Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Victor Hugo, Les rayons et les ombres
En cette fin de vacances d’été, nous avions deux enfants de 7 et 9 ans à occuper. Pourquoi ne pas aller à Terra Botanica ? Disons franchement que nous avions un petit doute sur l’intérêt que les deux garçons, plus attirés par leur smartphone que par le plein air, pourraient accorder à ce parc thématique qu’on pourrait croire pensé plutôt pour les adultes. Nous avons donc opté pour le « parcours enfant » qui est proposé dans les plaquettes de présentation. Celui-ci nous parut suffisamment consistant puisqu’il permet de faire pratiquement le tour des thèmes abordés.
Le parc Terra Botanica est au végétal ce que la neuvième symphonie est à Beethoven : une apothéose.
Dès l’entrée, nous avons apprécié le cadre quasi enchanteur. Depuis notre dernière visite, il y a deux ou trois ans, le parc a atteint sa maturité. La végétation y est à son apogée en cette fin août et l’entretien est irréprochable : présentations des plantes, arbres, comme le sol, tout est impeccable. On retiendra : la « féérie des dahlias » : une explosion des couleurs à perte de vue pour cette plante emblématique de la vallée de l’Authion, qui n’est pas sans rappeler Keukenhof, le parc des tulipes d’Amsterdam, toutes proportions gardées, évidemment ; le parcours luxuriant « aux racines de la vie » que les enfants voulurent emprunter deux fois ; la promenade documentée en barque de « l’odyssée botanique » a gardé tout son attrait et nous permet d’apercevoir au passage de bonnes grosses grappes noires de cabernet franc de bon augure, parmi toutes les autres plantes présentées où l’hortensia préside. Et puis la très fleurie « allée des grands-mères » avec ses recettes illustrées est venue conclure comme un point d’orgue… apportant sa touche colorée à la symphonie végétale. Arrivés vers 15H, nous sommes repartis à 19H, au moment de la fermeture, un peu vannés, mais contrat rempli, émerveillés par la magie des lieux qui réussit à faire cohabiter des végétations de toutes les parties du monde. Un seul bémol : il faisait beau mais les conditions atmosphériques ne permettaient pas le vol de la montgolfière et donc nous n’avons pas pu profiter de la vue d’en haut … Partie remise.
Un parc conçu pour les familles.
Nous avons eu aussi la chance de venir un jour où la fréquentation du public n’est pas trop dense : le parking rempli nous avait fait craindre une forte affluence. En réalité, l’effet de dispersion a joué à plein : peu de queue aux animations, pas de presse dans les allées plus étroites. Le parcours enfant se révèle très judicieux car, en fait, la répartition des animations conduit à visiter l’ensemble du parc. Nous avons commencé par « à l’épreuve des extrêmes », car je savais que la présentation du professeur « Chlorophylle » en hologramme séduirait nos deux garçons. Le parcours pour y arriver leur permit de découvrir les plantes aquatiques et une « mer » de lotus magnifique, la serre abandonnée, puis le coin de l’Asie avec sa mini-rizière et surtout les plantes carnivores, dont Arsène est féru puisqu’il en élève une. A voir les deux gamins gambader, s’arrêter, observer, nous sûmes que la partie était gagnée. Comme prévu, l’animation sur les plantes des climats extrêmes rencontra leur adhésion et la visite des locaux consacrés à chaque climat fut l’occasion de cultiver un peu plus leur curiosité. Le parcours continua avec passage rapide au milieu des arbres « sculptés » pour arriver au « potager futé ». Là, le plus jeune entre tout de suite dans ce qu’il doit faire tandis que le plus grand n’accroche pas. Le problème, c’est que tout le monde ne comprend pas le jeu et de nombreuses tablettes restent dans les brouettes. Dommage. La présence d’un adulte permettrait peut-être d’y remédier, car les parents repartent sans se préoccuper de leur remise en place. Nous les laissons un petit moment sur « l’île des lutins », explorer tous les recours de la structure de 7 m de haut qui leur est proposée, et c’est une pause bienvenue pour nous dans les fauteuils du bar voisin. Pause prolongée par la sortie burlesque d’un terranosaure avec lequel il fallut faire les inévitables « selfies ». Ils décidèrent de consacrer un peu de temps à la fouille, les deux garnements prenant plaisir à dégager, à coups de truelles et de pinceaux, la patte d’un fossile dont une grande partie avait été nettoyée par d’autres. La tâche terminée, il restait encore beaucoup à « dégager » pour nos deux paléobotanistes en herbe, mais la suite de la visite nous imposait de repartir à la découverte. Le voyage en coquille de noix nous a laissés sur notre faim et les jambes un peu flageolantes : voilà une animation qui aurait besoin d’un petit coup de jeune. Mais les garçons se sont rattrapés dans la vaste structure de « graines d’aventures » d’où nous les avons extraits à grand mal. Le plus grand a aimé le « Safari dino » en 4D, le plus jeune, un peu sensible, ayant préféré faire l’impasse. Mais les deux ont trouvé le spectacle du « théâtre des plantes » trop décousu. Par contre « la symphonie du chêne » est une belle trouvaille : l’histoire est suffisamment courte et les apparitions successives des instruments les a beaucoup amusés. On a terminé par le « jardin des légendes » et son évocation des contes et légendes, et c’est encore un bon moment. « C’était génial » ont-ils conclu quand on a annoncé la fin du périple. Un satisfecit qui nous combla.
Une belle évolution à continuer.
Nous n’avons pas pu éviter quelques impasses : ainsi nous avons snobé les « cabanes à quizz » qui n’attiraient pas les enfants. Mais dans l’ensemble, les animations ont été bien renouvelées. Nous avons délaissé, faute de temps, toute la partie sur les grandes explorations et il est difficile donc de donner un avis. Il est certain que chaque fois qu’on associe les technologies modernes, le parc gagne en attirance. On soulignera au passage la prouesse qui consiste à évoquer les contes et légendes de notre région en quelques minutes avec un film et deux comédiens époustouflants dans une mise en scène bondissante. L’évolution en continu est une nécessité pour faire venir et revenir le public, de même que les temps forts événementiels et saisonniers sont un bon moyen de faire connaitre le Parc Terra Botanica. Un bravo donc à l’équipe qui a pris en main ses destinées et qui se bat pour augmenter sa fréquentation et en faire un « incontournable » des sites à visiter. Une belle carte de visite pour notre Anjou, pôle végétal !
faire un clic gauche de la souris sur les photos pour les agrandir, revenir à l'article avec la flèche "retour" du navigateur.
Une personnalité avait coutume de dire que les Angevins étaient les « Chinois de l’Europe ». A voir comment les Sénatoriales se profilent dans notre département on a bien l’impression que cette approche se vérifie. Plus compliqué, tu meurs ! Mais ça me rappelle aussi ce que disait un ancien maire d’Angers dont j’étais proche : « En Anjou, on assassine derrière les tentures ! ». C’est à qui fera sa liste pour dynamiter celle du copain. On a beau avoir affaire à des « grands électeurs », il va bientôt falloir leur fournir un guide illustré « de la sénatoriale en Maine-et-Loire » pour que chacun puisse s’y retrouver dans un capharnaüm où un cochon ne retrouverait pas ses petits. Va-t-il y avoir plus de candidats que de grands électeurs ?
Zizanie à gauche.
A gauche entre ceux qui sont partis chez En Marche, qui doivent composer avec la nomination de Emmanuel Capus et qui l’ont en travers comme Stella Dupont, et ceux qui contestent la nomination par le national de la tête de liste PS, Sophie Foucher-Maillard, comme Joël Bigot « macronpatible » (c’est la mode) qui entendait bien la mener lui aussi, ce serait comme qui dirait « la zizanie »… On compte s’en remettre au vote local des militants (s’il en reste) pour trancher. Encore que deux listes, ce ne soit pas exclu.
Du côté de la Majorité présidentielle, ça remue aussi.
On a d’abord la liste officielle emmenée par Emmanuel Capus qu’il présente aujourd’hui comme inédite. Pour sûr, elle l’est doublement. En premier par ses deux investitures successives puisqu’il avait demandé et obtenu l’investiture LR, le 5 juillet, pour ensuite se raviser, et par on ne sait quelle opération du Saint-Esprit, accepter dix jours après la tête de liste de LREM. Le plus fort, c’est qu’il ose encore revendiquer son appartenance aux Républicains après ce manque de loyauté. Chacun appréciera. En second, curieusement, il se présente à la tête d’une liste de quatre membres alors qu’il en faut six : aurait-il du mal à boucler ? Côté argumentaire, avec ses colistiers venus d’ailleurs, il prétend se situer au-delà des clivages, c’est-à-dire quelque part dans l’éther : nulle part, quoi ! Si lui « ne souhaite pas l’échec de Macron » sa numéro deux, Marie-Claire Starel, préfère parler « de la réussite du Président » : on appréciera la nuance, pour avancer ensuite une raison commune bien piètre (une scie qui tourne en boucle chez les « constructifs ») : « sinon on aura la prochaine fois Le Pen-Mélenchon »…. Et en plus, ils ont une boule de cristal ! Mais ça évite de parler des vrais sujets comme la réduction des dotations aux collectivités locales. Quant à se targuer de l’originalité d’une liste chabada, c’est tout bonnement imposé par la loi ! On ne peut que souhaiter à M. Capus une belle veste pour l’automne qui s’annonce tempêtueux.
Car il a dans les pattes une liste dissidente de militants authentiques (eux) d’en Marche menée par le Maire de Saint-Mathurin, Jean-Charles Prono, et l’adjointe au Maire d’Angers, Françoise Le Goff : une liste du centre et des territoires ruraux qui a le goût d’En Marche, la couleur d’En Marche, mais n’est pas (officiellement) En Marche ! Vous suivez ? Ce sont les grands électeurs d’Angers qui ne vont pas savoir à quel saint se vouer !
Pléthore en vue au centre.
Au centre, je n’entre pas dans le détail : c’est pléthore. Je savais l’Anjou centriste, mais à ce point-là, je n’imaginais pas … Il y aurait au moins trois listes : une avec Gilles Leroy, une avec Frédéric Mortier (ceux-ci n’ont pas confirmé). Je plains sincèrement Isabelle Leroy qui mène sa liste UDI et qui a légitimité à mener ce combat pour le Sénat.
Heureusement, dans tout ce méli-mélo, émerge la liste de Catherine Deroche.
Composée de six élus expérimentés et représentatifs des territoires du département, elle est la seule qui corresponde réellement aux impératifs de sérieux que réclament la haute assemblée : expérience d’abord, compétence ensuite. Avec deux plus : des convictions qui ne varient pas au gré du vent, et une ouverture d’esprit qu’impose la logique du travail sénatorial. Sénatrice sortante, Catherine Deroche peut mettre en avant sa maîtrise du travail législatif et son expertise des dossiers de nos collectivités. Cela mérite bien deux sièges ! On aura l’occasion de revenir sur ses colistiers et sur son programme.
Vous comprenez maintenant pourquoi c’est dans notre département qu’a été inventée la « soupe angevine ».
On ne fait pas prendre des vessies pour des lanternes aux Français.
Ce vieux peuple, pétri d’Histoire, ne se livre pas aux pieds du premier venu, fût-il issu du suffrage universel. Il connait la règle : quelles qu’aient été les conditions du scrutin, celui qui est élu, est élu. Il n’en garde pas moins sa capacité de discernement et de résistance. Profondément démocrate, je le crois, il est capable de dénoncer rapidement tout ce qui lui parait excès d’autorité. Eminemment politique, il est à l’affût de toutes les supercheries électorales, des promesses non tenues et des rendez-vous « peau de lapin ». On ne la lui fait pas ! Plus de deux siècles après la monarchie absolue, il n’est pas né celui qui, comme par magie, ferait disparaître les clivages qui animent les débats, façonnent les clans pour ne pas dire les « familles » et se fondent sur une histoire politique et sociale, souvent très ancienne. C’est toute une culture dont il est imprégné. Chassez le naturel, il revient au galop. Un instant le camelot peut brouiller les pistes. Un instant seulement. Un instant, le Français peut se laisser séduire par un verbe, une image, mais un instant seulement, si le fond se révèle en désaccord avec l’image trop convenue ou une parole trop creuse. Rien de redoutable dans tout cela. Simplement, le peuple français est complexe comme aucun autre.
En France, et depuis bien longtemps, les partis n’ont pas bonne presse.
Prévus dans la Constitution pour concourir à l’organisation de la vie démocratique, ils sont, sauf période exceptionnelle d’engouement, anémiques en regard du potentiel électoral. Toutes tendances confondues. Les Français traitent leurs partis comme leurs syndicats : ils adhèrent peu et sont méfiants. Cela n’empêche pas les partis d’être la référence de courants de pensées qui orientent ensuite les votes. Mais les Français fuient par-dessus tout l’embrigadement. Seul le noyau dur des électorats captifs milite. On s’étonnera ensuite de l’inadéquation de leurs positions avec la base des électeurs inscrits. Le consensus est donc rare et difficile à obtenir. Les périodes de mutations et de crises comme celles que nous avons connues récemment et vivons encore aujourd’hui accentuent le sentiment d’impuissance à régler les problèmes. L’inculture générale des médiateurs, les élites technocratiques sans autre culte que celui de l’Etat, les prêches des uns et des autres le plus souvent pour des remèdes diamétralement opposés, la permanence d’un personnel politique qui donne le sentiment de privilégier la carrière au bien commun, … les facteurs ne manquent pas qui ont pu conduire à ce que l’on appelle le « dégagisme ». Mais chassons le naturel, il revient au galop. Chacun a vite fait de revenir à son ancrage naturel, par confort intellectuel. Alors ni droite, ni gauche, ça conduit au mieux à des acteurs qui vivent ensemble mais se regardent en chien de faïence, au pire à une action qui tire à hue et à dia. C’est ce qui se passe dans les cabinets ministériels en ce moment. Mais une fois le bruit et la fureur retombés, les clivages reprennent leur territoire, inéluctablement. Les partis peuvent mourir, les courants de pensées, jamais (J’ai l’impression de me répéter).
Non, la France n’est pas un pays redoutable.
C’est la situation qui l’est. Contrairement à Nicolas Sarkozy en 2007, Emmanuel Macron est un président « mal élu ». Dès le premier tour, il faut franchir le seuil des 30% pour avoir des marges de manoeuvre et rassembler largement au second tour. Avec seulement 24%, le socle n’est pas suffisant. C’est la confrontation avec Marine Le Pen qui a permis le score du second tour mais avec un taux d’abstention qui en dit long sur la réticence et l’embarras que suscitait le choix proposé. Les législatives ont aggravé encore le constat : avec plus de 50% d’abstentions, les Français ont manifesté non leur désintérêt, mais leur méfiance tout en souhaitant laisser une chance à l’élu de la présidentielle. Une position d’attente qui décante aujourd’hui. Il ne faut donc pas s’étonner si le fossé entre les ambitions de changements du Président et les attentes des Français s’est creusé, et s’ils expriment maintenant une résistance tranquille (pour l’instant) au vu des premiers mois de pouvoir. Emmanuel Macron s’est comporté en béotien et a pratiqué ce que les Français détestent le plus : l’image pour l’image et l’autoritarisme arrogant, qui font de lui un personnage superficiel. A lui d’apprendre, et vite !
Notre responsabilité est collective.
Son impopularité a pu surprendre ses partisans, mais elle est logique. Pas de base suffisamment large au départ, et accroissement du scepticisme. Toute comparaison avec les présidents précédents est inutile. Chaque mandat démarre avec un contexte et des spécificités différentes. On retiendra seulement que la dégringolade n’aura jamais été aussi rapide. Quel paradoxe : on a cru que les Français avaient été capables de cet exploit de mettre au pouvoir le représentant « jailli de nulle part » d’une nouvelle génération, surprenant par cette audace le monde entier aussitôt tombé en pâmoison par médias interposés, et ces mêmes Français sitôt la séquence électorale retombée, de reprendre leurs habitudes… Comme si tout cela s’était fait sans eux ! Ce qui est un peu la réalité. Il ne sert donc à rien de crier « haro sur le baudet », nous sommes tous responsables de cette situation : la classe politique et ses petits meurtres entre camarades, les médias qui nous ont vendu à longueur d’antennes et de unes le sauveur suprême, les élites et les intellectuels avec leur euphorie sans fondement, et le peuple lui-même en n’allant pas voter ce qui représente un bon paquet de Français ! Ce qui fait que le résultat n’a été en fait que le croisement du hasard et des circonstances, bien exploités, il est vrai par le vainqueur. Tout aurait pu être différent : il s’en est fallu de quelques points tant les écarts à l’arrivée du premier tour étaient faibles entre les quatre premiers. Imaginons ce qui se serait passé dans d’autres cas de figure… Alors la chute de Macron vient de ce que la nouveauté n’est pas à la hauteur des espoirs qu’elle suscitait pour les uns, des décisions erratiques et contorsionnistes en matière de fiscalité pour les autres. Comme dit Sarkozy, « ce qui n’est pas fait en juillet, il faut le faire en septembre » … On entre dans le dur. Comme pour ses prédécesseurs, rien ne sera épargné à Emmanuel Macron. C’est la rentrée de tous les commencements, avec l’immobilisme à affronter, les corporatismes à museler, la technostructure sûre d’elle à dépasser, la surenchère gauchiste et les élans de la rue à contenir fermement mais si possible sans casse … Il y en a pour cinq ans que ça nous plaise ou non. Cela nous oblige à faire sérieusement de la politique et à construire une opposition de la droite et du centre crédible. Mais il ne sert à rien de se plaindre d’une situation pour laquelle notre responsabilité est engagée autant que celle de bien d’autres.
Comment Macron va-t-il empoigner la réalité ? Ce sera le sujet d’une autre chronique à venir.
Août 2007 : la faillite de Lehman Brother déclenchait la plus violente crise que la planète financière ait connue, tant les « subprimes » truffés de créances insolvables avaient inondé le marché jusque dans les moindres recoins de nos banques. Dix ans après où en est-on ? On a l’habitude de dire que l’histoire ne se répète pas. Par contre, les mêmes causes entraînent toujours les mêmes effets. Dix ans après, les effets de cette violence secousse qui a touché le monde entier en bousculant toutes les économies, ont en grande partie été digérés. La question qui hante les esprits reste pourtant : « est-ce qu’une même crise peut se reproduire ? » Tentons d’y répondre sans entrer dans le détail de ce que les spécialistes et les analystes observent.
Voyons les chiffres.
L’endettement mondial atteint un record de 217 000 milliards de dollars, contre 142 000 milliards dix ans plus tôt. C’est 327% du PIB mondial ! La dette totale a augmenté de 2 000 milliards de dollars aux Etats-Unis et dépasse 63 000 milliards à la fin du premier trimestre de cette année. Dans ce contexte, on sait que la France n’a pas fait mieux et ce qu’il en est de sa dette qui a continué de gonfler. Les marchés ont beau bien se porter, on ne peut pas dire que la situation se soit totalement assainie.
D’abord ce qui est rassurant.
Les banques se sont remises du choc de 2007, sous la pression des autorités. Le risque systémique, grâce à un renforcement draconien des fonds propres, est devenu très faible. Elles ont mené de lourdes restructuration, notamment aux Etats-Unis et ont doublé leur capitalisation rapportée à leur risque financier. Les européennes n’ont pas encore tout-à-fait tourné la page, et certaines traînent encore des créances douteuses qui plombent leur bilan, en particulier en Italie. Mais le mécanisme de supervision unique est en place et prêt à parer à toute éventualité. Les mécanismes de régulation initiés par le Comité de Bâle, ONU de la finance, avec les accords Bâle 1 et Bâle 2, et les milliers de pages de réglementation, rendent presque impossible une faillite générale accompagnée d’un « bank run » (les gens se précipitent pour retirer leurs avoirs).
Ensuite, ce qui est inquiétant.
Les « subprimes ». Ils ont été à l’origine de la crise de 2007 et n’ont pas disparu. Au moins deux bulles existent aux Etats-Unis sur les crédits automobiles, et sur les prêts étudiants. Les crédits aux ménages très peu solvables ont aussi explosé et pèsent 33% des crédits titrisés.
La titrisation. Car autre mauvaise nouvelle, la titrisation a continué aussi. Cette procédure qui consiste à noyer des actifs peu solvables dans des paquets de titres avait contribué à aggraver la crise des « subprimes » dont ils étaient les vecteurs. Tous les produits toxiques n’ont pas été éradiqués et on en produit de nouveaux, malgré 320 milliards de dollars d’amendes. En cause, les nouvelles contraintes en capital et la faiblesse des taux qui ont réduit les marges des banques et ont poussé celles-ci à délester leurs bilans en recourant à la titrisation. La chine suscite aussi des inquiétudes car les banques y recourent à des montages de titrisations complexes pour se débarrasser d’actifs toxiques. Une trentaine d’entre elles totaliserait 2 000 milliards de dollars de ce type de créance.
De nouvelles bulles sur les marchés. Elles gonflent avec le déversement d’une masse considérable de liquidités par la Fed, la banque du Japon, puis par la BCE, qui font flamber les prix des actifs. Les indices boursiers ont bondi (265% pour le S&P). La plus grande menace est la sortie de la politique monétaire expansionniste, avec le risque d’un dégonflement brutal de la bulle obligataire. La Fed a commencé. La BCE devrait y venir en 2018. Il faudrait ajouter au tableau la flambée de la dette chinoise consécutive à la forte hausse du prix de l’immobilier. Elle est aujourd’hui sous contrôle du gouvernement chinois, mais pour combien de temps ?
Le comité de Bâle est en panne. C’est le dernier signal négatif. La sortie définitive de la crise financière s’embourbe dans des jeux de défense d’intérêts nationaux et il ne parvient pas à boucler la négociation portant sur les montants des fonds propres que doit détenir une banque pour couvrir les risques (Bâle III). La méfiance des Etats-Unis et la volonté de Trump de « déréguler » dans son pays ne sont pas étrangères à cet enlisement, alors que bien d’autres chantiers seraient à mener (trucages sur les marchés des changes, non-respect des embargos …)
Reste que rien n’a été fait pour tenter de réguler la finance de l’ombre.
Les hedge funds, les plates-formes de prêt participatif, les sociétés de gestion de patrimoine échappent à tout contrôle. Ce système parallèle représente le quart de la finance mondiale. Un défi immense pour l’économie mondiale, car contrairement aux banques, les prêts octroyés par ces institutions ne sont pas garantis par le dépôt des épargnants mais par l’argent que veulent bien leur consentir les investisseurs… Cela les rend particulièrement vulnérable à la conjoncture.
Pour tout dire, dix ans après, la finance mondiale vit et danse de nouveau sur un volcan. Nous ne sommes donc pas à l’abri d’un nouvel incendie, sauf que nos pompiers qui avaient été à l’oeuvre avec succès en 2007, la Fed et la BCE, aujourd’hui n’ont plus d’eau car elles ont pratiquement épuisé leurs réserves !
Le pire n’est pas toujours certain, heureusement ! Quoique ….
En politique, on ne meurt jamais.
Surtout les méchants ! François Hollande, tel Rastapopoulos dans les aventure de Tintin ou Olrik dans Blake et Mortimer, vient de prouver qu’il était toujours vivant en attaquant, brusquement et brutalement, Emmanuel Macron, au sujet des réformes que le président actuel veut engager et que son prédécesseur, dans des propos qu’il a tenus au festival d’Angoulême, vient de juger dangereuses.
La vengeance est un plat qui se mange froid.
On pensait qu’il se ferait oublier. En fait il ruminait sa vengeance et attendait le moment propice pour compliquer la vie de son successeur. Il n’a pas cédé à un imprévisible accès de colère mais plutôt à un irrépressible ressentiment qu’il a été incapable de contrôler. Il voudrait tout simplement que les Français se félicitent de l’héritage qu’il a laissé et pour cela, rien de mieux, que de critiquer acidement Emmanuel Macron sur les réformes qu’il a entreprises. Il ne faut pas « demander aux Français des sacrifices qui ne sont pas utiles (…) Il ne faudrait pas flexibiliser le marché du travail au-delà de ce que nous avons fait, au risque de créer des ruptures. » Le message est clair, après le « temps de la récolte est venu », qui nous a fait sourire, pour se glorifier des bons chiffres du chômage. D’ailleurs le PS en a aussitôt rajouté une couche en prétendant que le « redressement est le produit des efforts des Français et des décisions que François Hollande et ses gouvernements ont prises pendant cinq ans ». Refaire le coup de l’héritage en espérant que les Français soient un peu oublieux de son caractère calamiteux ! Manque pas d’air !
Petit rappel.
Ce sont des déclarations qui mentent par omission, en restant indulgent. Le pingouin a quitté l’Elysée après avoir détruit au moins six cent mille emplois. Si l’économie française connait une embellie avec un retournement de tendance constaté depuis le début de l’année 2017, les deux résultent un peu des timides réformes entreprises sous son mandat et beaucoup d’une amélioration de la conjoncture dans toute l’Europe, toutes politiques économiques confondues. Cela ne mérite pas qu’il massacre son ex-chouchou et, avec lui, l’espoir des quelques changements sans lesquels il sera impossible de relancer vraiment l’économie française. Le retrouver président de tous les frondeurs, voilà qui est inattendu. Avec un but précis : en distillant son poison il espère voir envahir les artères politiques et sociales du pays, si ce n’est la rue. Et au moment de la rentrée. Machiavel dans toute sa splendeur !
Est-ce que ça va mieux ? Pas tant que ça !
L’économie française connait une embellie. Le sujet n’est pas de savoir si on le doit à l’élection de Macron ou au bilan du mandat précédent, c’est hors sujet. C’est d’abord le résultat des efforts de nos partenaires, autrement plus conséquents que les nôtres, Espagne, Portugal, Allemagne et autres… qui portent aujourd’hui la croissance européenne et dont nous profitons évidemment, bien que nous n’ayons pas fait le nécessaire chez nous. C’est tellement vrai que ce que j’avance s’appuie sur deux observations imparables : la première, notre commerce extérieur reste dramatiquement déficitaire et ça s’aggrave, ce qui souligne notre incapacité à reconquérir des parts de marchés ; la seconde, le niveau de production de notre industrie manufacturière n’a pas encore retrouvé celui d’avant 2007, c’est tout dire ! Alors oui, le marché de l’emploi se porte un peu mieux, mais les conjoncturistes restent très prudents. Le gouvernement ne voit lui qu’un point positif : la croissance sera un peu plus élevée ce qui lui facilite l’élaboration du budget 2018. Or, celui-ci prépare une ponction supplémentaire en impôts, ne serait-ce que la CSG, qui risque de nous faire retomber dans une spirale d’atonie économique. Car il ne faut pas escompter un regain de compétitivité de la réforme du code du travail, dont on voit bien qu’elle va accoucher d’une souris supplémentaire.
L’opposition de Hollande est une manœuvre politicienne d’orgueil.
Quand il demande au gouvernement de ne pas aller au-delà de ce qu’il a fait lui-même, il considère que la réforme du travail menée par sa ministre de l’époque, Myriam El Khomri, serait suffisante. Rappelons-nous simplement qu’elle n’a pas créé un seul emploi. Et il faudrait que le pays s’en tienne à ce très mauvais résultat ? Ce que craint l’ancien président, c’est que la réforme, même édulcorée, finisse par passer, consacrant la défaite du PS sur tous les fronts et apportant à M. Macron une forme d’invincibilité. Et il n’est pas le seul, en France, à tenter d’empêcher le passage en force du projet. Avec les frondeurs, les Insoumis, les communistes, le Front national, les opposants sont nombreux. Et c’est dans ce camp-là que se situe François Hollande. En se souciant des salariés dont les acquis sociaux seraient menacés il oublie que c’est au détriment de six millions de chômeurs. S’il Souhaite que le pays change c’est à condition qu’on lui en accorde le mérite, à lui, et à lui seul. De sorte que, ne trouvant pas dans le peuple ou chez ses partisans la ferveur qui ferait de son rôle personnel un moment historique, il se met à brandir triomphalement un « bilan » qui loin d’être le sien, est celui des aléas de l’économie. Voudrait-il faire accroire de la preuve d’une injustice commise à son égard, qu’il ne s’y prendrait pas mieux alors qu’il faut voir dans son retrait l’aboutissement inéluctable d’un quinquennat fait d’à-coups, de scandales et de mortelles hésitations.
Un faux procès en libéralisme.
C’est bien une accusation sous-jacente quand Hollande parle de point de rupture à ne pas dépasser. Il faut être de gauche pour avoir décrypté déjà dans la politique du quinquennat précédent une inflexion libérale. Pas plus de libéralisme quand l’actuel propose d’assouplir le code du travail ou de réformer à la marge l’ISF. Tant que le pays restera à 57% de prélèvements obligatoires, il restera avec une économie collectivisée et administrée. Il faudrait baisser ces derniers de 10 points pour commencer à parler de politique libérale. On ne ferait alors que rejoindre l’Allemagne. Et ce n’est pas en demandant « un effort » supplémentaire aux retraités déjà maltraités sous Fillon et massacrés sous Ayrault et Valls, comme le réclame l’amnésique Le Maire, qu’on y parviendra.
On peut s’attendre à une vive réponse de Macron. Hollande en sonnant l’hallali, c’est tout simplement la curée de la rentrée qu’il précède. L’opposition protéiforme n’en demandait pas tant. Cependant, il pourrait bien avoir rendu service à son successeur à moins d’un mois des sénatoriales. Allez savoir ce qui se passe dans les têtes d’un pays troublé.
L’AUTOROUTE
Départ pour quelques jours en Vendée. La voiture est chargée comme si on s’échappait pour trois mois. C’est chaque fois la même chose. Pour la énième fois, nous allons emprunter l’A87 jusqu’à La Roche-sur-Yon. Une heure et quelques miettes d’un parcours qu’on connait par cœur.
Et pourtant, c’est chaque fois différent.
Non pas que la route se déplace ou se modifie. Excepté les inévitables travaux d’entretien, elle est toujours inexorablement la même. Mais prendre l’autoroute pour aller en Vendée, c’est une ambiance, un état d’esprit, une allégresse incontrôlable. Il y a d’abord la promesse de retrouver notre appartement douillet. C’est la surprise que nous offrira la marée selon qu’elle sera haute ou basse. C’est le plaisir chaque fois renouvelé de contempler de notre balcon le port et ses bateaux alignés. Et si nous partons, c’est qu’il va faire beau, et donc c’est l’assurance de trouver sur place le ciel bleu. C’est aussi le spectacle vivant de l’océan qui joue sans cesse avec les couleurs : bleu Méditerranée, vert émeraude, gris, ou un mélange savant en strates horizontales de la côte vers le large …
Alors la route à faire s’oublie un peu.
En fait, pas tant que ça. Elle n’offre jamais tout-à-fait le même paysage qui varie en couleurs, en intensité et en animation selon les saisons et les dates de départ. Avec le stabilisateur automatique de vitesse, quand la circulation le permet et c’est le cas le plus souvent, la conduite est plus relaxe et on a le temps de regarder la route, ça vaut mieux, et ce qu’il y a autour. Les bas-côtés bien verts que nous avons longés au printemps ont viré au blond avant de devenir franchement roux à la fin de l’été. Tiens ! là, la chaussée est toute neuve et nous permet de glisser presqu’en silence sur quelques kilomètres sans le bruit de roulement, que le sifflement de l’air, c’est à peine si l’on perçoit le vrombissement du moteur. Et voici Chemillé : la cheminée de l’usine Isover crache comme d’habitude un panache dru dans l’atmosphère ; on espère seulement que le contenu n’est pas trop polluant. Plus loin : ah, aujourd’hui les éoliennes ne moulinent guère, signe que le vent a tombé, tant pis pour l’énergie verte. Une autre fois, par contre, elles tournaient comme des folles. Inconsciemment je note que nous roulons depuis 20 mn : c’est le temps que l’on met depuis Angers pour arriver à leur hauteur. Nous avons maintenant passé Cholet dont on a aperçu d’abord le profil de l’usine Michelin et à l’autre bout quelques gratte-ciel, puis nous dévalons déjà sous le puissant viaduc ferroviaire de la Sèvre Nantaise et ses multiples arches que le tortillard Mortagne-Les Epesses emprunte : nous l’avons aperçu une fois trottinant comme un jouet miniature sur le dessus du pont. Un appel vers la fantaisie ou un retour à l’enfance. Tout comme en saison, nous apercevons de loin le ballon aux rapaces, signe que nous approchons du Puy du Fou, autre lieu de rêve éveillé ! Après la sortie vers Chambretaud dont on aperçoit le clocher, ce sera un autre point de repère : le moulin du mont des Alouettes qui domine Les Herbiers. Il est un peu caché sur la gauche, mais il se reconnait à son blanc immaculé. L’autoroute tangente alors la ville avant de filer vers l’échangeur avec l’A 83. Les kilomètres ne pèsent pas. Plus on s’approche vers la côte, plus le ciel semble augmenter en luminosité. C’est surtout quand le temps est moyen qu’on le perçoit : des hauteurs on entrevoit la barre lumineuse au loin sur l’horizon, qui nous vaudra tout-à-l’heure un ciel pur. En attendant on a franchi l’autoroute qui file vers Niort et invariablement, à cet endroit précis, sur quelques dizaines de mètres, mon « gps » m’indique « 90 » au moment où on le croise, alors qu’aucun panneau n’indique une telle contrainte. Une anomalie de géolocalisation. Mais déjà le péage de La Roche-sur-Yon est en vue et l’on passe sans encombre dans le couloir « 30 » télépéage. Nous quittons l’autoroute deux sorties plus loin, au sud de l’agglomération yonnaise. Le sentiment d’être arrivé nous parcourt, pourtant il reste encore à faire un peu de chemin jusqu’à Jard-sur-Mer, mais c’est comme si ça faisait partie du décor. C’est fou ce que l’esprit peur être capricieux et faire preuve d’élasticité. Il reste encore une bonne demi-heure de route, mais voilà, c’est décidé, on est arrivé. Aubigny ou Nieul-le-Dolent, c’est la banlieue de Jard !
Nous ne sommes pas un jour de grands départs.
Et la circulation est très paisible en cette fin de matinée car nous partons rarement de bonne heure. Il nous est pourtant arrivé plusieurs fois de nous faire piéger et d’oublier qu’il y a des dates à éviter, car les autres aussi peuvent avoir envie d’aller vers la côte, ou plus loin même, vers l’Espagne… Heureusement, nous avons deux parades pour alléger le supplice du bouchon : le paiement automatique pour la barrière de Beaulieu-sur-Layon, et la sortie par l’A83 et les Essarts pour éviter celle de La Roche-sur-Yon où il arrive que cinq ou six kilomètres de retenue se coagulent. Cela nous vaut un peu de « départementale » mais c’est mieux que de poireauter une demi-heure voire plus dans la cohue.
C’est quand l’autoroute est fluide qu’on le voit le moins.
Alors, l’esprit s’évade. On pense à tant de choses en roulant et en conduisant « machinalement ». J’en ai trouvé des idées « géniales » que je me promettais de noter dans un coin et que j’ai évidemment oubliées ou été incapable de retrouver une fois venu le moment de les transcrire. J’en ai résolu des problèmes, au fil des voyages, touchant au bricolage ou à la vie domestique… Et que de réflexions sur la vie politique qui hanteront ensuite le bloc-notes ! « 107,7 » en sourdine diffuse une musique pas toujours à mon goût et égrène « ses points circulation » qui se résument le plus souvent à une litanie d’accidents sur l’A10. C’est fou ce que cet axe vers Bordeaux est accidentogène ! L’essentiel c’est que pour nous : RAS ! A côté de moi, il y en a une qui roupille tranquillement, comme d’habitude. Tout va bien. A l’arrivée, j’aurai, une fois de plus, refait le monde.
« Roule ma poule ! »
Le chiffre est sans appel : 62 % ! Presque deux Français sur trois sont mécontents du Président de la République, seulement 100 jours après son élection. Un verdict dont il se passerait bien pour aborder une rentrée pour le moins orageuse. Car les gros nuages noirs s’accumulent à l’horizon.
Une évolution logique !
La situation est très bien analysée par Jérôme Sainte-Marie à la lumière des enquêtes d’opinion menées par son institut. Une baisse confirmée par tous les sondages, et qui présente un caractère socialement diffus. Ainsi l’Ifop a constaté une baisse de 18 points chez les fonctionnaires et dans le même temps les retraités manifestent massivement leur désapprobation de la hausse annoncée de la CSG. L’insatisfaction est manifeste. La manière dont le chef d’état-major des armées a été désavoué a pesé et la qualité très médiocre des débats à l’Assemblée doublée des péripéties interne au mouvement En Marche a contribué à la dégradation globale de l’image du dispositif macronien. La surinterprétation des bons sondages initiaux a contribué à masquer le premier revers politique essuyé par Macron, à savoir le record d’abstentions aux législatives, excédant la moitié des inscrits dès le premier tour. De là vient la fragilité qu’on constate aujourd’hui : personne n’a voulu voir la dichotomie entre l’hyperpuissance du Président au sommet de la structure politique et l’étroitesse de son soutien à la base. Evidemment, cela ne retire rien à sa légitimité, mais cette situation devient dangereuse quand elle rend particulièrement visible la dimension par essence coercitive de l’appareil d’Etat au moment où l’action gouvernementale doit se concentrer sur des réformes douloureuses.
Des erreurs impardonnables.
Dans les premières semaines, le nouveau président a montré son aisance dans l’exercice du pouvoir, particulièrement sur les domaines régaliens. Et la formation de son premier gouvernement a été une belle démonstration de son savoir-faire politique en confirmant une cohérence : en confiant le poste de Premier Ministre et les ministères en charge de l’économie et des finances à des personnalités de droite, tout en attirant des figures de la gauche, du centre et de l’écologie, il a rendu concret son discours de rassemblement. Au service de la réforme ? Là est la question ! Il y a eu deux bémols. Le premier c’est la volonté d’une présidence « jupitérienne », avec la volonté de tout contrôler, qui ravale « l’hyperprésidence » de Sarkozy au rang des accessoires pour garçonnet. Il en ressort une discrétion étonnante du Premier Ministre dont on voit bien que, obligé de partager ses conseillers avec l’Elysée, il n’a aucune facilité pour « mener la politique du gouvernement ». Les Français veulent de l’autorité, mais insérée dans un cadre républicain qui les protège des caprices du prince. Or, le comportement du Président commence à les inquiéter : en cause, par exemple, son discours humiliant pour le Général De Villiers qui a été une grave erreur. Les relations avec sa majorité transformée en armée de spadassins aux ordres en a été une autre. La débâcle des centristes obligés de quitter le bateau et l’affaire Ferrand ont fait le reste. La promesse de renouveau et de rassemblement s’évanouit, faute aussi que soit accordée à ses soutiens une autonomie suffisante à l’égard de l’omnipotence présidentielle. Le second bémol, c’est le goût narcissique de la communication « maîtrisée ». Macron a mis en avant volontairement son individualité physique dans sa représentation politique, dont la photo officielle de sa présidence témoigne avec éloquence. Il a ensuite multiplié les images : Macron en fauteuil roulant, Macron jouant au foot, Macron boxeur, Macron aviateur. On a l’impression d’une série du style « Martine à … ». Certes, la fonction présidentielle dont il est imbu implique un contact direct avec le peuple, qui doit s’accompagner d’un langage simple, des objectifs clairs qui soient pour le moins entendu des citoyens. Or, comme l’affirme Jacques Julliard, « nous ne savons toujours pas quelles sont les priorités du Président de la République, quels chemins on emprunte, lesquels on évite. A la croisée des chemins, il n’y a plus d’en même temps, il y a un choix. » On l’a persuadé de communiquer. Mais « communiquer » n’est pas un verbe intransitif. Il faut dire quoi ! Sinon, la communication dans le vide, ça n’est que de la « réclame ». Macron n’explique pas quel est son projet. Nous n’avons pas besoin de discours habiles, nous attendons un langage de vérité. On l’attend toujours.
Une politique trop identique à la précédente.
J’ai envie de demander à Edouard Philippe : « Mais qu’as-tu fait de ta droite ? » tant la politique qu’il mène ressemble à celle de ses prédécesseurs immédiats. Et c’est inévitable quand on sait que derrière le rideau des officiants ministériels se cache toute la clique des technocrates de Pisani-Ferry. Comment peut-on changer de politique quand ce sont les mêmes qui sont à la manœuvre. Vous voulez des exemples. En voilà deux.
D’abord, La pratique du rabot. Il faut à tout prix tenir la promesse des 3% pour la fin de l’année, donc il faut faire des économies. L’héritage hollandais n’aide pas, mais le gouvernement, comme ceux qui l’ont précédé a choisi de recourir à la méthode du rabot en mettant tous les ministères à contribution et en se gardant bien d’engager des économies « structurelles » forcément plus douloureuses. D’où le problème de la réduction des crédits de la défense, fort mal venue en ces temps troublés et à la veille du 14 juillet, qui plus est ! C’est au nom du même rabot qu’on a lancé la réduction de 5€ sur les APL des étudiants, avant d’y renoncer devant la levée de boucliers.
En second, le recours à l’impôt où l’Etat fait preuve d’une imagination machiavélique. Il n’a rien trouvé de mieux que d’imaginer une surtaxe de 2 milliards d’euros/an pour financer les pertes sur les contentieux fiscaux (6 milliards), en augmentant sur trois ans la C3S des grands groupes, impôt antiéconomique s’il en est puisqu’il frappe le chiffre d’affaire. Autrement dit il veut faire payer aux entreprises les contentieux qu’elles ont gagné contre lui, par la faute d’une loi mal boutiquée sur les dividendes qu’il va être obligé de supprimer. Il sera, en effet, obligé de rembourser les milliers d’entreprises qui ont contesté le paiement de cette taxe. Donc, le condamné veut faire payer le prix de sa faute à la victime. On ne peut pas faire plus immoral. Et ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle pour les entreprises, puisque, par la grâce hulotesque, la taxe carbone devrait être fixée à 44€ la tonne dès 2018 contre 39€ initialement prévus. On ne me fera pas croire que trouver de vraies économies était impossible !
Décantation.
La dépense on sait où on peut la réduire, mais il faut un sacré courage pour aller chercher les réductions que ce soit dans la bureaucratie ou dans la générosité parfois abusive de notre système de protection. Alors reste, comme dit Marc Dugain dans les Echos, la tradition rad-soc qui recommande de ponctionner la classe moyenne. Comme les plus aisés de celle-ci se sont mis à l’abri, on commence à toucher l’os. Le constat est là : on a bien un gouvernement rad-soc. Pas de changement ! Pourtant, les Français étaient prêts à se laisser séduire. Il y avait au centre et chez les Républicains un potentiel prêt à suivre le Président. Or le nouveau pouvoir dilapide tous les atouts dont il disposait. On ne manipule pas aisément un vieux peuple retors et versatile comme les Français. En fait de recomposition politique, après décantation, on s’aperçoit que la droite reste la droite et la gauche, itou, même quand elle se déguise. Reste que l’opposition de la France insoumise ajoute une note radicale très dangereuse à gauche et que les enjeux identitaires au premier rang desquels la question migratoire, pourraient bien permettre une renaissance du FN si la droite républicaine ne s’en empare pas.
Voilà une rentrée périlleuse à tous égards.
Naguère, elle apparaissait après la mi-août, voire début septembre. Plutôt petite, elle serait passée inaperçue au milieu de ses cousins, nectarines et autres brugnons, imposants par leur taille et leur couleur dorée plus ou moins carminée, mais son parfum incomparable suffisait à la faire remarquer : je veux parler de la petite « pêche de vigne ». Il faut dire qu’elle n’avait que ça pour elle. Son aspect verdâtre et rêche à peine rosi n’était pas des plus attirants. Seule sa forme aplatie attirait l’attention. Mais j’aimais sa saveur incomparable à l’égal de son parfum, surtout quand elle était mûre à point. Elle a aujourd’hui disparu, ou alors il faut bien chercher.
Pourtant un miracle s’est produit : la « pêche plate » est apparue. De la génétique, elle a gardé la forme de la pêche de vigne, mais en plus opulente. Elle s’est même affublée des attributs des stars de la place : couleur et dimension font qu’elle n’a rien à envier à ses concurrents du rayon fruits. Elle a perdu un peu du parfum de sa devancière, et c’est dommage, mais on ne peut pas tout avoir. Inévitablement, on a voulu y goûter : reconnaissons qu’elle n’a pas non plus tout-à-fait le même effet sur les papilles non plus, mais elle est quand même délicieuse.
Il faut la déguster quand elle atteint sa maturité optimale. C’est facile à savoir : la peau doit se décoller facilement. Mon moment préféré, c’est au milieu de l’après-midi, au plus chaud de la journée, ou le soir pour la pause après le « prime-time ». Manger une pêche plate doit s’accompagner d’un cérémonial. Il faut se munir d’un fin couteau de cuisine et d’une feuille de Sopalin, car la bête est juteuse et j’ai horreur d’avoir les doigts collants, même si ça participe au plaisir. Avec la pointe du couteau commence alors le pelage, en partant du point d’accroche au noyau et en allant vers la périphérie pour tirer de larges bandes de peau. Un travail minutieux qui fait saliver. L’attente, comme toujours démultiplie la tension. Mais le résultat en vaut la peine. La manger avec la peau n’offre pas le même bonheur au palais. Ce serait aussi se précipiter, bâcler le moment. La chair fine apparait enfin dans toute sa nudité humide, en prémices du plaisir qui approche. On peut croquer dedans, mais laissons cette méthode aux goinfres. Pour faire durer le moment, je préfère découper de petits quartiers et les savourer un par un. Ils se détachent bien du noyau. Alors c’est le bonheur de sentir fondre dans la bouche une chair ruisselante de jus sucré, frais et parfumé. Evidemment, toute cette abondance liquide finit par traverser le papier avec lequel vous la tenez. J’aurai quand même les doigts collants. La pêche plate est en plus généreuse, car elle a conservé de sa grand’mère le tout petit noyau. Du coup, on a le sentiment d’en avoir davantage à savourer. Le dernier quartier laisse un goût de « revenez-y », car elle enchante jusqu’au bout, la bougresse. Et sucer le noyau ne fait qu’accroître le regret. Il faut être raisonnable.
Reconnaissons que les spécialistes des variétés hybrides, avec leurs technologies modernes de « croisement dirigé », ont réussi là un exploit. Merci Mendel. Toutefois, on aimerait bien, de temps en temps trouver une « pêche de vigne », une vraie. Un peu pour le plaisir de retrouver un bonheur d’antan, comme on peut admirer une belle « DS » quand elle passe sur le boulevard. Ah oui, j’oubliais, les pêches plates viennent d’Espagne et sont, parait-il, bourrées de pesticides. Je m’en moque : d’abord je les pèle et c’est la peau qui contient le plus de ces agents nocifs, ensuite, les pesticides, à mon âge, je m’en tape un peu.
Rien ne gâchera mon plaisir de croquer une belle « pêche plate » bien mûre !
C’est l’incontournable de l’été : quelque part que vous soyez en villégiature, un « marché nocturne » hebdomadaire vous proposera son alignement d’étals bariolés. Il a bien un concurrent matinal, le marché « gourmand » censé proposer les meilleurs produits locaux, mais il est incontestablement le roi de l’animation estivale commerciale.
A Jard, l’événement a lieu chaque jeudi soir, sur le port, lieu névralgique s’il en est. Vers 18H30, les camionnettes des commerçants commencent à affluer le long des trottoirs et progressivement les stands se mettent en place : des « praticables » pliants et des auvents en toile pour se mettre à l’abri des éventuelles intempéries et de la fraîcheur nocturne. Vers 19H30, tout le monde est en place. Un peu de vent, mais le soleil couchant est de la partie et inonde les lieux d’une lumière dorée. Bientôt il fera sombre et les projecteurs des uns et des autres la remplaceront.
Le marché nocturne c’est un bazar hétéroclite : on y trouve de tout, en matière d’inutile surtout. Les stands se côtoient dans un joyeux désordre et sans aucune logique de proximité. Le marchand de ceintures en cuir, vrai ou faux, jouxte les saucissons d’Auvergne et profite de leurs odeurs puissantes, celui de lunettes de soleil voisine avec les roues de nougat tendre, peut-être de Montélimar, alléchantes à en faire baver, l’inévitable producteur de miel et ses multiples variations succède à celui de savons qui dégage une odeur entêtante de fragrances mélangées. Vous êtes en recherche d’un souvenir à rapporter à l’ami qui veille sur votre jardin, vous êtes en quête de la bricole qui marquera votre séjour, les enfants vous réclament le dernier gadget à la mode … au marché nocturne vous trouverez, même le « rien » que vous étiez décidé à vous imposer. Et comme le dit si bien Devos, rien c’est pas grand-chose, deux fois rien c’est déjà quelque chose, alors trois fois rien … Ici c’est une collection de T-shirts à prix … coûtant, là c’est un alignement de montres toutes plus rutilantes les unes que les autres. On vous proposera des petites boites fabrication de l’artiste pour mettre les bricoles qu’on cherche ensuite, les cache-bloc-notes, des jouets en bois aussi désuets qu’indémodables, des foulards … Les étals de bijoux fantaisie se font une concurrence acharnée tant ils sont nombreux, et les vendeurs de coques de portables ne sont pas en reste ? Mais le roi de la fête, c’est le produit de l’été : les « hand-spinner ». Impossible d’y échapper. Ils ont envahi le marché, et du plus basique au plus sophistiqué ce n’est que l’embarras du choix ! J’en ai vu avec la tête de Spiderman, d’autres qui sifflent en tournant, des rutilants en acier et des colorés. Le « hand-spinner » a détrôné le « chouchou » qui faisait fureur naguère. Plus loin, j’ai été étonné par cet artiste qui découpe les vieux disques vinyle 33 tours pour en faire des œuvres d’art : un travail qui doit réclamer dextérité et minutie tant les découpes sont fines. Je suis resté perplexe devant la dernière découverte anti-âge : « les bienfaits de la bave d’escargot » et je m’imaginais avec un certain haut-le-cœur en train de me tartiner le visage du « précieux onguent ».
Une foule de chalands nonchalants vaque le long des allées. Apparemment, peu de gens achètent. Font-ils leurs affaires tous ces camelots vagabonds ? Il faut croire puisqu’ils reviennent chaque semaine. Le marché nocturne agit comme un aimant sur les estivants qui trouvent là un but de promenade, de délassement ou de divertissement pour tuer le temps avant de retourner dans le bungalow, sous la tente ou dans le logement de location. Ils déambulent plus qu’ils n’avancent, souvent avec l’air intéressé d’une vache regardant le train passer. Néanmoins, ils s’agglutinent ici ou là pour répondre à la sollicitation d’un commerçant ou attirés par un étal sans qu’on sache vraiment pourquoi. On ne saura jamais ce qui se passe dans la tête d’un touriste pris dans les lumières d’un marché nocturne !
Les réformes n’avancent pas comme le gouvernement aurait voulu. La confusion qui a régné au parlement ces dernières semaines n’a pas aidé et même si l’action politique n’est pas remise en cause, elle se mesure à l’aune d’une baisse de popularité vertigineuse de l’exécutif.
Couacs à l’Assemblée.
L’entreprise réformiste du gouvernement est largement mise à mal par les inconsistances, les erreurs de procédure et d’arbitrage et « l’apprentissage » lent et chaotique des nouveaux députés dégagistes macroniens. La grogne n’en est que plus sensible dans le pays comme en témoigne les reculs sur la baisse de 5€ de l’allocation logement ou sur la volonté de doter la 1ère dame d’un « statut ». La polémique avec le Général de Villiers a nui gravement à l’image du Président de la République qui comble de maladresse a cru bien faire de se déguiser en Buck Dany pour aller sur la base d’Istres pour tenter de rétablir une autorité écormée.
Du retard dans la programmation.
Le projet de loi Travail qui vient de faire l’objet d’un accord entre les deux assemblées a pris beaucoup de retard et ne sera pas complètement en place à la rentrée comme il aurait mieux valu. C’est vrai que le dossier est d’une complexité inextricable et il peut encore produire des rebellions violentes et des manifestations monstres comme l’espère bien l’Insoumis Mélenchon. Certes une forme de consensus a émergé du parlement, ce qui montre que les Républicains sont constructifs et donc que les « constructifs » font une sécession inutile. C’est le volet négociation avec les syndicats qui s’éternise et la Ministre du travail fait tout son possible pour que le projet ne soit pas trop édulcoré. Il y aura toujours une forte opposition à un projet de loi qui brise plus d’un tabou et remet en cause les acquis sociaux. Elle existe et s’exprime à l’Assemblée tous les jours ; elle constitue le coeur de la revendication syndicale. Mais les atermoiements de l’exécutif ouvre un espace de contestation qui n’existait pas il y a deux mois. Certains croient désormais possible de rendre impossible cette réforme bien que l’opinion générale sente, qu’au fond, il est temps de moderniser le pays. Septembre pourrait bien voir fleurir des mouvements du même genre que celui des « bonnets rouges ».
Le Canard fait « coin-coin ».
Le coup de grâce pourrait venir de la Justice. Au moment où l'ancien Garde des Sceaux, Michel Mercier renonce à entrer au Conseil constitutionnel où il a été nommé (décidément le ministère de la justice ne réussit pas au Modem), après les sorties de Bayrou, De Sarnez, Ferrand du gouvernement, c’est Muriel Pénicaud qui semble être dans le viseur. On notera au passage que la Cour des comptes peut raconter ce qu’elle veut sans que rien ne bouge. Par contre il suffit que le Canard fasse « coin-coin » pour qu’aussitôt des procédures soient engagées. Or il se trouve que notre ministre des Affaires sociales fait l’objet de soupçons divers qui menacent de plus en plus sa présence au sein du gouvernement. Elle résiste, mais pour combien de temps ? On lui reproche d’avoir organisé, alors qu’elle dirigeait « Business France », un organisme qui promeut l’image commerciale du pays, une visite d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, à Las Vegas : visite qui a coûté cher (près de 400 000 euros), alors que le voyage du ministre n’a fait l’objet d’aucun appel d’offres. L’affaire est loin d’être close. Ensuite, « l’Humanité » a révélé que la même Mme Pénicaud, ancienne directrice des ressources humaines chez Danone, a vendu des actions de son entreprise, ce qui lui aurait rapporté un million d’euros en plus-value. A l’époque, elle n’était ni élue, ni nommée à un poste de l’exécutif. Elle n’a fait que ce que d’autres cadres supérieurs de Danone ont fait : la vente des actions était parfaitement légale. Il n’empêche, l’atteinte à l’image de la Ministre est réelle dans un pays où il est interdit de gagner de l’argent, surtout comme ça !
Le gouvernement joue gros.
Ni le président, ni le Premier ministre ne semblent désireux de la remplacer, en plein débat sur la loi travail, par une autre personnalité. D’abord parce qu’on ne peut pas nier que la ministre des Affaires sociales est compétente dans son domaine et sait dialoguer avec les syndicats. L’effet de son départ serait désastreux. Mais sa réputation est désormais entachée : un cadre qui s’enrichit par le biais de la Bourse, c’est déjà mal vu, mais quand en plus on apprend qu’elle a vendu ses parts quelque temps après un plan social qui a permis à la valeur de l’action Danone de remonter, on n’empêchera pas certains de crier au délit d’initié. « Voyeurisme » dit-elle pour se défendre. Argument bien faible quand on connait le délire égalitaire de ceux qui vont crier au loup sur tous les articles de sa loi. Il n’empêche une mise en examen sur l’affaire « Bussiness France » n’est pas impossible et pourrait intervenir dès septembre avec l’obligation pour elle de démissionner. On imagine les dégâts si, à cause de toute cette esbroufe, la réforme qui est la clé de voûte du programme Macron, échouait ! Déjà que l’exécutif qui nous gouverne et sa majorité parlementaire sont assis sur un socle électoral très étroit, ils pourraient bien ne pas s’en remettre.
L'inquiétante dégradation du commerce extérieur.
Ce serait d’autant plus malvenu qu’un nuage inquiétant obscurcit le ciel jusque-là plutôt dégagé de notre économie : le déficit commercial de la France continue de se dégrader, et aucune embellie n'est prévue sur l'année 2017. Selon les chiffres publiés par les Douanes, le déficit commercial s'est élevé à 4,7 milliards d'euros en juin dernier, contre 4,4 au mois de mai. Sur douze mois, il s'envole à 59,8 milliards d'euros, contre 50,2 milliards sur la même période l'an dernier. Cette flambée s'explique en partie par la facture énergétique, mais elle est aussi due à des faiblesses bien connues : le manque de compétitivité des produits « made in France » et le trop faible nombre d'entreprises exportatrices. Comme quoi « l’effet Macron » a ses limites ! Un pays qui perd de l’argent à l’export ne peut pas s’enrichir…
N’en déplaise aux détracteurs de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, mais mon expérience de celui de Château-Bougon confirme ce que les statistiques observent : l’affluence et le trafic en font un aéroport obsolète indigne de notre Région.
Bien pratique cette nouvelle ligne Nantes-Vienne ! Justement je devais me rendre en Hongrie chez ma fille qui habite à une heure de la capitale autrichienne. C’est bien plus simple que d’aller à Beauvais prendre le "Paris-Bratislava". Et les tarifs de Volotea valent bien ceux de Ryanair pour des vols suffisamment confortables quand on doit passer moins de deux heures dans l’appareiL
Ainsi nous voilà au matin du 18 juillet à pied d’œuvre.
Evidemment tous les halls sont encombrés de passagers en instance d’enregistrement. Coup de chance, celui qui nous est consacré est encore quasi désert : il est vrai que nous sommes en avance. Je suis adepte des précautions inutiles quand il s’agit des queues au comptoir. La valise enregistrée, nous avons le temps de nous restaurer quelque peu avant de nous soumettre aux formalités d’embarquement. Et nous voilà au début d’un périple dans l’aérogare que nous découvrons pour la première fois (le périple, pas l’aérogare) : la nouveauté c’est qu’il faut monter au 1er étage pour passer les portiques de sécurité. Apparemment tout a été concentré au milieu du bâtiment, en relation sûrement avec le renforcement des contrôles. Là, il y a un peu d’attente puis commence le scénario convenu : je retire ma ceinture pour la déposer avec ma veste et ma montre dans le bac « as usual », appareil photo, valise cabine, sac à main sur le tapis roulant… et je passe le cadre fatidique sans encombre. Ce n’est pas le cas de Paulette : elle s’est soumise à toutes les exigences et pourtant, comme à chaque fois « elle sonne ». On la fait repasser sans ses chaussures : rebelote, donc « fouille au corps ». On ne cherche plus à comprendre. Elle n’a ni prothèse, ni appareil susceptible de déclencher l’ire du portique. Il faut croire que sa tête ne doit pas plaire à l’engin. Bien, bien. Il s’agit maintenant de se rendre à notre salle d’embarquement. Nous abordons un parcours improbable et tortueux qui débouche sur des escaliers métalliques du type équipement provisoire qui dure longtemps, visiblement rajoutés et bricolés, et peu pratiques avec des bagages, mais heureusement nous ne sommes pas trop chargés. Nous arrivons finalement là où nous embarquons habituellement avec Volotea, c’est-à-dire juste derrière les comptoirs d’enregistrement où tout-à-l’heure nous avons fait consigner notre valise en soute. On se pince : oui, c’est l’aéroport de Nantes qui propose des équipements aussi sommaires. La suite présente peu d’intérêt tellement tout se fait dans l’ordre et l’organisation convenables. L’avion sera plein comme un œuf. Ce n’est pas Roissy, c’est certain : il faut sortir sur le tarmac et gagner à pied l’avion à quelques dizaines de mètres. Il fait beau, on ne va pas se plaindre.
En attente d’embarquement.
En attendant qu’on nous appelle pour l’embarquement, l’arrivée des passagers par grappes est un spectacle toujours renouvelé qui permet de « tuer » le temps sans le voir passer. C’est un moment que je ne raterais pour rien au monde. Je me répète peut-être, mais on voit bien comment Binet a trouvé ses « Bidochons » : il suffit de regarder autour de soi. Ils sont légions et tout y est ! Les physiques improbables aux protubérances exubérantes, les accoutrements caricaturaux, les accessoires déroutants, les démarches exotiques… Constat : l'obésité progresse. Aujourd’hui, l’avion s’est démocratisé au point qu’il n’est plus réservé à la clientèle d’affaire avec des profils bien différents, qui hantait autrefois ces lieux. Maintenant on monte dans l’avion avec le costume de la destination : qui va à la plage est déjà muni des tongs et du bermuda, qui va à la montagne arrive avec son sac à dos auquel un piolet accroché en exergue démontre la réalité du projet. Jeunes et vieux se côtoient et curieusement se ressemblent. C’est que le retraité est volontiers randonneur et visiblement a dévalisé le rayon idoine de Décathlon : grosses chaussures de marche, chaussettes roulées sur les chevilles, pantalon trois-quarts à poches latérales, blouson adapté. C’est donc tout un monde bigarré qui s’agglutine peu à peu. Ceux qui ne passent pas inaperçus, ce sont les groupes : pépés et mémés s’interpellent, s’enquièrent haut et fort auprès de leurs compagnons des turpitudes qui les assaillent, le volume sonore étant en adéquation avec le durcissement des tympans… Un son nasillard craché par le haut-parleur appelle les passagers du vol 2271 pour Vienne … C’est le nôtre, la cohue s’oriente vers l’hôtesse qui filtre les cartes d’embarquement. C’est parti !
Retour le 28 juillet : une autre expérience.
L’aéroport de Vienne offre des équipements modernes à la hauteur de la réputation d’une capitale européenne. Le seul bémol c’est qu’on décollera avec presqu’une heure de retard qui se réduira à 25 mn à l’atterrissage à Nantes après un vol sans histoire. En dehors des annonces de l’hôtesse de l’aéroport qui de quart d’heure en quart d’heure avait repoussé notre embarquement, aucune explication ne nous sera fournie sur la nature du retard. Encombrement du ciel en cette fin de juillet ou surcharge de rotations pour les vols Volotea ? On ne le saura jamais. On n’eut droit qu’à des excuses. Par contre, à Nantes, nous découvrons une autre réalité. Une fois l’avion posé comme une fleur sur la piste de la capitale ligérienne, nous cheminons donc sur le tarmac et nous voyons défiler les bâtiments … Enfin l’avion s’immobilise au milieu de nulle part, sur un parking au fin fond de l’aérodrome ! De longues minutes passent, la porte reste close. Enfin, l’hôtesse de l’air manœuvre et elle s’ouvre, mais pas complètement. Il faut refermer. En cause, la passerelle mal positionnée : il faudra s’y reprendre à trois fois avant que nous soyons enfin délivrés. Au pied de l’escalier nous attend un malheureux bus qui devra faire au moins trois voyages pour transporter tous les passagers jusqu’à l’aérogare, car l’appareil était aussi plein qu’à l’aller. Il nous dépose à côté du hall 4 où sous une tente ont été installés des barrières et des couloirs de cheminement vers les guichets où nous devons présenter pièces d’identité ou passeports. La sécurité, c’est du sérieux ! Enfin, nous nous retrouvons dans la salle de livraison des bagages et là, il faudra encore patienter presque une demi-heure avant de récupérer notre valise. Voilà tous les signes d’une infrastructure aéroportuaire débordée par le trafic ! On n’entend pas les détracteurs de Notre-Dame des Landes s’inquiéter du survol de Nantes avant l’atterrissage ; j’aurais pu faire coucou à Bruno Retailleau au moment où nous avons survolé de près le bâtiment du Conseil Régional. Pollution, risques pour la population : faudra-t-il une catastrophe pour que ces idéologues de pacotille s’émeuvent et s’ouvrent à la réalité ? Notre capitale régionale mérite mieux que ces équipements dépassés et vieillots.
Certains pourraient y voir une allusion à la politique du maître de la Hongrie, Viktor Orban. Mais non, je veux parler du mouvement dissident de l’art nouveau à la fin du XIXème siècle et au début du XXème, qui a fait florès à Vienne et particulièrement à Budapest où de nombreux témoignages architecturaux continuent de donner à la ville son cachet si particulier. Pour notre troisième visite, après celle consacrée à la colline de Buda et ses palais et la suivante à la visite du Parlement (exceptionnel) et de la grande synagogue, nous avons choisi de faire le parcours de la « folie sécessionniste ».
Un peu d’histoire pour comprendre.
L’architecture « Art nouveau » et sa version viennoise qu’est la « Sécession » sont omniprésentes dans la capitale hongroise : c’est même son style emblématique. Comme à Vienne, Prague, Barcelone, les architectes s’en sont donné à cœur joie. Partout dans la ville, lignes sinueuses, formes asymétriques aussi gracieuses que déroutantes, céramiques colorées, ornements outrecuidants se distinguent dans un fourmillement de raffinement baroque qui n’a pas peur de côtoyer la géométrie néoclassique et la rigidité de l’Art moderne venu plus tard corriger les excès par un retour aux lignes sobres et plus rigides.
Le mouvement Art nouveau en architecture s’est épanoui en Europe à partir des années 1890 et a perduré jusqu’en 1910-1914. Il mettait l’accent sur les procédés manuels et voulait créer un style en réaction à l’uniformité répandue par la révolution industrielle, et disons-le aussi, briser la monotonie des immeubles haussmanniens trop dupliqués sur le même modèle dans toutes les grandes villes d’Europe à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle. Il s’agissait d’élever les arts décoratifs au rang des beaux-arts en appliquant les critères les plus exigeants de l’artisanat. Le principe devait s’appliquer non seulement à l’architecture mais aussi au mobilier, aux bijoux, aux textiles… En France l’Art nouveau s’exprima dans le style « 1900 ». A Budapest, il se manifesta de façon plus éclectique, dans un style marqué par des façades ornées de figures allégoriques ou historiques, de motifs folkloriques, de céramiques Zsolnay locales. Inspiré du groupe d’artistes de Vienne, les « Sécessionnistes », un style typiquement hongrois apparut.
Heureusement pour nous, l’immobilisme de l’entre-deux-guerres puis les quarante ans de plomb qui suivirent la seconde guerre mondiale ont permis aux édifices Art nouveau de subsister. Le régime communiste hongrois n’avait pas les moyens de démolir ni d’entretenir ce que nous voyons aujourd’hui comme des trésors architecturaux. De nombreux bâtiments furent laissés à l’abandon et sont restaurés ou en cours de restauration aujourd’hui pour notre plus grand plaisir.
Ödön Lechner, le « Gaudi » de la Sécession hongroise.
Le maître de ce style fut Ödön Lechner (1845-1914). Comme le Catalan, il s’inspira de styles existants pour les revoir à sa manière ce qui accoucha d’un genre nouveau et unique pour l’époque. Il est donc à l’origine d’un style authentiquement hongrois, exploitant pour les décors de ses édifices des motifs de l’art traditionnel et des éléments de l’architecture orientale. Le style Lechner est devenu emblématique de Budapest.
La maison « Thonet » est un bon exemple de sa créativité avec une structure d’acier innovante qu’il recouvrit de céramiques de la manufacture Zsolnay de Pécs. Mais c’est surtout avec la construction du musée des Arts décoratifs et celle de la Caisse d’épargne de la poste royale, considérés comme ses chefs d’oeuvre, qu’il marqua les esprits et son époque. Cela lui valut une disgrâce, car l’exubérance de ses productions avait aussi ses détracteurs.
Ma chasse aux trésors.
C’est là que les guides sont bien utiles pour faire un tri dans la profusion, tant la ville offre l’embarras du choix. C’est qu’au détour d’une petite rue on peut découvrir un magnifique bâtiment non répertorié et pourtant valant … un cliché, et des créations Art nouveau et sécessionnistes jaillissent dans les endroits les plus inattendus. Petit résumé.
Commençons par deux incontournables d’Odon Lechner : le musée des arts décoratifs (cité plus haut) et la Caisse d’épargne de la poste royale. Le premier s’illustre par son toit et sa façade décorés de céramique colorée, ses dômes et figures ornementales, avec des airs de palais oriental. L’intérieur est typiquement d’inspiration mauresque.
La seconde est littéralement une « folie » sécessionniste avec ses mosaïques florales, ses motifs folkloriques, dont la tête de taureau qui surmonte la tour centrale symbolisant le passé nomade des Magyars. Les abeilles qui grimpent le long des colonnes vers leurs ruches représentent l’organisation, le labeur et l’économie.
Arrêtons-nous quelques instants sur deux palais devenus des hôtels de prestige. Le Danubius Gellèrt Hôtel achevé en 1918 avec ses bains est un témoignage de la fin de l’Art nouveau. Ses thermes avec le gigantesque hall voûté, ses fontaines de céramique et ses bassins décorés offrent un décor éblouissant. Le baroque perce déjà derrière l’influence de Lechner.
Le palais Gresham abrite aujourd’hui un hôtel cinq étoiles. Ce joyau est agrémenté de décorations exceptionnelles à l’extérieur comme à l’intérieur : sculptures et vitraux notamment.
Dans la vieille rue Vaci, la maison Thonet (déjà citée) côtoie le fleuriste Philanthia dont la boutique propose les fleurs dans un décor Art nouveau exquis.
A deux pas, l’ancienne banque Török présente sa façade vitrée surmontée d’un fronton arborant une mosaïque sublime de style Sécession qui représente une allégorie de la Hongrie et de ses grands personnages. Si on se déplace vers le quartier du Parlement, on tombe inévitablement sur la maison Bedö, immeuble dessiné par Emile Vidor, qui reste l’un des témoignages les mieux préservés du style Art nouveau dans la ville. Fleurs en majolique, visage, portail ont été bien rénovés.
L’école primaire d’Armin Hegedus conçue en 1906 montre sa façade décorée de sublimes mosaïques inspirées par les jeux d’enfants de l’époque.
Pour terminer quelques témoignages découverts sur notre chemin : la villa Vidor qui présente ses contours improbables, son étonnante tourelle et ses clochetons, le manoir Lederer orné de mosaïques et la maison Sonnenberg avec sa façade jaune pétant, et quelques autres moins connus mais tout aussi jolis.
Cliquez sur les photos pour les agrandir, revenir au blog par le flèche "retour" de votre moniteur.
Le parlement hongrois, chef d'oeuvre néo gothique
Une courte pause de dix jours : voilà tout ce que m’aura laissé l’actualité politique. Je me dois de reprendre la plume, ou plutôt le clavier, pour commenter la décision d’Emmanuel Capus de prendre la tête d’une liste LREM pour les sénatoriales du 24 septembre prochain. J’avais évidemment suivi l’événement, de Hongrie où je m’étais rendu, étant en permanence connecté, cela va de soi. Je suis resté sur ma première réaction : scandalisé ! Par la forme et sur le fond !
Un procédé inacceptable.
J’ai rencontré Emmanuel Capus à la soirée d’Angers pour vous, juste avant de partir. Je venais d’apprendre son investiture par LR comme n°2 de la liste de Catherine Deroche et je l’en félicitais. Il m’avait fait part alors de sa satisfaction. Choisi par le Sénateur-Maire pour le remplacer au Sénat, il avait toute légitimité à figurer en bonne position sur la liste menée par la Sénatrice LR sortante. C’était dans l’ordre des choses. Et c’est bien Béchu qui l’a imposé ! Alors, pourquoi cette désertion quelques jours après. Une seule explication : le Maire d’Angers a cédé aux pressions d’Edouard Philippe et de son homme de main, Jean-Paul Delevoye, pour essayer d’empêcher Catherine Deroche, Vice-présidente du groupe LR au Sénat d’être réélue. C’est une manœuvre hautement politique pour éliminer les « gêneurs ». Car, évidemment, Emmanuel Capus aurait été engagé par son investiture LR. Le but : assurer à Macron une majorité « docile » au Sénat, quitte à tirer sur les amis !
Une trahison en bonne et due forme.
L’argumentation est pitoyable et étonnante de la part du Maire d’Angers qui nous avait habitués à des analyses de haut vol. Comment peut-il se fourvoyer à ce point et tourner le dos à ses convictions politiques. Car, Emmanuel Capus, dans l’affaire n’est qu’un pantin qui va là où on lui dit d’aller. « Il n’a jamais appartenu à la droite dure » plaide-t-il. Moi non plus et Catherine Deroche pas davantage, ou alors il faut qu’il m’explique ce que la formule veut dire. Ce faisant, il stigmatise une grande partie de son électorat qui pourrait bien s’en souvenir. Il n’y a pas de courant « macroniste » au sein des Républicains. Inutile de se cacher derrière le mythe entretenu par une poignée de parlementaires (13 députés sur 120) qui ont choisi de faire un groupe avec l’UDI. Ils se disent « constructifs », mais ils ont en fait bénéficié de « facilités » pour être élus. N’ayant rien apporté de nos idées à la majorité actuelle, ce sont donc de simples « collabos ». Cela n’a rien à voir avec une « cohabitation » dans laquelle la majorité parlementaire impose son projet. Donc, « Béchu alias Capus » va soutenir : l’augmentation de la CSG sans contrepartie pour les retraités, la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages, la PMA généralisée, le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, la généralisation du tiers payant, les baisses de dotation pour les collectivités locales, la réforme de l’ISF qui consiste à créer un impôt sur la fortune immobilière, nouvelle aberration … J’arrête là l’énumération. Cela s’appelle une « trahison » ! Car, n’ayons pas peur des mots : c’est une trahison en bonne et due forme.
Béchu prend des risques énormes.
Le Maire d’Angers n’a probablement pas renoncé à décrocher un strapontin dans le gouvernement. Peut-être le prix du revirement imposé à Capus. Le Premier Ministre qui peine à remplir la fonction a, en effet, bien besoin de renfort. Mais les vents de septembre pourraient bien n’être pas aussi favorables que ceux de mai pour la majorité en place. Pour de multiples raisons, à commencer par le spectacle de pagaille « bobo-populiste » qu’elle donne à l’Assemblée nationale qui n’est pas de nature à convaincre les grands électeurs de la rejoindre. Début septembre on va entrer dans le dur et « l’effet présidentielle » aura disparu. La confiance a déjà commencé à s’effriter malgré les coups de com’ à répétition d’un Président omniprésent et omniscient. S’il ne faut pas « infantiliser » les grands électeurs, comme dit Béchu, ceux-ci ont probablement plus de conscience politique que le citoyen lambda. « Il faut que Macron réussisse ! » est son leit-motiv, « pour éviter Le Pen la prochaine fois ». Devant de tels errements, il vaudrait mieux que le Sénat reste une assemblée « garde-fou ». Et puis la noblesse de la politique, ce n’est pas de jouer au « bonneteau » ! Plutôt que de s’en remettre à la providence d’un mage, il ferait mieux de se demander pourquoi un tiers de l’électorat a apporté ses suffrages à l’extrême-droite : il y a le chômage, mais il n’explique pas tout. La question identitaire taraude la majorité des Français et Macron n’est pas parti pour y répondre. La déréliction du FN va favoriser l’émergence d’une force politique républicaine à droite à vocation majoritaire. « Les Républicains » sont les mieux placés pour occuper cet espace politique. Quant à Béchu, il ne mesure pas les dégâts que sa trahison cause dans son socle électoral. Et je ne parle pas que des militants. Il y a de quoi être écoeuré, en effet !
Moi, si j’avais à voter, ce serait sans hésiter pour la liste de mes amis Catherine Deroche et Stéphane Piednoir. Bah oui, la fidélité fait partie de mes valeurs !
Allez, un dernier pour la route avant la pause !
L’électorat de la droite dubitatif.
On sait qu’il s’est massivement abstenu aux élections législatives. Depuis, le doute s’est installé. Les gestes du président sont trop « alternatifs » pour que la confiance s’installe. L’épisode du Général de Villiers ne le rassure pas. L’électorat de la droite, y compris les modérés, ne place pas Macron au-dessus de la mêlée. Au contraire sa volonté affichée de tenir ses promesses sur la CSG et la taxe d’habitation augmentent la défiance. Quel revirement dans la même semaine : on est passé du report des baisses d'impôts et d'un plan d'austérité lors du discours de politique générale d'Édouard Philippe à un « choc fiscal pour donner confiance » du même Édouard Philippe. 11 milliards d'euros de baisse d'impôts en 2018, application de la taxe forfaitaire de 30% sur les revenus du capital et, comme annoncé déjà, la transformation de l'ISF en Impôt sur la Fortune Immobilière. Macron est passé par là et a réagi rapidement au flottement provoqué par les annonces de report. Mais l’équation budgétaire de 2018 est encore moins tenable que celle de 2017, du fait de « l’héritage » : tout cela pourra-t-il tenir ? L’impression qui se dégage, c’est que les « recrues » de droite sont plus des « faire-valoir » sans réelle marge de manœuvre que des compléments venus rééquilibrer une politique qui penche à gauche. La « trahison » est un peu plus patente chaque jour.
L’hypocrisie des « constructifs »
De quoi rendre improductif le discours des « constructifs » qui s’entêtent à vouloir saisir la « main tendue » du Président. Celui-ci n’a guère besoin d’eux à l’Assemblée, sinon pour affaiblir un peu plus l’opposition qui pourrait venir de la droite et dont on a grandement besoin de la vigilance. Pour l’instant il peut encore se servir d’eux parce qu’il veut faire basculer le Sénat en sa faveur pour faire passer sa réforme constitutionnelle. Ils ne se rendent pas compte combien le langage qu’ils tiennent peut blesser les électeurs de la droite et du centre en les faisant passer pour des « intransigeants », ce qu’ils n’ont jamais été, encore moins leurs représentants. Ceux qui se réclament de cette posture feraient donc bien d’y regarder à deux fois : la faiblesse du courant qu’ils drainent est inversement proportionnelle à l’agitation qu’ils déploient et cela devrait les alerter. Et puis que vaudra la parole de Macron dans un ou deux mois ? Une fois les images sur papier glacé fanées, la confrontation avec la réalité risque d’être explosive. Le paysage politique actuel est une image déformée du pays réel tant le piédestal sur lequel il repose est étroit. Le revirement se produira, inévitablement, le tout est de savoir quand. Les échéances suivantes pourraient être alors désastreuses pour ceux qui auront joué avec le feu jupitérien. Les Sénatoriales seront un test. A bon entendeur …
LE BEL AVENIR DES AVIONS
Jamais il ne s’est vendu autant d’avions dans le monde. Boeing et Airbus n’ont pas de mouron à se faire. En matière d’aéronautique c’est plutôt un âge d’or qui s’annonce. Les carnets de commande sont bien remplis. Et il y a des esprits chagrins qui nous annoncent la fin du moteur thermique pour les automobiles et d’autres qui voudraient empêcher la construction de nouveaux aéroports. La réalité est toujours plus forte que les chimères, surtout quand elles sont idéologiques.
La croissance du trafic aérien.
Elle est inéluctable. Pour la première fois cette année, le trafic aérien mondial franchira la barre des 4 milliards de passagers : le double d’il y a douze ans, huit fois plus que dans les années 70 ! Malgré cette croissance rapide, le ralentissement n’est pas pour demain, car le trafic va encore tripler d’ici 2036, selon les prévisionnistes sérieux. La cause en est toute simple : le doublement de la classe moyenne dans le monde. Ainsi la proportion de la population des pays émergents en capacité de voyager en avion va passer de 30% actuellement à 83% en 2036. Et le Chine deviendra le premier marché aérien mondial, la part de l’Asie dans le trafic mondial passera de 30% à 38%, devant l’Europe à 21% et l’Amérique du Nord à 16%. Cela nécessitera la construction de 35 000 avions neufs, la flotte mondiale passera de 19 000 à 40 000 appareils, dont 70% de moyens courriers. Ce sont les compagnies low-cost qui continueront de tirer le marché en se développant sur le long courrier dont elles pourraient conquérir 50% du marché. Ainsi, Airbus a un carnet de commandes de près de 7 000 appareils et pourrait se permettre d’augmenter la production sans en prendre de nouvelles pendant plusieurs années plaisante son patron.
Les nouvelles technologies s’en mêlent.
Le nouvel âge d’or viendra du développement des drones et des voitures volantes. Un rêve ? Pas du tout ! Dans la Silicon Valley on s’emploie à accélérer la mutation technologique. Ainsi nous connaîtrons des taxis volants électriques et sans pilote dans les villes. Le groupe Airbus mène actuellement deux projets de véhicules volants électriques et sans pilote dont les premiers vols sont prévus pour la fin de l’année et début 2018, mais oui ! Le lancement de ces « drones-taxis » devraient intervenir dès 2021, c’est-à-dire… demain. Il faudra bien des aménagements urbains pour faire de la place à ces nouveaux véhicules.
Les aéroports, poumons de la mobilité.
Cette croissance et ces nouvelles technologies nécessitent évidemment une hiérarchisation des espaces. Elle justifie amplement la construction de la nouvelle plate-forme aéroportuaire pour le grand ouest à Notre-Dame des Landes. Ne serait-ce que parce que l’actuel aéroport n’échappe pas au phénomène et voit son trafic augmenter vertigineusement avec toujours plus de passagers, toujours plus de compagnies et toujours plus de destinations. Le mois de juin dernier a vu une progression de près de 16% par rapport à la même période de 2016 ! Son marché est très majoritairement européen mais les opportunités d’élargissement aux autres pays du monde vont aller de pair avec le développement du trafic des pays émergents, forcément. Sauf à vouloir laisser la métropole nantaise et l’ouest français à l’écart du développement mondial ! Château-Bougon restera utile pour l’usine Airbus, le fret et pour le trafic local des avions-taxis, le nouvel aéroport se consacrera au développement du trafic passagers toutes destinations. Il est vital de ne plus attendre !
Ce serait plutôt « on prend les mêmes et on recommence ».
Entre le discours de politique générale du Premier Ministre et la dernière intervention présidentielle pour en modifier l’agenda, on comprend que le « renouveau » consiste à retomber toujours dans les mêmes travers. Le président a pris lui-même la décision de revenir sur le calendrier de baisses d'impôts détaillé par Edouard Philippe, lors de son discours de politique générale. La baisse de l'ISF et la première tranche de réduction de la taxe d'habitation auront bien lieu en 2018 et non pas en 2019, comme annoncé par le Premier Ministre. Comment finance-t-on les 6 milliards de coûts supplémentaire ainsi engendrés ? Pour l'instant, le gouvernement ne prévoirait pas de nouvelles baisses de dépenses mais une moindre réduction du déficit l'an prochain, qui resterait donc autour de 3 %. Avec l'espoir qu'une croissance meilleure que prévue apporte le surplus de recettes nécessaires. En imposant le démarrage des réformes dépensières dès l’année prochaine, Jupiter fait comme ses prédécesseurs : il table sur l’amélioration de la conjoncture pour résoudre les maux de notre pays, pari qui s’est révélé systématiquement perdant dans le passé. La principale erreur est de ne pas donner la priorité aux réformes qui rétabliraient une offre compétitive à nos entreprises et concrétiseraient la baisse des dépenses publiques. Au passage on aura noté qu’on a une carpette à Matignon sur laquelle le président vient de s’essuyer allégrement les pieds : « Non mais, qui c’est qui commande ! ». Ceux qui croyaient à la promesse d’un retour à l’esprit de la constitution, le Président préside, le Premier Ministre gouverne, étaient bien naïfs.
Embellie, mais rien de réglé au fond.
Si aujourd’hui, l’environnement de l’économie française connaît une embellie, ni le déséquilibre du commerce extérieur, ni la dérive des comptes publics ne sont réellement jugulés. On cherche toujours l’essentiel : une stratégie de réforme pour le pays. Les avancées et reculades auxquelles on vient d’assister démontrent que le « ni de droite, ni de gauche, » ne change rien au comportement de gouvernants toujours sensibles aux pressions d’un groupe parlementaire d’autant plus irresponsable que ses membres sont incompétents et majoritairement de gauche. Le fossé va donc continuer de se creuser entre le diagnostic sur la situation catastrophique de la France confronté au manque d’ambition et au report des réformes. La continuité prime sur la rupture : rien de surprenant avec les « Pisan-Ferry » aux manettes. Et il y a gros à parier que la réforme du marché du travail, vu la nature des débats à l’Assemblée, ne voie son champ se réduire. La montagne accouchera d’une souris dont il ne faudra pas attendre grand-chose en terme d’emplois. Les réformes destinées à stimuler l’offre et normaliser la fiscalité sont reportées pour permettre au déficit de rester à 3% du PIB : on veut bien accepter que tout soit fait pour éviter de franchir la barre des 100% d’endettement, mais cela devrait passer par la baisse des dépenses et non par une nouvelle envolée des recettes ! Une floraison de taxes supplémentaires va éclore au printemps 2018 : 2 pts de CSG, alignement du diesel sur l’essence, hausse de 40% d’ici à 2030 de la taxe carbone … le plan « climat » s’appuie sur plus de réglementations, taxes et aides sociales, c’est dire si le portefeuille du contribuable (enfin, celui qui paie) sera sollicité.
Les demi-mesures et les demi-réformes.
En attendant, il faudra se contenter de demi-mesures, de coups de rabots déjà mille fois utilisés, bref, de bidouillages, pour habiller la réalité et faire croire à nos partenaires que nous tenons nos objectifs : Darmanin dans les pas de Sapin, qui l’eût cru ! Car il est devenu évident qu’il n’existe pas de projet chiffré, clair et précis, sur les intentions du gouvernement qui, comme ses prédécesseurs, est pris dans la tenaille : diminuer les dépenses publiques et/ou diminuer les impôts. Or les dépenses publiques ne vont pas ralentir si toutes les décisions de François Hollande sont maintenues (huit milliards qui manquent dans le budget « insincère » de 2017 et près de 20 milliards en 2018) et si on veut « en même temps » commencer à démanteler 17 réacteurs nucléaires (par exemple), comme l’annonce l’écolo-amateur- affairiste Hulot. L’économie réelle, celle des entreprises attendra !
La France est à la traîne de l’Europe, elle va le rester. Combien de temps va durer l’illusion Macron ? Là est toute la question.
Elle m’est tombée dessus sans crier gare ! sans prévenir, sans donner le moindre indice précurseur ! Elle m’est tombée dessus comme ça : la flemme ! Une bonne grosse flemme, une énorme flemme, bien grasse, bien épaisse. Une flemme-à-ne-rien-faire, une flemme-à-procrastiner-à-tout-va, une flemme royale à se vautrer dans le transat, dans le canapé ou sur le lit. Même pas l’excuse de la canicule, c’est dire si elle a ajouté au problème quand la température est montée. Une flemme comme ça, ça vous met les jambes en coton, ça vous ralentit l’esprit qui devient rebelle au moindre effort, ça vous envahit comme l’éther d’un bon Armagnac après un bon repas. Les yeux picotent d’abord avant de cligner, le cerveau suit de près. Les nuages cotonneux de la béatitude roulent leur douceur à coups de petits engourdissements. Le sommeil n’est pas loin, mais il ne viendra pas, laissant le corps dans un entre-deux doucereux, sirupeux dont il aura du mal à se tirer tout-à-l’heure, quand il faudra bien se résoudre à bouger, ne serait-ce que pour aller boire quelque chose de frais.
Il y en a qui ont pensé : « tiens, il est parti en voyage ». Non, pas encore. Je sais aussi, j’en connais plein qui vont me trouver des raisons, ou des excuses pour expliquer l’inexplicable. On pourrait évidemment en trouver. Mais il n’y a rien de rationnel là-dedans. Inutile de chercher. La flemme c’est d’abord un état de fait physique. Comme une envie de spleen longtemps refoulée. Elle se fiche pas mal des « causes objectives » : elle n’a pas besoin de justifications. En tout cas, elle s’en passe ! Et tant pis pour toute la longue liste de toutes ces petites choses qui doivent occuper l’été, des pavés qu’il faudrait passer au « Karcher », au petit coup de peinture que le dessous de l’avant-toit attend, sans parler des rangements divers notamment dans mon bureau … Eh bien, puisque flemme il y a, profitons-en. Laissons-là prendre le dessus.
Alors voilà, « je me rencroquemitoufle, je m’éfilifiloche, je périclite, décline en carabobine qui n'en finit pas, et la vie me semble fouine blette et filandrine… Que le temps s’étire ! » (Bécaud) L’esprit s’évade, vagabonde dans tous les sens, de rêverie en images attendries sur l’écran de lobes cérébraux débrayés. Mais attention, ma flemme, ça n’est pas l’ennui ! Elle est un hédonisme assumé, une recherche de plaisir, autant physique qu’intellectuel. Physique : quoi de plus sensuel que d’enfouir sa tête dans un coussin moelleux, un peu frais. Comme pour la première gorgée de bière, c’est la première minute la plus intense. Ensuite c’est la douceur de sentir chaque membre s’alourdir et s’abandonner jusqu’au corps tout entier. Intellectuel : quoi de plus dense que de ne penser à rien, c’est-à-dire à n’importe quoi, pourvu que ce soit des pensées agréables. Croyez-moi, c’est un exercice difficile que de vouloir occuper son esprit à faire le vide, il résiste le bougre. Il faut un entraînement que probablement seuls les pros de la flemme ont.
La flemme c’est quand à la question : « Qu’est-ce que tu vas faire aujourd’hui ? » On répond : « Rien ! ». « Mais c’est déjà ce que tu as fait hier ! – Oui, mais je n’ai pas fini ! » La flemme c’est la fuite du temps sans la mesure. Voilà pourquoi on dit : « tirer sa flemme ». Elle est élastique, malléable, étonnamment plastique. Voilà pourquoi on ne peut en sortir que par un acte volontaire qu’elle combattra évidemment. C’est pourquoi il est si difficile de s’en passer si on la laisse s’installer.
Un discours d’une heure et demie à 400 000€ (au moins).
Il parait que nous avons le plus beau Président de la Vème République. Le compliment vient de Brigitte (bah oui !). Forcément puisque c’est un dieu. C’est Jupiter et son ministre des finances en voyage à New York est Mercure (ou Hermès, chez les Grecs, le messager des dieux). Rien que ça ! Jupiter a donc parlé devant tous les parlementaires. Le palais avait fait savoir qu’il ne donnerait pas d’interview le 14 juillet parce que sa pensée est trop complexe. Les députés et les sénateurs ont pu le vérifier : ça baillait dur dans l’hémicycle, c’était dur de suivre. Hier, il a encore franchi une étape dans la mise en scène de son pouvoir : les images de sa marche dans la galerie des bustes à Versailles ont fait le tour du monde. Il a présenté sa vision du quinquennat au Congrès : à combien d’animaux sacrifiés ses « aruspices » ont-ils procédé pour arriver à un tel niveau éthéré. Le rêve éveillé a duré 1H30. Dieu a évoqué les grands, très grands principes de son action, à tel point qu'on a un peu de mal à en extraire les éléments clés. On aura retenu principalement la réforme des institutions. Il se donne un an pour la mettre en œuvre : baisse du tiers du nombre des députés et sénateurs, introduction d'une dose de proportionnelle sans plus de détails, suppression de la Cour de Justice, réorientation du Conseil économique et social, qu'il aurait pu supprimer d'ailleurs... autant d’idées qui flatteront le bon peuple par leur caractère populiste et vaguement punitif pour les élus, mais dont l’efficacité reste à démontrer. Toute « révolution » fait revenir au point de départ.
Hercule en action.
Il revenait donc à Hercule le soin de détailler sa méthode pour nettoyer les écuries d’Augias (l’Etat). Mais c’est un Hercule sans moyens : les caisses sont vides. Il faudra étaler le nettoyage ! Édouard Philippe va devait ramener tout le monde sur terre et aborder les sujets très pratiques. Son discours de politique générale fait penser à la chanson de Fernand Sardou : « Aujourd'hui peut-être ou alors demain ». Mais c’est la « Révolution » sans l’air ou plutôt l’« R ». Car ce qu’il propose est une timide « évolution ». On retrouve les éléments du programme de Jupiter dont il doit craindre la foudre. C'est déjà bien, mais le contraire eût été surprenant. Seulement voilà, le timing est devenu un peu flou. Des mesures vont être prises, dont certaines devraient être saluées. Mais elles ne le seront pas aujourd'hui, ni demain ! Certaines sont repoussées à 2019. D'autres à la fin du quinquennat... autrement dit aux calendes grecques. Il faut dire que la situation des finances publiques n'est pas bonne, comme l’a souligné la Cour des Comptes. Comme nous voulons, pour obtenir le soutien de l'Europe mais surtout la coopération de l'Allemagne, impérativement passer sous la barre des 3% du PIB, il faut donc différer d'un an, voire de quatre les mesures qui coûtent. Le seul risque c'est que dans un ou deux ans, l'état de grâce sera terminé et que les décisions soient moins simples à faire adopter. Donc, l'ISF ne sera pas supprimé avant 2019, le CICE ne sera pas transformé en baisse des charges avant 2019, au mieux, la taxe d'habitation sera bien supprimée pour 80% des Français mais on ne sait pas quand, sinon au bout d’une négociation avec les collectivités territoriales dont on sait qu’elles sont vent debout contre. Il reste la hausse du paquet de cigarettes à 10 euros et le « vaccin pour tous » qui devraient arriver rapidement. Par contre la hausse de la CSG sera appliquée rapidement et tant pis pour les retraités. Je perds mon temps à dénoncer cette mesure inique. On cherche le grand plan d’économies que tous ses prédécesseurs ont soigneusement évité. Hercule en dépeint l’urgence mais se hâte lentement. Dans cinq ans, si tout va bien, on aura réduit la dépense publique de 3 points de PIB et les prélèvements obligatoire de 1% : pas de quoi se rouler par terre, sinon de rire ! Dans l'ambiance de « Macronmania » actuelle, émettre une critique est un crime de lèse-majesté ou de blasphème. Je me contente donc de rapporter. C'est encore autorisé.
Les Français n’écoutent pas.
On ne s’étonnera pas que seulement un Français sur quatre a jugé convaincantes les interventions de Jupiter et d’Hercule. Selon un sondage Harris Interactive, le discours divin à Versailles devant les députés et sénateurs réunis en Congrès a convaincu 26% des personnes interrogées, 42% ne se disant pas convaincues et 32% ne se prononçant pas. Celui de politique générale d'Hercule devant l'Assemblée nationale a été, pour sa part, jugé convaincant par 27% des sondés, pas convaincant par 41%, 32% ne se prononçant pas. Rien d’étonnant, cela rappelle comme en écho, le taux de participation aux élections. La confiance sera longue à revenir. Et quand on est rattrapé par la réalité …
Pendant ce temps-là, Irène …
Pour rester dans la métaphore antique, voyons voir ce qu’Irène (Régente de l’Empire byzantin) a préparé outre-Rhin pour sa réélection : la présentation du programme de la CDU. Un objectif majeur : le plein-emploi, alors que l'Allemagne a atteint un des taux de chômage les plus bas d'Europe et du monde, Merkel vise les 3%, le plein-emploi absolu. Le programme a pour titre « L'Allemagne, le pays où il fait bon vivre ». Baisse d'impôts possible grâce à l'excédent budgétaire, relance d'une industrie déjà florissante, investissements dans le numérique : tout y est. On croit rêver. Non, on ne rêve pas !
Ils sont partis !
Une nouvelle aventure commence pour 23 jours de compétition, de Düsseldorf jusqu’à Paris, pour le traditionnel final sur les Champs Elysées. Entre temps, les 200 et quelques coureurs engagés devront affronter plus de 3 000 km de routes avec les étapes de montagne et les « contre-la-montre ». Et comme chaque année la ferveur populaire sera au rendez-vous : samedi à Düsseldorf, la foule était présente malgré la pluie battante. C’est qu’un départ du Tour ne se rate pas ! La popularité de l’épreuve ne se dément pas au fil des ans et chaque étape est l’occasion pour la population de se rendre sur le parcours pour acclamer les champions, l’espace de quelques secondes … quand on a la chance de les entrevoir ! Nos élus ne s’y trompent pas qui n’hésitent pas à se montrer sur une étape pour la suivre… et pour puiser un peu dans cette liesse populaire quelques grammes de popularité.
On vient parfois de loin pour voir « passer le Tour » !
L’épreuve confine au religieux tant elle a ses rituels. Il y a ceux qui avec leur carapace sur le dos le suivent sur plusieurs étapes, voyageant le soir pour être à pied d’œuvre le lendemain matin au meilleur endroit. Le camping-car est leur moyen de locomotion le plus efficace, et les étapes de montagne les plus prisées, aussi les places sont chères. Mais même les parcours plus ordinaires attirent les spectateurs. La « grande boucle » est un évènement partout où elle passe. Qui n’a pas rêvé de les voir passer dans sa ville ? On ne vient pas admirer que les coureurs. Et c’est toujours une joie lorsqu’ils se faufilent sur les jolies routes des villages de France tandis que sur les bas-côtés, l’effervescence gagne la foule à leur approche. Ici, on brandit des drapeaux et des pancartes, là on s’entasse avec le sourire. Le Tour, c’est tout un spectacle avec sa caravane publicitaire, et toute une ambiance pendant les longues heures d’attente, débout le long d’une barrière ou assis sur un pliant au bord de la route. Le succès est assuré, l’ambiance bat son plein.
Une magie intacte.
Aussi loin que je me souvienne, chaque fois que j’ai eu l’occasion de venir sur le parcours, c’était la même magie, le même engouement de ces centaines de gens, heureux d’être là, rigolards pour passer le temps, tendus à l’approche du peloton, repartant avec quelques paillettes dans les yeux jetées par les vélos étincelants passés trop vite. J’étais petit quand mes parents m’avaient emmené dans la vallée de Chevreuse voir le Tour : c’était l’époque de Robic. Je me souviens surtout que j’avais été bouffé par les moustiques. Depuis, j’en ai vu des passages au gré des ans : à Montgeron dans la région parisienne avec Pingeon ; en Bretagne à l’époque d’Hinault ; aux Pont-de-Cé, il y a quelques années, avec tous mes enfants ; à Avrillé, en Vendée il y a cinq ou six ans … Ce ne sont que quelques exemples. J’ai vu Yvette Horner débouler comme un tourbillon, perchée sur le toit d’une « traction » jaune et noire, jouant de son accordéon, j’ai vibré au duel Poulidor-Anquetil dans l’ascension du Puy de Dôme… Notre fille cadette était une fanatique de Greg Lemond et je me souviens, de passage dans la région pour nos vacances, avoir monté à l’Alpe d’Huez (en voiture bien sûr), en comptant les virages à la chaussée encore toute barbouillée de slogans à la gloire du champion. Quand il n’était pas possible d’être physiquement sur le parcours, c’est la télé qui suppléait. Mais bien avant c’est à la radio grésillante qu’on s’accrochait pour suivre les reportages en direct.
Le départ du Tour, c’est un départ en vacances.
Traditionnellement, la course se déroule principalement au mois de juillet. Voilà pourquoi, le Tour de France semble bon à tous les écoliers : le temps du tour rime avec « vacances ». Je me revois, gamin, sortir les coureurs de leur boite et les regrouper en peloton pour les faire progresser entre deux traits de craie dans l’allée du jardin, entourés des voitures suiveuses, des « Dinky Toys » de circonstance. Ils portaient les maillots nationaux et régionaux de l’époque. Il y avait là le Suisse Kubler, avec son maillot rouge à croix blanche, le beau Louison Bobet et sa tunique de champion du monde, évidemment l’Italien Fausto Copi, le dos barré de rouge-blanc-vert. On achetait le Miroir des Sports pour connaître les « dessous » de la course et déguster les caricatures de Pellos. C’était le temps des frasques de Roger Hassenforder qui mettait dix minutes dans la vue au peloton et s’arrêtait brusquement pour épancher sa vessie au coin d’un bois avant d’enfourcher son engin tranquillement et se laisser rattraper… Encore aujourd’hui, en juillet, toute la France vit au rythme du Tour. La télévision a apporté une autre dimension à l’épreuve : ce sont les images du pays vu d’en haut prises par les hélicoptères qui suivent la course. Paysages variés, France profonde des cultures et des champs, reliefs et bords de mer, villes et monuments : quel plaisir pour les yeux ! Tel un documentaire, entrecoupé de séquences visant à mieux découvrir chaque région, l’alternance des images entre le déroulé de la course et les vues depuis le ciel, transforme l’émission en un scénario plein de magnificence, riche en émotions. Et comme chaque année le parcours est différent, le plaisir est renouvelé. Les plus belles étapes sont incontestablement celles de montagne. On peut y apercevoir tel personnages haut en couleur, affalé dans son pliant, branché sur la pompe à bière comme un insuffisant rénal à sa dialyse, en train de crier des : « pédale fainéant !» grotesques aux coureurs suant sang et eau, debout sur leurs pédales. Ou bien courant comme un dératé à côté de son héros, en short et torse nu, pour tenter de le rafraîchir et ce faisant n’arrive qu’à le gêner dans sa progression … Au mois de juillet, l’après-midi, à défaut d’être au bord du chemin, « prière de ne pas déranger » : chaque Français suit l’étape du jour devant son écran, fasciné comme un mérou face à son premier Cousteau.
Le Tour c’est une « institution ».
C’est un moment typique aussi français que le brie de Meaux. Le magnétisme qui opère provient probablement de ce que ce sport exige un moral et une endurance à toute épreuve. Au-delà des histoires de dopage, l’effort fourni est admirable, les performances souvent incroyables. On monte les cols plus vite qu’une « Mobylette ». Il faut un mental d’acier pour sillonner les routes de France tout un mois à une telle vitesse et enchaîner les étapes sans faiblir ! Les coureurs forcent l’admiration et suscitent l’empathie. Le public ne peut être que sensible aux blessures, souffrances, faiblesses, déception, joie… Etats comme sentiments se lisent sur les visages et c’est tout simplement sublime. C’est une aventure humaine qui se suit, épisode après épisode, comme un feuilleton, avec des sportifs auxquels on aime s’identifier. Le tour, c’est peut-être banal de le dire, fait rêver, et c’est sa force ! Tout le monde connait les maillots du classement : maillot jaune, maillot vert, maillot à pois. Nul doute qu’on aime et adule ces couleurs et les différents « prix » qui identifient les coureurs. Les maillots des équipes, très techniques aujourd’hui, sont le bonus qui apporte une note résolument moderne et gaie à la course et c’est un véritable arc-en-ciel qui se déplace sur les routes de France pour notre plus grand bonheur !
L’édition 2017 vient rallonger encore un peu plus une histoire gorgée de souvenirs – une histoire qui a débuté au XIXe siècle-, et qui n’a certainement pas fini de nous épater. Un sacré moment et pour beaucoup d’entre nous un « moment sacré » !
Pour le détail, voir mon article du 4 juillet 2011, dans les archives.
Ecoeurés, trahis, sidérés, abandonnés.
L’évènement marquant des législatives aura été la grande désertion des électeurs de droite au 1er tour : dans beaucoup de circonscriptions les candidats ont vu leurs voix fondre de moitié, voire plus. Faut-il y voir la colère de l’élimination de François Fillon ou la déception ? Ou sont-ce les nominations d’Edouard Philippe, de Bruno Le Maire et Gérald Darmanin vécues comme des trahisons semant le trouble dans les esprits ? A moins que ce ne soit la « sidération » suivant l’élection du « gourou » avec l’effet de démobilisation conjugué avec le « donnons-lui sa chance ». Probablement un peu de tout ça. Mais allons au-delà. Que penser du taux de participation du second tour des législatives : 43% !! Du jamais vu sous la Vème République. La démobilisation de la droite n’est pas suffisante pour expliquer, d’une manière générale, le manque de participation aux scrutins de la présidentielle et des législatives qui ont suivi. C’est la désertion massive des classes populaires, ouvriers et cols blancs qui est plus largement en cause. Des électorats laissés en jachère peu concernés par les discours de la classe politique, pas plus celui de Macron inscrit dans le concept de « mondialisation heureuse », que celui dit « de vérité » de la droite avec son cortège peu amène de sacrifices à consentir, encore moins celui du PS, complètement décrédibilisé par un bilan affligeant.
Sous-représentatifs, hypo-responsables : cadrés, surveillés, caporalisés.
Les élus de la nouvelle majorité entrant au Palais Bourbon ne sont pas plus représentatifs ni plus légitimes que les responsables syndicaux avec qui ils vont devoir se coltiner sur la nouvelle loi « travail ». On peut critiquer le faible taux de syndicalisation, mais il n’est pas plus condamnable que le taux encore plus faible d’adhésions à nos partis politiques. Et le 43% du 2ème tour des législatives n’est pas plus affriolant que le 42,76% recueilli par les syndicats lors des dernières élections dans les entreprises. De sorte que la démocratie parlementaire ne se retrouve guère plus légitime que la démocratie sociale. Peu légitime ne veut pas dire « illégitime » comme le souhaiterait un Mélenchon. Il n’empêche, le nouveau visage de l’exécutif et de la majorité à l’Assemblée montre déjà tous les mauvais signes d’une démocratie malade. Dans son souci de tout cadrer, le Président qui veut que tout procède de lui, a pris soin de mettre en place des garde-fous partout. Le Premier Ministre et les ministres sont mis sous la surveillance de « macroniens » purs et durs, les députés sont assortis d’assistants parlementaires qu’on leur impose et triés par la machine « En Marche » ! On met à leur tête celui qui a la confiance du chef, à défaut d’être blanc comme neige. Et on voudrait avec ça, que le peuple ait confiance dans ses institutions. Sauf surprise, les lois ne procéderont pas du parlement, mais de l’exécutif, pas des représentants du peuple mais de l’énarchie qui entoure le chef de l’Etat et qui nous gouverne en sous-main depuis des lustres avec les résultats que l’on sait. Surtout que ce sont ceux qui conseillaient Hollande. Le reste n’est qu’image. Ce n’est pas comme ça qu’on convaincra les 89% de Français qui rejettent leurs élites.
Dégrevés, déresponsabilisés.
Il y a peut-être une relation de cause à effets entre la défiscalisation spectaculaire que nous avons connue depuis plusieurs années et la montée de l’abstention. Les citoyens toujours plus nombreux à être déchargés des impôts directs peuvent se sentir peu motivés pour aller remplir un devoir civique qui offre du coup peu d’enjeu pour eux. La suppression de la taxe d’habitation pour 80% d’entre eux ne fait que renforcer cette déresponsabilisation. C’est profondément démagogique et de plus antirépublicain : on peut y voir une rupture d’égalité devant l’impôt. Car le principe de l’impôt est bafoué : celui-ci est institué « pour l’entretien de la force publique et pour les dépenses d’administration » qui nécessitent « une contribution commune également répartie entre tous les citoyens en raison de leurs facultés » (texte de la constitution). Plus de la moitié des citoyens peuvent se dire : « Pourquoi j’irais voter puisque ça ne changera rien pour moi ! » : dégrevé donc déresponsabilisé !
Et démoralisés !
Dans ce contexte, la loi de « rétablissement de la confiance dans l’action publique » tape largement à côté des vrais problèmes. Ses propositions cèdent au populisme ambiant, chargé d’un antiparlementarisme qui affuble la classe politique du « tous pourris ». En fait de « moralisation » on est servi. Le fait que la loi ait été porté par un ministre de la justice obligé de démissionner n’est qu’anecdotique. La volonté de « moralisation de la vie politique » n’est qu’une tartufferie. L’éthique reprendra le dessus et sera convaincante quand la politique reflétera la vérité de la vraie situation du pays dans tous les domaines : économique, social, identitaire… En attendant ce que propose le projet de loi initié par Bayrou n’est qu’un plan com’ vaguement populiste avec quelques mesures justifiées comme la suppression de la Cour de Justice de la République ou la disparition des anciens présidents du Conseil Constitutionnel. Mais s’acharner à nous faire croire que les choses iront mieux parce qu’un parlementaire ne pourra plus recruter un membre de sa famille ou devra se limiter à trois mandats successifs, sera remboursé de ses frais sur facture avec le casse-tête bureaucratique qui va avec, c’est se leurrer ! En vérité, la loi ne corrige en rien les principaux maux dont souffre notre démocratie représentative : le clientélisme entretenu par la double représentation national-circonscription, la perméabilité face au lobbying, le travail parlementaire indigent faute de moyens alloués aux députés. Et le mal risque de s’aggraver par l’entrée massive de la « société civile » voulue par le nouveau président : entrepreneurs et responsables associatifs représentant plus que jamais des intérêts catégoriels. Enfin la loi n’impose pas la publication des noms, des fonctions et des montants des donateurs français et étrangers aux candidats : les citoyens ne sauront jamais envers qui nos élus sont redevables … Une dernière réflexion : la corruption n’existe pas sans corrupteur, l’un dans la société politique, l’autre dans la société civile. Nos représentants ne sont pas différents de ce que nous sommes, nous avons les élus que nous méritons. Cette vérité vaut depuis l’Antiquité !
Consolons-nous : les Français ont une fausse idée de leur classe politique constituée de gens intègres dans leur grande majorité. Tant pis si on ne me croit pas. J’ose le dire !
Certains y voient un sport proche du rugby pratiqué essentiellement par les femmes. De quoi s’agit-il ? Mais des « soldes » bien sûr ! Cette période censée être propice aux bonnes affaires qui commence ce 28 juin et qui va durer six semaines jusque début août. Dès ce matin, elles étaient donc dans les « starting-blocs » à l’entrée des magasins pour se précipiter dès le lever du rideau de fer. Empoignade garantie ! C’est un sport qui nécessite une longue préparation et qui doit, pour être couronné de succès, obéir à quelques règles primordiales. Pour éviter de perdre du temps dans les magasins, et déjouer tous les pièges, mieux vaut avoir un bon plan d'attaque. Il faut donc bien se préparer pour réussir les soldes et faire de bonnes affaires. Bref être tout simplement 100 % efficace ! Aujourd’hui, les achats en solde ou en promotion pèsent 40% du marché du prêt à porter contre 20% en 2000 et les commerçants réalisent en deux mois plus du tiers du chiffre d’affaires de l’année… Alors que promotions, soldes flottants et ventes privées se multiplient, trois Français sur quatre restent en effet fidèles au rendez-vous immuable des soldes d’hiver ou d’été pour s’habiller ou se chausser.
Un peu d’histoire.
D’abord, ne pas confondre « la solde » qui désigne le traitement des militaires et qui signifie « être payé » et « le solde » qui est d’abord la différence entre le crédit et le débit d’un compte, ou le reliquat d’une somme à payer, et devenu par extension la vente à prix plus ou moins réduit de marchandises restantes en fin de saison : solde d’un stock. Voilà pourquoi on dit « les soldes ». Les soldes apparaissent avec la grande distribution, au XIXème siècle. Leur papa serait un certain Simon Mannoury, fondateur en 1830 du premier grand magasin parisien, le « Bon Marché ». Véritable génie de la vente, c’est un précurseur : il met en place des ventes à distance et organise les premiers soldes, afin d’écouler les stocks des invendus de la saison passée à coups de prix cassés. Les premières lois qui encadrent ces rabais datent du début du siècle dernier, en 1906.
Comment faire « les soldes » ?
D’abord, avant de s'aventurer dans les magasins, Madame doit savoir ce dont elle a besoin : ouvrir sa penderie reste le meilleur moyen de se faire une idée pour préparer les soldes efficacement. Puis, quelques jours avant, elle va partir en mission « repérage » dans les magasins où elle souhaite acheter. C'est l'occasion d'essayer les vêtements qui lui plaisent et de vérifier si elle fait toujours la même taille. Cela permet aussi de poser des questions sur le stock et de savoir s’il est possible d’attendre éventuellement la deuxième démarque pour acheter. Mais attention, les soldes sont piègeux : avant toute journée shopping, il convient de vérifier l'état de ses comptes et de se fixer un budget. Il est plus prudent de décider d'un budget avant de partir à la chasse aux bonnes affaires. Astuce pour les plus dépensières : elles retirent en liquide l’argent qu’elles comptent dépenser. Cela permet, paraît-il de mieux se rendre compte de ses dépenses !
Les plus organisées vont jusqu’à établir une liste d'articles à acheter : elles passent forcément moins de temps dans les magasins, tout en risquant de laisser filer un bel article. Des perfectionnistes vont même jusqu’à faire deux colonnes pour séparer les « priorités » du « superflu ». Erreur parfois tragique qu’il faut absolument éviter : arriver trop tard ! Les grands magasins et enseignes spécialisées dans la mode ouvrent généralement plus tôt durant les soldes. Pour être la première à bénéficier des bonnes affaires, il peut être prudent d’appeler les magasins dans lesquels on compte aller, pour connaître l'heure d'ouverture. Et surtout, il faut se renseigner sur une possible « nocturne supplémentaire », pour ne rien rater, sachant que, pendant les soldes, la loi du « premier arrivé, premier servi » s'applique. Enfin, le bon sens exclut de porter des hauts talons pour courir les boutiques : une journée de soldes à piétiner est un exercice des plus fatigants.
Une coureuse de soldes cultive le sens pratique, acquis avec l’expérience : elle prévoit un sac, d'assez grande taille, pour pouvoir y regrouper ses achats. Si elle achète des vêtements, elle a prévu une tenue qui permette de se changer dans le magasin, afin d'éviter la file d'attente des cabines d'essayage. Si elle envisage d’acheter des chaussures, elle se munit d’un mi-bas car les vendeuses seront trop occupées pour en fournir rapidement. Au moment des achats, il convient aussi de se renseigner sur les conditions de retour des articles. En général, les articles soldés ne sont ni repris ni échangés, mais, en cas de doute, il faut toujours demander.
Faire les « soldes » n’exclut pas la tentation. Si les magasins regorgent de marchandises qu’ils ont fait venir tout spécialement pour l’occasion, il y a ceux qui en profitent pour mettre en exergue la « nouvelle collection » … Règle d’or : pendant la période de soldes, il ne faut pas regarder les modèles de la nouvelle collection. L'objectif est de faire de bonnes affaires, pas de craquer pour un produit hors promotion !!!
Et puis il y a les « soldes » pour les paresseuses. Il suffit d’aller sur internet. Elles y trouvent plusieurs avantages : cela évite de perdre du temps aux cabines d'essayage et aux caisses et permet d'acheter 24h/24. Autre avantage non négligeable : le droit de rétractation de sept jours s'applique sur tous les produits en ligne, même soldés. En cas de regret, il est toujours possible de rendre l'objet acheté, à condition de conserver une preuve d'achat. Oui, mais ça n’a pas la même saveur diront les puristes.
Les soldes, c’est comme les confitures.
Ces confitures que l’on fait soi-même alors qu’on pourrait les acheter toutes faites en pots. Oui, mais il y a « l’odeur » qui emplit toute la maison, nous glisse malicieusement Georges Duhamel ! Les soldes sans la bousculade, l’odeur de la sueur dans la touffeur des magasins, les coups de coude dans les côtes et la victoire de l’achat devenu un exploit, ça ne serait pas drôle ! Les « soldes » c’est une aventure qui peut durer six semaines avec plusieurs démarques et à chaque fois un nouvel épisode palpitant.
Une interview révélatrice.
Je m’interrogeais sur la réelle motivation qui avait pu pousser Edouard Philippe et Bruno Le Maire à entrer dans le gouvernement. « Saisir la main tendue », après tout, pourquoi pas. Ils disaient alors ne pas renier leur appartenance à la droite. On pouvait donc penser qu’ils avaient négocié avec le Président des apports à son programme qui respectassent leurs convictions. J’ai la réponse : elle est venue de Bruno Le Maire dans une longue interview au Figaro de samedi.
Le ministre de l'Economie a redécouvert le « fil à couper le beurre ».
Bruno Le Maire a dit qu'il fallait prendre « immédiatement » des « décisions difficiles » pour respecter les 3% de déficit public, car « les comptes publics sont dégradés. Le précédent gouvernement n'a pas budgété des dépenses quasi certaines, comme la recapitalisation d'Areva (géant du nucléaire en difficulté, NDLR), et laissé filer la dépense depuis le début de l'année ». Il poursuit : « Baissons-nous les bras? Ou prenons-nous immédiatement des décisions nécessaires pour tenir les engagements du chef de l'État ? L'intérêt national impose de prendre ces décisions difficiles pour repasser sous la barre des 3% de déficit public ». Le constat, tout le monde le connaissait depuis longtemps et l’équation est quasiment insoluble s’il veut faire face aux reliquats et « en même temps » satisfaire les promesses d’une campagne qu’il a combattue. Si c’est pour reculer à 2019 la transformation du CICE en baisse des charges, on a déjà vu : on commence par augmenter les impôts, ensuite on reporte les baisses, et on fait croire qu’on va reboucher un trou sans fond. Il ne me fera pas croire qu’il ne s’y attendait pas. La continuité ! Ces décisions difficiles, d’ailleurs, il se garde bien de les détailler, car ce n’est pas lui qui décidera. Il faudra qu’il demande à Benjamin Griveaux son avis, et c’est Jupiter qui tranchera, s’il tranche ! Je veux bien que la maîtrise des déficits soit la « condition de notre souveraineté », et qu’elle soit « impérative », mais en affirmant ces truismes, il enfonce des portes ouvertes, ou pire, il redécouvre le « fil à couper le beurre » !
C’était bien une trahison !
Au-delà de ces mesures, Bruno Le Maire a réitéré la volonté de réformes fiscales du gouvernement, dont « la hausse de la CSG de 1,7 point », une « baisse de la taxe d'habitation » Avec ces deux mesures phares aussi inéquitables qu’injustes, ce sont les classes moyennes qui vont en prendre plein leur kilt, et particulièrement les retraités. Il tourne le dos à ses propres propositions et défend avec vigueur un projet qui n’est pas le sien. Autrement dit, il est passé dans le camp Macron sans rien apporter que lui-même, donc pour satisfaire uniquement sa soif de pouvoir. C’est le principe même de la trahison. Le raisonnement vaut pour Edouard Philippe qui cautionne les choix du chef de l’Etat et qui doit subir humiliation sur humiliation : après les « conseillers communs », c’est le discours de politique générale du président-Jupiter devant le congrès, la veille du sien devant l’Assemblée. Philippe transformé en perroquet ! Que peut-il dire de différent ? En quoi peut-il s’affranchir ? Les conséquences ont été désastreuses pour leur famille politique, comme on l’a vu aux législatives. Ils cautionnent la démarche d’une poignée de frondeurs dits « constructifs », dont l’apport à la majorité présidentielle sera identique, c’est-à-dire rien, puisqu’on peut se passer d’eux. Une démarche totalement inutile faite pour gêner toute forme d’opposition raisonnable dont ils voudraient s’arroger le monopole. C’est totalement bidon et politicien. Ceux qui seraient tentés de suivre leur chemin en paieront le prix lors des rendez-vous électoraux qui suivront. Qu’ils n’oublient jamais que si le Président et son Premier Ministre sont au plus haut aujourd’hui, il n’y a pas loin du Capitole à la Roche tarpéïenne. Les Français ont le désaveu facile surtout quand on prend en compte la base électorale qui soutient vraiment. Le pouvoir actuel, pas plus que le bon peuple, ne voient le gouffre qui se creuse sous nos pieds. J’aimerais bien être optimiste …
Les réponses aux devinettes (dans l’ordre) :
D’abord un peu d’Histoire.
Le bruit a couru qu’à la suite de sa cuisante défaite, le PS serait obligé de vendre son siège de la rue de Solférino. Mais sait-on à quoi se réfère le nom de cette rue ?
24 juin 1859 : la victoire française de Solférino.
Mais qu’est-on allé faire en 1859 aux confins de la Vénétie avec nos troupes en campagne ? C’est que la bataille que les Français ont livré ce jour-là aux Autrichiens n’est pas le fait du hasard, on s’en doute bien. Rappelons-nous : on est sous Napoléon III. C’est le Second Empire. De l’autre côté des Alpes, l’Italie, fractionnée entre petits duchés, Etats du Pape et le Royaume de Piémont-Sardaigne, n’a pas encore fait son « unité ». Justement, c’est le sujet. A Plombières, Napoléon III a promis au rusé Cavour, Ministre de Victor-Emmanuel II, roi de Piémont-Sardaigne, que la France interviendrait en faveur de ce dernier si l’Autriche l’attaquait. Dans l’accord, il était convenu que le Piémont recevrait le royaume lombardo-vénitien, les duchés de Parme, Modène et Toscane et une partie des états pontificaux. Nice et la Savoie reviendraient à la France. Vieux rêve napoléonien de redonner des frontières naturelles à la France ! Evidemment, Cavour qui oeuvrait passionnément à l’unité de la péninsule au profit du royaume de son maître, insupporta suffisamment l’empire autrichien pour qu’il lui déclare la guerre. C’est ainsi qu’en 1859, Napoléon III entra en campagne, en annonçant « une Italie libre des Alpes à l’Adriatique ». On résume … Après la victoire non décisive de Magenta (4 juin 1859), à l’issue d’une bataille décousue, les Français progressent vers la Vénétie et se heurtent presque par hasard aux Autrichiens à Solférino. On est le 24 juin. Niel se distingue sous les ordres de Canrobert : 22 000 morts du côté autrichien, 17 000 dans le camp franco-piémontais, une vraie boucherie ! Un témoin, au spectacle de ces morts et de ces blessés, eut l’idée de fonder la « Croix Rouge ». C’était le Suisse Henri Dunant. Les Français avaient contribué à remporter une victoire décisive, mais Napoléon III n’ordonna pas de poursuivre les Autrichiens pour qu’elle soit totale. C’est qu’il était pris entre la pression des catholiques, inquiets pour les états du Pape, et ses sympathies pour l’unité italienne. Finalement il favorisa l’expansionnisme de Cavour. Le Piémont acquit toute l’Italie centrale (24 mars 1860) et grâce à son allié français, le roi Victor-Emmanuel II reçut le soutien de la Prusse qui avait des vues sur l’unité allemande de son côté. C’est ainsi que le royaume piémontais devint royaume d’Italie et reçut la Vénétie, une fois que les Prussiens eurent réglé leur compte aux Autrichiens à Sadowa (1866). Il ne restait plus que Rome… La France eut évidemment sa part avec Nice et la Savoie. La suite est moins glorieuse avec les Prussiens et la guerre de 1870… Mais c’est une autre histoire.
Détendons-nous.
Quelques devinettes :
Qui a dit :
« Qui m’aime me suive ! »
« L’argent n’a pas d’odeur »
« Impossible n’est pas Français »
(réponses demain)
La grande lessive.
Élu dimanche dernier, Richard Ferrand est exfiltré du gouvernement pour être candidat à la présidence du groupe REM à l’Assemblée. Ministre de la Défense, Sylvie Goulard démissionne pour assurer sa défense dans l’affaire des emplois fictifs du MoDem. Président du MoDem, François Bayrou, jusque-là imperturbable est contraint de suivre la même démarche, et Marielle de Sarnez aussi. Le Président est évidemment à la manœuvre. Il ne peut se permettre d’entamer sa mandature avec des brebis poursuivies. Richard Ferrand n’aura pas de mal à être élu à la tête du groupe REM : il en a été le grand organisateur. Le poste est moins exposé qu’au gouvernement si des suites judiciaires survenaient. Il a affirmé que, s’il était sollicité par la justice, il répondrait à ses questions et ne recourrait pas à l’immunité parlementaire. En attendant le bourreau n’a pas voulu être trop sévère avec celui à qui il doit beaucoup.
Bayrou voulait laver « plus blanc ».
Le cas de Sylvie Goulard, tant vantée pour ses nombreuses compétences, est plus obscur. Elle semble avoir été incitée à la démission par la haute idée qu’elle se fait du respect de l’éthique en politique et s’est sacrifiée sur un autel que ses collègues du MoDem voulaient ignorer. Mme Goulard n’est pas plus dans le collimateur de la justice que Marielle de Sarnez ou François Bayrou. Ce dernier avait affirmé, plutôt hypocritement, que Sylvie Goulard avait pris une décision « personnelle ». Jusqu’au moment où la position est apparue intenable. En effet, du ministre le plus en vue au député le plus anonyme, tout le monde doit s’appliquer les principes contenus dans la loi de moralisation publique que le garde des Sceaux venait de présenter en conseil des ministres. Sinon, l’accusation de duplicité allait enfler jusqu’à gêner l’action du pouvoir. Sa défense met en avance des réflexions qu’il n’a pas eues au temps de l’affaire Fillon. Il est ainsi puni de sa malveillance. Il n’avait pas prévu qu’à force de vouloir « laver plus blanc » c’est lui qui se retrouverait dans la lessiveuse !
Les LR « supplétifs ».
Les médias font grand cas de la scission du groupe Les Républicains parce qu’une poignée de députés a formé avec les élus UDI un groupe qui se veut « constructif ». Je n’ai pas trouvé dans les propos de Franck Riester chez Calvi, hier soir, de grande différence de stratégie avec Les Républicains. C’est donc une démarche curieuse dont la motivation est purement politicienne, guidée par on ne sait trop quelle soif d’exister. La composition du nouveau gouvernement montre qu’ils ne sont même pas pris en compte par l’exécutif : des supplétifs d’une majorité qui n’a même pas besoin d’eux, des « allongés » qui s’appuient sur un discours creux, voilà ce qu’ils sont. Car le « ni droite, ni gauche » est une supercherie soutenue par une petite poignée d’électeurs bobos. Le concept ne bénéficie d’aucun soutien populaire comme le démontre la participation électorale dont il ne parle jamais. Macron n’a pas besoin d’eux car ils n’ont rien à lui apporter. Ils affaiblissent l’opposition républicaine et du coup, font le jeu du FN. Quant au Premier Ministre, leur appui sera dérisoire, lui qui est déjà « allongé » devant le Président avec l’obligation d’avoir des conseillers communs avec l’Elysée : on voit tout de suite qui mènera la politique du gouvernement. C’est un Premier Ministre sous tutelle. Si c’est ça la nouvelle politique !
L’opposition républicaine est une nécessité.
Les élections ont donné une large majorité au Président. Va-t-on laisser à la gauche insoumise de Mélenchon et à quelques élus FN avec Le Pen en tête, la possibilité d’occuper toute la place de l’opposition au nouveau gouvernement ? Ce serait un jeu dangereux dans le contexte de désaveu démocratique que la France traverse. L’Assemblée a besoin d’une respiration démocratique qui ne peut venir que de débats avec une opposition responsable attachée aux institutions. Le fait que le gouvernement ait un premier Ministre issu de la droite ne change rien au projet qu’il doit appliquer : on sait qu’il est insuffisant sur bien des points pour redresser le pays et plein de contradictions. Sa réussite est aléatoire et on connait la versatilité des Français. Le groupe Les Républicains est le seul à incarner une force de propositions pour améliorer les textes et le moment venu, une alternance crédible.
Attention aux extrêmes.
Car les extrêmes ont le triomphe facile alors que leur marge de manoeuvre à l’Assemblée est à peu près nulle. Le Front national, qui tente de cacher ses plaies que sont le découragement de Marine Le Pen et les querelles internes, clame que ses huit députés feront le travail de 80. On peut toujours compter sur eux pour démolir. Plus agressive encore, la position des « Insoumis », pour qui le résultat des élections législatives n’a pas la moindre importance et qui réaffirment leur vocation, la manifestation dans la rue, comme moyen principal et même unique, d’obtenir les mesures sociales qu’ils exigent. Pour eux, le fonctionnement de la démocratie ne serait qu’un miroir aux alouettes et ce que l’on n’obtient pas dans les urnes, on peut aller le chercher par la force. Avec la « loi travail » l’été pourrait bien être plus animé que prévu !
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Victor Hugo, Les rayons et les ombres
Ouf ! C’est fini.
Le marathon électoral est enfin terminé. Macron a sa majorité, large mais pas aussi écrasante que ce qui était annoncé : il y a bien eu un correctif du second tour. Mais à majorité absolue, responsabilité absolue. La préoccupation reste le taux inédit des abstentions qui font du Président de la République un colosse aux pieds d’argile. Il manque à cette victoire écrasante en apparence un atout et non des moindres : l’adhésion populaire. 66% des ouvriers et 61% des employés se sont abstenus au premier tour des législatives. Et le plus dur commence pour lui, avec un socle électoral étriqué : 24% des suffrages exprimés par 79% du corps électoral d’une part et 30% de 50% pour ses députés. Avec un groupe LR finalement pas si famélique, Mélenchon et Le Pen en embuscade, et un groupe « En Marche ! » à la cohésion incertaine, l’Assemblée ne va pas être un lieu de tout repos. Spectacle en vue … Bon à savoir : les chambres introuvables finissent toujours mal. Celle de 1815 fut dissoute par Louis XVIII un an après, celle de 1919 déboucha sur le Cartel des gauches, celle de 1968 n’empêcha pas le Général de perdre son referendum un an après et celle de 1993 fut dissoute par Jacques Chirac en 1997 avec le résultat que l’on sait … A bon entendeur !
C’est pas pire que si c’était moins bien !
Pour l’union de la droite et du centre le résultat n’est pas glorieux en perdant pas loin de 80 sièges sur la législature précédente. Mais avec près de 140 députés, le groupe sera suffisamment étoffé pour exister. La défaite n’est jamais déshonorante, ce qui l’est c’est le comportement qui suit. Il importe en effet que le parti ne sombre pas dans des querelles sybillines et sache préserver sa cohésion tout en prenant en compte les sensibilités qui le traversent. La trahison d’Edouard Philippe nous coûte cher : elle a créé la confusion et le désarroi parmi notre électorat. Ceux qui s’apprêtent à rallier le gouvernement feraient bien d’y réfléchir à deux fois. Macron a sa majorité, il n’a pas besoin de « supplétifs » pour gouverner. Il importe, dans le cadre d’une opposition constructive qui a toujours été la tradition de la droite, de ne rien lâcher sur nos convictions et nos valeurs, car après la marée basse revient toujours la marée haute. Il appartiendra au congrès de la fin de l’année de définir les axes du nécessaire ajustement que les leçons de la défaite nous imposent.
La désillusion suivra inexorablement l’engouement.
Le programme de Macron n’est pas suffisant pour redresser véritablement le pays. C’est une évidence. Sur bien des points il va se retrouver piégé : par le bilan du quinquennat qui vient de s’achever, par la fin programmée du financement « quantitatif » de la BCE et la remontée des taux, par les effets récessifs de l’augmentation de la CSG qui va prélever 20 milliards d’impôts, par le besoin de financement des retraites, sans parler de l’équilibre financier à trouver … avec une majorité de bric et de broc. Je continue de penser que le concept de « droite et de gauche » est un leurre. Les clivages ne tarderont pas à ressurgir au détour de quelque réforme que les uns ou les autres ne voudront pas assumer. Ce sont donc des résultats en demi-teinte, notamment sur le chômage auxquels il faut s’attendre, car le contexte actuel, s’il est porteur, ne durera pas forcément. Et comme Le Président a les « pleins pouvoirs », il est en première ligne et n’aura pas d’excuses.
La recomposition est une tartufferie.
Certes, le « dégagisme »a joué à plein après le quinquennat désastreux de Hollande. Celui-ci a entraîné dans sa chute une partie du monde politique, tel le judoka qui en s’effondrant entraîne son adversaire à terre. Si le PS est étrillé, c’est qu’il a été phagocyté par En Marche qui a recyclé une partie de ses idées et de ses cadres. Mais la droite a plutôt résisté même si la nouvelle génération (60% des candidats) n’a pas pu tirer son épingle d’un jeu largement pipé par la présidentielle et sa logique implacable. Ils n’en sont pas moins la relève. C’est dire si la « recomposition » est superficielle. Le clivage gauche-droite fait partie de notre histoire politique, on ne le gomme pas si facilement. Il est fondé sur des divergences culturelles inconciliables, même si des accommodements de gouvernance peuvent les cacher. La droite n’est pas soluble dans le macronisme, sauf pour quelques ambitieux en mal de maroquins qui font passer leur carrière et leur ambition personnelle avant leurs convictions. Et qu’ils ne viennent pas plaider l’intérêt du pays. Le fonctionnement de la démocratie exige au contraire le débat et les courants d’idées, pas l’uniformité.
Les devoirs des Républicains.
Ils ont d’abord un devoir d’opposition. Face à Mélenchon et Le Pen qui voudront se présenter comme les seuls opposants véritables, c’est le groupe LR qui a en charge l’opposition républicaine et l’espoir d’alternance qui viendra forcément un jour. Ils ont ensuite un devoir d’union : les élections ont mis à jour des fêlures que la défaite exacerbe. Oublier que le parti est traversé de sensibilités diverses et vouloir les réduire serait le condamner à rester l’opposition pendant deux décennies. On ne gagnera rien à réduire le socle sur lequel il est installé. C’est au contraire, en faisant appel à toutes les bonnes volontés et en tolérant les différences qu’on préparera sérieusement l’avenir. Et c’est le troisième devoir : celui de tirer les leçons de la séquence électorale qui vient de se terminer, digérer la défaite et réfléchir à un nouveau projet pour la France des années 2020.
Je vous rassure, je n’ai pas été saisi de « guainoïte » et je ne me prends ni de près ni de loin pour le Général De Gaulle. Pourtant, c’est à lui que je me réfère, puisque c’est la mode.
Faisons du 18 juin une « fête électorale » gaulliste !
Dimanche prochain ce sera le second tour des élections législatives, mais il ne vous a pas échappé que c’est aussi l’anniversaire de « l’appel du 18 juin 1940 ». Cette date symbolique concomitante d’une échéance majeure devrait inciter tout « gaulliste » digne de ce nom à remplir son devoir électoral et en toute logique porter son suffrage sur un candidat du parti qui porte les idées du Général ou qui s’en réclame, je veux dire Les Républicains. Après, il sera trop tard. Comme 61% des Français ont l’intention de corriger le résultat du 1er tour, le sursaut de mobilisation de l’électorat de l’Union de la droite et du centre pourrait être salutaire.
Les candidats de l’union de la Droite et du centre.
Si je prends l’exemple de mon département, ce sont des hommes et des femmes de terrain, qui ont l’expérience, investis au service de tous depuis des années. Ils ont été sélectionnés pour obtenir l’investiture. Ils représentent une nouvelle génération, puisqu’un seul sortant se représente. Ils ne méritent pas la sanction qui leur a été infligée au 1er tour, pour lequel on a observé un niveau record d’abstentions de notre électorat. La trahison de quelques-uns a pu jeter les uns ou les autres dans la confusion. Ne nous arrêtons pas à cet épisode. Dimanche prochain, nos candidats ont encore leurs chances à condition que la mobilisation soit au rendez-vous. Laissera-t-on une majorité introuvable gouverner la France pendant cinq ans ? Ce n’est pas souhaitable : c’est un chèque en blanc aux contours dangereux. On a le droit de ne pas être satisfait du parti qui représente nos idées aujourd’hui : qui peut l’être ? mais le temps de la refondation viendra inévitablement à l’automne. Ce sera le moment de dire ce que nous souhaitons. Mais en attendant, il faut aller voter. S’abstenir c’est se priver de tout droit de se plaindre ensuite !
L’illusion ne durera qu’un temps.
Je reste persuadé que l’élection présidentielle et le 1er tour des législatives sont le fruit d’une illusion savamment entretenue qui ne tardera pas à se dissiper à l’épreuve de la réalité. Et celle-ci commence à se manifester. D’abord avec les sombres perspectives financières que Mr Edouard Philippe semble naïvement découvrir. Il se trouve confronté d’abord à toutes les décisions prises ces derniers mois de 2016 qui représentent plus de 11 milliards d’euros de dépenses supplémentaires plus ou moins financées au budget 2017, 13 milliards d’euros pour 2018 et pèseront encore pour 9,5 milliards d’euros en 2019. Ce sont les « poussières » laissés sous le tapis par les prédécesseurs. Ce que l’audit de la Cour des Comptes confirmera. Et puis il y a l’addition des promesses électorales de Mr Macron qui avoisine les 32 milliards d’euros et qu’il va falloir commencer à financer : taxe d’habitation, recentrage de l’ISF, plan d’investissements, dépenses de sécurité et de défense, transformation du CICE en baisse des cotisations. Un cahier des charges des budgets à construire bien lourd pour Mrs Le Maire et Darmanin. Le tout avec un taux de croissance qui ne décolle pas et des déficits impossibles à juguler, générateurs d’emprunts … Une équation impossible, sauf magie ! Les Français ne tarderont pas à s’en apercevoir…
On en a vu par dizaines, dimanche dernier, dans les bureaux de vote. Certains se frottaient déjà les mains. Quand au final on a ouvert les urnes, on a surtout vu qu’ils avaient voté pour le candidat « En Marche » ! Etonnants ces retraités !
En France, on est riche à partir de 1 200 € quand on est retraité : c’est le seuil qui déclenchera la hausse de la CSG. Ce sont en effet les retraités qui sont en première ligne des victimes expiatoires d’une génération qui a trop de chance puisqu’elle jouit de retraites conséquentes. Enfin, c’est ce qu’on voudrait nous faire croire. Le raccourci est un peu ahurissant dans un pays où les petites pensions concernent des millions de personnes. « Aux plus aisés des retraités, je demanderai cet effort pour avoir un système plus intelligent pour leurs enfants et petits-enfants » expliquai naguère celui qui est devenu président. Toujours le même principe : faire payer les riches. Comme il ne reste plus que ceux qui sont « assignés à résidence », ce sont eux qui seront saignés. Qu’on en juge : avec 3 000 € de pension mensuelle, celle que touche un prof’ de collège ou de lycée, la baisse de pouvoir d’achat atteindra 600€ par an, ça n’est pas rien ! Mais après six ou sept ans de gel, la perte de pouvoir d’achat commence à être conséquente et insupportable et la hausse de la CSG devient une pilule amère. Pour les salariés et les cadres, jusqu’à 33 000 €, la ponction sera largement compensée par la baisse des cotisations salariales.
Il n’y a pas que les retraités qui doivent se faire du mouron. Les fonctionnaires dont les revenus mensuels oscilleront entre 2 000€ et 3 200 €, la hausse de la CSG ira de 400 à 650 € par an. Des mesures compensatoires ont été parait-il prévues sans qu’on sache ni quoi, ni qu’est-ce. A propos de caisses, elles sont particulièrement vides comme on sait. Ils seront bien naïfs ces fonctionnaires qui vont voter pour une baisse significative de leur pouvoir d’achat après tant d’années de stagnation de leurs émoluments. Il en est de même pour les professions libérales et les agriculteurs. Pour ces derniers, avec 1 400 € de revenu mensuel, ils se verront allégés de près de 300 € par an : avec les difficultés que traverse le secteur, on se demande si la mesure est bien appropriée !
Mais les grands perdants ce seront bien les 8 millions de retraités bénéficiant d’un revenu fiscal de référence de plus de 14 375 € par an pour une personne seule ou 22 050 € pour un couple. Leur taux de CSG passera de 6,6% à 8,3% ! Cela représente 60% de la classe d’âge. Et ceux-là ne bénéficieront pas non plus de l’exonération de la taxe d’habitation. Double punition ! La machine à niveler est toujours en action, c'est bien un gouvernement de gauche !
Il faut abroger ce projet de hausse de la CSG ! Monsieur Le Maire ne devrait pas être difficile à convaincre, lui qui préconisait une baisse de 1 point de cette même CSG !!!
Pour moi, c’est clair : je voterai pour la candidate LR. On ne va tout de même pas se faire détrousser en votant ! A moins d’être « maso » !
La logique est respectée
Il fallait s’y attendre. Les candidats du Président raflent la mise. Comme à chaque fois depuis la mise en place du quinquennat, les législatives confirment le choix de la présidentielle. Avec un peu plus du tiers de suffrages exprimés, le scrutin majoritaire amplifie la victoire de la République en marche, et le taux d’abstention accentue la distorsion entre ce qui sera la représentation à l’Assemblée nationale qui dépassera probablement les 400 députés et la réalité du vote. C’est ainsi. Avec seulement 17% du corps électoral, Emmanuel Macron va avoir une des majorités introuvables comme seule la Vème République a su en donner au moment des crises. Il est condamné à réussir, car il ne pourra pas arguer de la difficulté à faire passer ses projets en lois. Le second tour peut corriger le tir, mais au vu des écarts du 1er tour, ce sera forcément à la marge. Il faudrait un sursaut de participation bien improbable pour que la physionomie du scrutin soit modifiée en profondeur.
La recomposition ne concerne que la gauche
Dieu sait qu’on nous a rebattu les oreilles avec la recomposition du paysage politique. Si elle a eu lieu, elle ne concerne que la gauche, avec le Parti socialiste qui ressort de l’épreuve en charpie. On l’enterra définitivement lundi prochain. Désormais, la force principale incarne la gauche dure : c’est la France insoumise de Mélenchon. Les réformateurs ont été macronisés, ce qui montre bien que la République en Marche est une version ripolinée du PS.
Le point positif : Les Républicains résistent
Si la coalition En Marche Modem vire en tête du 1er tour, le second tour opposera quant à lui, dans la plupart des circonscriptions, un candidat de la droite et du centre à un candidat En Marche. La Droite et le Centre de l’UDI ont été laminés, mais il existe un môle de résistance suffisamment dur, et l’union trouve le moyen d’améliorer en pourcentage d’exprimés le score de Fillon à la Présidentielle. Ce n’est pas brillant, mais il est très important qu’un pôle républicain perdure à droite et empêche le FN d’occuper toute la place.
Pour le second tour, le débat est indispensable. Les Français aspirent à la clarté, clarté des convictions, clarté du débat, clarté sur les grands choix pour notre pays. Il reste donc une semaine pour mettre en lumière les différences qui existent entre nos candidats et ceux d’En marche, dans un débat projet contre-projet, ouvert et respectueux.
Des exemples parmi tant d’autres de nos différences avec En Marche ! Cela dit, au lendemain du second tour et quel que soit le résultat, il incombera aux dirigeants du parti de rester unis. Comment peut-on imaginer que notre électorat ait été mobilisé avec des Républicains écartelés entre ceux qui sont En Marche, ceux qui ne sont pas En Marche mais soutiennent En Marche et ceux qui voudraient être dans l'opposition ? Une ligne politique claire s’impose entre soutien et opposition : il faut en débattre sereinement, mais gare à la scission, elle serait mortelle et ferait le lit du FN !
51% d’abstentions
Jamais pour des législatives le taux de participation n’aura été aussi faible. Il traduit des sentiments probablement multiples qui traversent le corps électoral : doute, absence de confiance, lassitude … Le moins qu’on puisse dire c’est que le fait qu’un électeur sur deux n’ait pas cru bon de se déplacer, n’est pas rassurant. Cela remet en cause notre système électoral tel que nous venons de le vivre : huit mois de campagne, des primaires, une présidentielle… et deux tours à chaque fois. La participation agit en trompe l’œil. Certains y verront un manque d’adhésion au programme présidentiel. Un faux triomphe donc qui devra être suivi de décisions difficiles. Pour gouverner, il ne suffit pas de compter sur une majorité, fût-elle écrasante. Il vaut mieux avoir une adhésion au projet et une opposition au parlement. Pour l’instant, on n’a ni l’une, ni l’autre. Et s’il ne reste que la rue …
... Et sur la 1ère de Maine-et-Loire de voter pour Caroline FEL !
1) Le phénomène « En marche » doit son succès au thème du renouvellement de la classe politique. La rapidité des scandales et des polémiques qui se sont déclenchés depuis la formation du gouvernement ne dénotent aucune amélioration sur ce plan.
2) Des zones d’incertitudes graves recouvrent les projets d’En marche, sur l’Europe, l’immigration, la sécurité, le cannabis, la politique internationale, la CSG et la fiscalité en général, etc. Lui donner la majorité absolue reviendrait à un blanc-seing, ou feu vert de cinq années qui n’est pas sans danger.
3) Au-delà du brouillard, des confusions, de l’enfumage, des manipulations et de l’air du temps, il n’est pas inutile d’en revenir aux faits et de se souvenir que le chef de l’Etat est l’ancien conseiller et ministre de l’Economie du président Hollande dont il partage inévitablement la sensibilité profonde.
4) Il est temps d’inventer une opposition moderne, qui ne serait ni systématique ni destructrice, prête à soutenir des initiatives bénéfiques mais disposant des moyens, à l’Assemblée nationale, de contrer une politique néfaste.
5) Il faut récompenser ceux qui ont eu le courage de ne pas céder aux sirènes du carriérisme et de la trahison de leur camp politique en ralliant opportunément En marche. Ils sont loin d’être parfaits, ils ont leurs défauts, leurs errements passés. Mais dans la tourmente actuelle, ils ont le mérite de se tenir debout et dans l’honneur. On est en droit d’espérer que cette noblesse de comportement ouvre une ère nouvelle ou les convictions et le sens du bien commun auront toute leur place.
6) Les présidentielles 2017 ont été souillées par le scandale et le pays privé de débat démocratique sur le fond des sujets. En refusant de plébisciter En marche aux législatives, les Français montreraient qu’ils ne sont pas dupes de la mascarade qui a eu lieu.
7) La démocratie n’existe pas, d’un point de vue historique, sans Parlement. Les régimes despotiques et totalitaires, dans l’histoire, ont pour premier geste de supprimer le Parlement. Le principe actuel du régime français (admis depuis trop longtemps) d’une Assemblée nationale, dont le seul objet est de confirmer le résultat des présidentielles, revient à nier l’autorité et l’indépendance du Parlement, relève de la forfaiture et renvoie aux heures les plus sombres de l’histoire. Les Français ont aujourd’hui l’occasion de résister à cette déviance, ou anéantissement de la démocratie.
8) L’hyperprésidence, la personnalisation du pouvoir à outrance, revenant à confier le destin du pays à un une figure médiatisée, conduit inévitablement au culte de la personnalité au détriment de l’intérêt général, à la polémique, puis au lynchage, à l’impopularité, à la crise de confiance, à l’impuissance, entraînant le pays à l’abîme. Ce régime n’a strictement aucun rapport avec la République gaullienne de 1958 qui respecte le partage entre les rôles du président, du Premier ministre, du Parlement souverain. Refuser la majorité absolue à En Marche revient à refuser la poursuite de l’hyperprésidence vénéneuse.
9) Refuser la majorité absolue à En marche n’implique pas d’entrer dans la « cohabitation » que les Français rejettent. Dès lors que le nouveau pouvoir entend dépasser le clivage droite/gauche, le risque d’un affrontement entre deux camps rivaux au sommet de l’Etat est exclu. L’idée serait uniquement d’imposer à l’exécutif un nouveau partage des responsabilités.
10) Au-delà du mythe du renouvellement, la continuité prévaut largement en matière de mœurs politiques: fuite dans la communication, culte de la personnalité à outrance, débauchages et manœuvres politiciennes: les Français ont l’occasion de montrer qu’ils sont un peuple intelligent qu’on ne mène pas à la baguette ni par des manipulations et qu’ils ne sont pas dupes.
11) Le véritable changement consisterait à replacer le monde réel, l’intérêt général, le bien commun, le débat d’idées au cœur de la vie politique et d’en finir avec sa dérive narcissique. Nous en sommes bien loin. Les Français ont l’occasion d’envoyer aux dirigeants du pays un avertissement démocratique de premier ordre en leur refusant la majorité absolue.
12) Résister à l’air du temps, au courant dominant, au vertigineux matraquage médiatique en cours serait tout à l’honneur des Français.