LA DETTE DEVRAIT TOUS NOUS PREOCCUPER !
17 juin 2020
S'il y a bien un sujet qui prend un tour préoccupant, c'est bien celui de la dette française. Avec la crise du Covid19 elle a enflé démesurément et pourrait atteindre les 3 000 milliards d'euros en 2022. Commençons par nous poser deux questions :
"D'où vient l'argent ?" et " Faudra-t-il rembourser ?".
Je reprends ici deux chroniques économiques parue sur la page facebook des Républicains 49, qui décrivent bien la situation dans laquelle la France se trouve plongée aujourd'hui.
D'Où VIENT L'ARGENT ?
Le gouvernement annonce des plans de soutien aux secteurs touchés par la crise et l’arrêt de l’activité dû au confinement, et à des entreprises comme Air France ou Renault, il finance le chômage partiel , etc… et tout cela représente des milliards d’euros. Puisque les caisses sont vides, nos concitoyens un peu avisés se posent la question : « mais où prend-il l’argent ? ». C’est tout simple, il l’emprunte à la BCE. Et la France n’est pas la seule concernée. La même question se pose à chaque annonce d'un nouveau plan de relance d'un pays, comme par exemple, après l'annonce par Merkel et Macron d'un projet de fonds de relance européen de 500 milliards d'€.
L’argent de la BCE.
C’est la BCE qui prête aux états mais aussi aux entreprises indirectement en rachetant leurs dettes sur le marché : en fait, c'est de la pure création monétaire, de la « planche à billets » pour reprendre l’expression consacrée. Toutes les autres banques centrales le font. La Fed aux Etats-Unis, la Banque d’Angleterre, la Banque du Japon … Elles ont décidé de créer de l'argent de façon illimitée jusqu'à ce que les effets de la crise aient été compensés et c’est une première historique. Cet argent mis à la disposition des états n’est prêté par personne, il vient de nulle part, c’est de la création monétaire.
Il n’y a rien à craindre pour l’instant.
D’habitude quand on fait tourner la « planche à billets », on augmente la masse monétaire ce qui mécaniquement fait baisser la valeur de la monnaie considérée. Et cela entraîne logiquement de l’inflation, c’est-à-dire une hausse des prix pour compenser. Si on peut créer aussi facilement de l'argent bien réel, qu'on peut distribuer aux États ou aux entreprises, sans se fixer de limites, et sans conséquences sur la valeur de la monnaie, c’est parce que deux conditions sont actuellement réunies :
1. Tous les pays sont dans la même situation, ce qui supprime le risque d’érosion de la confiance et d’effondrement de la devise dans une seule zone ou un seul pays.
2. Il n'y a pas d'inflation. Nous sommes aujourd’hui dans une période de déflation structurelle à cause de trois facteurs : la démographie, par le vieillissement des populations dans les pays développés ; la technologie qui modifie les modes et les circuits de production ; la révolution sociétale, par les changements de mode de consommation. Et il faut ajouter une déflation conjoncturelle du fait de la crise sanitaire et du confinement.
Et après.
Le problème c'est que nous n'allons pas tous sortir de la crise dans le même état et en même temps.
Dans quelques mois par exemple on va s'apercevoir que l'Allemagne est complètement sortie de la crise alors que nous serons encore plongés dedans et voudrons encore emprunter. De plus, comme les monnaies n’ont plus depuis longtemps une valeur garantie par une contrepartie « physique » (par exemple un stock d’or), leur valeur se fonde sur la confiance qu’elles inspirent les unes par rapport aux autres. Il faudra donc que tout le monde arrête en même temps de faire de la création monétaire si on ne veut pas voir une monnaie décrocher par rapport aux autres. Il faudra mettre fin aux largesses financières et l’on entendra alors, surtout chez nous : « vous avez été capables de créer des centaines de milliards d'euros en quelques jours, vous pouviez bien en créer 50 de plus pour augmenter tous les salaires ». Parce qu’évidemment les prêts vont aller au sauvetage des entreprises en priorité. Mais on peut compter aussi sur les revendications syndicales !
FAUDRA-T-IL REMBOURSER ?
C’est la question que l’on doit se poser évidemment.Déjà le débat enfle et alimente toutes les hypothèses, entre ceux qui annoncent la « dette perpétuelle » et ceux qui prônent le remboursement inévitable en faisant payer « les plus aisés »… Pour répondre à cette question nous avons croisé le regard de deux experts indiscutables : le financier Philippe Dessertine et l’économiste Philippe Aghion qu’on dit proche du Président Macron.
Une situation exceptionnelle.
L’arrêt total de la machine économique mondiale pouvait entraîner un effondrement généralisé. Pour l’éviter toutes les banques centrales du monde ont émis de la monnaie, de la dette dans des proportions inédites. On n’a jamais vu autant d'argent dans le circuit à la sortie immédiate d'une crise. Au point que certains n’hésitent pas à imaginer que ça pourrait continuer indéfiniment. Selon « les Échos », la dette créée pour financer les déficits liés au coronavirus pourrait ne jamais être remboursée car elle est en grande partie détenue par la BCE qui est elle-même « détenue » par les États auxquels elle prête. On aurait donc soit une annulation pure et simple de la dette détenue par la BCE, soit, plus élégant, une transformation de cette dette en « dette perpétuelle » qu'on annulerait dans quelques années. Mais dans les faits, nous prévient Philippe Dessertine, l’énorme gouffre creusé par l’absence de production est toujours là, doublé désormais d’une dette folle. Depuis trente ans, cette dette est de plus en plus décorrélée de la production de la richesse. Comme on l’a vu, il s’agit d’une création pure et simple : on fait tourner la planche à billets. Une démarche utile pour enrayer la spirale de la dépression, mais insoutenable à long terme.
La magie n’existe pas.
Jamais un banquier central n’a produit de la richesse. L’histoire est riche d’exemples en la matière. La vérité c’est qu’un jour ou l’autre, l’excès de dette entraînera la perte de confiance dans la monnaie ce qui débouche toujours sur la dévaluation de l’épargne, et les premières victimes sont toujours les épargnants. L’enjeu n’est pas de savoir s’il faut s’en réjouir ou les défendre, une catastrophe monétaire a toujours le même épilogue : un effondrement de la croissance, la ruine des rentiers et la misère pour les plus vulnérables. Ce médicament économique est donc à manier avec une infinie précaution. Il doit être circonscrit dans le temps et oblige ensuite à une rigueur accrue. Il faut donc avoir comme objectif le plus vite possible de recréer de la valeur. D’où la nécessité d’un plan de relance.
Le recours à l’impôt.
La France a besoin d’au moins 300 milliards d’euros. L’ISF rapporte au mieux 4 milliards : on voit tout de suite qu’augmenter les impôts ne servirait à rien pour combler cette somme énorme, surtout dans notre pays déjà en overdose fiscale. Pour Philippe Aghion, il est même contre-productif d’y penser. Selon lui, la prochaine source de financement de la France dans les prochaines années sera la croissance par l’innovation et tous les efforts du pays doivent converger pour doper cette croissance. Cela met au rebut toutes les propositions de monétisation de la dette, de fonds de défaisance, de rachat de tous les types d’actifs par les banques centrales, … Il faut absolument miser sur la croissance et donc ne rien faire pour la décourager. La monétisation de la dette publique par la BCE peut être une solution d’attente, mais elle ne peut le faire sans limite. Par contre, il est possible d’utiliser mieux le stock d’épargne en l’orientant davantage vers les secteurs économiques gros consommateurs d’investissements.
L’investissement privé en première ligne.
Il s’agit d’inventer des technologies nouvelles, de proposer des ruptures, d’innover dans le fonctionnement des entreprises : le temps du risque est revenu. Et l’Etat est le plus mal placé pour le gérer. Au contraire, il serait opportun de créer l’environnement, les structures, la fiscalité qui stimulent cet effort gigantesque de l’investissement privé. Avec, pourquoi pas, au passage, une utilisation intelligente de l’épargne jusqu’ici sacrifiée. C’est le seul moyen de convertir la masse monétaire aujourd’hui virtuelle en potentialités productives. Alors la question du remboursement ne se posera plus, ou alors en termes soutenables.
Nous verrons prochainement pourquoi il ne faut pas minimiser le risque que la dette explose .
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