CES BONNES NOUVELLES … QUI N’EN SONT PAS !
02 mars 2015
C’était évidemment trop tentant.
A quelques encablures d’une échéance électorale, pouvoir annoncer quelques bonnes nouvelles ne fait pas de mal à la cote électorale. Encore faut-il que les nouvelles soient réellement bonnes. Je ne suis pas certain que les Français auront ressenti ce « mieux » que le gouvernement annonce avec un peu trop d’empressement sur divers fronts, profitant, comme il est devenu coutumier de le dire, de « l’alignement des planètes », alors que sa majorité bat de l’aile et que la mauvaise humeur gronde dans les campagnes. C’est qu’avec la gauche, la manipulation n’est jamais loin et il y a toujours un banc de brouillard entre ce qui est annoncé et ce qui est vraiment. Il faut dire que le défi est de taille quand on sait, avec le dernier sondage du JDD, que plus d’un électeur sur deux de gauche n’ira pas voter.
Alors tout est bon ! Voilà que contre toute attente, le chômage a baissé en janvier. Voilà que la France a deux ans de plus pour atteindre les 3% de déficit promis en 2013, puis 2014, puis 2015… un moyen d’échapper encore un peu à « l’austérité » que les autres se sont imposée, c’est-à-dire autant de temps perdu que notre économie ne pourra peut-être pas rattraper. Voilà même que les prévisions de croissance s’améliorent pour 2015 et 2016, comme un coin de ciel bleu dans la grisaille des éléments. A voir.
Le chômage a baissé ! Mon œil !
Les chiffres du chômage sont tombés pour janvier : le gouvernement annonce 19.100 chômeurs en moins sur le mois de Janvier 2015. Mais cela ne concerne que la catégorie A et grâce à des transferts sur les catégories B et C… ! Les demandeurs d’emploi sortis de Pôle Emploi en janvier ne représentent que 2.300 reprises d’emploi déclaré à mettre en face de 4.400 cessations d’inscription pour défaut d’actualisation. 35.000 chômeurs qui ont travaillé plus de 78 heures ont été transférés de la catégorie A vers la catégorie C. En fait, le chômage a plutôt augmenté de 16.100 nouveaux inscrits. Et c’est bien ce que l’on constate dans le total des catégories A, B et C qui est passé de 5.216.000 en décembre 2014 à 5.232.100 inscrits en janvier 2015. Ce qui fait que la barre des 900.000 nouveaux inscrits en catégories A, B et C vient d’être franchie en seulement 33 mois de mandat de Hollande. (905.100 nouveaux inscrits exactement depuis Avril 2012 ! Un triste record !). Manolito montre sa capacité de bon socialiste à exceller dans le subterfuge, et son indécente autosatisfaction (c’est grâce au CICE qui entre à peine en application) est trop proclamée pour être honnête.
La Commission recule à 2017 la baisse du déficit de la France à 3% du PIB. Du poison ou de la morphine !
La France qui accumule depuis 2009 les retards à réduire son déficit public à la norme européenne obtient un nouveau sursis pour se serrer la ceinture, pour la troisième fois. Dormez en paix braves gens, l’austérité n’est pas encore pour demain. Les 3% de déficit seront pour 2017, juré ! Une victoire ? Que nenni ! Une décision qui est un cadeau empoisonné en ce qu’il consacre surtout l’incapacité de la France à faire les réformes de fond indispensables. La France est la lanterne rouge de la zone euro et ses comptes continuent de se détériorer ce que la « Commission » constate : pour elle, notre pays connaît à la fois un déficit budgétaire « excessif » et des déséquilibres économiques « excessifs » eux aussi (dette publique, rentabilité des entreprises, comptes extérieurs). Seule la Bulgarie fait aussi mal que nous ! D’ailleurs la Commission s’inquiète car elle prend désormais en compte les risques que l’économie française fait peser sur l’union économique et monétaire en termes de retombées négatives. C’est pourquoi le nouveau répit est assorti d’un calendrier et d’exigences : il va falloir trouver 4 milliards d’économies supplémentaires cette année (ou d’impôts ?)! De fait avec le vote de la loi Macron, qui se révélera inopérante, et l’utilisation du 49-3, la majorité n’est pas en mesure de voter les mesures indispensables au redémarrage de l’économie française. Pire, les blocages sont apparus au grand jour, réduisant d’autant la marge de manœuvre du Premier Ministre. Pour pallier à cette situation, le Président s’évertue à tendre un rideau de fumée en courant à travers le monde pour proclamer sa nouvelle foi écologique dans la lutte contre le réchauffement climatique. Une manière de chercher des résultats sur un autre front, sachant toutes les autres batailles perdues.
La croissance repart ? Même pas en rêve !
La perspective de faire 1% de croissance est plutôt une bonne nouvelle. C’est toujours mieux que le piteux 0,4% de 2014. Ce qui ne va pas, c’est que notre pays devrait faire beaucoup mieux. L’exécutif bénéficie d’une chance inouïe avec « l’alignement des planètes » dont il nous rebat les oreilles. C’est vrai que les conditions sont exceptionnellement favorables avec le pétrole en baisse (mais que l’on paie en dollars), l’euro qui en fait autant (ce qui atténue la baisse du pétrole) et favorise notre commerce extérieur à la zone euro, les taux d’intérêts très bas qui ne surenchérissent pas les intérêts… d’une dette devenue abyssale. Sauf que la France ne s’est pas délestée de ses boulets qu’elle traine, sans volonté de s’en débarrasser : temps de travail, code kafkaïen, dépenses publiques (57,7% du Pib), fiscalité décourageante. Hypocritement elle peut même compter sur le rebond exceptionnel de ses voisins qui se sont astreints aux réformes douloureuses pour profiter doucettement de l’embellie économique internationale. Il n’y a donc pas lieu de crier victoire. On pourrait viser les 2,5% de croissance si nous avions été courageux, au lieu de se comporter en passager clandestin de l’Europe. Et quand on sait qu’en-dessous de 1,5% la situation de l’emploi ne s’améliore pas, les Français n’ont rien à attendre de ce gouvernement. D’autant plus qu’il y a gros à parier que le répit va être mis à profit pour remettre dans les tiroirs les réformes indispensables en laissant le soin aux suivants de les faire. Voilà ce qui arrive quand on n’a plus de majorité fiable, et qu’on manque de volonté soi-même. Il ne reste plus qu’à faire des moulinets pour donner le change.
Après avoir gâché deux ans et demi, voilà deux ans et demi d’un nouveau gâchis qui s’annoncent.
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