HISTOIRE

LA COMEDIE A ASSEZ DURE !!

  Grexit

 

Le Fonds monétaire international (FMI) a claqué la porte des négociations sur la dette de la Grèce. Les Européens continuent de rechercher un accord avec Athènes qui la contraigne à honorer ses engagements sans pour autant qu’elle quitte la zone euro. Mais le malaise général des places financières devient insupportable. Maintenant, il faut trancher !

Trop c’est trop !

Le FMI a décidé de se retirer de la table des négociations parce que cette histoire n'en finit pas. On avait déjà eu un ultimatum vendredi dernier suivi cette semaine de signaux d'accord imminent, et hier à nouveau la rupture des négociations. Les négociateurs du FMI et de l'Europe sont à bout de nerfs tant Tsipras et ses ministres jouent le blocage pour ne rien céder. Résultat: énième jour J, jeudi prochain avec la réunion des ministres des Finances de la zone et la volonté affichée d’Angela Merkel de parvenir à un accord. Mais un accord serait-il une meilleure nouvelle qu'un défaut de la dette ou un Grexit ? A court terme peut-être. A long terme, certainement non. La réalité c'est que la Grèce est en défaut, c’est-à-dire en faillite ! Elle a une dette colossale qu'elle sera incapable de rembourser. Les mois qui viennent d'être perdus en palabres ont accéléré l'effondrement des dépenses publiques et de la croissance. Si quelques milliards suffisaient encore pour colmater les brèches il y a 6 mois, aujourd'hui c'est 10 ou 20 milliards qui seront nécessaires. Et tout ça pour gagner quelques mois, gagner du temps pour perdre encore de l'argent. C'est ce qu'applaudissent les marchés à chaque rumeur sur un accord. Une folie !

Une situation devenue intenable.

Le Président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde (sans rapport avec Christine Lagarde, directrice du FMI), s’est prononcé pour une sortie de la Grèce de la zone euro. Il estime, à juste titre, que le programme d’Alexis Tsipras est incompatible avec une monnaie forte. L’économie grecque ne peut retrouver un minimum de compétitivité qu’avec une monnaie dévaluée, ce qui implique un retour au Drachme. Si les marchés applaudissent chaque fois qu’un accord se profile, c’est parce qu’ils veulent que les dirigeants de la zone euro maintiennent à n’importe quel prix le principe en vertu duquel l’euro protège toutes les économies situées dans la zone. Mais ce principe, en l’état, est inapplicable, sauf à jeter encore et encore des milliards dans le tonneau des Danaïdes.

Le Grexit devient inévitable.

Un « Grexit » entraînerait évidemment des perturbations, d’ailleurs de nature plus psychologique que financière, car la Grèce ne représente que 5 % du produit intérieur brut de l’Union européenne. Mais, après quelques turbulences, les marchés reviendraient vite à la raison et M. Tsipras pourrait appliquer le programme pour lequel son parti, Syriza, a été porté au pouvoir par les électeurs grecs qui nous décrivent à l’envie leurs souffrances économiques et sociales. Ils ne veulent pas comprendre que les ajustements de leurs salaires et de leurs retraites, l’ascension vertigineuse du chômage, corrigent des avantages factices qui leur ont été accordés grâce au trucage de leurs comptes pour obtenir l’adhésion de leur pays à la zone euro.

La Grèce victime de ses démagogues.

Cinq ans d’austérité, c’est trop long, mais est-ce injuste ? La Grèce à 300 milliards de dettes, soit 177 % de son produit intérieur brut. La générosité des européens a été immense. Cependant, elle a ses limites, car si nous continuions à prêter de l’argent aux Grecs, ils nous entraîneraient dans un désastre continental. À quoi il faut ajouter que M. Tsipras négocie à la Grecque, en présentant des concessions illusoires qui ne risquent pas de duper des négociateurs avertis par les mensonges de naguère. Le gouvernement, qui se classe lui-même à l’extrême gauche, s’est montré à ce jour incapable de procéder aux réformes indispensables telles que la fiscalité de l’Église orthodoxe, la création d’un cadastre pour l’impôt foncier, la répression de la fraude fiscale qui va des plus riches aux propriétaires de café ignorant la TVA. C’était pourtant un rôle que ses convictions lui assignaient.
La Grèce n’a donc pas d’autre choix que de pratiquer la dévaluation compétitive et, pour cela, elle doit retourner au Drachme, ce qui se traduira pas un nouvel appauvrissement de son peuple, mais lui permettra de retrouver des marges de manoeuvre dans la production et l’export.

Dans une Europe interdépendante, la déroute financière est contagieuse. Le sauvetage des Grecs ne saurait se traduire par l’affaiblissement et même la destruction de la zone euro. Nous avons beaucoup donné aux Grecs et nous l’avons fait au nom de la solidarité européenne. Il faut néanmoins avoir les pieds sur terre et, surtout, cesser de tergiverser. Ou bien les Grecs acceptent les conditions de leurs créanciers, qui se sont adoucies au long de la négociation, ou bien, au plus tard la semaine prochaine, nous leur signifions la rupture.

 


LA VICTOIRE DE CAMERON

 

Cameron

L’électeur, ce souverain…

C’est bien la première leçon qu’il faut tirer du scrutin britannique : foin des sondages qui donnaient travaillistes et conservateurs au coude-à-coude. Aucun n’avait prévu la brillante victoire David Cameron, qui plus est avec une telle amplitude : la majorité absolue aux Communes ! L’électorat n’a donc pas cédé à l’intoxication sondagière devenue frénétique dans les derniers jours de la campagne, jusqu’à quatre résultats par jour. Il y a des bookmakers qui ont dû se faire une petite fortune. Ceux qui auront parié sur les « blues ».

Le courage politique paie !

C’est vrai en Grande Bretagne et je me garderai bien d’extrapoler. Le succès de David Cameron témoigne qu’une politique active de réformes peut être comprise par la population même lorsqu’elle implique des mesures douloureuses, dès lors que les résultats sont là. Reprenant un pays sinistré par la crise mondiale mais aussi par les dérives financières des Travaillistes qui avaient conduit le déficit budgétaire à plus de 10 % du PIB, Cameron a mis en oeuvre une série de réformes fondées sur le bon sens économique : baisse de la dépense publique qui est passée de 50 % à 43 % du PIB (57 % en France), fiscalité favorables aux activités et aux intitiatives, flexibilité accrue du marché du travail avec notamment le contrat à zéro heure, contrôle des dépenses de l'assurance chômage et mise en place progressive de contrepartie aux allocations. Mais rien n’aurait été possible si les résultats n’avaient pas été à la hauteur. Et ils l’ont été : baisse du déficit public à 5,4 % du PIB, baisse du chômage à 5,4 % de la population active, croissance de 2,6 % en 2014 (à comparer au 0,4 % français). On a même imaginé outre-manche que les résultats calamiteux de la France socialiste de François Hollande ont largement contribué à décrédibiliser le Labour d'Ed. Milliband.

Le premier Ministre a parfaitement géré son quinquennat.

Il avait une vision claire de son calendrier. Les réformes les plus difficiles ont été engagées dès la première année de son accession au 10 Downing street en 2010. Ensuite, il a attendu qu'apparaissent les premiers résultats, sans s’inquiéter de l’impopularité qu’elles suscitaient. Il y a deux ans, les populistes de l'UKIP étaient à leur sommet et la plupart des commentateurs prévoyaient un triomphe travailliste. Ainsi, le premier ministre a pu créer deux millions d’emplois en Grande-Bretagne depuis 2010, pendant que le chômage ne cessait d’augmenter en France. Outre-Manche, la croissance est la plus forte du continent tandis que le taux de pauvreté a pu être réduit.  La réussite britannique est le fruit d'une volonté politique, elle est le fruit de réformes structurelles. Elle a été rendue possible aussi par la culture anglo-saxonne où la réussite est perçue comme la contrepartie du mérite et du talent et les différences de conditions choquent moins qu’en France où le culte de l'égalité est élevé au rang de religion. Ce qui rend la politique conservatrice difficilement exportable dans notre pays, même si les mentalités commencent à bouger. En se faisant réélire après un train de réformes ambitieux, David Cameron peut poursuivre son chemin, avec les coudées franches, cette fois.

Le populisme n’est pas une fatalité.

L'UKIP, le parti eurosceptique et anti-immigration n'a pas réussi à dépasser les 14 %. Il ne compte qu'un seul député à Westminster. Son leader, Nigel Farage a même été battu dans sa circonscription. Mais pour en venir à bout, David Cameron a été contraint de promettre un référendum sur l'adhésion du Royaume-Uni à l'Union européenne et de prendre des positions fermes sur l'immigration, s'engageant notamment à réduire drastiquement les aides aux nouveaux arrivants durant les deux premières années de séjour sur le territoire anglais. Sur l'Europe, le premier ministre a annoncé une renégociation des traités plus exigeants en termes notamment de frontière commune et de libre circulation, mais sans jamais remettre en cause l'adhésion à l'Union Européenne. Il entend soumettre au peuple un projet d'Europe améliorée, en aucun cas soutenir une sortie de l'Europe. Cette position qu’un Sarkozy n’aurait pas désavoué, a permis de faire un barrage efficace à l'extrémisme. Tout cela peut évoluer évidemment. L’hypothèque électorale ne sera définitivement levée que lors du référendum de 2017. Car le scrutin du 7 mai a aussi été marqué  par le raz de marée plébiscitaire du parti national écossais qui emporte 56 des 59 circonscriptions écossaises. Cela témoigne d'un malaise profond du nord de l'Angleterre victime de la désindustrialisation et de la nouvelle économie de services, et il ne faut pas sous-estimer le particularisme écossais, où se mêle le sentiment d'une revanche à prendre sur Londres après le demi échec du referendum, et sa volonté de bénéficier seul des retombées du pétrole de la Mer du Nord. Pour éviter que le l’esprit de sécession politique se transforme en sécessionnisme tout court, la défense des territoires, de la ruralité et des régions de la périphérie est une urgence absolue pour le nouveau gouvernement. Comme quoi on retrouve la même problématique que celle que nous rencontrons dans notre pays avec le vote FN et la France des périphéries.

La déroute des Travaillistes.

Elle constitue un avertissement pour François Hollande qui  devrait méditer sur les résultats des socialistes anglais qui prônaient une politique de relance par la demande. Les commentaires de son entourage, que l’on a pu entendre et qui relèvent de la méthode Coué, comme quoi, les réformes menées par l’actuel gouvernement produiront le même effet en 2017, sont surréalistes. On ne parle vraiment pas de la même chose. En fait de réformes courageuses, on ne trouve que des avortons et des demi-mesures aussitôt édulcorées par une majorité socialiste sourcilleuse. Oui, c’est une belle leçon que notre pingouin voyageur devrait apprendre par cœur pour le faire sortir de l’immobilisme dans lequel il se confine sous prétexte que l’embellie de la conjoncture européenne va entraîner la France dans son sillage. La Commission de Bruxelles constate que la France reste à la traîne dans la reprise européenne, que l’investissement ne redémarre pas et que le nombre des sans-emploi continue de s’accroître de mois en mois.  D’autant que l’embellie économique internationale pourrait connaître une éclipse. Les remous des derniers jours sur les marchés financiers sont un signe avertisseur de sa fragilité, avec la remontée des cours du pétrole, le rebond des taux d’intérêt, le repli du dollar qui entraîne une hausse de l’euro, le ralentissement de la conjoncture américaine et de certains pays du nouveau monde. Autant d’éléments qui réduiraient, s’ils étaient confirmés, le souffle prometteur de la reprise escomptée.

 


BORLOO L’AFRICAIN

Borloo

« C’est nous les Africains qui revenons de loin… ». Ce trait d’humour pour saluer le retour d’un Jean-Louis Borloo plein de vie et d’énergie. Et le revoilà qui surgit dans l’arène à un endroit où on ne l’attendait pas. Retiré de la vie politique depuis près d’un an, il s’est lancé dans un projet de fondation destinée à électrifier l’Afrique. Il a présenté la semaine dernière sa fondation pour l’énergie en Afrique, continent où il se rend régulièrement. Parmi les personnalités présentes pour le soutenir, les présidents des deux assemblées, le patron du Medef, quelques élus et intellectuels comme Eric Orsena. Avec en sus, la visite surprise de l’hôte de l’Elysée venu se montrer sans avoir été invité, mais "l’esprit" du 11 janvier permet tout.

Borloo le « visionnaire ».

Est-ce la maladie qui a donné à cet ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy cette nouvelle vision internationale, qui ne manque pas de lucidité ? On le connaissait surtout pour avoir mis en application ses idées sur le développement urbain et la politique de la ville. On lui doit notamment la loi de rénovation urbaine et l’ANRU qui a permis la réhabilitation de nombreux quartiers. S’il a renoncé à la politique nationale, c’est pour raison de santé. Celle-ci étant revenue, il n’a pas souhaité revenir dans le jeu du marigot des centres, probablement trop compliqué pour cet homme pragmatique avide de concret. Il va donc investir son génie dans son nouveau cheval de bataille : l’électrification de l’Afrique, condition préalable au développement de ce continent et surtout, nécessaire au soutien de la croissance en Europe. Et c’est avec énergie et passion qu’il a présenté son projet. « Le relais de croissance pour l’Europe se trouve en Afrique », s’est-il exclamé, dénonçant la situation « intenable » de l’Afrique en matière d’énergies, convaincu d’avoir trouvé là un axe vital pour notre croissance, pour notre stabilité, et un supplément d’âme pour l’Europe. Et d’énoncer ses arguments : « Notre avenir se joue là-bas, à notre porte. Les Africains sont 1 milliard aujourd’hui, ils seront 2 milliards en 2040 ! Nous devons prendre conscience de ce train démographique infernal. » Pour Jean-Louis Borloo, si on maîtrise cette réalité, on peut en faire une chance à la fois pour l’Afrique et pour l’Europe dont le continent noir sera le principal relais de croissance. Sinon, ce pourrait être le chaos, un cocktail explosif pour le monde entier.

"S’occuper de l’Afrique, c’est s’occuper de nous."

Or, selon lui, l’Europe n’a pas pris la mesure de l’enjeu. Elle n’a pas de stratégie africaine et fait preuve de cécité. Il prend pour exemple la dernière réunion de l’Union africaine à Adis-Abeba, en Ethiopie, où il a été surpris de ne pas croiser un seul représentant de l’UE, alors que pullulaient Chinois et Indiens ! Et pour Jean-Louis Borloo, cet oubli est catastrophique alors que nous avons les moyens d’intervenir. Et surtout par le passé africain des pays européens, nous sommes les mieux placés pour le faire. Le principal problème, à ses yeux, est celui de l’électrification, un domaine où nous excellons. Hors le Maghreb et l’Afrique du Sud, le continent vit dans le noir : « Imaginez qu’il y a 650 millions de portables et que seulement 200 millions d’habitants ont l’électricité. Si on ne facilite pas l’accès de la population  à la lumière, la déstabilisation de l’Afrique est certaine et celle de l’Europe avec ! ». Sans faire de jeu de mot, l’obscurité conduit tout droit à l’obscurantisme. On comprend aisément que l’énergie est un préalable nécessaire à l’essor de l’Afrique.

« Energies pour l’Afrique »

Tout cela, c’est bien gentil, mais ça va coûter et on n’a pas un fifrelin. Jean-Louis Borloo balaie l’argument. C’est là qu’est le génie de notre homme. Comme pour les banlieues, il a imaginé un montage qui rend possible l’opération en « fédérant » les sources de financement. Il tente de lancer une espèce plan Marshall, avec l’impératif pour les africains de se prendre en main. Il se fait fort de décider les 54 chefs d’états de fonder  « l’Agence d’électrification de l’Afrique » et de la rendre opérationnelle d’ici la fin de l’année. Sa mission : faire de l’ingénierie et mettre son savoir-faire au service de tous les pays, sans pour autant assurer une tutelle dirigiste. Il faudra 250 milliards d’euros d’investissements, dont 25% non remboursables. Cet argent peut être levé sur les marchés financiers et les grandes entreprises, dont la plupart sont partantes. La Banque africaine de développement est au coeur du dispositif et ses experts sont déjà sur le pied de guerre. Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi : la source énergétique devra être adaptée à chaque terrain, alternant solaire, hydraulique, thermique… Ce programme est prévu pour courir sur une dizaine d'années. 

Un projet déjà bien avancé.

Il faut aller vite et lancer ce programme « avant le 30 juin » prochain. Notre ancien ministre a réussi à convaincre Jean-Claude Juncker, le Président de la Commission européenne,  de constituer une équipe dédiée à son projet et il espère obtenir un débat au Parlement européen. Il compte sur la France, et la visite du Président français à sa conférence de presse est un bon indicateur (il faut dire que la réussite est de son intérêt évident), et il veut associer toutes les forces vives du pays, partis politiques, partenaires sociaux, intellectuels, entrepreneurs… Jean-Louis voit grand et veut rassembler large. C’est sa part de naïveté et c’est ce qui le rend si sympathique et … convaincant. Ce faisant, il nous montre que la politique lui colle à la peau.

 


A L’ULTRA GAUCHE, LES LENDEMAINS CHANTENT RAREMENT !

 Comédie grecque 

Alexis Tsipras le découvre à ses dépens. Les chiffres sont têtus. On peut changer les mots, pas les réalités. Trois semaines après sa victoire, en effet, il a eu la peau de la « Troïka » (Commission, FMI, BCE), honnie par les Grecs pour avoir imposé un calendrier de réformes sévères. Mais le Turlupin de la zone euro n’en a pas pour autant fini avec ces mêmes instances. Ce n’est pas parce que le mot « troïka »  et l’expression « plan de sauvetage » se sont évaporés, qu’ils n’existent plus. Au dernier sommet de Bruxelles, c’était bien « un contre 27 », explique un participant à la réunion. Bref, la coalition méditerranéenne souhaitée contre l’orthodoxie berlinoise ne s’est pas concrétisée.

Les Grecs ne doivent pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

On sait bien qu’ils ont inventé la comédie et ils sont experts en la matière. C’est ainsi qu’ils ont réussi, avec l’aide de médias bien compatissants à nous faire pleurer sur le triste sort que ces « méchants » imposaient au pauvre peuple qui n’en peut mais. C’est vraiment inverser les rôles. L’Europe a été depuis le début de la crise, d’une grande générosité avec les Grecs. Il ne faudrait quand même pas oublier que ce pays est entré dans la zone euro avec des statistiques truquées (Giscard était contre), qu’il n’a toujours pas mis en place un système correct de collecte des impôts et que ses riches armateurs n’en paient pas, pas plus que la riche église orthodoxe. C’est encore l’Europe qui a accepté un effacement de 107 milliards d’euros de dette il y a à peine trois ans.  Ce pays a vécu au-dessus de ses moyens en s’endettant plus que de raison, et n’accepte pas aujourd’hui d’en payer le prix. Voilà la réalité.

Mais l’Europe et les instances internationales ont une responsabilité dans la réaction des Grecs.

L’élection du candidat de l’ultra gauche s’explique par des erreurs d’appréciation qui ont conduit à une situation intenable. La générosité européenne s’est traduite par une explosion de la dette publique grecque, la rendant insoutenable. Les conditions imposées en échange des prêts ont conduit à une récession profonde qui a plongé les classes moyennes dans la pauvreté. Les réformes structurelles réclamées étaient infaisables.  Malgré tout, hors paiement de la dette, le budget grec est aujourd’hui légèrement excédentaire.  Il existe donc une petite marge de manœuvre à condition que le nouveau chef du gouvernement soit frappé d’amnésie et qu’il oublie ses promesses électorales les plus coûteuses qui empêcheront tout compromis. Le bras de fer qu’il a entamé avec les principaux chefs de gouvernement afin de réaménager ses 320 milliards d’euros d’endettement ne pourra pas se conclure par un abandon pur et simple, comme il l’a proclamé pendant toute sa campagne électorale. En face, l’Europe affiche un langage clair, grâce à Angela Merkel : elle a fermé la porte à toute idée d’annulation partielle de la dette hellène.  Et l’enjeu est de taille. D’autres pays sont à l’affût de la moindre faiblesse. Il en va de l’existence de la monnaie européenne.

Après les moulinets, les postures et les jérémiades, les masques tomberont forcément.

Pour trouver une solution raisonnable pour les deux parties : donner un peu d’oxygène à l’économie grecque en échange de garanties de quelques réformes emblématiques, il faut d’abord en passer par les chiffres. Quel est le déficit réel pour 2014 ? Que peut-on attendre de 2015 ? Quels sont les projets pour 2016 ? A ces questions, Athènes a-t-elle les moyens de répondre ? la Commission, avec  Jean-Claude Junker, la BCE avec Mario Draghi et le FMI avec Christine Lagarde sont toujours en piste pour dresser l’inventaire de ce que le gouvernement grec accepte et refuse dans le programme mis en place,  et trouver les moyens de compenser chaque perte par une recette comparable. Alors, ce ne sera plus le « plan de sauvetage », mais un « nouveau contrat »… Mais la contrainte reste identique, à savoir que le bel Adonis et son « Varoufakir » de financier devront se plier à des conditions acceptables pour les créanciers s’ils veulent obtenir les crédits officiels dont ils ont besoin pour ne pas tomber en faillite dans les trois mois. A eux de préparer leur opinion aux lendemains qui déchantent.

La crise grecque aura de toute façon un effet malsain.

Les opinions publiques sont devenues schizophrènes. La « rigueur budgétaire » est devenue un gros mot, alors qu’elle devrait au contraire être ressentie comme la règle et la nécessité. La baisse des dépenses publiques, que la France ne respecte toujours pas (la part a encore augmenté en 2014 à 57% du PIB), est vécue comme une contrainte insupportable. Le respect des traités européens qui est bien le moins est traité par-dessus la jambe, à commencer par la France qui ne cesse de se faire rappeler à l’ordre. Doit-on en blâmer les instances qui ont la charge de faire respecter ce que nous avons signé ! C’est facile de brandir le réveil des peuples contre la technocratie bruxelloise, mais après, est-ce que les réalités changent ? Que veut dire le fait que 30% des Français sont en faveur d’une annulation complète ou partielle de la dette grecque ? Savent-ils que cela coûterait à chaque foyer fiscal 1166 euros. Merci, je ne suis pas « Syriza », comme peut l’être Mme Le Pen, comme d’autres sont « Charlie ».  Prenons en considération que n’importe quel geste qui sera fait en faveur de la belle Hellène  sera scruté de très près par les pays qui ont connu ou connaissent des épreuves aussi dures et qui ont eu le courage de prendre des mesures drastiques pour rétablir leur situation, comme l’Espagne. Si la Grèce pèse 2% de la zone euro, l’Espagne représente 11% de son PIB. On mesure ce qu’un effet domino pourrait produire. Aux dernières nouvelles, le gouvernement grec lâche petit à petit dans son bras de fer. Ils viennent de concéder la mise en place de réformes immédiates contre l’évasion fiscale et la corruption en échange de la prolongation de six mois de l’aide européenne. Trop flou et insuffisant et pour Berlin c’est « nein ». L’Eurogroupe prévu demain va être musclé !   

En échange des réformes promises, le gouvernement grec obtiendra, n’en doutons pas, des facilités de remboursement, mais il devra s’expliquer devant son peuple, par petites nuances. On n'en a pas fini de voir les "50 nuances de Grec"... Après tout, le mot « démagogie » est aussi un mot « grec ». 

 


PLUS DE BEURRE QUE DE PAIN

 

Tsipras

Ventre affamé n’a pas point d’oreilles. Les Grecs qui ont dû faire face à la pire crise économique de tous les pays européens, n’ont donc entendu aucun des arguments des sortants, qui pourtant ont réussi à faire avancer le pays vers le retour à la croissance tout en le désendettant. Etait-ce suffisant ? Certes non, mais il aurait peut-être mieux valu continuer sur le même chemin plutôt que d’écouter les sirènes tentantes de l’ultra gauche de Syriza. Car, dans un contexte de ce type, il est facile de gagner en promettant « plus de beurre que de pain ». Les Grecs auraient pourtant pu se souvenir de la mésaventure survenue à Papandréou élu sur des promesses intenables et balayé par le vent de déception qu’il souleva. La même mésaventure pourrait bien arriver à Alexis Tsipras, malgré son charisme médiatique.

La victoire d’un marchand d’illusions.

Syriza, le parti de la gauche radicale qu’il dirige a remporté les élections grecques en s’adjugeant 149 sièges (la majorité absolue est de 151), ce qui crée un nouveau rapport entre la Grèce et l’Europe. Celle-ci lui a imposé un programme économique d’austérité en échange de prêts dont le montant s’élève à quelque 300 milliards d’euros. Syriza réclame un effacement d’une partie de la dette. Il entend bien adopter un salaire minimum et une revalorisation des petites retraites et des bas salaires. Sans en avoir les financements. M. Tsipras a remporté une victoire sans bavures qui relègue le Pasok, le parti socialiste, dans le camp des partis ultra-minoritaires. Les Grecs et beaucoup de Français, croient que, grâce à leur vote, ils ont subitement guéri le mal qui les accable. Ils voient en M. Tsipras le foudre de guerre, le révolutionnaire qu’il n’est pas. Celui-ci ne souhaite pas l’abandon de l’euro par la Grèce ; il veut seulement négocier des modalités de remboursement plus confortables, assorties d’un effacement supplémentaire de la dette. Il lui faudra négocier ferme car il n’est pas en position de force. Il a besoin en effet d’argent frais rapidement, sinon, il ne pourra pas payer les fonctionnaires grecs à partir du mois de mars. L’enthousiasme populaire n’y change rien et il ne suffit pas de chanter l’Internationale à Paris avec le Front de Gauche : les Grecs restent dépendants de l’Europe. Ils auraient tort de croire leurs tourments terminés.

Qui se ressemble s’assemble.

L’aversion pour l’euro et l’Europe est devenue telle chez certains que les frontières idéologiques ont disparu : Marine Le Pen s’exclame : « une gifle monstrueuse pour l’Europe », Nicolas Dupont-Aignan applaudit et ils se retrouvent, curieusement, dans le camp de l’extrême gauche, avec tous Les Verts, les communistes, les écologistes, les frondeurs, qui rêvent de constituer une gauche alternative qui supplanterait le parti socialiste et s’emparerait du pouvoir, tandis que Jean-Luc Mélenchon se réjouit de ce que « la toute-puissance arrogante des libéraux » se soit « fracassée en Grèce ». Ils ont le droit de rêver. Car les Grecs ne pourront survivre que si, dans les négociations avec Bruxelles,  Alexis Tsipras fait des concessions. S’il renonce à les faire, la Grèce sortira de la zone euro.Mme Le Pen, qui propose la même démarche pour la France, pourra alors en mesurer les effets dévastateurs sur l’économie grecque. On ne peut pas souhaiter aux Grecs une telle expérience. Elle aurait néanmoins un énorme effet de dissuasion sur le reste de l’Europe et sur la France en particulier. 

Du bon usage de Syriza pour la Grèce.

Le triomphe de Syriza n’inquiète  pas les Européens : la victoire est annoncée depuis longtemps et ils ont eu le temps de s’y préparer. Il sera difficile au nouveau gouvernement grec de renoncer aux acquis obtenus grâce aux réformes : le budget grec serait excédentaire si le poids de la dette n’existait pas. Le pays a redressé son commerce extérieur et le chômage commence à baisser. S’il n’y avait pas d’accord avec Bruxelles, si la Grèce finissait par quitter l’euro donc l’Europe, ce que personne ne souhaite, la dévaluation de la monnaie nationale produirait des effets bien plus graves que ceux des réformes. Par ailleurs, la situation de l’Union européenne n’est plus celle de 2008. Aujourd’hui, grâce aux dispositions prises depuis six ans, les banques privées et publiques sont beaucoup mieux armées contre un défaut grec. La gauche française qui se réjouit tant du succès de Syriza oublie que la France est exposée à la dette grecque à hauteur de 55 milliards d’euros. Une somme que nous risquerions de ne plus jamais revoir si le nouveau gouvernement grec manquait de réalisme. Mais sa marge de manœuvre est mince. Il devra réussir là où les autres avant lui ont échoué  en réalisant enfin les réformes essentielles : celles du cadastre, de l’Église orthodoxe et de la marine marchande. Si ces réformes avaient été mises en oeuvre, il aurait été possible d’alléger le fardeau fiscal qui écrase les classes pauvre et moyenne. Au lieu de chercher à ne pas rembourser, les Grecs seraient plus avisés d’exiger que leurs riches commencent à faire des sacrifices. Après tout, M. Tsipras est bien placé pour le réaliser. Ce n’est pas nous qui nous en plaindront qui devraient payer à leur place en cas de défaut !

 


SHINZO ABE : LES ABENOMICS DANS L’IMPASSE

Abe

 

Vous le savez, je suis depuis le début le déroulement de l’expérience tentée par le 1er Ministre du Japon Shinzo ABE, nommée « Abenomics », pour sortir son pays de la déflation et de l’impasse économique dans laquelle il est plongé depuis plus de 20 ans. Une expérience d’autant plus intéressante qu’à bien des égards, elle ressemble à ce que préconise Marine Le Pen pour redresser la France.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le remède n’a pas fonctionné.

Le PIB nippon a reculé pour le 2ème trimestre consécutif, ce qui en terme vulgaire signifie « entrer en récession ». même les plus pessimistes n’avainet pas prévu une telle chute dramatique : une contraction de l’économie de 1,6% (0,4% par rapport au trimestre précédent). La cause : TVA ! C’était la 3ème flèche des Abénomics. Pour reconstituer les finances publiques mises à mal , notamment par la hausse des dépenses pour relancer la consommation et par la dévaluation de 25% du Yen, Shinzo Abe a augmenté cette taxe de 5 à 8% le 1er avril dernier. Un tour de vis qui, selon les experts locaux, ne devait avoir qu’un impact marginal sur l’activité. Patrick Artus de Natixis, avait, lui, pronostiqué « un bain de sang ».  C’est ce qui s’est passé avec le recul du PIB. Avec un endettement porté à 250%, cela n’a rien de joyeux pour une économie qui reste sous perfusion publique depuis deux décennies.

C’est un colossal désaveu pour le chef du gouvernement nippon.

Ses » Abénomics » reposaient sur une prophétie auto-réalisatrice selon laquelle les Japonais qui devaient croire dans la croissance comme on croit en religion, retrouveraient le chemin de la consommation. La « bulle de confiance » a fini par éclater. Déclencher chez le consommateur des « anticipations d’inflation » pour avancer les achats, puis la production, puis les investissements, relève plus du pari que de la science économique. Le pari est évidemment perdu ! Ce qu’on retient c’est un pays dont l’économie est à l’arrêt, inondé de liquidités et une irresponsabilité budgétaire maintenue jusqu’à l’absurde. L’inflation a bien atteint les étiquettes, car venue de l’extérieur, elle a touché les cours de la bourse, mais, malheureusement pas les salaires. Le pouvoir d’achat a chuté de 8% en deux ans ! Inutile de dire que les réformes structurelles qui auraient dû être menées, sont restées lettres mortes.

Un coup de poker pour garder le pouvoir.

Le gouvernement nippon se voit donc obligé de renoncer à la nouvelle hausse de 2% de la TVA qui était prévue pour 2015 et pour couronner le tout, le 1er Ministre prépare un coup de poker pour se tirer de l’impasse politique où son échec économique le mène, en provoquant des élections anticipées qu’il est à peu près certains de gagner face à une opposition prise de court. C’est pourquoi il a dissous l’assemblée. Il va ainsi s’assurer un peu plus de longévité au pouvoir.  C’est une manœuvre politicienne qui s’appuie sur le renoncement de la hausse de 8% à 10% de la TVA, ce qui ne fera pas les affaires de la Banque du Japon, mais sera suffisant pour lui assurer les faveurs des électeurs. Ce demi-tour fiscal est aussi un renoncement à mettre de l’ordre dans les finances d’un état confronté à une dette de 7 000 milliards d’euros. Une politique qui ne sera pas non plus du goût des investisseurs dans les obligations nipponnes, faisant remonter les taux d’intérêts des bons du trésor du pays que les financiers s’évertuaient à affaiblir. ..

Quelles leçons en tirer ?

D’abord que le projet « Abenomics » ne s’est pas accompagné des efforts indispensables en réformes structurelles et qu’après les effets toujours bénéfiques d’une relance par l’inflation budgétaire, vient toujours le coup de gourdin des réalités. Ensuite, que dans une économie « ouverte », dont les grands groupes industriels produisent souvent à l’extérieur du Japon lui-même, l’argent ne va pas forcément aux investissements mais à la thésaurisation. Or, ce sont les investissements sur place qui font redémarrer l’économie, pas la consommation de produits venus d’ailleurs. Enfin, quand tout augmente sauf les salaires, le résultat est connu d’avance. Dans un tel contexte, l’épargne de précaution d’un pays vieillissant est logique. Au détriment du développement économique.

Avis aux amateurs !

Voilà un scénario qui devrait faire réfléchir les Français qui croient trouver dans les solutions « audacieuses » de Marine Le Pen, l’alpha et l’omega de la politique qui ferait sortir la France du marasme où le pouvoir socialiste l’a plongé. Sortie de l’euro, Hausse massive du SMIC, milliards de Francs avec la planche à billets, retour à la retraite à 60 ans, etc… dans un pays dont l’économie est imbriquée au quotidien dans celle de nos partenaires, c’est courir à la vitesse supersonique à la déroute, une catastrophe certainement bien plus cataclysmique que celle dans laquelle le Japon est plongé.

 


25 ANS DEJA !

Berlin

Que le temps passe vite. Voici 25 ans, le 9 novembre 1989 tombait le mur de Berlin, symbole hautement emblématique de l’enfermement des peuples derrière le rideau de fer communiste. L’Europe coupée en deux par une frontière fortifiée quasiment infranchissable, avec miradors, barbelés électrifiés, « vopos » armés jusqu’aux dents prêts à bondir, sur des centaines de kilomètres entre le monde libre et « l’enfer communiste ». Et à Berlin, un mur pour isoler l’Ouest rattaché à l’occident du reste de la ville, au milieu de la RDA, l’Allemagne communiste.

Voilà qui est difficile à imaginer pour celui qui, né depuis, n’a pas connu. Et pourtant ça a bien existé. Je l’ai vu, lors d’un de mes voyages en Allemagne avec les élèves de mon collège, à Lubeck : une route coupée, le pont sur la rivière disparu, en face les miradors et des ombres à l’intérieur dont on voit bien qu’ils n’ont pas des sucettes dans les mains, et un explicite panneau arborant : « Halt, Minnen ! » … Une question d’un élève : « Mais ils n’ont pas le droit de sortir de leur pays ? »… Atmosphère pesante. Au retour, un étrange silence règne dans le car. On vient de toucher du doigt le bonheur indicible de la « liberté ».

C’est pourquoi, 25 ans après, il est important de commémorer l’événement. Il est nécessaire que ceux qui ont vécu ce moment-là, racontent, témoignent, expliquent. D’autant plus que la réunification de l’Allemagne, personne n'y croyait. Quand le mur s’est ouvert sous les poussées de la foule déterminée des Allemands de l’Est, personne ne s’y attendait. Helmut Kolh venait de dire quelques jours plus tôt, commentant la « pérestroïka » de Gorbatchev, que la réunification n’était pas pour demain ! Mitterrand n’avait rien vu venir, il embrassait encore le kremlin sur la bouche…  Bref, ce fut un miracle !

Un miracle qui changea la donne. L’Allemagne redevenait la première puissance de l’Europe, par sa population, près de 81 millions d’habitants et son poids économique, mais elle dut en payer le prix pendant quinze ans, car elle héritait d’un pays en ruine. La réunification aura coûté deux mille milliards d’euros, et mis en danger l’équilibre de l’Allemagne de l’Ouest. Le choc a été violent : des millions de postes supprimés par le passage à l’économie de marché, 2 millions de départs vers l’Ouest, un budget qui explose avec la généralisation des généreuses aides sociales de la République fédérale. Le déficit public a doublé entre 1990 et 1995, et l’inflation s’est envolée à 5%. Mais sous la conduite de Gerhard Schröder et d’Angela Merkel, qui a vécu sa jeunesse à l’Est, le pays a su faire les bonnes réformes pour s’adapter. On a craint la tentation de l’ost-politique, tournée vers le continent et la Russie, mais il n’en fut rien. Les chanceliers successifs eurent à cœur de continuer la construction européenne et d’ancrer leur pays à l’Ouest.  Mais alors que les Allemands commencent à souffler, ce sont les pays de l’Union qui leur demandent de mettre à nouveau la main au portefeuille. On peut comprendre leurs réticences !

La face du monde en fut changée. La Hongrie s’était déjà libérée. Le « mur de la honte » par terre, c’est déjà l’annonce de l’effondrement de l’empire soviétique et des démocraties populaires de l’Est européen. Et la découverte, sinon la confirmation, de la faillite économique du communisme. C’est ce qui nous vaut, quand nous allons en Slovaquie, de s’entendre dire par ses habitants, que nous habitons en France dans le dernier pays communiste d’Europe ! Et il suffit de voir le monument de Budapest consacré au communisme, pour comprendre que ce ne fut pas un paradis pour les peuples qui ont subi le joug de l’idéologie totalitaire.

Jours d’ivresse, comme seule le recouvrement de la liberté peut en inventer, jours d’euphorie par les retrouvailles de familles trop longtemps séparées, jours historiques par le caractère hautement impactant sur le cours des choses en Europe et dans le Monde. Rostropovitch ne s’y trompa pas qui bondit aussitôt sur les lieux pour aller jouer devant la brèche une … fugue !

 

 


COMME UNE ROUTINE…

Paris plage

Week-end sur les Côtes d’Armor enchaîné d’une semaine sur la côte vendéenne avec les trois juniors de nos huit petits-enfants : de quoi  perdre un peu de vue l’actualité, à peine désengourdie par quelques frasques cyclistes sur la « grande boucle ».

Une courte escale dans nos pénates permet de rétablir le contact. Un constat : rien de ce qui se produit ne sort de l’ordinaire auquel les médias nous ont habitués. L’actualité nous déroule son tapis de faits et de méfaits avec une routine implacable.

La violence au Proche-Orient.

Rien de nouveau. Le Hamas envoie des rockets sur Israël qui réplique par des bombardements et des destructions ciblées. Des morts. Toujours des morts. De part et d’autre, mais surtout dans la bande de Gaza où la population concentrée sert de « bouclier » humain aux combattants du Hamas. Déjà vu, trop souvent, malheureusement. A qui la faute ? Aux extrémistes des deux côtés, sans crainte de se tromper.

La violence gagne la France ?

Rien d’étonnant. Le basculement en faveur des Palestiniens de populations que des « imams islamistes» travaillent souterrainement ne peut surprendre personne. Il est déjà ancien. Et qu’il serve de prétexte à des manifestations violentes à caractère antijuif voire anti-français, exploitées comme d’habitude par l’extrême gauche, n’est pas nouveau non plus.  Ce qui en fait l’originalité, c’est le terrain laxiste proposé par le gouvernement socialiste sur lequel ces manifestations se développent, et le déni qu’il ne peut plus afficher. Le pouvoir « se veut » ferme mais uniquement en verbe. « Inacceptable » est le mot qui revient dans la bouche de notre Premier Ministre, comme une rengaine et comme toutes les « scies », les mots perdent rapidement de leur force et de leur sens quand ils ne sont pas suivis d’effet. Inacceptable, en effet, qu’on puisse crier, sans retenue, « mort aux juifs ». Inacceptable ce déferlement de haine barbare.

La violence dans les airs.

Un avion de ligne « descendu » comme un vulgaire transport de troupes ennemies… Erreur ou bavure volontaire des uns pour tenter de discréditer les autres. Un jeu effrayant aux épisodes déjà connus. L’histoire recèle de nombreux événements similaires qui confinent à l’acte terroriste. Sauf qu’avec les moyens électroniques modernes, celui qui s’y risque joue avec le feu, et en l’occurrence la Russie de Poutine pourrait bien y perdre ce qui lui reste de « face ». Mais la France est occupée ailleurs !

Deux meurtres de plus à Marseille.

On finit par en faire une chronique des assassinats annoncés. Cette routine est la partie visible de l’iceberg de la violence qui infuse dans toute la France avec un demi-million d’actes violents constatés. Que va nous dire le Casanova de l'Intérieur ? Et à la Justice, victime de Taubirite aiguë, on va encore nier toute relation de cause à effets entre la politique suivie et les malfrats qui en prennent à leur aise, certain de leur impunité ? Les actes délictueux, enfants de la crise et d’une société sans repères, ne risquent pas de régresser avec nos actuels gouvernants. Leur responsabilité ne saurait être exonérée : la crise, ils l’ont aggravée, et la société, ils en sapent tous les fondements, loi après loi.

L’oracle de l’Elysée annonce la croissance.

Sérieux ? « Il » a osé refaire le même pari qu’un an plus tôt. « La croissance est là ! » Au château on confond toujours le péremptoire et la réalité. Combien de fois faudra-t-il expliqué à son locataire, qu’il ne suffit pas de « dire » pour que cela « soit ». Car il est bien le seul à annoncer la croissance dans un pays éteint comme jamais, où l’on fait les poches de tout ce qui a encore un peu de monnaie : les chambres de commerce, les chambres d’Agriculture, les rentiers bientôt, où l’on annonce toujours des économies qui ne se réalisent jamais que sous la forme de coups de rabots imposés par les contraintes. Comment en serait-il autrement dans un pays où le Ministre du Redressement  croit que la croissance se « décrète » et qu’il suffit de faire une loi, ne voit que l’argent qu’il peut reprendre à l’activité privée sans jamais voir celle qu’il pourrait économiser dans la fonction publique. « Frère Yvon, ne vois-tu rien venir ? » Non, avec sa franchise coutumière, le patron des patrons ne voit rien venir et ne craint pas de contredire le Président, en le criant haut et fort. La routine, quoi !

A l’Elysée on plane pendant que la France brûle. Là, on sort de la routine. Un tel désastre, c’est du jamais vu !

 


UKRAINE : LE CHOIX CORNELIEN

Kiev

Une guerre civile à la frontière de l’Europe est en train de se développer en Ukraine, entre le gouvernement pro-russe, ses partisans et ses forces de répression  et la partie du peuple qui veut un rapprochement avec l’Union européenne. Les événements dramatiques auxquels nous assistons depuis quelques jours et qui s’aggravent d’heure en heure, sont pour elle un véritable casse-tête. On ne peut tout de même pas laisser un peuple se faire massacrer à notre porte, mais en même temps, il n’est pas non plus question d’un nouvel élargissement. Intervenir, oui, mais comment et surtout pour proposer quoi ?

Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, avait annoncé une trêve mais les violences ont repris de plus belle au coeur de Kiev où l’on compte des morts dans les deux camps chaque jour. La diplomatie européenne est pourtant très active. Elle risque cependant d’être prise de vitesse dans un contexte où les positions du pouvoir et de l’opposition se radicalisent.

Les « révoltés » accusent M. Ianoukovitch de s’être livré à une « provocation » quand il a délibérément violé une trêve dont il avait pris l’initiative. Cependant, des tirs ont tué des policiers, ce qui indique que les manifestants sont passés à la vitesse supérieure et espèrent créer un désordre tel que le gouvernement n’aura plus d’autre choix que d’organiser de nouvelles élections. Les actes de violence commis par les protestataires de tout bord qui occupent la place de l’Indépendance représentent une arme à double tranchant : d’une part, ils soulignent la détermination de l’opposition qui n’entend pas se soumettre à la force ; d’autre part, ils apportent un argument au pouvoir et à Vladimir Poutine, qui ne cesse de dénoncer l’ingérence des Européens et n’a pas hésité, il y a quelques jours, à parler de « coup d’État ». Car évidemment, rien ne se décidera en Ukraine sans l’accord du Kremlin.

La crise est aussi un piège pour Poutine.

La stratégie du président russe a toutefois ses limites : au moment précis où il espère recueillir des lauriers pour l’organisation des Jeux olympiques d’hiver à Sotchi, son crédit est fortement entamé, pour ne pas dire annihilé, par une crise qui se poursuit aux portes de la Russie dans un climat où lui-même et ses valets ukrainiens apparaissent comme des tyrans incorrigibles. D’une certaine manière, la menace de guerre civile augmente les chances de la diplomatie européenne, surtout si elle sait ménager Poutine, qu’on sait d’une susceptibilité extrême. En même temps, les trois mois d’émeutes ukrainiennes, qui ne sont pas cantonnées à Kiev, ont galvanisé l’opposition face à un régime que l’entêtement peut conduire à l’irréparable. Le résultat définira l’avenir de ce pays aux portes de l’Union européenne.

Une réunion des ministres français, allemand et polonais avec le président Ianoukovitch a été annulée, puis confirmée. Les envoyés européens n’ont pas caché à M. Ianoukovitch que les vingt-huit membres de l’UE (qui devaient se réunir un peu plus tard à Bruxelles), adopteraient des sanctions économiques contre l’Ukraine, qui se trouve déjà dans une situation économique dramatique. Pour les européens, le gouvernement ukrainien n’a pas d’autre choix que de procéder à des élections générales. Il reste à convaincre Wladimir Poutine de s’y résoudre.

Le président russe aurait tort de croire qu’il peut faire à l’Ukraine ce que la Russie a fait à la Tchétchénie. Les crises tchétchène et ukrainienne ne sont pas comparables. Il y avait un danger islamiste à Grozny dont Moscou s’est servi (à deux reprises) pour mater l’insurrection. Il n’y en a pas à Kiev et la crise ukrainienne se déroule sous les yeux du monde entier. Pour étouffer la voix de la contestation, le maitre du Kremlin devrait interdire l’accès du pays à tous les organes de presse, envoyer les chars russes et rééditer le coup de la Hongrie (1956) en asservissant le peuple ukrainien après un bain de sang. Ce n’est pas une perspective en phase avec la gloire olympique de Sotchi ni en accord avec les temps actuels. Il serait mis immédiatement au ban des nations avec un discrédit immense.

Seule l’Europe peut dénouer la crise.

Le rôle de la diplomatie européenne est donc essentiel, mais très délicat. Elle doit faire valoir les conséquences tragiques d’une répression seulement destinée à remplacer le glacis soviétique par la soumission à Moscou des pays anciens membres de l’URSS. En même temps, elle doit rassurer M. Poutine sur ses intentions : pour le moment, il ne s’agit pas d’englober l’Ukraine dans l’Union européenne ou dans l’OTAN. Le problème, avec le président russe, c’est qu’il voit la Russie comme un pays cerné de toutes parts par des démocraties parlementaires et qu’il lutte contre ce qu’il perçoit comme un isolement en essayant de maintenir l’influence russe dans l’immense zone autrefois occupée par l’Union soviétique. Il contrôle la Tchétchénie, il a soumis et démantelé la Géorgie, il ne laissera pas l’Ukraine, qui a une frontière avec la Pologne, tomber dans l’escarcelle de l’Occident.

Il sera très difficile d’empêcher une guerre civile sauf si on trouve le moyen de lui parler. Comme le dit Bruno Lemaire, Il faut maintenant passer à des décisions fortes. Il faut de la fermeté de la part de l'Union européenne et qu'elle s'inscrive dans la durée. Le déplacement des ministres français, allemand et polonais ne doit pas s'arrêter en Ukraine, mais se poursuivre jusqu'à Moscou où le gouvernement russe à un rôle important à jouer dans ce sujet grave.

Nicolas Sarkozy avait trouvé ce moyen pour arrêter la guerre en Géorgie. Qui aujourd’hui aura assez  de force de conviction et de talent pour lui faire entendre raison. Fabius ? sûrement pas. Angela Merkel, probablement… Rien n’est moins certain.

 


L'« ABENOMICS » : NIPPON, NI MAUVAIS !

 

Abe

La cote de popularité de la politique économique du premier ministre Shinzo Abe, surnommée « Abenomics » n’en finit pas de baisser. Alors que l’OCDE revoit ses prévisions de croissance pour 2014 en hausse à 1,5%, après 1,8% en 2013, elle les rabaisse à 1% pour 2015 et prévient que l’endettement du Japon, qui s’élève déjà à 245% du PIB pourrait devenir insoutenable.

Les « trois flèches »

Depuis sa nomination à la tête du gouvernement fin décembre 2012, Shinzo Abe a décoché les « trois flèches » de sa stratégie de relance économique. Le pays sort à peine de sa troisième récession en trois ans et ses exportations reculent pénalisées par le ralentissement de la Chine et la crise de la dette en Europe. Il compte sur ses « trois flèches » pour relancer l’économie et sortir de deux décennies de déflation : assouplissement monétaire, augmentation des dépenses publiques, stimulation de l’investissement privé.

La politique d’Abe a fait perdre 20% au Yen en trois mois, à la grande satisfaction des entreprises nipponnes qui exportent, mais au grand dam des Etats-Unis et de l’Europe. L’« Abenomics » redonne alors espoir au pays. Il lance un volet supplémentaire à son plan de relance de revitalisation industrielle. Mais le premier ministre se retrouve rapidement devant deux grands obstacles : il doit augmenter la TVA de 3 points s’il veut réduire la dette et financer la protection sociale d’un pays dont 38% de la population aura plus de 65 ans en 2050 et il s’aperçoit que les grandes firmes n’investissent pas assez dans l’archipel alors qu’elles disposent de 2 200 milliards de dollars à l’étranger. La hausse de la TVA interviendra le 1er avril 2014. En contrepartie il échafaude un plan de soutien de 40 milliards d’euros étalé de janvier 2014 à mars 2015. Aux entreprises il demande un effort en échange d’allégements de charges. Il s’agit d’augmenter les salaires pour soutenir la consommation.

Un brusque ralentissement.

Malheureusement, la croissance japonaise, qui avait bondi à 1,1% au premier trimestre 2013 a rechuté brutalement  au troisième trimestre à 0,3%, et malgré la baisse du Yen, les exportations continuent de chuter. Dans le même temps, le Yen faible a renchéri le prix de toutes les importations de matières premières et de produits alimentaires. Le Japon, touché par le tsunami, doit faire face à un alourdissement de sa facture d’énergie qu’il doit importer. Et les ménages qui voient leurs salaires de base poursuivre leur inexorable contraction, souffrent. La consommation domestique qui génère 60% du PIB n’a enregistré un progrès que de 0,1% sur le dernier trimestre. On comprend que les entreprises restent prudentes, attendant de voir ce que vont donner les réformes « structurelles » promises par la « troisième flèche ». Aucun mécanisme autonome de reprise n’a encore démarré pour prendre le relais de l’argent public injecté.

L'« Abenomics » peine à livrer toutes ses promesses.

En un an, Shinzo Abe a marqué des points contre la déflation. Le verre est à moitié plein ou à moitié vide, c’est selon. Les entreprises respirent, mais elles n’investissent toujours pas, pas plus qu’elles ne redistribuent leur cash sous formes de dividendes ou d’augmentations de salaire. Les ménages se sentent les grands perdants de l’an 1 de Abe.  Mais nul ne peut lui enlever le mérite d’avoir réveillé l’Archipel. Il a réussi à mener de front une politique monétaire, une politique budgétaire et doit à présent s’attaquer à des réformes structurelles. De fait, il a réussi à réinstaurer un climat de confiance. La dette demeure un énorme fardeau à près de 250% du PIB, mais qu’il faut relativiser : elle est détenue à 90% par les Japonais et le pays détient énormément d’actifs à l’étranger qui apportent une garantie supplémentaire. Ses résultats restent fragiles et la baisse du Yen n’a pas que des avantages. Néanmoins, il n’entend pas dévier de sa trajectoire. A lui de convaincre maintenant les entreprises d’augmenter les salaires afin que la consommation reparte et crée un cercle vertueux, d’autant plus crucial que la hausse de la TVA interviendra le 1er avril et risque de peser sur l’activité du 2ème trimestre.

Donner le change

Le Premier Ministre qui appartient à la droite nationaliste s’est donné comme objectif d’augmenter les capacités de défense de son pays pour participer à l’équilibre sécuritaire en Asie, notamment face aux prétentions chinoises. Il veut rendre au Japon sa place sur la scène internationale. Sa visite en Afrique participe de cette volonté. Cela faisait presque une décennie qu’un  premier ministre japonais n’avait pas effectué une telle virée africaine : ouest, est et sud. Clairement le continent est une « nouvelle frontière de la diplomatie japonaise ». Une manière de défier son grand rival chinois. Shinzo Abe orchestre cette renaissance en prenant soin d’éviter les commentaires révisionnistes dont il était familier avant son retour au pouvoir.

Il subsiste des doutes sur la pertinence de l'« Abenomics »

L’année 2014 pourrait s’avérer décevante. On est loin de la lune de miel qui entourait le chef du gouvernement au moment de sa prise de fonction et de plus en plus de voix s’élèvent dans son entourage pour dire qu’il tarde à mettre en œuvre les réformes promises, à commencer par celle de la santé dont les dépenses vont exploser d’ici 2025. De même que les contraintes budgétaires ne lui permettent pas de tenir le rythme de la course à l’armement lancée par la Chine. Les prochains mois seront donc décisifs.

Comme quoi, il est difficile d’agir seul dans son coin dans une économie mondialisée. Et le Japon est la 3ème puissance mondiale !

 


ECONOMIE NIPPONNE : UN EXEMPLE A SUIVRE ?

 

Abe

Le mirage de la dévaluation compétitive trotte encore dans la tête de certains de nos gouvernants, de droite comme de gauche, surtout de gauche. Avec dans l’esprit l’idée que ce type de manipulation monétaire pourrait nous éviter des mesures douloureuses que le gouvernement ne veut surtout pas prendre, otage qu’il est des syndicats toujours prompts à lever l’étendard de la révolte si on touche aux « acquis ».

Qu’en est-il exactement de l’état de l’économie japonaise ?

C’est la première question qu’il faut se poser sur ce pari à haut risque pris par Shizo Abe, le premier ministre conservateur à son arrivée au pouvoir en décembre dernier. L’optimisme semble revenu dans ce pays hanté par son vieillissement démographique et le décollage chinois et que la tragédie du tsunami et le peur du nucléaire avaient achevé de saper le moral. Et voilà que l’archipel semble sortir de sa torpeur sous l’effet de la nouvelle politique. La croissance a rebondi au premier trimestre avec un PIB en progression de 3,5% et l’OCDE et le FMI saluent une évolution spectaculaire. On avait oublié que le Japon était la troisième économie du monde.

La suite est plus hasardeuse. La stratégie du gouvernement Abe s’appuie sur trois volets antidéflation. Le premier consiste en une vague de grands travaux que les destructions du tsunami justifient. Le second prend la forme d’une spectaculaire politique d’assouplissement monétaire, pour donner un coup de fouet et de fait le yen a perdu plus d’un quart de sa valeur face au dollar et à l’euro. Avec un objectif de doublement de la masse monétaire en deux ans, et l’espoir de sortir de la déflation  pour une inflation de 2%. Le troisième volet  développerait une stratégie de croissance de long terme assise sur de difficiles réformes structurelles et une discipline fiscale sérieuse.

Le résultat de ce plan repose sur un pari : celui que les entreprises privées vont suivre et prendre le relais. Mais pour l’instant, si la consommation des ménages est repartie à la hausse, si la demande intérieure frémit, les exportations ne tirent pas vraiment parti de la décote du yen en raison de l’apathie du marché européen et des hésitations de l’économie américaine, par conséquent les entreprises restent dubitatives. Elles n’ont ni redémarré leurs investissements, ni augmenté les salaires.

Le grand risque c’est que la reprise japonaise ne soit qu’un feu de paille, car seule la catégorie aisée profite de la bourse et le reste de la population reste à l’écart. L’embellie pourrait ne briller que pendant une année, d’autant plus qu’en avril 2014 la taxe sur la consommation passera de 5 à 8% avant de grimper à 10% en 2015. Et la simple évocation de la Fed américaine de mettre fin à sa politique d’accommodement monétaire a violemment bousculé la bourse de Tokyo, avec des prises de bénéfices massives. Si l’inflation décolle sans que les salaires n’augmentent et qu’en même temps la faiblesse des mesures budgétaires continue de creuser une dette publique déjà énorme (elle pourrait atteindre 245% du PIB), la chute pourrait être très rude.

Que doit-on retenir de ce que l’histoire nous a enseigné sur les dévaluations compétitives menées dans le passé, au moment des crises ?

Les dévaluations sont toujours des décisions de faiblesse et de facilité. Elles peuvent avoir un effet de relance, mais celui-ci est toujours de courte durée, du fait que dans la compétition internationale, les pays concurrents sont amenés à prendre des mesures de rétorsions sous des formes diverses et variées et pratiquer eux-mêmes la baisse organisée de leur monnaie. Une guerre des monnaies dans le cadre de la mondialisation serait catastrophique pour tout le monde.

Le second aspect, ce sont les conséquences sur le marché intérieur : une dévaluation s’accompagne inévitablement d’une hausse des prix à cause de la baisse en valeur de la monnaie et du surenchérissement des importations. Il faut donc que les salaires suivent. Cela ne peut arriver que si les entreprises ont pu reconstituer leurs marges en vendant plus, ce qui est loin d’être avéré avec les conditions actuelles de la concurrence internationale et les écarts de prix à la production qu’on y observe. La plupart du temps, après une période d’euphorie, la situation s’aggrave au point de trouver une situation plus précaire qu’au départ en paupérisation, endettement, perte de croissance. Il faut alors procéder à une nouvelle dévaluation… Et comme en plus l’endettement de l’état ne permet pas d’accompagner la relance par des dépenses publiques à cause de caisses vides, tout ne peut que se compliquer.

Ce type de scénario, on le retrouve à l’occasion de toutes les grandes crises. Particulièrement dans les années 30 et à l’occasion de l’arrivée des socialistes au pouvoir en 1981 (trois dévaluations en deux ans).

En fait, la vraie politique pour retrouver une croissance durable c’est celle qui consiste à assainir la base économique : la baisse des dépenses publiques et le désendettement qui seuls permettent de reconstruire une économie saine et de redonner des marges de manœuvre à l’état pour qu’ils mènent à bien ses missions régaliennes d’accompagnement et d’orientation de l’activité.

 


LA LECON ITALIENNE

 

Le scrutin italien offre bien des surprises. Enfin, si on veut.

Le score de BP Grillo n’en est une que par son ampleur, bien qu’on se demande ce qui a bien pu pousser 25% du corps électoral italien à voter pour un candidat fantaisiste sans autre programme que « jetez-les tous ! ». Le temps des démagogues est décidément venu. Celui dont la démocratie Athènienne est morte et qui, si nous n’y prenons garde, fera mourir les autres démocraties occidentales, au premier rang desquelles la nôtre.

Plus surprenante, est la faiblesse du suffrage en faveur de Mario Monti. Toute l’Europe saluait son action d’assainissement à la tête du gouvernement italien. Mais le bon peuple a oublié la glissade fatale vers laquelle il était entraîné naguère et ne lui a pas pardonné les réformes sévères mais indispensables qu’il lui a imposées. Au moins c’était de vraies réformes ! Mais l’absence de charisme et de pédagogie se paient lourdement au temps du tout médiatique. Certains osent la comparaison avec Raymond Barre : ils n’ont pas tort. Comme quoi, un bon technocrate ne fait pas un politique convaincant.

Il y a aussi le score du « Cavaliere ». Sans prendre vraiment sa revanche, le Sylvio trouve encore le moyen de troubler le jeu. C’est probablement son chant du cygne, mais il a réussi son coup en partie et à un cheveu près, il prenait la majorité de la chambre des députés. Pour quoi faire ? Son programme ambigu oscillait entre antieuropéanisme et promesses démagogiques. Il fallait que les Italiens ne veuillent vraiment pas de la gauche pour voter pour lui.

La gauche a été décevante autant que son programme et que sa campagne. Elle arrache la victoire à la chambre des députés de 0,4% mais est bloquée par sa faiblesse au Sénat.

Et maintenant que va-t-il se passer ? Difficile à dire, sinon que les marchés pourraient bien imposer par leur pression une sortie de crise. Rien ne serait plus désastreux qu’une remontée des taux d’intérêts de la dette pour l’Italie qui est lourdement endettée à hauteur de 2 000 milliards d’euros.

Nous serions bien inspirés de ne pas être que des spectateurs de ce désastre. En premier lieu, parce que l’inquiétude que fait naître la crise chez notre voisin pourrait bien relancer la spéculation sur la zone euro, avec ses conséquences sur les taux. Les aspects politiques ne sont pas à négliger non plus. Craignons que les échecs de la politique socialiste et le désarroi qu’elle entraîne, à quoi ajouter la guéguerre en dentelle des despérados de l’UMP qui rend l’opposition inaudible, ne dopent les votes en faveur de Marine Le Pen qui pourrait bien tirer les marrons du feu dès les municipales,  jouant les Grillo à la Française.

Evitons de faire comme Montebourg, le procès de la rigueur, de l’Europe, de la mondialisation pour expliquer la situation italienne. C’est un moyen de nier le principe simple que la meilleure façon de se désendetter, c’est encore de ne pas dépenser plus qu’on ne gagne. Donc que les problèmes sont d’abord chez nous avant d’être chez les autres.

Pour la droite c’est riche d’enseignement aussi. Il faut d’urgence occuper le terrain avec un discours concentré et crédible, et surtout lisible par le plus grand nombre, sur tous les sujets de l’identité, de l’immigration, de la fiscalité, de l’emploi, des entreprises, de l’Europe… en laissant de côté les préséances et les querelles subalternes. Il faut d’urgence un choc de compétitivité de 40 milliards d’euros : il est possible, comme le démontre Christian Saint-Etienne.

2017 ? Oui bien sûr. Comme la ligne bleue des Vosges. Pour l’instant, pensons-y toujours, n’en parlons jamais. Sauf si on veut arriver à l’échéance en miettes !

 


L’EUROPE A RECULONS DE HOLLANDE

Voilà un excellent discours prononcé au nom du Groupe PPE par Alain LAMASSOURE, lors du débat du Parlement européen avec François Hollande, à Strasbourg le 5 février 2013. Il permet de comprendre pourquoi le compromis adopté à Bruxelles et auquel la France s’est soumis, n’est pas bon.

Alain Lamassoure

« En Europe, la France est un pays normal, mais ce n'est pas un État ordinaire. Et dans cette période d'incertitude, l'Europe attend deux choses d'elle.

I - D'abord, qu'elle soit exemplaire chez elle ! Qu'elle honore les engagements qu'elle a pris. Qu'elle joue en harmonie dans le concert européen. Elle en a accepté la partition commune et l'Europe vous en est reconnaissante. Mais cette partition, votre gouvernement l'exécute avec de curieuses dissonances. Et là l'Europe s'étonne.

Quand la durée de la vie s'allonge, la France d'aujourd'hui rajeunit l'âge de la retraite, entre 62 et 60 ans. Quand la fiscalité, partout, est mise au service de la course aux emplois, aux capitaux, aux talents, la France donne l'impression d'imposer toutes les formes de réussite, et même de punir ceux des salariés qui osent travailler plus de 35 heures par semaine. Ses partenaires taillent dans les dépenses administratives à la hache : la France s'y attaque avec une lime à ongles. Son gouvernement s'est engagé à ne pas réduire d'un seul, pour les 5 prochaines années, le nombre de ses 5 millions de fonctionnaires.

Alors, dans la 2ème puissance économique de l'Union, en ce moment même, la production s'arrête, les usines ferment, le chômage augmente, les talents s'en vont. Et l'Europe s'inquiète.

II - On attend aussi de la France qu'elle éclaire la voie de l'Europe, avec ses partenaires les plus engagés. Vous l'avez fait au Mali, Monsieur Le Président, le Parlement européen l'a salué. Cela suppose une condition : la France n'est écoutée que lorsqu'elle propose une vision pour toute l'Europe, au-delà de ses seuls intérêts nationaux immédiats. C'est ainsi que tous vos prédécesseurs ont joué un rôle clef dans les grandes étapes de l'aventure européenne.

L'Europe a désormais ses institutions, ses compétences, ses droits fondamentaux, sa monnaie, ses disciplines communes, son gouvernement économique. Ce qu'il nous faut maintenant inventer ensemble, c'est son modèle de solidarité.

Votre chance, c'est que c'est maintenant qu'il nous faut décider du budget européen jusqu'à la fin de la décennie. Notre malheur, c'est que, à ce jour, de l'aveu même du Président Van Rompuy, autour de la table du Conseil, personne ne défend l'Europe. Chacun ne parle que de lui.

On le voit bien sur les montants. La seule question qui se pose est de savoir si, en 2020, le budget européen sera redescendu au niveau où il était en 2007, avant la crise financière, ou à son niveau de 2004, avant le grand élargissement à l'Est.

Vous avez convaincu le Parlement européen : il vous reste à convaincre le Président de la République française.

Certes, le Royaume Uni a un droit de veto. Mais la France aussi. Mme Thatcher l'avait aussi, et elle n'était guère fédéraliste. Seulement voilà : François Mitterrand et Helmut Kohl aimaient l'Europe et ils se sentaient responsables de l'Europe. Ils ont su accommoder la Dame de Fer, tout en doublant les fonds régionaux.

Sur les priorités européennes, vous l'avez dit nous en sommes d'accord, la valeur ajoutée d'un budget européen, c'est de nous permettre d'atteindre la masse critique là où la mondialisation la rend nécessaire : les grands investissements d'avenir, d'un côté, et l'influence de l'Europe dans le monde - "peser sur le destin du monde" avez-vous dit - de l'autre. 

Alors, tremblez, concurrents d'Asie ou d'Amérique ! Tremblez terroristes de tous les continents ! La proposition qui est mise sur la table affecterait à la recherche européenne 8/10 000è de PIB, et 7/10 000è à son action extérieure. Et la France, en coulisses, s'emploie ardemment à raboter encore ces chiffres pour améliorer son retour comptable. 

Au moins, ce budget sera-t-il équitable ? Dans votre discours d'investiture, à Paris, vous avez dit que la justice, l'équité, serait le premier critère de toute votre action. 
Voilà une occasion de mettre ce principe en pratique. Car le système actuel de financement de l'Union est le plus injuste qui soit : 5 des pays les plus riches paient relativement moins que les 10 pays les plus pauvres qui sont tous des nouveaux membres. Le Parlement a proposé une réforme d'ensemble, fondée sur de nouvelles ressources propres. Et la France en retient le principe et elle se bat. Mais elle se bat surtout pour plafonner sa propre contribution - donc, pour aggraver la charge des pays pauvres !

Du côté des dépenses, la potion magique qui est concoctée secrètement par les alchimistes du Conseil européen aboutirait à réduire, je dis bien à réduire, pour les sept années qui viennent, les fonds de cohésion alloués, par exemple, à des pays comme la Grèce, le Portugal, l'Espagne, la Hongrie. Jamais ces pays n'ont eu autant besoin de l'Europe. Jamais ils n'ont autant souffert. Jamais ils n'ont fait autant d'efforts. Et c'est maintenant qu'on déciderait de les aider moins ? Silence, les pauvres ! De toute façon, ils n'ont pas les moyens politiques de dire "non".

M. le Président, accepter un compromis élaboré sur de telles bases, ce serait prétendre faire l'Europe de la solidarité, à commencer par l'Europe sociale, pendant toute la durée de votre mandat, avec le budget européen de M. Cameron. 
Quel socialiste pourrait-il l'accepter ?

Le groupe PPE, lui, ne l'acceptera pas. »

Alain Lamassoure est président de la commission des budgets au Parlement européen. A la suite du sommet de Bruxelles, il a recommandé de ne pas accepter l’accord en l’état : « Je recommanderai au Parlement de remettre en cause les résultats autant que la méthode". 



NOCES D’OR

Amitié f a  Amitié f a 3


« Ce cher vieux couple » aurait pu dire le Général, à propos de la réconciliation qu’il avait voulue et concrétisée par le traité de l’Elysée. Il a en effet tenu, malgré les vicissitudes des temps, résistant aux changements de partenaires, connaissant même des moments d’extase avec la relation Schmidt-Giscard. Avec des temps forts aussi : personne n’a oublié ces deux hommes se tenant la main devant les « morts de Verdun », Khöl-Mitterrand, rappelant la complicité De Gaulle-Adenauer. Heureusement qu’il n’en a pas été comme de ces ménages modernes qui, au premier coup de tabac, explosent et se disloquent.

Une belle histoire.

Célébrer les « noces d’or » de relations de paix et de coopération, c’est déjà une belle victoire pour deux peuples qui se sont tant haïs entre la fin du XIXème siècle et le milieu du XXème. Mais aujourd’hui, il s’agit moins de célébrer le traité de l’Elysée que de relancer l’Europe. L’intérêt du partenariat franco-allemand, c’est d’embrayer sur l’Union européenne afin d’entraîner le reste de l’Europe. Giscard et Mitterrand l’avaient compris. Leurs successeurs paraissent l’avoir un peu oublié.

La relation franco-allemande est aujourd’hui à mi-chemin entre un rituel un peu ridé  et la célébration de succès réels mais la plupart du temps arrachés de haute lutte. Les images des cérémonies prévues à Berlin nous donneront le change. Retournant l’invitation faite par le président Jacques Chirac il y a dix ans à Versailles, Angela Merkel, son gouvernement, le Bundestag et le Bundesrat vont recevoir en grande pompe le président François Hollande, l’ensemble des ministres français, plus de 500 députés et les sénateurs : faire une session commune entre deux parlements étrangers, c’est unique au monde.

Des relations compliquées mais nécessaires.

Seulement l’apparat ne suffit pas, il y faut aussi la « chaleur » et la confiance. Le télescopage avec les hésitations d’Angela Merkel sur l’attitude à adopter au Mali renforcera leur idée que le fossé reste grand entre les deux rives du Rhin sur les sujets essentiels comme la sécurité. Pourtant, le pessimisme qui flotte sur l’amitié franco-allemande est excessif. Depuis un demi-siècle, les relations ont été compliquées et les compromis difficiles à accoucher. Ni la réunification, ni la monnaie unique, ne se sont faites dans la félicité. Mais elles sont là. La période actuelle ne déroge pas à la règle, ce qui n’a rien d’extraordinaire compte tenu des deux chocs majeurs et concomitants que sont la crise et la perte par l’Occident du monopole de la puissance économique. Des accords ont été trouvés, trop laborieusement peut-être, pour aider la Grèce puis conforter la BCE. A l'inverse le parfait amour filé entre Gerhardt Schröder et Jacques Chirac pour s’affranchir du Pacte de Stabilité a ouvert la voie aux exigences des petits pays et à l’endettement public accru de la France. Ainsi va la relation franco-allemande, tendue, concurrentielle, parfois cruelle, le plus souvent conflictuelle, et pourtant ­condamnée au compromis au service de l’Europe.

Il n’empêche, cette relation particulière a pris ces dernières années un tour différent, plus réaliste, moins lyrique. D’un côté, l’Allemagne a mûri. Elle a tourné, une fois pour toutes, la page de l’après-guerre et abandonné cette mauvaise conscience qui la poussait souvent à faire passer la volonté des Européens ou de la France avant la sienne. Cette époque est révolue : Angela Merkel défend d’abord les intérêts de l’Allemagne. Le pays est fier de son modèle économique qui lui a permis de traverser la crise sans grand tourment. Pendant le même temps, chez nous, l’économie a décroché. Dix ans d’immobilisme et d’insouciance valent à la France d’importantes pertes de parts de marché, la fermeture de sites industriels et la poussée du chômage. A 10,5 %, le taux français est deux fois plus élevé qu’en Allemagne. Un décrochage qui inquiète Berlin, persuadé que si la France chavire, après l’Italie et l’Espagne, c’est l’Union européenne entière qui sombrera.

Il faut un nouveau souffle. 

Vraiment, ce qui manque à la relation franco-allemande, c’est l’ardeur et la prospective.

L’ardeur : on ne peut que constater que les élites des deux pays sont moins attachées que les générations précédentes à cette relation particulière. L’habitude crée la routine.

La prospective : depuis l’euro, l’objectif poursuivi, n’est pas clairement défini. Il existe, mais on n’est pas certain que les deux peuples y adhèrent. Le rapprochement économique et fiscal voulu par Sarkozy a été perdu de vue. Alors, du coup, « Le but, c’est le chemin », pour dire que chaque pas trace une route. La France et l’Allemagne ont néanmoins besoin de dire à leurs opinions quel est le « but » poursuivi, pour leur couple, mais aussi pour l’Europe entière. Si c’est si difficile, c’est que les deux pays fonctionnent toujours très différemment. En Allemagne, le consensus porte sur la compétitivité et des finances publiques stables. En France, sur la politique sociale.

Poursuivre un but commun, c’est mieux quand on marche du même pas ! Cette célébration aura été utile si nos dirigeants respectifs en prennent conscience. Car quoi, sans le couple franco-allemand, l’Europe n’a pas de moteur digne de ce nom. On le voit bien avec l’attitude actuelle de la Grande Bretagne. Les seules questions qui vaillent : veut-on compter dans le monde ? Peut-on le faire sans l’Europe ?

Tout est dit.

Vive l’amitié franco-allemande !

 


DU COTE DE LA CHINE ET DES NIPPONS (2)

Chine_japon

La France et ses partenaires de l’UE ont entamé des négociations avec le Japon en vue d’un accord de libre-échange. Cela va sans dire, le cadre en est très délimité notamment pour sauvegarder l’industrie automobile. Une démarche qui se justifie dans l’espoir d’y trouver un gisement de croissance dont l’Europe a besoin pour se sortir de la crise. C’est que les deux zones économiques concernées pèsent rien moins que 40% du PIB mondial. Le vieux continent espère en sortir gagnant avec une hausse de plus de 30% des exportations vers le Japon, tandis que celui-ci verrait les siennes vers l’Europe progresser de 20%. Un accord avec Tokyo permettrait de créer 400 000 emplois et de gagner un petit point de PIB. Rappelons que l’UE et le Japon réalisent ensemble 20% du commerce mondial. L’archipel est le 13ème client de la France et son 11ème fournisseur.

Une économie nipponne qui a encore de beaux restes.

Malgré une crise endémique qui le poursuit depuis plus de vingt ans, le Japon reste la troisième économie mondiale. Le pays du soleil levant a été à l’avant-garde du miracle asiatique avant de sombrer dans la stagnation, l’endettement et le chômage. Il dispose d’un système politique qui le place clairement dans le camp des démocraties. Mais la fragilité des gouvernements n’est pas sans rappelée la France de la IVème république. Pourtant, en dépit de la déflation, d’une dette publique astronomique de près de 200% du PIB, le pays ne donne pas l’impression d’être en crise. Et ceux qui le visitent en reviennent frappés : on ne s’attendrait pas à trouver autant de sérénité de la part d’une population malmenée par un tsunami monstrueux, et qui devrait être inquiète de son avenir politique et économique, à découvrir autant d’énergie positive de la part d’une population vieillissante.

Le Japon sait qu’il a une carte à jouer face à l’opacité du régime chinois et à la faiblesse de l’Inde pour retrouver sa place de premier partenaire de l’Amérique. Le fait qu’il soit un pays asiatique, partie du monde aujourd’hui dans un environnement économique porteur, lui permet de présenter de beaux restes du passé comme des atouts pour l’avenir. On voit alors qu’un accord de libre-échange avec l’Union européenne présente toutes les facettes d’un accord gagnant-gagnant.

Malgré son endettement excessif, le gouvernement japonais vient de lancer un nouveau plan de soutien à l’économie de 8,5 milliards d’euros destiné à aider en priorité les travaux publics, l’agriculture, la pêche et les soins à la personne qui sont les secteurs en difficulté. Il devrait permettre la création de 120 000 emplois. Il devrait aussi conforter la légère amélioration de l’économie de l’archipel, toujours confronté, on le sait, à une déflation qui le mine. Mais le niveau trop élevé du Yen continue de gêner les exportations entraînant un déficit de la balance commerciale. Avec 4,2% de taux de chômage et une balance commerciale déficitaire de 5,3 milliards d’euros en octobre, on reste loin des « standards » français. Mais on comprend que le japon se réjouisse des perspectives d’un accord avec l’Europe.

L'avenir de nos entreprises se fera aussi en Asie.

Avec l’ouverture du marché nippon et la Chine terre d’élection des ambitieux, l’Asie est pour la décennie qui vient le continent où il faut être présent. Legrand, Air Liquide, SEB l’ont bien compris : c’est leur implantation chinoise qui leur a permis de prendre une nouvelle dimension. « La France a l’un des plus beaux portefeuilles de grands groupes au monde, avec potentiellement un leader mondial pour chaque secteur d’activité. Et c’est en Chine que l’économie française peut faire la démonstration de cette force » explique Serge Blanchard, spécialiste en stratégie. Voilà qui permet de voir l’avenir en jaune, à défaut de le voir en rose.

D’autant plus que l’Asie s’organise avec le plus grand marché commun du monde qui vient d’être lancé par 16 pays : plus de 3 milliards d’habitants et un PIB supérieur à 20 000 milliards de dollars. Il instaurera le libre-échange entre la chine, le Japon, la Corée du sud, l’Inde, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Même si cet élargissement économique ne sera pas facile à réaliser, il n’en constitue pas moins un facteur non négligeable de soutien à la croissance de cette partie du monde, où elle est déjà assez soutenue.

 


DU COTE DE LA CHINE ET DES NIPPONS (1)

 

  Chine_japon

Oui, je sais, il y a une contrepèterie, mais ce n’est pas le sujet. Pendant que notre gouvernement n’en finit pas d’enfiler des perles et c’est peu dire, que notre opposition se balkanise bêtement, au-delà de notre nombril, la marche du monde continue.

Dans le panorama mondial, l’Europe apparait bien comme le continent malade, dont la récession, alimentée par les nécessaires plans de réajustement des finances publiques, se confirme pour l’année prochaine, au point de plomber même l’économie allemande.

Les Etats-Unis ne vont guère mieux, l’épée de Damoclès d’un accord financier qui ne vient pas étant suspendue au-dessus de l’état fédéral, malgré un léger rebond de l’activité.

Les nouveaux dirigeants de la Chine.

C’est la Chine qui doit nous intéresser. A plus d’un titre. D’abord, elle vient de procéder, dans le silence et l’indifférence générale au renouvellement de son équipe dirigeante. Ah, la démocratie populaire ! Point de fureur ni de cris ! Avec le PC, les batailles de chiffonniers ne sont pas possibles. Voilà sept nouveaux  membres du bureau politique au pouvoir pour dix ans. Ils ont le temps de voir venir. Ils tiennent les rênes de la 2ème puissance mondiale, bientôt la 1ère.

Une intronisation discrète. Passage de témoin sans aucun message du nouveau président Xi Jinping qui laisse entrevoir une orientation plutôt qu’une autre. Sept hommes, pas une femme, du même âge, habillés du même costume noir, de la même chemise blanche, de la même cravate rouge, sauf un qui en arborait une bleue, sans doute un dangereux provocateur. Au pays du communisme, l’égalité doit se voir, se palper. Mais on ne saura rien des modalités ni des débats, s’il y en a eu, qui ont conduit à leur désignation.

On sait seulement que le groupe est constitué de deux durs, un libéral, deux technocrates pour accompagner le président Xi et son premier ministre Li Keqiang, qui sont, à examiner leur parcours, sûrement des opportunistes. A partir de là, on peut se persuader que le pilotage du paquebot chinois ne va guère varier dans l’avenir, malgré l’image débonnaire du nouveau patron qui remplace l’impénétrable Hu Jintao. Bref, un subtil dosage pour poursuivre la voie chinoise du développement.

Le rebond de l’économie tiré par les émergents.

Au même moment, l’activité manufacturière chinoise reprend des couleurs : c’est une première depuis le ralentissement observé à partir de l’été 2011. Les principaux signes en sont l’augmentation de la consommation d’électricité, de ciment et de pétrole. Ce sont surtout les logements sociaux qui alimentent le mouvement, ainsi que la consommation des ménages. Les exportations vers les marchés extérieurs restent un moteur puissant, mais qui a besoin d’être confirmé dans la durée, d’autant plus que les ventes de produits chinois vers les zones en développement progressent de 20% quand celles vers les marchés développés plafonnent à 1%. Les pays émergents absorbent désormais 55% du made in China. Les économistes du secteur affirment que le rebond ne fait que commencer. Mais il faudrait que Pékin mette en œuvre des conditions monétaires plus favorables. L’internationalisation de la monnaie chinoise devrait être menée à son terme par la nouvelle équipe au pouvoir. Ne serait-ce que pour réduire la dépendance de l’économie chinoise au dollar tout en imposant le Yuan comme monnaie de réserve. D’ici trois ans, les échanges en Yuan devraient représenter 30% du volume total.

La nouveauté existe : les hauts dirigeants sont priés de se mettre un cran de plus à la ceinture : finis les banquets fastueux. La chasse au gaspillage est lancée et la vie sobre recommandée. Il s’agit de lutter contre les soupçons de corruption alimentés par les accusations d’enrichissement illégal de la famille de Wen Jiabao, et les autorités du Sichuan, notamment. Le comité central veille donc sur toutes les manifestations officielles. Il s’agit de redorer l’image des dirigeants et de revenir à des pratiques moins mafieuses. Le message du bureau politique est clair.

Un nouveau contexte avec les Etats-Unis et l’Europe.

Enfin, une autre tâche attend la nouvelle équipe. Le 1er octobre l’Union européenne s’est jointe à l’administration américaine pour lancer une action légale contre la chine devant l’OMC, pour pratiques commerciales déloyales. Elle vise les subventions aux exportations accordées à des fabricants dont l’activité est quasi tournée vers l’extérieur. Or 90% des firmes exportatrices chinoises sont des filiales étrangères ou des usines dédiées à la sous-traitance. En agissant ainsi, la Chine protège son marché intérieur, mais cette pratique est responsable d’une partie de la délocalisation industrielle européenne. Le commerce mondial en apparait d’autant plus faussé que nombre de ces entreprises acceptent de ne pas vendre leur production sur le marché chinois pour toucher les fameuses subventions. Si les consommateurs occidentaux bénéficient de produits à bas prix, leurs homologues chinois sont les grands perdants en subissant des prix non concurrentiels et en étant taxés pour financer les exportations de biens qu’ils fabriquent mais qu’ils ne consomment pas. Le taux de croissance de la chine ne pourra pas continuer à croître sans rediriger son économie vers son marché intérieur. L’action des occidentaux devant l’OMC pourrait l’aider à cette reconversion en l’obligeant à abandonner ce type de subventions.

 


QUAND LE NET FAIT CAMPAGNE

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AVAAZ.org, vous connaissez ? Peut-être pas. Et pourtant, cette fondation américaine mobilise via le net des millions d’individus. Créée en 2006, elle a un budget de plus de 6 millions de dollars et 100 salariés répartis dans le monde. Le fondateur, Ricken Patel, qui en est le directeur exécutif, est un anglo-canadien de 34 ans aux ascendances indiennes et kényane, passé par Oxford et Harvard, rompu au militantisme des campus et aux négociations internationales sur les champs de bataille pour Crisis Group.

Certains parlent déjà de « politique 3.0 » en disant d’Avaaz (« voix » en hindi) qu’elle est la version mondialisée des nouveaux mouvements civiques américains tels MoveOn.org et Res Publica qui ont accompagné l’essor d’Obama. Les deux organisations sont d’ailleurs actionnaires de la fondation, immatriculée dans le Delaware, régie par les lois de New-York et dont les dons ne sont pas déductibles des impôts pour des raisons « d’indépendance ».

A son actif, de multiples campagnes à travers le monde, elle mobilise des citoyens en quelques clics : à Paris sur le  parvis du Trocadéro pour demander le gel des avoirs de Moubarak, à Bruxelles devant le siège de la commission pour réclamer un moratoire sur les OGM, ou à Londres contre l’empire Murdoch. Les happenings et actions d’Avaaz sont décidés en groupe de travail régionaux et testés auprès des militants. En France, ils sont 1 million ! Quel parti politique ne rêverait d’un tel nombre d’adhérents !

Sait-on que dix jours avant le dépôt d’une question de constitutionnalité demandant la levée du secret défense dans l’affaire de Karachi, l’Elysée a reçu la visite d’Avaaz avec 100 000 signatures ?

Avaaz est un mouvement politique, mais  n’est pas partisan, sauf quand il s’agit d’écologie ou de grands principes. La fondation s’intéresse plutôt à des causes et ses appels contre des candidats sont rares. Ce fut le cas au Canada où ils ont fait voter contre les conservateurs en raison de leurs positions anticlimatiques. Ricken Patel constate que si les partis politiques sont en général mal perçus, le désir de s’engager n’a jamais été aussi élevé. Peut-être parce que son mouvement soutient des causes sans chercher à prendre le pouvoir.

Il n’empêche, à voir fonctionner ce géant international de la vie « citoyenne », on peut s’interroger sur les futures évolutions de l’engagement militant et notamment au moment des campagnes électorales. Avec le matériel informatique actuel, le tract distribué sur le marché prend un coup de vieux, alors qu’en un « clic » on peut envoyer un message sur l’ordinateur ou le smartphone d’une personne et la toucher directement. Sans parler du « QR code » qu’il suffit de « flasher » pour avoir accès à une image, un texte ou une vidéo…

Ceci pour souligner l’importance de fonctionner en réseau. Les 27 directeurs d’Avaaz ont deux conférences par semaine pour faire le point et décider des actions à mener : Londres, Saö Paulo, New-York, Edimbourg, Paris…. Tout le monde se retrouve pour 1H30 de travail via Skype. Et en plus le support est gratuit avec son et image ! Alors, si on transpose, cela devient un jeu d’enfant au niveau d’un pays, d’une région ou d’un département. La coordination, la transmission des consignes, des messages, des documents prend la vitesse de la lumière : il suffit d’un clic !

Le « clic-activisme » est né et a de beaux jours devant lui. Il est déjà à l’œuvre sur le net avec les buzz, twitter, facebook, les multiples sites et blogs. L’information se dématérialise de plus en plus et cherche à convoquer le citoyen sur la toile en lui proposant de multiples occasions de donner son avis à travers des votes ou des enquêtes. Il devient alors facile de lancer des manifestations collectives, pour peu qu’elles soient « préparées » en amont à coups de sondages pour bien repérer le thème porteur.

 

 


CE QUE LE MONDE NOUS RESERVE EN 2012

 

Terre  Terre  Terre


Cest sur un monde où les points chauds d’instabilité se sont multipliés que s’ouvre l’année 2012. Crise de la dette en Europe et destin encore incertain de l’euro, poussée islamiste dans les pays libérés du « printemps arabe », hystérie iranienne qui menace de bloquer le détroit d’Ormuz, l’élection américaine et les inquiétants candidats républicains, désordres en Russie, révolution syrienne… autant de sujets de « crises », et bien d’autres, qui assombrissent le ciel de la planète.

Notre première préoccupation concerne la zone euro.

Les besoins de financement des Etats de la zone euro hormis les billets du Trésor (obligations de court terme) pour le seul premier trimestre 2012 se chiffrent à près de 220 milliards d’euros. Février et mars seront des mois décisifs pour le gouvernement italien de Mario Monti, qui devra récolter près de 80 milliards d'euros. La dette grecque continue de ne pas faire l’unanimité et devra peut-être faire l’objet d’une renégociation car le taux de 50 % de décote détenue par les investisseurs privés, actuellement négocié, n'enthousiasme guère les créanciers concernés. Les tractations prennent du retard alors que l'accord doit être finalisé à la mi-janvier. L’objectif de la ramener à 120% du PIB sera difficile à tenir en raison de la dérive budgétaire qui continue et de la récession. Mais les autres pays ont aussi des échéances lourdes au printemps et la France en fait partie. La zone euro trouvera-t-elle preneur pour ses besoins de financement massifs ? De la réponse dépend la survie de la monnaie unique. 

 Le Royaume-Uni n’est pas à l'abri de la tempête obligataire.

Grâce aux jeux Olympiques et au jubilé de la reine marquant ses soixante ans de règne, 2012 sera une année où le monde entier aura les yeux tournés vers le Royaume-Uni. Le « Financial Times » voit la tempête obligataire traverser la Manche cette année. Fitch puis Moody's ont signalé que le triple A du Royaume-Uni était vulnérable. La croissance 2012 a été ramenée à 0,7 %, contre 2,5 % auparavant. L'austérité et la crise de l'euro pèsent. Reste que le Royaume-Uni est souverain pour l'impression de sa monnaie, ce qui éloigne le risque de défaut.

Barak Obama aimerait tabler sur une embellie économique. Nous aussi.

La cote de barak Obama reflète les incertitudes persistantes sur la réalité de la reprise américaine. Entre 46,8 % et 49 % selon les derniers sondages, sa cote de popularité reste inférieure à celle de presque tous ses prédécesseurs, à dix mois des élections. Avec un taux de chômage à 8,6 % en novembre et une inflation à 3,4 %, la reprise américaine doit encore faire ses preuves en 2012. On observe bien un début de frémissement sur le front de la consommation et de la production industrielle, mais la croissance américaine ne devrait pas dépasser 2,3 % en 2012. Cela reste insuffisant pour faire baisser le chômage de manière significative. Son équipe estime possible de ramener le taux de chômage à 8 % d'ici à novembre, mais le résultat est loin d’être assuré.

La contestation prévisible du scrutin présidentiel en Russie risque de décourager les investisseurs.

Les manifestations contre les fraudes aux législatives de début décembre ont surpris les Russes eux-mêmes. Le mouvement de contestation est suffisamment puissant pour faire dérailler le scénario du Kremlin, basé sur une élection sans murmure de Vladimir Poutine avec plus de 65 % des voix à la présidentielle du 4 mars. L'homme fort du pays aura de la chance s'il l'emporte au premier tour. Il y a gros à parier que ce scrutin sera suivi par des semaines de manifestations contre le bourrage des urnes. Une agitation qui pourrait faire réfléchir les investisseurs, russes ou étrangers, déjà inquiets du manque de protection de la propriété comme l'atteste la fuite renouvelée des capitaux, qui a atteint 52 milliards d'euros l'an dernier. Toutefois, il semble peu probable que Vadimir Poutine soit obligé de quitter le pouvoir. Le pays est crédité d'une croissance de 4 % l'an prochain grâce à son statut de numéro un mondial des hydrocarbures et à son entrée dans l'OMC.

La sortie du marasme économique n’est pas garantie pour les pays du « printemps arabe ».

Pour l'Egypte et la Tunisie, deux pays importateurs de pétrole confrontés, de plus, à la faiblesse de l'économie européenne,  leur partenaire commercial de premier plan, la reprise sera « plus faible que prévu », note le FMI. Le PIB de la Libye pourrait se contracter de plus de 50 %. Les investissements étrangers ne reprendront pas le chemin de ces pays tant que les transitions politiques ne seront pas achevées. Il est clair que les pays arabes qui ont connu des soulèvements populaires en 2011 vont traverser une période difficile.

Les sanctions contre l'Iran pourraient provoquer une flambée des cours du pétrole. Ce n’est pourtant pas le moment.

La fermeture par Téhéran du détroit d'Ormuz par lequel transitent le tiers du commerce international et le cinquième de la consommation mondiale de pétrole, c'est le scénario cauchemar de l’année. Rodomontades ou réelle volonté ? Il faut s’attendre à tout avec Ahmadinejad. L'Iran, qui a testé hier deux nouveaux missiles de croisière, a affirmé qu'il était capable d'y empêcher tout trafic maritime, en représailles aux sanctions occidentales contre son programme nucléaire clandestin. Heureusement, le couloir navigable se trouve dans les eaux omanaises et face à la puissante 5 e flotte américaine, Téhéran n'a sans doute pas les moyens militaires de dissuader les pétroliers d'emprunter le détroit. Cela n’a pas empêché Barack Obama de signer une loi interdisant à toute institution financière opérant aux Etats-Unis d'effectuer la moindre transaction avec la banque centrale d'Iran, ce qui revient à couper l'Iran, cinquième exportateur d'or noir de la planète, de la moitié de ses débouchés. Dans ces conditions, une  flambée de 25 à 50 dollars par baril n’est pas à exclure.

Même pour les pays émergents l’année 2012 ne s’annonce pas rose.

Face au marasme annoncé de l'Union européenne et des Etats-Unis, il leur faudra puiser leur croissance dans leur marché intérieur. Les prévisions font état d'un tassement relativement limité. Ainsi, la croissance indienne devrait finalement n'être « que » de 7,7 % en 2012, selon un rapport des Nations unies, contre 8,2 % attendu précédemment. La croissance chinoise ne dépassera pas 8,7 %, contre 9,1 % l'an dernier. La Russie, grâce à ses exportations d'hydrocarbures, devrait croître de 4 %, tout comme le Brésil. Au total, le dynamisme des émergents devrait permettre à la croissance mondiale d'avoisiner les 4 % en 2012. Ce n’est pas la panacée, mais c’est mieux que rien. Ce qui pourrait inquiéter et avoir davantage de répercussions sur la croissance mondiale, c’est l’éclatement de la bulle immobilière chinoise, s’il se produit. De plus en plus de villes chinoises enregistrent une baisse des prix de l'immobilier. Parallèlement, des promoteurs se sont retrouvés en manque de liquidités tandis que le gouvernement a restreint l'accès au crédit et relevé les taux d'intérêt. Or, le secteur immobilier représente la moitié des ressources des collectivités locales qui vendent des terrains à des promoteurs immobiliers, terrains dont le prix a baissé de 50 % en un an. Comment  vont-elles rembourser leurs emprunts, estimés à 10.700 milliards de yuans (1.160 milliards d'euros)  dans un contexte où la croissance ralentit et où la production industrielle est au plus bas depuis deux ans. On comprend que la donne immobilière soit un facteur d'inquiétude pour les milieux d'affaires.

Nous vivons dans un monde dangereux. Vous en doutiez ?

En 2012, nous voilà servis. Et je n’ai pas évoqué les révoltes en Syrie et au Yémen, les otages, les attentats, la crise de nerf turque, l’Etna qui se réveille, Et Eva Joly qui rêve de reconstituer l’union de la gauche jusqu’à Bayrou… Ce n’est pas parce qu’une catastrophe est annoncée qu’elle se produit forcément !

 


LES INDISCRETS DE SAVINIEN

 

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Cette semaine, les sujets ne manquent pas, et j’ai dû procéder à un tri draconien pour vous livrer ce qui m’a paru le plus marquant des huit derniers jours.

Société : La fin des PV injustifiés. On est tenté de dire « ouf ! ». Il a fallu que le médiateur utilise la plénitude de ses pouvoirs pour que cessent les poursuites contre les malheureux persécutés par l’administration. Cerise sur le gâteau : le Conseil Constitutionnel vient de valider la loi qui devrait nous protéger de ce genre de mésaventure. / - Le plan « Campus » est à la peine : il n’a été dépensé que 56 millions d’euros sur les 5 milliards alloués, soit 10% des crédits. Selon le rapport parlementaire, cela proviendrait d’une gouvernance « insuffisante » des universités, notamment en matière d’immobilier… / -  après le CE d’EDF dont on se souvient des « dérives », c’est maintenant celui de la RATP dont la transparence des comptes ne semble pas convaincante. Les syndicats mènent la vie de château, c’est bien connu. Ainsi on apprend que le château de Fontenay-les-Briis appartient au CE de la RATP qui y a organisé sa fête de printemps pour … 447 000 euros. La CGT a son centre Benoit Frachon qui n’est autre que le château de Courcelles-sur-Yvette et FO forme ses stagiaires dans celui de Brévière, dans la forêt de Compiègne…

Sciences : Des apprentis sorciers néerlandais ont créé une souche mutante du H5N1 (grippe aviaire) très virulente qui serait transmissible entre les hommes. Le scénario de « contagion » n’est jamais à exclure.

International : La semaine s’avère très créative. Ainsi, le mouvement « Occupy Wall Street » faute de pouvoir bloquer le temple de la finance mondiale a décidé de se venger sur le Pôle Nord… via internet. Une occupation virtuelle faite de slogans. Bah, si ça les amuse. / -  Les Etats-Unis aussi ont recours au virtuel. Depuis qu’ils ont évacué leur ambassade en Iran, ils l’ont remplacée par une ambassade sur internet. Moins dangereux pour les diplomates. / - A Durban, le sommet du climat a enfin accouché d’un accord… a minima et sans contraintes. Pas mieux que Copenhague. Le réchauffement climatique va donc continuer, au grand dam des écolos.

Europe : Enfin, la Belgique retrouve un gouvernement.  L’événement mérite d’être signalé, depuis le temps que la crise durait. On suppose que les ministres vont devoir faire des heures supplémentaires pour rattraper le temps perdu. / -  Après le conseil européen de Bruxelles, Cameron est rentré en Angleterre en « triomphateur », tout au moins pour les europhobes. Mais sa position d’isolement à l’écart des 26 autres n’est pas apprécié par tous, à commencer par ses alliés libéraux, très europhiles. Il n’est pas certain non plus que, n’ayant pas obtenu les garanties qu’il souhaitait, la « City » ne souffre pas de ce clash.

Sports : Plus de ligue des champions pour TF1. La chaine qatari Al Jazira sports a acquis une partie des droits de la ligue 1 pour 2012-2013  et dépossédée Canal+ qui s’est refaite en remportant le marché. Il va bientôt falloir une parabole pour suivre Marseille-PSG ou Lyon-Saint-Etienne !. Est-ce que le turban sera obligatoire ?

Politique : Trop bavards, les socialistes. Le PS a encore débordé son temps de parole en octobre et novembre. Deux Radios sont à nouveau rappelées à l’ordre. Mais cela ne peut arriver qu’avec la complicité des médias. 95% des journalistes se disent de gauche… C’est l’explication. / -  La Corrèze avant le Zambèze… François Bayrou revendique l’idée du « Made in France ». Les bonnes idées appartiennent à tout le monde. Acheter français, on est d’accord, le plus dur, c’est de trouver quoi acheter, non ? / - Le site data.gouv.fr est en ligne. Il est à la disposition du grand public et permet de tout savoir sur les activités de l’Etat et du gouvernement…Après un an de préparation, la mission Etalab, rattachée à Matignon, vient de lancer la plate-forme gratuite de données publiques.

Pour rire (un peu) : « Viens, on va s’en payer une tranche » : un mari et une femme se sont disputés à coups d’ananas, version tropicale des violences conjugales. On ne dit pas qui a eu le dessus ni si ça s’est terminé par un jus d’ananas.

 


ARCHIBALD REMONTE SUR LE PONT

 

Mille milliards de mille millions de mille sabords ! Qu’est-ce qui nous a valu ce quinquennat de concentré de déluges de tonnerre de Brest ! Heureusement qu’on a un capitaine qui se bat et qui tient la barre dans ces tempêtes successives. Même la nature semble s’en mêler, accumulant les catastrophes naturelles à un rythme jamais vu.  Heureusement nous avons l’opposition  pour nous faire rêver… Tu parles Charles ! En France l’opposition ne s’oppose pas, elle dénigre, elle ment par omission, elle tempête-dans-un-verre-d’eau, elle « méthode-coué » ses contre-vérités populistes, elle « justice-à-gogo » à tout bout de champ. La toile toute faite du décor si elle prenait le pouvoir : un cauchemar.

Que penser du G20 ? Papandréou avec son histoire de referendum a mis l'Europe en position de faiblesse, et de ce fait, la France n'a pas réussi à atteindre tous les objectifs de sa présidence du G20. La crise de la zone euro a dominé la rencontre et les pays émergents sont restés sur la réserve. Le 1er Ministre grec aurait-il voulu rendre service à ses copains socialistes français pour empêcher Sarkozy d’en tirer trop de profit ? Sabotage ? On peut se le demander. Les grecs veulent le beurre et l’argent du beurre au risque de lasser les pays de l’Euroland où ils sont entrés par « effraction » (merci Baroin). A cela il faut ajouter le maillon faible italien, le « cavaliere-sauteur » n’a plus aucune crédibilité. On ne pourra donc pas se plaindre de la solidité du couple franco-allemand qui a permis de sauver les meubles.

Au débit : la prudence des pays émergents qui ont choisi d’attendre pour voir, avant de s’engager dans une aide à l’Europe, Chine en tête. Le renforcement du FMI est remis au début de l’année prochaine faute d’accord sur la méthode. Pas d’avancée non plus sur la politique de change de Pékin, sauf de vagues promesses d’évolution. La taxe sur les transactions financières ne faisant pas l’unanimité, elle est seulement évoquée .

Mais il y a quand même des avancées significatives : d’abord sur la relance économique sur mesure selon les pays, ce qui est gage de souplesse : les pays dont les finances publiques restent « solides » se sont engagés à prendre des mesures pour soutenir la demande intérieure. Une autre avancée : le volet social apparaît pour la première fois et concrètement : un groupe de travail du G20 sera mis en place avec pour priorité l'emploi des jeunes. Des progrès plus décisifs ont été obtenus sur la régulation financière avec la publication d’une liste de 29 banques systémiques à supervision renforcée et une liste de 11 pays dits « paradis fiscaux »…

Demi-échec diront les pisse-vinaigre, demi-succès diront les réalistes.

A cette occasion notre candidat "Gauche molle" dit « Ch’mol » a trouvé le moyen de se ridiculiser, campé dans le dénigrement antisarkozyste qui lui colle à la peau comme un morpion sur les roustons d’un sans-culotte. Ne pouvant être qu’un « commentateur » extérieur, il ne pouvait se faire valoir qu’en étant désagréable. Il y aurait pourtant une autre manière de faire, celle d’avoir l’élégance de reconnaître le travail accompli au service de la France, même quand il est le fait d’un adversaire. J’ai dit « élégance » ? Où ai-je la tête, il y a longtemps que les leaders du PS ont perdu de vue ce mot qui ne fait pas partie de leur culture !

                                                                               Votre Archibald

 


LA SEMAINE SELON SAVINIEN

 

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Lundi : Jean-Paul Huchon, le Président socialiste de la Région Ile-de-France, a confondu vitesse et précipitation : il s’est fait flasher à 171 km/h au lieu de 130. Permis retiré. C’est la deuxième fois. Récidiviste ! Pourtant les socialistes sont censés donner l’exemple. / - Hervé Gaino, le conseiller du Président était en Corrèze pour porter la « bonne » parole. Un département « exemplaire » sous tutelle de l’Etat à cause de sa dette. C’est qui déjà le président de son Conseil Général ? / - Villepin de plus en plus seul : le député Daniel Guarrigue vient de se rallier à la candidature de… François Bayrou. Pas un bon choix non plus !

Mardi : Arnaud Montebourg annonce qu’il va lancer son mouvement politique : « Nouvelle France » ou comment faire du « neuf » pour l’avenir avec les vieilles lunes marxistes du XIXème siècle. / - Morano a crié à Dati : « ça suffit ! » : en rappelant que l’enfant terrible de l’UMP avait été servie sur un plateau en « or massif ». S’il y en a une qui ne doit pas se plaindre, en effet, c’est bien elle. / - Le parlement a donné le feu vert aux garanties de Dexia pour le démantèlement de la banque franco-belge.

Mercredi : Bataille pour le perchoir en perspective, enfin, si la gauche passe (y’en a qui vendent la peau Sarko…) : le secrétaire du PS de la Rochelle pose sa candidature et contre Ségolène Royal qui a annoncé son intention de se présenter aux législatives dans le port charentais. On va encore bien se marrer ! / - « Les Guérini ont mis en place un système mafieux » : c’est Arnaud Muselier qui l’affirme dans un livre qu’il vient d’écrire. / - Laurent Wauquiez veut réserver les logements sociaux à ceux qui travaillent. L’occasion de redire qu’on n’en a jamais construit autant que cette année (130 000, contre 40 à 50 000/an sous Jospinou). Une vérité que le PS n’aime pas entendre. / - Bayrou déclare, à propos du sommet européen : « Il ne s’agit pas d’aider la Grèce, mais la France ». Justement, il faut aider la Grèce pour éviter l’éclatement de l’Union Européenne, donc c’est aider la France. CQFD.

Jeudi : accord européen : ouf ! Le tandem Merkel -Sarkozy a réussi la « synthèse ». / - Nicolas Sarkozy à la télé : agir au rythme de l’actualité et les pistes pour l’avenir : croissance revue, budget corrigé, poids lourd franco-allemand, objectif 2016, et la martingale de la réussite : moins d’assistanat, plus d’investissements d’avenir./- Aubry : « l’accord européen n’est pas à la mesure de la gravité de la crise ». Mais qu’aurait-elle donc fait ? Décider toute seule ? La critique est facile. / - Marine le Pen : « Nicolas Sarkozy est l’avocat fatigué d’une monnaie à l’agonie » et elle c’est la « madone rabâcheuse d’arguments éculés ».

Vendredi : Grève à Air France, en pleines vacances, histoire d’emmerder les gens un peu plus. Ils le font exprès, ne cherchez pas. / - « Ch’mol »  au JT de France 2 tente de répondre à Sarkozy. Ses arguments n’arrivent pas à la cheville du Président. Mais c’est sûr qu’il n’aime pas qu’on mette les socialistes devant leurs responsabilités sur les retraites et les 35 heures. Il tente vainement de minimiser la dépense de ses 60 000 postes de prof en plus. Ce qu’il y a de terrible avec les socialistes, c’est leur malhonnêteté intellectuelle qui consiste à faire comme si le président avait gouverné sans avoir eu à subir la moindre crise. / - François Fillon a « déclassifié » les documents Karachi –comme il s’y était engagé-. Que la justice fasse son boulot.

Samedi : On aura tout vu, voilà que les « catho » intégristes manifestent à leur tour. Au nom de la France chrétienne. Bon, alors là, y’a du boulot ! / - Grave débat : combien coûtent 60 000 enseignants. 2,5 milliards sur 5 ans disent les socialistes, qui sortent aussitôt des gros mots. 7,5 milliard rétorque le Ministre de l’Education. Et il a raison : 12 500 enseignants par an supplémentaires c’est 500 millions, mais qui se cumulent : 500 millions (N) + 1 milliard (N2) + 1,5 milliard (N3) + 2 milliards (N4) + 2,5 milliards (N5) = 7,5 milliards en cumulé sur 5 ans. Conclusion : « Ch’mol est un menteur et c’est Lang qui est fâché avec le calcul (mais ça on le savait déjà !)

Dimanche : Le PS joue le réflexe « nationaliste » au sujet de la participation de la Chine au fonds de soutien européen. Curieux ! Giscard, lui, y voit une preuve de l’intérêt pour l’Euro. Question d’ouverture d’esprit, sûrement. /

 


LA SEMAINE DE SAVINIEN

 

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 Lundi : Au début de la semaine, Montebourg pose ses conditions, fort de ses 17% : voulez-vous dansez Martine ? voulez-vous chanter François ? – Les sondages donnent la majorité absolue à la droite… en Espagne !

Mardi : La participation à la primaire a réveillé le candidat qui sommeillait en Sarko : la contre-attaque a commencé – Les slovaques votent contre l’accord du 21 juillet : vont-ils bloquer à eux seuls la machine européenne déjà bien lente ? – en France, c’est la journée contre l’austérité : elle semble avoir touché même la taille des défilés. – Nos as du ballon rond ont arraché le nul à la Bosnie et se qualifient pour la coupe d’Europe : une équipe toujours instable…

Mercredi : Fillon met un pied à Paris au grand dam de Rachida. – A l’UMP, les « Humanistes » lancent leur courant autour de Marc Laffineur et Jean Léonetti : une autre manière de parler du centre. – Royal soutient Hollande, elle a choisi entre deux haines. – Débat télé entre les deux « impétrants » : téléréalité insipide mais bonjour les impôts !

Jeudi : Alors l’affaire DSK continue ? Banon, elle est classée, bien que l’agression sexuelle soit reconnue… mais trop tard ! – La Slovaquie a revoté : cette fois-ci c’est oui. Ouf ! – En Haute Marne, Sarko retacle les propositions PS ; il faut dire qu’ils ont tendu le bâton.

Vendredi : Mahmoud Habbas remercie Sarkozy pour les efforts de la France pour faire libérer le soldat Shalit. Alors ce que disent les socialistes n’est pas vrai : le Président n’est pas un incapable. – Les noms d’oiseaux fusent entre Martine-la-dure et François-le-mou : candidat du système pour l’un, label  « Martine Le Pen » pour l’autre…- Montebourg opte pour Hollande, à titre personnel : la corde soutient le pendu.

Samedi : « Les indignés » mobilisent partout dans le monde ; en France, ils font le service minimum : à peine 800 à Paris. C’est pas plus mal ! – François Léotard qui était Ministre de la Défense à l’époque, défend les « commissions », mais n’a jamais entendu parler de « rétrocommissions ». Une autre piste est possible pour l’attentat de Karachi, mais elle ne convient pas au juge. – Fillon confirme en Sarthe ses intentions parisiennes : il sera privé de rillettes ! – Copé et Juppé promettent « du pain noir » au PS : on attend avec impatience ! – Les bleus se qualifient sans éclat pour la finale : seul le résultat compte, mais on aurait aimé un coq plus altier !

Dimanche : Après la réunion des financiers du G20, Baroin annonce une réponse décisive de l’Europe pour enrayer la crise de la dette lors du sommet du 23 : il est grand temps ! – Primaire : ce sera donc « Hollande-la-gauche-molle » : Il va falloir que l’UMP soigne son centre !

 


CRISE EUROPEENNE : CE QU’IL RESTE A FAIRE


 Euro

Les Européens avancent. Le vote du parlement slovaque permet aux accords du 21 juillet d’être ratifiés et de renforcer le FESF comme prévu. Les institutions européennes sont ainsi faites que la politique y a besoin de temps. Les rencontres de Nicolas Sarkozy avec Angela Merkel et les annonces qui s’en sont suivies ont permis à la fois des avancées et de calmer l’impatience des marchés.

Quelles sont les prochaines étapes décisives ?

Le vote du Bundestag. Après le vote positif sur les accords du 21 juillet, le Bundestag devra encore se prononcer sur la contribution allemande au plan d’aide financier de 109 milliards à la Grèce. Et ce ne sera que le mois prochain.

Verser 8 milliards à la Grèce. D’ici là, Athènes qui devait dégager de nouvelles recettes pour respecter ses objectifs budgétaires en 2011 et 2012, devrait recevoir la sixième tranche d’aide de l’Union européenne, dès que la « troïka » de ses créanciers aura avalisé les nouveaux comptes publics grecs. Un chèque de 8 milliards est en attente, sous le coude des ministres des finances de l’Eurogroupe. La Grèce en a besoin d’urgence pour faire face à ses échéances.

Renforcer le FESF et les mécanismes de stabilité. Parallèlement se tiennent des réunions pour examiner les moyens du FESF dont de nombreuses voix soulignent les volumes insuffisants en cas de contagion de la crise à l’Italie et à l’Espagne. Voilà du grain à moudre pour le prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement prévu le 23 octobre. Il est possible qu’à cette occasion, ils anticipent le lancement du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) prévu normalement pour juillet 2013. Doté de 600 milliards d’euros, il pourrait voir le jour dès la mi-juin 2012. Avec un avantage décisif : il prévoit un défaut organisé d’un Etat de la zone euro.

Recapitaliser les banques, attaquées par les marchés. La recapitalisation des banques est devenue une urgence. Les dix-sept devront décider quelle part des ressources restantes après le deuxième plan d’aide à la Grèce devront être consacrées à cette nécessité. Avec en corollaire, l’ampleur de cette recapitalisation : toutes ou seulement les plus fragiles d’entre elles. Un équilibre à trouver, car il faut conserver des ressources pour les consacrer au rachat de la dette secondaire des Etats attaqués par les marchés. C’est pourquoi il est important de définir le plan de participation du secteur privé qui a été inclus dans l’accord du 21 juillet. Une question qui pose le problème de la décote supportable de la dette grecque (le « défaut ») qui passerait de 21% prévu le 21 juillet, à 50% comme on semble s’orienter aujourd’hui. Alors que dans le même temps, l’Institut de Finance International, association réunissant les banques du monde entier, n’a toujours pas communiqué sur la proposition de sa restructuration de 135 milliards d’euros. Dire que les banques sont réticentes est un mot faible. Sur le front des recapitalisations bancaires Bercy est serein : les établissements français peuvent se débrouiller seuls et il n'est pas nécessaire de mobiliser l'argent du contribuable. L'objectif est de frapper les esprits avec un montant suffisamment élevé pour casser le cercle vicieux de la défiance. La barre ne doit cependant pas être trop haute pour limiter l'intervention des Etats.

La coordination avec le G20 et le FMI. La réunion des ministres des Finances et des gouverneurs de banques centrales du G20 évoque ce soir la résolution de la crise européenne. Dans ce cadre, la France, qui préside, est en faveur d'une transformation du FESF créé en mai 2010 pour aider la Grèce, le Portugal et l'Irlande en une... banque. Cette solution présenterait l'avantage d'avoir accès au guichet de la BCE. Pour l’heure, la France et l’Allemagne sont opposées à l'augmentation de sa taille, préférant jouer sur l'effet de levier sans qu'un nouveau processus parlementaire soit nécessaire. Si le principe d’un défaut sélectif de la Grèce est acquis, on ne veut pas d'un événement de crédit qui déclencherait le paiement des contrats de couverture « credit default swap ».

La  stratégie européenne. Elle commence à se préciser. Elle repose sur un « choc de confiance » en trois temps : recapitalisation des banques européennes; effacement d'une part plus importante que prévu de la dette grecque détenue par les créanciers privés; renforcement de la « puissance de feu » du FESF.

Cela n’empêchera pas qu’il faut songer à améliorer le traité de Lisbonne qui n’est absolument pas adapté aux temps de crises. Ah, si on avait voté la « constitution »… n’est-ce pas Mr Fabius ? Les solutions à la crise, en ce moment, il y a ceux qui en parlent (beaucoup) facilement.

... Et il y a ceux qui la gèrent. C’est moins facile, évidemment !

 


LA SEMAINE SELON SAVINIEN

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Lundi : Inattendu rebond industriel aux Etats-Unis, éclaircie dans les nuages qui s’accumulent sur l’économie occidentale ? – A Paris, François Fillon et Jean-François Copé ont déjeuné ensemble pour accorder leurs violons sur la capitale, après 2 sièges de sénateurs perdus !

Mardi : La crise de la zone euro met Dexia à terre : la banque belge n’a plus la frite ! Indigestion de prêts toxiques ? – Le Sénat confie la commission des Finances à l’UMP  en réciprocité avec l’Assemblée nationale. Il est bien bon, Bel – La compagne de François Hollande aurait été l’objet d’une enquête policière : la gauche en fait des gorges chaudes bien que les faits ne soient pas avérés. Tout est bon ! – Evénement planétaire : Corinne Lepage sera candidate à l’élection présidentielle. Madame 1,5% a besoin des voix pour financer son groupuscule sur fonds publics.

Mercredi : Claude Guéant a déposé plainte contre le site de l’Express pour propagation de fausse nouvelle à propos de l’affaire « Trierwiller ». – Eva Joly présente un contre-budget plus gauchiste que vert qui fait de Montebourg un garçonnet : matraquage fiscal avec un gros gourdin et absence de croissance ! – Est-ce un rapport de cause à effet : les glaciers des Pyrénées fondent presque totalement. – Les élus UMP en ont assez des contre-vérités de l’Association des Régions de France. Ils fondent l’AERF, elle est présidée par Hervé Novelli.

Jeudi : Bayrou se déclare compatible avec Manuel Valls. Une OPA sur ses électeurs ? – Takiedine accuse Villepin d’être à l’origine de la relance de l’affaire Karachi. En réponse, il demande des preuves de cette accusation, mais si c’est comme Clearstream… - Dernier débat des six magiciens roses : on n’apprend rien de plus, sauf qu’ils ne sont pas d’accord sur grand-chose. – Rebond industriel en Espagne qui sort légèrement de la récession sur 12 mois, avec un bond de 9,3% des biens d’équipement. – Les Hollandais approuvent le renforcement du Fond Européen de solidarité Financière. Les accords du 21 juillet avancent.- En France, à l’appel des syndicats, les retraités manifestent : si eux aussi s’y mettent… On dit pourtant qu’ils sont à l’origine du boom des camping -cars !

Vendredi : Nicolas Sarkozy fait un voyage en Arménie et prêche pour la paix en rappelant les russes à leurs engagements en Géorgie. On dit qu’Aznavour était dans la suite. Il lui a peut-être chanté « Je m’voyais déjà… ». – Marine Le Pen a présenté son état-major de campagne : une armée pléthorique. Quoi faire pour impressionner ? – Morin réaffirme qu’il est prêt. : « Eh, je suis là ! », mais les médias n’ont d’yeux que pour la « primaire ». – les bleus, au foot, s’imposent contre l’Albanie : ouf ! Mais le plus dur reste à venir mardi prochain contre la Bosnie.

Samedi : Il est temps que la campagne rose s’arrête. Tous les médias s’y sont mis, confondant information et propagande éhontée. C’est du jamais vu. Quand je pense qu’on a toutes les peines du monde à passer un communiqué du député UMP… Ecoeurant ! – A Auckland, nos rugbymen ont enfin fait merveille contre les rosbifs : est-ce le vieux réflexe de l’ennemi héréditaire qui a joué ? On attend maintenant avec impatience le match contre les Gallois.

Dimanche : La star à terre, le laboratoire de Poitou-Charentes ne lui a pas permis de récidiver, Royal arrive 4ème de la primaire devancée par Arnaud Montebourg. Le PS avait-il prévu cette OPA par les électeurs gauchistes ? Réponse la semaine prochaine. Un clivage plus marqué entre droite et gauche n’est pas à exclure dans l’avenir. Succès en nombre de votants, mais qui peut vérifier vraiment ? – Contre-attaque ! Claude Guéant relance la piste islamiste de l’attentat de Karachi. – Au chapitre des choses sérieuses : « Des réponses durables, globales et rapides avant la fin du mois », pour que « l'Europe arrive au G20 unie et avec les problèmes résolu », engagement du tandem Sarkozy-Merkel ce soir à Berlin. – Accord entre la France, la Belgique et le Luxembourg pour la « restructuration » de Dexia : ça va coûter combien de patates ?

 

 


L'impromptu de Berlin

 

Avec cette nouvelle journée maussade aussi bien par la météo que par le nouveau plongeon des bourses, voici un petit texte, dont j'ignore le nom de l'auteur, qui permet d'aborder le sujet sur un mode plus détendu. je l'ai reçu il y a déjà quelques temps et ne résiste pas au plaisir de le partager avec vous. Une manière d'oublier la descente vertigineuse des titres de nos banques. Si ça continue, on va bientôt trouver du pétrole sous le siège de la société Générale ! ...

La scène se passe dans les jardins du Château Bellevue, à Berlin. Angela Von Mecklemburg et Nicolas de Neuilly se sont discrètement éclipsés de la réception offerte par le roi de Prusse. On entend, au loin, les accents du quatuor de Joseph Haydn.

Nicolas :
> > Madame, l'heure est grave : alors que Berlin danse
> > Athènes est en émoi et Lisbonne est en transes.
> > Voyez la verte Erin, voyez l'Estrémadoure
> > Entendez les Romains : ils appellent au secours !
> > Ils scrutent l'horizon, et implorent les Dieux.
> > Tous les coffres sont vides, et les peuples anxieux
> > Attendent de vous, madame, le geste généreux !
> > De leur accablement ils m'ont fait l'interprète :
> > Leur destin est scellé, à moins qu'on ne leur prête
> > Cet argent des Allemands sur lesquels vous régnez.
> > Cette cause est bien rude, mais laissez-moi plaider...

Angela :
> > Taisez-vous Nicolas ! Je crois qu'il y a méprise
> > Folle étais-je de croire à une douce surprise
> > En vous suivant ici seule et sans équipage
> > Je m'attendais, c'est sûr, à bien d'autres hommages !
> > Mais je dois déchanter, et comme c'est humiliant
> > De n'être courtisée que pour son seul argent !

Nicolas :
> > Madame, les temps sont durs, et votre cœur est grand
> > Vos attraits sont troublants, mais il n'est point décent
> > D'entrer en badinage quand notre maison brûle !
> > Le monde nous regarde, craignons le ridicule !
> > Notre Europe est malade, et vous seule pouvez
> > La soigner, la guérir et, qui sait ? La sauver !
> > Nous sommes aujourd'hui tout au bord de l'abîme
> > Vous n'y êtes pour rien, mais soyez magnanime !
> > Les Grecs ont trop triché ? Alors la belle affaire !
> > Qu'on les châtie un peu, mais votre main de fer
> > Est cruelle aux Hellènes, et nous frappe d'effroi !

Angela :
> > J'entends partout gronder, en Saxe, Bade ou Bavière
> > L'ouvrier mécontent, le patron en colère.
> > Ma richesse est la leur, ils ont bien travaillé.
> > L'or du Rhin, c'est leur sueur et leur habileté.
> > Et vous me demandez, avec fougue et passion
> > De jeter cette fortune au pied du Parthénon ?
> > Ce serait trop facile et ma réponse est non !

Nicolas :
> > On ne se grandit pas en affamant la Grèce
> > En oubliant Platon, Sophocle et Périclès !
> > Nos anciens nous regardent, et nous font le grief
> > D'être des épiciers et non pas de vrais chefs !
> > Helmut Kohl est furieux et Giscard désespère.
> > Un seul geste suffit, et demain à Bruxelles
> > Desserrez, je vous prie, le nœud de l'escarcelle !

Angela :
> > Brisons là, je vous prie, la nuit est encore belle
> > Votre éloquence est grande et mon âme chancelle...
> > Mais si je disais oui à toutes vos demandes
> > Je comblerais la femme, et trahirais l'Allemande !

(Ils s'éloignent, chacun de leur côté)

 ...

 


PROLIFERATION HUMAINE ET DEFI AGRICOLE

 

Le monde devrait compter autour de 9 milliards d’habitants en 2050, soit un tiers de bouches de plus à nourrir. En même temps on prévoit que 2,5 millions de km2 de terres fertiles pourraient disparaître sous l’effet de la dégradation due à l’activité humaine et aux autres facteurs : érosion, extension des déserts, effondrement des équilibres biologiques… Or il faudrait 1 milliard d’ha supplémentaires pour récolter suffisamment de céréales, c’est-à-dire 400 millions d’ha de plus que les surfaces qui restent disponibles pour l’agriculture.

Un défi à relever. Les prophètes écologistes adeptes de la décroissance y puisent des arguments non dénués de sens. Selon les calculs des chercheurs, un simple café bu par un quidam accoudé au comptoir nécessite 140 litres d’eau pur cultiver, empaqueter et expédier les grains ! Une manière de dire qu’il faudra économiser l’eau en l’utilisant pour l’essentiel car il en faudra en 2050 deux fois plus qu’aujourd’hui pour satisfaire les besoins de l’activité agricole. Autrement dit, la solution passe par la réduction des gaspillages et une rupture des habitudes de consommation si on veut remplir l’assiette de l’humanité, en s’appuyant sur un développement de proximité. On s’apercevra rapidement que c’est une réponse naïve et insuffisante.

Ce sont les chercheurs qui relèveront le défi.

La réponse passera plus sûrement par la science, comme toujours. Il suffit de comparer un épi de blé d’aujourd’hui et ce qu’il était au Moyen Age. Sans tomber dans l’excès de l’agro-business qui standardiserait une assiette planétaire, il existe encore des marges d’augmentation des rendements dans de nombreuses parties du monde. Les progrès de l’agrogénétique, avec le concours des biotechnologies végétales, permettront  un contrôle précis et localisé des cultures pour produire plus en préservant les ressources et en tournant le dos aux modèles ayant recours à l’irrigation, aux engrais et aux protections phytosanitaires. On peut améliorer l’apport nutritionnel des cultures, sélectionner les variétés les plus utiles ou améliorées génétiquement, créer des plates plus sobres adaptées à la sécheresse. Les chercheurs de l’Inra sont déjà sur plusieurs pistes. Une manière d’améliorer de 10 à 20% le rendement des cultures…

Et encore n’exploite-t-on pas vraiment les ressources que les océans peuvent nous offrir. Les fermes aquacoles n’en sont qu’à leurs tout débuts, et ils sont prometteurs. L’exemple de la ferme cannoise qui s’inscrit dans la durabilité et le respect de l’environnement, connait des développements très prometteurs.

Autrement dit, il n’y a pas qu’une solution. Mais les terres fertiles constituent une surface complexe et fragile, un réacteur biologique unique dont la préservation dépend essentiellement du soin que nous prendrons à le préserver. Sur ce point, le respect de notre environnement est une nécessité vitale.

 


LA DETTE US EN LIGNE DE MIRE

 

Capitole 
 

Standard & Poor’s vient de mettre la dette américaine « sous surveillance négative ». C’est le premier pas avant la rétrogradation de la note AAA qui permet d’emprunter aux taux les plus bas. L’endettement américain continue de se dégrader. Ce n’est pas une nouveauté. L’agence a voulu manifester ses doutes quant à la qualité de la signature américaine et la capacité de la Maison Blanche et du Congrès aux mains des Républicains à se mettre d’accord d’ici la fin du mandat de Barak Obama sur le plan d’austérité nécessaire pour inverser la vapeur.

Il est vrai que la priorité de l’hôte de la Maison Blanche est pour l’instant de trouver un accord avec le Congrès pour augmenter le plafond de la dette et éviter un défaut de paiement des Etats-Unis. Or, la Chambre des Représentants vient de le refuser lors d’un vote. Ce plafond de 14 300 milliards de dollars a été atteint le 16 mai et le compte du Trésor est en train de se vider. Les deux parties ont jusqu’au 2 août pour se mettre d’accord. De quoi faire faire le yoyo aux bourses et inquiéter les investisseurs.

Consensus inavouable ?

Il y a tout lieu de penser qu’un accord sera trouvé, même si au passage, la gestion démocrate devra faire des concessions sur les économies exigées par les Républicains : jusqu’à  2 000 milliards de dollars sur 10 ans. La complication vient surtout de l’aile conservatrice « tea-party » qui a lancé la chasse aux dépenses publiques et pour qui tout compromis budgétaire serait une trahison.

La réalité est que ni les Démocrates qui souhaitent un haut niveau de dépenses publiques, ni les Républicains qui se veulent inflexibles sur les baisses d’impôts, ne proposent de scénario crédible de retour à l’équilibre budgétaire. Il en résulte un consensus inavoué pour laisser monter l’endettement. La dette qui pèse 65% du PIB passerait en 2013 à 90% du PIB. C’est bien ce que l’agence de notation a compris et qui explique son avertissement, c’est-à-dire la probabilité d’une dégradation de la note. En général, elle intervient dans les trois mois.

Bien que onze des dix-sept pays de la zone euro aient déjà perdu leur triple A, la vraie crise de la dette ne se produira pas en Europe, mais aux Etats-Unis. Quand la Chine ne voudra plus financer…

 


FMI : LAGARDE SE LANCE

 

ChristineLagarde 

Notre Ministre de l’Economie et des Finances est en train de sortir du lot comme la candidate unique de l’Europe, appuyée fortement par Angela Merkel, sans qui rien ne peut se faire. Elle a donc toutes ses chances pour prendre la tête de l’institution internationale dont elle connaît les sujets par cœur et tous les rouages. 

La querelle intentée par les députés PS, Jean-Marc Ayrault en tête, au sujet du règlement de l’affaire Tapie, a débouché sur une demande d’enquête du procureur Nadal à la cour de Justice de la République, pour connaître le rôle exact de Christine Lagarde dans l’arbitrage qui a conduit à accorder 240 millions d’euros de réparation à l’ancien patron d’Adidas. Ils auront mis quand même deux ans à s’émouvoir de la somme versée. En fait, l’épisode FMI n’était pas prévu.

Même si le fond du dossier est très technique, il faut tout de même savoir que la Ministre n’est en rien dans la décision qui a été rendue par la fameuse commission d’arbitrage, constituée de trois éminents juristes suffisamment différents pour que le jugement rendu ait un sens.

Fallait-il y avoir recours et en avait-elle le droit ? C’est finalement sur ce point que porte l’attaque. Le gouvernement a déjà fait savoir que le CDR (chargé de liquider le Crédit Lyonnais) bien que détenu par un établissement public est une société commerciale qui pouvait donc avoir recours à une procédure d’arbitrage pour mettre fin à un débat judiciaire qui dure depuis plus de 20 ans. Qui plus est, un tribunal administratif a rendu en 2009 et en appel en 2010 un jugement favorable, ce qui est une manière de montrer que la décision de la Ministre a été approuvée par d’autres organes. On cherche le pénal dans cette affaire, qui pourrait relever de la Cour de Justice. Autrement dit, il s’agit de chercher des poux uniquement pour nuire à la réputation d’une Ministre qui gêne par sa compétence.

On peut observer que les députés PS ne se seraient certainement pas émus de cette procédure si l’arbitrage n’avait pas été en faveur de Tapie. On a envie de leur dire que s’ils sont choqués de l’énormité de la somme versée, ils ont oublié que Bernard Tapie a été bel et bien « escroqué » par la Banque alors nationalisée dans l’affaire Adidas.

On s’étonnera aussi qu’ils ne soient pas choqués par les millions de Dollars qu’un certain DSK dépense sans compter outre atlantique pour se défendre. Là-dessus, on ne les entend pas. Dans ce cas, la présomption d’innocence rend sourd et aveugle.

DSK = Dollars Sans Kompter.

 


ARCHIBALD FAIT SON SHOW

 Longue vue 2

ANNIVERSAIRES. Pendant que Nicolas Sarkozy commémorait sa quatrième année à l’Elysée et lançait sa campagne dite du « bilan », dont le bloc-notes s’est fait l’écho toute la semaine, les socialistes, eux,  en étaient à invoquer les mânes de Miteux, 30 ans après.. Nostalgie, quand tu nous tiens ! Ils avaient mis les petits plats dans les grands dans la cour du siège de Solférino, avec le grand air (faux) de l’unité. « Dieu, si on doit gagner en 2012, envoie-nous un signe ! ». Si j’ai bien compris, le signe en question nous est parvenu aujourd’hui… de New-York. « Comme un coup de tonnerre » a précisé la grande  prêtresse Martine. C’est donc bien ça !

CROISSANCE. La France a connu un taux de croissance de 1% au 1er trimestre de cette année. Je suis bien content. Rappelez-vous, j’avais annoncé, il y a quelques temps que les prévisionnistes étaient dans le vent et prévu que la croissance française serait bien plus élevée que leurs estimations. Pas compliqué : l’addition des efforts et les investissements judicieux du grand emprunt, décidés par le gouvernement portent leurs fruits. On nous explique maintenant que ce sera éphémère. A voir ! La réalité pourrait bein encore faire mentir les projections statistiques…

RSA. Oui, Laurent Wauquier a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Mais on sait bien que toute vérité n’est pas bonne à dire. Le RSA est déjà un progrès par rapport au RMI. Et surtout, prenons garde de ne pas mettre tout le monde dans le même panier. Il y a de la souffrance humaine dans la précarité qui nous invite à modérer nos jugements.

BORLOO. Le Radical n’a pas changé. Il y a dans les positions de Jean-Louis Borloo des similitudes surprenantes avec l’art de la rhétorique du regretté Edgar Faure, qui se plaisait à dire que « ce ne sont pas les girouettes qui tournent, mais le vent qui les fait tourner ». une manière élégante d’expliquer ses retournements de veste. Alors, on quitte l’UMP, sans la quitter, tout en la quittant. Vous avez compris ?

BEN LADEN. On aurait trouvé un lot de cassettes porno dans la maison où il habitait. Il faut dire qu’avec trois femmes et vu son âge … Il promettait des dizaines de vierges à ceux qu’il envoyait au casse-pipe, mais lui, il fallait bien qu’il patiente.

LOCAL :

PETAGE DE PLOMBS. Une colère noire marquée de propos au vitriol de Marc Laffineur contre… Christophe Béchu. Qui aurait pu croire ça ?  Une querelle mise sur la place publique dont on se serait bien passé à l’UMP. Le plan échafaudé par le Président départemental pour aller couler une fin de carrière en pantoufles au Sénat, s’est écroulé avec l’intrusion dans le jeu de la sénatrice sortante Catherine Deroche, dont la cote et la notoriété auprès des élus locaux sont indéniables.

SCOT. Plus de 2000 personnes ont signé la pétition contre le projet d’extension de 40ha de la ZI. Elle a été remise aux commissaires enquêteurs avec un dossier très documenté. Le bon sens voudrait que cette protestation unanime soit entendue.

HUMOUR :  

BEN LADEN : l’affront aux américains est lavé !

732, POITIERS : Charles Martel – 2011, VINTIMILLE : Nicolas Sarkozy !

DSK = Déambule Sans Kaleçon

 

 


LE PRESIDENT DANS LA TOURMENTE

Sarko elysée

Au moment ou le 1er Ministre nous fait un caca nerveux sur la laïcité, le Président arrive en Chine pour présider une réunion de travail sur la réforme du système financier mondial.  Il faut avoir une sacrée solidité pour continuer une tâche ingrate et particulièrement difficile pendant que la lâcheté des uns, la démagogie des autres, les chimères des uns et des autres quand ce n’est pas l’égoïsme syndical ou corporatiste, s’attachent à saper l’action qu’il mène, aussi bien à l’intérieur que sur la scène mondiale.

Le moment me paraît venu de remettre en perspective des réalités que l’actualité quotidienne tellement alimentée par les drames nippon et libyen, nous font complètement perdre de vue.  Le quinquennat de Nicolas Sarkozy n’est pas terminé qu’il se présente déjà comme un enchaînement de crises internationales comme peu de chefs d’Etat ont eu à en affronter. Ce dont les Français semblent ne pas se rendre compte.

Petit inventaire : automne 2008, crise financière comme le monde n’en a jamais connu auparavant pas son ampleur et sa dimension, manquant de peu d’emporter banques, monnaies et industries ; conflits russo-georgien, avec l’Iran ; crise sanitaire avec la grippe H1N1 ; aggravation de la menace climatique et ses ravages comme Xynthia ; dérèglements climatiques qui entraînent des chocs énergétiques et alimentaires avec flambée des prix … Et maintenant l’agitation dans les pays arabes. Le Président s’est retrouvé sur tous les fronts. Il y avait déjà là, de quoi l’occuper 36 heures sur 24.

Mais c’est aussi le Président qui aura fait bouger la France  comme rarement elle s’est réformée et en si peu de temps. Ce qui explique peut-être les tensions et le désamour. Les réformes sont espérées quand elles ne se font pas, combattues quand on les fait, haïes dans un premier temps avant qu’enfin on les trouve finalement utiles. C’est toujours comme ça avec les Français.

Qu’on en juge, et c’est probablement ce que l’Histoire retiendra : il a réformé le régime des retraites, modernisé celui de la représentativité syndicale, renforcé les pouvoirs du Parlement, élargi la saisine du Conseil constitutionnel, restructuré la carte judiciaire, réformé l'organisation territoriale, supprimé la taxe professionnelle, créé le RSA, engagé la réforme la plus profonde de notre système de santé depuis la dernière guerre. Ses gouvernements ont fait accomplir des pas décisifs à l'autonomie des universités et aux procédures stimulant la recherche, assuré le service garanti dans les transports en cas de grève, créé le régime des entrepreneurs individuels, contenu les dépenses publiques, et d'ici la fin de l'année, réglé le problème du financement de la dépendance ... Ce n’est pas tout. Il a aussi fait avancer l'Europe dans la solidarité financière en temps de crise et dans le cheminement vers plus de gouvernance économique après l'avoir fait exister dans les crises géorgienne, puis aujourd’hui libyenne. Reste le G20 (son idée) et ce qu'il peut encore tenter d'y faire...

Le paradoxe, car c’en est un, c’est qu’aujourd’hui, les politologues passent leur temps à traquer tous les indices d’un 21 avril à l’envers, à l’endroit, en travers et recto-verso. On sait que les électeurs sont ingrats. C’est une constante de l’Histoire. Mais le bilan ressortira bien un jour. En attendant, il reste en 1ère ligne et si les observateurs sont intrigués par son apparente sérénité face à ces pronostics pessimistes, c’est qu’ils n’ont pas compris que les choses ne sont jamais jouées un an avant et que de toute façon... l’Histoire de son quinquennat est déjà écrite !