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SHINZO ABE : LES ABENOMICS DANS L’IMPASSE

Abe

 

Vous le savez, je suis depuis le début le déroulement de l’expérience tentée par le 1er Ministre du Japon Shinzo ABE, nommée « Abenomics », pour sortir son pays de la déflation et de l’impasse économique dans laquelle il est plongé depuis plus de 20 ans. Une expérience d’autant plus intéressante qu’à bien des égards, elle ressemble à ce que préconise Marine Le Pen pour redresser la France.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le remède n’a pas fonctionné.

Le PIB nippon a reculé pour le 2ème trimestre consécutif, ce qui en terme vulgaire signifie « entrer en récession ». même les plus pessimistes n’avainet pas prévu une telle chute dramatique : une contraction de l’économie de 1,6% (0,4% par rapport au trimestre précédent). La cause : TVA ! C’était la 3ème flèche des Abénomics. Pour reconstituer les finances publiques mises à mal , notamment par la hausse des dépenses pour relancer la consommation et par la dévaluation de 25% du Yen, Shinzo Abe a augmenté cette taxe de 5 à 8% le 1er avril dernier. Un tour de vis qui, selon les experts locaux, ne devait avoir qu’un impact marginal sur l’activité. Patrick Artus de Natixis, avait, lui, pronostiqué « un bain de sang ».  C’est ce qui s’est passé avec le recul du PIB. Avec un endettement porté à 250%, cela n’a rien de joyeux pour une économie qui reste sous perfusion publique depuis deux décennies.

C’est un colossal désaveu pour le chef du gouvernement nippon.

Ses » Abénomics » reposaient sur une prophétie auto-réalisatrice selon laquelle les Japonais qui devaient croire dans la croissance comme on croit en religion, retrouveraient le chemin de la consommation. La « bulle de confiance » a fini par éclater. Déclencher chez le consommateur des « anticipations d’inflation » pour avancer les achats, puis la production, puis les investissements, relève plus du pari que de la science économique. Le pari est évidemment perdu ! Ce qu’on retient c’est un pays dont l’économie est à l’arrêt, inondé de liquidités et une irresponsabilité budgétaire maintenue jusqu’à l’absurde. L’inflation a bien atteint les étiquettes, car venue de l’extérieur, elle a touché les cours de la bourse, mais, malheureusement pas les salaires. Le pouvoir d’achat a chuté de 8% en deux ans ! Inutile de dire que les réformes structurelles qui auraient dû être menées, sont restées lettres mortes.

Un coup de poker pour garder le pouvoir.

Le gouvernement nippon se voit donc obligé de renoncer à la nouvelle hausse de 2% de la TVA qui était prévue pour 2015 et pour couronner le tout, le 1er Ministre prépare un coup de poker pour se tirer de l’impasse politique où son échec économique le mène, en provoquant des élections anticipées qu’il est à peu près certains de gagner face à une opposition prise de court. C’est pourquoi il a dissous l’assemblée. Il va ainsi s’assurer un peu plus de longévité au pouvoir.  C’est une manœuvre politicienne qui s’appuie sur le renoncement de la hausse de 8% à 10% de la TVA, ce qui ne fera pas les affaires de la Banque du Japon, mais sera suffisant pour lui assurer les faveurs des électeurs. Ce demi-tour fiscal est aussi un renoncement à mettre de l’ordre dans les finances d’un état confronté à une dette de 7 000 milliards d’euros. Une politique qui ne sera pas non plus du goût des investisseurs dans les obligations nipponnes, faisant remonter les taux d’intérêts des bons du trésor du pays que les financiers s’évertuaient à affaiblir. ..

Quelles leçons en tirer ?

D’abord que le projet « Abenomics » ne s’est pas accompagné des efforts indispensables en réformes structurelles et qu’après les effets toujours bénéfiques d’une relance par l’inflation budgétaire, vient toujours le coup de gourdin des réalités. Ensuite, que dans une économie « ouverte », dont les grands groupes industriels produisent souvent à l’extérieur du Japon lui-même, l’argent ne va pas forcément aux investissements mais à la thésaurisation. Or, ce sont les investissements sur place qui font redémarrer l’économie, pas la consommation de produits venus d’ailleurs. Enfin, quand tout augmente sauf les salaires, le résultat est connu d’avance. Dans un tel contexte, l’épargne de précaution d’un pays vieillissant est logique. Au détriment du développement économique.

Avis aux amateurs !

Voilà un scénario qui devrait faire réfléchir les Français qui croient trouver dans les solutions « audacieuses » de Marine Le Pen, l’alpha et l’omega de la politique qui ferait sortir la France du marasme où le pouvoir socialiste l’a plongé. Sortie de l’euro, Hausse massive du SMIC, milliards de Francs avec la planche à billets, retour à la retraite à 60 ans, etc… dans un pays dont l’économie est imbriquée au quotidien dans celle de nos partenaires, c’est courir à la vitesse supersonique à la déroute, une catastrophe certainement bien plus cataclysmique que celle dans laquelle le Japon est plongé.

 

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