HISTOIRE
RETOUR VERS LE FUTUR
LA SEMAINE D’ARCHIBALD

LA POLKA DES TAUX

étau des taux

 

Le monde est fou, fou, fou.

Vous savez combien nous sommes sensibles aux mouvements des taux d’intérêts compte tenu de notre endettement et de nos déficits. Eh bien, je plains nos politiques : bienheureux ceux qui y comprendront quelques chose dans la polka actuelle. Car l’affaire n’est pas liée qu’à la situation économique et financière des Etats. Des éléments liés aux événements politiques viennent interférer et rendre les situations difficilement prévisibles. Les marchés viennent en effet de découvrir qu'il y aura un referendum en Grande-Bretagne le 23 juin et qu'un Brexit est possible. Aussitôt s’est déclenché un sauve-qui-peut sur les indices boursiers et une ruée vers les emprunts d'État même avec des taux négatifs. Rajoutez à cela la FED américaine qui parait totalement perdue depuis les derniers chiffres du chômage américain et qui repousse mois après mois sa hausse des taux...

Pour les uns c’est la chute !

Les taux d'intérêt continuent leur chute en Grande-Bretagne, aux États-Unis mais aussi en Allemagne, sans qu'on sache vraiment où elle s'arrêtera. Pour des raisons diverses, mais cela semble plutôt logique (enfin presque). Ils tombent même en-dessous de zéro. Résultat l'épargne ne rapporte plus rien. Un problème pour les rentes et pour les banques.

Pour les autres, c’est la hausse !

Les taux ne baissent pas partout. En fait, le Brexit inquiète aussi sur l'Europe. Et du coup, on reparle des pays qu'on avait oubliés : le Portugal, l'Espagne et la Grèce encore et toujours. Si la Grande-Bretagne quitte l’Union, les partis anti-européens vont connaître un effet porteur sans précédent dans des pays où la situation politique est instable. Que feront les Espagnols qui retournent aux urnes le 26 juin, 3 jours après l'Angleterre, par exemple ? Les taux remontent donc à toute allure dans tous ces pays dits périphériques, ceux qui nous ont fait peur en 2010 et 2011 et qui ont provoqué la crise de la dette et de l'euro. Les investisseurs s'inquiètent et les taux de la dette remontent. Le raisonnement est simple là encore : on imagine les dégâts que peut provoquer ce mouvement de hausse des taux chez eux. Car les marchés se sont aperçus que les pays faibles de l'Europe sont toujours aussi faibles, toujours aussi endettés et toujours aussi instables politiquement.

La folie « brexit » des marchés.

L’inquiétude du Brexit s’étend aussi aux pays qui auraient envie de suivre la Grande-Bretagne, comme La Pologne dont le gouvernement actuel est résolument anti-européen. Il y a aussi la Slovaquie et la Hongrie et même dit-on la Hollande.  Ils pourraient se ruer dans la brèche. Une tentation prise au sérieux par l’Allemagne qui a déjà annoncé que les pays qui sortiront en paieront le prix en perdant les avantages du marché européen.  De quoi alimenter le mouvement de bascule des taux !

Pour les Etats-Unis, c’est toujours le « gris ».

La réunion de la FED n'a bien évidemment pas débouché sur une hausse des taux. La banque centrale américaine continue à s'inquiéter de l'emploi et du contexte international. Elle évoque toujours une nouvelle hausse des taux mais la repousse en permanence, signe d’un manque de confiance dans l’avenir. Le dollar chute donc logiquement et lourdement, notamment contre le yen,  et l'euro flirte avec les 1,13 $... Mais cette fois les indices boursiers qui, d'habitude, réagissent bien quand la FED ne monte pas ses taux, chutent. Une preuve de plus du désarroi qui règne. Le Japon flanche et les indices européens devraient baisser dans la foulée. Acculée par la flambée du yen depuis des semaines voire des mois, la Banque du Japon a pourtant choisi de laisser inchangée sa politique monétaire, par crainte là aussi du résultat du référendum sur le Brexit, qui peut, en cas de sortie du Royaume-Uni de l'Union, faire violemment chuter les marchés et faire monter encore plus le yen, valeur refuge. Une situation qui est devenue intenable pour le Japon et ses exportations. Forcément, elle va devoir intervenir, avant ou après le Brexit.

Les résultats du referendum anglais ne devraient être connus qu'au matin du 24 juin mais la nuit du 23 va être longue : la multiplication des sondages à la sortie des urnes, dont une partie a été commandée par les fonds spéculatifs, les « hedge funds », va alimenter toutes les spéculations surtout si le score est serré.

On n’a pas fini de danser la polka !

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