HISTOIRE

REBOND ! AH BON ?

Sapin

Le gouvernement soigne sa communication et a les indices sélectifs. En effet, l'optimisme affiché de « Sapin-l’apothicaire » sur la croissance économique cache d’autre réalités. L’Insee annonce une croissance surprise à 0,6% pour le premier trimestre 2015, mais divise par deux la croissance de 2014 de 0,4% à 0,2% ; la dette publique progresse pour atteindre 95,6% du PIB en 2014, contre 92,3% un an plus tôt.

Une reprise sur une base étroite.

La France est enfin parvenue à se raccrocher au train de la reprise mondiale. Sa croissance sera probablement supérieure à 1 % cette année et on peut envisager qu’elle atteigne 1,5 % l’an prochain. Il n’en faut pas plus pour que le gouvernement fasse la roue comme un paon qui tourne autour de sa femelle. Il s’attribue déjà des lauriers sur le thème « ma politique est la bonne, la France sort de la crise». Hélas, trois fois hélas ! Que la France retrouve une conjoncture meilleure est une certitude, mais nos guignols de service laissent soigneusement dans l’ombre le fait que les deux grands facteurs explicatifs de cette amélioration sont « externes » : le prix du baril de pétrole divisé par deux et l’euro dévalué de 20 % par rapport au dollar. Eh oui, le pétrole redonne environ 20 milliards d’euros de pouvoir d’achat aux ménages et aux entreprises (merci la guéguerre Arabie-USA), et la baisse de l’euro dope en principe la compétitivité de nos exportateurs, et cela compte bien plus que l’usine à gaz du CICE dans le sursaut du PIB. Maintenant la question est de savoir si la reprise qui s’amorce va durer et à quel rythme va croître l’économie au cours des prochains trimestres, car la consommation des ménages en biens manufacturés qui a augmenté de 1,4 % sur les trois premiers mois de l’année va cesser de progresser aussi vite, selon les prévisions. Quant à la dégradation de notre commerce extérieur constatée par l’Insee, elle reste un problème car cela marque une aggravation du manque de compétitivité des entreprises françaises, alors même que l’euro s’est beaucoup déprécié ces derniers mois. Les importations, en hausse de 2,3 %, augmentent bien plus vite que les exportations qui n’ont, elles, progressé que de 0,9 %. Ce phénomène s’explique par deux causes qui s’additionnent, celle des importations liées à la consommation des ménages et celle de l’augmentation des composants importés nécessaires pour accompagner celle de la production industrielle hexagonale (+1,3% ).

Les incertitudes restent nombreuses.

D’autres évolutions rendent moins confiant : l’investissement des entreprises ne repart pas franchement puisqu’il n’a grimpé que de 0,2 %, plombé par la construction. Le point noir de l’emploi perdure : les destructions d’emplois sont encore nombreuses. Après une quasi-stabilisation au quatrième trimestre de 2014 (– 1.300 postes), la baisse des effectifs employés dans les secteurs marchands a repris. L’Institut de la statistique a décompté 15.799.800 postes dans les secteurs marchands non agricoles, soit 68.500 de moins qu’un an avant, selon une première estimation qui devra être confirmée. C’est la poursuite de la dégradation de la situation de l’emploi dans le bâtiment qui demeure la première cause de la mauvaise performance du premier trimestre, avec une perte de 13.000 postes. L’industrie a, pour sa part, continué à réduire la voilure à la même vitesse que celle des mois précédents (– 0,3 % contre – 0,4 %). Par contre, le tertiaire, intérim compris, a continué à créer des emplois, mais peu : 5.400 précisément. Donc pas de quoi inverser la tendance ! Enfin, le vent favorable qui fait frémir la croissance  française dépend pour beaucoup des cours de l’or noir. Or ces cours ont déjà remonté, et seront vraisemblablement extrêmement volatiles dans les prochains mois.

L’environnement international reste déterminant.

Pour la première fois depuis cinq ans, les quatre grands pays de la zone euro sont tous en progrès. Quand tous nos voisins vont mieux, forcément, nous en tirons quelques bénéfices. Les pays du Sud confirment qu’ils relèvent la tête, excepté la Grèce : l’Espagne est sur une pente annuelle de 3 %, l’Italie a mis fin à quatorze trimestres successifs de récession, le Portugal consolide ses positions. Comme en France, cette embellie vient des consommateurs. C’est pour cette raison qu’elle est plus évidente dans le Sud de l’Europe, où les économies dépendent de la demande intérieure alors que dans les pays du Nord, comme l’Allemagne, elles sont davantage tirées par l’export. D’autres facteurs peuvent contribuer à consolider cette embellie. Ainsi, les exportations vers le reste du monde, qui sont stimulées par l’affaiblissement de l’euro, restent pour l’instant contrariées  par une demande mondiale molle. On sait aussi que l’accélérateur de la croissance, c’est l’investissement, et de ce côté, il faudrait accélérer la mise en œuvre du plan Juncker, tandis que la Banque centrale européenne qui a déjà beaucoup fait en abaissant les taux d’intérêt et en déployant une politique non conventionnelle, devrait veiller à ce que l’argent irrigue davantage les petites  et moyennes entreprises, celles qui ont le moins accès aux marchés financiers alors qu’elles sont les plus créatrices d’emploi. Il existe donc des marges de manœuvre qui ne demandent qu’à être stimulées.

L'économie mondiale patine.

Mais tous les économistes le reconnaissent, l’économie mondiale ne s’est pas remise solidement debout. La croissance ne remonte pas autant qu’elle devrait, dans aucun pays développé, tandis qu’elle perd de sa vigueur dans les « émergents ». Les Etats-Unis peinent autour de 2,5 %, alors que les sorties des précédentes récessions provoquaient des booms. L’Europe reste engluée, l’Allemagne elle-même semble patiner. Quant au succès britannique, s’il permet une victoire surprise de David Cameron, il n’arrive pas à effacer totalement les doutes qui planent sur sa durabilité.  Les Etats-Unis arrivent au bout de l’assainissement, la Chine y entre en découvrant l’état d’endettement de ses grandes firmes et des collectivités. Le fait est que la reprise mondiale est entachée à la fois par un retour des bulles spéculatives, par un manque d’investissement dans les infrastructures, par des taux d’emplois insuffisants et par des inégalités très fortes. Ce qui rend l’analyse complexe. L’Europe est encore dans la phase d’assainissement, mais on connait bien son problème : il s’agit d’un défaut de construction institutionnelle. L’union monétaire reste incomplète sans union politique, sans union fiscale et sans politique macro-économique d’ensemble. Il faudrait une intégration plus serrée de la zone euro. Mais le problème est politique : les gouvernements n’osent pas demander « plus d’Europe » à des peuples qui en veulent moins. L’Union continue donc d’avancer à petits pas ce qui rend la véritable sortie de la crise d’autant plus lointaine.

La France n’est pas au bout du tunnel.

Si l’on peut espérer que la France soit sortie partiellement de la crise conjoncturelle, affirmer qu’elle est sortie de « la crise » est faux. La France, comme beaucoup d’autres pays, les Etats-Unis ou la Grèce, vit au-dessus de ses moyens en déficit double, budgétaire et commercial. Il lui faudrait changer de modèle. Sa croissance est enfermée depuis trente ans dans une spirale vicieuse : plus de subventions d’une main, plus d’impôts et de déficit de l’autre (politique de l’emploi, du logement, de l’industrie, etc). Sa sortie de crise passe, non pas par des réformes de ce système,  mais par sa remise en cause générale et radicale, qui rendra chaque secteur de l’économie naturellement compétitif et autorisera la fin des subventions en tout genre. Nous en sommes malheureusement, là aussi, encore loin.

 


LE POKER MENTEUR GREC

Sirtaki

 

Nouvelle échéance, nouveaux acteurs, mais même conte à dormir debout. Après avoir reculé la date limite plusieurs fois en avril pour la conclusion d’un accord, les créanciers de la Grèce espèrent désormais conclure le 11 mai, lors de la réunion de  l’Eurogroupe. Mais l’espoir reste très mince, tant l’effort à fournir reste imposant. Les négociations ont repris jeudi dernier entre le « groupe de Bruxelles », (Commission, FMI et BCE), « ex-Troïka », et la nouvelle équipe grecque, considérée par les partenaires financiers comme moins folklorique que celle menée jusque-là par Yanis Varoufakis, l’improbable ministre des Finances. Il semble que ce nouveau départ n’ait pas bouleversé la donne : « Cela avance lentement, mais les positions demeurent distante sur plusieurs fronts », a estimé un officiel européen. Quelques avancées auraient été faites en matière de TVA, mais on reste loin du compte sur les retraites ou la réforme du marché du travail, les dossiers les plus sensibles.

Des négociations pour amuser la galerie.

La délégation grecque chargée de négocier avec ses partenaires créanciers danse le sirtaki depuis le début, avec gesticulations, pas latéraux, fausses sorties, tensions, apaisements et promesses non tenues… « Depuis le début, la stratégie des Grecs a été de jouer la montre. Cela a fonctionné jusqu’à maintenant, mais cela pourrait devenir leur ennemi en mai » commente un négociateur. Le 12 mai, Athènes a en effet une échéance importante de remboursement auprès du FMI, et les caisses se vident. Cela n’empêche pas Yanis Varoufakis de continuer à souffler le chaud et le froid. Samedi dernier, dans une interview, il a décrit ses homologues européens comme « des partenaires gouvernés par la peur». Lui, il est inconscient. Surtout le responsable grec a relancé une ancienne idée fixe de Syriza, mise de côté depuis février, à savoir une réduction de la dette grecque. La Grèce « peut s’en sortir (sans un nouveau prêt). L’une des conditions cependant est une importante restructuration de la dette », a-t-il expliqué. Ben voyons ! Comme ça il est certain de mettre ses interlocuteurs de bonne humeur.

De deux choses l’une, ou « Varoufa-kis-s’y-croit » veut aboutir, et alors il faudra bien qu’il mange son chapeau, ou bien il organise méthodiquement le défaut grec pour aboutir au résultat qu’il recherche : ne pas payer les dettes de son pays. Car il a en face de lui des nordiques qui savent compter et qui, s’ils pratiquent « l’orthodoxie », c’est uniquement en matière de finances ! Néanmoins les Européens se sont donnés jusqu’à la fin juin pour négocier un éventuel nouveau plan d’aides au pays, mais le retard pris pour la conclusion du précédent met en péril cette autre échéance.

Les Grecs sont des escrocs.

S’ils pratiquent de la sorte, alors les Grecs sont des escrocs. Ils ont triché pour entrer dans l’euro et continuent de se comporter comme des brigands sans foi ni loi, ne respectant pas les traités qu’ils ont signés. Le gouvernement Tsipras voudrait inverser les rôles. Il ne respecte pas l’Europe. Son ministre des Finances est un plaisantin incompétent : c’est « Varoufa-kis-la-pète », torse bronzé bodybuildé, qui met un pays en faillite mais qui claque les euros avec une indécence rare. Il se fait photographier par un hebdomadaire connu pour le choc de ses photos sur la terrasse de sa luxueuse villa avec vue sur l’Acropole, devant un buffet pantagruélique, évoquant plus les fêtes de Dyonisos que la misère.  La presse a aussi révélé qu’il mettait en location 5 000 euros par semaine, sa villa sur l’île d’Egine, dotée d’une piscine et d’un home cinéma ! Quel crédit peut-il avoir pour venir plaider ensuite « l’asphyxie de liquidités de son pays ». On comprend que Tsipras l’ait sorti de la première ligne des négociations.

Avec ses amis, au lieu d’accuser l’Europe, il devrait commencer par la remercier de tout ce qu’elle a fait pour eux. La vérité c’est que le gouvernement d’extrême gauche a dû en rabattre sur son rêve de changer à lui seul la donne en Europe.  Il a commis l’erreur d’attaquer avec violence les européens rendus responsables de tous les maux de la Grèce, et il a cru que l’Allemagne était seule à lui être hostile. Il s’est retrouvé isolé et confronté à un front uni des 18 autres pays de la zone euro, et n’a entraîné dans son sillage aucun des autres pays méditerranéens qui, à force d’efforts commencent à récolter les fruits de leurs sacrifices.

Alexis Tsipras qui se prend pour le Che, mais version « feta », n’a pas hésité à s’allier avec la droite nationaliste, comme si en France, Mélenchon et Marine Le Pen se pacsaient. Il espère que dans des pays comme l’Espagne, les prochaines élections porteront au pouvoir des « Podemos », mais le pari est plus qu’incertain. C’est pourquoi le gouvernement Tsipras pratique la stratégie du faible au fort : il parie que les européens préfèreront céder en gardant la « brebis galeuse » pour éviter à la zone euro une crise que sa sortie provoquerait. Mais le temps joue contre lui. Il sait depuis le mois de février qu’annuler la dette grecque est impossible. Donc il s’agit plutôt de se servir des négociations pour provoquer sciemment une faillite de l’Etat grec, et sortir de l’euro en faisant porter le chapeau aux méchants créanciers. Le contribuable français doit savoir qu’au passage, il en sera pour 68 milliards d’euros de sa poche. Une véritable escroquerie.

Le « Grexit » serait une catastrophe pour les Grecs, pas pour l’Europe, bien au contraire.

76% des Grecs veulent rester dans l’euro, mais ils veulent le beurre et l’argent du beurre, et en plus se taper la fermière. Les 18 partenaires de la Grèce ont certes des engagements vis-à-vis de celle-ci de l’ordre de 300 à 400 milliards d’euros. Cependant il ne faut pas oublier que l’Union monétaire s’est considérablement renforcée et que les effets d’une contagion n’ont guère lieu d’être aujourd’hui.  Hormis les banques grecques, aucun investisseur privé ne détient de titres à Athènes. Ce sont les Etats européens qui devraient faire face, eux qui sont exposés à hauteur de 2 à 4% de leur PIB au risque grec. Un risque qui n’est pas négligeable mais encore supportable. Au demeurant, la zone euro, à l’inverse de ce que d’aucuns voudraient croire, pourrait en sortir renforcée, car il serait alors possible, plus facilement, de resserrer les liens d’une union budgétaire et politique. Donc, si les Grecs font le pari que la troïka finira par céder pour éviter une sortie de l’euro, ils se trompent lourdement.

Le leader de Syriza serait plus utile à son pays s’il s’attaquait à le transformer sérieusement en le dotant de tous les outils modernes de gestion qui lui font cruellement défaut comme un cadastre et une comptabilité publique sérieuse, en luttant contre la corruption, le travail au noir et l’évasion fiscale, au lieu de s’accrocher à des promesses démagogiques intenables comme l’augmentation des salaires et des retraites ou l’embauche de fonctionnaires. En aidant financièrement la Grèce,  la communauté européenne a prouvé sa solidarité. Mais si celle-ci décide de ne pas appliquer le programme de réformes convenu avec ses créanciers, elle devra en supporter toutes les conséquences. En attendant, la BCE a de nouveau relevé le plafond du financement d’urgence qu’elle accorde aux banques grecques. Cette enveloppe a été augmentée de 1,4 milliards d’euros à 76,9 milliards d’euros. Jusqu’à quand ? La réouverture de la télé publique avec la réintégration de plus de 1500 employés n’est pas un bon signe envoyé par Athènes.

Si l’Europe a à perdre en cas d’échec des négociations, les Grecs encore plus : depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir, les capitaux ont fui, la croissance s’est effondrée, les caisses publiques se sont vidées, les impôts ne rentrent plus, bref, le pays est revenu à une situation plus grave qu’au moment de la crise qui a conduit au premier abandon d’une partie de sa dette et à son rééchelonnement. Sauf que sans l’Europe, ils se retrouveront sans filet de protection. A défaut d’austérité qu’ils ont refusée, ils auront la faillite et la misère. Même au soleil, la pauvreté fait souffrir !


PAUVRE FRANCE !

Marianne pleure

 

Pauvre est bien le mot, étant donné l’augmentation de la paupérisation à laquelle on assiste depuis que la gauche est au pouvoir : effets inévitables du chômage massif et de la précarité galopante. Cela vérifie pleinement ce que des mauvais plaisants avaient résumé en cette formule lapidaire : « Les socialistes aiment tellement les pauvres qu’ils les fabriquent ! » Tellement vrai dans les faits … Monsieur Le Guen peut bien prévoir une baisse du chômage vers la fin 2015 ou au cours de l’année 2016, tout le monde sait bien que son affirmation « notre politique va produire des résultats » est un gros mensonge et que si baisse il y a, lui et ses amis n’y seront pas pour grand-chose.

Tableau de la France qui sombre.

C’est le pays d’Europe qui marche sur la tête. On y fait tout à l’envers.

D’abord le chômage : un vrai scandale qui n’émeut même pas le bon peuple anesthésié par un dispositif de traitement hors normes financé à coups de chèques en bois. Il n’y a guère que l’opposition pour s’inquiéter de la situation, sans qu’on soit certain qu’elle prendrait le taureau par les cornes si elle revenait au pouvoir. C’est que les mesures à prendre, qu’on connaît, si on les mettait au programme, sont l’assurance d’un revers électoral. Alors, le gouvernement se planque, attend que ça passe et prie pour qu'un jour cela s'inverse, sans avoir fait d’efforts, si possible. En attendant, toutes catégories confondues, la France compte 6 millions de chômeurs. C’est ça la réalité et c'est dramatique !

Ensuite les retraités : notre pays c’est aussi près de 14 millions de retraités et des sacrifices de plus en plus lourds demandés aux salariés du secteur privé. La charge, de plus en plus écrasante, repose sur un nombre d'actifs dans le secteur privé de plus en plus réduit. Et en plus, on constate une forte progression de leur nombre : comme notre pépère n'a rien trouvé de mieux pour plomber les dépenses publiques que de faciliter le départ à la retraite à 60 ans, près de 300 000 personnes sont parties à la retraite anticipée ces deux dernières années , ce qui porte à 7 millions sur les 10 dernières années. Il aurait fallu reculer l’âge de départ dès 2012. On s’étonne après que la caisse de retraite complémentaire pour les cadres est en faillite, que celle pour le privé le sera dans quatre ans. Et le MEDEF nous annonce qu'il n'y aura pas d'autre solution qu'une décote de 30 à 40% sur les retraites complémentaires en cas de départ à 62 ans avec une baisse progressive de la décote jusqu'à 67 ans. En même temps on nous parle tous les jours de combats contre l'inégalité,  mais personne ne s'attaque  à celle qui perdure entre le secteur public et le secteur privé pour les retraites. C'est insupportable !

Les fonctionnaires : nos finances publiques sont exsangues, mais le nombre des fonctionnaires continue d’augmenter, au lieu de baisser.  Nous en comptons désormais 5,6 millions : des effectifs pléthoriques pour un pays suradministré et la lecture des chiffres donne le tournis. L’Insee relève une flambée des effectifs, en dépit des promesses, cinq fois plus forte qu’en 2012, dans les trois fonctions (Etat, collectivités, hospitalière). Une explosion qui s’explique pour moitié par l’envolée des contrats aidés via les emplois d’avenir lancés fin 2012 par l’exécutif. Comment faire des économies dans ces conditions ? La masse salariale de l’emploi public est un boulet de plus en plus lourd à traîner : 25% de la dépense publique, 13,5% du PIB, ce qui place la France dans les derniers de l’OCDE. Mais qui prendra la seule décision qui s’impose pour endiguer le flux : la hausse de la durée du travail des fonctionnaires ? Les exemples pleuvent de durées du travail effectif ridicules dans certaines collectivités, où de nombreux jours de congés sont accordés. Au contraire, le gouvernement multiplie les dispositifs aidés de faux emplois et s’est empressé de supprimer le jour de carence faisant exploser à nouveau l’absentéisme. C’est irresponsable !

La préférence nationale pour le chômage.

Le chiffre qui est annoncé dans les médias est celui des chômeurs de catégorie A,  ceux qui n'ont pas exercé du tout d'activité pendant le mois. Mais c'est une supercherie. Le vrai nombre de chômeurs est le nombre total des chômeurs de toutes catégories, et il atteint 5,6 millions de personnes, soit près de 20% de la population active. Notre situation n'est guère meilleure que celle de l'Espagne, à la différence près que notre chômage est le seul qui ne recule pas dans toute l'Europe. Et c’est inacceptable !

La France a développé une véritable préférence pour le chômage qui explique, mois après mois, les mauvais chiffres obtenus sur le marché du travail. Aucune réforme digne de ce nom de ce dernier n’a jamais été entreprise. On préfère des micro-mesures, comme autant de cautères sur une jambe de bois, alors qu’il est tout-à-fait possible de réduire le taux de chômage, comme l’ont fait tous nos voisins. Prenons l’exemple de la « prime d’activité », dernier avatar du « traitement social » du chômage : ce dispositif est destiné à aider les travailleurs pauvres à préférer l’emploi plutôt que l’assistance. Elle vient s’ajouter aux 103 aides existantes et coûtera environ 4 milliards d’euros en 2017. En fait, comme les revenus de l’assistanat sont trop élevés, on invente une prime pour que les chômeurs qui préfèrent  rester sans emplois soient tentés par un travail au SMIC. Et pour quel résultat : on a déjà dépensé avec les contrats d’avenir et les différents dispositifs d’assistance, plus de 6 milliards d’euros avec pour résultat 600 000 chômeurs supplémentaires !

Il existe en France un chômage « structurel », indépendant de l’activité économique, qui est estimé à 8 ou 9 points sur les 11% actuels. Il n’y a qu’en faisant disparaître les freins qui bloquent l’emploi qu’on rétablira la situation : notamment par la baisse du coût du travail y compris le SMIC qui est trop haut pour que les personnes les moins qualifiées trouvent un emploi, priorité accordée aux chômeurs et aux salariés précaires pour bénéficier de la formation professionnelle, dégressivité  plus forte et sur un délai plus court des indemnités du chômage. Ce serait une manière d’accorder plus de valeur à une feuille de paie qu’à un chèque en bois de 100 ou 200 euros comme rallonge d’une aide publique dispensée par un état en faillite. Du travail, il y en a, c’est l’emploi qui est trop coûteux. On aurait pu employer l’argent public dispensé en vain dans les emplois factices pour aider les entreprises à en créer de vrais dans l’économie réelle. Mais c’est peut-être trop simple. Ce serait surtout très impopulaire. Il faudra bien pourtant en sortir !

Trop de chômeurs, trop de retraités, trop de fonctionnaires, trop d’aides publiques, trop de charges sur le travail et le capital, un marché du travail fermé aux jeunes, on comprend bien que cela ne va pas durer éternellement, d’autant plus que toutes les marges de manœuvre budgétaires sont épuisées. La France a sauté dans le vide, Pépère dit « pour l’instant tout va bien » et Marine propose de couper les ficelles du parachute …

 


« POURQUOI LA LUCIDITE HABITE A L’ETRANGER ? »

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Economiste, libéral, Nicolas Bouzou associe des activités de conseil - il est le fondateur du cabinet Astares - à une présence médiatique intense. Il a publié de nombreux ouvrages d’économie dont l’un lui a valu le Prix Turgot en 2008. 

L'ouvrage de Nicolas Bouzou nous propose un voyage d’enquête à travers l’Europe.

Le sujet : Comment nos voisins s’adaptent à la « troisième hyper-révolution », celle des NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informations, Cognitivité), les deux précédentes ayant été celles de l’agriculture, le passage du paléo au néolithique, et la révolution industrielle, au XVIIIème siècle. Et le voyage vaut le détour. La thèse est limpide et la question qu'il pose, cruciale : Pourquoi la lucidité habite à l'étranger ? L'économie mondiale se situe selon lui à la veille d'un cycle d'innovations comparable à la Renaissance. Il est persuadé que les nanotechnologies, le big data, les imprimantes 3D, les énergies renouvelables, les biotechnologies et bien d'autres évolutions dont nous n'avons pas encore pris la mesure vont réveiller le développement économique et générer un cycle de croissance extraordinaire. Comme les précédentes révolutions, elles déboucheront inévitablement sur une élévation sans précédent du niveau comme de l'espérance de vie des populations. Ces évolutions sont déjà là, déjà enclenchées. Nicolas Bouzou relate donc ses découvertes, ses impressions au cours d’une sorte de « road story » où il mêle les expériences concrètes aux références historiques et philosophiques et surout il s’efforce de comprendre pourquoi la France semble tout faire pour ne pas en profiter, pour rester en marge du progrès.

Le point de départ est original : C'est avant tout l'histoire d'un coup de fatigue. D'un ras-le-bol du débat français circonscrit à la petite sphère parisienne dont il fait pourtant partie. Son tour d'Europe est une manière de respirer, d'aller voir comment les autres, nos voisins européens, ont fait ou font. Une façon aussi de s'éloigner de la France pour la regarder sous un angle neuf.

Les défauts de la France sont pourtant connus de tous ceux qui veulent bien retirer leurs œillères : centralisation historique et figée du pays, impôts étouffants, secteur public écrasant le secteur privé ; paresse à mettre en place une véritable « flexisécurité » qui permettrait de résoudre le problème du chômage comme l'ont fait les « Nordiques », les Autrichiens ou les Suisses ; faiblesse des syndicats qui, du coup, campent dans la radicalisation, plombant le dialogue social ; incapacité à développer une politique de l'offre face aux tenants de la relance par la demande, ce qui a pour effet de rendre impossible la réduction des déficits publics. Tous ceux, y compris dans le gouvernement actuel, qui réfléchissent un peu à l'économie connaissent ces blocages.

Notre jeune économiste nous livre une formidable leçon d’optimisme : il décrit sa vision schumpéterienne de l’économie, la destruction créatrice, pour tordre le cou aux malthusianismes et pessimismes de tous poils et de tous bords, en nous découvrant un champ de développement et de croissance fantastique dont l’avènement n’ira évidemment pas sans heurts.

Ce n’est pas seulement un voyage à travers l’Europe : avec lui, on découvre au fil des pages, de manière très compréhensible, de nombreuses théories économiques ou philosophiques qu’il sait résumer. C’est en même temps une  mine d’informations dans de très nombreux domaines, de la pop-musique à la bioéthique, sans que cela soit jamais rebutant. C’est ainsi que j’ai appris la loi de More qui voit doubler la capacité de l’informatique tous les 18 mois ! Effarant ou enthousiasmant, c’est selon. La perspective du « transhumanisme » peut faire froid dans le dos, mais l’homme « augmenté » existe déjà ! Voilà un ouvrage précieux pour comprendre le monde vers lequel nous allons. 

Quelques avis  ne vous laisseront pas indifférents :

Sur les contradictions des Français : «… Cette nécessité de se remettre en cohérence avec un monde en mutation est refoulée dans leur inconscient. Ce refoulement se traduit par un masochisme qui consiste à aimer s'entendre dire qu'il faut réduire les dépenses publiques, flexibiliser le marché du travail, remettre la compétitivité des entreprises au coeur des politiques publiques... tout en votant systématiquement pour des gouvernements qui promettent le contraire. »

Ou encore sur les Grecs dont la faillite est d’actualité : « « On est frappé par tout ce que les Grecs, sous l'impulsion de leurs gouvernements, ont réussi à faire ces dernières années. Les entreprises sont plus compétitives, les règles du marché du travail ont été assouplies et l'Etat a commencé à se réformer... La crise a appauvri les Grecs, mais la Grèce n'est pas un pays pauvre. Le niveau de vie est retombé à son niveau des années 2000, mais, depuis le début des années 1980, le PIB par habitant aura finalement augmenté, crise comprise, de 20  %. ». Précisons que le livre a été écrit avant l’arrivée de Syriza au pouvoir.

Et un credo qui me va bien : « L'Europe peut encore être le continent de référence du XXIsiècle si elle corrige ses défauts de fonctionnement comme l'euro et si elle tourne ses valeurs en force. L'Europe est le seul continent qui puisse être celui de l'innovation raisonnée, de la techno-dolce vita, de l'aventure prudente... et de la tempérance. L'affirmation de ces valeurs devrait susciter des réactions psychologiques positives dans une France qui a besoin de s'ouvrir intellectuellement et de se projeter dans l'avenir.  »

Un ouvrage que tout le monde devrait lire mais qui plaira surtout à ceux qui s’intéressent à l’économie.

Pourquoi la lucidité habite à l’étranger ? Nicolas Bouzou – chez JC Lattès. 

 

 


LE NOUVEAU « HOLLANDE(C)OMIC »

    Hollande pit

 Les Japonais ont les « Abénomics », manière qu’ont les économistes de nommer les axes de décisions tirés de la doctrine de Shinzo Abe, le Premier Ministre. Nous, nous avons depuis la semaine dernière le nouveau « Hollandecomic » : il a pour nom « investissement ». C’est le mot d’ordre dorénavant : il faut in-ves-tir ! Et pour cela on va même débloquer de l’argent … qu’on n’a pas. Pas une tribune ou « pépère » n’y va de son petit discours sur « la reprise » et la nécessité pour les entreprises d’investir. Tout ça parce que ses conseillers ont lu quelque part que ça peine à redémarrer de ce côté-là. Qu’à cela ne tienne, l’exécutif va s’en occuper. Comme s’il suffisait de crier « investissements, investissements, investissements » en sautant comme un cabri !

L’investissement au point mort.

De fait, le contexte plus favorable qui s’est mis en place sur la scène économique européenne et mondiale permet d’espérer un regain d’activité en France. Mais le « moteur » de l’investissement est toujours au point mort. Et sans lui, il ne peut y avoir une reprise durable. On comprend alors que notre grand financier Sapin s'impatiente au point de saisir l’occasion d’un passage sur les ondes pour prendre « ses grands airs »  et « exiger » que les entreprises investissent. Il s’est même permis d’accuser  un chef d'entreprise, qui se plaint de ne pas ressentir la baisse des charges annoncée, de ne pas avoir changé de logiciel comptable ! A ce niveau-là d’incompétence, le fossé entre le discours politique et la réalité vécue sur le terrain devient infranchissable.

Les écueils restent trop nombreux.

C’est vrai que les marges des entreprises « s'améliorent sensiblement » sur le premier trimestre, comme le constate l’Insee, mais elles restent parmi les plus mauvaises d'Europe, près de 10 points de moins que l'Allemagne, la Grande Bretagne et l'Italie. En revanche, la fiscalité française dissuade toujours les entrepreneurs de prendre des risques, le coût du travail peu qualifié demeure trop élevé  et les gisements d’emplois qui existent dans le tertiaire restent inexploités. L’environnement social, les normes en tout genre, les prélèvements multiples à caractère antiéconomique comme la taxe sur la valeur ajoutée (CVAE) ou la taxe foncière à deux étages, constituent autant d’écueils pour les investissements. Si pour certaines PME, le CICE et la baisse des cotisations familiales ont pu avoir des effets positifs, ils ont été annihilés par les hausses des cotisations retraites et celles pour la prévoyance. Résultat : le coût du travail ne baisse pas et demeure en France un boulet pour le développement de l’activité. Un point de comparaison suffit : sur le niveau de taxe dans le monde, la France figure dans le peloton de tête en matière de charges sur le travail  (51,7% contre 16,2% au niveau mondial et 23,3% pour les pays de l'OCDE). Ce coût demeure en France exorbitant.

La confiance n’y est pas.

Comment croire alors Manolito quand il dit que le gouvernement a réformé et donc a réuni les conditions pour que la situation s’améliore. Ce n'est évidemment pas comme cela que ça marche. Il ne suffit pas de décréter que les entreprises ont la capacité d’investir. Plusieurs facteurs doivent être réunis pour réaliser un investissement ou une embauche :il faut un cadre favorable et des perspectives. Il faut que les chefs d’entreprise aient une claire perception que les conditions sont là car entreprendre c'est mettre en perspective des risques de pertes et des espoirs de gains. C’est un peu trop facile d’affirmer que si le chômage est en hausse, c'est à cause des entrepreneurs qui n'investissent pas, qui n'embauchent pas !

Avant de rejeter sur les chefs d’entreprise  la responsabilité de la situation économique du pays, le gouvernement devrait d’abord se poser des questions sur son propre logiciel. Car le retournement de la conjoncture internationale crée les conditions inespérées de réaliser les réformes structurelles trop longtemps différées. Le chômage se concentre dans les professions proches du smic et parmi les non-qualifiés. Les questions du salaire minimum, de la formation et du coût minimal du travail devraient être traitées en priorité. Le coût minimal du travail reste, en effet, la variable clé, qu’on le veuille ou non. On constate que la réserve d’emplois accessibles aux non-qualifiés est considérable, avec un déficit de plus de 2 millions d’emplois dans le commerce et l’hôtellerie-restauration, si on compare à ce qu’on observe dans d’autres pays. Pour ne prendre que ces deux secteurs. Pour parvenir à pourvoir ces emplois il faudrait admettre que l’augmentation des inégalités de salaires est un moindre mal que le chômage de masse. La France qui dispose d’une population non diplômée nettement plus importante que dans les autres pays de l’OCDE a contenu les inégalités de salaires en privant d’emplois les moins qualifiés.

Les réformes structurelles sont indispensables.

Baisser le coût minimal du travail pour réduire le chômage n’est pas une idée nouvelle ni originale, sauf que les allégements de charges sur les bas salaires proposés depuis plus de trente ans ont toujours été compensés par des hausses du smic. Et quand le coût de ce dernier augmente plus rapidement que celui d’un emploi au salaire médian, on rend inemployable une population toujours croissante. L’autre grande cause de blocage de l’emploi provient de la protection excessive dont bénéficient les CDI, dont la conséquence est d’enfermer des millions de salariés dans les situations précaires en les obligeant à enchainer intérim, CDD et stages… La protection excessive de l’emploi à durée indéterminée et le salaire minimum trop coûteux, c’est une sorte de transfert sur les employeurs du coût de la solidarité nationale en les obligeant à conditionner l’embauche à la garantie du revenu que la société juge minimal. A tout cela s’ajoute un point noir supplémentaire qui plombe l’économie française et qui l’empêchera de retrouver un rythme de croissance au-delà de 2% par an : la crise dans le BTP, dont la responsabilité échoit largement aux mauvaises dispositions votées sous Duflot.

Voilà des domaines où les réformes structurelles seraient, à n’en pas douter, suivies d’effets en terme de redémarrage de l’emploi.

Sans reprise de l’investissement, pas de croissance durable.

Si le moral des ménages, sensibles à l’effet médiatiques des « bonnes nouvelles » ressassées sur les antennes, a rebondi depuis quelques mois, celui des chefs d’entreprises, calé sur leurs carnets de commande, fait du surplace. Et si le moteur des investissements ne se rallume pas, la reprise ne sera qu’un feu de paille. La question est de savoir si les difficultés structurelles des entreprises françaises et leur manque de confiance sont plus importants que l’incitation que devrait créer l’augmentation de la consommation des ménages. Dans ce cas, celle-ci bénéficierait en premier lieu aux entreprises étrangères, contribuant à dégrader notre balance commerciale. C’est du déjà vu. On aura alors la preuve que la perte de compétitivité de ces quinze dernières années est dramatique et nécessite autre chose que des mesures conjoncturelles.

On comprend que la reprise de l’investissement soit désormais l’obsession de l’Elysée, dont l’hôte y voit une condition nécessaire à sa réélection, devenue son unique objectif. La méthode Coué ne sera pas suffisante, pas plus que les mesures de soutien ponctuel !

 


MIEUX PARCE QUE C’EST PAS PIRE … ???

 

 La croissance en panne


En attendant les résultats du 2ème tour et le moment de commenter la situation politique après les Départementales, attardons-nous un peu sur les indicateurs économiques tombés la semaine dernière.

« La reprise, elle est là … fragile, mais elle est là ! »

Cette petite musique serinée par l’hôte de l’Elysée à chacun de ses interlocuteurs, relayée par Manolito avec son porte-voix, s’appuie sur des éléments très fragiles et l’affirmation est pour le moins prématurée. Un léger mieux se conçoit avec autant de facteurs favorables autour de la France, dont aurait pu rêver tout gouvernement. Mais la triste réalité vient contredire ce discours enchanteur. N’est pas Merlin qui veut !

Enfumage, comme d’habitude.

Ah bon ! Voilà que le déficit sera moins important que prévu et que la France, finalement n’aura fait que 4% au lieu des 4,4% attendus. D’abord c’est encore plus que la prévision budgétaire qui était de 3,8%, et si on a moins dérapé, c’est à cause du freinage des investissements des collectivités territoriales étranglées par la réduction des transferts de l’Etat. Pas de quoi se glorifier comme l’a fait le Sapin de service. Le résultat obtenu est le fruit d’un exercice purement comptable. Le déficit moyen de la zone euro est à 2,6%. Nous restons les mauvais de la classe. La réalité, c’est que pendant le même temps la dette a continué de progresser ! Elle a atteint 95% du PIB fin 2014, en forte hausse par rapport à fin 2013 (92,3%). Elle s’établit à 2037,8 milliards d’euros et aucune baisse n’est visible à l’horizon, en dépit des promesses gouvernementales.

Et pour le chômage ? … Le rebond !

Mais dans le mauvais sens. Le chômage a progressé. Encore. C'est insupportable. Insupportable car nous sommes le seul pays de la zone où il ne baisse pas. Insupportable car le  gouvernement est plus focalisé sur les élections et ses jeux d'alliances avec les écolos et la gauche de la gauche que sur ce drame humain et économique au point que le 1er Ministre n’est plus à s’occuper des affaires du pays : « il fait campagne ! ». Insupportable car la France bénéficie de facteurs exceptionnels de relance mais le gouvernement n'a pas le courage de faire les vraies réformes nécessaires. Loin de s’inverser, la courbe continue de monter. Avec près de 30 000 chômeurs de plus (1 000 par jour) en février, la situation continue de s’aggraver. Comment pourrait-il en être autrement, avec une croissance qui reste atone. On sait que le marché du travail accueille 100 000 personnes de plus chaque année du fait de notre démographie, et comme dans le même temps, notre économie continue de détruire des emplois, il faut au moins 1,5% de croissance pour commencer à équilibrer la situation. Le pacte de responsabilité et son usine à gaz de CICE n’est pas à la hauteur de l’enjeu, ni dans la forme ni dans l’emploi que les entreprises peuvent en faire. Il y en a un qui propose bien une solution détonante : c’est le Mr Martinez de la CGT, que l’organisation syndicale est allée chercher dans le congélateur de l’ère stalinienne, et qui nous propose de passer aux 32 heures ! Les 35 heures nous ont ruinés, les 32 heures achèveront le travail (au sens propre) ! Avec ça, on va avancer !

Pendant ce temps-là…

La Grèce et l'Irlande étaient en faillite en 2009. Dépression, récession, chômage, aide européenne : à peu près le même scénario dans les deux cas. L'Irlande a suivi à la lettre le programme d'austérité imposé par l'Europe et a adopté des réformes structurelles spectaculaires. La Troïka était très présente à Dublin, comme elle l’a été à Athènes, mais sans être contestée. L'objectif de revenir à un déficit inférieur à 3% cette année va être atteint et la verte Erin est devenue le pays qui connaît la plus forte croissance économique de la zone euro : 4.8% de croissance en 2014, 4.4% prévus en 2015 et 3.7% en 2016. A Paris, j’en connais qui en rêve ! Or l'Irlande a connu la récession, la dépression même et l'explosion du chômage assortis de l'aide d'urgence de l'Europe. Aujourd'hui elle a la plus forte croissance de la zone euro et un chômage inférieur à celui de la France. La Grèce de son côté a suivi un chemin tumultueux qui a abouti à l’élection de l’extrême gauche qui gouverne avec l’extrême-droite, sur des promesses démagogiques intenables. La Grèce est en déroute ! À l'heure où celle-ci tente vainement de racler les fonds de tiroir pour maquiller une faillite totale, l'Irlande apporte une réponse éclatante à ceux qui pensent que l'austérité ne peut pas mener à la croissance. Dites-le à « Sapin-la vantardise » et à Philipot dont le modèle est la calamiteuse Argentine, parce qu’ils refusent de voir cette réalité qui dérange leurs arguments.

 


BORLOO L’AFRICAIN

Borloo

« C’est nous les Africains qui revenons de loin… ». Ce trait d’humour pour saluer le retour d’un Jean-Louis Borloo plein de vie et d’énergie. Et le revoilà qui surgit dans l’arène à un endroit où on ne l’attendait pas. Retiré de la vie politique depuis près d’un an, il s’est lancé dans un projet de fondation destinée à électrifier l’Afrique. Il a présenté la semaine dernière sa fondation pour l’énergie en Afrique, continent où il se rend régulièrement. Parmi les personnalités présentes pour le soutenir, les présidents des deux assemblées, le patron du Medef, quelques élus et intellectuels comme Eric Orsena. Avec en sus, la visite surprise de l’hôte de l’Elysée venu se montrer sans avoir été invité, mais "l’esprit" du 11 janvier permet tout.

Borloo le « visionnaire ».

Est-ce la maladie qui a donné à cet ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy cette nouvelle vision internationale, qui ne manque pas de lucidité ? On le connaissait surtout pour avoir mis en application ses idées sur le développement urbain et la politique de la ville. On lui doit notamment la loi de rénovation urbaine et l’ANRU qui a permis la réhabilitation de nombreux quartiers. S’il a renoncé à la politique nationale, c’est pour raison de santé. Celle-ci étant revenue, il n’a pas souhaité revenir dans le jeu du marigot des centres, probablement trop compliqué pour cet homme pragmatique avide de concret. Il va donc investir son génie dans son nouveau cheval de bataille : l’électrification de l’Afrique, condition préalable au développement de ce continent et surtout, nécessaire au soutien de la croissance en Europe. Et c’est avec énergie et passion qu’il a présenté son projet. « Le relais de croissance pour l’Europe se trouve en Afrique », s’est-il exclamé, dénonçant la situation « intenable » de l’Afrique en matière d’énergies, convaincu d’avoir trouvé là un axe vital pour notre croissance, pour notre stabilité, et un supplément d’âme pour l’Europe. Et d’énoncer ses arguments : « Notre avenir se joue là-bas, à notre porte. Les Africains sont 1 milliard aujourd’hui, ils seront 2 milliards en 2040 ! Nous devons prendre conscience de ce train démographique infernal. » Pour Jean-Louis Borloo, si on maîtrise cette réalité, on peut en faire une chance à la fois pour l’Afrique et pour l’Europe dont le continent noir sera le principal relais de croissance. Sinon, ce pourrait être le chaos, un cocktail explosif pour le monde entier.

"S’occuper de l’Afrique, c’est s’occuper de nous."

Or, selon lui, l’Europe n’a pas pris la mesure de l’enjeu. Elle n’a pas de stratégie africaine et fait preuve de cécité. Il prend pour exemple la dernière réunion de l’Union africaine à Adis-Abeba, en Ethiopie, où il a été surpris de ne pas croiser un seul représentant de l’UE, alors que pullulaient Chinois et Indiens ! Et pour Jean-Louis Borloo, cet oubli est catastrophique alors que nous avons les moyens d’intervenir. Et surtout par le passé africain des pays européens, nous sommes les mieux placés pour le faire. Le principal problème, à ses yeux, est celui de l’électrification, un domaine où nous excellons. Hors le Maghreb et l’Afrique du Sud, le continent vit dans le noir : « Imaginez qu’il y a 650 millions de portables et que seulement 200 millions d’habitants ont l’électricité. Si on ne facilite pas l’accès de la population  à la lumière, la déstabilisation de l’Afrique est certaine et celle de l’Europe avec ! ». Sans faire de jeu de mot, l’obscurité conduit tout droit à l’obscurantisme. On comprend aisément que l’énergie est un préalable nécessaire à l’essor de l’Afrique.

« Energies pour l’Afrique »

Tout cela, c’est bien gentil, mais ça va coûter et on n’a pas un fifrelin. Jean-Louis Borloo balaie l’argument. C’est là qu’est le génie de notre homme. Comme pour les banlieues, il a imaginé un montage qui rend possible l’opération en « fédérant » les sources de financement. Il tente de lancer une espèce plan Marshall, avec l’impératif pour les africains de se prendre en main. Il se fait fort de décider les 54 chefs d’états de fonder  « l’Agence d’électrification de l’Afrique » et de la rendre opérationnelle d’ici la fin de l’année. Sa mission : faire de l’ingénierie et mettre son savoir-faire au service de tous les pays, sans pour autant assurer une tutelle dirigiste. Il faudra 250 milliards d’euros d’investissements, dont 25% non remboursables. Cet argent peut être levé sur les marchés financiers et les grandes entreprises, dont la plupart sont partantes. La Banque africaine de développement est au coeur du dispositif et ses experts sont déjà sur le pied de guerre. Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi : la source énergétique devra être adaptée à chaque terrain, alternant solaire, hydraulique, thermique… Ce programme est prévu pour courir sur une dizaine d'années. 

Un projet déjà bien avancé.

Il faut aller vite et lancer ce programme « avant le 30 juin » prochain. Notre ancien ministre a réussi à convaincre Jean-Claude Juncker, le Président de la Commission européenne,  de constituer une équipe dédiée à son projet et il espère obtenir un débat au Parlement européen. Il compte sur la France, et la visite du Président français à sa conférence de presse est un bon indicateur (il faut dire que la réussite est de son intérêt évident), et il veut associer toutes les forces vives du pays, partis politiques, partenaires sociaux, intellectuels, entrepreneurs… Jean-Louis voit grand et veut rassembler large. C’est sa part de naïveté et c’est ce qui le rend si sympathique et … convaincant. Ce faisant, il nous montre que la politique lui colle à la peau.

 


TSIPRAS… P’TIT BRAS !

Tsipras

 

Un peu plus de 40 jours après sa victoire, le nationalo-gaucho d’Athènes doit en rabattre. Il s’est retrouvé impuissant au pied du mur des réalités qu’il avait niées pendant toute sa campagne, faisant miroiter aux Grecs des lendemains enchantés. Le moins qu’on puisse dire c’est que même son (Varou)fakir de service n’a pas les dons de Circée la magicienne. Et que l’Eurogroupe, s’il veut bien faire preuve de bonne volonté, n’est tout de même pas prêt à servir de paillasson, et a refusé de céder sur l’essentiel. Les rodomontades n’y changeront rien. Le contrôle de la "Troïka"  tant honnie continue sur les finances hellènes, même si ses inspecteurs le font en tenue de camouflage, pour ne pas trop froisser l’amour propre des nouveaux gouvernants qui, pour tromper le bon peuple, continuent de danser le sirtaki devant le buffet.

Où en est la Grèce ?

La situation financière de la Grèce ne s’arrange pas. Le temps qui passe vide les caisses de l’Etat alors que les premières échéances sur la dette approchent. Celui-ci a du mal à trouver des liquidités pour payer les salaires de la fonction publique, les retraites et les dépenses courantes. L’excédent budgétaire, hérité du précédent gouvernement, qui était de 4 milliards fin 2014 a fondu comme neige au soleil printanier, et il n’en restait que 400 millions fin janvier. A ce jour, il ne resterait même plus rien ! Or, ce mois-ci la Grèce doit rembourser 4,3 milliards d’euros, dont 1,5 milliard au FMI dont la première tranche de 300 millions tombait le vendredi 6 mars dernier. L’Etat pioche dans les caisses de retraites et de sécurité sociale pour payer ses fins de mois. Les dépôts bancaires ont fondu de 20 milliards en février, et le pays a de plus en plus de mal à placer ses billets de trésorerie (T-Bills) : sur 1,4 milliards empruntés début mars, 750 millions d’euros n’ont pas trouvé preneurs. La Banque de Grèce a dû combler le besoin en urgence via un fonds de réserve public. Pour un gouvernement élu avec un score quasi-plébiscitaire, le moins qu’on puisse dire, c’est que la confiance interne comme externe n’y est pas ! En un mot : le résultat des élections n’a pas sauvé les Grecs, il a accru leur misère. Dites-le donc à Marine Le Pen et à la Méluche.

C’est la faute à Voltaire…

Comme toujours, comme le programme approuvé massivement par le peuple ne pouvait pas être mauvais, c’est donc la faute aux autres : à l’Europe, aux capitalistes, aux bourgeois qui retirent leur pognon des banques, aux commerçants qui ne paient pas la TVA… Un peu facile. Si les maigres réserves financières ont fondu aussi vite, ce n’est pas seulement parce que l’argent s’est enfui, c’est aussi parce que la récession est de retour. De plus, les impôts ne rentrent pas notamment parce que le gouvernement grec autorise ses contribuables à échelonner leurs paiements. Déjà qu’ils en paient si peu … Les recettes fiscales ont chuté de plus de 15% pour atteindre 6 à 8 milliards d’euros ce qui est loin de permettre l’équilibre des comptes au moment où les dépenses augmentent avec la récession qui revient. Athènes a beau avoir conclu un accord avec l’Eurogroupe pour prolonger de 4 mois l’aide financière qui devrait lui assurer un prêt de 7,2 milliards d’euros, aucun euro ne sera versé avant que le pays n’ait rempli ses engagements, a prévenu le ministre allemand Wolfgang Schaüble, d’autant plus intraitable que Varoufakis menace de ressortir les vieilles lunes de la période nazie en matière d’indemnisations dues par l’Allemagne. On comprend que les Allemands (le peuple) soient de mauvaise humeur et majoritairement opposés à cette rallonge financière. Vous l’avez compris, si la Grèce va mal, ce n’est pas à cause de sa mauvaise gouverne, mais bien du méchant et égoïste peuple allemand. On croit rêver.

Tsipras devra sortir du bois.

La Grèce est donc renvoyée à ses engagements pris, il y a trois semaines, de mener à son terme le programme de redressement engagé en 2010. Une potion amère dure à avaler pour le révolutionnaire de pacotille. Car, ce qui pose problème, ce n’est pas seulement la modestie des réformes annoncées par le Ministre des Finances grec, une liste faite pour amuser la galerie avec notamment l’idée d’utiliser des touristes comme contrôleurs du fisc (si, si), c’est aussi l’absence d’informations fiables sur la situation financière réelle. Six semaines après la victoire de Syriza, entre Bruxelles et Athènes, tout reste à discuter. Même la méthode de travail. Il faut dire qu’entre la rigueur des nordiques et la fantaisie de gouvernants à la tête d’un état digne du Tiers-Monde, le fossé est large. La menace d’Athènes de recourir à un referendum pour revenir sur les engagements pris n’est pas faite pour calmer le jeu. En attendant la Troïka est de retour pour vérifier l’état des lieux, sur place. C’est la condition mise par les créanciers pour financer et suivre le malade au quotidien. Le dernier passage du bel Alexis vendredi dernier à Bruxelles n’a guère fait avancer les choses, malgré la bonne volonté affichée par Jean-Claude Juncker.L’un des principaux responsables européens résume la situation en ces termes : « Jamais l’exaspération n’a été aussi grande, les Européens veulent trouver une solution avec la Grèce mais les déclarations quotidiennes du gouvernement à Athènes sapent toute possibilité de confiance ». Et jeudi prochain, la Grèce sera à nouveau écartée du conseil européen pour éviter un dérapage fatal. Samedi, les dirigeants grecs avaient un discours plus apaisant, jusqu’à quand ?

Le peuple grec finira par se réveiller.

En attendant, les réformes promises par Tsipras à son peuple sont peu à peu mises au … congélateur. Il arrive à tenir pour l’instant en pratiquant le double langage, un à Bruxelles, l’autre à Athènes. Mais il ferait bien de faire attention, aujourd’hui avec internet, il n’y a plus de filtre possible. Une seule réalité compte : la Grèce va plus mal, elle est au bord du défaut et elle est isolée. Pas un état européen n’est venu conforter ses demandes et le « front méditerranéen » ne s’est pas réalisé. Le programme du parti Syriza est impossible à mettre en œuvre et il lui faudra bientôt choisir dans quel camp il veut jouer : avec l’Europe ou sans l’Europe. Le choix entre l’austérité et ses misères et la misère tout court, et pour longtemps !

La Grèce serait en faillite sans la perfusion de la BCE et le « défaut » (faillite) menace toujours ! Une leçon que les Français qui croient aux croassements mariniens devraient méditer, parce que c’est ce scénario qu’elle propose pour notre pays …

 


IMPÔT-AUX-ROSES !

 

Impôts massifs

 

Descente en enfer.

Jerome_chartier_Le racket fiscal a bien eu lieu et il est de grande ampleur. On peut remercier le député Jérôme Chartier d’avoir fait ce travail de fourmi pour retrouver la multitude de lignes budgétaires dans les lois de finances votées depuis 2012. Après on s’étonne que l’économie soit tétanisée. Qu’on en juge ! En impact réel sur l'économie, il ne s'agit pas de 30 milliards de hausses, comme on nous l’affirme communément, mais de plus de 80 milliards d'euros qui ont été prélevés dans le porte-monnaie des Français, auxquels il faut ajouter un peu plus de 9 milliards ponctionnés sur la capacité de financement des entreprises, dont on s’étonne qu’elles n’investissent pas. Soit un prélèvement de 90 milliards, en tenant compte des baisses décidées sur la même période (En fait 126,7 milliards de hausses pour 36,4 milliards de baisses).

Sarkozy avait fait pire.

Le refrain que les socialistes nous serine ne tient pas : Sarkozy avait produit  600 milliards d’euros de déficit pendant son quinquennat, en oubliant que les hausses des impôts et ces déficits après 2008 étaient une conséquence de la dépression mondiale qui a suivi la crise des « subprimes », et qu’il faut les mettre en parallèle avec une courte récession et un redémarrage de la croissance (2% en 2011) qui auraient permis le redressement si l’effort avait été maintenu. Or, malgré un climat économique international bien meilleur, les socialistes ont continué d'augmenter les impôts sans baisser les déficits ! À ce rythme, on pourrait se retrouver avec 450 milliards de déficit et de hausses de taxes et d'impôts cumulés à la fin du quinquennat actuel et cela sans crise financière et dans un contexte de reprise économique mondiale !  Aucune excuse. La France dans ces conditions ne peut pas faire mieux que stagner à moins de 0,5% de croissance. Cherchez l’erreur !

Mais à quoi ces milliards ont-ils servi ?

Le plus grave est le peu d'efforts accompli par le gouvernement pour réduire la charge des dépenses publiques et faire baisser la dette qui continue d’enfler, alors que les Français se sont fait massacrer fiscalement pendant ce temps. A se demander où passe l’argent ! Avec 55 hausses décidées en trente mois, Jérôme Chartier a constaté qu'on arrivait à deux nouvelles taxes ou augmentations d'impôts par mois en moyenne. 92,3 milliards d’euros prélevés sur les ménages, c'est exorbitant ! Et ces décisions ont de plus considérablement accru l'iniquité fiscale. Le sentiment que certains payent tout et les autres rien, remet en cause la relation entre les Français et l'impôt. D'ailleurs, pour la première fois on constate que l'impôt rentre difficilement cette année dans les caisses de l'État, et il ne faut pas aller bien loin pour chercher la cause.

Les chiffres avancés ne sont pas contestables.

Le travail réalisé ne peut pas être mis en doute. La liste des hausses est un Jerome_chartier_invraisemblable bric-à-brac de taxes en tout genre qu’il a fallu aller chercher une par une dans les documents budgétaires. Ce fut l'une des difficultés de la tâche, nous précise Jérôme Chartier, car le Ministère des Finances ne présente pas, lors de chaque discussion de la loi de finances, l'ensemble des taxes et impôts au fil de l'année, lissés en fonction de ce qu'ils ont effectivement rapporté. Une lacune à laquelle il faudra remédier. Aujourd'hui, explique le député, il est de plus en plus illusoire de chercher à maquiller un budget et donc inutile de ne pas donner les vrais chiffres, le plus rapidement possible. La compilation réalisée sur l'ensemble des lois de finances  a été un vrai travail de bénédictin. Mais désormais, le gouvernement ne peut plus cacher l'ampleur de ce qu'il a prélevé dans la poche des Français.

Le constat est accablant.

En cumulé depuis 2012, la majorité socialiste a ordonné la ponction en net de plus de 9 milliards d’euros sur la capacité de financement des entreprises. Plus grave encore, elle aura ponctionné à ce jour plus de 80 milliards d’euros de pouvoir d’achat directement auprès des Français. A écouter le gouvernement,  celui-ci prétend surcompenser par ses projets les contributions supplémentaires des entreprises. Mais à ce jour, le compte n’y est pas. Quant aux Français, c’est carrément le massacre fiscal. En moins de trois ans, la majorité leur aura pris l’équivalent d’une année et demi d’impôt sur le revenu ! Et si on ne s’est aperçu de rien, c’est parce que les socialistes ont multiplié les augmentations et la création de microtaxes. Ils expliquent qu’ils redoublent d’efforts pour parvenir à respecter le plafond de 3% du déficit du PIB. Mais en 32 mois, qu’ont-ils fait ? Ils ont d’abord prélevé des impôts en plus pour dépenser plus. Résultat : le déficit reste au-dessus de 4% sans fléchir. Bruxelles réclame même 30 milliards d’économies supplémentaires que Bercy conteste. Non seulement cette méthode est douloureuse pour les Français, mais en plus elle est contre-productive : les économistes l’ont montré, seule la baisse de la fiscalité induit une hausse équivalente du PIB, par l’augmentation de l’investissement et de la consommation, une augmentation de la croissance et donc à terme une baisse du chômage. Alourdir les impôts à ce point dans un contexte de concurrence fiscale internationale, c’est s’aveugler totalement. La France est devenue l’un des pays européens où les prélèvements obligatoires sont les plus élevés, ce qui met en péril son attractivité pour les entreprises étrangères, sources d’emplois sur notre territoire.

La sanction doit tomber !

Une partie des Français a le sentiment que l’effort n’est plus équitable. Le sentiment de ras-le-bol fiscal est justifié contre des impôts mal répartis, trop lourds et à l’utilisation contestable. Malgré les alertes nombreuses et successives, la France continue à vivre sous perfusion de hausses d’impôts, bien qu’elle s’en défende. La situation est tout simplement suicidaire. Alors qu’on s’apprête à voter pour les élections départementales, nos compatriotes doivent plus que jamais savoir que plutôt que de faire des économies, plutôt que de serrer la ceinture de la dépense publique, c’est d’abord dans la poche des familles que les socialistes continueront de prendre l’argent pour tenter de réduire le déficit de l’Etat, réduction face à laquelle ils sont aujourd’hui en situation d’échec. Carton rouge !

 

Vous trouverez sur le blog http://jeromechartier.fr/ les deux listes exhaustives.
La première liste (Hausses) récapitule l’ensemble des hausses des taxes et impôts ainsi que l’ensemble des taxes et impositions nouvelles constatées depuis les modifications décidées par les gouvernements successifs de François Hollande, soit 103 événements fiscaux.
La seconde liste fait l’inventaire de toutes les suppressions ou baisses de taxes et d’impôts (Baisses) sur la même période, soit 48 événements fiscaux.



Carton rouge UMP



 


CES BONNES NOUVELLES … QUI N’EN SONT PAS !

Récession

 

C’était évidemment trop tentant.

A quelques encablures d’une échéance électorale, pouvoir annoncer quelques bonnes nouvelles ne fait pas de mal à la cote électorale. Encore faut-il que les nouvelles soient réellement bonnes. Je ne suis pas certain que les Français auront ressenti ce « mieux » que le gouvernement annonce avec un peu trop d’empressement sur divers fronts, profitant, comme il est devenu coutumier de le dire, de « l’alignement des planètes »,  alors que sa majorité bat de l’aile et que la mauvaise humeur gronde dans les campagnes. C’est qu’avec la gauche, la manipulation n’est jamais loin et il y a toujours un banc de brouillard entre ce qui est annoncé et ce qui est vraiment. Il faut dire que le défi est de taille quand on sait, avec le dernier sondage du JDD, que plus d’un électeur sur deux de gauche n’ira pas voter.

Alors tout est bon ! Voilà que contre toute attente, le chômage a baissé en janvier. Voilà que la France a deux ans de plus pour atteindre les 3% de déficit promis en 2013, puis 2014, puis 2015… un moyen d’échapper encore un peu à « l’austérité » que les autres se sont imposée, c’est-à-dire autant de temps perdu que notre économie ne pourra peut-être pas rattraper. Voilà même que les prévisions de croissance s’améliorent pour 2015 et 2016, comme un coin de ciel bleu dans la grisaille des éléments. A voir.

Le chômage a baissé ! Mon œil !

Les chiffres du chômage sont tombés pour janvier : le gouvernement annonce 19.100 chômeurs en moins sur le mois de Janvier 2015. Mais cela ne concerne que la catégorie A et grâce à des transferts sur les catégories B et C… ! Les demandeurs d’emploi sortis de Pôle Emploi en janvier ne représentent que 2.300 reprises d’emploi déclaré à mettre en face de 4.400 cessations d’inscription pour défaut d’actualisation. 35.000 chômeurs qui ont travaillé plus de 78 heures ont été transférés de la catégorie A vers la catégorie C. En fait, le chômage a plutôt augmenté de 16.100 nouveaux inscrits.  Et c’est bien ce que l’on constate dans le total des catégories A, B et C qui est passé de 5.216.000 en décembre 2014 à 5.232.100 inscrits en janvier 2015. Ce qui fait que la barre des 900.000 nouveaux inscrits en catégories A, B et C vient d’être franchie en seulement 33 mois de mandat de Hollande. (905.100 nouveaux inscrits exactement depuis Avril 2012 ! Un triste record !). Manolito montre sa capacité de bon socialiste à exceller dans le subterfuge, et son indécente autosatisfaction (c’est grâce au CICE qui entre à peine en application) est trop proclamée pour être honnête.

La Commission recule à 2017 la baisse du déficit de la France à 3% du PIB. Du poison ou de la morphine !

La France qui accumule depuis 2009 les retards à réduire son déficit public à la norme européenne obtient un nouveau sursis pour se serrer la ceinture, pour la troisième fois. Dormez en paix braves gens, l’austérité n’est pas encore pour demain. Les 3% de déficit seront pour 2017, juré ! Une victoire ? Que nenni ! Une décision qui est un cadeau empoisonné en ce qu’il consacre surtout l’incapacité de la France à faire les réformes de fond indispensables. La France est la lanterne rouge de la zone euro et ses comptes continuent de se détériorer ce que la « Commission » constate : pour elle, notre pays connaît à la fois un déficit budgétaire « excessif » et des déséquilibres économiques « excessifs » eux aussi (dette publique, rentabilité des entreprises, comptes extérieurs). Seule la Bulgarie fait aussi mal que nous ! D’ailleurs la Commission s’inquiète car elle prend désormais en compte les risques que l’économie française fait peser sur l’union économique et monétaire en termes de retombées négatives. C’est pourquoi le nouveau répit est assorti d’un calendrier et d’exigences : il va falloir trouver 4 milliards d’économies supplémentaires cette année (ou d’impôts ?)! De fait avec le vote de la loi Macron, qui se révélera inopérante, et l’utilisation du 49-3, la majorité n’est pas en mesure de voter les mesures indispensables au redémarrage de l’économie française. Pire, les blocages sont apparus au grand jour, réduisant d’autant la marge de manœuvre du Premier Ministre. Pour pallier à cette situation, le Président s’évertue à tendre un rideau de fumée en courant à travers le monde pour proclamer sa nouvelle foi écologique dans la lutte contre le réchauffement climatique. Une manière de chercher des résultats sur un autre front, sachant toutes les autres batailles perdues.

La croissance repart ? Même pas en rêve !

La perspective de faire 1% de croissance est plutôt une bonne nouvelle. C’est toujours mieux que le piteux 0,4% de 2014.  Ce qui ne va pas, c’est que notre pays devrait faire beaucoup mieux. L’exécutif bénéficie d’une chance inouïe avec « l’alignement des planètes » dont il nous rebat les oreilles. C’est vrai que les conditions sont exceptionnellement favorables avec le pétrole en baisse (mais que l’on paie en dollars), l’euro qui en fait autant (ce qui atténue la baisse du pétrole) et favorise notre commerce extérieur à la zone euro, les taux d’intérêts très bas qui ne surenchérissent pas les intérêts… d’une dette devenue abyssale. Sauf que la France ne s’est pas délestée de ses boulets qu’elle  traine,  sans volonté de s’en débarrasser : temps de travail, code kafkaïen, dépenses publiques (57,7% du Pib), fiscalité décourageante.  Hypocritement elle peut même compter sur le rebond exceptionnel de ses voisins qui se sont astreints aux réformes douloureuses pour  profiter doucettement de l’embellie économique internationale.  Il n’y a donc pas lieu de crier victoire. On pourrait viser les 2,5% de croissance si nous avions été courageux, au lieu de se comporter en passager clandestin de l’Europe. Et quand on sait qu’en-dessous de 1,5% la situation de l’emploi ne s’améliore pas, les Français n’ont rien à attendre de ce gouvernement.  D’autant plus qu’il y a gros à parier que le répit va être mis à profit pour remettre dans les tiroirs les réformes indispensables en laissant le soin aux suivants de les faire. Voilà ce qui arrive quand on n’a plus de majorité fiable, et qu’on manque de volonté soi-même. Il ne reste plus qu’à faire des moulinets pour donner le change.

Après avoir gâché deux ans et demi, voilà deux ans et demi d’un nouveau gâchis qui s’annoncent.

 Carton rouge UMP 

 


TOUT UN CINEMA POUR PAS GRAND-CHOSE !

Macron
  

Loi Macron, effet micron !

Rarement on nous aura fait ce coup-là au parlement : un projet de loi macrodosé en plus de 200 articles pour des effets soi-disant macroéconmique. Et pour fêter ça, la gauche avait mis les moyens : discours lyrique du 1er Ministre avec envolée oratoire et trémolo dans la voix, discussion parlementaire avec plus de 110 heures de débat ! Et 3 000 amendements en discussion, s’il vous plait ! C’est dire la bonne volonté de co-production législative du gouvernement qui espérait même s’attirer les faveurs de représentants de l’opposition.  Après tout, la situation de la France est telle que peut-être le gouvernement et sa majorité avait enfin compris qu’il fallait réformer dans le consensus. Au résultat, niqueduoille : un détricotage systématique d’un texte déjà pas très ambitieux, avec un seul et unique but, celui de s’attirer les bonnes grâces de la gauche  protestataire, combat perdu d’avance. Et qui a fini par décourager quelques bonnes volontés qui s’étaient signalées à droite et au centre. Résultat, l’exécutif a été obligé de dégainer son 49-3 pour faire passer la loi. Pas très reluisant !

Un catalogue incohérent dont il ne sortira rien.

Ce devait être la loi emblématique du virage économique vers la politique de l’offre qui doit relancer la croissance. On allait voir ce qu’on allait voir : avec sa loi, le Manolito de Bercy allait enfin libérer l’activité, doper la croissance, réaliser des réformes que même la droite n’aurait pas osé faire… C’est dire. D’ailleurs les médias ne se sont pas privés pour nous faire croire que c’était une loi que la droite aurait pu proposer. Trompe l’œil et rideau de fumée ! C’est Eric Woerth, réputé pour ses réparties modérées, qui résume ce qu’elle est : « Votre loi n’est ni héroïque, ni historique, elle est juste à côté de la plaque ! ». Tout est dit. Mais que contient-elle donc ? Ce serait trop long d’en donner le détail ici, on se contentera de quelques exemples. On a insisté  sur l’extension du travail dominical qui après la moulinette de la gauche parlementaire reste bien loin des déclarations initiales : on passe de 5 à 12 dimanches si autorisation du maire, les contreparties pour les employés sont durcies et elle ne concerne au final que quelques quartiers touristiques. Laloi collectionne ensuite les mesurettes éparses : libéralisation des trajets en autocar, assouplissement du régime d’imposition des actions gratuites, des mesures techniques sur les plans sociaux, la possibilité de médiation et d’arbitrages pour accélérer la justice prudhommale, de recours à des fonctionnaires pour faire passer le permis de conduire avec suppression du nombre minimal d’heures avant de se présenter à l’examen, quelques articles concernent les grandes surfaces et visent à empêcher les positions dominantes ce qui a le mérite de mettre en émoi les Leclerc et Système U… ; parmi les professions réglementées les notaires, coupables de gagner de l’argent, ont préservé leur monopole mais leurs tarifs sont encadrés par la loi (mais c’était déjà l’Etat qui les définissait) ! De tout ce fatras qui va être complètement démonté au Sénat, on ne voit pas quel intérêt économique il peut en ressortir !

On passe de professions réglementées à des professions surréglementées.

Sous couvert de libéralisation, la loi Macron instaure un interventionnisme plus pointilleux que jamais. Est-ce en renforçant les pouvoirs de l’inspection du travail qu’on va inciter les patrons à embaucher ? Au lieu d’un tarif, les notaires en auront trois avec des régimes différents, et une cartographie impérative des professions réglementées sera mise en place. Avec la redistribution forcée des rémunérations de certaines professions au travers d’un fond de péréquation, on touche le fond de la lourdeur administrative. Notre pays n’avait vraiment pas besoin d’une nouvelle couche. Le summum de l’inadaptation économique est atteint avec l’autorité de la concurrence qui bénéficie d’un pouvoir d’injonction de cessions d’actifs à l’encontre des entreprises sans qu’elle soit tenue d’établir un abus de position dominante de celle-ci. Autrement dit cette « injonction structurelle » sanctionnera les entreprise pour avoir réussi, ruine la sécurité juridique et crée une incertitude sur les marchés : voilà qui va certainement encourager la croissance quand on sait que le mal dont souffre actuellement la France c’est la pénurie des investissements !

L’opposition ne pouvait que voter contre.

A l’exception de quelques personnalités dont on peut se demander si leur position n’était pas commandée par la volonté de se singulariser, l’ensemble des députés de l’opposition se devait de s’opposer à ce qui ressemblait à un inventaire à la Prévert. En s’attaquant à quelques catégories spécifiques de Français, le texte cherchait à désigner des boucs émissaires à défaut de traiter les vrais sujets. Et comme par hasard, les gens visés sont plutôt portés à voter à droite. Inacceptable.  La fonction publique aurait mérité aussi quelques dérèglementations, mais on se garde bien d’y toucher. Et pourtant, il y a là un gisement de vraies économies. Si le projet avait été équilibré, peut-être que l’opposition aurait pu voter la loi : pour qu’une réforme fasse consensus, les dégâts « électoraux » doivent être partagés, sinon, c’est un piège à c… Pourtant, comme le souligne François Fillon, cette loi était l’occasion de tenter autre chose. De nombreux députés UMP et centristes ont participé aux débats dans un esprit constructif pour tenter d’améliorer le texte. Mais hélas, la consigne était claire : il ne s’agissait pas de réunir une majorité d’idées à travers le travail parlementaire, mais de s’en servir pour amadouer l’aile gauche de la majorité par des concessions qui au contraire ont vidé le texte de son sens un peu plus chaque jour.

Avec le 49-3 en conclusion, la vérité éclate.

Il n’y a jamais eu depuis l’élection de François Hollande de majorité pour mettre en oeuvre un programme politique destiné à redresser la France. Ce sont des alliances de circonstance entre partis et des arrangements internes au PS entre des factions, qui ne partagent ni le diagnostic, ni les analyses, ni les propositions qui seraient susceptible de bâtir une stratégie. On est face à un conglomérat avant tout électoraliste.  La loi Macron n’est finalement qu’un leurre législatif, agité à grand renfort de déclarations tonitruantes dont la clameur est inversement proportionnelle à la dimension économique du texte, destiné à rassurer nos partenaires européens afin de nous faire obtenir une énième dérogation à nos engagements. Les vrais problèmes de la France : endettement, chômage, pouvoir d’achat, ne sont pas traités, et la loi en ajoute de nouveaux aux anciens. Il n’y a pas de quoi rire !




A L’ULTRA GAUCHE, LES LENDEMAINS CHANTENT RAREMENT !

 Comédie grecque 

Alexis Tsipras le découvre à ses dépens. Les chiffres sont têtus. On peut changer les mots, pas les réalités. Trois semaines après sa victoire, en effet, il a eu la peau de la « Troïka » (Commission, FMI, BCE), honnie par les Grecs pour avoir imposé un calendrier de réformes sévères. Mais le Turlupin de la zone euro n’en a pas pour autant fini avec ces mêmes instances. Ce n’est pas parce que le mot « troïka »  et l’expression « plan de sauvetage » se sont évaporés, qu’ils n’existent plus. Au dernier sommet de Bruxelles, c’était bien « un contre 27 », explique un participant à la réunion. Bref, la coalition méditerranéenne souhaitée contre l’orthodoxie berlinoise ne s’est pas concrétisée.

Les Grecs ne doivent pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

On sait bien qu’ils ont inventé la comédie et ils sont experts en la matière. C’est ainsi qu’ils ont réussi, avec l’aide de médias bien compatissants à nous faire pleurer sur le triste sort que ces « méchants » imposaient au pauvre peuple qui n’en peut mais. C’est vraiment inverser les rôles. L’Europe a été depuis le début de la crise, d’une grande générosité avec les Grecs. Il ne faudrait quand même pas oublier que ce pays est entré dans la zone euro avec des statistiques truquées (Giscard était contre), qu’il n’a toujours pas mis en place un système correct de collecte des impôts et que ses riches armateurs n’en paient pas, pas plus que la riche église orthodoxe. C’est encore l’Europe qui a accepté un effacement de 107 milliards d’euros de dette il y a à peine trois ans.  Ce pays a vécu au-dessus de ses moyens en s’endettant plus que de raison, et n’accepte pas aujourd’hui d’en payer le prix. Voilà la réalité.

Mais l’Europe et les instances internationales ont une responsabilité dans la réaction des Grecs.

L’élection du candidat de l’ultra gauche s’explique par des erreurs d’appréciation qui ont conduit à une situation intenable. La générosité européenne s’est traduite par une explosion de la dette publique grecque, la rendant insoutenable. Les conditions imposées en échange des prêts ont conduit à une récession profonde qui a plongé les classes moyennes dans la pauvreté. Les réformes structurelles réclamées étaient infaisables.  Malgré tout, hors paiement de la dette, le budget grec est aujourd’hui légèrement excédentaire.  Il existe donc une petite marge de manœuvre à condition que le nouveau chef du gouvernement soit frappé d’amnésie et qu’il oublie ses promesses électorales les plus coûteuses qui empêcheront tout compromis. Le bras de fer qu’il a entamé avec les principaux chefs de gouvernement afin de réaménager ses 320 milliards d’euros d’endettement ne pourra pas se conclure par un abandon pur et simple, comme il l’a proclamé pendant toute sa campagne électorale. En face, l’Europe affiche un langage clair, grâce à Angela Merkel : elle a fermé la porte à toute idée d’annulation partielle de la dette hellène.  Et l’enjeu est de taille. D’autres pays sont à l’affût de la moindre faiblesse. Il en va de l’existence de la monnaie européenne.

Après les moulinets, les postures et les jérémiades, les masques tomberont forcément.

Pour trouver une solution raisonnable pour les deux parties : donner un peu d’oxygène à l’économie grecque en échange de garanties de quelques réformes emblématiques, il faut d’abord en passer par les chiffres. Quel est le déficit réel pour 2014 ? Que peut-on attendre de 2015 ? Quels sont les projets pour 2016 ? A ces questions, Athènes a-t-elle les moyens de répondre ? la Commission, avec  Jean-Claude Junker, la BCE avec Mario Draghi et le FMI avec Christine Lagarde sont toujours en piste pour dresser l’inventaire de ce que le gouvernement grec accepte et refuse dans le programme mis en place,  et trouver les moyens de compenser chaque perte par une recette comparable. Alors, ce ne sera plus le « plan de sauvetage », mais un « nouveau contrat »… Mais la contrainte reste identique, à savoir que le bel Adonis et son « Varoufakir » de financier devront se plier à des conditions acceptables pour les créanciers s’ils veulent obtenir les crédits officiels dont ils ont besoin pour ne pas tomber en faillite dans les trois mois. A eux de préparer leur opinion aux lendemains qui déchantent.

La crise grecque aura de toute façon un effet malsain.

Les opinions publiques sont devenues schizophrènes. La « rigueur budgétaire » est devenue un gros mot, alors qu’elle devrait au contraire être ressentie comme la règle et la nécessité. La baisse des dépenses publiques, que la France ne respecte toujours pas (la part a encore augmenté en 2014 à 57% du PIB), est vécue comme une contrainte insupportable. Le respect des traités européens qui est bien le moins est traité par-dessus la jambe, à commencer par la France qui ne cesse de se faire rappeler à l’ordre. Doit-on en blâmer les instances qui ont la charge de faire respecter ce que nous avons signé ! C’est facile de brandir le réveil des peuples contre la technocratie bruxelloise, mais après, est-ce que les réalités changent ? Que veut dire le fait que 30% des Français sont en faveur d’une annulation complète ou partielle de la dette grecque ? Savent-ils que cela coûterait à chaque foyer fiscal 1166 euros. Merci, je ne suis pas « Syriza », comme peut l’être Mme Le Pen, comme d’autres sont « Charlie ».  Prenons en considération que n’importe quel geste qui sera fait en faveur de la belle Hellène  sera scruté de très près par les pays qui ont connu ou connaissent des épreuves aussi dures et qui ont eu le courage de prendre des mesures drastiques pour rétablir leur situation, comme l’Espagne. Si la Grèce pèse 2% de la zone euro, l’Espagne représente 11% de son PIB. On mesure ce qu’un effet domino pourrait produire. Aux dernières nouvelles, le gouvernement grec lâche petit à petit dans son bras de fer. Ils viennent de concéder la mise en place de réformes immédiates contre l’évasion fiscale et la corruption en échange de la prolongation de six mois de l’aide européenne. Trop flou et insuffisant et pour Berlin c’est « nein ». L’Eurogroupe prévu demain va être musclé !   

En échange des réformes promises, le gouvernement grec obtiendra, n’en doutons pas, des facilités de remboursement, mais il devra s’expliquer devant son peuple, par petites nuances. On n'en a pas fini de voir les "50 nuances de Grec"... Après tout, le mot « démagogie » est aussi un mot « grec ». 

 


FRANCOIS QUI RIT, MARIANNE QUI PLEURE !

Hollande pit    Marianne pleure

Pour réussir dans la vie, il faut du talent, du travail et de la chance.

Notre pingouin de président est bien placé pour le savoir. Pour devenir président de la République, il est évidemment passé par l’ENA, parcours obligé, et a exercé ses talents d’embrouilleur à la tête du PS durant dix ans. Mais il n’aurait jamais eu le poste suprême qu’avait tenté de lui souffler son ex-compagne en 2007, sans un coup de chance extraordinaire, de celle qui console de toutes les infortunes,  qui se résume en trois lettres : DSK. Alors que celui-ci semblait le mieux placé pour porter les couleurs de la gauche en 2012, sa chute dans un scandale sexuel a brusquement rouvert le jeu et François Hollande, qui était parmi les barons du PS l’un des plus proches de ses positions économiques, a ramassé la mise.

Pourtant depuis deux ans et demi, la chance lui avait tourné le dos : conjoncture médiocre, Europe figée, élections cinglantes, vie de couple étalée dans la presse, casque à l’appui, suivie d’un roman délétère et ravageur… et sur le plan politique ses choix désastreux n’ont rien arrangé : ministre du budget fraudeur, matraquage fiscal meurtrier pour la santé économique du pays, taxation des hauts revenus à 75 % retoquée… Le quinquennat est devenu un catalogue de décisions malheureuses. Sa volonté de rebattre les cartes avec un nouveau Premier ministre tonique et autoritaire, une équipe plus homogène (avec l’arrivée tonitruante de l’ancienne compagne), une ligne cohérente, n’aurait sans doute pas changé grand-chose dans la lise où semblait s’enfoncer la vie politique nationale, avec des députés de gauche doctrinaires à souhait, impatients de faire n’importe quoi.

Mais voilà, l’environnement a changé. Politique d’abord.

Il y a d’abord eu l’horreur du massacre de « Charlie Hebdo», d’une policière assassinée parce qu’elle était un « uniforme », de juifs assassinés parce qu’ils étaient… juifs. Pour une fois, le Président a eu les bons réflexes, les décisions adaptées, les mots justes, ce qui n’est pas rien, même si les institutions de la Vème sont taillées pour ça. Une nouvelle dynamique politique s’est alors enclenchée. La victoire de la gauche dans la législative partielle du Doubs, la première pour le PS depuis 2012, en est peut-être un signe, même si on sait que ce genre d’éclaircie retombe comme un soufflé. La vie politique française semble s’y mettre aussi en lui accordant un répit. A l’UMP, Depuis son arrivée à la tête du parti, Nicolas Sarkozy doit composer. Lors de la première décision importante à prendre par le bureau national du parti, la consigne de vote dans le Doubs, il n’a pas réussi à faire adopter la recommandation qui avait sa préférence. L’hôte de l’Elysée espère donc que l’ancien président pourrait donc comme en 2012, devenir une chance pour lui, soit en constituant face à lui une alternative décrédibilisée, soit en empêchant l’émergence d’une autre figure. Pour la première fois depuis son arrivée à l’Elysée, François Hollande voit donc un coin de ciel bleu, un scénario encore improbable où il pourrait être réélu. Après la chance de 2011, il pourrait tenir là sa seconde chance.

Economique ensuite. L’alignement tant espéré des « planètes » s’est produit.

Là, le chef de l’exécutif n’y est vraiment pour rien.  Quatre vents favorables se sont levés : la chute des cours du pétrole, la dévaluation de l’euro, le plan Juncker de relance de l’investissement, l’injection massive de liquidités décidée par la Banque centrale européenne. A voir tout cet air soufflé dans les poumons de l’économie européenne, on pourrait presque  s’étonner de la mollesse de l’accélération anticipée par les technocrates européens. C’est Riyad qui a provoqué l’effondrement des cours du pétrole en annonçant, fin novembre, sa décision de maintenir la production saoudienne. C’est Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, qui a fait chuter l’euro actionnant une politique monétaire non conventionnelle. C’est le même Draghi encore qui a fait refluer les taux d’intérêt, à des niveaux jamais vus dans l’histoire financière. Ces baisses majeures de prix, les « trois astres », vont à coup sûr donner de l’air à l’économie, même s’il faut des mois et des mois avant que les acteurs changent de comportement. Un peu d’air qui se traduira par un (faible) redémarrage de la croissance : un acompte en 2015, l’essentiel en 2016, qui permettrait enfin le début réel du recul du chômage et repousserait les offensives bruxelloises sur les finances publiques françaises. Pour François Hollande, c’est le meilleur des scénarios. Avec un peu de culot, il pourra même expliquer que c’est son action qui a redressé l’économie, comme il l’avait prédit. La chance de Hollande est à la fois politique et économique.

C’est aussi une malchance pour le pays.

Car ce que Hollande nous a déjà montré, c’est une formidable capacité à surfer sur les événements et non une aptitude à changer la donne. Depuis son élection, il a bien réalisé quelques réformes, le plus souvent en dépit du bon sens comme le redécoupage administratif du pays, il a assoupli quelque peu le droit social, fait semblant, après l’assommoir, d’alléger l’impôt et les cotisations sociales sur les entreprises, tenté de déverrouiller quelque marché protégé. On a avancé de quelques petits pas là où il aurait fallu faire des enjambées de géant. Comme il ne se refera pas, il est peu probable qu’un Hollande réélu se lancerait dans des réformes audacieuses à la Schröder. Et la France de continuer à sombrer. La chance de l’un fera le malheur de l’autre.

La tentation du relâchement est là.

On le constate quand le gouvernement français montre qu’il n’est pas mécontent de voir le message porté par Syriza – il faut mettre un terme à la rigueur – gagner du terrain en Europe. Dans l’Hexagone, après une année 2014 marquée par le « tout économique » (pacte de responsabilité, plan d’économies de 50 milliards, loi Macron) avec des résultats toujours décevants, la tentation est grande de se concentrer sur d’autres thématiques, telles que la sécurité, la citoyenneté ou l’environnement. Et de lâcher prise sur le plan des économies budgétaires, alors que l’inflation zéro annihile l’effet d’une partie des mesures. La charge de la dette va par ailleurs encore chuter cette année, en dépit d’un stock d’emprunts historique, ce qui va peut-être faciliter le respect des objectifs de dépenses, mais sans améliorer le désendettement, bien au contraire, puisque la dette va gonfler jusqu’à 100% du PIB en 2017. Grâce à ce nouvel environnement, la Commission européenne a validé les prévisions de croissance de la France pour 2015 et 2016. Le ton a changé aussi à Bruxelles, où la nouvelle Commission revendique une interprétation plus « souple » du Pacte budgétaire. Sauf que l’histoire nous a montré que la grande faiblesse des gouvernements français consiste à relâcher les efforts dès que l’horizon s’éclaircit et que les contraintes extérieures sont moins fortes. Cette faiblesse on peut la craindre encore plus d’un président déjà peu enclin au courage des décisions difficiles.

Pourtant, la France est très loin d’être tirée d’affaire.

Avec un déficit public qui est censé s’établir autour de 4,4 % pour 2014, contre 4,1 % en 2013, et va encore dépasser 4% de PIB en 2015, résultat « incertain » selon la Cour des Comptes, alors qu’il a diminué partout ailleurs en Europe, et un chômage toujours prévu en hausse, la France est, en effet, avec la Croatie, le seul pays encore au-delà de la limite des 3% et dont le déficit a augmenté en 2014.  La Cour des Comptes juge d’ailleurs avec sévérité cet exercice 2014, au cours duquel le déficit s’est accru. Bien sûr, il faut consacrer des moyens à la lutte antiterroriste, à la défense, à la politique de la ville. Mais comme les 40 milliards d’euros de baisses de charges pour les entreprises d’ici à 2017 sont gravés dans le marbre, il doit en être de même des 50 milliards d’économies sur trois ans. Ce qui implique une mobilisation continue et sans faille et des réductions de dépenses chaque fois qu’une nouvelle est créée. Il en va de la restauration de la crédibilité de la France. Il en va aussi de sa capacité à mobiliser l’argent public là où il est efficient économiquement et socialement. Et la hausse des prix étant moindre qu’attendu, les économies le seront aussi, ce que Bercy n’a pas anticipé ! La Cour des Comptes estime qu’elles auraient même dû être réduites de 2 milliards d’euros dans les textes budgétaires dès la fin de  l’année dernière. Son rapport invite l’exécutif à dégager de nouvelles sources d’économies et à améliorer l’efficience des politiques publiques dont elle dresse la liste. On jette encore beaucoup trop d’argent par les fenêtres. La lecture des travaux de la haute institution montre assez bien qu’en fait d’austérité, la France est surtout victime d’une gabegie financière catastrophique que les projets socialistes comme la généralisation du tiers payant vont aggraver. On imagine ce que serait l’application d’une politique à la grecque !

Mais le pire reste le plus probable. 

Si la chance continue de sourire au locataire de la rue Saint-Honoré. Sauf un retournement toujours possible, qui redonnerait alors le sourire à Marianne.  

 

 


CHOMAGE, L’ANNEE NOIRE

Jamais la France n’a compté autant de chômeurs.

  Pole emploi directionFlanby découragé

Merci la gauche !

Merci HOLLANDE !

 Près de 6 millions de demandeurs d’emplois avec une explosion très nette en 2014, un chômage des jeunes en augmentation (+ 9 000),  une aggravation de la situation des chômeurs de longue durée, une politique de l’emploi toujours plus coûteuse : voilà le tableau.

Le mois de décembre n’a pas clos la chute mensuelle qui a jalonnée l’année 2014 : 8 000 chômeurs de plus en catégorie A. La France compte 189 100 chômeurs de plus, soit presque trois millions et demi de personnes sans travail. C’est 190 000 chômeurs de plus qu’il y a un an (5,7%) et 602 000 depuis mai 2012. Le mois dernier, la hausse du chômage a surtout touché les seniors (+0,6%) quand le chômage des jeunes a légèrement diminué (-0,2%). 43% des demandeurs d'emploi, soit plus de 2,2 millions de personnes, sont inscrites à Pôle emploi depuis plus d'un an. Il n’y a rien de surprenant à ce constat : tant qu’il n’y a pas de croissance, il n’y aura pas de créations d’emplois. Les mesures prises pour lutter contre se sont révélées coûteuses, insuffisantes et inopérantes. Il ne suffit pas d’accuser les patrons de ne pas embaucher quand on n’offre pas à ceux-ci les perspectives dont ils ont besoin pour envisager sereinement l’avenir. Pire, le gouvernement a utilisé des méthodes de lutte contre le chômage dont il pouvait se douter qu’elles seraient inopérantes. Il faut en finir avec cette pantomime tragique qui consiste à déclarer d’abord la «bataille de l’emploi», à bricoler ensuite des mesures usées à coups de contrats aidés, d’exonérations de charges et de grands plans, pour finalement se taire face à l’échec, attendant un retour de la croissance comme on « attend Godot ».

On ne peut pas se satisfaire de cette situation.

Ceux qui ont élu l’actuel président qui avait fait de la résorption du chômage une de ses principales promesses peuvent être déçus.  Deux ans après, le bilan est désastreux avec au pouvoir des responsables qui ne comprennent rien à l’entreprise et à ses logiques. En attendant, le cancer ronge l’économie et la société françaises. Le mal sévit depuis trop longtemps pour qu’on n’ait pas envie de ruer dans les brancards. Il réduit la croissance potentielle, contribuant au déclassement de la France, provoque la baisse du niveau de vie et l’appauvrissement des Français,  dont la richesse est 6% en –dessous de la moyenne des pays développés, et fournit évidemment le terreau de l’islamisme radical à une jeunesse privée d’avenir.

Logo_Pôle_Emploi

Aujourd’hui, la situation atteinte est critique. Tous les voyants sont au rouge avec près de 6 millions d’inscrits à Pôle Emploi. Non seulement la courbe ne s’inverse pas, mais elle s’accélère, avec un taux d’emploi qui reste faible (64%) et des destructions d’emplois qui s’emballent. Il ne suffit plus de se demander pourquoi notre pays est le seul parmi les pays développés à n’avoir jamais rétabli le plein emploi depuis les années 1970. Et pourquoi, encore aujourd’hui, il est le seul avec l’Italie, à voir le chômage continuer de progresser alors que le taux a chuté  en zone euro de 12,1% à 11,5%. Si rien ne change, La France n’a pas fini de pleurer sur sa misère sociale de s’émouvoir de la ghettoïsation et de l’apartheid imposé par ceux venus d’ailleurs, de s’insurger contre les inégalités, de s’effrayer d’une génération perdue… Le chômage de masse est un poison dont plus personne ou presque ne s’offusque.

Le chômage n’est donc pas une fatalité.

S’il ne se résorbe pas et continue à croître, c’est qu’on ne prend pas les mesures qui conviennent. Il faut en finir en France avec la préférence pour le chômage qui était un luxe qu’on pouvait se payer autrefois et qui condamne aujourd’hui notre pays au sous-développement. Le dialogue social, comme on vient de le constater ne débouche sur rien. Et pourtant les solutions existent, expérimentées ailleurs avec des résultats, qu’on refuse toujours de mettre en œuvre. La France préfère détruire des emplois plutôt que de réformer un modèle caduc. C’est insupportable ! Le retour au plein emploi est possible en France, il suffit d’en avoir la volonté politique pour lever tous les freins qui pèsent sur l’embauche et que durant des décennies on n’a cessé d’accumuler.

Il faut prendre le taureau par les cornes.

Six chantiers pour retrouver le plein emploi :

1 – Les seuils sociaux. D’abord, commençons par relever les seuils sociaux qui paralysent les patrons des petites et moyennes entreprises et qui les empêchent de passer de 9 à dix, de 49 à 50, etc… Il suffit pour s’en convaincre de constater le nombre d’entreprises par catégories et de constater qu’il y a très peu d’ETI (entreprises de taille intermédiaire), celles qui font la richesse de l’Allemagne à l’export.

Code du travail2- Le marché du travail. Réformons drastiquement le marché du travail qui est le seul en Europe à n’avoir pas été réformé. Il est structurellement malade, segmenté et grevé de surcoûts. Et commençons par réécrire le code du Travail pour en faire un document simple qui garantit l’essentiel. Il est évident que si les entreprises n’embauchent pas, c’est parce que le licenciement d’un salarié est devenu très coûteux pour elles. Il s’agit donc de les rassurer sur ce point.

Salaire-fiche-de-paie3 – Les charges et les impôts. Engageons résolument la baisse des charges et des impôts sur le travail en les finançant par la baisse des dépenses publiques et le transfert sur la TVA. Il est vital d’interrompre d’urgence l’hémorragie des faillites (63 000) qui résulte de l’effondrement des marges. Le CICE est une usine à gaz insuffisante qui ne transfère que 11 milliards quand l’Etat en a prélevé 35 depuis 2010.

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4 – La durée du travail. Décidons-nous, une bonne fois pour toutes à supprimer les 35 heures qui ont augmenté le coût du travail de 17% et durci le chômage structurel, pour relever la durée du travail à 39 heures, en assouplissant les conditions d’embauche et de licenciement des CDI tout en confortant les droits à la formation des CDD et des intérimaires.

Chômeur pro5 – L’assurance-chômage. Enfin, agissons aussi sur le ressort d’aubaine qui fait préférer l’inactivité. L’assurance-chômage doit être réformée et les allocations devenir dégressives, avec deux objectifs : celui d’inciter au retour à l’emploi et celui de réduire le déficit qui atteint 19 milliards d’euros.

Apprentissage6 – L’alternance. Complétons le dispositif, en matière de politique de formation et d’éducation, en privilégiant les filières qui débouchent sur l’emploi, en valorisant et facilitant l’apprentissage et les contrats emploi-formation.

 

Il sera temps ensuite, ou conjointement de s’intéresser aux progrès de l’économie de la connaissance et de lutter contre l’exil massif des talents et des cerveaux provoqué par une fiscalité confiscatoire, par une réglementation désuète et la condamnation du risque et de la réussite.

Celui (ou celle) qui aura l’audace de mettre en œuvre cette politique sera le sauveur de l’économie française. Car ailleurs en Europe, dans des pays moins saturés d’idéologie que le nôtre, le quasi plein emploi existe. Rien ne l’interdit en France. Encore faut-il ne pas préférer à la remise en cause de doctrines obsolètes la facilité de l’échec… payé à crédit !


CE « QE » C’EST QUOI ?

Un peu d'économie pour les nuls, comme moi.

 

Draghi

La Banque centrale européenne a lancé une opération monétaire inédite pour relancer la croissance en zone euro. De quoi s'agit-il ? Pourquoi l'Allemagne est-elle réticente? Qui va en profiter? Explications pour les non-initiés.

 

Qu'est-ce que le « Quantitative Easing » (QE) ?

Planche à billetsLe « Quantitative Easing » (QE) ou assouplissement quantitatif, c'est la version moderne de « la planche à billet ». Il s'agit d'un instrument de politique monétaire « non conventionnel ». Habituellement, la Banque centrale européenne (BCE) utilise comme principal outil, le taux d'intérêt auquel elle accorde des prêts aux banques. Taux directeur qui détermine celui des crédits auxquels souscrivent les ménages et les entreprises. En raison de l'ampleur de la crise, les banques centrales ont été amenées à prendre des mesures dès 2008, consistant notamment à acheter des obligations ou des billets de trésorerie émis par les entreprises, à reprendre les actifs de banque ou des prêts au secteur privé transformés en obligations (ABS). C’est pour cela qu’on qualifie ce type de politique comme « non conventionnelle ». Mais le «QE» dont on parle aujourd'hui est différent, il s'inspire de ce que fait la « Fed » aux États-Unis, la Banque d'Angleterre ou la Banque du Japon depuis les années 2000.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Le « QE » consiste à racheter des dettes souveraines, des obligations d'États à long terme, à 7 ans ou 10 ans, sur les marchés. En échange de ces achats, la BCE crée de la monnaie, des liquidités nouvelles, qu'elle injecte dans les circuits financiers. Les pays de la zone euro étant très endettés, les dettes d'État abondent. Il en existe 7 000 milliards d'euros en circulation. Evidemment, La BCE ne peut racheter que des titres biens cotés par les agences de notations, ce qui exclut les titres grecs ou chypriotes. La BCE peut acheter elle-même les titres et les garder sur son bilan, ce qui fait partager les risques financiers à l'ensemble des États membres de la zone euro.

 

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En quoi cette opération est-elle inédite?

La zone euro ne s'est jamais lancée dans l'aventure d'un « QE » à l'américaine, car le traité de Maastricht -repris dans le traité de Lisbonne aujourd'hui en vigueur- interdit expressément le « financement monétaire » des États. Si elle sert à financer les déficits des États membres, la « planche à billets » est proscrite. C'était l'une des conditions fixées par l'Allemagne, pour renoncer au Deustch Mark, au profit de l'euro. L'assouplissement quantitatif n'est acceptable, aux yeux de la justice européenne, que s'il s'agit d'un instrument exceptionnel permettant à la BCE d'atteindre son objectif d'inflation de 2 % à moyen terme ou de sauver l'euro.

Pourquoi la BCE s’est résolue à lancer cette opération?


Baisse des prixDepuis un an et demi, l'inflation est à un niveau jugé « extrêmement bas » par le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi. En décembre, les prix dans la zone euro ont reculé de 0,2%. Or, selon son mandat, l'institution financière doit maintenir le taux de l'inflation sous les 2 % « mais pas à un niveau trop éloigné de ce seuil maximal », rappelle Jean-Claude Trichet, ancien président de la BCE. Cette tendance fait craindre à la plupart des pays de la zone euro, à l'exception de l'Allemagne, que l'Europe s'installe dans la déflation, c'est-à-dire la « diminution générale et durable des prix », selon la définition de l'Insee. Le risque c'est que la baisse des prix se transmette aux salaires, et affaiblisse encore la croissance. Le « QE » est donc une arme anti-déflation.

La déflation, c'est grave?

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La déflation est au moins aussi grave que l'inflation, mais plus difficile à combattre. C'est le cauchemar des banques centrales, car il est très difficile d'en sortir, si ce n'est en recourant massivement à la planche à billets… Ce fléau économique sévit depuis deux décennies au Japon et Shinzo Abe vient de se casser les dents dessus malgré ses « Abenomics ». La déflation a accompagné le krach boursier de 1929 aux États-Unis et en Europe, avec les millions de chômeurs qu’elle a créés. Cependant, la zone euro n’est pas encore en déflation. Les prix reculent surtout en raison de la chute des prix du pétrole considérée comme une bonne nouvelle, mais le danger est là, notamment dans les pays du sud où les prix baissent depuis plusieurs mois. Et c'est pour éviter de tomber dans le piège que la BCE veut agir avant qu'il ne soit trop tard.

L'Allemagne n’était pas favorable à cette opération.

L'Allemagne n'aime pas la « planche à billets », synonyme de laxisme. Elle craint, à juste titre, que cela n'alimente des bulles financières et qu'en dépréciant l'euro et en facilitant l'endettement, cela décourage les réformes structurelles dans les États du sud de l'Europe. L'inflation est également une crainte historique des Allemands, traumatisés par la folle envolée des prix des années 1920, qui a ruiné les petits épargnants et les classes moyennes, et dans la conscience collective fait le lit du régime nazi. Néanmoins, toutes les études ont démontré que le recours au « QE » » n'augmenterait pas l'inflation. Mais surtout l'Allemagne ne croit pas au risque de déflation brandi par la BCE. Il n'y avait donc pour elle aucune urgence à décider d'un assouplissement monétaire pour lequel la peur de la déflation n’est qu’un prétexte pour répondre à la demande des pays comme la France et l’Italie qui espèrent ainsi retrouver une croissance à bon compte.

Quels seront les gagnants et les perdants ?

Baisse de l'euroLes pays périphériques de la zone euro (Italie, Espagne, Portugal, Irlande), seront probablement les plus grands gagnants d'un « QE » à l'américaine. L'Italie et l'Espagne vont  bénéficier d'une offre de crédit plus abondante et moins onéreuse, alors qu'aujourd'hui, ils font face à une pénurie de crédit. Ils bénéficieront aussi de la dépréciation de l'euro entraîné par ce surcroît d'offre de monnaie pour exporter plus. Et de ce point de vue, la manœuvre a réussi au-delà des espérances. Cela dit, l'Allemagne gagnera aussi beaucoup d'une baisse de l'euro, car sa croissance dépend de plus en plus des exportations vers les pays émergents.

En France, le «QE» aura un impact moindre. Le Trésor français emprunte déjà à des taux historiquement bas et le crédit est disponible et bon marché. C'est la demande de crédit qui ne suit pas, par manque de confiance. Pourquoi, en effet, demander un crédit lorsque l'on est assommé d'impôts et de réglementations tatillonnes ? L’exécutif ne l’a toujours pas compris qui accuse les patrons de ne pas embaucher. La France qui s'est tant plainte de « l'euro fort » sera surtout aidée par la dépréciation du change. Ses exportations en zone dollar seront plus compétitives. Mais ce sont les entreprises du CAC 40 qui seront les grandes gagnantes. Du côté des ménages, les emprunteurs seront avantagés -ils peuvent emprunter moins cher ou renégocier leur crédit-, alors que les épargnants verront leur épargne leur rapporter moins. Le « QE » incite, en principe, à demander un crédit, à dépenser, à prendre des risques en Bourse, et non à épargner sur un livret A, ou en obligations d'État par le biais d'assurances vie en fonds euros…

Voilà, vous savez tout… ou presque.

 


RETOUR SUR TERRE

 

Parachute

Les événements de la semaine dernière ne doivent pas nous faire oublier la triste réalité  de la crise économique et sociale que traverse notre pays. Il faut rester lucide. Nous aurons de la chance s’ils ne contribuent pas à l’aggraver. Le renforcement de la lutte contre le terrorisme ne sera, en effet, pas gratuit. Un chantier de plus pour le gouvernement qui n’en manque pas.

La France vient de perdre sa place de 5ème puissance mondiale.

Elle est désormais dépassée par le Royaume-Uni. Cela signifie que notre PIB a progressé moins vite que celui de notre voisin. Et pour cause, puisque la croissance est restée atone en 2014. Ce recul est une bien triste nouvelle. Elle confirme le déclassement que connait la France non seulement en matière de PIB global mais aussi en richesse par habitant. Comment retrouver la confiance avec un exécutif qui au soir de la Saint-Sylvestre semblait encore ignorer cet état de fait. Et le recul est constaté sur un écart significatif de près de 100 milliards d’euros, ce qui n’est pas rien (4,5%). Il est le produit de trois éléments : une croissance économique beaucoup plus rapide pour le Royaume-Uni, un rythme d’inflation plus soutenu outre-manche et la réappréciation substantielle de la Livre Sterling. Rappelons qu’en 2013, la situation était exactement inverse, avec un écart de 97 milliards d’euros inférieur au PIB français. Avec 3% de croissance, l’économie britannique n’a pas crevé les plafonds, cela souligne au contraire le marasme que traverse l’économie de notre pays. Malheureusement, les prévisions de croissance pour 2015 montrent que la tendance ne va pas s’inverser.

Les mauvais réflexes continuent.

Ce début d’année est marqué par un véritable feu d’artifices de hausses d’impôts, de relèvements de taxes et d’augmentations de tarifs publics. A cela il faut ajouter le nouveau hold-up des prélèvements sociaux avec le taux de la CSG des retraités qui va dépendre de leurs ressources individuelles avec une progressivité comparable à celle de l’impôt sur le revenu. Les classes moyennes sont encore et toujours en première ligne pour compenser l’impéritie des pouvoirs publics dans la gestion de leurs budgets. Voilà à quoi aura servi la baisse du prix du pétrole, des taux d’intérêts et de l’euro : une triple aubaine pour relancer la croissance et l’activité gaspillée dans la hausse des prélèvements ! Et on s’étonne ensuite que la croissance ne repart pas. Encore une fois, l’exécutif manifeste sa préférence invétérée pour la fiscalité et son alourdissement. Qu’on en juge : 15% de hausse pour les timbres, 4,3% pour le métro des Parisiens, 2,6% pour les chemins de fer… Le SMIC augmente de 0,8% pour une inflation à 0,3%, effort  louable mais inférieur pour le smicard aux hausses qu’il aura à subir sur ses dépenses.

Les points chauds de 2015 : entre guerres de tranchées et réformettes.

La loi Macron. Les grands chantiers ouverts en ce début d’année sont nombreux, au premier rang desquels on trouve la « fameuse » loi « Macron ». Son contenu est typique de toutes ces réformes qui ont fait monter le FN sans résoudre les problèmes des Français.  Si elle contient quelques menues avancées utiles sur l’épargne salariale, la simplification (à la marge) du droit du travail ou du permis de conduire, son essentiel consiste surtout à déstructurer ce qui constitue la trame de l’organisation de notre société avec en conséquence une aggravation de la perte des repères qui fait monter partout le vote protestataire. La loi sera examinée le 26 janvier par les députés et malgré le climat actuel, ça risque d’être tendu. Son contenu cristallise toutes les récriminations. Elle est décriée par les syndicats en désaccord avec une partie de la gauche sur le travail du dimanche, combattue par les professions réglementées hostiles à la libéralisation, pour des effets incertains sur la croissance et l’emploi. Rien dans cette loi, telle qu’elle se présente, ne changera aux fondamentaux macroéconomiques désastreux de la France : elle ne corrigera en rien les déficits, la récession et le chômage et n’apportera ni croissance ni activité. On se demande d’ailleurs d’où sortent les 6 milliards de hausse promise du pouvoir d’achat alors qu’elle introduit en douce des dépenses publiques supplémentaires telles que l’indemnisation des professionnels ayant payé leur charge ou le recrutement de magistrats professionnels pour les tribunaux de commerce induit par la réforme de la justice prud’homale et des tribunaux de commerce.

La réforme territoriale. C’est un bel exemple de réforme qui consiste à résoudre des problèmes qui ne se posent pas. La réforme régionale qui déstabilise une structure analogue à celle de nos voisins n’est ni faite ni à faire avec son découpage imposé sans aucune concertation. C’est une naïveté de croire qu’en réduisant d’un tiers le nombre des régions on en réduirait d’autant le coût alors que c’est probablement l’inverse qui va se produire. Les sénateurs vont donc attaquer dès maintenant le troisième volet de cette réforme : il s’agit de redistribuer les rôles des trois échelons de collectivités. L’objectif poursuivi, à savoir la simplification des administrations locales et des économies, est loin d’être assuré. La réforme des compétences promet une belle guerre de tranchées tant les enjeux territoriaux sont tout sauf négligeables. Les divergences d’approches entre les tenants des départements qui ont sauvé leur peau, ceux des métropoles qui voudraient limiter l’hégémonie des Régions et celles-ci qui en rêvent, on n’a pas fini de compter les points.

Les retraites. Un an après la fausse réforme du régime général, le chantier revient sur le devant de la scène via les complémentaires dont la faillite s’annonce. Les partenaires sociaux auront un round de négociation à partir du 17 février afin de trouver une solution. C’est le quart du revenu des retraités non cadres et la moitié de celui des cadres qui est en balance. On ne voit pas comment on pourrait échapper à une modification de l’âge auquel on peut toucher sa retraite complémentaire. Un vrai défi pour la gauche.

La loi Santé. De janvier à mars, le projet de loi « Touraine » va être réécrit en concertation avec l’ordre des médecins et les partenaires sociaux avant le passage au Parlement. L’étatisation rampante en marche depuis  quinze ans va atteindre son nirvana avec la généralisation du tiers payant qui provoque un blocage fort  en ce qu’il fait des médecins libéraux des apparentés fonctionnaires. La délégation de tâches aux infirmiers, pharmaciens et sages-femmes tirent le système vers le bas. Pour résumer, l’économie générale du système qui est proposé par la loi avec le renforcement de l’étatisation au détriment du contrôle des partenaires sociaux,  c’est la faculté de l’usager de choisir librement et de mettre en concurrence l’offre de soins qui va disparaître.

Le marché du travail. Dernier round de négociation entre les partenaires sociaux sur la modernisation du dialogue social et les seuils sociaux. Les patrons sont très divisés sur la représentation des salariés dans les TPE et les syndicats sont vent debout contre l’assouplissement des seuils sociaux qui libéreraient pourtant des milliers d’emplois. Alléger et simplifier ne va pas être commode et comme, en cas d’échec, l’exécutif s’est engagé à légiférer, c’est au pied du mur qu’on verra le maçon, avec sa majorité hétéroclite. Le sujet tabou des 35 heures pourrait revenir aussi sur la table par le biais du réexamen de l’accord interprofessionnel signé en janvier 2013. Autre dossier explosif !

La France doit se réformer.

Le gouvernement actuel tente des efforts mais doit trainer sa majorité comme un boulet. C’est pourquoi, il ne faut pas en attendre grand-chose pour la redynamisation de notre économie, d’autant plus que la démarche est toujours sous-tendue par une approche keynésienne aujourd’hui inadaptée dans le contexte de mondialisation que nous connaissons. Après avoir cassé tout ce qui faisait la force de notre pays : la famille, l’Etat, l’armée, les classes moyennes… au nom de la modernité, le gouvernement socialiste nous prépare un grand désastre dont les attentats que nous venons de vivre ne sont qu’un épisode.

Avec ce train de nouvelles réformes, je crains que nous ne soyons en face d’un nouvel épisode de la « grande illusion ».

 


LE CARNET DE L’ECONOMIE

Compétitivité

La croissance française ralentit en fin d’année. Selon la Banque de France, la croissance du PIB au 4ème trimestre ne dépassera pas 0,1%, après 0,3% au 3ème  trimestre. L’économie française a détruit 55 000 emplois entre juillet et septembre. C’est dû à un fort repli, entre autre, du secteur de la construction.  Une telle diminution, ne s’était jamais vue. La glissade continue puisqu’en octobre on constate une baisse de la production industrielle à  – 0,8%.

Forte hausse du taux de chômage. Selon l’Insee, le taux de chômage a grimpé en France au 3ème trimestre pour atteindre 10,4%. Le nombre des chômeurs continue donc d’augmenter. En cause : l’atonie de la croissance  (Pour mémoire : 0% au 1er trimestre, - 0,1% au 2ème , 0,3% au 3ème et 0,1% au 4ème  = 0,3% sur l’année !)

La vraie reprise attendra plusieurs trimestres. Si la baisse de l’euro et du prix du pétrole apportent un peu d’oxygène à nos entreprises, les freins au redémarrage sont encore nombreux : l’investissement reste déprimé, la consommation est atone et le commerce extérieur reste en déficit. La spécificité budgétaire française ne permettra pas de profiter pleinement d’un contexte plus favorable, y compris avec la politique monétaire plutôt accommodante de la BCE et en tenant compte des politiques budgétaires moins restrictives de nos partenaires européens dont certains renouent avec la croissance. La politique fiscale de notre gouvernement n’est toujours pas claire. Le taux de chômage élevé pèse de plus en plus sur la consommation et le compétitivité très dégradée des entreprises ne les incite pas à investir. Rien à attendre avant, au mieux, fin 2015. Ce n’est pas la loi Macron, qui tape en grande partie à côté du clou (voir ce qu’il en restera après son passage à l’Assemblée), qui pourra changer la donne.

Fiscalité des entreprises. 90 taxes créées en 4ans.  Entre 2010 et 2013, les prélèvements sur les entreprises ont augmenté de 36 milliards d’euros atteignant 25,4% de leur valeur ajoutée (Allemagne : 13,9%). L’an prochain, les hausses vont continuer pour 4,5 milliards. Ainsi en 2015 : prorogation de la surtaxe sur l’impôt sur les sociétés, non-déductibilité de certaines taxes, auxquelles il faut ajouter les taxes pour financer les transports en Ile-de-France,  taxe de séjour, taxe sur le diesel,, réintégration du temps de pause dans les allégements de charges…  sans compter avec les aléas de la fiscalité locale. En contrepartie, les entreprises n’ont pas touché encore grand-chose du CICE et le "pacte de responsabilité" n’entrera en ligne de compte que l’an prochain. On en sera à quelques 9 milliards de versés : on est loin des 40 milliards annoncés. Difficile dans ces conditions d’attendre un impact du pacte avant la fin du quinquennat. Trop tard, trop peu !

TVA : Il manque 25 milliards. Les données datent de 2012, mais le principe reste le même. Selon une étude de la commission européenne, le manque à gagner annuel de la France se monterait à plus de 25 milliards d’euros. C’est l’écart entre les recettes réellement constatées et ce qui aurait dû théoriquement rentrer, si la législation avait été parfaitement respectée. Cela représente 18% des 142,5 milliards de TVA versés. Une paille !  Cette somme permettrait à elle seule à la France de réduire d’un coup son déficit de plus d’1 point de PIB et donc d’atteindre les 3% fatidiques exigés par le traité. La France fait moins bien que la Bulgarie ou la Grèce ! 10 milliards proviennent de la fraude à la TVA (par le système du carrousel entre plusieurs entreprises, on peut percevoir le remboursement d’une taxe qui n’a jamais été acquittée dans un autre pays de l’union), mais il y a d’autres procédés comme les sociétés éphémères, par exemple.  En cause aussi, la complexité du système qui multiplie les erreurs de taux.

Japon : la récession est plus profonde qu’annoncée. Le recul s’établit à – 1,9% en rythme annualisé contre 1,6% en estimation.

Portugal : le pays rejoint l’Espagne dans le club du retour à la croissance. Après + 0,9% cette année, la prévision s’établit à 1,5% du PIB pour 2015 grâce à une accélération des exportations. En 2015, le pays aura un déficit de 3,3% du PIB.

Etats-Unis : 2014 sera une année record pour la création d’emplois avec 224 000 de plus chaque mois en moyenne. En novembre, le nombre s’établit à 321 000, un record ! Heureux pays qu’on envierait presque !

Pétrole : l’Arabie Saoudite a décidé de casser la concurrence du pétrole de schiste. Le baril de brent est passé sous les 65 $ (on retrouve les cours de 2009). A ce prix-là, le pétrole extrait aux Etats-Unis n’est plus rentable (seuil à au moins 90 $ le baril). Mais la guerre met sur la paille des pays comme le Vénézuela dont l’économie s’effondre. Les émirs n’en ont cure. Et si l’Europe en profitait pour se refaire une santé ? Le malheur des uns ne fait-il pas le bonheur des autres.

 

 


CONSTRUCTION : DESCENTE EN ENFER !

 

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En 2011, dernière année du quinquennat Sarkozy, il s’était construit 420 000 logements en France, malgré la crise. Pour faire plus généreux, le candidat de la gauche (rappelez-moi son nom ?), avait promis 500 000 logements par an ! Mais ça, c’était avant. Avant son élection et la funeste loi Duflot.  Grâce à la dame aux épaules carrées, dont on connait le culot mais l’esprit étroit, les investisseurs comme les particuliers ont déserté le marché. Résultat : du jamais vu ! Cette année, on va battre un record : moins de 300 000 logements seront construits, 268 000 exactement si on excepte les travaux sur les bâtiments existants. Proportionnellement à la population actuelle, la production de logements neufs est quasiment tombée au niveau de celle de la fin des années … 1940.

L’activité touche le fond, s’il y en a un !

Les mises en chantier n’ont cessé de reculer depuis 2012, et encore de 5% supplémentaires entre août et octobre. L’activité du bâtiment touche au fond. La crise touche tous les segments du marché, constructeurs de maisons individuelles comme promoteurs immobiliers qui vendent en lotissements. La situation est grave car elle impacte le tissu des entreprises qui ferment les unes après les autres avec ses conséquences sur le chômage. En 2013, 25 000 emplois directs ont été détruits et encore 7500 cette année. Ce sont des emplois à faible qualification non délocalisables, dont la France manque cruellement. La répercussion sur la croissance est de pratiquement ½ point ! La pénurie de biens immobiliers disponibles s’accentue, notamment dans les zones tendues comme l’Ile-de-France, et empêche une baisse des prix, malgré l’atonie du marché.

Le sauvetage tarde.

Le gouvernement vient de décider de débloquer 80 millions d’euros pour soutenir le secteur. Une goutte d’eau dans la mer. Depuis le début de l’été, Manolito est à la manœuvre pour essayer de relancer l’activité. Plus de 50 mesures ont été décidées, notamment pour détricoter les effets néfastes de la loi Duflot, mais pratiquement aucune n’est entrée en application, soit que les décrets ne sont pas parus, soit qu’elles aient été neutralisées à l’Assemblée, bref, plus de la moitié n’entreront pas en vigueur avant juin 2015 … Cherchez l’erreur !

Et pourtant, jamais les conditions de financement n’ont été aussi favorables. Confrontés à une demande de plus en plus faible, les promoteurs ne cessent d’ajuster leur offre à la baisse. Et ce n’est pas la politique menée par la maire de Paris, qui préempte à tout va pour transformer des logements des catégories moyennes en HLM, qui va rassurer les futurs acquéreurs.

Quand le bâtiment ne va pas, rien ne va !

Il est urgent d’intervenir pour sauver ce qui peut encore l’être. Notamment du côté des entreprises. On aura l’air malin quand nous manquerons d’établissements pour faire face à la demande, quand la reprise sera là, ce qui arrivera un jour, inévitablement.  D’abord, il faut abroger la loi Duflot, qui est un tissu d’inepties idéologiques, tissé pendant  deux ans pour étouffer le secteur. Ensuite, il faut continuer de desserrer l’étreinte sur le foncier, notamment dans les grandes agglomérations où le manque de terrains se fait le plus sentir et où la résistance est la plus forte. Enfin, il faut se concentrer sur le bâtiment utile. La France s’est couverte de résidences à moitié vides par l’effet d’aubaine de l’empilement des dispositifs d’aide à l’investissement locatif, avec en corollaire des moindres rentrées fiscales et la ruine de dizaines de milliers d’épargnants.

Une relance par l’efficacité énergétique.

Il existe un filon pour relancer l’activité et qui va dans le sens de la transition énergétique. Il faut privilégier un grand programme d’efficacité énergétique sur les maisons, les logements, les bureaux qui absorbent le tiers de la consommation française d’énergie. Les techniques sont connues, les financements innovants sont sur la table, et le tout peut s’inscrire dans le projet européen de relance de l’investissement du président de la commission européenne, Jean-Claude Junker. Pour le bâtiment, il faut de l’investissement utile, à long terme. Il faut aussi arrêter de tracasser les entreprises avec des normes de pénibilité indéchiffrables et les investisseurs avec des taux d’imposition dissuasifs.

Y’a plus qu’à !

 


SAPIN L’APOTHICAIRE

Sapin


Il manque 6 milliards : y'a comme un défaut !

On se croirait dans un dessin animé de Tom et Jerry. Tom court après la souris avec son maillet pour l’assommer, mais à chaque coup, Jerry est hors de portée. Il en est ainsi des rentrées fiscales. Plus j’assomme, moins ça rentre. Voilà donc qu’on constate un trou de six milliards dans les recettes de 2014, malgré la hausse. L’expérience de 2013 n’aura donc pas suffi (5 milliards en moins), et de mauvais augure pour 2015 alors que le produit de l’impôt est censé augmenter de 1,2 milliard.

De plus, l’administration fiscale s’avère incapable d’expliquer cet affaissement du produit de l’IR. Moi, j’ai ma petite idée là-dessus : les comportements qui ne rentrent pas dans les données des ordinateurs de Bercy. C’est une belle illustration de la théorie de Laffer, selon laquelle l’impôt excessif tue l’impôt. En cause : la mobilité des revenus du capital, les stratégies d’évitement, les réductions volontaires d’activité pour ne pas franchir certains seuils d’imposition (mauvais pour l’emploi, évidemment), hausse du travail au noir, contribuables s’installant à l’étranger…  C’est le cercle vicieux de l’enfer fiscal.

L'impôt tue l'impôt.

Et le phénomène a toutes les chances de se reproduire l’an prochain. De quoi mettre par terre la croissance anticipée à 1% et les prévisions de croissance des recettes dans le budget. On peut craindre l’effet récessif sur la consommation de la suppression de la 1ère tranche de l’impôt sur le revenu par l’effet de concentration qui va se produire sur les foyers qui resteront assujettis. En 2013, 10% des foyers fiscaux (3,67 millions) ont payé 67% de l’IR. Mieux, 1% des foyers (367 000) se sont acquittés de 30% du total. Ce qui rend l’édifice de l’impôt sur le revenu très fragile. Un ménage sur 1 000 (36 700) a réglé 10,4% de la facture totale. Il suffit qu’ils partent ailleurs, bonjour les dégâts ! Au total, seuls 17 millions de foyers fiscaux sur 36,5, paieront l’IR en 2015, soit moins d’un foyer sur deux.

La suppression de la première tranche va bénéficier à 9 millions de foyers fiscaux pour un coût de 3,2 milliards d’euros. Pour compenser, il faudra donc une augmentation  de 4,4 milliards sur les quelques 17 millions de cochons de payants qui continueront de s’en acquitter. Pas d’augmentations d’impôts qu’il avait dit le pingouin ! A nouveau, certains chercheront à y échapper. Forcément !

Une comptabilité d'apothicaire.

Alors les nouvelles prévisions que notre apothicaire national nous livrent aujourd’hui, comme par magie, sur la réduction des déficits de la France qui seraient largement en-dessous des 3% en 2017, font franchement rigoler la galerie. Il a vu ça dans une boule de cristal. Je n’entre pas dans le détail qui permet d’étayer la trajectoire, digne d’un inventaire à la Prévert  tellement c’est fantaisiste. Personne ne peut plus croire de telles billevesées, des prophéties que l’homme-aux-socquettes-rose voudrait auto-réalisatrices mais qui n’ont aucune chance de se concrétiser dans le contexte actuel.

Par contre, notre pays prévoit d’emprunter l’an prochain 180 milliards d’euros. Un contrepoint qui n’est pas que du hasard. C’est le seul à augmenter son besoin de financement en Europe et on sait pourquoi. Tous les autres sont sur la pente descendante. Mais, pourquoi s’en priver, nous dit-on, les taux d’intérêts n’ont jamais été aussi bas. Pourquoi faire des efforts ?

Pas de confiance, pas de croissance.

Pendant ce temps, la consommation recule, affaiblissant du même coup les recettes de TVA déjà plombées par la faible augmentation des prix. Mais si la consommation recule, il y a bien une raison : revenez au début de l’article, vous comprendrez. Tout est lié. La croissance, ce n’est pas de la magie, ça se construit méthodiquement en créant la sécurité fiscale, la modération des prélèvements et la capacité à se projeter dans l’avenir. Cela porte un nom : la confiance.

Tiens, en novembre, le chômage a reculé… en Espagne. Presque 300 000 chômeurs de moins en un an. Cherchez l’erreur !

 

 


SHINZO ABE : LES ABENOMICS DANS L’IMPASSE

Abe

 

Vous le savez, je suis depuis le début le déroulement de l’expérience tentée par le 1er Ministre du Japon Shinzo ABE, nommée « Abenomics », pour sortir son pays de la déflation et de l’impasse économique dans laquelle il est plongé depuis plus de 20 ans. Une expérience d’autant plus intéressante qu’à bien des égards, elle ressemble à ce que préconise Marine Le Pen pour redresser la France.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le remède n’a pas fonctionné.

Le PIB nippon a reculé pour le 2ème trimestre consécutif, ce qui en terme vulgaire signifie « entrer en récession ». même les plus pessimistes n’avainet pas prévu une telle chute dramatique : une contraction de l’économie de 1,6% (0,4% par rapport au trimestre précédent). La cause : TVA ! C’était la 3ème flèche des Abénomics. Pour reconstituer les finances publiques mises à mal , notamment par la hausse des dépenses pour relancer la consommation et par la dévaluation de 25% du Yen, Shinzo Abe a augmenté cette taxe de 5 à 8% le 1er avril dernier. Un tour de vis qui, selon les experts locaux, ne devait avoir qu’un impact marginal sur l’activité. Patrick Artus de Natixis, avait, lui, pronostiqué « un bain de sang ».  C’est ce qui s’est passé avec le recul du PIB. Avec un endettement porté à 250%, cela n’a rien de joyeux pour une économie qui reste sous perfusion publique depuis deux décennies.

C’est un colossal désaveu pour le chef du gouvernement nippon.

Ses » Abénomics » reposaient sur une prophétie auto-réalisatrice selon laquelle les Japonais qui devaient croire dans la croissance comme on croit en religion, retrouveraient le chemin de la consommation. La « bulle de confiance » a fini par éclater. Déclencher chez le consommateur des « anticipations d’inflation » pour avancer les achats, puis la production, puis les investissements, relève plus du pari que de la science économique. Le pari est évidemment perdu ! Ce qu’on retient c’est un pays dont l’économie est à l’arrêt, inondé de liquidités et une irresponsabilité budgétaire maintenue jusqu’à l’absurde. L’inflation a bien atteint les étiquettes, car venue de l’extérieur, elle a touché les cours de la bourse, mais, malheureusement pas les salaires. Le pouvoir d’achat a chuté de 8% en deux ans ! Inutile de dire que les réformes structurelles qui auraient dû être menées, sont restées lettres mortes.

Un coup de poker pour garder le pouvoir.

Le gouvernement nippon se voit donc obligé de renoncer à la nouvelle hausse de 2% de la TVA qui était prévue pour 2015 et pour couronner le tout, le 1er Ministre prépare un coup de poker pour se tirer de l’impasse politique où son échec économique le mène, en provoquant des élections anticipées qu’il est à peu près certains de gagner face à une opposition prise de court. C’est pourquoi il a dissous l’assemblée. Il va ainsi s’assurer un peu plus de longévité au pouvoir.  C’est une manœuvre politicienne qui s’appuie sur le renoncement de la hausse de 8% à 10% de la TVA, ce qui ne fera pas les affaires de la Banque du Japon, mais sera suffisant pour lui assurer les faveurs des électeurs. Ce demi-tour fiscal est aussi un renoncement à mettre de l’ordre dans les finances d’un état confronté à une dette de 7 000 milliards d’euros. Une politique qui ne sera pas non plus du goût des investisseurs dans les obligations nipponnes, faisant remonter les taux d’intérêts des bons du trésor du pays que les financiers s’évertuaient à affaiblir. ..

Quelles leçons en tirer ?

D’abord que le projet « Abenomics » ne s’est pas accompagné des efforts indispensables en réformes structurelles et qu’après les effets toujours bénéfiques d’une relance par l’inflation budgétaire, vient toujours le coup de gourdin des réalités. Ensuite, que dans une économie « ouverte », dont les grands groupes industriels produisent souvent à l’extérieur du Japon lui-même, l’argent ne va pas forcément aux investissements mais à la thésaurisation. Or, ce sont les investissements sur place qui font redémarrer l’économie, pas la consommation de produits venus d’ailleurs. Enfin, quand tout augmente sauf les salaires, le résultat est connu d’avance. Dans un tel contexte, l’épargne de précaution d’un pays vieillissant est logique. Au détriment du développement économique.

Avis aux amateurs !

Voilà un scénario qui devrait faire réfléchir les Français qui croient trouver dans les solutions « audacieuses » de Marine Le Pen, l’alpha et l’omega de la politique qui ferait sortir la France du marasme où le pouvoir socialiste l’a plongé. Sortie de l’euro, Hausse massive du SMIC, milliards de Francs avec la planche à billets, retour à la retraite à 60 ans, etc… dans un pays dont l’économie est imbriquée au quotidien dans celle de nos partenaires, c’est courir à la vitesse supersonique à la déroute, une catastrophe certainement bien plus cataclysmique que celle dans laquelle le Japon est plongé.

 


RELANCE DE LA CROISSANCE : LA GAUCHE A TOUT FAUX

 

  La croissance en panne

 

Le cercle vicieux de l’économie administrée.

Le raisonnement est simple : il ne faut pas faire trop d’économies parce que la baisse de la dépense publique empêcherait la croissance de redémarrer. Qui plus est, c’est par la dépense et la relance de la consommation qu’elle reviendrait. Comme l’Etat est fauché de chez fauché, on attend que l’Europe fasse l’effort pour nous. Voilà pourquoi notre Sapin-les-socquettes-roses-comme-ses-neurones s’accroche à sa demande de délai supplémentaire pour revenir à l’orthodoxie financière et fait la sourde oreille aux exigences des institutions européennes sur les réformes et les contreparties concrètes qui pourraient permettre de l’accorder. Il préfère parler de « l’urgence d’une relance économique de la zone euro » sans voir que si celle-ci avait lieu, notre pays, en l’état actuel des choses, aurait toutes les chances de ne pas en profiter.

Car ce qui attend la France, c’est toujours et encore des impôts qui augmentent pour boucher le trou de déficits toujours plus importants que prévus. La communication du gouvernement annonce des projections de croissance optimistes (1% en 2015, 1,7% en 2016, 2% en 2017 et 2018) alors que les enseignements des dix dernières années et le diagnostic des économistes qui fait consensus indiquent clairement que la croissance sera moins bonne que prévu et ne devrait pas dépasser au mieux 1,5% à la fin de cette période. Voilà pourquoi, si l’on ne veut pas voir les impôts augmenter et les baisses de charges annulées pour compenser l’accumulation des déficits, il faut impérativement un programme d’économies beaucoup plus ambitieux que la fiction des « 50 milliards ».

En la matière, les socialistes continuent de raisonner à l’envers, en marchant sur la tête. La fondation IFRAP vient de réaliser une étude, grâce à un modèle économétrique (Némésis), qui démontre que la dégradation du PIB est beaucoup plus forte et plus durable quand l’Etat agit par des hausses des prélèvements. Sur le moyen et long terme, la baisse des dépenses publiques est moins récessive et permet de renouer plus vite avec la croissance. Une trajectoire budgétaire plus volontariste que celle programmée pour 2014-2019, est largement possible. Pour cela, il faudrait réaliser une baisse d’au moins ½ point de PIB du déficit structurel par an et adopter une logique d’économies croissantes qui s’ajouteraient aux 50 milliards annoncés.

L’exemple espagnol.

C’est le chemin qu’a suivi l’Espagne. Elle apporte la preuve que la politique d’austérité fonctionne. Après la cure sévère, l’austérité commence à être adoucie par des baisses d’impôts sur le revenu et les sociétés, tout en maintenant un budget sévèrement contraint. La croissance est repartie  vers les 2% en 2015 et le chômage commence à reculer. Le pays profite pleinement de la compétitivité retrouvée de ses entreprises, de la politique monétaire de la BCE qui facilite ses exportations, de la baisse du prix du pétrole, de la faible inflation qui appuie la reprise de la consommation et la modération des coûts de l’économie. A notre spirale de naufrage, l’Espagne oppose le cercle vertueux de la remontée vers la prospérité.

L’IFRAP indique le chemin que nous pourrions suivre.

D’abord faire coller la parole avec les actes. Sur les 21 milliards d’économies annoncés pour l’an prochain, 4,6 milliards sont très peu précisés voire pas du tout quand il s’agit du fonctionnement de l’Etat ou des prestations sociales. De plus, 3,7 milliards d’économies sont très incertains car ils s’appuient sur la baisse des dotations aux collectivités locales dont on ne peut pas être certain qu’elles diminueront leurs dépenses en conséquence. La réalité est que les dépenses publiques vont continuer à croître en valeur de 59 milliards d’ici à 2017 pour atteindre cette année-là 1280 milliards. Les 50 milliards d’économies restent une fiction.

L’organisme de recherche préconise un effort de 8 milliards d’économies supplémentaires à ajouter au 21 milliards prévus en 2015, puis 6 milliards supplémentaires en 2016, puis 3 milliards en 2017 et 2018 et enfin 1 milliards en 2019. Ces économies porteraient pour 50% sur les prestations sociales, pour 30% sur le fonctionnement des collectivités publiques et pour 20% sur l’investissement. Parallèlement il faut se donner des objectifs de baisse des coûts de production des services publics assurés par l’Etat, les collectivités locales et les organismes sociaux. Les études montrent que les marges de manœuvre importantes existent.

La situation économique pourrait s’améliorer grâce à une nouvelle baisse des charges sur les entreprises –le Cice ne fonctionne pas- pour aller jusqu’au doublement de l’effort actuel. Avec un tel scénario, le déficit par rapport au PIB pourrait être ramené à 3,2% dès 2016.

Quelles sont les réformes demandées à la France par l’Union européenne ?

Sans entrer dans le détail, d’abord de baisser le coût du travail en réduisant les cotisations sociales patronales, réformer le système d’assurance-chômage afin qu’il encourage le retour à l’emploi, contrer l’augmentation des dépenses de santé, prendre des mesures pour ramener durablement le système des retraites à l’équilibre en 2020, éliminer les doublons administratifs et simplifier le mille-feuille des collectivités, faciliter l’accès aux professions réglementées, réduire les contraintes réglementaires qui régissent le commerce de détail, assurer la concurrence réelle des prix de l’énergie… autant de mesures qui nécessitent un peu de volonté politique mais ne sont pas insurmontables.

Les réponses que le gouvernement Valls tente d’esquisser vont dans le bon sens, mais restent encore trop timides pour produire l’effet escompté. Elles relèvent de la micron-chirurgie alors qu’il faudrait passer au stade… « Macron ». Nos partenaires voient bien qu’on est dans la posture pour faire illusion, plus que dans l’action.

 

 


UN FORMIDABLE EXEMPLE

Loick-Peyron-a-bord-de-Banque-Populaire
 

C’est celui que Loïc Peyron vient de nous donner en remportant la « route du rhum », et qui plus est, au pied levé, et en se payant le luxe supplémentaire de battre le record de la traversée. Le skipper de « Banque Populaire », un trimaran de près de 32 m, ne s’est pourtant pas fait prié quand on lui a demandé de remplacer Armel Le Cléach’ blessé à une main, lui qui avait prévu de se faire la course à la barre d’un petit bateau, façon débonnaire.

L’exploit mérite d’être cité en exemple parce que le marin, qui a mené la course de bout en bout, n’est pas le premier venu, mais ce n’est pas non plus un perdreau de l’année, comme le flamboyant Gabard qui s’est adjugé la première place en « Imoca ». Il a 54 ans !  Tout ça pour dire qu’en France on ne fait pas assez confiance à nos quinqua, surtout dans les entreprises. Loïc Peyron est là pour nous rappeler qu’après 50 ans, on est loin d’être fini !

Dans notre pays, le chômage des séniors est une plaie et pourtant ils représentent une vraie richesse inexploitée. Pourquoi Peyron a-t-il gagné ? Il avait certainement un excellent bateau. C’est un marin en bonne forme physique aussi. Mais enfin, les années comptent tout de même. Le petit plus n’est-il pas venu de son expérience ? C’était en effet sa septième route du rhum. Une coure où il aura tout connu, y compris l’humiliation comme en 2002 quand son bateau Fujifilm fut dispersé en miettes et lui récupéré par un cargo russe. 

Et bien cette victoire, personne en lui en retirera le mérite, celui d’avoir relevé le défi, mais aussi c’est un signal envoyé à la face de tous nos compatriotes employeurs, investisseurs, responsables, pour qu’ils regardent un peu plus vers la « silver génération ».

Les plus de 60 ans sont déjà 15 millions. Ils seront 20 millions en 2030, soit près d’un Français sur trois. Il nait en France plus de séniors que de bébés. Malgré leur nombre, leur situation est pour le moins étrange : les entreprises ne misent plus sur les salariés qui atteignent 45 ans et les poussent vers la préretraite. C’est pourquoi notre pays est en Europe, l’un des pays où leur taux d’emploi est le plus faible avec 39% contre 70% en Suède et une moyenne de 48% dans l’Union.

Un véritable gâchis pour des hommes et des femmes qui entament une deuxième vie quand ce n’est pas une troisième. A 50 ans, on a encore devant soi plus de vingt ans en bonne santé, un temps largement suffisant pour mettre à profit et développer tout ce qu’on a appris. Car, en plus, l’un des secrets qui permette de garder la forme c’est de continuer à travailler, de rester dans le monde des actifs.

La France aurait-elle besoin d’une révolution culturelle ?  Certainement, car nos mentalités sont trop façonnées par des concepts dépassés et encombrées de tabous. Celui de la retraite le plus tôt possible en est un, depuis qu’au début des années 80 on avait inventé un « ministère du temps libre ». Temps libre que les jeunes retraités occupent passionnément au service des autres, et souvent bénévolement. Mais cette richesse trop mal exploitée est pourtant un filon pour l’avenir.  L’économie va avoir de’ plus en plus besoin des quinquas et des sexas. Il faudra bien reculer l’âge de départ à la retraite pour équilibrer les régimes ; surtout, l’économie du Papy-boom nécessite l’investissement des intéressés : la meilleure manière d’inventer les services et les produits adaptés aux besoins d’une population vieillissante est de les faire inventer et vendre par les séniors. Le Japon nous montre l’exemple. Là-bas, on a mis en place un système d’emploi continu qui permet de réemployer le collaborateur à l’âge de soixante ans jusqu’à soixante-cinq ans en mettant en place de nouveaux contrats modifiés raisonnablement par rapport aux conditions antérieures.

La vieillesse peut être une chance pour un pays. Merci, Loïc Peyron de nous avoir fait réfléchir à cette donnée si peu appréciée au pays de Descartes. Cette victoire à la valeur emblématique nous aidera peut-être à sortir du déni dans lequel nous sommes plongés. Mais c'est comme pour le gaz de schistes, on est foutu de dormir à côté du filon sans l'exploiter, en vertu des grands principes, sur lesquels campent nos "partenaires sociaux"...

 

 

 


LA FRACTURE DE LA FACTURE

Contribuable détrousséPinocchio

 

« A partir de l’année prochaine, il n’y aura pas d’impôts supplémentaires sur qui que ce soit ! » qu’il a dit solennellement l’ectoplasme qui nous gouverne. S’était-il renseigné au moins ? Parce que pour 2015 les nouvelles taxes et augmentations d’impôts vont nous tomber dessus comme les obus à Gravelotte (ça c’était en 70, -1870 je précise-). En voici l’inventaire : augmentation du taux de la nouvelle première tranche de 9 à 12%, puisque la loi de finance a supprimé celle des bas revenus. Report donc sur les classes moyennes, plein pot. La taxe sur l’audiovisuel sera augmentée de 3€, la taxe sur le gazole sera appliquée au 1er janvier sans compter que s’y ajoutera la taxe carbone (soit 4 centimes/ litre en tout). Viendront s’y ajouter probablement une surtaxe de la taxe d’habitation pour certaines résidences secondaires, et comme les dotations aux collectivités locales sont votées en baisse, certaines d’entre elles ne pourront pas faire autrement que de répercuter sur le contribuable. Augmentation aussi parce que l’assemblée a prévu d’augmenter les valeurs locatives de 0,9% servant de bases au calcul des impôts locaux (alors que l’inflation est de 0,5%)… Sans parler des quelque 500 millions espérés sur la fin de la déductibilité de l’impôt sur les sociétés de taxes payées par les banques et les assurances, ce qui fait hurler !

Et puis, on apprend, à l’approche de la fin de l’année, que le déficit budgétaire sera plus important que prévu (ce que j’avais annoncé, si vous vous en souvenez) : autant d’argent qu’il faudra trouver pour compenser le trou supplémentaire. On n’en a donc pas fini avec les mensonges de Sapin-les-socquettes-roses, ni avec son inventivité fiscale.

De pause fiscale en 2015, il n’y aura point. Et l’annonce présidentielle serait à verser au catalogue des vœux pieux, s’il était de bonne foi, mais comme on ne peut pas croire qu’il ignore qu’avant même d’avoir parlé, ses mots seront contredits par les décisions de son gouvernement, c’est à mettre au dépotoir des fausses promesses. Quand dans les mois qui viennent, nous lui rappellerons son engagement devant 8 millions de téléspectateurs, il ne pourra pas s‘étonner des conséquences de son inconséquence. Sa parole ne valait déjà pas cher depuis la promesse de l’inversion du chômage. Cette fois-ci elle est complètement déconsidérée. Comme c’est une insulte à notre intelligence, et à la sienne, on ne peut comprendre qu’il l’ait prononcée que comme une supplique tragique destinée à sa majorité.

La question fiscale est bien au coeur de l’impasse dans laquelle le pays s’est fourvoyé. Les prélèvements ont dépassé le supportable dans tous les secteurs : charges sociales, CSG, impôts sur les sociétés, et catalogue de taxes en tout genre qui défie le bon sens. Deux causes à cette hypertrophie fiscale : un modèle social  devenu inadapté à notre richesse et une fonction publique pléthorique. Dans ce contexte, même une pause fiscale n’est plus possible. Alors qu’il faudrait de toute urgence enclenchée la baisse des prélèvements.

La monarchie est morte en 1789 du même mal. Le roi, incapable de réformer le système de collecte des impôts par les fermiers généraux qui était un vrai scandale, et de mettre fin à des dépenses exorbitantes, en était réduit aux expédients pour vivre. Et bien on en est là. L’Etat fait les poches de tout ce qui peut être siphonné : comme par exemple les 300 millions d’euros sur le fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (autrement dit sur la formation des chômeurs).

La colère gronde, encore en sourdine, mais elle gronde. L’inquiétude est partout. Chacun commence à avoir peur pour ses économies. Et d’autant plus que des informations alarmantes circulent.

Ainsi, le rapport de Genève sur l'économie mondiale. Ce document du Centre international pour les études monétaires bancaires, publié le 29 septembre et réalisé par des experts indépendants, alerte sur la constitution d'une nouvelle bulle financière. Selon ce collège d'auteurs de la sphère économique, le monde se dirige tout droit vers une nouvelle crise majeure, du même acabit que celle de 2008. Si les experts tirent la sonnette d'alarme, c'est d'abord à cause de la dette. L'endettement global - qui comprend à la fois celui du public et du privé - est passé à 213% du PIB en 2013. Il s'élevait à 180% en 2008, année de la faillite de la banque Lehman Brothers. Pire, celui de la zone euro atteint 257%. Et les pays seront de moins en moins à même de résorber leurs dettes abyssales, prédit le rapport. Les experts alertent sur une contraction de la demande, une pérennité de l'inflation... voire une déflation, induisant une augmentation de la dette. Et dans la zone euro, les prédictions sont peu reluisantes. Alors que dire de la France !

On voit que dans ce contexte, la France pourrait être entraînée dans une spirale à la grecque Il est peut-être encore temps de prendre à bras-le-corps l’immense défi qui permettrait de remettre la France sur les rails, en combinant prélèvement minimal sur toutes les forces créatrices de richesse, et effort drastique de réduction du déficit public, tous secteurs confondus. D’ailleurs un rapport de l’IGF (Inspection Générale des Finances), remis en mai 2012 et jamais publié, précisait toutes les décisions à prendre pour faire 20 milliards d'économie par an. Rien n’est impossible. Il suffit de vouloir !

A défaut la fracture de la facture s’aggravera, et les conséquences sont imprévisibles. 

 


LE RASSEMBLEMENT BRUN-ROUGE DE MARINE

Marine le Pen 2013

Cet article s’inscrit dans la suite des deux précédents sur la France Recomposée.  Les Français de la « France périphérique », comme on l’a montré, ressentent un malaise qui les conduit à se méfier de plus en plus de la classe politique. Ce malaise se traduit par ce que les politologues appellent un "glissement à droite". Ce faisant, ils deviennent disponibles pour ceux qui tenteront l’OPA la plus séduisante en terme de réponses à leurs attentes et à leurs angoisses. Aujourd’hui, nous allons examiner en quoi la montée du FN et les tentatives de « dédiabolisation » menées par Marine Le Pen sont un vraie OPA sur les plus désemparés  de ce peuple abandonné en rase campagne par la gauche et encore trop peu convoité par la droite républicaine.

Le « vote républicain » en panne.

C’est dans l’Oise, au début du printemps 2013, lors d’une législative partielle gagnée de justesse par l’UMP qu’est apparu le phénomène de façon explicite : près d’un électeur sur deux de la candidate PS éliminée au premier tour a choisi de voter pour le candidat du FN. Il y avait longtemps que le parti d’extrême-droite puisait dans le vivier sociologique de la gauche. Cela fait près de 20 ans qu’il est le premier parti ouvrier de France. Par la surreprésentation des catégories populaires, des jeunes et des chômeurs, le parti de Marine Le Pen a une structure électorale unique qui concurrence de plus en plus celle des partis de gauche. A la présidentielle de 2012, elle est même arrivée en deuxième position, juste derrière Hollande, auprès des fonctionnaires de catégorie C. La nouveauté de ce printemps 2013, qui ne s’est pas démentie depuis, est que des électeurs de gauche acceptent de voter pour un parti toujours classé à « l’extrême-droite ». Et de fait, un candidat FN se retrouvant en situation de duel au second tour progresse dans la même proportion selon qu’il se retrouve face à l’UMP ou face au PS, et même sensiblement plus quand il affronte la droite.

Le discours de la gauche dénonçant la « porosité » entre l’électorat de droite et celui du FN apparaît comme un pieu mensonge et n’est plus d’actualité,  la discipline du vote « républicain » ne rencontrant pas plus d’écho à droite qu’à gauche.

La stratégie de Marine Le Pen est assez simple.

Elle sait lire les études d’opinion et voit bien avec quelles voix son parti peut se renforcer. L’opportunisme ne lui faisant pas peur, elle s’empare de thèmes et développe des propositions appartenant habituellement à la gauche, comme sa défense des services publics, sa dénonciation du capitalisme financier, sa faveur pour le retour à la retraite à 60 ans et aux quarante années de cotisations pour tous. Le « souverainisme », l’appel à la démondialisation, la dénonciation de la construction européenne flattent les anciens électeurs chevènementistes et mélenchoniens. Ce faisant, elle cible aujourd’hui ces « classes moyennes  en voie de déclassement » de la « France périphérique » et devient ainsi, avec les dégâts de la politique hollandaise, la première bénéficiaire du pouvoir en place par la séduction qu’elle opère sur les déçus de la gauche. En même temps, elle fait le pari que ses électeurs venus de la droite sur des problématiques identitaires ne la quitteront plus.

Le FN n’a pas pour autant abandonné son discours sur l’immigration.

La parti frontiste prospère toujours sur l’incapacité chronique (on le voit à Calais) des politiques à traiter les causes profondes des problèmes d’intégration qui angoissent de plus en plus les Français. Si ces angoisses n’avaient pas été avant tout d’ordre identitaire, ceux-ci auraient très bien pu se tourner vers le Front de Gauche. L’ouverture de Mélenchon vers les immigrés les en a dissuadés. Et si Manuel Valls dégringole dans les sondages, c’est parce qu’il devait sa popularité à son langage de vérité sur l’immigration et l’intégration et à ses prises de position  en faveur des principes républicains, en particulier la laïcité et à l’autorité et au courage politique qu’il incarnait.  Une fois au pouvoir, il impose le port d’un matricule aux policiers, les régularisations bondissent ainsi que les naturalisations, l’intégration culturelle ne se fait plus qu’à la marge, et le pays s’enfonce dans le chômage. De quoi déchanter ! Un écart entre les paroles et les actes que les Français ne supportent plus.

La synthèse Lepenienne : c’est le rassemblement « brun-rouge ».

Les Français décident de plus en plus de jeter leur dévolu sur Marine Le Pen qui apparaît comme la première opposante à Hollande, -un comble quand on sait qu’elle a favorisé son élection-, pour qu’elle les débarrasse d’une classe politique devenue insensible à leurs angoisses : 87% des français estiment que celle-ci se préoccupe peu ou pas du tout de ce que pensent les gens comme eux (janvier 2014). En inventant le slogan "UMPS", Marine Le Pen amalgame ainsi l’ensemble des partis de gouvernements. Et de son côté elle emprunte à la gauche conservatrice ses idées (rouge) tout en conservant son socle nationaliste identitaire (brun, référence aux « chemises brunes »). Démarche facilitée par la dénonciation quasi pavlovienne de « lepéniste » quiconque ose aborder de face les questions d’immigration, d’intégration culturelle, de nation et d’identité. Le FN n’a même plus besoin de parler, il se contente de récupérer. La laïcité au fil du temps est devenue une jauge à l’aune du respect de laquelle les Français identifient et jugent ceux qui sont aptes à vivre selon leurs normes et ceux qui ne le sont pas, n’hésitant pas, on l’a vu, à déserter certains territoires. La décision de Vallaud-Belkacem concernant l’autorisation pour les femmes voilées d’encadrer les sorties scolaires, en est un bon exemple.

Les deux raisons de l’adhésion au FN.

L’adhésion au FN nécessite encore un certain courage de la part de ceux qui votent pour ses candidats, car c’est le parti le plus détesté de France. Mais ils l'assument. Si ce n’est pas la crainte qui les motive, ce ne peut être que la colère et ça change tout.  Cette colère est motivée par la montée des incivilités, les voitures brûlées dont les médias évitent de parler, la recrudescence des vols, les agressions physiques dont le dernier avatar est déguisé en père Noël, les bandes organisées, les communautarismes agressifs et exigeants qui vont avec l’islamisation des quartiers et maintenant l’implantation de djihadistes, l’insécurité croissante qui accompagne… Bref, une colère contre le laisser-aller général qui va augmentant. Toute chose que l’on pourrait évidemment résoudre avec un peu de courage politique.

Un autre raison vient s’ajouter à la colère et est habilement exploitée par Marine Le Pen : c’est la peur, voire l’angoisse de nos compatriotes qui sont taraudés par la perspective des vraies réformes et cherchent à s’épargner la peine de faire ce qui est indispensable pour que notre pays entre dans la sphère vertueuse de ceux qui ont fait des efforts, comme l’Allemagne ou l’Espagne, en mettant en œuvre des réformes structurelles. La retraite à 65 ou 67 ans, un soutien puissant aux entreprises par l’offre, la réduction des déficits publics… Le FN est devenu l’ultime moyen de refuser le réel, le dernier refuge avant la « souffrance ». Voilà pourquoi il prétend réinventer le Franc, promet un cocon national bien douillet contre la mondialisation et les « gnomes de Bruxelles », s’engage à protéger les petits contre les gros,  le peuple contre les élites, les paysans et les ouvriers contre le plombier polonais (un mythe) ou l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis. Un programme économique protectionniste et anti-européen quasi identique à celui du Front de gauche. Mais il est facile de démontrer, exemples à l’appui, la faiblesse d’une telle démarche au regard de l’imbrication de notre économie dans celle de nos partenaires quand ce n’est pas à l’échelle mondiale, quoi qu’on en dise.

La montée du FN n’est pas une fatalité.

Il reste que les Français n’adhèrent pas majoritairement au programme entier du FN : 60% se déclarent hostiles à toute sortie de l’Union européenne, 59% se déclarent attachés à la monnaie unique (avril 2014). Aussi, est-il urgent de combattre cette double idéologie mortifère pour la France. Aujourd’hui le FN est plus dangereux, électoralement parlant, que la gauche. Voilà des éléments à prendre en compte qui rendent caduques tous les appels au « centre »  si ceux-ci doivent traduire une volonté de bannissement du sujet de l’identité nationale.

Demain : Sarkozy, la parade à Le Pen. 

 


LA FRANCE RECOMPOSEE (2)

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LA CONTRE SOCIETE DE LA « FRANCE PERIPHERIQUE »

(Une synthèse approfondie, mais forcément un peu longue pour analyser tous les aspects ou comment comprendre le glissement à droite de l'électorat)

Les catégories populaires, qui comprennent aussi les petits agriculteurs, sont moins visibles, puisqu’elles vivent loin des grands centres urbains où se concentrent les décideurs publics et privés. C’est pourquoi on a pu parler de « France invisible » ou de « France oubliée ». Pourtant la part des catégories populaires est restée stable depuis un demi-siècle, mais elles ne vivent plus là où se crée la richesse. Cela constitue forcément un problème social et politique majeur de notre pays. Car cela peut vouloir dire que le projet économique tourné vers la mondialisation fait l’impasse sur elles. C’est la prise de conscience de cette situation qui amplifie le malaise ressenti par un grand nombre de Français et qui en fait le peuple le plus pessimiste du monde.

Un peuple hétérogène en apparence mais homogène sociétalement.

Actuellement 50% des salariés gagnent moins de 1 650€ net par mois. Les frontières entre classes populaires et classes moyennes, artisans et commerçants, patrons de TPE, tendent à disparaître  au profit de l’émergence d’un « vécu » commun, alimentant frustrations et envies de révolte. Le maillage provincial ainsi constitué pérennise la personnalité, la mémoire, l’art de vivre, la sociabilité, en bref, l’identité française. Sur ce terreau de résistance riche de bon sens, d’énergie et de probité, l’espoir peut germer et l’élan populaire trouver un ressort. La fronde des « bonnets rouges » illustre ce phénomène, où l’on a vu des ouvriers, des employés, des agriculteurs, des chauffeurs routiers et des chefs de petites entreprises défiler ensemble. En effet, la contestation n’était pas seulement sociale mais aussi identitaire. Identité face au discours qui répudie nos racines spirituelles du judeo-christianisme, nie les ancrages culturels qui fondent la civilisation occidentale (Athènes, Rome), méprise l’inquiétude liée aux flux migratoires, arase les distinguos de base entre l’homme et la femme (stéréotypes de genre).

Cette France survit à la fois de la redistribution des métropoles, du maintien d’une part importante d’emplois publics et parapublics et aussi grâce au développement des services à la personne. Mais c’est le sentiment de ne plus avoir de perspective d’ascension sociale dans cette France-là qui conduit à toutes les crispations. La crise économique les accentue, mettant en évidence la fragilité de territoires  qui ne comptent plus guère dans la production de la richesse nationale, celle qui crée de l’emploi. Chaque fermeture d’entreprise devient alors un drame pour des gens qui sont certains de ne pas retrouver sur place un autre emploi, leur mobilité sociale et géographique étant très faible. Chaque restructuration publique est vécue comme une trahison intolérable et une source de dévitalisation, car elle touche au capital social local auquel cette population s’accroche : la maison, le quartier, le territoire, l’identité culturelle en quelque sorte de gens assignés à résidence par la pesanteur de leur condition.

Une France qui veut protéger ses valeurs traditionnelles.

Dans cette France périphérique où le champ des possibles est beaucoup plus restreint, la population se raccroche aux valeurs. C’est la France attachée à l’ordre républicain, réservée ou hostile sur les réformes sociétales, critique sur l’assistanat. Elle ne croit plus guère dans le pouvoir de la politique, pas beaucoup plus dans les « politiques » trop accrochés à des postures et pas assez dans la résolution de ses problèmes concrets. En bref, elle a le sentiment que les élites ne lui parlent plus. Mais cette France-là a encore du ressort. Elle sait pratiquer les solidarités locales, les initiatives privées, l’économie de proximité. Et on y observe des mobilisations populaires qui sont autant de réponses aux abandons de l’Etat ou aux provocations d’un pouvoir politique gentrifié (énarchie) et boboïsé, plus obsédé de ses préoccupations existentielles et nombrilistes que des réformes qui moderniseraient réellement le pays.

Aussi l’accusation de « populisme » ne l’émeut guère. Elle sait aussi envoyer des signaux : elle refuse de voter, et quand elle le fait, elle n’hésite pas à porter ses suffrages sur les candidats « protestataires » sans se cacher. Mais elle est surtout un électorat en jachère. Elle porte en son sein une catégorie de citoyens dont le niveau de vie les apparente davantage aux minorités les plus mal loties alors qu’ils semblent appartenir à une communauté considérée comme privilégiée : ce sont les « blancs pauvres ». Du coup, personne ne s’intéresse à eux. Ils occupent ce que l’on pourrait appeler un angle mort de la sociologie politique. Ils sont trop blancs pour intéresser la gauche  qui s’est pourtant fait une spécialité de la défense des minorités mais poussée par Terra Nova dans la conquête des électorats « colorés », et trop pauvres pour intéresser la droite  qui focalise ses préoccupations sur les catégories dites bourgeoises et sur les classes moyennes.

Une nation paupérisée et éclatée.

Les élections municipales ont révélé le vrai visage de la France : l’abstention massive, révélatrice du décrochage du peuple par rapport aux discours officiels ; la pauvreté des campagnes aussi profonde que celle des quartiers difficiles ; des villes scindées par la répartition ethnique, comme Marseille, Lille ou Paris ; la répartition inégale  et désorganisée à l’échelle nationale des « populations nouvelles »… Aucun de ces sujets n’est abordé franchement. On traite même par le mépris des inquiétudes légitimes : l’identité, l’affirmation visible de modes de vie  et de comportements qui ne sont pas les nôtres, les effets de la mondialisation dont on ne voit pas toujours les bienfaits mais dont on refuse de voir les tensions qu’elle génère. Parler des origines, des identités, des angoisses suscitées par notre époque est aussitôt considéré comme faisant le jeu du Front National, alors qu’en se comportant ainsi on lui abandonne des franges parfaitement identifiées de l’électorat.

Un vaste champ de conquête pour la droite.

Dans cette contre société, le peuple se réveille à droite. Il a compris que le « sociétal » est l’enjeu crucial des élections à venir, un terrain qui embarrasse encore souvent trop de dirigeants de droite au comportement fataliste, préférant invoquer l’état des mœurs pour masquer leurs dérobades. Il ne se laissera pas abuser avec de la « com’ » pas plus que par le seul discours libéral, fût-il opportun.

Ce peuple attend autre chose que les rengaines politiciennes sur les « valeurs républicaines », les discours sur la « citoyenneté » alors qu’on l’ignore, la « laïcité » bafouée au vu et au su de tous, la « solidarité » qui le gave, ou sur « l’intégration » dont il voit bien qu’elle est en échec grave. Ce sont des mots usés qui n’ont plus de substance pour lui. L’Europe pour retrouver grâce à ses yeux devra concrètement mieux le protéger contre l’immigration massive mais aussi contre le chômage dont elle est obscurément rendue responsable. La ritournelle « eurolâtre » ne suffit plus. Giscard montre bien le chemin qu’il faudrait suivre pour réconcilier le peuple avec l’Europe.

Il est disponible pour combattre tous les fantasmes « libertaires » et le « multiculturalisme » que l’on veut imposer à notre vie sociale, sous couvert d’un « vivre ensemble » désincarné. Le mot « identité » ne lui fait pas peur. La contestation des « stéréotypes de genre » si chère à Mme Vallaud Belkacem le mobilise comme une atteinte au bon sens tout comme cet universalisme de pacotille où tout se vaut, Mozart et le rap, Rodin et le plug anal de Mac Carthy, le message du pape François et les ricanements de Laurent Ruquier…

Mais la droite semble regarder ailleurs.

Ce réveil se manifeste encore en marge politique d’une droite qui n’en croit pas ses yeux et qui hésite. Le succès des « marches pour tous », l’élection d’académiciens aux marges du « politiquement correct », l’audience de certains chroniqueurs, la floraison de libelles frondeurs, la prolifération d’une dissidence multiforme sur internet sont pourtant des symptômes visibles et bien identifiables.  Personne ne fédère encore cette droite qui s’éveille  sans savoir qu’elle est à droite mais qui affirme peu à peu sa singularité  en s’affranchissant des conformismes. Son positionnement se fonde surtout sur une allergie aux idéologues de la gauche.

Peu lui chaut qu’ils lui appliquent tout l’attirail de la démonologie de la pensée unique : réac, ringard, populiste, facho… ses bataillons se nourrissent de recrues puisées dans la France profonde. Cet amalgamme de ruraux largués, de cathos choqués, de prolos précarisés, de commerçants et d’artisans harcelés par les banques et le fisc, de professions libérales stigmatisées, d’enseignants déboussolés, voire de fonctionnaires écoeurés par l’incurie gouvernementale et la haute technocratie, ça finit par faire beaucoup de monde.

La droite ne doit pas avoir peur de renouer avec ce peuple-là.

L’équation n’est pas simple, mais les Français ne sont pas idiots, ils savent bien ce qui pourra les sortir de ce désastre annoncé. Ils savent que le pays redeviendra prospère s’il accepte de travailler davantage, si les entrepreneurs retrouvent leur liberté aujourd’hui verrouillée par le poids exagéré des contraintes légales, si on promeut une révolution profonde de simplification administrative. La nation se ressoudera quand ces Français-là auront le sentiment qu’ils passent enfin avant les immigrés illégaux et que la République se fait respecter face au totalitarisme des excités du Coran.

Les idées sont là. Il suffit de les mettre en œuvre pour en faire le socle d’une politique alternative en n’ayant pas peur de bousculer les totems érigés depuis mai 68. Une nouvelle donne se présente pour la droite, qui peut lui donner les clefs de son renouveau. Mais attention, l’Histoire ne repasse pas deux fois les plats. Et d’autres sont à l’affût pour saisir l’occasion en faisant feu de tout bois.

 


INCORRIGIBLES !

Valls 2       Martine Aubry 14


Voici quelques clés de compréhension pour éclairer dans quel contexte la bataille entre les deux gauches se livre. Et pourquoi la France pourrait en faire les frais… Et nous avec !

Le vote des recettes du budget 2015 et l’interview de Martine Aubry au « JDD » constituent des événements majeurs de notre vie politique. Les arguments des « frondeurs » qui se sont abstenus rejoignent ceux de « l’amère de Lille ». Ils sont couronnés par la dernière sortie de Benoit Hamon selon laquelle la politique suivie « met en danger la République ». Un comble ! Il y a donc bien deux gauches dans notre pays : une qui découvre tardivement les réalités et qui essaie de trouver sa survie en s’y adaptant, et celle qui reste dans le déni, qui n’apprend rien, qui ne veut rien savoir et qui reste sur ses vieilles lunes, autrement dit : in-cor-ri-gi-ble ! En fait, c’est elle, par son comportement, qui met en danger la République en favorisant la montée du Front National qui profite plus qu’elle de son discours nihiliste.

Si encore, ce discours était fondé sur des réalités.

Les frondeurs dont la Martine prend la tête sans le dire, dénoncent une rigueur qui n’existe pas et des économies qui ne sont pas encore faites. Des gens qui crient avant d’avoir mal ou qui mentent aux Français. Que veulent-ils : un déficit à 6% ou 8% au lieu de 4,5% ? C’est-à-dire une aggravation de la dette ; continuer une politique de la demande qui nous a menés au point où nous en sommes, détruisant au passage notre industrie ?

On comprend que la « Pythie » du PS ne se résolve pas au déclin de notre pays, à la montée du FN -surtout dans sa région-, à la victoire annoncée de l’opposition en 2017. Mais quel chemin propose-t-elle à la place de celui que tente de suivre bien malaisément le gouvernement actuel ? Elle continue de croire que la situation actuelle est due à la réduction des déficits voulue par l’Union européenne et que celle-ci s’est faite au détriment de la croissance. Mais dans notre pays, cette réduction n’a pas encore eu lieu comme en témoigne la stagnation autour de 4% du déficit du budget de l’Etat. Les efforts fiscaux n’ont pas généré une moindre croissance comme elle le croit, mais à cause de leur ciblage massif sur le capital et sur les « riches », ils ont planté l’économie. La mise en place du CICE n’est qu’un faible palliatif au regard de ce qui a été prélevé sur les entreprises. Ou bien elle n’a rien compris, ou elle ment sciemment pour adopter la posture susceptible de plaire à la gauche de la gauche. Ce n’est pas comme cela qu’elle regagnera les voix parties chercher « protection » à l’extrême-droite.

Réorienter l’économie, c’est du suicide !

La réorientation de l’économie qu’elle préconise, n’est rien de plus qu’une usine à gaz supplémentaire dans l’économie administrée qu’elle ne peut concevoir libre et créative. Comment faire la différence entre une entreprise « exposée » à la concurrence internationale, qui recevrait des aides, et une qui ne l’est pas, alors que nous vivons dans un marché ouvert, celui de l’Union, où tout s’entremêle. Je plains celui qui serait chargé d’établir des critères de distinction. Son discours sur les « contreparties » refusées par le MEDEF en échange de l’amélioration des charges décrit une économie étroitement contrôlée par l’Etat. Toujours ce vieux rêve socialiste qui ne conçoit pas que la liberté laissée aux entrepreneurs puisse créer de la richesse et de l’emploi. C’est ce qui réussit pourtant partout ailleurs. Autrement dit, le « bon chemin » qu’elle préconise serait un sentier de galère pour notre pays qui finirait par achever complètement ses derniers ressorts.

Car il faut bien savoir sur quoi repose notre économie aujourd’hui.

Il faut avoir à l'esprit que notre PIB est à 57 % issu de la dépense publique. Autrement dit, c'est parce que l'État paie des fonctionnaires, des fournisseurs, verse des subventions ou encore des prestations sociales qu'il y a de l'activité économique en France et cette activité est à 57 % liée aux dépenses publiques. On comprend bien que la seule création de richesse privée ne représente que 43 % de notre PIB, et il est évident que ces 43 % de création de richesse ne peuvent pas financer les 57 % de dépenses publiques quand bien même celle-ci (les 43 %) serait taxée à 100 % !! Le déficit est donc incontournable. La dette est une donnée du système dans lequel nous nous trouvons et il n'y a aucun espoir qu'il en aille différemment dans les années qui viennent.

Il n'y a pas plus de croissance économique.

Le mécanisme d’une dette, qu'elle soit privée ou publique, repose sur la promesse des gains futurs qui permettront de rembourser le crédit. Au niveau d'un État, ces revenus futurs c'est la croissance économique exprimée en pourcentage du PIB. S’il n’y a pas de croissance, il ne peut y avoir de remboursement de la dette. Or depuis 40 ans la croissance de la décennie en cours est inférieure à la croissance moyenne de la décennie passée. C’est facilement vérifiable. Et nous sommes arrivés à la croissance moyenne de 0 % sur 10 ans. La faute en revient aux politiques menées depuis les années 80 qui ont privilégié la demande sur l’offre, au moment où cette demande était de plus en plus satisfaite par des produits fabriqués dans les pays extérieurs, soit en Europe, soit en Asie.

La France est engagée dans une spirale infernale.

Si vous mettez ensemble tous ces éléments : à savoir un stock de dette d'au moins trois fois le PIB (lorsque l'on additionne tous les types de dettes), un PIB formé à 57 % par de la dépense publique et une croissance moyenne proche de 0, on obtient un cocktail explosif conduisant inéluctablement à la faillite de l'État. Martine Aubry et les frondeurs nous proposent d’aller plus vite vers l’explosion et la faillite.

Par leur absence de lucidité, ils compliquent l’action du gouvernement et contribuent à rendre le cap qu’il tente de suivre, illisible de l’extérieur. Nous nous dirigeons tout droit vers une nouvelle phase de tension extrême en Europe et notre pays en paiera le prix fort au sens propre du terme puisque si notre dette est attaquée, nos taux d'emprunt s'envoleront, nous précipitant encore plus vite vers la banqueroute. Manolito qui a tout compris n’a pas l’intention de se laisser faire et on comprend qu’il veuille en finir avec « la gauche passéiste » ! Autrement dit, ça va saigner…

Alors qu’il faut de toute urgence baisser le taux de prélèvement et favoriser la création de richesse privée pour tenter de retrouver au moins l’équilibre, sinon, se situer dans la moyenne européenne de prélèvements. Cela passe par un effort drastique d’économies dans tous les budgets publics, préalable indispensable à tout redéploiement. Le temps presse, car la machine infernale est déclenchée.

 


POURQUOI LA FRANCE NE REDEMARRE PAS

La croissance en panne


Le tableau de bord de l’économie française reste désespérément sombre.

Ce n’est pas le tableau de la création des sites industriels(119) depuis janvier qui présente un léger mieux par rapport au pire de l’an dernier qui peut faire office de nouvelle réjouissante, car le solde entre les ouvertures et les fermetures reste très négatif. Le déficit commercial se creuse, l’investissement continue de reculer (- 0,7% au 2ème trimestre) ainsi que le taux de marge des sociétés (- 0,5%). 63 000 entreprises ont mis la clé sous la porte depuis un an. La baisse de l’euro par rapport au dollar qui devrait être une bouffée d’oxygène pour nos entrepreneurs n’y fait rien. Le Cice ne parvient pas à tenir ses objectifs en retrait de plus d’un tiers par rapport aux prévisions. La mécanique tant espérée continue d’avoir du mal à s’enclencher, par méfiance et aussi à cause de la complexité du dispositif.

En même temps, on voit bien que la France, malgré les déclarations de ses dirigeants, ne parvient pas à améliorer ses finances publiques. Les prévisions budgétaires du gouvernement ne sont pas crédibles. La réduction progressive du déficit public : 4,4% du PIB en 2014 (si ça n’est pas plus), 4,3% en 2015, 3,8% en 2016, 2,8% en 2017 est conditionnée à une réduction des dépenses publiques de 21 milliards d’euros en 2015, 50 milliards en 2017 et à l’accélération de la croissance avec 0,9% en 2014 (qui n’est pas assuré), 1,9% en 2015, 3,1% en 2016 et 3,7% en 2017… Des chiffres qui ne tiennent pas la route. On sait en effet que la croissance potentielle de long terme de notre pays, en volume, compte tenu des gains faibles de productivité et du vieillissement démographique est de 0,8%. Et ce potentiel est entamé dès lors que l’on réduit les dépenses publiques.

La dépense publique n’est pas reprise en main.

Les 50 milliards d’économies annoncées sont en partie un mirage, parce qu’ils sont gagés sur une désindexation partielle de la dépense sociale alors que l’inflation a quasiment disparu. C’est donc une grave erreur de maintenir le déficit à 4% en 2014, 2015 et probablement en 2016, nous mettant à la merci de la moindre remontée des taux d’intérêts : une vulnérabilité qui nous retire toute crédibilité.

L’autre facteur défavorable est la faible inflation (0,5% en 2014) qui a peu de chance d’augmenter avec un chômage élevé et les difficultés des entreprises qui conduisent au ralentissement des salaires, à la faiblesse de la demande  qui entraine une faible augmentation des prix, de même que la faible croissance mondiale conduit à la baisse des prix des matières premières.

On ne voit donc pas comment la croissance pourrait ne serait-ce qu’atteindre 2%.

La situation des entreprises ne permet pas non plus d’entrevoir le moindre coin de ciel bleu. Leur compétitivité continue de se dégrader. Les coûts unitaires de production sont 20% à 30% supérieurs à ceux de pays ayant le même niveau de gamme de production, telle l’Espagne. La profitabilité se dégrade : le rendement du capital des entreprises françaises est de 5,5% contre 10% à 13% pour les entreprises des autres pays européens ou de l’OCDE. Cela vient de la hausse des salaires plus rapide que celle de la productivité : il s’est creusé un écart de 7% depuis 2000, 10% dans l’industrie manufacturière. Et les calculs d’évolution montrent que le pacte de compétitivité verra ses effets annulés au bout de six ans, à peine le temps de sa mise en place…

Pour sortir du marasme, il faudrait que le gouvernement fasse des choix douloureux tels que la réduction drastique des dépenses publiques avec une stratégie de diminution du rôle de l’Etat dans l’économie et une modification radicale des règles du marché du travail pour permettre une plus forte flexibilité des salaires. Toutes choses qu’il est bien incapable de réaliser, en eût-il la volonté. Et quand on entend le discours de Martine Aubry, on a encore moins envie d’y croire !

Car depuis son arrivée au pouvoir, les décisions qui ont été prises n’ont fait qu’aggraver la situation économique de notre pays, notamment en augmentant massivement la fiscalité sur le capital et les entrepreneurs alors que la révolution industrielle que nous sommes en train de vivre est hyper-capitalistique et hyper-entrepreneuriale. On ne peut pas faire pire contre-temps !

La situation de la France va donc continuer à se dégrader.

Les efforts de nos partenaires européens ne pourront pas y faire grand-chose. On se demande bien où le gouvernement, qui n’a pas encore conduit la moindre politique d’austérité, prendra l’argent une fois qu’il aura fini d’essorer les classes moyennes.

 

 


ETRE DE GAUCHE A-T-IL ENCORE UN SENS ?

 

Flanby découragé

Voilà une question que doivent se poser bien des citoyens de notre pays. Analyse à la lumière de « l’expérience de gouvernement socialiste » depuis 2012.

A voir les débats contradictoires qui agitent les différentes tendances du Parti socialiste, la cacophonie qui règne au gouvernement dès qu’un ministre ouvre la bouche, les diatribes virulentes lancées contre la politique hollandaise quand il ne s’agit pas des personnes accoutrées du doux vocable « d’ignobles » (dixit Mélenchon), on peut se demander s’il existe encore une pensée de gauche qui soit adaptée au monde qui nous entoure et en prise réelle avec lui.

Que signifie être de gauche face à la Bérézina de la gestion socialiste depuis bientôt 30 mois ?

Où est donc passé le progrès social ? Alors que le pouvoir d’achat avait continué d’augmenter sous Sarkozy, il a chuté dès 2012 ; le nombre des chômeurs a enflé de 500 000 privés d’emplois supplémentaires ; l’idée de justice a servi de prétexte à un matraquage fiscal qui ne devait pas toucher 90% des Français et qui assommé les citoyens jusqu’en bas des classes moyennes sans résorber les déficits et la dette qui ont continué d’augmenter.

Qu’ont-ils fait de nos libertés, au moment où sévit dans le pays une dictature larvée avec une justice qui n’a en rien rompu ses liens avec le pouvoir et qui s’affranchit des droits élémentaires de la défense pour diligenter des écoutes téléphoniques,  où la doxa de la pensée s’impose à l’Assemblée nationale pour sanctionner un député qui prétend jouir de sa liberté d’expression en refusant d’appliquer la novlangue des obsédés de l’égalité de genre, où la chasse aux sorcières n’a jamais été autant pratiquée pour s’assurer de la docilité de l’administration , où notre système éducatif non seulement n’apprend plus, n’éduque plus, mais se voit confié la mission de rééduquer …

Qu’ont-ils compris du monde réel ? A entendre les débats internes à la gauche, à observer les choix économiques et budgétaires du gouvernement, on se demande s’ils ne vivent pas sur une autre planète. Le ralliement à la politique de l’offre, trop claironné pour être honnête, n’est qu’une posture  tant ils sont peu convaincus par ce qu’ils font. La preuve en est que cette politique est obligée de s’accommoder d’une économie administrée avec le CICE, qui de ce fait n’avance guère. Une autre preuve s’il en était besoin : s’il y a bien une loi qui a obéi aux préceptes de gauche, c’est bien celle sur le logement, dit ALUR, promue par l’ineffable Duflot. On en connait le résultat pitoyable ! On voit bien aussi que Montebourg s’est trompé sur tout, mais que le vieux fonds de commerce est toujours là : il faudrait une rupture avec le capitalisme dont viendrait tout le mal. D’où le malaise, évidemment, dans un monde où celui-ci est triomphant.

Mais c’est bien pire.

La plus grande partie de notre gauche est mentalement attardée. Elle ne veut pas voir que le progrès technique est un fait anthropologique dont le décollage spectaculaire est structurellement lié au déploiement du capitalisme, la plupart du temps pour le meilleur et c’est vrai, parfois, pour le pire. Ce que les gens de gauche ont compris ailleurs en Europe, c’est que l’alliance du peuple et du progrès a été rendu possible depuis près de deux siècles par l’économie de marché. Cette gauche-là reconnait les bienfaits de la mondialisation et rejette le protectionnisme qui n’a jamais rien apporté de bon. Chez nous, elle se méfie du progrès scientifique et technique, au nom du principe de précaution ou de l’écologie, mais le trouve légitime, sous la pression des libertaires, pour généraliser la PMA ou faciliter la GPA.

Du coup, le peuple voit bien qu’on l’envoie dans le mur, lui qui découvre que le pacte social issu de la 2ème guerre mondiale a vécu, et que les systèmes mis en places auxquels se raccrochent syndicalistes et politiques de gauche au point d’en faire des sujets tabous, sont à bout de souffle. Désemparés, une grande partie des gens qui votaient à gauche préfère se réfugier dans le giron de Marine Le Pen. Le pouvoir en place est incapable d’expliquer à ses électeurs que les bases du compromis sur lesquelles ce pacte était construit ne sont plus tenables, que cela nous conduit depuis trop longtemps à vivre à crédit pour le maintenir et que nous sommes arrivés au bout du rouleau. Triste réalité : comment expliquer aux travailleurs et salariés, quand on est de gauche, qu’il faudra travailler plus pour gagner autant, voire moins ! Ou qu’il faudra rogner sur les indemnités du chômage…

La boussole socialiste française n’a plus de nord !

Face à la nouvelle donne du libre-échange, les réponses qu’elle est tentée de donner c’est une sorte de national-poujadisme quand elle est dans les mains d’un Arnaud Montebourg et une fuite en avant dans les « non-solutions » quand elle est utilisée par la gauche des « social-traitres », chacun sachant bien que l’augmentation des salaires et la diminution du temps de travail, grâce à la hausse de la productivité, leurs totems, sont des leurres quand les pays émergents et l’Asie nous inondent de leurs productions. Le marché du travail est planétaire ! Que peuvent penser les électeurs de gauche d’un Premier Ministre, nommé par un Président qui a fait de la « Finance » son « ennemie », qui va clamer à Londres son amour du « business »,  sinon que c’est grotesque !

La gauche qui devait ré-enchanter le rêve des Français leur fait vivre un cauchemar. L’état dans lequel elle va laisser le pays, aussi bien sur le plan économique que social, sera bien pire que celui dans lequel elle l’a trouvé. Condamnée à rogner sur les acquis sociaux, elle n’a plus de discours cohérent. Elle ne peut susciter que du désespoir chez ceux qui croient encore en elle.

 


PETITE CHRONIQUE D’UNE DISSOLUTION INEVITABLE

 

Fin du monde tintin

Vous voulez savoir pourquoi on va droit à une dissolution ? C’est par l’Union européenne que le drame va arriver ! Explications.

Après l’humiliation infligée à Moscovici par le Parlement européen qui l’a mis en sursis avec épreuve écrite après son audition pour le poste de commissaire, la France pourrait bien en connaître une nouvelle d’ici la fin du mois d’octobre : la Commission encore présidée par Barroso pourrait refuser le projet de budget présenté par notre pays. Un camouflet dont on se passerait bien mais qui était prévisible s’il se produit.

Car ce n’est pas seulement Bruxelles qui manifeste son mécontentement, mais de nombreuses capitales européennes. Ce ne sont pas les voyages de Manolito et ses belles paroles qui vont y changer grand-chose. Chacun sait bien que c’est de l’habillage et que la réalité est beaucoup plus prosaïque : les documents envoyés par notre Sapin-les-socquettes-roses sont complètement pipés. Il y a trop de trous pour que le montage soit crédible. Trous que notre Haut Conseil aux finances publiques avait soulignés. Le budget 2015 est insincère, les prévisions de croissance, donc de recettes, sont trop optimistes, les dépenses pas assez contraintes et les réformes structurelles insuffisantes.

Il faut dire que la claque qu’on risque de se prendre, le Président Barroso ne sera pas mécontent de la donner, lui que notre Pingouin de Président n’a guère ménagé. La commission partante ne sera pas mécontente non plus de faire preuve d’autorité avant de plier bagages. Mais c’est une humiliation qui ferait l’effet d’une bombe. Il n’y a qu’un seul autre exemple dans l’histoire de la zone euro où un pays s’est vu refuser son budget, c’est l’Autriche. L’année dernière, ce pays avait dû revoir en catastrophe tous ses chiffres après le vote par son Parlement. En politique, on fait difficilement plus violent.

Mais les faits sont là, et incontournables. Dans la présentation du projet de budget 2015 de la France, le compte n’y est pas. La commission va vérifier si les efforts, promis de façon à amorcer un processus de redressement, sont vérifiés dans les chiffres. Or, le projet de budget est encore loin de ce compromis : La France devait organiser une baisse de 0,8% de son déficit structurel, c’est-à-dire corriger les effets de la conjoncture. Quand les documents sont arrivés à Bruxelles, la baisse prévue n’était pas de 0,8% mais de 0,2%, c’est-à-dire inférieure à la marge d’erreur, ça fait désordre. La Commission européenne, soutenue par toutes les capitales de la zone euro, parait décidée à renvoyer la copie à Paris. On va donc assister à des tractations à n’en plus finir pour échapper à des sanctions. C’est le crédit de notre pays qui est bien entamé !

Chacun sait maintenant que nous ne méritons pas les taux d’intérêt aussi bas auxquels nous empruntons et que si nous les avons, c’est grâce à la solidarité européenne que nous mettons gravement en danger. Et en plus c’est en racontant des histoires auxquelles personne ne croit plus !

Les conséquences seront dramatiques aussi sur le plan intérieur. Que se passera-t-il en effet si le budget est recalé avec obligation de l’ajuster. Le gouvernement n’a aucune marge de manœuvre : côté impôts la révolte gronde partout et côté dépenses, les promesses sont accumulées sans être déjà financées. Sur la protection sociale, 2 à 3 milliards d’euros d’économies manquent à l’appel. Il n’y a que du côté des économies que l’on pourrait tailler, mais c’est la majorité qui manque pour les réaliser. Une véritable impasse qui pourrait bien déboucher sur une crise politique avant la fin de l’année.

La dissolution de l’Assemblée nationale n’est plus une hypothèse. Il ne s’agit plus de savoir si elle aura lieu, mais quand !

 


UN BUDGET BIEN TIMORE

 

France-faillite


Ce n’est pas avec le projet de budget présenté en conseil des ministres que la France va s’en sortir. Il sent le Sapin laborieux. Passons sur les effets de manche grandiloquents pour vanter des efforts qui n’en sont pas. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne brille pas d’optimisme : le déficit reste élevé (il sera de 4,3 % du produit intérieur brut contre 4,2 % en 2013 et 4,4% en 2014), les tarifs de la Poste augmentent de 7 %, ce qui est sans précédent, et le litre de gazole est frappé d’une taxe de 2 centimes d’euro. Bien obligé de faire avec des recettes qui ne rentrent pas et une absence d’inflation sur laquelle on comptait pour financer virtuellement les économies.

Un budget qui manque d’audace.

Les contours ne nous surprendront pas. Après les coups de cymbales des jours derniers sur les sacrifices que devront consentir les familles et les retraités, beaucoup de bruit pour quelques centaines de millions alors qu’il faudrait des milliards, on ne sera pas surpris de découvrir que les dotations aux collectivités diminuent de 3,7 milliards, ce qui en obligera plus d’une à augmenter ses impôts pour compenser parce qu’elle n’aura pas d’autre choix. Les économies de 21 milliards sont maintenues, mais on ne sait toujours pas comment, sinon par quelques coups de rabots ici et là et quelques astuces comptables, ce qui ne résoudra rien. Quant aux prévisions de croissance de 1% en 2015, 1,7% en 2016, 1,9% en 2017, elles sont bien optimistes et probablement là pour la cohérence de la présentation. Pourtant un coup d’œil dans le rétroviseur sur la présentation du budget 2014 et ce qu’il en est résulté de son exécution apporte un éclairage singulier : comme il se doit, ces prévisions relèvent de la lettre au Père Noël.

Ah ! ce brave M. Sapin-les-socquettes-roses, il est bien content de lui puisqu’il estime que la France fait du bon travail budgétaire. Non pas qu’il n’y ait pas d’efforts de faits, mais ils sont si peu en adéquation avec ceux qu’il faudrait fournir, qu’on le trouve bien indulgent avec lui-même. D’ailleurs il est le seul à s’octroyer un satisfecit. On aimerait que ce soit de l’humour. Mais pour lui, rien ne sera vraiment possible si l’Union européenne ne prend enfin les mesures qui relanceraient la croissance. C’est toujours aux autres d’agir ! Sauf que le discours ne peut pas remplacer les actes et si la Banque centrale européenne a pris des dispositions draconiennes pour faciliter le crédit aux entreprises, l’Allemagne, mécontente des libertés qu’elle prend,  continue à s’opposer à toute relance économique. Ce que notre Argentier sait parfaitement !

Et si on se décidait enfin à imiter l’Allemagne.

Le bateleur d’estrades Jean-Luc Mélenchon, qui fait partie du vaste groupe des partisans de la dépense, où il se retrouve avec les frondeurs socialistes mais aussi avec Marine Le Pen, dénonçait récemment l’acharnement de l’Allemagne à équilibrer son budget, exercice auquel elle est parvenue, alors qu’elle emprunte à des taux négatifs (en clair, on la paie pour emprunter). Ces taux d’intérêts très bas sont un poison à court ou moyen terme et c’est Angela Merkel qui a raison. Elle affiche des résultats enviables : équilibre budgétaire, recul du montant de la dette publique, excédent conséquent de la balance commerciale. Certes, l’Allemagne n’est pas un paradis, les salaires y sont parfois très bas, les inégalités y augmentent. Il n’empêche que nous avons toutes les raisons d’envier notre voisine. Ce qui pourrait nous arriver de mieux, c’est que nous les enviions suffisamment pour les imiter enfin.

Il va bien falloir tailler dans les dépenses autrement qu’au scalpel. La hausse de la dette qui atteint plus de 2 000 milliards d’euros, qui porte les intérêts annuels à plus de 60 milliards, représente 95% de notre PIB. Il faut tenir aux Français un langage de vérité. Ce lourd fardeau qui grossit chaque jour d’1 milliard supplémentaire finira par ruiner totalement le pays et ses habitants. Déjà les marges de manœuvre sont devenues si étroites que le niveau de vie a commencé à baisser, que les services se dégradent, que les fonctions régaliennes ne sont plus totalement assurées. La contraction de la dépense publique courante sera douloureuse, elle est inévitable. Mais on ne peut pas réduire la dépense si on ne montre pas les déficits dans ce qu’ils ont d’horribles, surtout pour les Français les moins favorisés.

Fataliste, le gouvernement coupe où il peut, en préservant si possible ce qui lui reste d’électeurs. A ce régime, l’an prochain on aura encore reculé avec des déficits en augmentation ainsi, inévitablement, que la dette.

Et d'ailleurs, que restera-t-il de ce budget timoré après le passage devant le parlement, sous les fourches caudines des frondeurs… ?