LE CHANT DES SIRENES … ET LA GRANDE ILLUSION !
16 juin 2020
Comme d’habitude, les mots sont choisis.
Le Président nous a servi un discours bien calibré, habile, dont certains observateurs n’hésitent pas à dire qu’il a été surtout servi pour plaire aux électeurs de la droite et mettre les Républicains dans l’embarras. Toujours cette obsession d’étouffer ces gêneurs de la rue de Vaugirard qui ont l’audace d’exister encore et même de se payer le luxe de rafler plus de 56% des mairies de plus de 9 000 habitants au 1er tour du 15 mars. Donc la plupart des thèmes y étaient : la clarification sur les forces de l’ordre et la République qui n’effacera aucun nom de son histoire. Les Indigénistes sont condamnés au grand dam de l’aile gauche macronienne qui croyait dans le libéralisme culturel (comprenez le multiculturalisme) ; les corps intermédiaires sont convoqués pour faire partie d’une grande réforme qui partagerait les responsabilités, mais ils oublient de citer les Départements et les Régions et ne prononce pas le mot « décentralisation », des oublis qui ne sont pas dus au hasard ; la maison est repeinte en vert, ce qui fait bon effet par les temps qui courent… Ajoutez un zest d’indépendance et d’appel à l’union sacrée et vous aurez fait le tour des 20 mn du propos d’hier soir. Ne pas oublier bien sûr que les impôts n’augmenteront pas et que les écoles et collèges reprendront le 22 juin. Pour s’en sortir il faudra de la croissance et travailler plus : cela s’appelle enfoncer une porte ouverte ! Ecologie, partage des pouvoirs, République solidaire. Comme dit Cécile Cornudet, dans les Echos, « le discours se tient, mais dans la vraie vie ? » Tout est dit ! Electeurs Républicains, bouchez-vous les oreilles avec de la cire, car évidemment, c’est un piège. Pour se qualifier face à Marine Le Pen au second tour de la présidentielle en 2022, Emmanuel Macron veut absolument empêcher l’émergence d’un candidat de droite, tout faire pour maintenir celle-ci à son étiage actuel, bref lui couper l’herbe sous le pied. Ce que souhaite Macron c’est faire l’Union à son profit, et accessoirement pour sauver la France.
La crise a bon dos.
L’exécutif a tout fait bien. Macron a félicité Macron et « en même temps » son gouvernement. Il ne va pas jusqu’à faire l’éloge ni citer son Premier Ministre qui a l’audace d’être plus populaire que lui. Quand on y regard d’un peu plus près, la réalité n’est pas si belle que dans le discours. Contrairement au discours officiel qu’on veut nous faire avaler, le pire n’est pas derrière nous, mais devant nous. L’Etat a montré son incapacité et ses carences, et son autorité est aujourd’hui en miettes. Il est effarant de mesurer l’écart entre les affirmations martiales du Président et la réalité du terrain avec ce qui se passe à Dijon, par exemple. Et il ne suffira pas de se remettre au travail pour rétablir la situation. La France a abordé l’épidémie avec une activité en récession dès la fin 2019. Le déficit des finances était à 3% et la dette à 100% du PIB, nos entreprises sous-capitalisées et surendettées à 155% du PIB… Et maintenant notre pays va connaitre une récession de 12% du PIB, la plus profonde du monde développé, au point de pomper avec l’Italie et l’Espagne une grosse part des 750 milliards d’euros du fond de relance européen. Il faudrait s’activer pour tenter de rattraper au moins une partie de la production perdue, mais grâce à la générosité de la BCE, on peut se permettre de prolonger le chômage partiel et les prêts garantis par l’Etat jusqu’à la fin de l’été. Pour l’instant les Français se sentent comme immunisés. La drogue de la dette qui bondit à 121% du PIB fait son effet, l’argent public coule à flots pour combler tous les manques. La vérité, c’est que le redressement de la France, si rien ne change, et c’est parti pour, n’est pas pour demain. Alors que l’Allemagne retrouvera son niveau de richesse dès 2021-2022, et restera au plein emploi, il faudra au moins dix ans à la France pour résorber les pertes et les dommages créés par la baisse de la croissance, le chômage et le surendettement. Car ce sont des faillites multiples, des destructions d’emplois, des crédits impayés et des dettes qui se profilent. Une débâcle économique, comme l’annonce d’ailleurs Bruno Le Maire, en croyant noircir, à dessein, le tableau.
La grande illusion.
Pour enrayer cette débâcle, il faudrait réviser beaucoup de points de la stratégie adoptée par le gouvernement qui va nous faire passer à côté de la reprise. A cet égard, un déconfinement trop lent en sera la première cause à mettre en lien avec l’impréparation qui a présidé à l’arrivée de l’épidémie ; en second, c’est la mauvaise habitude que nous avons de déverser sans aucun frein l’argent public, tous azimuts, dans des plans multiples, sectoriels et catégoriels. Un plan de relance qui va pérenniser tout ce qui a échoué, quoi qu’en disent les « annonces officielles » du Président, qui relèvent du coup de… LA GRANDE ILLUSION ! Mais la priorité du moment, pour Emmanuel Macron, c’est de magouiller pour reculer les élections régionales à 2022, après la Présidentielle !
Rendez-vous en juillet : de quoi craindre le pire !
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