HISTOIRE
ACTUALITE DE « DE GAULLE »
LA FOLLE DANSE DES TECHNOCRATES

LES FRANÇAIS NE SONT PAS RANCUNIERS.

Edouard Philippe

 

Il parait que la France va connaître une crise économique 50% plus grave que celle de l’Allemagne et elle attend le rebond comme on attend un miracle. C’est le prix de la crise sanitaire du Covid19 et de la manière dont nos gouvernants l’ont gérée. Et le « confinement » pèse lourd dans la balance. Comment se fait-il alors que les Français accordent une telle popularité au Premier Ministre, les sympathisants de droite en premier. Ils sont bien indulgents. Emmanuel Macron, sa « plongée »  s’explique : il n’a fait que parler, trop, comme à son habitude, pour enfoncer des portes ouvertes. Il y a longtemps que nos compatriotes ont compris. Alors la cote d’Edouard Philippe ne tient certainement qu’à sa communication très pédagogique et habile avec ses « grands-messes » techno qui ont apporté le sérieux et mis en valeur son côté bon gestionnaire prudent. Le paravent du « comité scientifique » derrière lequel l’exécutif s’est retranché a bien fonctionné. Pourtant la réalité des faits est accablante. Elle tient en trois constats : retard à l’allumage, état disqualifié, aveuglement de nos élites.

Retard à l’allumage.

Voici un Etat qui a le niveau de dépense publique le plus élevé des pays développés, qui n’a pas de masques ni de tests pour tracer l’épidémie et procède au confinement le 17 mars en mode panique, dans l’improvisation. Alors que les médecins sur le terrain annonçaient depuis plus d’une semaine une vague qui arrivait, il n’avait rien vu venir. Faute de masques et de tests, le confinement restait la seule solution. Appliqué sans discernement sur tout le territoire, la Lozère traitée comme Paris.

Le scandale des masques, car c’en est un, mérite un petit détour : on nous a d’abord expliqué que le masque ne servait à rien, prenant tous nos concitoyens pour des imbéciles, quand toute l’Asie et les pays autour de nous en portaient. Les commandes massives n’interviennent qu’après le confinement et ce n’est qu’un mois après, vers la mi-avril, que la stratégie de traçage visant à isoler est mise en œuvre.

On découvre en même temps que notre pays a trois à quatre fois moins de lits de réanimation que l’Allemagne alors que nous dépensons plus pour la santé (en % du PIB). Il est vrai que nous avons 30% des personnels  qui sont des administratifs. On ne peut pas tout avoir. C’est le résultat aussi de la « bercysation » de notre santé publique, soumise à la toise de la calculette des technocrates dans un pays fauché.

Il a fallu attendre la mi-mai pour que la bonne approche soit adoptée pour identifier les foyers et les traiter immédiatement.

Un Etat disqualifié.

Non content d’avoir été incapable d’anticiper la pandémie, notre Etat centralisé s’est retrouvé complètement désemparé fin mars, incapable de commander massivement des masques, ne serait-ce que pour protéger les soignants en première ligne,  au moment où les Régions, les Départements, les villes ou le secteur privé y parviennent. Il utilise alors la réquisition et obtient comme résultat celui de casser toutes les filières d’approvisionnement au lieu de les coordonner. Un procédé autoritaire visant à cacher son impuissance. Mais combien de malades supplémentaires dans les maisons de retraites et dans les personnels soignants ?

La conduite du déconfinement s’est faite avec la même logique tâtonnante, technocratique, centralisée, et des mesures bureaucratiques comme la limite des 100 km « à vol d’oiseau » digne de figurer dans un roman de Courteline.

Aveuglement de nos élites.

Il y a bien eu une incapacité du gouvernement et de l’appareil d’Etat à apprendre des pays qui ont réussi à contrôler l’épidémie sans confinement. L’explication est simple et le phénomène n’est pas nouveau : nos élites ont majoritairement une formation administrative et juridique qui les conduit à l’aveuglement et à l’incapacité d’adaptation dès qu’un imprévu arrive. Notre aptitude à multiplier les structures en est le corollaire. L’organigramme de la gestion de la santé en France présente un fouillis Kafkaïen d’organismes qui sont autant de verrous bloquant la décision. Le Maire de Cannes, David Lisnard, en a fait l’expérience.

Ces mécanismes d’autoblocage d’aveuglement et de réquisitions sont toujours en filigrane dans la gestion de la crise. Car le gouvernement s’évertue maintenant à camoufler son impréparation catastrophique du début mars et son incapacité à décider et à adopter la bonne stratégie ensuite de peur que les Français ne les découvrent. Ainsi on comprend qu’il veuille mettre en place sa propre commission d’évaluation, pour contrer ce que les commissions parlementaires, qui sont dans leur rôle de contrôle démocratique, ne manqueront pas de mettre en lumière. Ainsi le gouvernement a ralenti le déconfinement, qu’il voudrait justifier par la gravité supposée de la circulation du virus, alors que le Nord de la zone euro commençait à déconfiner dès la fin avril.  Ce faisant, il a aggravé les dégâts sur notre économie dans une proportion catastrophique qui aurait pu être tempérée.

Là encore, nos élites croient qu’il suffit d’appuyer sur un bouton pour que tout redémarre. Les mesures techniques utiles qu’il a prises, comme le mécanisme du chômage partiel ont été surcalibrées, aggravant notre endettement et les prêts garantis par l’Etat posent la question de la sortie en fonds propres pour que les entreprises puissent investir.  Or, sur ces questions, on a déjà des semaines de discussions entre Bercy et les partenaires privés, sans décisions fortes, alors que le temps presse. L’Allemagne est déjà à l’œuvre, la France attend septembre …

Ce n’est pas qu’un rebond qu’il faut accompagner, c’est une mutation vers le numérique, l’écologie et les industries de souveraineté, qui réclame des réorientations et de la détermination. Car le recul du PIB ne se traduit pas par une réduction de 10% uniforme sur toutes les entreprises, mais par des disparités logiques qui conduisent pour certaines à la faillite, pour d’autres à un recul de 15%, pour d’autres encore à une restructuration ou un boom. Et notre Etat obèse, centralisé et univoque, capable d’écraser une mouche avec un marteau-pilon, est bien incapable de faire le tri. Il devrait laisser faire les Régions dont c’est la compétence. Mais ça c’est une autre histoire que je vous conterai une autre fois (en attendant vous pouvez toujours relire l’interview de Paul Jeanneteau, notre Monsieur Economie des Pays de la Loire).

Il n’y aura pas de miracle.

Le poids relatif de l’économie française par rapport à l’allemande va continuer de chuter, accélérant l’effritement à l’œuvre depuis quinze ans, à cause de la désindustrialisation du pays. Qui peut penser que cet Etat peut conduire la nécessaire transformation de la nation, alors que l’exécutif n’a pas été capable de mener une seule réforme en profondeur à son terme. Et quoi attendre d’un président uniquement tourné vers les postures qui pourraient permettre sa réélection en 2022 ?

(Merci à Christian Saint-Etienne qui m’a fourni les données pour écrire cet article.)

 

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