effort exceptionnel permet de redresser les machines économiques et d’écarter les risques.  Keynes, le champion de la recette, disait : « A très long terme, les épargnants ne demandent jamais le remboursement de leur épargne, pour une raison simple, c’est qu’à très long terme, ils sont morts ». On va donc être tous endettés à perpétuité, car le grand argentier de Trump dit la même chose. Et un jour, coup de baguette magique, on annulera dans le monde entier tout ou partie de la dette.

Il y a quand même deux problèmes.

Avec de la croissance, sans crise de coronavirus, nous avons en France, année après année, fait exploser notre dette. Avant même le coronavirus, nous avions rejoint le club très fermé des pays dont la dette est supérieure à 100%, avec le Japon, la Grèce, le Zimbabwe, entre autres.

Le problème c'est que des pays comme la France qui ont ouvert les vannes encore plus grand, en faisant sauter la digue des 3% de Maastricht, ne vont plus pouvoir les refermer. C'est qu'une fois qu'on commence à distribuer de l'argent, il est difficile d'expliquer à ceux qui vont en réclamer qu'on ne peut plus le faire. Chez nous, il y a de grandes chances que cette distribution d'argent devienne un « acquis », et sachant qu'en France on ne revient jamais sur les « acquis », la situation risque d’être compliquée à gérer. On voit déjà venir un plan « santé » exceptionnel, puis un plan « éducation » exceptionnel, puis pour la justice, et ainsi de suite... Chez  nous, l’exceptionnel pourrait devenir la règle. Seulement l'Allemagne et les pays d'Europe du Nord qui vont reprendre tranquillement le chemin de la bonne gestion des finances publiques ne vont pas accepter que nous créions chaque année de « l'exceptionnel » à tour de bras. Il faudra  bien que nous nous décidions à mieux gérer nos finances publiques. La  crise n’a-t-elle  pas révélé la suradministration et ses lourdeurs coûteuses et surtout son inefficacité ? Et ce jour-là, ça va coincer...  car le coronavirus ne va pas toujours être là pour servir de prétexte à une gabegie budgétaire annoncée.

L’autre problème, c’est que les Français qui le peuvent, chacun en fonction de ses revenus, ont décidé, pour l'instant, de ne pas dépenser leur argent, mais de le planquer sur leur livret A. Bien sûr, ils ne consomment pas et épargnent parce que nous sommes confinés, mais ils épargnent aussi parce qu'on leur a dit « nous sommes en guerre !» et Bruno Le Maire s’inquiète de la ruée vers l'épargne, et craint que cette épargne forcée ne se transforme en partie en épargne de précaution. D’autant plus que la crainte inévitable du chômage va l’alimenter. C’est pourquoi l’idée d’Eric Woerth de créer un livret « Coronavirus » a du sens pour orienter cette épargne vers le financement des TPE et PME.

AH, si nous étions au pouvoir … !




SUR LES RESEAUX EN DELIRE …

Internet

 

37ème  jour de confinement.

Les confinés parlent aux confinés :

Plus d’un salarié sur deux est au chômage partiel : plus de 10 millions, indemnisés à 84% du salaire net (concerne 820 000 entreprises, soit 6 sur 10).

17 plans d’actions prioritaires pour le déconfinement : on n’a pas de  pétrole mais au moins on a une usine à gaz ! (On ne sait pas si Strauss Khan a proposé un plan Q) Bref, on n’est pas sorti de l’auberge.

Les Français se lavent moins –et surtout les hommes- 67% seulement des confinés  font une toilette quotidienne complète. Et en plus les hommes changent de sous-vêtements encore moins souvent (déjà qu’il y en a qui gardaient le slip une semaine). Dans les petits appartements, bonjour l’ambiance. Casse-toi, tu pues !

Netflix  fait de  bonnes affaires : avec  le confinement la video en streaming a doublé  son bénéfice net  …

Le concours d’impôts nouveaux est ouvert :  c’est Laurent Berger qui a ouvert le  bal avec une proposition de « taxe sur les entreprises qui ont bénéficié de la crise ». On attend avec intérêt Mélenchon et Martinez … Ah ces gauchos ! Et je ne vous parle pas du « verdissage » !

On va, paraît-il, vers un « embrasement » des  banlieues, à cause des dealers qui ne font  plus  leurs affaires et aussi à cause de la « faim » ! Un lien entre  les deux : cela s’appelle l’économie souterraine. Ne pas prendre à la légère.

Pour ajouter au stress, si besoin : c’est le monde qui serait au bord d’une explosion sociale majeure. Même pas  peur ?

Les bons  plans : la FNAC fait une promo sur cinq téléviseurs. C’est aussi le  moment d’acheter une voiture. Il va falloir faire respecter la « distanciation sociale » (ça y est, je l’ai casé) dans les magasins et les concessions dès le 11 mai.  Les Français auraient déjà accumulé 50 milliards d’euros sur les livrets.

Macron serait devenu le 1er épidémiologiste de France : notre président hypermnésique et insomniaque serait devenu un expert en la matière. Ce qui ne l’empêche pas de douter. De quoi disserter à longueur de temps sur le sujet. Comme dit  Sarkozy, à un moment, il faut décider, et donc prendre  un risque !

Médisite : cinq positions pour brûler le plus de calories au lit… Pour compenser le grignotage et les  petits plats !

Et à part ça ?

Un astéroïde géant va frôler la Terre le 29 avril. Brrr… La NASA surveille de près. On est  rassuré.

On est  mal patron : 70% du muguet nantais ne sera pas cueilli. Le bonheur n’est plus dans le pré.

Kim Jun Un a disparu des écrans radars : énigme. Ce serait à cause d’une opération chirurgicale qui aurait mal tourné. Ce n’est pas le virus, c’est bien connu, il ne passe pas les  frontières fermées.

Elisabeth II a eu 94 ans le 21 avril ! Un anniversaire gâché par Meghan et Harry qui ont annoncé la veille qu’ils ne communiqueraient plus avec les  médias de sa gracieuse majesté. Susceptible  Mémé ! (Précision : Meghan n’est pas la fille de Renaud, comme je l'ai entendu dire)

Bouchons de voitures : ils sont dus à la réouverture des « Drive » de Mac Do ! Qui a dit « rien ne sera plus comme avant dans le monde d’après » ?

20 avril : date d’ouverture de la campagne de déclarations d’impôts (pour ceux qui ont quelque chose à déclarer évidemment).

Le prix du baril de pétrole a chuté en-dessous de 0 $, brièvement, mais du jamais vu. Surproduction, certes, mais aussi jeu des spéculateurs des contrats à terme. Bah, le cours remontera inévitablement et malheureusement. En attendant, les prix à la pompe sont très bas,  mais comme vous ne roulez guère ….

 


NOTRE-DAME UN AN APRES.

Notre Dame de Paris

 

C’était il y a un an, le  15 avril.  A 18h18,  le feu démarrait dans la charpente de Notre-Dame de Paris. Nous dînions chez des amis quand la nouvelle se répandit. La  télé fut allumée et devant nos yeux stupéfaits, nous vîmes le spectacle d’horreur d’un brasier qui avait embrasé toute la toiture. Nous étions entre stupeur et sidération. Les lances des pompiers paraissaient bien dérisoires face à l’ampleur du sinistre. Et, médusés nous vîmes la flèche de Viollet-Le-Duc s’incliner lentement puis s’effondrer et disparaître. Les pompiers firent malgré tout un travail colossal qui permit de sauver le bâtiment, en évitant, au péril de leur vie, aux deux tours de s’effondrer. En même temps, ils avaient permis de sauver les reliques et quelques œuvres inestimables. Au petit matin, les images nous montrèrent l’intérieur de la cathédrale : un spectacle de désolation,  la voute partiellement effondrée, l’amas des poutres calcinées mais au fond, luisant comme intacte la grande croix du chœur semblait nous dire de ne pas désespérer.  Une campagne de dons sans précédent permis de rassembler  près d’un milliard d’euros pour la restauration du monument.

Une course contre la montre.

La  semaine dernière sur la 2 un documentaire nous narrait dans le détail les actions menées pour sauver définitivement l’édifice. Si un an plus tard, la mise en sécurité du site qui est le préalable à la reconstruction, n’est toujours pas achevée, le reportage nous a permis de constater que le devenir  de Notre-Dame est entre de bonnes mains, celles de gens passionnés, de compagnons talentueux, de professionnels de haut niveau. Les travaux de consolidation sont bien avancés, et seraient achevés sans cette maudite crise du coronavirus qui a mis le chantier à l’arrêt.  Les équipes sont motivées pour se remettre au travail le plus tôt possible. Nous savons désormais que Philippe Villeneuve, l’architecte en chef et le Général Georgelin chargé de superviser, mettront tout en œuvre pour que la cathédrale soit définitivement hors de danger avant l’automne. Déjà les trous de la voûte sont bâchés, les vitraux sont déposés et partis à la restauration, les arcs-boutants consolidés par les cintres et l’échafaudage métallique a reçu les renforts nécessaires préalables au démontage   de ses 40 000 tubes fondus ou tordus. Des capteurs permettent de contrôler la stabilité du monument et détecteraient le moindre signe de détresse. Le document diffusé sur France 2 nous a permis de mesurer l’ampleur de la tâche entreprise et de découvrir les techniques utilisées : de quoi être fiers des compétences de nos entreprises et de leurs savoir-faire inégalés. Etonnants ces renforts d’arcs-boutants en bois, réalisés au millimètre près, pesant 8 tonnes, et posés par un grutier, à l’aveugle guidé par talkie, pour finalement s’adapter avec une précision inouïe sur le socle prévu. Impressionnant cet architecte qui connaissait la charpente initiale par cœur et est capable de reconnaître tel morceau calciné au milieu des décombres. Les travaux de sécurisation du site ont déjà coûté 165 millions d’euros. La tâche à accomplir  reste immense : finir de débarrasser les voûtes des nombreux débris qui les encombrent encore, dépose de l’orgue dont les tuyaux doivent être remis à neuf un à un, nettoyage des sols rendu indispensable pour abaisser le taux de plomb présent dans la cathédrale.

Une enquête difficile.

La  piste accidentelle demeure la plus plausible, bien que le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz n’exclut aucune hypothèse, mais aucun élément nouveau, à ce jour, n’est venu accréditer une piste criminelle. C’est une enquête hors-normes. Les débris ont fait l’objet d’un examen minutieux, les investigations menées sur place se poursuivent souvent dans des lieux adaptés.  La police scientifique passe les gravats au peigne fin pour isoler les éventuels indices : cables, fils électriques, mégots, boitiers de dérivation… Plus de cent témoins ont été auditionnés pour comprendre l’enchaînement fatal. Notamment  les enquêteurs ont cherché à comprendre la mauvaise interprétation du signal lors de la première alarme incendie, ce qui a fait perdre beaucoup de temps  à la sécurité. Elle a abouti à une intervention retardée des pompiers qui se sont trouvés à leur arrivée face à des flammes  qui avaient beaucoup progressé. On l’a compris, une longue bataille technique est engagée. Espérons que le mystère de cet embrasement sera un jour élucidé.

La cathédrale nous fascine toujours.

La question de sa renaissance ne se pose même pas. La messe du vendredi saint, célébrée par Monseigneur Aupetit, arrivé dans les lieux couvert d’un casque de chantier, est déjà forte en symbole : avant tout, l’édifice même atteint dans son intégrité, est encore et toujours un lieu de culte. Ce moment symbolique, au coeur du christianisme, au plus fort de la passion du Christ, n’a pas été choisi au hasard. Le prélat  se prosterne devant la couronne d’épines sauvée des flammes. La voix de Judith Chemla dit le poème de Claudel, le violon de Renaud Capuçon souligne l’action de grâce et la voix de Philippe Torreton donne l’ampleur lyrique aux méditations qu’il lit. Ensemble, ils portent le message au-delà des murs  par la magie de la télévision. Ils étaient là pour amplifier à la fois le caractère pathétique et la profondeur de ce message, et faire oublier l’absence du public cantonné derrière des écrans lointains. Notre-Dame est encore vivante, comme le Christ ! Le monde entier a vu Notre-Dame brûler, et le monde entier pouvait voir, déjà, Notre-Dame commencer à revivre, avant de renaître un jour définitivement. Elle était faite pour traverser les siècles et cela continuera, nous en avons maintenant la certitude. Si nous sommes attachés à ce qu’elle représente, c’est parce qu’avec elle nous n’habitons pas seulement le présent, nous participons à l’histoire. Derrière la création architecturale, elle incarne physiquement aussi notre aspiration à la transcendance :  avant d’être une prouesse de l’art gothique elle nous offre un lieu pour prier. Et le fait que tant de badauds aient assisté en état de sidération à ce que d'aucun nommerait un « brasier infernal » prouve assez qu’on ne peut arracher à la cathédrale son noyau spirituel. Et cet effroi ressenti par des gens à la foi incertaine est bien la « marque chrétienne » de la France. Une manière de dire que les pierres de Notre-Dame sont sacrées.  Méditation, prière, musique et poésie : l’espoir est  là.

Un architecte amoureux du monument et une renaissance assurée, c’était le message de Pâques de cette année !

 


LA CARENCE DE L’ETAT TENTACULAIRE

Ena

 

Nous ne sommes pas seuls : 195 millions d’emplois supprimés dans le monde, 3,3 milliards soit 81% de la population active mondiale, sont affectés par la fermeture totale ou partielle des lieux de travail, 60% des travailleurs dans le monde sont dans l’économie informelle souvent sans protection sociale …

Le  péché mignon.

Concernant le dernier chiffre ci-dessus, ce n’est pas le cas des travailleurs français. L’économie administrée est notre péché mignon et notre modèle social est un excellent amortisseur de crise qui permet  d’encaisser (à crédit) les chocs de conjoncture les plus violents. Ainsi le gouvernement a renforcé considérablement le  dispositif de chômage  partiel qu’il présente comme le plus généreux d’Europe. Mais nous sommes aussi au pays de Courteline : encadrement, réquisition, dérogation, sont notre lot. L’attestation de déplacement « dérogatoire » (au confinement) qu’il faut remplir pour chaque sortie en est un exemple parfait : elle prévoit six cas utilitaires allant des déplacements professionnels aux convocations judiciaires (sic) plus une septième de pur loisir, elle-même très encadrée (déplacements brefs, dans la limite d’une heure quotidienne, dans un rayon maximal d’un km de son domicile, liés à l’activité physique ou aux besoins des animaux de compagnie…).  Ajoutons à la liste un autre penchant : autorisation et aussi sa punition, l’amende ! Si l’Allemagne peut se flatter de pouvoir effectuer 500 000 tests par semaine de dépistage du Covid, chez nous Castagnette peut brandir près de 300 000 amendes que ses 100 000 policiers ont infligées  avec  4 millions de contrôle. 

L’Etat est partout de retour.

Il  n’est pas question d’en contester ici le  bien fondé.  En période de crise, même les Etats-Unis y ont recours : financement massif du chômage, soutien aux entreprises, éventuelles nationalisations temporaires, injonctions à l’industrie. Injecter des milliards d’euros dans la machine (110 milliards pour le plan de soutien en France) oblige à avoir recours à l’économie administrée et en France, le dirigisme s’appuie sur une forte tradition. Ainsi Bruno Le Maire, notre grand argentier du coffre vide, n’a pas hésité à menacer de retirer les garanties de l’état et d’interdire les reports d’impôt à toutes les entreprises qui rémunéreraient leurs actionnaires. Pousse-toi de là que je m’y mette ! Chez nous, l’art de gouverner c’est se mêler de tout et la crise est une aubaine.  Les  Régions, les départements, plus disponibles et à l’écoute, ont-ils commandé des masques ? Ils sont réquisitionnés par l’état à leur arrivée ! Plus que jamais nos technocrates de Bercy sont à la manœuvre et on imagine que c’est avec jubilation qu’ils ont dressé l’inventaire à la Prévert des activités qui seraient ouvertes ou fermées : les opticiens ? fermés ! Les parapharmacies des galeries commerciales ? ouvertes ! Les animaleries ? fermées, puis non, ouvertes ! (importants  les chiens-chiens). Les marchés de plein air ? on ouvre, bien sûr ! Comme dans Ubu, les  contre-ordres s’enchainent : on ferme finalement les marchés, puis on les ouvre sur proposition du maire au préfet… Et déjà on se prépare avec délectation à établir la liste des ouvertures programmées et  progressives de l’après onze mai. Que voulez-vous, il y a entre Bercy, Matignon et l’Elysée, une poignée de personnes confinées qui se sentent enfin utiles ! On leur a confié l’intelligence de tout un pays. Le  problème c’est qu’ils sont coupés du monde et privés de tout « feed-back ». Heureusement, les Français sont débrouillards.

Qui trop embrasse, mal étreint.

L’euphorie jacobine semble prophétiser la  renaissance, sinon la justification, du centralisme républicain. Les  partisans de l’étatisme se gargarisent mais ils feraient mieux d’évaluer l’étendue des dégâts de l’impuissance publique à laquelle le centralisme technocratique a conduit. La  débâcle de notre système sanitaire national en est l’étendard et la litanie glaciale quotidienne du médecin bureaucrate en chef, chaque soir, l’ordre du jour calamiteux. La France des normes, des règlements, des circulaires s’avère être un vrai boulet. L’affaire des masques et des tests, qu’on songe enfin à généraliser dès qu’on en aura, illustre plus une incurie qu’une efficacité.  La  comparaison avec l’Allemagne décentralisée est accablante. L’appareil étatique est à alléger, non à renforcer. Les lourdeurs administratives s’ajoutent  à l’impréparation du gouvernement, à ses volte-face (le premier tour des municipales est édifiant), à ses lenteurs. Ainsi les laboratoires non hospitaliers n’étaient pas autorisés jusqu’à récemment à pratiquer des tests de dépistage, le réseau des médecins de ville a été d’abord négligé, et que dire de la querelle sur le traitement de ce grand professeur qu’est Didier Raoult !

Il faut sortir du centralisme techno.

Notre modèle social est un amortisseur de crise, certes, mais prenons garde qu’il n’étouffe la reprise comme en 2010. La  crise sanitaire a mis à nu la crise de l’étatisme. La légitimité de la loi « d’urgence sanitaire » du 23 mars donne à l’Etat un pouvoir écrasant qui permet de limiter les libertés d’aller et venir, d’entreprendre, de se réunir, et bientôt, peut-être de « tracer » numériquement les individus en utilisant les données personnelles de leur téléphone. Si nous ne sommes pas vigilants, c’est une société de surveillance et un Etat liberticide qui s’instaurerait. Il  ne faut pas non plus que l’Etat-pompier,  qui joue son rôle, soit pris comme argument pour la généralisation du tout-Etat et les nationalisations, en prenant prétexte de l’argent déversé sans compter pour freiner la crise. La responsabilisation publique et l’initiative privée seront toujours plus efficaces, dans la durée, que l’Etat obèse et inconséquent, car c’est bien lui qui a mis l’hôpital public dans la situation de détresse qu’on a pu observer. Contentons-nous du vieux principe : quand la liberté opprime, c’est la loi qui protège. Mais la liberté d’abord ! Les enseignements de l’Histoire du 20ème siècle sont pourtant édifiants !

Quel après ?

Les  prises de  paroles  de certains  de nos responsables chez Les Républicains semblent prouver le contraire. Aurélien Pradié et Guillaume Peltier feraient bien de réviser leurs cours d’histoire. Ce n’est pas le libéralisme qui est en cause, mais son avatar néo-libéral, et ce n’est pas l’Etat-stratège, autre tarte à la crème, et la planification qui nous sortiront d’affaire. Si c’est ça la ligne du parti, ce sera sans moi. Et puis, il y en a marre de toutes ces petites officines que chacun s’ingénie à faire vivre en parallèle pour avoir sa prise de position en dehors. Ce n’est pas ainsi qu’on reprendra le pouvoir. J’aimerais qu’on écoute le message de sagesse de Jean-Louis Thiériot et la mise en garde de Nicolas Forissier. Bref, c’est la délibération collective et le rassemblement qui devraient prévaloir. Car quoi, les maux dont nous souffrons ne sont pas liés à un excès de libéralisme ni à un excès de rigueur budgétaire, mais à l’inverse. C’est leur insuffisance qui nous ruine. C’est parce que les caisses de l’Etat sont archi-vides -et la crise ne va pas les remplir- que la  politique s’étiole et se dissout en mots creux de communication médiatique : « les  masques sont commandés, ils vont arriver, ils ne vont pas tarder à arriver, ils vont bientôt être distribués, la distribution est en cours. .. ». Si on doit continuer indéfiniment les politiques de relance et d’accroissement de la dette, alors oui, on courra à la catastrophe. Si l’Allemagne s’en tire mieux que nous ce n’est pas seulement parce qu’elle est moins centralisée, c’est aussi  parce qu’elle est moins endettée et qu’elle a donc retrouvé des marges de manœuvre budgétaires. Après la crise il faudra conjurer la demande exponentielle d’Etat-providence, de protection, d’indépendance nationale tous azimuts, en résolvant l’incapacité structurelle de nos entreprises à  être compétitives dans un monde qui restera ouvert parce qu’on ne le fermera pas d’un coup de baguette magique. Il faudra aussi remettre à leur place les demandes exacerbées des écologistes qui font feu de tout bois pour tenter de tirer la couverture à eux. Comme si la crise de nos hôpitaux était liée à un déficit de politique environnementale…  D’ailleurs si on veut répondre à la  promesse d’une mobilisation grandiose en leur faveur, il faudra bien commencer par emplir les caisses, non ? Alors, la décroissance … Et puis, faisons en sorte que le pouvoir ne soit pas trop tâtonnant, car le plus grand péril qui nous guette, c’est que le populisme s’en empare.

 


PRESIDENTIELLE AMERICAINE : CE SERA BIDEN CONTRE TRUMP

Biden trump 2020

Pour changer un  peu de  la politique hexagonale... Un peu d'exotisme  !

La prochaine élection présidentielle américaine opposera donc Joe Biden, ex-vice président de Barack Obama et figure de l'establishment démocrate, à Donald Trump. Bernie Sanders a jeté l'éponge sans attendre les résultats de la primaire du Wisconsin, après s'être accroché longtemps. Une enquête du Wall Street Journal situe le tournant au moment de la primaire du Michigan, le 10 mars dernier, un état qui concentre tous les problèmes qui ont empêché Bernie Sanders, à deux reprises, d'accéder à la Maison-Blanche.  Au moins espère-t-il, en se ralliant, que Biden retienne certaines de ses propositions alors que l'épidémie de Covid-19 remet l'Etat fédéral au centre du jeu, du côté des démocrates comme des républicains. La consécration de Joe Biden se produit dans un contexte électoral bouleversé par la pandémie : des primaires ont été annulées et on ne sait pas très bien comment les conventions des deux partis, prévues pour le mois d’août, pourront être organisées.

Que le spectacle commence.

Joe Biden, sans surprise, encore que … il a mené sa campagne des « primaires » avec une nonchalance surprenante, et avant que Bernie Sanders ait jeté l’éponge, il avait complètement disparu de la scène politique, peut-être à cause de l’épidémie. Sans doute pensait-il que la multiplication des discours n’était pas utile dans un pays tétanisé par le virus et que les résultats des primaires ayant précédé la mise sous cloche du pays avaient suffi, sous l’impact de ses victoires successives, à démontrer sa supériorité sur les autres candidats démocrates. Joe Biden est une personnalité politique qui ne se laisse guère impressionner par les provocations de Donald Trump, et contrairement à Sanders qui, deux fois, en 2016 et 2020, a sué sang et eau pour se faire une place au soleil, à 77 ans, il laisse calmement venir à lui l’investiture du parti démocrate. Il faut dire que l’ancien vice-président de Barack Obama bénéficie du charisme du président précédent. Donc Sanders, en homme intègre, lui a promis son soutien qui sera aussi celui des minorités et des classes pauvres. Il gauchira inévitablement le programme de Biden, mais il ne sera pas vice-président. Ce  serait plutôt Kamala Harris, 55 ans, la belle sénatrice de la Californie qui présente plusieurs atouts auxquels Biden est sensible. Un choix qui, s’il se confirmait, renforcerait le « progressisme » de son programme et, en somme, pourrait fort bien convenir à son ancien concurrent. Bref, il part du bon pied.

Le calme et le furieux.

Joe Biden est grandement aidé par l’épidémie que le président en exercice a gérée par le déni et le mensonge, avec des résultats catastrophiques en termes de décès et de cas graves, notamment dans l’État de New York. Jusqu’à présent, il s’est contenté de dire qu’un second mandat trumpiste serait insupportable pour le peuple américain. Mais face à Trump, cependant, il va falloir qu’il s’exprime et qu’il dénonce la gestion du pays par  les Républicains, tous unis autour d’un chef qu’ils vouaient aux gémonies il y a quatre ans. Cela fait des mois que les administrations décentralisées des États n’écoutent même plus la voix de Washington, préférant adopter des mesures locales dans nombre de domaines qui vont et surtout face à la pandémie. L’approche infantile des crises par Trump a non seulement isolé les États-Unis, mais elle a soumis la fédération à des forces centrifuges qui font que désormais on ne vit pas de la même façon au nord et au sud, à l’ouest et à l’est. Enfin, Donald Trump s’est toujours targué d’avoir accru la prospérité américaine, un atout qu’il a perdu presque instantanément avec la mise au chômage de dix millions de travailleurs abandonnés à leur sort par le système social le plus cruel des pays industrialisés. Mais Joe Biden aurait tort de penser qu’il suffit de jouer le jeu du centriste calme, éloigné de la clameur des primaires, comptant plus sur son curriculum vitæ que sur un art oratoire qui n’est pas son fort.

Trump est capable de tout.

Certes le président en exercice ne pouvait pas prévoir un tel cataclysme et en Europe on se demande toujours pourquoi il est resté populaire malgré les innombrables casseroles qu’il traîne. Bien qu’il ait encore le temps de rebondir, et on le voit à l’œuvre en débloquant des fonds pour soutenir les chômeurs, le virus pourrait bien lui donner le coup de grâce, d’abord parce qu’il a mis à jour parfaitement l’injustice du système de santé américain qui ne fonctionne que si on peut se l’offrir, ensuite parce qu’il est privé de son succès économique, soudain transformé en déroute. Le recul de l’économie américaine ne saurait être inscrit à son passif, même si gouverner, c’est prévoir. Mais Trump est réactif et capable de toutes les volte-faces. Certes, l’électeur américain est versatile et, bien que Trump dispose d’un noyau de partisans qui ne renonceront jamais à lui, le centre et la classe moyenne pourraient bien quand même lui faire payer l’addition. Et donc laisser le vent de sa légèreté et de sa versatilité emporter le président le moins compétent de l’histoire des États-Unis.

En chute dans les sondages face à Biden, il veut que le pays redémarre au plus vite. Pour le confinement, il ne veut pas aller au-delà de début mai : « Economy first ». Dès que l'épidémie sera terminée, la campagne électorale va vraiment commencer. On a hâte de voir ça !

Avantage  Biden, mais le match n’est pas joué.

 


TEASING HALETANT !

Macron le messie

Ce sera ce soir à 20h.

Des « sources bien informées » nous tiennent en haleine depuis  plusieurs jours... BFMTV  nous allèche avec des « indiscrets » … IL va nous parler du « monde d’après ». IL consulte beaucoup. Cramponnez-vous,  nous entrons dans l’ère de la communication « science-fiction ». IL aime la métaphore filée, donc, après la « guerre », la  « libération ».  Nous allons connaître une « nouvelle ère », que dis-je une « refondation ». Et pour que rien ne manque : « sur le modèle du Conseil National de la Résistance en 1945 ». Rien que ça ! Il se prend pour de Gaulle. On peut donc craindre le pire ! Nous on pensait bêtement qu’on était en guerre contre un virus. En fait non, c’est vraiment la guerre ! C’est l’Histoire avec un grand H qui se joue sous nos yeux mais est-ce que « l’appel du 13 avril » restera dans l’histoire, c’est une autre histoire.

Nous on voudrait juste savoir tout bêtement quand on va pouvoir sortir dans la rue normalement, où trouver un masque et éventuellement un test de dépistage. Le reste, c’est pas LUI qui en décidera.  C’est nous. Et en contrepoint des mots, toujours des mots, encore des  mots, je LUI propose de méditer ces douze réflexions  de Maxime Tandonnet  :

  1. La prodigieuse fragilité du monde interconnecté, du village global : la transparence, la fluidité parfaite des échanges d’images et des informations produisent une émotion globale qui emporte tout sur son passage. Des épidémies encore plus graves, provoquant, non pas des centaines de milliers de morts, mais des dizaines de millions (grippe espagnole de 1919), il s’en est produit dans le passé, dans un monde plus solide sur ses bases, mais sans provoquer une telle secousse. Demain, la foule planétaire fébrile nous expose à d’autres mouvements de panique qui seront encore plus tragiques.
  2. L’illusion de l’Etat de droit : nous pensions nos droits protégés par de formidables empilements de protections juridiques, conventions (cedh), Constitutions, profusion des jurisprudences (Cour de Justice, Conseil d’Etat, Conseil constitutionnel, etc.) . Il suffit d’une grande peur pour que tout ceci vole en éclat y compris le plus précieux des droits de l’homme, celui d’aller et venir. Et plus rien ne tient désormais, pas même la propriété privée. Demain, dans la même logique de circonstances exceptionnelles, on pourra réquisitionner les appartements et les maisons.
  3. L’effondrement de la valeur liberté :  la société française (comme d’autres) s’accommode de l’abolition d’une liberté fondamentale, celle d’aller et venir, avec une facilité déconcertante. Confiner un peuple est une mesure qui revient à l’assigner à résidence, une notion de droit pénal d’enfermement à domicile plutôt qu’en prison. En vertu de la préférence pour la sécurité, la société accepte de renoncer à sa liberté la plus élémentaire celle d’aller et venir, et par là-même à sa dignité.
  4. La faillite du Service public : la tragédie actuelle est le fruit de plusieurs décennies de mépris envers le service public, en l’occurrence le service public hospitalier, marquée par les coupes sombres dans les effectifs et les moyens, une gestion à courte vue qui interdit de disposer du volant nécessaire, en situation d’épidémie, de lits en réanimation. L’essentiel du drame se situe dans cette faillite qui explique aussi pourquoi l’Allemagne ayant conservé des capacités médicales suffisantes s’en sort infiniment mieux que la France.
  5. La médiocrité avérée de la classe dirigeante : la crise jette une lumière crue sur l’affligeante médiocrité des dirigeants politiques qui ont fait naufrage dans l’indécision, l’impuissance, les volte face et les mensonges – sur l’affaire des masques et des tests de dépistage, toujours indisponibles en France après trois mois de crise, qui permettent à d’autres pays de surmonter dignement cette épreuve – fuyant en permanence leur responsabilité dans une vertigineuse débauche de bavardage narcissique et de communication. C’est un vrai sujet de l’avenir: comment la France a-t-elle pu produire, en quelques décennies, une classe dirigeante aussi médiocre – sans que n’apparaisse de solution alternative.
  6. La défaillance de nombreux « intellectuels » (ou « la trahison des clercs ») : nombre d’entre eux bien connus et jadis admirés, ont failli à leur devoir de penser en hommes libres avec le recul et la distance nécessaires, pour se confondre avec le troupeau des zélateurs obséquieux au titre de la supposée « union nationale ».
  7. L’abêtissement général : il s’exprime dans l’incapacité d’une société à prendre de la hauteur par rapport à l’événement, surtout face au mensonge suprême source de toutes les manipulations : « c’est la guerre« . Il suffit de feuilleter un manuel d’histoire pour constater de toute évidence que la situation actuelle n’a rien de commun ni avec la Grande Guerre, ses 20 millions de morts, dans des conditions d’une horreur indescriptible, ni avec la deuxième Guerre mondiale, ses 50 millions de tués, ses batailles de chars, ses pratiques d’anéantissement, ses camps de la mort. L’acceptation passive du « c’est la guerre » est le signe patent de notre crétinisation.
  8. Les côtés obscurs de la nature humaine : on les voit ressortir en temps de crise et de panique : la rage collective envers qui donne des signes de refus de marcher au pas  (le jogger), le goût du nivellement, de la jalousie à travers l’interdiction de marcher sur la plage ou dans la forêt, voire même de s’asseoir sur un banc, attitudes qui n’ont rien à voir avec le risque de contamination, comme si l’image de la liberté individuelle la plus élémentaire et la plus quotidienne devenait insupportable à la société malade en quête de bouc émissaire.
  9. Le triomphe de l’absurdité bureaucratique : quand la bureaucratie opaque, invasive, totalitaire, prétend régenter les moindre aspect de la vie quotidienne: l’interdiction de courir à certaines heures de la journée est d’une bêtise bureaucratique confondante, à laquelle les pires excès du Gosplan soviétique n’ont rien à envier : vous avez donc le droit de marcher, mais si vous commencer à courir, à certaines heures, vous êtes en infraction. Et sur le terrain, les petits bureaucrates qui en rajoutent avec un zèle méticuleux ne manquent pas.
  10. La fuite dans l’idéologie et l’utopieil est désormais question partout du « jour d’après » ou du « monde d’après« . Rien ne sera plus comme avant nous dit le discours politico-médiatique qui nous convie à rêver du lendemain radieux. C’est une manière de fuir la réalité : des millions de Français privés d’emplois, la détresse des petits commerces, de la restauration, de l’artisanat privés de leur outil de travail, l’explosion des dettes publiques que devront financer nos enfants.
  11. L’indifférence et l’égoïsm: envers la tragédie des EHPAD, et la tentation de ne pas prendre en compte sur le plan statistique les décès qui y surviennent, dans l’abandon et la solitude. Mais aussi, sur les conditions du confinement : il n’a évidemment pas la même signification pour une famille de quatre personnes disposant d’une maison de 200 m2 et de son jardin et pour un couple avec trois enfants vivant dans 70 m2 d’une barre d’immeubles où il est synonyme d’enfer avec des risques de séquelles psychologiques effroyables pour les enfants. Mais cet enfer quotidien que subissent en ce moment de nombreuses familles confinées avec des enfants, emprisonnées à domicile, – inadmissible – n’est pas une préoccupation première.
  12. Hypocrisie autour des héros du quotidien : la revanche de la « France d’en bas » nous dit-on : le personnel hospitalier, les livreurs, les caissiers, les fonctionnaires directement exposés, les transporteurs, les éboueurs de nos quartiers, les travailleurs manuels. Matraqués et traînés dans la boue pendant la crise des gilets  jaunes, adulés aujourd’hui comme les sauveurs de la France confinée. Oui, mais demain, personne ne lèvera le petit doigt pour eux et le retour à leur condition initiale se fera tout naturellement. Qui veut parier?

                                                                                                                                                            Maxime TANDONNET





L’ODYSSEE DE SYLVAIN TESSON

Odyssée avec Tesson

Ne surtout pas rater.

De la  Turquie à la Sardaigne, l’écrivain voyageur est parti pour Arte dans le sillage d’Ulysse,  le Héros d’Homère. Avec lui, on embarque sur les eaux de la  Méditerranée qui ont vu naître un mythe fondateur de notre civilisation.  « L’Iliade et l’Odyssée », la référence de François-Xavier Bellamy.  Nous en retrouvons la définition sous les lignes de Sylvain Tesson : « Nous levons l’ancre à Marseille. Le calcaire des Calanques a la pureté d’un marbre égéen. Hélios éclaire la Bonne Mère phocéenne révélant le miracle méditerranéen : la triple source gréco-romaine, juive et chrétienne a abouti à un miracle qui s’appelle l’Europe. Braudel l’avait dit il y a trente ans : tout s’organise ici en triade. La vigne, l’olivier et le blé. Le vent, la lumière et le calcaire. Athène, Rome et Jérusalem. Le  Christ, Athéna et César. Ce sont les blasons du Mare Nostrum. » …

Pendant un mois et demi, Christophe Raylat, le réalisateur promène ses caméras  dans tous les lieux où Ulysse a fait étape. Pendant six semaines, avec ses comparses, il  remonte le fil de l’Odyssée dans le désordre, reliant  les sites inventoriés par Bérard. A chaque escale, un invité les rejoint à bord : archéologue, philologue, artiste, savant ou écrivain. Tous brûlent de la même passion : l’Antiquité. Avec  un conseil qui vaut par les temps qui courent : « quand on se confine, prendre soin de s’entourer de compagnons versés dans les humanités ! Le temps passe plus subtilement. »

Ainsi vogue le navire, de jour en jour, d’île en île, jusqu’à la tendre Ithaque où la douceur de l’air confirme qu’Ulysse a bien fait de lutter dix années  pour retrouver sa terre. A chaque rencontre, à chaque coup de vent, l’Odyssée apparaît comme un poème vivant, sous nos yeux déployés.

Pour les Grecs, l’Iliade et l’Odyssée s’inscrivent comme le véhicule du renouveau !  Grâce aux textes,  les Grecs comprennent qui ils sont. Les deux poèmes rassemblent les informations et indiquent comment piloter les bateaux, sacrifier aux dieux, festoyer et combattre, c’est-à-dire comment vivre. Les deux poèmes structurent l’identité… Certains hommes  modernes pensent que le monde est né le jour de leur naissance.   L’idée d’une identité collective insulte leur fierté individuelle. Narcisse n’aime pas Homère. L’une des joies à bord est de s’apercevoir que rien n’a changé depuis deux millénaires et demi sous le soleil. La vie se joue toujours au même tempo… "C’est cela que nous sommes partis chercher en hissant les voiles : ce qui demeure". Sur cette terre, le changement est une imposture, demain une illusion et la « perfectibilité de l’homme » une calembredaine…  L’homme a besoin d’un récit pour savoir qui il est.  Il ne saurait vivre sans mythes. Ne pas s’abreuver à la source des vieux textes est pire qu’une paresse.  C’est un confinement : le confinement de soi-même en soi-même. Cela  donne des hommes à la triste figure, très ignorants, très fiers d’eux-mêmes, enfermés  dans un ennui qui s’appelle le présent.  François-Xavier Bellamy ne dit pas autre chose dans son livre « Demeure » !

Et si les portes de la cité se ferment, on peut lire avec des yeux toujours neufs l’Iliade et l’Odyssée. Le mythe vient à notre secours dans les temps de réclusion ! Quand un cheval de Troie entre dans une ville, porteur d’un virus qui affole les esprits et paralyse les  corps, on a intérêt à emprunter les seules portes encore ouvertes : celles de la poésie ! 

Du lundi 13 avril au vendredi 17 avril, à 17H45, la  chaine ARTE diffusera la série « Dans le  sillage d’Ulysse »,  avec  Sylvain Tesson.  Un documentaire réalisé par Christophe Raylat. 5 épisodes de 26  mn. 

Rien de vous empêche en même temps de relire l’œuvre d’Homère.  Bon confinement !

 


PAS DE PANIQUE !

Euro

 

Baisse des charges bisEt d’abord les statistiques.

La France est entrée en récession ce trimestre, de -6%  … Un drame ! Le chômage partiel explose, et  dans la foulée, le nombre des chômeurs … Rien d’étonnant et il va falloir s’y habituer. Les  commentateurs économiques, qui ont l’habitude de se tromper dans leurs perspectives s’alarment comme si c’était une surprise ou une catastrophe. Ce n’est pourtant pas la peine d’en rajouter :  les Français ont suffisamment de stress à gérer avec la sombre litanie du Dr Salomon chaque soir et la querelle sur le traitement du Dr Raoult. Il est pourtant évident que si l’économie s’arrête, le PIB baisse, les comparaisons avec des situations antérieures sont inopportunes. Et le chômage augmente surtout si on le facilite. Inutile donc de hurler à chaque mauvais chiffre, parce qu’il va nécessairement en tomber pendant quelques semaines. Le PIB va chuter, la consommation aussi, le commerce international aussi, et le chômage va flamber. Car nous vivons une récession peu ordinaire : elle n’est pas le résultat d’une crise comme celle des subprimes en 2008, un choc de créances pourries dont le monde a mis 5 ans à se remettre. Celle que nous vivons n’est pas le fruit d’une secousse économique, c’est une mise entre parenthèse imposée pour raison sanitaire.  Une sorte de coma artificiel pour reprendre la comparaison de Marc Fiorentino : les gouvernements ont mis l'économie dans un état de coma artificiel le temps que l'épidémie s'arrête. Le moment venu, on la fera sortir du coma. Alors peut-être que le temps de réveil et de récupération sera plus ou moins long et certaines lésions seront peut-être irréversibles, des entreprises fragiles disparaîtront,  des secteurs perdront des emplois, mais nous sortirons du coma. C'est programmé. Et quand tout repartira, ce sera l'inverse : croissance, consommation, baisse du chômage, reprise des échanges… Beaucoup de paramètres interviendront  mais  cette récession n'est pas une récession subie, c’est une récession « artificielle ».

 

Bercy_ministere_financesLa France dans son mauvais rôle.

L’Europe a un rôle moteur à jouer d’abord en soutien pendant la léthargie, ce qui est fait avec les 1500 milliards d’euros débloqués par la BCE. Il faut ensuite se mettre d’accord sur les mécanismes permettant d’y accéder et d’aider les pays les plus durement touchés par la pandémie.  Un plan cohérent de soutien financier serait le bienvenu. La vidéoconférence entre les chefs d’Etat et de gouvernement n’ayant pas permis de trouver un terrain d’entente, c’est la conférence des  ministres de l’Economie qui devait s’y coller. Mario Centeno, le Portugais qui préside l’Eurogroupe, a mis au point un plan en trois composantes : l’activation d’une ligne de crédit dans le cadre du MES (Mécanisme européen de stabilité), pouvant aller jusqu’à 240 milliards d’euros, la création par la Banque Européenne d’Investissement d’un fonds de garantie de 25 milliards d’euros, financé par les Etats membres, qui permettrait au final de mobiliser 200 milliards d’investissement  dans les  PME et enfin le lancement par la Commission européenne du programme « Sure », doté de 100 milliards d’euros pour aider les états à financer  le chômage  partiel. Une fusée à trois étages qui permettrait de venir en aide aux Etats,  aux entreprises et aux travailleurs. Un plan qui recueille un large soutien. Paris a bloqué parce qu’il n’a pas obtenu ce qu’il appelle le 4ème étage : le fonds de solidarité pour financer une stratégie de reprise fondée sur l’investissement. Ce fonds évalué à 420 milliards d’euros n’est en réalité que la remise dans le jeu des fameux « eurobonds » dont l’Europe du Nord ne veut pas. La proposition de  la France est perçue comme une fuite en avant pour mutualiser les dettes et ainsi emprunter  à bon compte, ce que les pays d’Europe du Nord, vertueux, ne veulent pas, les Pays-Bas tout particulièrement. Mais  la France depuis  plusieurs années et jusqu’à récemment n’a pas envoyé des signaux crédibles sur sa dépense publique.  Bruno Le Maire est donc malvenu à laisser éclater sa colère et proclamer sa « honte » pour masquer  la défiance  dont notre pays fait l’objet, et qui, elle, est une réalité !

 

Dette publiqueLa solidarité, oui, mais il faut un frein à l’endettement.

Les pays du Sud, dont la France, sont aujourd’hui touchés lourdement par l’épidémie dans des conditions sanitaires très dures mais aussi des conditions très difficiles pour leurs finances publiques déjà fort mal en point avant la crise. Au sein de ces pays, l’Italie est dans une situation très critique, on peut déjà extrapoler une dette à 160 % du PIB d’ici la fin 2020. En Espagne et en France aussi, les dettes publiques vont gonfler et les taux risquent de monter. Les pays du Nord de l’Europe, avec à leur tête l’Allemagne et les Pays-Bas, sont dans une tout autre situation : l’épidémie semble un peu plus contenue sur leurs sols et leurs finances publiques sont assez saines grâce à une gestion au cordeau depuis la crise de 2008. Tout système de « mutualisation » des dettes au niveau fédéral en faisant contribuer les « fourmis » au profit des « cigales » serait une invitation pour les mauvais élèves à emprunter sans frein, grâce à des taux d’intérêt garantis par L’Europe, ce qui n’est acceptable par les pays du Nord qui ont fait les efforts de gestion – et on les comprend ! C’est en effet les taux d’intérêts qui peuvent servir de frein à la fuite en avant des dépenses. C’est pourquoi le plan proposé par  Mario Centeno est raisonnable, il avait d’ailleurs reçu l’accord de  principe de l’Espagne. La France continue le forcing. Et comme d’habitude, un accord sera trouvé. Mais vraiment, la France n’a rien à gagner à affronter l’Allemagne, elle ferait mieux d’essayer de l’imiter. Si un frein a l’endettement avait été mis en place en France au sortir de la dernière crise, nous ne serions pas aujourd’hui à 100 % de dette mais plutôt autour de 80 %. Nous serions alors plus crédible avec nos exigences.

 

Des-liasses-de-billets500 milliards disponibles immédiatement.

L’accord sur le plan de sauvetage à 500 milliards a été décidé cette nuit par les ministres des Finances de l'Union européenne. On savait Merkel à la manœuvre.  Seule l’Allemagne pouvait faire plier les Hollandais. D’autre  part, consciente des difficultés des pays du sud et des dégâts dans l’industrie de son propre pays, elle souhaitait qu’un accord soit trouvé. Cette nuit, les négociations ont enfin abouti, comme on pouvait s’y attendre, sur la base du plan Centeno : on allège  les procédures du MES pour faire plaisir à l’Italie, et l’Allemagne et la France sont chargées de préparée un plan de relance selon les vœux de Bruno Le Maire. Tout le monde  est content. La France a le pied sur l’accélérateur mais on compte sur l’Allemagne pour avoir le pied sur le frein. L’important est que l’Europe agisse de concert. C’est le  cas. Trois jours pour s’entendre, alors qu’il avait fallu des mois après la crise des subprimes. On progresse !

Du coup la France fait passer de 50 à 100 milliards son soutien à l’économie et aux entreprises. Mais il va falloir être sérieux ensuite : avec un déficit annoncé de près de 8% et un endettement à 112% du PIB à la fin de l’année, la France va devoir faire des efforts.  On sait déjà qui paiera : les contribuables et les épargnants, et chez nous, ce sont les mêmes. Alors, dépêchez-vous d’aller faire le plein pendant que l’essence n’est pas chère, parce que les pays producteurs ont trouvé un accord de réduction de 10 millions de barils par jour pour faire remonter  les cours. Et le prix des carburants va remonter.


MAIS SI L’EUROPE EST LA ! HEUREUSEMENT !

BCE 2

 

L’Europe a beaucoup de défauts, et nous aurons à tirer des leçons de cette crise sanitaire.  Notamment, puisqu’elle ne compte plus pour les Etats-Unis accaparés par leur affrontement avec la Chine, elle devra absolument construire sa souveraineté sanitaire pour ne pas dépendre de puissances extérieures en matière d’approvisionnement de médicaments et matériels de soin, ce qui implique clairement pour les  pays européens de l’Union d’investir de manière collective et coordonnée dans leur capacité industrielle. D’autant plus qu’elle a les entreprises pour le faire. Pour répondre à la crise, il faut « plus d'Europe, une Europe plus forte et une Europe qui fonctionne bien ». La  bonne nouvelle, c’est que l’Allemagne a compris que c’était aussi son intérêt.

Le rôle de la Banque centrale européenne.

Il aura été primordial. Ceux qui reprochent à l’Union de laisser tomber l’Italie ou la Grèce, parce  que certains refusent les « coronabonds » oublient l’essentiel. Certes l’Europe ne peut pas fournir ce qui manque à tous et qu’aucun pays ne produit plus guère : des masques ou des respirateurs qu’il faut commander à la Chine. Celle-ci, à l’affut, et faisant mine d’oublier que la pandémie vient de chez elle se permet des « gestes » humanitaires en « offrant » des livraisons… la  propagande avance masquée,  c’est le cas de le dire. Supériorité des régimes « autoritaires » ? Si c’est pour truquer la vérité chinoise et imposer l’omerta russe, non, merci ! Revenons à nos moutons : sans la  BCE, et donc sans l'Europe, la plupart des pays de la zone euro seraient en faillite, à commencer par la France. Sans la BCE, des pays comme l'Italie, l'Espagne et la France devraient se financer, compte tenu du niveau de leurs déficits et de leurs dettes, à des taux très élevés. Sans la BCE, aucun plan de relance budgétaire ne serait possible. La Banque Centrale Européenne, c’est la plus grande initiative européenne,  puisque son intervention massive n’est possible qu’avec l’accord unanime des  partenaires de la zone Euro. Comme le dit  Marc Fiorentino, en paraphrasant Sardou : « Si la BCE n'était pas là, nous serions tous en faillite ! ».

L’importance de la monnaie unique.

Nous avons la chance extraordinaire  d'avoir une monnaie commune qui évite une guerre des monnaies et les dévaluations sauvages, d'avoir une banque centrale qui finance les dettes des pays en difficulté, et l'Allemagne qui accepte de « garantir » de fait l'endettement d'une partie des États de la zone euro. Les  Européens ont accepté de mettre entre parenthèses le « pacte de stabilité » ce qui nous arrange bien  car nous étions incapables de rentrer dans les clous. Mais point n’est nécessaire de créer de nouveaux fonds spéciaux d’aides (les coronabonds)  comme  l’explique Wolfgang  Schaüble, l’actuel  président du Bundestag, ancien ministre de l’économie : utilisons d’abord les outils existants. Et ils sont suffisamment nombreux à commencer par le MES, Mécanisme Européen de Stabilité, doté de 500 milliards d’euros, ou la  Banque Européenne  d’investissement, dont on peut élargir le cadre de garantie… et dont les actions peuvent s’ajouter à celle de la BCE. Nous avons donc toutes les raisons d’affirmer que l’Europe est solidaire. Cependant, chacun doit désormais apporter aussi sa contribution. La solidarité n’est jamais un processus à sens unique.

Les  médias  sont  niais sur l’Europe.

Il  est, en effet, étonnant, énervant même, d'entendre des commentateurs expliquer que l'Europe ne fait rien, qu'elle laisse les pays membres se débrouiller seuls, qu'il n'y a pas d'initiatives européennes. Ils passent quasiment sous silence la solidarité de l’Allemagne qui a pris en charge des malades italiens et français.  Il existe de multiples exemples d’entraide, qui passent au second plan à cause du sujet central dont on nous abreuve à jet continu d’émissions spéciales « coronavirus ». Ces médias oublient tout simplement la Banque Centrale Européenne et les centaines de milliards qu’elle a décidé de débloquer  pour les  mettre à la disposition des Etats. Et de fait, Les banques sont devenues des distributeurs d'argent gratuit distribué par la BCE et garanti par la BPI, des agences nationales de la BCE : c’est comme si elles étaient nationalisées, ou plutôt  « européanisées », de fait. C’est évidemment une situation transitoire, mais cela leur évitera de provoquer la prochaine crise. En France, les « Prêts garantis par l'État » (PGE) bénéficient d'une garantie de l’État à hauteur de 70 à 90%, selon la taille de l'entreprise. Berlin s'apprête à relever à 100 % la garantie d'État assortie aux prêts pour les PME fragilisées par la crise du coronavirus. Et Merkel, sortant de son confinement volontaire pour montrer l’exemple, affirme sans ambages : c'est « dans l'intérêt de l'Allemagne que l'Europe sorte forte de cette mise à l'épreuve ». quant à l’Union européenne, il suffit de voir avec quelle énergie la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, malgré des prérogatives limitées, cherche à renforcer la solidarité, soyons convaincus que tout ce qui est nécessaire sera fait pour rester ensemble. Même si c’est vrai que cette crise implique que nous progressions chaque jour à tâtons, car bien malin est celui qui nous dira précisément où tout cela mènera.

L’union financière, pour l’instant, fait ses preuves. Voilà un vrai sujet pour les « nationalistes » anti-européens, qu’on entend peu. Il sera intéressant, par exemple, de voir dans quel état va se trouver le Royaume-Uni livré à son sort, et inévitablement abandonné par les Etats-Unis qui ont d’autres chats à fouetter. Le  monde est cruel !


TRUMP DEMASQUE !

Donald Trump

La  pandémie du Coronavirus aura au moins eu un mérite (même si le mot n’est pas très approprié),  celui de révéler la vraie nature de Trump. Obsédé par sa volonté de privilégier l’économie à  tout prix et son aveuglement dans sa rivalité avec la  Chine, il a oublié l’essentiel : le  peuple américain !

La catastrophe sanitaire.

Plus  de 300 000 cas  à travers le  pays, le virus se répand rapidement. Plus de 1 500 morts dans les dernières 24H, dont 594 à New York où la maladie fait rage et qui compte 4 159 décès sur un bilan total de 9 000, soit près de la moitié. Ces nombres traduisent l’impuissance de l’administration et des services de santé américains. Ils montrent surtout qu’un retard a été pris par Donald Trump au début de la pandémie, qu’il refusait de prendre au sérieux. Pendant plusieurs jours, il n’a cessé de minimiser la gravité du phénomène causé par ce qu’il se contentait d’appeler le « virus chinois », une manière de sous-entendre que la Chine avait organisé la contamination de la planète. Face au désastre annoncé, il a choisi de protéger l’économie qui, il y a encore un mois, se trouvait dans une situation plutôt florissante. Il a donc préféré injecter deux mille milliards de dollars dans l’économie de son pays mais rien pour la protection sanitaire de ses concitoyens. Le président des États-Unis a parié sur le mauvais cheval : compter sur la barrière que constituerait l’infection de 60% de la population comme immunisation naturelle contre le virus, en oubliant qu’il exposait son pays à un bilan catastrophique de  100 000  à 200 000 morts, voire plus. Le  « mauvais rhume » se transforme alors en cauchemar. C’est que les Etats-Unis ne sont pas organisés pour soigner les centaines de milliers d’Américains dont beaucoup seront démunis pour payer leurs soins. Il est probable que le pays manque comme nous de moyens en respirateurs, lits de réanimation,  masques et surblouses médicales. Autre écueil : le pays est très décentralisé, le confinement n’y a été ordonné que dans la moitié des États, alors qu’il s’agit d’une crise évidemment fédérale et, aujourd’hui encore, beaucoup d’Américains n’ont pas vraiment compris qu’ils étaient exposés à une épidémie, de sorte que la discipline du confinement est vécue avec nonchalance.

Le retournement de l’économie.

C’était le point fort de Trump. Mais il a été incapable d’enrayer la chute de la bourse et la brusque montée du chômage (plus de six millions de personnes ont déjà perdu leur emploi). Son autorité et sa crédibilité sont donc atteintes dans un secteur pour lui essentiel : sa capacité à faire tourner l’économie. Dans la course à la Maison Blanche, il ne pourra pas brandir son principal trophée : le plein emploi et la prospérité, et il ne pourra pas faire campagne sur la puissance américaine. Il a beau annoncer maintenant des moments « horribles », organiser avec des méthodes douteuses le ravitaillement de son pays en masques, préconiser le traitement par l’hydrochloroquine dont il veut  tous  les stocks pour les Etats-Unis, le tout dans une surenchère nationaliste insupportable, le roi est nu à sept mois des élections générales. Car, pour la première fois, ses analyses taillées à la hache et ses propos mensongers ne relèvent plus du verbiage sur les réseaux sociaux, mais de prises de position qui auront fait des milliers de morts dont il sera comptable. Du coup sa défaite, qui semblait impossible il y a à peine un mois devient possible. Jusqu’à présent, Trump tenait bon, parce qu’il était attaqué sur sa personnalité et son caractère, son ignorance et son triomphalisme enfantin.  Ses admirateurs voyaient dans ces jugements une manœuvre scélérate destinée à le disqualifier. Aujourd’hui, il doit répondre d’un manque de clairvoyance et de lucidité dont la traduction est déjà « un crime » massif. Peut-être que ses plus fervents partisans qui compteront leurs propres victimes changeront alors d’avis. Si cette crise permettait de montrer la vraie nature de Trump à ses  adorateurs aveugles, de le démasquer au moment où il demande à ses concitoyens de se masquer (sauf lui), ça ne serait pas une injustice.

La  chance de Biden.

L’erreur de  Trump arrive au moment où les démocrates se rallient à un candidat unique, en l’occurrence Joe Biden. Celui-ci incarne ce que les Américains considèrent comme le répit centriste auquel ils pourraient bien se rallier : les admirateurs du « génie » de l’immobilier et ceux qui réclament à cor et à cri plus de justice sociale pourraient fondre leur déception dans le vote pour un homme dont la discrétion va se transformer en qualité première. Joe Biden est parfaitement capable de transférer des financements énormes vers la protection sociale et le niveau de vie, tout en conservant ce qui séduisait tant chez Trump, l’autonomie des États-Unis, première puissance mondiale censée trouver dans sa propre énergie la solution de tous les problèmes. Car il existe quand même une aspiration du peuple américain que Trump a voulu satisfaire à n’importe quel prix et que Joe Biden peut prendre en compte partiellement : c’est la démondialisation. De ce  point de vue, la pandémie du Cov19 arrive  à  point nommé pour faire bouger les lignes. Le changement profond qui se prépare aux États-Unis ne sera que l’un des changements qui vont transformer le monde. Les paradigmes économiques et sociaux seront d’autant plus différents que la gestion trumpiste aura été la caricature de ce qu’un président doit faire pour ses concitoyens.

 

 


RENDEZ-VOUS EN TERRE INCONNUE.

 

Explorateur

Avec la crise du Covid19, nous sommes entrés véritablement en « terre inconnue ». Jamais le monde n’aura connu une telle situation. Des milliards de terriens sont confinés, les  avions ne volent plus, les usines sont à l’arrêt presque partout. La pandémie pétrifie l’économie mondiale et ceux qui résistent encore  comme Bolsonaro au Brésil et Trump aux Etats-Unis, illustrant l’inconséquence du populisme, ne tarderont pas à faire volte-face comme le sieur Boris du Royaume-Uni. « Business as usual » est balayé par  la montée des périls causés par le virus. En 2020, la France sera en récession, la zone euro aussi, et le monde très probablement également. Un PIB mondial dont on ne sait pas de combien il va reculer, c’est du jamais vu, alors que la dette, déjà colossale, elle, explose déjà.

Un monde en « guerre ».

Nous sommes entrés dans une terre inconnue où  les règles tombent, les milliards valsent, les économies sont mises sous cloche, mais où, aussi, les tensions persistent, les affrontements stratégiques perdurent, les concurrences s’exacerbent. La crise sanitaire, derrière les décisions des banques centrales qui se ressemblent, si elle crée l’illusion d’une coordination des puissances mondiales, n’en provoque pas moins un choc économique et financier dangereux pour la stabilité politique d’un monde déjà très éclaté. Une économie de guerre a vu le jour : l’Union européenne a passé par-dessus bord la rigueur du « pacte de stabilité » et les restrictions aux aides d’Etat, et même la vertueuse Allemagne s’est affranchie de sa « règle d’or » budgétaire ; le FED a déclenché pour plus de 1 000 milliards de dollars de rachats  d’actifs, la BCE a emboité le pas avec  un programme de 750 milliards d’euros.  Les  planches à billets tournent à plein régime. Les gouvernements garantissent le crédit aux entreprises, financent les trésoreries des établissements de toutes tailles, reportent les charges, encaissent la facture du chômage  partiel qui flambe… La  cloche du confinement est en « or massif » !  Et l’on découvre des « fronts » inimaginables  comme cette guéguerre pour les masques où tous les coups semblent permis, y compris les plus immoraux. Voilà une denrée qui m’interpelle au niveau du vécu (comme aurait dit mon gaucho de service) : pour quelque chose qui parait-il ne sert à rien, comment se fait-il que tout le  monde  se batte pour s’en procurer ?

Une situation qui incite à réfléchir.

D’abord, parce que les confinés ont le temps,  à la différence des personnels  soignants qui doivent mener un combat épuisant, souvent en faisant face avec des moyens défaillants. Chapeau !  Cette situation nous questionne : certes, il faut préserver l’appareil  productif, il faut  permettre aux chaines d’approvisionnements de fonctionner, et faire en sorte que le maximum d’activités, plus ou moins mises en sommeil puissent redémarrer. Il faudra bien revoir certains modes de fonctionnement : en redécouvrant, par exemple, la vertu des stocks de précaution, et le périmètre de ce qui est stratégique en matière de santé, mais pas seulement. Il va falloir sortir du déconfinement sans provoquer une nouvelle vague de  contamination et concevoir une relance intelligente de l’activité qui ne pourra pas se faire sans l’intervention de l’Etat : entre  l’offre et la demande, quoi privilégier ? La réponse se  trouve dans la  coordination évidente a minima entre partenaires européens,  au mieux au sein de l’OCDE et même du G20.  Ceux qui parlent de la  fin de la mondialisation me semblent de doux rêveurs. Les  économies sont trop imbriquées  comme  la crise nous a permis de le constater pour redémarrer tout seul dans son  coin. 

Etat ou marché ?

Dans la lutte contre  la pandémie, les Etats sont au centre de l’action, trop souvent en ordre dispersés, mais finalement pour prendre  peu ou prou les mêmes décisions.  La  crainte  qu’il faut avoir chez nous, c’est que  l’Etat reste omniprésent bien au-delà de la crise sanitaire.  Bruno Le Maire parle de nationalisations, des voix s’élèvent ici ou  là pour appeler à rétablir l’ISF, faire payer les riches, et élargir encore le  périmètre de ce qui doit échapper au marché, et de dresser la liste des biens et des services qui doivent rester sous contrôle, intégrant non seulement ce qui relève de la  santé mais aussi de notre alimentation et de notre environnement. Une fois la peur du virus passée, on va nous parler de l'amélioration spectaculaire de la pollution pendant la crise, et les appels à la décroissance vont être de plus en plus fréquents. Une chose doit  être bien claire : si l’Etat est légitime en cas de crise pour protéger les  citoyens, son omniprésence ne se justifie plus une fois la crise passée. Et nous avons l’expérience : nous savons  faire jouer les filets de sécurité  de notre protection sociale au bénéfice du plus grand nombre, c’est après que ça se gâte. Notre système est tellement lourd qu’il plombe l’économie et rend les redémarrages beaucoup plus lents que chez tous nos partenaires. Surtout quand des décisions inopportunes viennent tuer notre compétitivité, comme  la charge d’impôts votée en juillet 2012 par Hollande qui nous       a flingué notre économie pendant quatre ans, l’empêchant de prendre le train de la croissance mondiale.

Autre chose devrait aussi nous interroger : comment se fait-il que nos voisins allemands qui n’ont pas un système de santé étatisé soient plus performants que nous (en % rapportés à  la  population) en matière de tests, de lits de réanimation (deux fois  plus) et de capacité hospitalière en général, avec une dépense de même niveau que la nôtre ? Notre gestion hypercentralisée et technocratique n’est-elle  pas à revoir ? Encore une fois, où passe l’argent ? Autrement dit, nous dépensons beaucoup d’argent pour préserver la santé, aussi il serait préférable que la  dépense consentie soit efficace. Manifestement, la crise que nous vivons à ce mérite de  mettre en lumière bien des déficiences, ce qui appelle des améliorations du système de santé, dont l’organisation est  loin d’être idéale.

Le marché et l’Etat sont complémentaires, voilà une règle qu’il ne faudra pas oublier le moment venu,  en ayant une conscience aiguëe des forces et des faiblesses de l’un et de l’autre. Avertissement aussi à ceux qui voudraient en profiter pour imposer une économie encore plus dirigée et  plus « socialisée ».

 


DEBAUCHE DE COM’

Guignol-1

L’épidémie que nous subissons constitue un test concret de la capacité des gouvernants à la combattre. Il suffit de voir les stratégies divergentes d’un pays à l’autre pour s’en convaincre. C’est même un test impitoyable dans la mesure où on peut apprécier presque en temps réel  la performance de ceux qui tiennent les manettes. Chez nous, elle se mesure au bilan que dresse chaque soir le professeur Jérôme Salomon, le Directeur Général de la Santé, égrenant sa liste morbide mesurant l’évolution de l’infection de la population par le virus, en nombre de malades, en cas graves et en décès.  Mais pour morbides qu’elles puissent paraître, les statistiques dont on nous abreuve ont un objectif : même si comparaison n’est pas  raison, elles sont utiles au gouvernement pour lui permettre de nourrir l’opinion publique. Ainsi, le « politique » peut s’en servir pour assurer sa dialectique et orienter sa communication, en donnant l’impression d’être pro-actif, en suivant la réalité.

Symptôme révélateur d’un pouvoir dépassé.

Ce besoin de recourir au « paravent » scientifique qu’ont le Gouvernement et le Président de la République, en s’entourant de « comités » largement mis en avant pour cautionner les décisions prises, peut être reçu comme un besoin de se retrancher derrière l’argument indiscutable fourni par la  science. On peut y voir  le signe d’un pouvoir qui aurait peur d’assumer ses  choix. En fait de "politiques", nous sommes bien en présence de technocrates désincarnés qui nous administrent plus qu’ils ne nous gouvernent. Ce qui expliquerait qu’on ait un exécutif plus suiviste qu’anticipant qui fait déplacer des malades à grands renforts de trains, hélicoptères, bateaux, pour montrer qu’il agit, alors que des cliniques privées à proximité restent vides et l’arme au pied !!!! (TF1 13H, du 1/04) Tout ça pour tenter de donner le change. 

Une épidémie d’abord prise à la légère.

Rappelons-nous les propos de la Ministre de la Santé fin janvier. Ils témoignaient de l’appréciation qu’on avait alors à l’Elysée et à Matignon sur l’improbabilité que la crise chinoise  qui n’en était qu’à ses débuts parvienne jusqu’à nous. Nulle précaution, nulle anticipation alors. Nous campions sur la certitude d’avoir le meilleur système de  santé du monde, de toute façon capable de faire  face si  par nature le virus osait pointer  le bout de son nez chez nous. Nous sommes pourtant le pays qui a inscrit le principe de précaution dans notre Constitution. Cela me rappelle le Maréchal Le Boeuf disant à Napoléon III qu’il ne manquait  pas un bouton de guêtre à ses soldats pour déclarer la guerre à l’Allemagne, en 1870. Ce qui me confirme dans ce jugement c’est l’accident Buzyn.  Déjà, voir la Ministre de la Santé abandonner son poste alors que la crise sanitaire en était aux prémices, pour aller remplacer au pied levé le candidat Griveaux dans les conditions que l’on sait, c’était à la limite surréaliste. Probablement amère du score  pitoyable qu’elle a obtenue, elle en a rajouté  dans une interview dont les propos laissent rêveurs, pour affirmer qu’elle avait alerté l’exécutif  du péril qui s’annonçait.  On avait donc bien pris du retard dans la mise en place du dispositif de lutte contre une pandémie déjà en route.

Déluge verbal présidentiel : la verbigouvernance.

Cette grille de lecture nous permet de comprendre l’enchaînement des actions gouvernementales à partir de la fin de la première semaine de mars : prise de parole solennelle de Macron  le 12 mars, annonçant la fermeture  des écoles à partir du 16 mars, irruption de Philippe au 20H le 14 mars, veille des élections pour annoncer la tenue des élections mais la fermeture de tous les commerces sauf de ravitaillement, dès le soir même, puis à nouveau Macron le 16 mars pour annoncer  les  deux premières semaines de confinement. Cette  avalanche de décisions témoigne d’une précipitation et  tombe sur une France insouciante qui n’y comprend rien, continue de se promener et de profiter du soleil printanier. Il faudra  le confinement strict pour que la prise de conscience ait enfin lieu. Il faudra du temps  pour s’apercevoir qu’il est justifié avant tout par une pénurie …  de tout : de  masques, de tests, de gel hydro-alcoolique, de respirateurs, de personnels  soignants. On découvre alors que nous sommes  « verbigouvernés ». On parle  beaucoup pour occulter une réalité sur laquelle on ne peut plus que faire semblant d’agir. Alors, Macron nous soule !  Il est partout, se déploie sur le terrain, à la Salpétrière, à Necker, dans un Ehpad, se métamorphose en chef de guerre en pérorant devant un hôpital militaire pour le symbole.  Mais enfin,  est-ce son rôle ? Tout ce qu’il annonce il l’a déjà dit à d’autres et multiples occasions.  Le Premier Ministre n’est pas  en reste qui doit prendre  une heure et demie à la télé  vendredi dernier pour faire  le tour par le menu de tout ce qui a été entrepris, aréopage de scientifiques à l’appui, pour la fiabilité. Peur que la sienne ne suffise pas ?

Sondage cruel.

L’exécutif donne l’impression de courir après le temps perdu. On découvrira un jour qu’on aurait pu peut-être faire autrement. Au moins au passage, Roselyne Bachelot et ses millions de vaccins contre  la grippe  H1N1 se sera vue réhabilitée par ceux-là mêmes qui l’avaient pendue haut et court à l’époque. Nos gouvernants  courent surtout après leur crédibilité.  Car si certains sondages  (Harris par exemple) semblent montrer une certaine cote de l’exécutif, le sondage approfondi publié par le Figaro mardi dernier est impitoyable et exprime une confiance en chute libre :  69% des Français pensent que l’action du gouvernement n’est pas claire, 70% qu’il ne dit pas la vérité, 75%  qu’il n’a pas pris les bonnes décisions, 75% qu’il n’a pas fait ce qu’il faut pour équiper  les hôpitaux, 79% qu’il ne sait pas où il va, 88% qu’il aurait dû décider le confinement plus tôt… D’où la tentation d’occuper  les médias pour noyer la communication et empêcher l’opposition de s’exprimer, avec un Premier Ministre  venant lui aussi régulièrement à la télé, un Ministre de la Santé donnant le compte-rendu précis et quotidien de la situation et une porte-parole zélée qui accumule les  bourdes ! Sauf que l’efficacité du verbe présidentiel est indexée sur sa solennité. A se prononcer sur tout et à se répéter sans cesse, Macron le banalise : imagine-t-on le Général  De Gaulle s’adresser à la nation pour annoncer qu’il a commandé un milliard de masques ! Il a encore parlé pour ne rien dire (de plus), entends-je autour de moi. Et le fait d’appeler sans cesse à l’union nationale est la preuve la plus certaine qu’elle n’est pas réalisée, car réitérer une consigne trahit toujours l’insuffisance, sinon l’échec de son application.  

Vous l’avez compris, la débauche de com’ c’est le signe le plus tangible que le pouvoir est désemparé. Pas certain qu’il sauve les meubles de cette façon.

 


LE CONTRE-COUP ECONOMIQUE

Baisse des charges bis

La crise sanitaire a mis la France quasiment à l’arrêt.  Le fait qu’elle ne soit pas toute seule dans cette situation est une piètre consolation. En plus, nous devons être bien conscients que le  confinement ne résout pas le  problème et la propagation du virus menace de flamber à nouveau dès qu’on lèvera le couvercle. Même si on  peut espérer un affaiblissement de la pandémie, l’urgence tient dans la solution qu’apportera la médecine qu’il s’agisse de  médicament ou de vaccin. De l’évolution qui suivra dépend en effet  l’importance du contre-coup sur notre économie, sur celle de nos partenaires et évidemment  sur l’économie mondiale dont les deux plus gros PIB sont aujourd’hui en apesanteur : la Chine et  les  Etats-Unis. Tout  dépendra donc de notre capacité  collective  à bloquer la  pandémie.

Pour évaluer l’ampleur de  la crise économique à laquelle nous somme d’ores et déjà confrontés, j’ai croisé le  regard de quatre experts économiques et financiers : Nicolas Bouzou, Marc Fiorentino, Jean-Pierre Robin (Le Figaro), et Eric Le Boucher (Les Echos).

La crise est-elle de même nature que celle de 1929, comme l’affirme Bruno Lemaire ?

Le consensus est établi : tout le monde est d’accord pour affirmer que nous sommes en face d’une crise qui ne ressemble en rien à celle de 1929,  pas  plus qu’à celle de 2008. Pour JP. Robin comme pour Marc Fiorentino, il ne faut pas s’étonner de l’effondrement des  marchés financiers. Une correction était attendue de toute façon après près de 10 ans de croissance continue des indices. Ce qui frappe précise Marc Fiorentino, c’est l’ampleur de la chute, près de 40% à Paris, passant de 6117 au plus haut à 3632 points au plus bas, et sa rapidité, qui fait que le krach ne ressemble à aucun autre. Mais, il n’y a pas d’explosion du système financier ni de crise de l’euro comme  en 2008. Ce  qui frappe aussi,  c’est que c’est l’économie mondiale qui est pratiquement à l’arrêt.

De quels moyens dispose-t-on pour contrer les effets  de la crise sanitaire ?

Il faut bien comprendre que nous ne sommes pas dans une crise de surproduction. C’est la crise du "Covid 19" qui a obligé à arrêter certaines activités et à réorganiser le travail,  avec une partie importante de la main d’œuvre en chômage partiel ou total du fait du confinement. Celui-ci touche 10 à 20 millions de salariés, d’indépendants et de patrons de PME souligne JP Robin. Marc Fiorentino décline les secteurs touchés : le tourisme, l’événementiel, la restauration, le bâtiment,  mais aussi les startups  en phase de décollage encore fragiles financièrement. Pour éviter des conséquences dévastatrices et garder un maximum d’entreprises viables, on a assisté  à une intervention rapide et  massive des banques centrales. Car le choc est violent : l’Insee a mesuré que notre économie ne tourne plus qu’à 65% de son PIB (200 milliards/mois), soit un trou de 140 à 150 milliards d’euros si l’arrêt se prolonge sur deux mois. Tout le monde fait le même constat : 3 points de PIB par mois, c’est tenable sur une courte période. Pour Eric Le Boucher, même appréciation, les milliers de milliards qui se déversent sur les  économies parient sur une parenthèse brève. Il s’agit de sauvegarder intact le tissu économique. Pour JP Robin, comme pour Marc Fiorentino,  le choc paraît surmontable : la BCE a débloqué 750 milliards d’euros pour les 19 pays de la zone euro, ce qui représente 6% du PIB de la zone euro (12 500 milliards). Le patrimoine de la France en fait un pays dont la richesse immobilisée (tout compris) est de 15 482 milliards d’euros  et les Français détiennent 350 milliards sur leurs comptes en banque non rémunérés… De fait, le déficit budgétaire et la dette passent au second plan, explique Marc Fiorentino. Eric Le  Boucher met un bémol : il rappelle que les dettes publiques et privées étaient déjà excessives avant le déclenchement de  la crise et représentaient 225% du PIB mondial. Donc tout grain de sable dans la machine risquerait de faire remonter les taux d’intérêts qui déclencheraient alors une catastrophe mondiale. Mais l’arrosage est conséquent : Berlin décaisse 500 milliards contre 60 en 2008, Paris 300 milliards contre 50. Bref, les banquiers mondiaux et les chefs d’Etats ont voulu anticiper la crise  économique. Qui paiera ? personne ne sait. En fait ce sont les banques centrales qui vont détenir les dettes des Etats qui eux-mêmes les contrôlent. Ce n'est pas le sujet pour le moment.

Quels scénarios pour la suite ?

Pour Nicolas Bouzou, la baisse du PIB était inévitable. Marc Fiorentino aurait préféré que les bourses soient fermées pendant la période pour éviter des transactions hors sol. Tout est faussé pour les  marchés, et il faut à tout prix éviter les mouvements irrationnels à la fois pour les entreprises et pour les épargnants. Autrement dit éviter que l’on perde beaucoup d’argent inutilement. Il se veut rassurant concernant les banques et les assurances : aucun risque d’effondrement de ce côté-là, selon lui. Le consensus se fait sur un rebond rapide et fort, probablement en septembre. Mais une reprise forcément progressive dès la fin de l’épisode épidémique, qui dépendra largement de l’environnement international. La reprise de la consommation sera rapide dans un premier temps, grâce à un effet euphorique et de rattrapage sur une demande interne inhibée par le confinement et le climat anxyogène. Le reste repartira  plus lentement à cause d’une demande externe amoindrie pour de nombreuses raisons, fermeture des frontières, remise en route de  la production qui ne se fait pas d’un claquement de doigts… Nicolas Bouzou dessine trois actions à mener par la France et l’Union européenne pour accompagner le rebond : les outils digitaux que nous avons utilisés et qui se révèlent indispensables pendant la  crise doivent faire l’objet d’une reprise en main industrielle par l’Europe afin d’avoir elle-même ses géants du numérique ; le télétravail devra continuer et être encouragé comme une nouvelle forme d’organisation et de gestion du temps de travail ; enfin il ne faudra  pas  contrarier le climat d’euphorie accompagnant la reprise par des décisions politiques inadéquates par exemple de fiscalité ou des réformes anxyogènes …  Marc  Fiorentino imagine un redémarrage en U probable, avec remontée progressive de l'activité  mais privilégie l’hypothèse d’une reprise en W pour tenir compte des décalages internationaux inévitables : redémarrage fort suivi d’une nouvelle rechute puis d’une nouvelle reprise, parce que de toute façon il faudra que ça reparte d’une manière ou d’une autre. Tout  dépendra de la manière dont réagira  l’économie US. Sans compter qu’à l’automne les Américains voteront pour élire le président.

En attendant …

L’arrêt de l’économie est une réalité.  Des statistiques vont le mesurer avec leur cortège de chiffres sur le chômage, la croissance, etc  …  dont il ne faudra pas trop tenir compte parce qu’ils seront forcément provisoires. Il émerge une certitude : l’économie repartira. Malgré le déversement de  milliards de liquidités, il n’y a pas trop à craindre non plus une hyperinflation.  Nous subissons un tel choc déflationniste avec une économie  mondiale à l’arrêt, auquel il faut ajouter la guerre du pétrole et les cours très bas des matières premières, que la masse des liquidités n’est pas susceptible de faire monter les prix.  Par contre, tempère Eric Le Boucher, le climat international sera primordial, il espère une coordination internationale aussi forte que possible (G7, G20, UE, OCDE…) pour que les marchés ne paniquent pas. Pour lui, le plus grand danger viendrait des poussées nationalistes ou populistes qui empêcheraient une réponse mondiale organisée.

Vous l’avez compris, l’année 2020 ne sera pas une sinécure pour les gouvernants. Pour  Macron, on peut dire que la fin de son quinquennat est chamboulée, avec une année 2020 qu’on peut déjà mettre entre parenthèses et une stabilisation du pays au mieux à l’horizon de la fin du premier semestre 2021… et à l’automne commenceront les « hostilités » de la campagne présidentielle de 2022 ! (si elles ne démarrent pas avant).

 


SUR LES RESEAUX DECHAINES…

Internet

 

Quelques nouvelles lues ici ou là …. Bien évidemment, le  virus se taille la  part du lion.

Coronavirus 1 : une enquête a permis d’établir que le pangolin n’y était pour rien (Le  club des Echos). Nous voilà rassurés.

Coronavirus 2 : le Prince  Charles  est contaminé. Quelle époque !  Même les virus ne respectent plus rien !

Coronavirus 3 : Après sa démission du conseil scientifique de Macron, « le Professeur Raoult est-il le De Gaulle du Covid 19 ? » se demande l’Obs. Nouvelle version de « j’ai raison seul contre tous ! ».  Espérons qu’il supporte la comparaison avec le Général.

Conoravirus 4 : le côté obscur de  la force. Alors que les Français applaudissent les soignants tous les soirs à 20H, des « bas de plafond» se permettent d’ostraciser des infirmiers ou des soignants qui habitent leur immeuble en leur demandant avec insistance d’aller vivre ailleurs, pour ne pas être contaminés. Honteux !

Coronavirus 5 : la  crise sanitaire aura des conséquences sur la croissance. Récession : 3 Points de moins de PIB pour Bruno Le Maire, si le confinement dure un mois ;  6 points de  moins pour l’Insee si le confinement dure  deux mois. Cohérent. Qui peut me dire combien de  points en moins si le confinement dure trois  mois… ?

Coronavirus 6 : Un constat impressionnant. Depuis le confinement, l’air est  plus  respirable dans les  grandes villes  et  particulièrement à Paris. CQFD. Pourvu que ça ne donne pas  des idées à Hidalgo. Je parie qu’on ne va pas tarder à nous annoncer aussi un record triomphal de moindre  mortalité sur les routes.

Coronavirus 7 : Je lisais naguère que  nos savants qui explorent la galaxie comprenaient mieux les « trous noirs ». Ils n’ont pas vu que nos maisons de retraite seraient le trou noir de l’épidémie (L’opinion). Trop proches, certainement. 

Coronavirus 8 : Des masques moisis auraient été livrés à des soignants à la Réunion. Très regrettable ! On ne peut pas croire que ce soit la durée du voyage, même par bateau, qui en soit la cause. Or plaisanterie, la question reste posée : « Où sont passés  les masques ? » Nos  policiers ont dû donner les leurs aux hôpitaux, alors qu’ils sont en première ligne pour faire respecter  le  confinement….

Boulet : « On ne va pas  demander aux enseignants qui ne travaillent pas de traverser toute la France pour aller ramasser des fraises ! » Je traduis : «  On en va quand même pas demander aux fainéants de bosser un peu ! ».  Les enseignants qui s’échinent pour trouver des solutions avec internet pour faire cours auront apprécié. De qui est la boulette ? Eh oui, gagné, c’est Sibeth. A croire qu’elle a été élevée au jus d’Hanouna.

Carnet mondain : Meghan et Harry vont parait-il quitter leur manoir de  Vancouver au Canada. Ils hésitent entre la Californie et l’Angleterre pour se poser après le « Megxit » du 31 mars.

Air du temps : « l’Internaute » propose 40 lieux pour se sentir seul au monde ! Le site ne précise pas si c’est loin des virus.

Edition : finalement c’est Stock qui publiera l’autobiographie de Woody Allen.

Pas sortis de l’auberge : on connait le « conseil scientifique » chargé de conseiller Macron. Le président de la République a installé cette semaine un nouveau "comité de chercheurs" pour accompagner le gouvernement dans le choix de sa stratégie de sortie du confinement imposé à la population depuis le 17 mars. Notamment en explorant le potentiel des outils numériques et des données de localisation. Le confinement risque de durer longtemps : le temps qu’ils étudient toutes les hypothèses et testent les solutions !

Aïe : Cyril Hanouna prépare une émission TPMP de 48h en direct de son domicile ! 

 


ENFIN LA GAUCHE UNIVERSALISTE SE REVEILLE !

Gauche contre lumièresGénération offensée

La  gauche la plus bête du monde.

J’avais fini par penser que notre gauche française était devenue la plus bête du monde. Autrefois, c’est ce qu’on disait de la droite. Pour moi, la gauche défendait le progrès, l’universel et la raison, l’héritage des Lumières constituait un corpus idéologique incontournable, surtout pour les tenants de l’émancipation. C’est pourquoi, bien qu’attaché aux valeurs de la droite à travers la conservation et le sentiment religieux, j’ai longtemps campé aux confins de la droite modérée et de la gauche sociale,  dans un centrisme qui me semblait au carrefour de ces idéaux nobles. Mais force est de constater, qu’aujourd’hui, c’est la droite qui défend la laïcité et la liberté de pensée (ou de penser), tandis que ceux qui autrefois pendaient les curés me semblent regarder la religion des nouveaux damnés de la Terre (l’Islam) avec une grande complaisance et se font les pourfendeurs impitoyables de ceux qui ne pensent pas comme eux en interdisant certaines œuvres… Et je dois dire que jusqu’à maintenant, j’avais le sentiment que le communautarisme leur avait fait abandonner définitivement le terrain de la pensée universelle.

La gauche contre les Lumières.

Le reniement vient de philosophes français, adeptes de la pensée critique tel que Deleuze et surtout  Foucault, qui ont scié, j’allais dire « sciemment », la branche des Lumières sur laquelle la gauche était assise, déconstruisant la possibilité de toute norme commune, au point qu’à leurs yeux, il ne parait pas choquant qu’on réduise un discours à l’identité raciale, ou de genre, ou sociale, de celui qui l’énonce. Ce reniement de l’universalisme conduit cette gauche, généralement bobo, « cul-cult » tant elle infeste les mieux de la culture, à s’emparer de la « morale et de l’identité » pour se permettre de censurer à tout va.  Plus d’appropriation culturelle possible, cette gauche dite « intersectionnelle » veut empêcher toute utilisation d’un élément provenant d’une culture minoritaire par un artiste dit « occidental », par définition le  grand méchant, de préférence « blanc » et « hétérosexuel ».  Ainsi on interdit Eschyle à la Sorbonne sous prétexte de « blackface », ainsi le « Hijab Day » à Sciences Po,  autant de cas qui nous montrent qu’au logiciel des lumières on veut substituer celui de l’obscurantisme. Ces gentils « millenials » qui n’ont connu ni l’esclavage, ni la colonisation, ni la déportation, ni les goulags du stalinisme, s’offusquent de l’introduction de  plats asiatiques dans les cantines, ridiculisant la notion d’antiracisme. Ces  procureurs vont jusqu’à compter les Noirs dans la salle de  la cérémonie des Césars pour alimenter leur thèse victimaire.

Une saine révolte.

Cela fait  bien longtemps que les intellectuels de droite  sont l’objet de moqueries quand ce n’est pas de cabales médiatiques quand ils dénoncent les mêmes dérives ou défendent la laïcité (c’est pour cacher un racisme anti musulman).  C’est donc avec un certain soulagement, pour ne pas dire bonheur, qu’on entend des voix s’élever à gauche. Deux coups de gueule salutaires :  celui de Stéphanie Roza, chercheuse au CNRS, avec la publication de « La Gauche contre les Lumières », dans lequel elle  explore avec précision les racines intellectuelles de ce reniement qui s’est épanoui particulièrement au sein des « sciences sociales » ;  celui de Caroline Fourest, « Génération offensée », dans lequel l’auteure bien connue pour sa défense de la laïcité et de l’égalité des femmes, s’en prend avec son style polémique cher à Charlie Hebdo, à cette « gauche moraliste et inquisitrice » dont elle fustige les manifestations grotesques. Deux ouvrages qu’il faudrait assurément lire. Toutes les  deux ont le courage et la lucidité de penser librement. Il est grand temps que des voix se réveillent à gauche pour contrer une radicalisation idéologique qui, de soirée des César en délires universitaires où l’on interdit des conférences, menace la vie de l’intelligence, transformant les lieux de savoir et de tolérance en lieux de terreur. Elles viennent renforcer le combat d’un Jacques Julliard qui se demandait récemment « où était passée la gauche ? ». Ouf,  la vraie gauche, celle issue de la révolution et des Droits de l’Homme et du Citoyen, celle de Mirabeau, celle de Jaurès,  celle de Georges Marchais quand il oubliait Marx pour rendre hommage à Descartes, celle de Michel Rocard…  n’est pas morte ! La gauche relativiste, communautariste et « déconstructiviste » va devoir affronter la guerre alors qu’elle se croyait en terrain conquis. Ce n’est pas la droite qui se plaindra. Pour défendre les Valeurs Universelles sur lesquelles sont fondées celles de la République, on ne sera jamais trop nombreux.

 

« La Gauche contre les Lumières », Stéphanie Roza, Fayard.

« Génération offensée », Caroline Fourest, Grasset.

 


LA LIBERTE COMME REMEDE A NOS MAUX

Baverez Le-monde-selon-Tocqueville

 

Une drôle d’expérience.

Je sais que le titre de cet article fait un  peu provocation par rapport à la situation de confinement que nous vivons et qui est, je l’espère, temporaire. Je profite du temps  dont nous disposons tous pour approfondir la réflexion sur notre devenir, celui de la France et de l’Europe. Car la crise sanitaire, en  mettant notre économie quasiment à l’arrêt et en ouvrant toutes grandes les  vannes des « liquidités » pour financer, ne va pas vraiment arranger les choses. Déjà, Macron a annoncé que plus rien ne serait comme avant : « Il nous faudra demain, tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties ». C'est que cette crise va provoquer une accélération de la mutation structurelle de l'économie, vers une croissance plus faible, voire vers la décroissance, avec ses effets dévastateurs, comme le chômage.… Les « « millenials » remettent en question depuis longtemps notre modèle, ils remettent en cause la surconsommation, responsable selon eux de la destruction programmée de la planète. Et Macron semble vouloir aller dans leur sens et se refaire une santé avec la  « croissance durable » !  Un débat sur lequel nous aurons l’occasion de revenir. Déjà on se demande bien comment, sans croissance, on pourrait rembourser la dette abyssale à laquelle on va parvenir. « Hélas, c’est là qu’est l’os ! », et je parie qu’on va nous ressortir les balivernes marxistes habillées en vert. Le sujet, c’est donc bien « la liberté ».

Actualité de Tocqueville.

Le seul remède efficace à nos maux, c’est la liberté, selon Tocqueville. Nicolas Baverez, dans un livre lumineux qu’il faudrait lire, « Le Monde selon Tocqueville », refait le chemin pour nous. La  pensée de l’auteur de « De la démocratie en Amérique », disparu il y a cent soixante ans, n’a jamais été aussi  pertinente. Et les temps que nous vivons mettent vigoureusement à l’ordre du jour la pensée « tocquevillienne ». Elle nous permet de comprendre la crise que traversent nos démocratie minées par le désengagement de citoyens individualistes et la  tentation de dérives autoritaires. A travers le recueil de l’œuvre de ce démocrate de raison, de larges extraits sélectionnés et classés par thème par Nicolas Baverez, on découvre « la plus formidable –et toujours actuelle- analyse du système démocratique, de ses bienfaits et de ses limites » nous explique Daniel Fortin dans Les  Echos. L’analyse des faiblesses françaises telles que centralisation excessive, religion de l’impôt, préférence  pour la radicalité politique, est d’une étonnante actualité.  Il montre aussi à quel  point  la passion des hommes pour l’égalité, si française, peut se retourner contre la démocratie et dégénérer en despotisme. On y retrouve les traits de notre histoire : besoin de sécurité, culte de l’homme providentiel, haine sociale (envers la noblesse hier, les riches aujourd’hui), et qui constituent les failles dans lesquelles n’importe quel régime peut sombrer. En ce début  de 21ème siècle, au moment où le monde connaît une crise de la démocratie d’une ampleur inédite,  jusqu’au sein même des Etats-Unis, l’acuité de la vision de Tocqueville parait inouïe.

Petit détour en philosophie.

Nicolas Baverez décrit avec précision ce qu’il appelle « le krach démocratique », thème qu’il reprend en plus approfondi dans son ouvrage récent « l’Alerte démocratique » (dont j’ai fait le résumé dernièrement), et démontre à quel point la lecture de Tocqueville, qui avait tout prévu, peut  permettre d’y faire face. Mais qui est donc cet Alexis de Tocqueville, auteur si peu connu en France alors qu’il  est respecté aux Etats-Unis, et dont les écrits sont subitement devenus à la mode ? Aristocrate de cœur, Tocqueville dérange par son caractère inclassable. Il  est trop  libéral pour les monarchistes et les conservateurs, et trop  aristocrate pour les Républicains. IL  n’appartient à aucun parti ni aucune école de pensée. S’il est considéré aux Etats-Unis c’est grâce à la  puissance de son analyse sociologique et politique. Il n’est ni un prophète ni un doctrinaire, mais un historien et un sociologue et la démocratie n’est pas à ses yeux une cause à défendre mais un état de la société qui peut conduire soit à la liberté, soit au despotisme. Il perçoit avec lucidité à la fois la force du mouvement vers la démocratie que suscite la passion de l’égalité et en même temps les risques de dérives tyranniques ou de désengagement des citoyens qui  peuvent  l’accompagner. Il se reconnait dans les droits de l’homme et les défend en dénonçant le destin tragique fait aux Indiens, en s’engageant pour l’abolition de l’esclavage ou en critiquant le racisme de Gobineau. C’est la liberté qui le conduit à la démocratie et au libéralisme sans renoncer au lien fondamental entre la liberté et la justice et  à l’attachement aux contre-pouvoirs, eux-mêmes antidotes de  la  tyrannie. Pour comprendre que le lien n’est pas évident, le paradoxe historique entre l’Angleterre et la France au XIXème siècle peut nous éclairer : l’Angleterre conservatrice a acclimaté la liberté politique en restant une société de classes alors que  la France révolutionnaire a liquidé la société aristocratique sans parvenir à fonder une démocratie stable, oscillant sans cesse entre le chaos et le césarisme. En résumé : le mouvement vers l’égalité des conditions, s’il est irrésistible n’en dicte pas  pour autant ni les institutions ni le destin des hommes. Chez Tocqueville, la  liberté est la valeur suprême, un mode d’organisation du pouvoir et un principe d’action.  C’est avec cette conception que nous devons impérativement renouer !

Marx est obsolète.

Raymond Aron a éclairé  dans « Essai sur les libertés » les rapports entre la liberté et le développement de  la société industrielle à la lumière des conceptions de la démocratie de Tocqueville et de Marx, ainsi que de l’opposition entre libertés formelles et  réelles. Il montre la supériorité de Tocqueville pour qui la liberté politique, loin d’être formelle, est la question centrale, sur Marx qui voit dans l’exploitation la loi du capitalisme et dans la révolution la condition de l’établissement d’une démocratie authentique. L’histoire du XXème siècle a confirmé ce jugement : pendant que le capitalisme a su se réformer et les sociétés occidentales conjuguer la protection des libertés individuelles avec un haut degré de prospérité et de solidarité, le « soviétisme » a cumulé la  suppression de toute forme  de liberté avec la paupérisation des masses et des inégalités maximales. Ce qui amène Jacques Julliard (certes de gauche mais sans jamais avoir été marxiste) à se poser la question sur son carnet : « Pourquoi Tocqueville  nous est-il si utile, alors que Marx  nous tombe un peu des mains ? ». Pour lui, l’anthropologie marxiste est aujourd’hui une misère. Marx avait donné à la question sociale la dignité d’un problème philosophique majeur. Mais on sait ce que la pratique bolchévique en a fait.  Pire, le  bobo « éclairé » et truqueur d’aujourd’hui a pris la place du prolétaire, le sociétal s’est substitué au social, la lutte contre les discriminations remplace la lutte des classes et « l’intersectionnalité » tient lieu « d’Internationale ». « Les belles âmes occidentales ont leurs pauvres : les musulmans…. » précise Jacques Julliard. Pour lui, Marx, qu’il faut ranger parmi les grands penseurs humanistes de l’Occident, est devenu « inutile et incertain » parce que sa vision de l’homme, son anthropologie sociale est d’un simplisme redhibitoire, tandis que la vision de Tocqueville est d’une vérité  criante. L’opposition repose sur un clivage déterminant : le premier,  influencé  par les libéraux, pense que les hommes sont dominés par leurs intérêts, alors que le  second fait  une place essentielle aux passions. Vaste débat, mais tellement actuel. Le  duopole libéralo-marxiste est mort. Nous n’avons envie ni de la dictature du prolétariat ni de l’intérêt individuel bouffi d’envie et de consommation érigé en principe pour défendre l’autoritarisme et le despotisme politique. C’est en cela que Tocqueville nous éclaire : face à  l’économisme réducteur, il affirme l’autonomie du politique et chante la gloire de la démocratie tout en dénonçant les déviations que constituent la tyrannie de la majorité (suivez mon regard), l’individualisme exacerbé qui laisse chaque citoyen isolé et dépendant à la merci d’un Etat tyrannique et protecteur. Nous nous voyons assignés à résidence par lui selon le sexe, l’origine ethnique, la couleur de peau, en une véritable régression déterministe et racisante (Merci Marlène et Sibeth). Cette mise en tension permanente de la société promeut le populisme. Et voilà le message : la  démocratie ne saurait fonctionner sans le concours de libres associations de citoyens : partis, syndicats, associations, amicales, etc., fondées sur le volontarisme et le consentement, et aussi sans des  pouvoirs déconcentrés dans les différents niveaux de collectivités.

La démocratie n’a  pas encore perdu ! Militez les amis ! C’est plus que jamais nécessaire !

 

 


SUR LES RESEAUX DECHAINES…

Internet

 

J’ai relevé quelques informations au fil des messages reçus qui investissent la toile. Il y en a pour tous  les  goûts… Et  encore, je me suis contenté d’être un récepteur passif.  Je ne suis allé chercher aucune des infos que j’ai sélectionnées, elles sont venues à moi… A l’insu de  mon plein gré comme aurait dit l’autre.

Dangereux !  Le citron vert peut vous brûler la peau, si, si  ; quant à l’avocat il est à l’origine de nombreuses coupures de la  main, souvent profondes.

Milliards : oui, des  milliards qui vont pleuvoir, vous ne rêvez pas. La BCE (Banque Centrale Européenne) bascule dans les milliards sans limite. C’est « l’argent hélicoptère » pour les  entreprises et bientôt pour le pouvoir d’achat des particuliers… La Reine Christine a répété comme Macron : « Quoi qu’il  en coûte ! »

PQ contre FM : Alors que les Européens s’arrachent le papier toilette (on ne sait toujours pas pour quoi faire), les Américains se ruent sur les armes !!!! Si c’est pas une différence de culture, ça ?

Game of Thrones :  bon,  on va  avoir un tome 6 !  George RR Martin, confiné, a décidé de s’occuper en s’y consacrant.

Drôles de drones : la police espagnole utilise des drones pour gronder les citoyens qui ne respectent pas le confinement. Ils ne verbalisent pas encore, mais ça pourrait venir !

Toute  petite : il y en a qui se préoccupent de la taille des  stars.  On sait que Céline Dion est  grande. Mais combien mesure France Gall ? Seulement 1,50 m, comme Mireille Mathieu.  On n'aurait pas dit. Ce qui fait 3 cm de plus seulement que la môme Piaf !

Ecologie : Pendant que le Covid 19 nous fout la trouille et nous met aux arrêts (de rigueur), la fonte des glaces continue et s’accélère au Groenland et en Antarctique. C’est inquiétant, parce que lorsque la banquise fond, le niveau des mers ne monte pas, mais quand c’est de la  glace continentale, il n’en va pas de même. Rien que le Groenland pourrait faire monter le niveau de 9 m : si vous avez un appart au bord de la mer  …

Trump looser : il n’a pas  vu l’épidémie venir. Après avoir pris le coronavirus à la légère, le voilà qui est obligé de déclarer l’Etat d’urgence, mais trop tard  pour enrayer la pandémie. Du coup, c’est la faute aux Chinois ! Superman a perdu sa panoplie.

Amazon : la crise fait les choux gras du vendeur en ligne. Parmi les 100 articles les  plus vendus, les piles (pour les manettes de consoles), les  cahiers d’écriture,  le  Monopoly ( tiens donc) et bien sûr, les jeux vidéos…

3J :  ça tombe mal  pour la traditionnelle opération des Galeries Lafayettes.  Les  3J vont bien avoir lieu ce week-end mes uniquement sur le site Galerieslafayettes.com. Moins fun !

Chauffe sur le net : les réseaux sont durement sollicités entre toutes les  activités de télétravail, les loisirs et les cours scolaires. La question qui se  pose, s’il faut arbitrer pour libérer de la place sur la bande passante, que faut-il choisir entre le CNED et Youporn ? (On trouve cette question dans Les Echos)

La question du jour : « mais où sont passés les masques ? »

Hot : « Absolu féminin » propose la  position « hot » du vendredi.  C’est « l’arc de triomphe ».  Conseil pour les curieux : il faut être souple … (Je serais curieux de savoir combien vont aller voir !)

 


L’ALERTE DEMOCRATIQUE

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Puisque confinement il y a, il faut bien s’occuper. La  lecture est un bon passe-temps et c’est le  moment de mettre à exécution les intentions souvent repoussées parce qu’on a mieux à faire.

Le dernier ouvrage de Nicolas Baverez est dense. L’auteur s’inquiète de l’explosion populiste, mais pas seulement. Nos démocraties libérales peuvent-elles mourir ? La réponse est « oui ! ». Dans un style parfois aride mais jamais abscons, l’auteur procède par constats implacables, qu’il s’agisse d’énoncer ce qui est grave ou déplaisant ou au contraire ce qui permet d’espérer. C’est un fin analyste des  phénomènes économiques et sociaux et de leurs conséquences politiques. La  formation de l’énarque le conduit à catégoriser et à énumérer les faits avec une logique imparable.  Mais l’humanisme du normalien qui a lu Tocqueville (et en a fait un livre paru récemment) n’est jamais loin. Voilà un prochain sujet de réflexion tout trouvé pour le bloc-notes, puisque  Nicolas  Baverez rejoint Jacques Julliard qui titre l’un de ses articles sur ses « carnets » :  « Obsolescence de Marx, actualité de Tocqueville ».

Une grave crise de la démocratie.

« La démocratie reste très  minoritaire dans le monde. Elle  est prise sous le feu croisé de trois menaces : l’Islam politique qui a partout échoué sauf en Iran où le régime des  mollahs est très contesté, les démocratures qui ont le vent en poupe avec l’exportation du total-capitalisme chinois, et le populisme qui corrompt la démocratie de l’intérieur et constitue le plus grand danger. » Il faut insister sur le ou les « populismes » qui portent, selon Nicolas Baverez, un projet destructeur pour la liberté politique et on en voit l’émergence avec la  « démocratie illibérale »  comme en Hongrie.  On en sous-estime le caractère pernicieux. Celle-ci cantonne l’intervention des citoyens aux élections qu’elle manipule et récuse les contre-pouvoirs, l’Etat de droit, le pluralisme, le respect de la minorité. Deux exemples doivent nous inquiéter : Donald Trump et Boris Johnson. Et l’Europe est au coeur du sujet car elle est la cible privilégiée.

Le produit d’une double rupture économique et sociale.

La crise  de 2008 a été un accélérateur : le krach du capitalisme mondialisé s’est transformé en krach de la démocratie dans la décennie qui a suivi, bien que les ruptures soient plus anciennes. En cause la révolution numérique et la mondialisation qui ont provoqué une polarisation excessive des richesses, la stagnation des revenus pour la majorité de la population et la marginalisation de pans entiers de la société et du territoire, par l’explosion des inégalités. A cela il faut ajouter les  données  proprement politiques liées à l’indigence des gouvernants tels que le désarroi identitaire face au renouveau migratoire, au défi islamiste, à la montée de la violence. Sans parler de la volonté de la Chine de dominer  le monde à l’horizon 2049. Mais le krach de 2008 a été aussi celui du capitalisme de « bulles » et des vices économiques qu’il avait générés comme les  « subprimes ». Il cumule aujourd’hui croissance faible, gains de productivité nuls, dette dont le stock atteint 300 000 milliards de dollars et inégalités record. Un modèle insoutenable. Il faut sortir du capitalisme de rente pour retourner à un capitalisme d’innovation qui remette en ligne le capital humain, financier, culturel et environnemental.

La France a la démocratie la  plus corrompue (malade).

Il ne s’agit pas de la corruption des personnes. Pour Nicolas  Baverez cela veut dire qu’on assiste à une décomposition intérieure par la démagogie. La  France est avec l’Italie, le pays d’Europe le plus exposé à cette dénaturation de la démocratie. Notre pays cumule 40 années de décrochage avec en plus l’onde populiste qui parcourt l’Europe depuis 2016. Et il est particulièrement exposé à cause de son modèle  de développement insoutenable qui associe 1% de la  population mondiale, 3% de la production et 15% de transferts sociaux de la  planète sur fond d’une dette publique qui a dépassé 100% du PIB. La  société est vulnérable avec  la  montée du communautarisme et de la violence alors que les institutions de la Vème République cumulent l’impuissance à réformer et l’étatisme. Quand l’Etat est bien dirigé et le citoyen prospère, tout va bien. Aujourd’hui rien ne va plus parce que l’Etat est paralysé et surendetté et le citoyen atomisé et paupérisé,  livré à des peurs souvent irrationnelles. Les  espoirs suscités  par l’élection de Macron sont rapidement retombés.  Le quinquennat est sorti de route : réformes qui sanctuarisent le secteur publique sans y toucher vraiment, incohérences, impréparation, illisibilité… Résultat d’un pouvoir hypertechnocratique et hypercentralisé, créant un vrai vide politique propice à toutes les  agitations. L’Etat de droit est menacé, or, c’est le pilier de la démocratie avec le suffrage universel. Ses pouvoirs régaliens sont contournés de plus en plus par les réseaux sociaux ou dénaturés par les magistrats eux-mêmes quand ils cèdent à la tentation de substituer leur morale au droit avec la complicité des  médias.

La démocratie libérale n’est pas morte.

On le voit avec les peuples qui se battent pour leur liberté comme à Hong-Kong, à Taïwan, à Istanbul, à Caracas ou à Alger … La  crise du coronavirus va rebattre toutes les cartes,  mais elle nous confirme, après le « big brother » numérique, que le rêve chinois est un cauchemar totalitaire. Ce n’est pas parce que les populismes échouent toujours que leur essor est compromis  pour autant. Cela impose de réinventer notre démocratie !  L’enjeu central du XXIème siècle est à nouveau la liberté  politique !

Mais tout ceci n’est qu’un résumé.  Il faut lire « L’alerte démocratique ».  D’autant plus passionnant que la  crise que nous vivons en direct va rebattre les cartes d’un jeu dont  Nicolas Baverez nous décrit avec précision toutes les cartes.

« L’alerte démocratique »  aux Editions de l’Observatoire.

 


EN ATTENDANT LE 2nd TOUR …

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Le 1er tour est validé.

Et c’est bien comme ça. Oui, il y a eu une abstention trop importante. Mais comment aurait-il pu en être autrement après les annonces terribles du 1er ministre la veille même du scrutin. Ceux qui sont allés voter ont fait preuve d’un civisme qui méritait d’être respecté. Quant aux autres, les absents  ont toujours torts. Et je ne suis pas loin de penser que ce sont les mêmes qui défiaient les injonctions à rester chez soi en allant se pavaner sur les bords de la Seine à Paris ou dans les parcs, au mépris de la pandémie, et au lieu de se rendre aux urnes. Si les résultats ne leur plaisent pas, ils n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes.

Le  2nd tour est reporté.

Peu importe la date. C’est du simple bon sens compte-tenu de l’évolution de la situation sanitaire. Il faudra faire avec les résultats acquis dimanche dernier. Rien n’empêche d’en tenir compte pour se trouver une motivation d’aller voter. Toujours est-il que 30 000 maires et conseils municipaux  ont  été désignés, ce qui n’est pas le moindre des  paradoxes.

La prime au sortant.

S’il y a bien une élection où le maire sortant est avantagé quand il se représente, c’est  bien l’élection municipale. Et malgré la faible participation, la tradition a été respectée. Sauf quand c’est l’élection de trop après cinq ou six mandats, si la commune a été correctement gérée, et quelle que soit  l’étiquette, les sortants sont reconduits ou en situation de l’être. Ainsi du RN au PS en passant par LR, de multiples exemples le montrent avec des élections parfois très confortables  dès le 1er tour. Cette prime au sortant conforte  en général les partis traditionnels qui bénéficient d’un ancrage ancien. Les  écologistes dont on disait qu’ils feraient un tabac sont plutôt à la peine sauf exception comme  à Lyon. En fait, ils sont prisonniers de l’union de la gauche pour exister ce qui fragilise grandement la stratégie d’émancipation de Yannick Jadot. C’est particulièrement flagrant à Paris où Anne Hidalgo capte  largement le vote écolo. De son côté, le PS est devenu dépendant des Verts, mais gardera les villes qu’il détenait comme Nantes, Dijon ou Le Mans. Le  RN conserve les villes qu’il avait conquises, où il fait de très bons  scores et décoche des réélections dès le  1er tour. Mais il échoue à en conquérir de nouvelles. Il est défait nettement à Denain et à Lens. Le cas de Perpignan sera à regarder de près. Enfin les « Marcheurs » sont les plus pénalisés : partout leurs listes patentées font flop ;  il n’y a que  lorsqu’ils jouent les coucous sur des listes d’union qu’ils ont des élus,  comme à Angers…

Les Républicains s’en sortent bien.

Ils  avaient été les  grands vainqueurs des  élections de 2014. Du coup la prime  au sortant les avantage. L’électorat de droite est plutôt fidèle et n’aime pas changer de capitaine dans la tempête. Dès lors, il n’est pas surprenant que ses conquêtes soient confirmées, quelle que soit la sociologie de la ville. A Reims, à Caen, à Arras, ils décrochent l’élection, à Troyes où François Baroin (67%) fait un tabac comme Gilles Averous (70%)  à Châteauroux, et dans les anciens fiefs de gauche communiste comme à Aulnay-sous-Bois avec Bruno Beschizza (59%) et à Blanc-Mesnil avec Thierry Meignen (52%), ils arrivent à conserver les mairies. Et à Juvisy-sur-Orge comme à Limoges, le 2nd  tour ne sera qu’une formalité pour LR. Bref, Les Républicains, à l’issue du scrutin, devraient être la première force municipale de l’hexagone ! On n’en regrette que davantage le score de Rachida Dati, en-dessous des prévisions, alors qu’ailleurs les résultats sont globalement conformes aux sondages. Il faut dire que certains se sont ingéniés à brouiller les  cartes et je me réjouis qu’Agnès Evren dans le 15ème ait fait un meilleur score que  Goujon, qui va forcément être moins frétillant. On attend de lui qu’il respecte la famille à laquelle il appartient en jouant pleinement le jeu de l’union. En PACA, le RN s’est cassé les dents sur LR qui a fait de la résistance, avec Estrosi ou Léonetti, tout comme LREM sur les maires LR sortants des Hauts-de-Seine. A Paris, LR écrase LREM dans les 8ème et 16ème arrondissements. A Angers, Christophe Béchu est largement réélu dès le 1er tour. C’est mérité eu égard au travail de remise à niveau de l’Athènes de l’Ouest qu’il a réalisé. Je l’aurais félicité s’il n’avait pas l’esprit aussi tordu. Il aurait fait le même résultat en restant fidèle à sa famille politique au lieu de se livrer aux contorsions qu’il nous a offertes. Gageons qu’on lui pardonnera un jour… Il suffirait que le vent tourne un peu (selon la théorie de feu Edgar Faure).

Mes voeux de prompt rétablissement à Christian Jacob, Christian Estrosi et Valérie Boyer atteints par cette saloperie de Covid19.

 


MOI, J’DIS CA, J’DIS RIEN …

Cedric demande à ton père

Eternelle jeunesse : Berlusconi, 83 ans, quitte sa compagne de 34 ans pour un mannequin de 30 ans, parlementaire de son parti.  

Coronavirus : On en a marre de la pluie et du coronavirus. Le  beau temps arrive, c’est déjà ça ;  la France bascule dans le confinement élargi ;  l'Italie est en quarantaine, nous on y est quasiment ; vous pouvez annuler sans frais tous vos vols sur Air France avant le 31 mars pour les voyages prévus d’ici le 31 mai ; Doctolib met son service de téléconsultation gratuitement à disposition pendant la durée de l'épidémie ; la sortie du nouveau James Bond est repoussée ; Franck Riester, ministre de la Culture, est touché, Augustin de Romanet, le patron d'ADP aussi… mais pas Belloubet ; les  gens se précipitent pour vider les rayons de pâtes et de PQ (???) des supermarchés ; après le  déni, l’urgence, ça c’est Trump.

Tribunal populaire : Hachette renonce à publier l'autobiographie de Woody Allen ;  le rappeur Nekfeu s'en prend au présentateur Pascal Praud, mais là le tribunal populaire n'intervient pas !

Paris sera toujours Paris : Hidalgo s'en est pris plein la poire dans le débat télévisé des candidats à la Mairie ; Sarko a fait un tabac en meeting avec Rachida Dati ; argument décisif d’Hidalgo : « mes concurrents sont dans la  nostalgie ! » (de la sécurité et de la propreté ?) ; les parisiens ont beaucoup voté.

Municipales : taux d’abstention en hausse, fallait s’y attendre ! On saura rapidement à qui « profite la crise » ….

Justice : Les Balkany condamnés à trois ans ferme en appel pour fraude fiscale avec inéligibilité immédiate ; réquisitoire contre les Fillon digne d’un tribunal de démocratie populaire ; brillante plaidoirie de l’avocat de Fillon… On attend maintenant le 29 juin pour savoir si la  justice juge en droit ou en morale.

Ecureuils : les  Français font n’importe quoi, les chiffres de la Banque de France sont formels. Nous détenons 603.8 milliards d'€ sur nos comptes courants et en billets et pièces. C'est plus de 10% de toute l'épargne financière !!!!! Et ce montant augmente jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année. Manquerait-on de confiance dans l’avenir ? Avec nos gouvernants actuels et le monde dans lequel nous vivons, il y a de quoi !

Ecologie : Greta Thunberg était à Bruxelles pour critiquer la loi climat européenne, ferait mieux d’aller prêcher en Chine ! ça me démange de  lui botter le  c… ;  la part du charbon recule dans la production d'électricité mondiale (sauf en Allemagne) ; la France produit 57% de l'énergie nucléaire dans l'Union Européenne.

En vrac  : PSG-Dortmund à huis clos : les supporters étaient entassés devant le stade !!! L'industrie mondiale du cinéma pourrait perdre 5 milliards de $ ;  le ministre de la Santé, Olivier Véran, fait le job, il connaît ses sujets, jusque-là il était rassurant : depuis Macron a décrété  la  mobilisation générale en fermant les écoles qu’il jugeait inutile de fermer et Philippe en a remis une couche ; les cryptomonnaies se sont effondrées aussi, on est descendu à 4 000 $ sur le bitcoin ; Il y a 1.74 milliard de sites web dans le monde en 2019 (Challenges).

Course à la Maison Blanche : Elizabeth Warren a quitté la course à l'investiture démocrate, pas une surprise, et Biden a refait son retard sur Sanders : grosse journée pour les primaires démocrates, 352 délégués, Biden est en tête des sondages ;

Ailleurs : Boris Johnson part en guerre contre les « mandarins », la haute fonction publique, qui veulent « détruire nos institutions »; le président Ouattara de Côte d'Ivoire annonce qu'il ne se représentera pas pour un troisième mandat pour laisser « la place à la nouvelle génération" », enfin un qui ne fait pas tout pour être président à vie.

 


ET MAINTENANT … KRACH, BOUM, HUE !

Planche à billets

 

La plongée des bourses.

Le CAC 40 a terminé la séance de jeudi en perte de 12.45 % à 4 036 points. L’indice phare du palais Breugnard a acté la plus forte baisse en une journée de son histoire. La BCE n'a pas réussi à rassurer, et les investisseurs retiendront surtout cette phrase : « personne ne doit s'attendre à ce que la banque centrale soit la 1ère ligne de défense en temps de crise ». Le CAC 40 a donc connu une chute de 34 % en 16 séances, les plus violentes de l'histoire. En 2008, le décrochage n’avait été que de 25% après la faillite de Lehman Brothers. Hier a aussi pris fin officiellement le cycle de hausse de la bourse américaine le plus long de l'histoire, qui aura duré 11 ans, de mars 2009 à mars 2020. Le Dow Jones a donc clôturé à 23 553 points, en baisse de plus de 20% par rapport à son niveau record du 12 février. Mais cette vague de baisse vient de la situation aux États-Unis : l'administration Trump a  cafouillé et est enfin sortie du déni ; elle commence à reconnaître la gravité de l'épidémie, et peu de temps après que l'Organisation Mondiale de la Santé ait décidé de parler de pandémie, les États-Unis ont décidé de fermer leurs frontières aux Européens (moins les  Anglais, admirez l’hypocrisie), ce qui a été l’élément déclencheur. Les investisseurs sont paniqués et anticipent une année économique « blanche » avec un monde à l'arrêt en 2020, ce dont personne n’est certain. La panique l’emporte pour l’instant.

Les Etats vont intervenir.

Ils ont commencé à agir : baisse des taux, notamment en Grande-Bretagne et le 18 mars à nouveau aux États-Unis ; rachat d'emprunts d'états, mais aussi de dettes d'entreprises par les banques centrales ; report d'échéances de paiements d'impôts et de charges pour les entreprises (annoncés par Macron)… Combien de temps faudra-t-il pour que ces mesures, qui seront de plus en plus massives, s'infusent dans les marchés et calment les investisseurs ? Les 500 personnes les plus riches au monde ont perdu 331 milliards de $ jeudi. Cependant la situation n’est pas comparable à celle de 2008. L’important est de conserver le tissu économique prêt à redémarrer une fois l’épidémie passée. Il n’y a pas de créances pourries comme l’étaient les « subprimes ». Et ça pourrait repartir beaucoup plus vite qu’en 2010. Les finances publiques de certains états vont plonger un peu plus (Nous, on a l’habitude).  Il faudra être sérieux le moment venu. De  même la crise pétrolière est  liée à d’autres facteurs et le virus n’a été qu’un prétexte. L’Arabie Saoudite continue sa manœuvre pour forcer la Russie à signer l’accord sur la réduction de la production, et elle a décidé d’inonder le marché de barils. Il est difficile de croire à un affrontement durable entre l’Arabie Saoudite et la Russie. Les deux pays ont trop à perdre dans ce bras de fer.

Quels scénarios ?

Enfin, que ce soit la Fed ou la BCE, les messages envoyés par les banques centrales, de  manière différente, sont les mêmes : les pouvoirs publics doivent jouer leur rôle pour protéger les entreprises les plus vulnérables et elles seront accommodantes pour ne pas empêcher les conditions d’une reprise. Car il faut s’attendre à des  plans de relance très agressifs, y compris chez les plus endettés. Sur ce plan-là, en France on a des orfèvres de la relance keynésienne. Pour une fois, ils ne seront pas à contre-temps et ils sont toujours les premiers à dépenser l’argent qu’on n’a pas. Pour une fois, on ne s’en plaindra pas. Aujourd’hui on devrait assister à une tentative de rebond dans les bourses. Le CAC 40 est attendu en hausse, tentant de se stabiliser, dans un contexte de crainte de récession mondiale. Si on considère qu’on a atteint le fond, ce qui n’est pas avéré, voici les bases : le Brent se négocie à 34.39 $ le baril contre 33.88 $ hier à la même heure. L'once d'Or est à 1 585.80 $ contre 1 635.70 $ précédemment et la parité euro/dollar est à 1.1172 contre 1.1315 hier dans la matinée (source Fiorentino). La BCE, mine de rien, a quand même ouvert les vannes. Christine Lagarde a été très critiquée mais elle a fait ce qui était raisonnable : baisser les taux d'intérêt maintenant, quand ils sont déjà à zéro depuis près de 4 ans, ne sert à rien. Par contre, soutenir directement les entreprises, et en particulier les PME, en finançant directement leurs dettes est une bonne mesure. La BCE en a donc gardé sous le  pied, au cas où. De son côté, la FED a annoncé qu'elle inondait le marché de liquidités, sans limites. L'argent, quasiment gratuit, coulera à flots pour empêcher les circuits financiers de se gripper. Pour l'instant, les banques centrales font ce qu'il faut. En France, Macron a appelé les Français à s'unir, en respectant les distances, et à résister, tout en ne cachant pas que la situation allait empirer. Il met le pays quasiment à l’arrêt dès la semaine prochaine en fermant écoles, collèges, lycées et universités, et en appelant au télétravail. Voilà une expérience historique : que va-t-il se passer lorsqu'un pays s'arrête ? Nous entrons dans une période d’incertitude qui n’est pas propice au rétablissement de la confiance… Espérons qu’elle ne soit pas trop  longue.

On croise les doigts, aujourd’hui c’est un vendredi 13 !

 


CORONAKRACH

Fin du monde tintin

 

Les bourses ont dévissé brutalement lundi dernier de 8 points. Les signes avant-coureurs s’étaient manifestés  par des replis  significatifs la semaine précédente. Mais cette fois-ci, la panique l’a emporté. Regardons de plus près.

Le coronavirus a été le déclencheur.

Les raisons sont évidentes : des régions entières de la planète sont touchées et principalement les pays développés. A commencer par la Chine, mais aussi la Corée du Sud, l’Italie, La  France et même les Etats-Unis… Des régions et même des pays entiers sont en quarantaine, des pans entiers de l’économie mondiale sont à  l’arrêt.  L’épidémie est  mondiale  et crée de l’incertitude économique, justement ce que les marchés détestent le plus. Conclusion : on a effacé lundi toute la hausse de 2019 et de 2020. On était à 6 111 au plus haut le 19 février 2020, on est retombé à 4 730 (4 731 c'était la clôture du CAC le 31 décembre 2018 !!!). Plus de 20% de baisse, … pour commencer.

Un terrain fragile.

La crise du coronavirus arrive à un moment où l'économie mondiale était déjà affaiblie, en ralentissement. La Chine avait fortement freiné avant l'épidémie. L'Allemagne était au bord de la récession, comme le Japon, deux pays touchés par la guerre commerciale. Les prévisions de croissance pour 2020 étaient médiocres, les experts annonçaient même un premier trimestre « blanc ». Aujourd'hui, on anticipe un semestre, voire une année blanche. Les pays les plus touchés par l'épidémie comme la Chine, l'Italie, et l'Iran vont inévitablement basculer dans la récession, suivis par le reste du monde, déjà fragilisé, et des pays comme l'Allemagne, vont également basculer. C’est pourquoi Eric Woerth annonce une crise économique. Alors tous les regards se tournent vers les États-Unis, dernier ilôt de croissance. Trump avait annoncé les  mesures qu’il comptait prendre après la  baisse des taux directeur de 0,5% qui n’ont pas empêché la   panique boursière, mais rien ne vient pour l’instant. Les chiffres de l'emploi de février, publiés vendredi, étaient spectaculairement bons, mais l'épidémie a touché les États-Unis et plus personne n'ose faire de prévision d'impact sur la croissance du pays.

Le krach pétrolier.

La Chine tousse et tout est déréglé. Mais pas seulement. Le pris du pétrole s'est effondre de 30%, en une seule journée, au-dessous de 30$. La baisse de la demande entrainant une augmentation de l’offre conduisait à une baisse. Aussi, l'OPEP s'était entendue pour réduire drastiquement la production de pétrole pour soutenir les cours, mais la Russie a refusé l'accord. En représailles, l'Arabie Saoudite a donc décidé de baisser brutalement ses prix et d'inonder le marché de pétrole. Avec un double objectif : d’abord obliger la Russie à accepter des nouveaux quotas de production, puis pousser les entreprises américaines du pétrole de schiste surendettées à la faillite pour éliminer pendant quelques années cette concurrence. Une manière de punir Trump de ne pas avoir réagi à l’attaque de l’Iran sur les réserves de pétrole saoudiennes ? L'Arabie Saoudite parie qu'elle peut supporter l'effondrement des cours mais que ni la Russie, ni les producteurs américains de pétrole de schiste, eux ne pourront résister.

Retour sur terre pour les investisseurs.

Et oui, ça n’est pas tout. Une crise peut être salutaire. Depuis le temps qu’on annonçait une correction boursière du fait de la décorrélation entre le niveau des bourses et l’économie réelle. La crise du coronavirus a donc été un choc de réveil : les investisseurs sont sortis de leur hallucination et ont découvert la réalité des problèmes structurels qui touchent l'économie. Et en particulier la tendance déflationniste majeure liée à la démographie, la technologie et la révolution sociétale (aspiration à la déconsommation et à la décroissance). Cela fait des mois que les investisseurs se berçaient d'illusions. Tous pensaient que la bourse ne pouvait pas baisser à cause de l’absence d'alternatives aux actions avec les taux bas ou négatifs et que les banques centrales garantissaient la hausse de la Bourse du fait de leurs injections de liquidités au moindre signe de baisse. Un optimisme béat mêlé à l'appât du gain qui a mené à des excès. Mais pour comprendre l’ampleur du choc, il y a aussi un autre paramètre qu’il ne faut  pas négliger, c’est la gestion dite « passive » qui est devenue prépondérante. La gestion « algorithmique » par les « machines », exagère les tendances et jusqu’à maintenant, personne ne s'en inquiétait puisque la tendance était à la hausse. Sauf que, elles exagèrent aussi les tendances à la baisse !  C’est ce qui s’est passé sur les marchés.

Panique boursière, krach pétrolier, investisseurs échaudés, dettes énormes… Tous les ingrédients sont réunis pour déclencher une crise économique mondiale avec ralentissement de la production et son cortège de faillites et de chômage, ralentissement des échanges et donc baisse du commerce mondial… Une crise qui tombe à pic pour Bruno Le  Maire. La France avait épuisé tous les effets de la dernière relance par la consommation et les perspectives  2020 étaient mauvaises. Il se demandait bien comment il allait pouvoir relancer, alors que la Cour des Comptes venait de l’accuser de ne rien faire pour réduire les déficits. Il a un  prétexte tout trouvé. Pour le reste, ne soyons pas trop pessimistes. Nous verrons ce qu’il en est dans une prochaine note.

 


LE JEU TROUBLE D’ERDOGAN

Erdogan

 

Avec Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie, on n’est jamais déçu.

Il avait menacé de lâcher les réfugiés qu’il abrite sur son sol moyennant six milliards d’euros en deux ans, versés par  l’Europe pour qu’il les garde. Et il a tenu parole. Il crée ainsi un chaos humanitaire de grande ampleur, utilisant  comme diplomatie le chantage à l’abandon dans la nature des personnes dont il a officiellement la responsabilité. Obnubilé  par la chasse aux Kurdes, il a engagé une offensive dans la région d’Idlib, causant de nombreuses pertes civiles et militaires et ses forces subissent des revers sous les bombes russo-syriennes. Etrange quand on sait que,  bien qu’appartenant à l’OTAN, il est allé chercher ses armes en Russie. Le renversement des alliances d’un jour à l’autre a déclenché la confusion générale.

Une série de zig-zags.

Les réfugiés syriens et autres paient les frais de cette étrange diplomatie de la Turquie, ce pays qui n’est pas plus fiable aux yeux de Poutine  et qui ne l’est pas plus à ceux des Européens ou des Américains. Comme Erdogan bout de passion de colère, de haine et d’aversion pour d’éventuels médiateurs, il n’écoute que lui-même, de sorte qu’il revient rarement à la raison. Son offensive au nord de la Syrie est un fiasco, mais il continue à y croire. Et furieux de ne pas avoir le soutien de l’Europe il entend le lui faire payer d’une manière ou d’une autre. Notamment en laissant passer  tous les réfugiès en annonçant  qu'il cessait de respecter l’accord de mars 2016 avec l'Union européenne prévoyant que les migrants restent en Turquie, en échange d'une aide financière européenne à Ankara. Des milliers de migrants ont donc tenté de passer la frontière entre la Turquie et la Grèce depuis le 29 février. Les autorités grecques ont annoncé que plus de 1.700 d'entre eux étaient arrivés sur les îles grecques, venant s'ajouter aux 38.000 déjà présents qui surpeuplent les camps de réfugiés dans des conditions de plus en plus précaires. 

En Europe, c’est la politique du verrou.

Cette situation tendue a réveillé en Europe le souvenir de la crise migratoire de 2015. Elle a envoyé aussitôt un message dissuasif aux migrants : « N'allez pas à la frontière. La frontière n'est pas ouverte », a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, alors que le ministère turc des Affaires étrangères réclamait que Bruxelles applique strictement l'accord de 2016 et dénonçait cyniquement le soutien exprimé à la Grèce par les 27 lors d'une réunion ministérielle à Zagreb. « Il est malheureux que l'UE agisse en contradiction avec ses propres principes en soutenant la Grèce qui viole la législation internationale sur les droits de l'Homme », affirmait le ministère en accusant l'UE de faire preuve d'hypocrisie et de politiser le dossier migratoire. Les marges de manœuvre au sein de l’Union, en ce domaine sont minces, de nombreux états étant sous  la pression des partis  ou groupes populistes hostiles à toute  immigration. C’est donc la fermeté  qui s’est  manifestée,  les  Grecs s’autorisant même des actions de dissuasion sur les  embarcations des migrants et les repoussant manu militari à la frontière terrestre. Pour tenter de sortir de l'impasse, M. Erdogan s’est entretenu au téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel,  qui avait piloté les négociations ayant abouti à l'accord de 2016. La Grèce de son côté se défend « d'user d'une force excessive » contre les migrants. Athènes n'a fait « que réagir aux provocations qui ont eu lieu à la frontière», a affirmé son Premier ministre Kyriakos Mitsotakis sur CNN, qui avait aussi accusé Ankara d'aider les migrants à passer en Grèce par la voie terrestre et par la mer.

Les Européens ne sauraient s’exonérer de leurs responsabilités dans cette affaire.

Ils ont eu raison de trouver un arrangement avec Erdogan qui a entraîné la chute notable de l’immigration. Mais ils ont eu tort de lui faire confiance sur le long terme. Ils ne pouvaient ignorer que, tôt ou tard, celui-ci les trahirait. C’est en effet un spécialiste de la trahison, qui s’entoure de terroristes pour combattre les Kurdes qu’il accuse de terrorisme,  qui a fait alliance avec la Russie en croyant qu’il avait ainsi obtenu une carte blanche l’autorisant à ravager un peu plus la Syrie et qui compte maintenant les morts turcs qui ont péri dans les bombardements syriens ou russes. Il croit pouvoir jouer le rôle d’une grande puissance qui peut mettre les Européens devant le fait accompli. Il n’a réussi qu’à souder toute  l’Union face à ses délires. Le petit dictateur a dû réviser ses plans.

Le revirement.

Le président turc a  donc changé de pied et a donné l'ordre à ses garde-côtes d'empêcher les migrants de traverser la mer Egée, confirmant une accalmie dans la crise migratoire entre la Turquie et l'Union européenne. « Sur ordre du président (...) aucune autorisation ne sera donnée aux migrants de traverser la mer Egée en raison des dangers que cela comporte » (sic), a indiqué le service des garde-côtes sur Twitter. Et  à nouveau, Erdogan est à Moscou pour discuter avec Vladimir Poutine. Le président russe ne sait plus quoi faire de cet « allié » encombrant qui, incapable du moindre scrupule, bombarde indifféremment alliés et ennemis, quitte à défier la puissante Russie. Aussi, face au Kremlin, a-t-il dû jouer l’apaisement pour essayer d’obtenir une trêve sur  le front syrien.

Jusqu’au prochain délire…


J’AURAIS PU L’ECRIRE …

MAXIME TANDONNET

En ce moment je n’ai pas le cœur à écrire. Mais ça reviendra. En attendant, je vous invite  à  lire le texte ci-dessous de Maxime Tandonnet, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Ce qu’il dit, j’aurais pu l’écrire,  mais  comme il le fait mieux que moi, autant en profiter.

« Cet article 49-3 marque un tournant : le crash du « nouveau monde ». 

L’étrange mixture du culte de la personnalité, du mépris des gens, de l’affaiblissement des institutions démocratiques (parlement, collectivités), de l’idéologie de la table rase (retraites), de déconnexion radicale, de provocation permanente et de fuite dans le communication, trouve son aboutissement dans ce 49-3, signe de négation de la démocratie parlementaire, jamais mis en oeuvre pour une réforme des retraites. Dans ce geste s’exprime un phénomène jamais démenti : celui de l’autoritarisme comme signal  de faiblesse, le coup de menton pour couvrir la débâcle. 

La tentative d’OPA sur la droite est un fiasco. Merci aux LR qui n’ont jamais trahi : les voilà récompensés de leur fidélité et de leur lucidité. Quant à la gauche, tous les ponts sont rompus et les vaisseaux brûlés. Il ne fait aucun doute que les jours du « nouveau monde » sont comptés. L’impopularité historique cristallise trop de colère, de souffrance, d’humiliation pour être réversible. La réélection de 2022 n’aura pas lieu. 

Le vrai sujet est désormais de trouver une alternative à la menace lepéniste. En se réalisant, elle ne ferait que prolonger sous d’autres formes les déchirements et le chaos d’En Marche. La priorité absolue est de restaurer la confiance, réconcilier la France avec la démocratie, avec la République au sens de la chose publique : par la réhabilitation de la souveraineté parlementaire et l’appel au peuple à travers la démocratie directe. »

Maxime TANDONNET

 


LA MACHINE A REMONTER LE TEMPS

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Jamais je n’aurais imaginé retourner cinquante ans en arrière, et pourtant  c’est ce qui vient de nous arriver. Mais pour comprendre, il faut revenir au début : en 1968, à 25 ans, j’arrivais avec ma femme et ma fille de trois ans, à Oulad Teima une bourgade de 5-6 000 habitants, à mi-chemin entre Agadir et Taroudant .  C’est la manière que j’avais choisi d’accomplir mon service « militaire ». L’accueil chaleureux des habitants, les conditions d’enseignement, la vie  sous un climat  généralement clément au milieu des orangers nous ont rapidement convaincus de  prolonger  notre séjour.  Nous sommes donc restés six ans, jusqu’en 1974. 

« Une parenthèse heureuse »

73abJ’étais un jeune professeur, pas encore très chevronné, mais l’enseignement au collège Hassan II était facile. Les élèves étaient appliqués et bien élevés, et avaient la plupart du temps, soifs d’apprendre, et pour beaucoup d’entre eux un courage énorme pour venir chaque jour au collège. J’avais très envie de les faire réussir (Une envie qui ne m’a d’ailleurs jamais quitté au cours de ma carrière). Avec les autres coopérants, nous voulions que notre collège ait de bons résultats et nous faisions tout ce qui était en notre pouvoir pour y parvenir, sous l’autorité bienveillante et sereine de notre directeur, Mohamed El Aatiq. Nous étions au service du Maroc et notre seul souci était d’accomplir la mission qui nous était confiée, le plus honnêtement possible. Ces six années ont marqué ma pédagogie et largement fait évoluer mes méthodes d’enseignement. Les programmes que nous appliquions étaient adaptés pour le Maroc, notamment pour le Français, mais en avance par les contenus et les moyens sur celui que l’on pratiquait alors en France. Et cela m’a beaucoup servi à mon retour, ayant été affecté dans un collège, Jean Vilar à Angers, alors expérimental. J’ai eu aussi à enseigner l’histoire et la géographie du Maroc. En histoire, ce fut pour moi une révélation : j’ai  découvert un passé riche  dont j’ignorais à peu près tout, marqué par des règnes prestigieux dont le patrimoine marocain garde la mémoire. Je connaissais sur le bout des doigts le règne de notre « Roi soleil », Louis XIV, et j’ai découvert qu’il avait son équivalent au Maroc, à la même époque, avec Moulay Ismaïl.  Ces six années ont enrichi ma culture et m’ont ouvert l’esprit, notamment sur la civilisation musulmane. J’ai été frappé, en arrivant, de la tradition d’accueil du peuple marocain, particulièrement dans le Souss. Ces six années me parlent encore de bonheur. Celui d’une vie rythmée par l’amitié, la découverte, l’aventure parfois quand nous nous aventurions dans le grand sud, jusqu’à Merzouga. Celui d’une vie agréable à peine gâtée par les coups de chergui ou les rares pluies, avec  les week-ends à la plage ou les grandioses festivités quand le Roi venait à passer. Certains coopérants n’ont fait qu’un passage éphémère, d’autres comme moi, sont restés plus longtemps, mais tous, nous avons gardé de notre séjour le souvenir d’une « parenthèse heureuse » dans notre vie, et particulièrement de notre vie d’enseignants.

Le fil maintenu.

12Depuis cette époque-là, je n’ai jamais eu l’occasion de revenir. Trop d’engagements professionnels et politiques ont accaparé mon emploi du temps. Peut-être aussi, qu’inconsciemment je ne voulais pas écorner cette page si particulière. C’est vous dire le choc que j’ai ressenti en arrivant lundi dernier : en cinquante ans que de transformations ! En 1974 j’avais quitté un village, je me retrouvais  dans une grande ville de 60 000 habitants  au moins ! Quel développement !  Quant à Agadir qui se relevait à peine du tremblement de terre de 1960, elle est devenue une conurbation immense. Mais comment ce rendez-vous avec le passé a-t-il pu  avoir lieu ? Il se trouve que l’un de mes élèves, parmi les  plus  brillants, Abdellatif,  est  venu terminer ses études en France à la fin des années 70, et finalement acquérir la double  nationalité et faire une  carrière de professeur dans notre enseignement public. Nous avions renoué contact et ne nous étions plus perdus de vue.  Il eut l’idée  d’écrire un livre sur le village  que nous avions connus  et  m’avait  demandé d’en écrire  la préface. Ce livre « Houara, mon amour »  a été récemment édité  au Maroc.  Il sera le catalyseur des  événements qui vont suivre. C’est de sa rencontre avec des  anciens élèves du collège qu’est née l’idée d’organiser un « hommage aux anciens professeurs français et marocains » du collège de l’époque. Un comité pour la mise en œuvre fut créé.

Les retrouvailles.


75Je fus malheureusement le seul des coopérants français à répondre à l’invitation, les autres, devenus des amis, étant indisponibles pour différentes raisons. J’eus donc la mission de les représenter. Et  je n’ai pas  été déçu. Les festivités de « l’hommage » étaient prévues sur trois jours. Mais dès  l’arrivée, l’accueil fut extraordinairement chaleureux. Naturellement Abdellatif m’attendait,  mais aussi Tayeb, le « gadiri » avec qui j’étais en contact sur facebook. L’un des organisateurs vint me rendre visite à l’hôtel le mardi matin, pour me saluer et  me souhaiter la bienvenue. Et je découvris que tous ces anciens élèves avaient derrière eux une carrière brillante de professeurs,  de médecins, d’ingénieurs. L’un d’eux, Abdelkebir est procureur du Roi au tribunal de Taroudant. Il tint à recevoir la  délégation des anciens profs, avant une réception somptueuse dans le palais-musée Claudio Bravo,  un artiste chilien qui s’était établi là. Une demeure qui mérite  mille fois le détour. Ce  fut le mercredi après-midi. Mais auparavant  le matin nous avions eu rendez-vous à l’ancien collège devenu une école  primaire.  Ce fut une séquence « émotion » intense : revoir les anciens collègues après cinquante ans. Embrassades, étreintes, larmes, photos… Et une drôle de sensation quand je me suis retrouvé dans « ma classe » ! Déjà les quelques élèves de l’époque évoquaient des souvenirs enfouis : mon magnétophone pour  les  cours d’élocution, les projections de diapos, et la séance de cinéma car je filmais  beaucoup à l’époque, agrémentés de « méfiez-vous ! »  ou de « prenez un ¼ de feuille ! » … 73il’un des membres du comité, devenu directeur d’une école privée, tint absolument à nous recevoir dans son établissement, au demeurant magnifique. Cette première journée fut  déjà mémorable. Le  soir, pas question de revenir à Agadir, puisque  la suite nous attendait à Oulad-Teima. Une chambre nous avait  été réservée à Taroudant, au Dar Zitoune (Maison de l’Olivier) où nous eûmes le plaisir de dormir dans une jolie tente berbère.

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Le temps fort fut la cérémonie d’hommage au centre culturel d’Oulad Teima, le jeudi après-midi. Plus de 150 personnes y ont participé, pour  la plupart des anciens élèves qui tenaient à être là et aussi à me rencontrer. Pendant près de trois heures les discours et  évocations se sont enchaînées jusqu’à ma prise de parole, inévitable. Mais parmi les évocations, l’une m’a particulièrement touchée, celle d’Abdeladi. 208Je vous en livre un (court) passage : « Au nom de ceux et celles qui, autrefois, demeuraient loin et pourtant rejoignaient l’établissement à pied. Au nom de ceux et celles qui, malgré l’éloignement, sortaient  de chez eux dès l’aube, par les matinées glaciales pour regagner le collège Hassan II et ne rentraient que tardivement  le soir, après avoir passé toute la journée au village. Au nom de ceux qui parcouraient un peu moins ou un peu plus d’une dizaine de kilomètres à bicyclette -et quelles bicyclettes !- afin d’être en classe avant que le portail ne soit condamné par feu Ba Salem que Dieu ait son âme… Au nom de ceux et celles qui scrutaient leur cartable chaque soir, avant de s’endormir puis l’enfonçaient  au fond d’un sac d’engrais vide en vue de le protéger des intempéries, par la saison de pluie. Au nom de ceux qui furent condamnés tant bien que mal durant toute leur enfance à subsister en se suffisant au déjeuner, d’un demi  pain tartiné de confiture à 20 centimes, et occasionnellement, se régalaient d’un petit plat de lentilles ou de haricots secs à 50 centimes chez Moulay Abdelaziz… Au nom de ceux qui n’avaient pas la chance d’avoir  une paire d’espadrilles par manque de moyens et se trouvaient obligés de courir pieds nus, pendant une séance d’éducation physique, en guise d’échauffement,  par les matinées froides, sur un terrain vague couvert de petits cailloux tranchants. Quelle souffrance !!... » Voilà qui évoque le « courage » auquel je faisais référence. La fin de cette cérémonie fut pour moi un étourdissement : chacun tenait à me serrer dans ses bras et prendre une photo jusqu’au vertige.  Chaque fois que je remerciais je m’entendais invariablement répondre : « non c’est  peu, on te doit tant ! » De quoi perdre sa  modestie. Notre journée se termina par un repas gastronomique, pastilla de fruit de  mer, méchoui, tajine … agrémenté du spectacle d’un groupe musical local,  dans la salle  de réception luxueuse d’un notable local. Un autre repas était prévu le vendredi midi, mais nous déclarâmes forfait, ma femme ayant une laryngite qui s’aggravait. Nous dûmes d’ailleurs consulter un médecin le samedi matin.

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La séquence se termina le dimanche après-midi, après une bonne friture dégustée avec Tayeb, par un dernier rendez-vous avec quelques membres du comité d’organisation qui tenaient à nous faire leurs adieux. Une nouvelle  occasion d’échanger et de d’engranger une bonne dose de chaleur humaine ! Merci aux Mohamed, à Abdeladi, à Abdelwahed, à Ali, à Abdelkebir, à Tayeb, à ceux que j’oublie (qu’ils me pardonnent) et évidemment à Abdellatif qui a organisé tous nos déplacements dans une voiture  confortable  avec un chauffeur fort sympathique en la  personne de  son neveu. 

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