HISTOIRE
JE N’AI RIEN COMPRIS !
LE RETOUR DES BARBARES ?

« INITIATIVE » FRANCO-ALLEMANDE

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Macron a-t-il  convaincu Merkel. C’est ce qu’il voudrait nous faire croire. A bien y regarder, chacun est resté dans sa logique, sauf que le président français a  quand même cédé sur la solidarité qu’il souhaitait et qui n’apparaît qu’en filigrane dans le projet présenté aux médias.

Merkel a-t-elle changé ? Non,  mais elle  s’adapte,  en bonne germaine pragmatique ! Son discours actuel sur  la nécessité de préserver l’Union européenne  en est un exemple.  Et  pour cause.  L’Allemagne y a tout intérêt ! L’initiative franco-allemande ou plutôt  germano-française est dans le droit fil.

De quoi s’agit-il ?

De la  création d’un fonds européen de  « solidarité ». Un fonds de plus et d’un nouveau type : c’est un fonds qui emprunterait sur les marchés financiers, au nom de l'Europe, 500 milliards d'€ pour la « relance ». Mais attention, il n'aura pas vocation à prêter de l'argent, mais à investir de l'argent en capital pour financer la relance. Et la  nouveauté  c’est qu’il empruntera de l'argent à travers la Commission Européenne. C'est le souhait qu'ont exprimé ensemble Macron et Merkel. Reste à convaincre maintenant tous les partenaires de l'Union Européenne et ce ne sera pas simple.

Des  « coronabonds » ?

Cela y ressemble et c’est un évènement politique ! L’Allemagne qui était opposée à la mutualisation des dettes semble changer de doctrine et met fin à la longue panne de propositions provenant de l’axe Paris-Berlin. Si l’Allemagne revient aux fondamentaux d’une Europe de la cohésion et de la solidarité,  cette initiative n’en doit pas moins être adoptée à l’unanimité par les 27 pays de l’UE, ce qui n’engage en rien. Pour la Chancelière il s’agit de contrer le récent jugement de la Cour suprême allemande critiquant les plans d’aide de la Banque centrale européenne. Mais ce ne sont pas vraiment  des « coronabonds » !

Virage historique vers une dette mutualisée? Que nenni !

Les Etats devront emprunter pour rembourser la dette dite « européenne » ainsi contractée, qui ne représente aucunement une mutualisation de la dette, mais seulement un lissage des taux d’intérêt, car  il s’agit, en fait, de ne mutualiser que les taux d’intérêt. Les divergences des taux d’intérêt au sein de la zone euro ne seront plus traitées de la même façon, c’est l’avantage. Pourtant cette « dette européenne » devra être remboursée par les États dans 6 ou 7 ans, et on peut imaginer que ça se fera, le  moment venu, avec un taux allemand qui sera bas et un taux italien haut. Et  ne nous y trompons pas : même s’il s’agit d’un lissage des taux, le sens de la cohésion européenne n’est valide que si tout le monde fait des efforts. Il ne faudrait pas qu’au nom de la solidarité et du transfert il faille systématiquement éponger les errances et dérapages financiers des pays de l’Europe du Sud.

Il ya quand même un grand changement.

Les banques centrales et les gouvernements semblent prêts à compenser, à l'euro près, l'évaporation de richesse et de croissance provoquée par la crise du Covid 19. Et c'est une grande première.
Jamais jusqu'à cette crise, les banques centrales et les gouvernements n'avaient assumé, intégralement, l'impact d'une crise. Ce qui est frappant  c’est la rapidité et la puissance de la réaction qu’ils ont eue. Et ce fonds de relance en est une illustration supplémentaire. Car ce plan de relance s’ajoute aux 540 milliards d’euros des plans existants portés pour partie par le mécanisme européen de stabilité et pour partie par la banque européenne d’investissement, puis par la Commission européenne.

Et la France, où en est-elle ?

Même si la dette est inévitable pour faire face au désastre du Covid-19 qui a plongé, par le biais du confinement, l’économie dans la récession, il faudra malgré tout la rembourser. Au moins en partie.  Et même si c’est dans très longtemps, ça ne dispense pas de faire des efforts de discipline budgétaire pour revenir à une orthodoxie financière publique saine et compatible  avec  nos engagements européens. La  France a échappé de justesse à une procédure européenne concernant justement la  dérive de ses dépenses publiques. Et si jamais  cela passe par l’augmentation des impôts et non via une fiscalité réduite sur les entreprises comme sur les foyers alors on retardera la  reprise vers une croissance indispensable. Rappelons que la France détient aujourd’hui la triste palme d’or des prélèvements obligatoires en Europe avec un taux de 48,4 % du PIB (données Eurostat pour 2018 alors que la zone euro est à 41,7 % et 40,3 % du PIB dans l’UE) avec un différentiel qui pèse près de 100 milliards d’euros d’impôts en plus sur les entreprises françaises comparé à l’Allemagne.

L’initiative Merkel-Macron, Pour intéressante qu’elle soit si elle voit le jour, ne doit pas nous détourner de cette réalité.  Car il est urgent de rendre la France enfin crédible face à l’Allemagne, à l’Europe et, mieux en encore, face aux Français.

 

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