HISTOIRE
REMANIEMENT CASTO : DU BRICOLAGE !
ET MAINTENANT, QUE VAIS-JE FAIRE…

CRISE DE LA CONSCIENCE REPUBLICAINE

La liberté guidant le  peuple bis

 

Une dernière pour la route… comme on dit.

Traditionnellement, le bloc-notes se met au vert au début de l’été. Je devrais plutôt dire « au bleu océan ». Nous allons donc passer en mode détente, avec des articles plus espacés –farniente oblige- et aux thèmes plus souriants, ce qui n’exclut pas la réflexion de fond sur les travers de notre société.

Mais en cette veille de week-end du 14 juillet, notre « fête nationale » pour ceux qui seraient tentés de l’oublier, je voudrais attirer votre attention sur l’excellente tribune de Jacques Julliard, tirée de son « carnet », publiée dans Le Figaro du 6 juillet dernier et intitulée « La crise de la conscience républicaine ».  L’auteur constate que nous avons atteint le point extrême d’un déséquilibre entre les droits (fort nombreux) et les devoirs (très modestes) que l’individu estime avoir envers la nation. Je vais tenter de vous en livrer ici une synthèse forcément simplificatrice et je ne saurais trop vous conseiller de vous la procurer, tant elle me paraît emprunte d’une rare lucidité et décrit un chemin pour le monde dans lequel nous sommes entrés que j’aimerais voir emprunté par Les Républicains.

Une France aux abois.

La description est impitoyable. Il commence par ce qui lui paraît le plus imprévisible, le plus baroque : l’antiracisme racialo-mondain, aussi absurde que virulent, avec son escorte des milieux pharisiens  du show-biz, d’intellectuels de gauche plus couchés que jamais, de politiques qui n’ont rien appris à droite, au centre ou à gauche, sans oublier les écolos, ces « grands bénêts qui chantent la bonté d’une nature que le coronavirus a révélée dans sa cruauté extrême ». Il faut y ajouter une télé d’Etat qui bat des records d’information… Liberté, égalité, camping ! Et pour terminer un gouvernement qui feint de commander aux événements… dans le sens où ils vont tout seuls, avec en perspective une récession sans précédent. Le tableau est couronné par la faillite de l’Etat révélée par la crise sanitaire. Cet Etat dans lequel chacun feint de voir la solution alors qu’il est une partie du problème, incapable d’assumer correctement ses fonctions régaliennes, police, justice, défense et comme responsable de l’éducation de la nation. « On l’a vu tâtonnant, titubant, incapable d’imposer son autorité à ses fonctionnaires ».

Une crise de la conscience collective.

Ce qui a éclaté au grand jour avec la crise sanitaire, c’est la crise de la conscience républicaine qui couvait depuis longtemps. Pour faire court, la République avait exprimé la volonté des Français de se constituer en nation, avec ce que cela de suppose de droits acquis mais aussi d’obligations assumées. La crise sanitaire a révélé l’inverse : pour les Français, l’Etat républicain n’est plus rien d’autre que le régime où la conservation de chaque individu est devenue la valeur suprême. Et on voit désormais des citoyens intenter des procès à leur Etat pour avoir failli à cette mission. « L’idôlatrie de la vie est devenue la passion dévorante à quoi toute valeur collective doit être sacrifiée » … « quoi qu’il en coûte » ! La Patrie « cette entité transcendant les existences individuelles pour laquelle les hommes avaient accepté de risquer leur vie », … agonise sous nos yeux. Pour s’en convaincre, il suffit de poser la question : existe-t-il encore des institutions, des idées, des personnes pour lesquelles nos contemporains accepteraient de sacrifier leur vie ?  

La conscience républicaine était universaliste. C’est parce qu’elle a perdu de vue cette volonté que les « pulsions séparatistes »  et communautaristes trouvent leur espace.  Il est urgent de revenir à cet idéal qui fonde la France. De même que l’universalisme républicain  a besoin d’une France qui retrouve puissance et grandeur pour retrouver son sens.

Des raisons d’espérer.

Heureusement tout n’est pas négatif. L’expérience de 2008 a servi. L’Etat, au coeur de la crise, malgré ses faiblesses, n’a songé qu’à la relance  et à sauver les emplois en compensant les pertes de salaires et en intervenant pour éviter le plus possible les faillites. Pas parfait, mais la direction est la bonne. Et l’Europe a tenu, déjouant tous les pronostics des souverainistes dont le clairon ne sonnait que « la retraite ». Les mesures, quand elles seront adoptées par tous les Etats membres, permettront à l’Europe d’aider la relance des pays les plus en difficultés. A l’heure où l’on déboulonne les statues, il va y avoir de la place pour en élever une à Angela Merkel, s’exclame Jacques Julliard…  Ainsi sera préservé l’espace politique plus large que le cadre national, pour que se déploie la conscience républicaine. « Bienvenue dans une Europe allégée de la tutelle américaine et revivifiée par le couple franco-allemand.  D’autant plus que dans « un monde en proie aux passions nationalistes et populistes, l’Europe est la seule puissance d’équilibre, la seule puissance de paix, à condition qu’elle accepte d’être une puissance et d’en assumer les responsabilités ».

La France à la croisée des chemins.

Pour Jacques Julliard, la France peut faire le choix de la facilité, avec comme ambition de devenir  une sorte « de grande Suisse pieusement écolo en marge de l’Histoire : soleil, tourisme et pourboire ». Elle peut aussi continuer, contre vents et marées, à « se penser comme un destin ». Ce n’est pas facile, surtout avant.  « La pensée d’un grand peuple, c’est sa vocation historique », disait Bernanos. Et la vocation historique de la France c’est l’universalisme. Il n’a de sens que si elle prend les moyens de continuer d’exister à l’échelle planétaire.

Le projet doit donc être : l’unité et la puissance française ! Et s’en donner les moyens : redevenir une République, un lieu sûr pour ses citoyens égaux en droits et en devoirs ; revenir à une école « creuset de la nation ». Il faut que la France redevienne une puissance, et l’Europe franco-allemande est le seul moyen de s’opposer à la folie croissante des impérialismes rivaux. La conscience républicaine est le chemin qui débouche sur un renouveau de la cohésion et de l’ambition française.

Mais comment faire ? L’auteur souhaite s’en remettre pour le moment, à la Providence.  Ce qui ne me satisfait guère. Si seulement Les Républicains  voulaient s’emparer de ce défi… Il leur correspond et ils en sont capables !

 

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