HISTOIRE
LE PETIT COURS D’ORTHOGRAPHE
LE BOUFFON DE CARCASSONNE

L’ETAU DES TAUX, C’EST NOTRE MORT LENTE

étau des taux

Si la France va, comme tout le monde, un peu mieux, elle continue de décrocher et c’est même la lanterne « rose » de l’Europe. Sa croissance reste inférieure à la moyenne de la zone euro, sa dette et son déficit supérieurs. Quant au taux de chômage, n’en parlons pas, il est deux fois plus important que celui des pays comparables. Notre faible taux de croissance dans le contexte actuel n’a rien d’un exploit, il est plutôt significatif de l’immobilisme dans lequel notre pays est congelé. Et la petite brise qui souffle ne va pas encourager aux réformes. Bienheureux serons-nous si l’exécutif n’en profite pas pour dépenser plus en cadeaux à son électorat.

La reprise est anémiée par les sureffectifs et le sous-emploi, ce qui retardera d’autant le recul du chômage. Entre les étudiants qui ont prolongé leurs études et vont se présenter sur le marché et les entreprises qui ont préféré garder du personnel plutôt que licencier à raison de l’ampleur du marasme, les postes créés avec 1 à 1,5% de croissance seront rapidement saturés avant que le chômage commence à reculer, même avec l’effet du CICE dont on connaît le peu de succès.

Si on compare la France à l’Allemagne, on constate que l’écart se creuse : notre voisin dépose deux fois plus de brevets que nous, ce qui stigmatise la faiblesse de nos investissements et la carence de notre recherche-développement. Ce constat se traduit par une conséquence directe et mesurable dans le nombre des robots industriels qui flirtent avec les 35 000 en France,  60 000 en Italie et 150 000 en Allemagne ! Après quoi on s’étonnera que l’écart de coût de l’heure travaillée à 35,71 € en France contre 33,16 € en Allemagne vienne handicaper notre économie. C’est tout simple, au premier trimestre 2015 le commerce extérieur a joué négativement sur notre PIB, l’amputant de 0,5 point,  car nos importations ont progressé plus vite que nos exportations qui restent un point faible inquiétant. Voilà de quoi relativiser les bienfaits de l’euro faible sur notre compétitivité.

Il en est de la mécanique économique comme de la céleste.

L’alignement des astres est par définition temporaire. Il en est de même des données économiques. Le désalignement des planètes « cours de l’euro/dollar », « prix du pétrole » et «  taux d’intérêts » est inévitable. Il a plus au moins commencé avec des oscillations qui soulignent l’instabilité de l’économie mondiale face à une reprise molle et à l’évolution inquiétante de l’économie chinoise. Ce qui veut dire que le contexte favorable qui fait souffler un vent de reprise sur notre économie pourrait disparaître aussi vite qu’il est advenu. C’est pourquoi la cour des comptes avait recommandé au gouvernement la plus grande prudence sur son endettement. C’est tellement tentant d’emprunter quand les taux sont négatifs. Mais le seront-ils encore quand il faudra réemprunter pour rembourser ?

Car c’est une fatalité aussi nuisible qu’insoutenable : la dépense publique en France ne cesse d’augmenter. A 1 226 milliards d’euros en 2014, elle a encore crû de 1,6 %. Au point que la France vient de battre un triste record mondial : celui du pays où la dépense publique, relativement à l’ensemble des richesses produites, est la plus élevée, avec 57,5 % du Produit Intérieur Brut. Ce simple chiffre vient démentir trois idées reçues : d’abord, la légende qui voudrait que nous souffrions d’un excès de politiques libérales. Avec une telle dépense publique et ses corollaires obligés : matraquage fiscal insupportable, bureaucratie kafkaïenne, irresponsabilité administrative, c’est bien sûr l’étatisme qui étouffe la France. Ensuite, le mythe d’une « austérité » qui serait appliquée par tous les gouvernements sans distinction alors que c’est l’inverse qui est vrai : on n’a jamais autant dilapidé qu’aujourd’hui. Enfin, la fable d’un programme d’économies de 50 milliards d’euros qui serait mis en œuvre dans la douleur par le gouvernement Valls. Ce plan est purement virtuel puisque calculé non pas par rapport aux véritables dépenses, mais par rapport à une augmentation tangentielle des budgets jugée « normale ».

Le résultat de cet immense gaspillage.

C’est que l’endettement public a dépassé les 2 037 milliards d’euros, au risque de faire douter les créanciers de notre solvabilité. C’est l’effet « kisskool » des taux bas qui a permis de payer en 2014 des intérêts inférieurs de 900 M d’€ à ce qui avait été budgété malgré la hausse de l’endettement. La forte baisse des taux a agi sur nos gouvernants comme la morphine. Ils ont continué à nous endetter comme jamais, ont ralenti le programme de réduction des dépenses. Les intérêts économisés en 2014 ont servi à financer de nouvelles dépenses, ce qui est une absurdité … Mais ce n’en est pas moins un poison qui agit comme la morphine et qui finit par tuer. Les socialistes qui n’ont pas profité de l’occasion pour améliorer nos finances ont placé la France dans une situation encore plus vulnérable en cas de rebond des taux d’intérêt. Or depuis un mois on assiste à une forte remontée des taux qui font craindre un krach obligataire. Personne ne sait dire quand ce réajustement des taux souverains s’arrêtera ni comment il évoluera. Personne n’est capable de mesurer l’impact sur les marchés d’un « Grexit » qui devient chaque jour un peu plus inévitable tant le chantage du gouvernement grec, qui veut nous faire payer la facture à sa place, est insupportable !

La dette supplémentaire que nous accumulons va devoir être financée et refinancée pendant de nombreuses années et elle ne le sera vraisemblablement pas aux taux très bas auxquels elle a été contractée. La sanction de cette impéritie, qui ne vient jamais de Bruxelles pour des raisons politiques évidentes, ce seront les marchés qui la présenteront un jour ou l’autre en nous présentant l’addition avec des taux d’intérêts qui feront monter les factures à des niveaux que nous ne pourrons plus honorer. Un scénario à la grecque qui n’est pas exclu.

Il sera alors trop tard pour regretter de n’avoir pas agi quand il était encore temps. Merci qui ?

 A suivre : le "bouffon de Carcassonne".

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