LE RETOUR DES BARBARES ?
24 mai 2020
Nous terminons ce soir le « pont de l’Ascension ». Mais je suis persuadé que pour beaucoup de Français, cette fête religieuse qui a justifié un jour férié n’a pas beaucoup de signification, voir aucune. Et pourtant, pour les chrétiens, après la « nativité » et « Pâques » avec la résurrection, c’est le troisième épisode le plus important de la vie de Jésus, celui où il a « cessé d’être visible pour les hommes », c’est-à-dire a rejoint Dieu le Père … L’Ascension, 40 jours après sa résurrection. Cela n’empêche pas notre pays de sombrer dans un paganisme de plus en plus généralisé.
Un vandalisme antireligieux préoccupant.
Si les médias écrits et télévisuels sont prompts à relayer les dégradations inadmissibles dont sont victimes les mosquées et les atteintes à la religion musulmane, ou encore les agressions insupportables dont sont victimes les juifs, ils sont beaucoup plus silencieux et réticents à évoquer les atteintes aux monuments chrétiens qui se répandent dans le pays. Saccages, vols, profanations… Les lieux de culte catholiques sont pris pour cible sur tout le territoire, avec près de trois actes commis par jour. Un dernier bilan, daté du 14 mars et que révèle Le Figaro, est édifiant. Dressé par le Service central de renseignement criminel (SCRC) de la gendarmerie, qui couvre 95 % du territoire, il recense 129 vols et pas moins de 877 dégradations ciblant des édifices catholiques sur l'ensemble du pays en 2018. Même s'il traduit un léger tassement au regard des années précédentes, en particulier de 2017 où un pic de 1045 faits a été atteint, le phénomène se maintient à un seuil plus que préoccupant. Un constat confirmé par le ministère de l'Intérieur qui a relevé, pour sa part, 1063 actes antichrétiens en 2018, en comptant les cimetières.
La « christianophobie ».
La croix du pic Saint-Loup brisée par des vandales est le fait marquant le plus récent. D’une dizaine de mètres de haut, pesant près d’une tonne, l’imposante croix de fer en treillis qui dominait le pic Saint-Loup, dominant Montpellier, a fait l’objet d’un acte de vandalisme. Un ou plusieurs individus se sont rendus sur le site, pour faire tomber ce symbole juché à quelque 658 mètres d’altitude. Les motivations du ou des auteurs demeurent obscures. Sur le socle de la croix attaquée à un mètre de la base, on peut cependant lire à la peinture rouge l’inscription suivante: «Le pic laïque» ou encore une inscription en anglais évoquant le pouvoir des sorcières... Les gendarmes ont également découvert, fiché à l’emplacement initial de la croix, un balai en bois dont la conception évoque, justement, celui appartenant, dans l’imaginaire collectif, aux sorcières. La diffusion des premières images de la croix abattue a suscité beaucoup d’émoi et d’incompréhension dans le bassin montpelliérain, chez les chrétiens, comme chez d’autres croyants ou agnostiques. «Cette croix avait acquis un caractère historique et patrimonial. Elle n’est donc pas contraire à la laïcité, à l’inverse de ce que prétendent, à lire leurs inscriptions, ceux qui l’ont vandalisée et sciée...», commente pour sa part le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, Nicolas Cadène, par ailleurs originaire de la région. Fixée il y a plus d’un siècle, une première croix de bois avait été érigée au sommet du pic Saint-Loup. Elle avait ensuite été remplacée par une croix en fer qui avait déjà été vandalisée une première fois en 1989. La Vierge de la Salette décapitée, la cathédrale de Lavaur victime de deux lycéens enragés, des dégradations dans les lieux de culte catholiques à Maisons-Laffitte et Houilles, dans les Yvelines, à Dijon et à Nîmes… Vitraux brisés, bénitiers renversés et tabernacles forcés dans le sanctuaire vendéen de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, mais aussi statues détériorées, troncs cassés et autres cierges brisés à Morteau… Les dégradations, l'enchevêtrement des faits donne le vertige. Leur nature suscite l'indignation. Aucune parcelle du territoire n'est épargnée par ces actes.
« L’églantine et le muguet »
Des faits commis visiblement par des énergumènes « aculturés » qui ne voient pas la dimension patrimoniale et historique qui font partie de notre histoire. Car s’il s’agit de combattre le catholicisme, ces pauvres d’esprit tirent sur une ambulance. Les églises sont vides, quant à l’emprise des prêtres sur la population, il y a belle lurette qu’elle a disparue. Encore faut-il qu’il y ait des prêtres. Cependant, il faut dire que l’on trouve de beaux esprits pour entretenir la flamme antireligieuse digne de l’époque radicale du « petite père Combe ». Ainsi, j’ai été stupéfait, pour ne pas dire effaré, de découvrir cette haine rentrée du catholicisme dans le livre de Danielle Sallenave, l’académicienne, dans son livre « L’églantine et le muguet ». Elle sue à chaque page et à la vue de chaque « calvaire » et Dieu sait que notre Région en est bien pourvue. Son livre elle l’a écrit pour répondre à la résurgence d’un catholicisme soi-disant « virulent », bien connu dans le passé de son Anjou natal. « Toute cette noblesse rurale du XIXe siècle, dont pas un n’accueillera de bon cœur la République, s’est mise au service de la France dans l’armée d’Afrique… Désigner l’architecture qui parle du catholicisme de combat ; quelques kilomètres sur une route belle, un peu triste, ou bien c’est moi ? Il flotte dans toute cette campagne une morbidité, un dolorisme qui m’accable. Trop de chapelles, de monuments votifs. Je suis en plein territoire du « souvenir vendéen » ; territoire peu républicain.» Elle voit dans Bruno Retailleau le nouveau le chantre du développement d’un catholicisme de combat et d’une pensée républicaine néoconservatrice, tous deux réactions exacerbées à « la question musulmane », sur laquelle elle adopte un positionnement proche de celui de Mélenchon. Elle oublie une chose : c’est que si une grande partie de l’Ouest est passé à gauche dans le dernier quart du 20ème siècle, c’est en grande partie par l’influence des prêtres …
Le mépris de l’Histoire.
Rien ne justifie que l’on s’en prenne aux symboles de la chrétienté sauf à vouloir effacer le passé de la France, « fille aînée » de l’église. Ce sont les témoins de notre Histoire et leur valeur patrimoniale est là pour nous la rappeler. Nous ne venons pas de nulle part. J’avais un ami, aujourd’hui décédé, qui était athée, mais cela ne l’empêchait pas d’entrer dans une cathédrale et de s’émerveiller des splendeurs de l’architecture ou de la finesse des sculptures d’un tympan. Et il était capable en même temps de jeter une plaisanterie blasphématoire en bon disciple de Brassens ou de Ferrat. Mais il respectait les lieux. La loi sur la laïcité est aujourd’hui admise par tous et le catholicisme s’en est largement accommodé. S'en servir comme motif comme au pic Saint-Loup est un contresens et une sorte de prise d'otage alors qu'elle est devenue le socle pour faire respecter la liberté de conscience. Bruno Retailleau, que Danielle Sallenave dépeint comme un réactionnaire résurgent, peut être à la fois croyant et bon républicain. Visiblement, il y en a que cela dérange !
Le retour des « barbares ».
Cette volonté de gommer toute référence au passé est bien dans l’air du temps. Il est théorisé et professé par les « progressistes » pour qui seul le présent compte. Ce sont les mêmes méthodes que celles utilisées par Daech. La passé qui nous a faits est un encombrement inutile. Et pourtant, notre humanité s'inscrit dans un cheminement et vouloir le nier c’est tout simplement ouvrir la porte au retour de la barbarie. On en voit les effets tous les jours. Car si la société est constamment en mouvement, elle a aussi besoin de repères qui « demeurent » comme l’explique si bien François-Xavier Bellamy. Mais je viens de prendre en exemple un croyant ! Comme si croire était rétrograde… Comme disait Jean d’Ormesson, si Dieu n’existe pas, au moins « j’ai l’espérance » ! Eh bien je plains tous ces matérialistes qui n’ont aucune dimension spirituelle ni transcendantale. Cela ne les empêche pas de consommer le jour de repos de l’Ascension, sans se poser la question de sa signification.
C’est parfait, cher Daniel ! Moi aussi, j’ai été sidéré par la haine de Danièle Sallenave (sans parler de la multitude d’erreurs sur l!Anjou). Malheureusement, cette haine est relayée en tout média et â tout niveau. Amitiés fidèles
Rédigé par : Dominique Richard | 25 mai 2020 à 09:31
Merci pour ton témoignage. J'avais craint d'avoir eu une réaction exagérée. Mais honnêtement, j'ai eu du mal à terminer le bouquin. Cette haine rentrée et remâchée me mettait mal à l'aise.
Rédigé par : Daniel | 25 mai 2020 à 17:00
Superbe analyse, comme d’habitude !
Rédigé par : Anne Foucher | 26 mai 2020 à 08:11
Il est difficile de changer les médias....
Il y a 15 ans, je disais aux jeunes militants ump qui faisaient leur droit : " devenez journalistes ou avocats plutôt qu'être juristes pour des sociétés d'import/export ou avocats d'affaires, nous auront besoin de vous plus tard plutôt que laisser ces métiers primordiaux à la pensée unique de la gauche..."
Rédigé par : Adrien | 26 mai 2020 à 15:33