REMANIEMENT : PEUT-ON SAUVER LE SOLDAT MACRON ?
02 juillet 2020
Tous ceux de droite qui, comme Christophe Béchu, rejoindraient un gouvernement Macron, porteront une lourde responsabilité. Ils compliqueront l’émergence d’un candidat de la droite républicaine à l’élection présidentielle et auront à porter la responsabilité d’une victoire de Marine Le Pen, faute d’avoir pu proposer une autre alternative au Président sortant. Je les plains d’avance. Leur plat de lentilles aura un goût amer.
Mais si cet argument est essentiel, il y en a d’autres pour caractériser ce qui constituerait une trahison politique, sur le double plan de la stratégie et des idées.
Priorité au projet Républicain.
Sur le plan de la stratégie, la priorité aujourd’hui est de se rassembler autour de la construction du projet des Républicains afin de proposer une alternative crédible en 2022. Tenir 60% des communes ce n’est pas 60% des Français. Il reste à reconquérir et à convaincre les électeurs urbains où les résultats des Républicains sont souvent à la peine, malgré l’action des Régions qu’ils pilotent en faveur du cadre de vie et des infrastructures. Les Français des villes ne sont pas réduits à voter pour Macron ou la nouvelle union des gauches fut-elle repeinte en vert. Nous avons à leur proposer un projet intransigeant sur la sécurité et la laïcité, exigeant en matière de finances publiques et d’endettement, ouverte sur une conscience écologique compatible avec l’économie et s’appuyant sur une conversion progressive et raisonnable. Les Français aspirent à vivre tranquillement à se loger correctement et espèrent le progrès social. Ils ont besoin de croire de nouveau dans l’avenir, mais il faut leur proposer une perspective qui leur apporte des réponses à eux et à leurs enfants en matière de qualité de la vie : manger sain, respirer un air moins pollué, et obtenir des salaires qui récompensent justement le travail et les efforts… Nous avons à proposer une union de la droite et du centre fière de son identité, qui conjugue respect et progrès. A la fin de cette année, le projet sera prêt. Il restera à l’incarner.
Le projet politique de Macron n’est pas le nôtre.
Nous n’adhérons pas à son néolibéralisme caméléon, mondialiste avec un discours protectionniste à ses heures, repeint en vert pour la circonstance. Depuis qu’il est au pouvoir, excepté la fiscalité du capital, il a peu réformé, les fractures territoriales et communautaires se sont aggravées, la violence a augmenté. Il rêve d’instaurer la « proportionnelle » qui rendra notre pays déjà fractionné en démocratie ingouvernable. Il n’a rien fait pour alléger le poids d’un Etat obèse. Le nombre des fonctionnaires continue d’augmenter et la technocratie a toujours plus de pouvoir. L’Education nationale reste à la dérive et les recrutements se font toujours à la baisse en termes de compétences. Notre pays bat toujours les records de prélèvements sur les ménages et sur les entreprises… Il a mené avec Edouard Philippe une politique de gauche qui ne dit pas son nom, sociale-démocrate, dans le prolongement du mandat Hollande. La recherche de l’égalité, qui confine à l’égalitarisme, s’est faite par la fiscalité en prélevant toujours sur les mêmes au profit des mêmes tranches sociales. Sur le plan international, avec lui, le projet européen n’a guère avancé et si les institutions communautaires ont réagi face à la crise du Covid, c’est surtout grâce à Angela Merkel. Comment un garçon intelligent comme Christophe Béchu, dont les convictions sont tout autres –ou au moins étaient- peut-il ne pas voir le piège ?
Le changement de casting n'y fera rien.
Ce ne sont pas de petits débauchages au service exclusif d’une ambition personnelle dont la France a besoin, mais d’un projet cohérent fondé sur la liberté, la responsabilité et l’autorité de l’Etat, et qui s’adresse à tous. Toutes choses qui semblent à cent lieues des préoccupations du Président actuel. Macron est une impasse. Il ne peut gagner que contre Marine Le Pen. Et encore rien n‘est certain. Entrer au gouvernement maintenant, c’est comme monter sur le Titanic. Au moment où Ségolène Royal sort du bois pour rassembler les gauches, Les Républicains ont un boulevard qui s’ouvre devant eux, entre le nationalisme rabougri et la « Start-up nation » qui ne parle qu’aux « geek » des villes.
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