HISTOIRE

ALERTE ! LA FINANCE EST DEVENUE FOLLE !

Planche à billets

 

Les taux bas éreintent le modèle  du livret A, refuge privilégié de l’épargne des Français ; les taux négatifs laminent les banques européennes malmenées en bourse et dont certaines ont perdu jusqu’à 25% de leur valeur…

L’arnaque avec un « A ».

Ce que font aujourd'hui les banques centrales et les États dépassent toutes les arnaques financières les plus célèbres et les plus sophistiquées, par leurs montants et par le silence assourdissant des gouvernements qui en profitent. Ce sont des centaines de milliards qui sont en jeu. En Europe, la BCE et les banques centrales ont mis en place un mécanisme d'une subtilité et d'une perversion rarement atteintes.

Accrochez-vous !

Prenons l’exemple de la BCE (Banque centrale européenne) et de la France. La BCE rachète massivement des emprunts d'État. La première conséquence est simple à comprendre : les taux des emprunts d'État baissent, et du coup le service de la dette et son coût pour l’État chutent. Le but était d'aider les États européens pour que les gouvernements utilisent ce bonus pour réformer,  mais on a observé qu’en France c'est l'inverse qui s'est produit : la baisse des taux a été une prime à la paresse et tout le monde parle déjà de relance alors qu'on n'est même pas passé par la case « austérité » comme l'Allemagne. La France aurait dû profiter de cette aubaine pour apurer ses comptes mais elle ne l’a pas fait.

Attention ça se corse !

En fait, aujourd'hui, quand la France emprunte, c'est donc la Banque centrale européenne qui lui prête. C’est ce qui ressort  de ce qu’on vient d’expliquer, c’est simple à comprendre. Mais la BCE n'est pas sortie de nulle part : elle est bien la « banque centrale » des « banques centrales nationales » (dont la Banque de France) qui dépendent totalement elles-mêmes des budgets des États européens. Vous suivez ? Autrement dit et pour faire simple, lorsque le gouvernement français emprunte de l'argent, c'est en quelque sorte le gouvernement français qui lui prête. En fait, c’est un cercle totalement fermé. Vous trouvez ça normal ?

Bon,  prenons un exemple !

Supposons que  la France emprunte de l'argent à 0.50% par an. La BCE qui a acheté l'emprunt français touche donc 0.50% par an qui reviennent directement à la Banque de France en charge de la dette française. Et évidemment la dite Banque de France reverse ces 0.50% au budget de l'État. C’est ainsi que de 2005 à 2015 la Banque de France a encaissé 50 milliards d'euros qu'elle a reversés au budget de l'État. Et le plus drôle c'est que, soumise à l'impôt sur les sociétés, elle a payé un impôt à l'État français sur l'intérêt payé par l'État français. Kafkaïen ! 

Attendez, ça n’est pas fini !

Comme la BCE a épuisé le marché des emprunts d’Etats, elle rachète aujourd’hui des emprunts de grandes entreprises, pour continuer à déployer son Q.E (Quantitative Easing = planche à billets).  Les intérêts de ces emprunts vont aussi dans les caisses de l'État. Donc, c'est l'État français qui se prête lui-même de l'argent totalement artificiel et qui devient le premier prêteur aux plus grosses entreprises.  C’est la négation totale des lois du marché.  A côté, Madoff était un enfant de chœur.

Résultat des courses.

On ne sait pas combien de temps la plaisanterie va durer ni comment sortir de ce cercle vicieux. D’autant plus que le dispositif du Q.E. n’a toujours pas atteint son objectif principal qui est de relancer  la croissance européenne toujours mollassonne, pas plus qu’aux Etats-Unis où la Fed hésite toujours à remonter ses taux tant les signes de consolidation de l’économie sont peu convaincants. Le Japon connait pire et malgré l’enfoncement dans les taux négatifs, la banque du Japon n’arrive toujours pas à casser la spirale de la déflation. Entre le dollar, l’Euro et le Yen c’est une guerre des monnaies qui ne dit pas son nom. Toutes ces émissions de monnaie, au lieu d’alimenter l’économie réelle, vont grossir les milliards spéculatifs de la planète financière qui tourne de plus en plus follement (je vous expliquerai une autre fois comment), alternant périodes de calme relatif et d’affolement, au gré du prix du pétrole ou de la Chine, jusqu’au moment où le système bancaire exsangue et à bout de souffle s’écroulera, et  là … !

 


LE BREXIT, Y’A PAS DE MAIS QUI TIENNE, MAY… !

Brexit

 

Un gros coup de froid, mais pas de récession. La croissance du PIB britannique devrait atteindre 1,8% au lieu de 2,2% cette année, et 1% au lieu de 2,3% en 2017. L'activité continuera à souffrir en 2018 avec un taux de croissance attendu de 1,8% au lieu de 2,4%. Mais elle ne devrait pas entrer en territoire négatif. Il n'empêche : si ces prévisions s'avèrent exactes, le Royaume-Uni connaîtra l'année prochaine son taux de croissance le plus faible depuis 2009, quand il était frappé de plein fouet par la crise financière de 2008. Et même si le Brexit n'a eu, contrairement aux anticipations de tous, aucun impact important pour l'instant ni sur l'économie ni sur les marchés britanniques, le patron de la Banque centrale anglaise veut continuer à baisser les taux d'intérêt. Il n'est pas rassuré sur l'avenir et pense que le Brexit peut encore avoir des conséquences graves, avec un petit décalage dans le temps.

Perfide Albion.

Et pour cause, la mère Theresa Britannique a beau affirmer que le Brexit aura bien lieu, elle n’est surtout pas pressée de déclencher l’article 50 qui en signifierait concrètement la réalité.  Parce que pour l’instant rien n’a bougé, ou si peu. Pas question d’un second referendum ni de réintégrer l’Europe,  mais elle ne se hâte guère d’en sortir. Cette fermeté affichée cache mal le grand flou dans lequel se trouve le Royaume-Uni deux mois et demi après le vote. Si Theresa May affiche une telle détermination en apparence, c’est parce qu’elle doit encore donner des gages au camp des vainqueurs, dont elle ne fait pas vraiment partie. Mais surtout, Cette position prudente lui permet pour l’instant de ne pas dévoiler son jeu. Elle se garde bien de donner quelles que précisions que ce soit.

Sur le calendrier, d’abord. On sait seulement que la Première ministre a confirmé à plusieurs reprises qu’elle ne déclencherait pas la procédure de sortie de l’Union avant la fin de l’année. On ne sait pas si elle invoquera l’article 50 dès le début de2017, Ou si elle jugera plus prudent de laisser passer les élections françaises de mai, voire les élections allemandes de septembre.  De  quoi exaspérer ses (encore) partenaires européens.

Sur le fond, Theresa May entretient le flou le plus artistique. Depuis juillet, pratiquement aucune indication n’a été donnée sur le type de relation que la Grande-Bretagne souhaite nouer avec l’Union européenne une fois que le Brexit sera effectif. Seules deux grands lignes directrices transparaissent : Il faudra instaurer « un certain contrôle » sur l’immigration en provenance du continent, sans  donner plus de précisions,  et sauvegarder les relations commerciales de la Grande-Bretagne avec le reste de l’Europe, tant pour les biens que pour les services, en particulier les services financiers de la City. On croit rêver !

Brexit sans « brexit » si possible !

Conclusion : on voit bien qu’elle veut gagner du temps pour trouver le moyen de sortir si possible sans rien changer. Et pendant qu’elle fait  lanterner l’Europe, elle négocie des  accords  bilatéraux à  part. Le beurre et l’argent du beurre. La perfide Albion ne joue jamais franc jeu.

Combien de temps peut-elle tenir ? c’est que les pro-Brexit risque tout de même de se réveiller. La Grande-Bretagne doit aussi tenir compte de ses partenaires commerciaux qui commencent à s’impatienter, inquiets de l’impact de cette période d’incertitude sur leur propre économie. Et pas seulement les Européens. En marge du G20 la semaine dernière, le Japon a appelé Londres à clarifier la situation. C’est que les entreprises japonaises – Toyota, Nissan, Nomura… – emploient 140.000 personnes outre-Manche et vendent leur production sur le continent. La sauce douanière à laquelle ils vont être mangés les intéressent au plus haut point. May, mets ce qu’il te plait !  Eh bien non, elle ne pourra pas complètement ignorer ce genre de pression. Ni celle de la  Commission européenne qui est loin d’être dupe du jeu souterrain de la Première britannique.

Il n’y a pas  de « mais » qui tienne !

 


EUROPE A « JE T’AIME, MOI NON PLUS » !

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Fico the One.

L’Europe nous réservera toujours des surprises : c’est au moment où elle connait son prurit populiste aigu du Brexit qu’elle voit arriver à sa présidence tournante l’un des plus excités : Robert Fico ! « Connais pas ! » me direz-vous… ne culpabilisez pas, même si on m’avait demandé qui c’est, je n’aurais pas su. Et pourtant, je n’ai pas d’excuses avec des enfants qui ont habité à Bratislava. Le Fico en question n’est autre que le Premier Ministre de la Slovaquie, où va se tenir le prochain sommet européen. Ce « social-démocrate » appartient à une variété particulière de la grande famille dite de gauche. Voisin de Viktor Orban, le conservateur de Hongrie, il partage avec lui la même conception de l’immigration : il n’en veut pas. « Nous ne laisserons jamais entrer un musulman en Slovaquie » a-t-il proclamé, bien que son pays soit à l’écart des mouvements migratoires. D’ailleurs, il n’a pas hésité à s’allier, pour gouverner,  avec les leaders xénophobes.  On comprend que la gauche européenne tienne à l’écart cet eurosceptique notoire. Aussi attend-on avec curiosité les impulsions que sa présidence voudra insuffler à la machine européenne.

Brexit à reculons.

L’après referendum s’avère plein de surprises aussi chez les Grands Bretons. On y voit les vainqueurs fuir les responsabilités et le moins qu’on puisse dire c’est qu’on ne se hâte pas de prendre le manche pour envoyer la lettre qui actionnerait l’article 50. Courage fuyons. Le Brexit n'a plus de leader, plus de défenseur. On voit mal comment on pourrait échapper à des élections législatives anticipées et peut-être même à un nouveau référendum. Devant le désastre que provoque l’annonce du divorce, à la fois politique et économique, les godons ne sont plus pressés de se séparer. Ils veulent prendre leur temps, laissant tout le monde dans l’incertitude. Perfide Albion, toujours la même. En attendant, bonjour les dégâts : l’immobilier commercial a chuté de 50% depuis le début de l’année car les institutions bancaires avaient anticipé le risque, deux fonds MetG et Aviva Investors ont gelé leurs fonds face à l’afflux des retraits, et la £ivre a atteint son plus faible niveau depuis 1985 face au dollar. Déficit public record, endettement très élevé des ménages, perte d’attrait du Royaume-Uni auprès des investisseurs : la Banque d’Angleterre a identifié les menaces qui pèsent sur l’économie britannique. C’est pourquoi Londres hésite entre l’affrontement et la coopération avec Bruxelles, mais il faudra que ses gouvernants se décident vite. Si, comme le proclame Georges Osborne, il est envisagé de faire du dumping fiscal pour maintenir la place financière en baissant à 15% les taux d’imposition sur les bénéfices des entreprises (aujourd’hui à 20%), ce sera interprété comme un cri de guerre, de quoi durcir les conditions du retrait. Il va de soi que la « marché unique, c’est la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes, quatre libertés qui forment un tout indissociable ». Si les britanniques veulent jouer aux flibustiers, ils ne pourront rester au sein de l’Europe, même à minima. Et le pari de Georges Osborne est loin d’être gagné pour reconquérir la confiance des investisseurs avec ce seul appât. C’est qu’en effet, Londres ne pourra faire autrement que de négocier un accord avec l’Union européenne qui constitue aujourd’hui plus de la moitié de son commerce et probablement bien plus encore pour la survie de la « City ». D’ailleurs c'est à 99.9% que les actionnaires du London Stock Exchange ont voté pour la fusion avec la Deutsche Börse, fusion qui devrait, malgré le Brexit, avoir lieu. Dans ces conditions on ne voit pas pourquoi le siège de la nouvelle institution ne serait pas en Allemagne.

L’Europe si ça m’arrange !

Matteo Renzi veut profiter du trouble créé par le Brexit pour faire avaler un projet que Bruxelles refuse depuis des mois. Il veut restructurer son secteur bancaire en recapitalisant ses banques avec des aides d'État et en imposant des regroupements. Les banques italiennes sont en difficulté et ça urge. Leurs cours se sont effondrés en Bourse et elles ne passeront pas, pour la plupart, les « stress tests » de la Banque centrale européenne, en fin de mois. Son plan de sauvetage est basique : l'État injecterait de l'argent dans le capital des banques pour leur permettre de respecter leurs ratios de solvabilité car leur problème c'est la masse des créances douteuses qui plombent leur bilan, et pousserait les plus fragiles à se regrouper ou à s'adosser. Un plan comme il y en a eu un peu partout en Europe. Le problème c'est qu’entre temps, l'Europe a changé les règles du jeu. Elle veut que ce soient les actionnaires et les créanciers qui paient les pots cassés et pas la puissance publique, dans le cadre des nouvelles règles de l'Union Bancaire. Donc pas question pour l'Europe d'accepter le plan Renzi. Celui-ci poursuit donc un double objectif : tout d'abord il veut sauver ses banques au plus vite,  mais en même temps, il veut démontrer qu'il sait, lui aussi, résister à Bruxelles. C’est que depuis l'élection municipale à Rome et depuis le Brexit, il est sous pression, notamment des populistes. Lui aussi a mis tout son poids dans la balance pour un referendum (hé oui, encore un) sur les réformes structurelles. Et au fil des semaines, le camp du non gagne du terrain. S’il perd, il devra évidemment démissionner. Il a donc intérêt à sauver les banques contre l'avis de Bruxelles pour sauver sa peau !! Du rififi en perspectives.

Cause toujours…

Finissons ce cours panorama par notre cher pays. Après ce que vient d’annoncer la Cour des Comptes, la discours de notre Sapin-les-bas-roses a perdu toute substance. Non la France ne réduit pas ses déficits, oui la dette explose et non la France ne respectera pas ses engagements de retour en-dessous des 3% en 2017 (je vous épargne les chiffres). Et devant la liste des nouvelles dépenses non financées, à caractère purement électoral, les instances bruxelloises sont exaspérées par le double langage qu’on leur tient. Ce qui rend risibles les discours qu’on entend partout pour expliquer que Paris va attirer tous les talents financiers de Londres. Allez savoir pourquoi un financier viendrait à Paris ? Pour payer 60% d'impôts, plus l'ISF et en prime se faire cracher dessus par la gauche, l'extrême-gauche, les écolos et le Front National ? Voilà donc qu’ils ne seraient plus, ces financiers, l'ennemi sans visage de notre pathétique pingouin ? La Finance ne fait pas bon ménage avec l'égalitarisme et le nivellement par le bas, sinon, ça se saurait. Voilà qui ne rend pas très crédible la France quand elle veut faire entendre ses exigences concernant le Brexit. On a vaguement compris que nos gouvernants souhaitait une évolution de l’Union vers plus de « solidarité ». je traduis le langage « solférinien » : il ne s’agit rien moins que de faire payer par les autres les efforts que nous refusons de consentir depuis cinq ans. M’étonnerait que ça marche !

 


APRES LE BREXIT… EUROPA !

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La nuit dernière, j’ai bien dormi ! D’abord la France bat l’Irlande et se qualifie pour les ¼, ensuite le « oui » l’a emporté à Notre-Dame des Landes et enfin, le Parti Populaire a fait mentir les sondages en Espagne en renforçant son score de décembre dernier. En toute logique, il devrait continuer à gouverner puisque le bloc de gauche arrive derrière, toutes voix confondues. Ceux qui croyaient que le Brexit allait attiser les forces politiques non conventionnelles comme Podemos en sont pour leurs frais. Même le PSOE a réussi à sauver sa seconde place !

Nous commençons néanmoins cette semaine sur un mode très étrange.

C’est ce qu’on entend à la suite de la victoire du « Oui » à l’aéroport de Notre-Dame des Landes. C’est pourtant net et sans bavures : 56%, que faut-il de plus ? Eh bien ça ne change rien. Les opposants ont une conception curieuse de la démocratie, à commencer par Mme Duflot. Depuis le début, on a affaire à une bande d’opposants déterminés qui n’ont rien à battre des procédures démocratiques, dont la lutte s’inscrit dans un cadre révolutionnaire. Face à ces gens-là, il n’y a que la force pour faire respecter le droit ! Le plus tôt sera le mieux.

Autre étrangeté, les Grands Bretons semblent frappés de sidération après le vote de la semaine dernière au point d’avoir perdu la boussole. Une pétition pour un nouveau referendum rassemble plus de trois millions de signatures (et ça n’est peut-être pas fini) et après avoir joué avec le feu, Cameron voudrait prendre le temps qui lui convient pour formaliser sa défaite, au grand dam de ses interlocuteurs de l’Union européenne. Difficile de se moquer du monde davantage ! Il faut dire qu’il laissera un bilan effroyable. Sa gestion n’est pas en cause, puisqu’il a permis au Royaume-Uni de se redresser. Mais ce qui est frappant quand on analyse les résultats du referendum, c'est de voir à quel point la Grande-Bretagne est divisée. Les résultats par région montrent de forts écarts allant jusqu’à 65/35 dans les deux sens, entre celles qui ont rejeté l’Europe et celles qui voulaient y rester. Les clivages par âge et par classe sociale sont du même tonneau. Londres et la City semblent totalement coupés du reste du pays. En Écosse, attachée à l'Europe depuis toujours, un référendum pour l’indépendance est devenu inévitable. En Irlande, européenne elle aussi au Nord comme au Sud, le vote du Brexit réveille le vieux rêve de la réunification. En face, on trouve le Pays de Galles et l’Angleterre qui ont manifesté un sentiment très anti-européen. Le risque d’implosion du Royaume-Uni n’est donc pas une vue de l’esprit.

Europa !

Les grands manœuvres post-Brexit ont donc commencé. Passons sur les réglements de comptes qui animent la classe politique outre-Manche. Sur le continent, tout le monde y va de sa recette pour relancer l’Europe. Pourquoi se mettent-ils en peine ? Inutile de chercher, celle-ci existe déjà et elle est pleine de bon sens. Nos dirigeants feraient bien de prendre comme livre de chevet « Europa », le livre de Giscard préfacé par Helmut Schmidt. Le moment est venu de répondre à l’appel qu’ils lançaient naguère pour la construction d’un ensemble fort et fédéré, comprenant, dans un premier temps les nations fondatrices plus cinq ou six autres.  C’est un projet qui ne demande aucune modification des traités européens. Il prévoit la création d’un Directoire, l’instauration d’un seul et même budget, la marche vers un système fiscal  et de droit du travail communs. Ce projet, qui peut être mis en oeuvre très rapidement et sans attendre la fin des négociations de départ du Royaume-Uni, permettra au continent européen de redevenir puissant et solidaire face aux géants du monde que sont la Chine et les Etats-Unis.

Le livre contient tous les éléments : la marche à suivre et les étapes à respecter. Et naturellement, il ne faut pas perdre de vue la nécessité d’associer les peuples à cette évolution.  Giscard n’a pas négligé la nécessité de réconcilier l’idée européenne avec les peuples. Ainsi précise-t-il, « il n’est aucunement question dans l’union économique et monétaire, d’attribuer des compétences en matière de santé, d’éducation, de logement, de sécurité publique, de protection sociale, de culture, bref de tout ce qui fait le particularisme de notre mode de vie. En revanche, il serait essentiel que les citoyens aperçoivent les buts recherchés et se persuadent du bien-être d’appartenir à un ensemble puissant, prospère et libre, au lieu de languir dans des structures morcelées et vouées inexorablement au déclin.» Et pour cela, il faut que le peuple européen se sente partenaire du projet et donc il ne suffira pas de le consulter, il faudra l’associer notamment par le biais des parlements nationaux. Pour Giscard, la pratique démocratique reste le seul instrument qui fasse communiquer le peuple et le pouvoir, aussi doit-elle être présente dans le fonctionnement d’Europa.

Le chemin qui conduit à une intégration plus poussée existe. Il n’est pas très difficile d’y avancer, conclut-il. Il suffit d’une volonté politique partagée… Le choc du Brexit pourrait avoir cette conséquence salutaire.

 


LA CLARIFICATION

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Leave : 52%  Remain : 48%

Les Anglais ont tranché : le Brexit l’a emporté. Bien sûr on peut le regretter, un pays qui divorce de l’Union européenne n’est pas un événement anodin. D’ailleurs l’affolement qui a gagné le monde financier et le personnel politique en est une démonstration. Pour autant, il faut bien reconnaître que le fait que cette sécession concerne le Royaume-Uni est tout sauf un accident. Bien que son entrée dans l’Union remonte à plus de 40 ans, il n’a jamais vraiment joué le jeu de la construction de l’Europe. Il a refusé d’entrer dans la zone euro et réclamé constamment des exceptions aux règles. Un pied dedans, un pied dehors. En fait, ce qui intéressait notre partenaire d’outre-Manche c’était d’avoir à sa porte une zone de libre-échange à moindre prix. On a donc assisté à 40 ans de guérilla permanente. Depuis son entrée dans l’Union, le Royaume-Uni a été un boulet, voilà la vérité.

Le vote d’hier met fin à 40 ans d’hypocrisie.

La teneur de la campagne électorale a révélé un grave malentendu entretenu par les partisans du Brexit : le principal déclencheur du vote « leave » a porté sur le thème de l’immigration, en en faisant porter la responsabilité aux institutions de Bruxelles, alors que le problème est largement lié aux conséquences de la mondialisation. Qui peut croire que quitter l’Europe changera quelque chose à ces mouvements démographiques. Le pays qui a dominé le monde avec son empire quitte l’Europe par frilosité devant les bouleversements de la globalisation ! Mais faire de l’UE le bouc émissaire pour avoir un prétexte est minable surtout au regard des conséquences effroyables que le divorce va entraîner. Surtout quand on ajoute au tableau le pari politicien de David Cameron pour avoir le pouvoir, suivi du même pari de Boris Johnson dans le même but.

Car la déflagration du Brexit va faire des dégâts difficiles à évaluer.

A commencer par le possible éclatement du Royaume-Uni, l’Ecosse étant en mesure de prendre son indépendance, le réveil de la guerre entre les deux Irlandes, sans parler des conséquences financières et juridiques avec des milliers de lois à réécrire et des dizaines de traités à renégocier : une sacrée galère ! Avec son cortège de misères pour les plus démunis. Ce sont eux qui paient toujours les mensonges des populistes. Alors Marine Le Pen peut bien fêter l’événement en buvant du champagne, Mélenchon prendre à témoin la loi El Khomry comme dictat ultra-libéral de Bruxelles, ce sont les mêmes que Farage. Ils se servent de l’Europe comme bouc émissaire de nos lâchetés nationales, de notre incapacité à mener les réformes nécessaires. Comme si retrouver la souveraineté nationale, la monnaie, le pouvoir de légiférer pouvaient  permettre le redressement du pays, son désendettement, la fin de ses déficits, sans efforts. Qui ne voit pas que nos syndicats qui ne veulent pas renoncer aux acquis sociaux, les conservent au prix de la précarité de ceux qui n’ont pas la chance d’entrer sur le marché du travail. L’Europe n’a rien à voir là-dedans.

Cela dit, nous allons vivre une période d’incertitude qui va durer des semaines et des mois, dans un paysage européen et international imprévisible. Bien des questions se posent, politiques, financières et économiques. Le Brexit ouvre une période de deux à dix ans de négociations, il intervient à un moment où l’économie mondiale est ralentie et ne parvient pas à prendre un nouvel essor. L’économie européenne sera forcément impactée, à commencer par celle du Royaume-Uni, et aussi celle de la France qui a une balance commerciale  positive avec lui, mais personne ne sera épargné.

 


LA POUSSEE POPULISTE

Marine le Pen 2013   Mélenchon Bastille 2013

 

Après l’Autriche, c’est l’Italie. On vérifiera très bientôt ses effets au Royaume-Uni avec le referendum sur le Brexit, on en mesure les progrès même aux Etats-Unis avec le phénomène Trump, et probablement aussi en Espagne avec « Unidos Podemos » cette alliance à l’extrême gauche qui talonne le parti Populaire de Rajoy. En Grèce les populistes n’ont rien réglé et continuent d’encaisser les chèques de l’Europe tout en renaclant à faire les réformes. Cela n’y change rien. Pour réussir en politique aujourd’hui, dans nos vieilles démocraties, il faut être anti-système, et ce n’est pas surprenant puisque le dit système a échoué et les politiques ont renoncé à le changer. On le voit bien en France.

Le cas du Royaume-Uni

L'histoire du référendum britannique incarne jusqu'à la caricature ce que la politique ne devrait pas être. David Cameron en avait lancé l'idée en fonction de petits calculs électoraux qui risquent de lui coûter cher aujourd’hui. L'ancien maire de Londres, Boris Johnson, fait le calcul inverse et semble avoir choisi le Brexit surtout pour arriver plus vite au pouvoir. Comme souvent dans les référendums, les électeurs ne répondent à la question posée - quitter l'union européenne ou y rester - mais à une autre -fermer ou non le pays à l'immigration, le débat s’est fait principalement sur ce thème. L’assassinat de Jo Cox, tuée par un déséquilibré pro-Brexit, a constitué le paroxysme d'une campagne électorale très violente, amplifiée par une presse britannique qui a donné une nouvelle fois la preuve de sa capacité à manier l'outrance. Cameron face à l’Europe comparé à Chamberlain face à Hitler, excusé du peu, faux arguments et mensonges, tout aura conduit à cet épisode dramatique. Le meurtre semble avoir calmé les uns et les autres : tant mieux. Il aboutira peut-être à un vote en faveur du maintien. Mais que d’hypocrisie de la part des Anglais quel que soit leur bord !

Le divorce entre les élites et les peuples des pays développés.

Le plus grave c’est que ce qui se passe en Grande Bretagne est le reflet de ce qui se passe partout ailleurs, y compris en France. Et le meurtre d’une députée en cristallise le constat aberrant : c’est le divorce entre les élites élues ou au gouvernement et les peuples. Ce clivage a dominé la campagne électorale britannique. Les bataillons d'économistes savants qui se sont échinés à expliquer que le « Brexit » serait une catastrophe pour l'économie du pays ont sans doute eu pour effet principal d'alimenter le vote en faveur du divorce avec l’Union... Comment faire entendre raison à des masses populaires qui l’ont perdue, et qui ne veulent plus rien savoir. Car l'opposition au « système » est en passe de devenir la ligne de fracture dominante dans toutes les vieilles démocraties. Chez nous aussi, extrême droite et gauche populistes ont réussi à imposer les thématiques du souverainisme et du protectionnisme à des partis de gouvernement usés, c’est pourquoi Marine Le Pen semble aujourd'hui être le futur candidat à l'élection présidentielle le plus certain d'avoir son ticket pour le second tour. En Italie, Matteo Renzi encaisse une défaite au profit du mouvement « Cinq étoiles » qui vient de remporter haut la main les mairies de Rome et de Turin. En Espagne, deux tout nouveaux partis, Podemos et Ciudadanos, troublent le jeu politique. Plus grave, l’alliance de Podemos avec Izquierda Unida (communistes) risque de faire passer à la trappe le PSOE. En Allemagne,  le parti « Alternative für Deutschland » (AFD) pourrait à son tour déstabiliser la mécanique politique l'an prochain. Partout la clé de lecture est la même et porte sur la question de l'immigration qui est au coeur des débats. Aux Etats-Unis, c'est même la première promesse de Donald Trump face à une Hillary Clinton considérée comme issue du système.

Le mirage des indépendances nationales.

Défiant le principe de réalité, ces nouveaux apprentis sorciers, volontiers nationalistes, experts ès référendums, veulent nous faire croire que nos pays seraient plus forts et plus influents, mieux protégés des crises financières et migratoires en s’enfermant dans un splendide isolement… au mépris de ce que l’histoire nous a appris. Car partout nous rencontrons de beaux esprits qui font de Bruxelles le bouc émissaire de toutes nos lâchetés et calculs politiciens, prompts à ressusciter des rêves de grandeur nationale, sans tenir compte de la puissance disparue. Ils manient pour ce faire débats caricaturaux, dénis et falsifications. Mais quand il n’y aura plus Bruxelles, il faudra trouver d’autres boucs émissaires, et là, on connait la suite ! La montée des « populismes » n'est pas surprenante en temps de crise. Une telle vague s'était aussi formée lors des années 1930, dans la foulée de la Dépression. Toute crise économique pousse au repli sur soi, tue l'espoir au profit du doute, plonge les peuples dans l'incertitude avec le cortège du chômage et de la misère. La tentation est grande alors de se révolter contre un système mis à mal et qui ne tourne plus rond. Et il existe d'excellentes raisons d'être en colère face à des résultantes choquantes comme l’accroissement des inégalités et le marasme d’une croissance qui ne vient pas ou mollement. Pour y faire face il faudrait des gouvernants qui proposent vision et cap, avec des réponses crédibles capables de faire entrevoir un avenir meilleur. Les populistes profitent du vide et semblent apporter des réponses : elles sont évidemment illusoires, mais comment éviter que les citoyens y soient sensibles. Le désenchantement est tel qu’il faut malheureusement craindre qu’il faille en passer par la mise à l’épreuve, avec pour résultat une aggravation de la situation comme on l'a vu en Grèce où les électeurs ont voté l'an dernier contre un plan de mesures que le gouvernement s'est résigné à mettre en œuvre ensuite.

La démocratie représentative.

La démocratie représentative est menacée. On voit ressortir les vieilleries bolchéviques, manipulées par des écervelés qui n’ont pas connu, ou les tentations autoritaires et totalitaires par une frange qui n’a jamais désarmé ni renoncé. Ce sont nos institutions qui sont en mise en danger par l’usure du système politique. Une partie du peuple a de plus en plus de mal à reconnaître l’autorité et la légitimité des élus, mises à mal par le virus de la « démocratie participative ». L’exemple de Notre Dame des Landes est emblématique. Les représentants du peuple devenus des professionnels de la représentation, inamovibles, éloignés de leurs mandants sont condamnés. Il importe, qu’à défaut de se transformer, notre système propose au moins une forme de renouvellement : celle des hommes et des idées qui vont avec. Je crains fort que si nous ressortons du magasin les mêmes personnels, on ne coure à la catastrophe. Voilà où aura conduit l’abaissement de l’autorité du politique et de l’Etat, par un pouvoir qui continue de procrastiner, de manipuler et d’atermoyer. Un abaissement qui rejaillit inévitablement sur l’opposition par effet miroir !


LA SEMAINE D’ARCHIBALD

Haddock se marre bis

 

Retour sur une semaine agitée. C'est comme le temps et ça dure depuis un moment. Quelle époque ! Du côté du temps, on ne peut pas dire que la météo ait fait beaucoup d’efforts pour aider les sinistrés à faire sécher leurs affaires. A se demander ce qu’on a fait au bon dieu (j’en ai une petite idée). Côté CGT, même pas un petit geste pour être solidaire des policiers assassinés. 

Lundi :

On a atteint le comble de l’horreur avec l’assassinat d’un couple de policiers par un terroriste islamiste fou : la barbarie n’a pas de limites. Et dire qu’on est en « Etat d’urgence » !

Mardi :

Martinez-le-stalinien avait promis une mobilisation « énorme » pour sa manif’ : la police a comptabilisé 80 000 personnes à Paris et la CGT … 1 000 000 ! En voilà un qui a les mêmes rapports avec la vérité que l’antique Pravda. On a surtout constaté une énorme casse avec des militants syndicalistes pris la main dans le sac (de la violence). Et si on tapait dans les 450 000 € de sa cagnotte pour payer les dégâts. On a bien fait payer la pelouse du Champ de Mars à la Manif pour tous. Hollande a menacé d’interdire les manifestations : chiche !

Mercredi :

Ce matin les taux d’intérêts allemands à 10 ans sont tombés dans le négatif.

Royal encore punie : EDF devra appliquer un rattrapage de 1,5 € par mois aux 28 millions de clients du tarif réglementé. Têtue et bête à la fois… Mais ça, on savait. Coluche aurait rajouté : « Enfoirée, c’est nous qu’on paye ! »

Primaire de la droite : on va bientôt monter un nouveau "15 de France". Avec la candidature de Guaino, on arrive à 14 candidats. Le ridicule ne tue pas, dommage ! Il ne manque plus que le chauffeur de Sarko ou son poisson rouge (s'il en a un) … Bref, ça fait pas sérieux. Pour qui se prennent-ils tous ces hurluberlus à l’égo démesuré ?

Jeudi :

Echec des négociations sur l’assurance-chômage. El Khomry impute l’échec à l’attitude du Medef (on s’en serait douté). Et courageusement le gouvernement a prorogé le dispositif actuel jusqu’à 2017. Une manière de passer la patate chaude aux successeurs.

A Londres, meurtre de Jo Cox, députée pro « In » par un fou pro « brexit ». La campagne de violence des partisans de la sortie de l’Union a atteint son paroxysme. Une campagne véhémente et mensongère comme seuls les populistes savent le faire. Mais après ?

Vendredi :

L’or est à 1300 $ l’once : du jamais vu depuis août 2014. Cela n’annonce rien de bon.

Mélenchon passe en tête des candidats de gauche dans les sondages. C’est pépère qui rit jaune. On attend la blagounette, mais elle ne vient pas. D’ailleurs il est devenu gaulliste : c’est le premier président de gauche à se rendre à Colombey sur la tombe du Général. Faut-y qu’il soit tombé bien bas pour marcher dans les pas de Philipot !

Et encore : Martinez n’est pas d’accord avec El Khomry. On s’en serait douté.

Samedi :

Conseil national du PS : Camba dégaine la primaire de la « gauche de gouvernement » (si vous savez pas, je vous le dis : c’est le PS + les radicaux + les écolos égarés). Adopté à l’unanimité ! Une manoeuvre hollandaise pour enfermer les Montebourg, Macron, Linneman et autres prétendants dans un carcan fait sur mesure pour le sortant. Ce qui a fait dire à Filoche (lui-même candidat) : «  même une chèvre gagnerait contre Hollande ! ». Les gauchos voteront avec des moufles les deux derniers dimanche de janvier, les veinards.

Dimanche :

Selon le JDD d’aujourd’hui, les cotes de Hollande et de Valls auraient encore baissé. On croyait qu’ils avaient touché le fond, mais non, ils creusent encore. A l’époque, on disait « la cote de Barre baisse et ça amuse la galerie ! » mais avec Hollande et Valls on a rien trouvé de drôle. La situation se suffit à elle-même.

 


ALORS BREXIT OU PAS BREXIT ?

Brexit

 

Les sondeurs « outre Channel » devraient être plus sérieux et ménager les cardiaques. Pas un jour sans que paraissent des évaluations contradictoires, quand elles ne tombent pas dans la même journée. Un coup le Brexit est à 48% quand le « In » est à 43, le coup suivant c’est l’inverse. On croyait la partie perdue pour les partisans de la rupture et deux sondages les donnent largement gagnant : aussitôt la Livre décroche et la City s’affole. Seuls les bookmakers eux restent calmes et continuent à donner le camp du « In » très largement gagnant. De longue tradition il vaut mieux se fier à eux, ils sont probablement le meilleur indicateur.

Mais en réalité, personne n'en sait rien... Ce qui est certain c’est que les investisseurs ne veulent pas croire à une sortie de la Grande-Bretagne. Ils pensent même qu'en cas de victoire du Brexit, les gouvernants profiteront des deux ans de période de transition pour tenter de faire revenir les Anglais sur leur décision. Toujours est-il que même les marchés n'ont pas intégré le scénario d'un Brexit. Cameron a mis tout son poids dans la bataille, les grands leaders européens et américains ont aussi agité le drapeau rouge sans que l’on sache si cela aura un impact sur la décision des habitants du Royaume Uni. La journée du vendredi 24 juin va être une journée intéressante à suivre, surtout sur les marchés.

Et puis je vais vous dire, le Brexit, les Français s’en battent l’œil. Ils ont suffisamment à se démener pour faire face aux turpitudes que leur imposent les radicaux de la CGT ou les éléments déchainés avec leur cortège d’inondations. Les plus anciens se rappellent que l’Europe a su exister sans les « Godons » et que cela ne l’empêchait pas d’être prospère. C’est même parce que le « marché commun » était en train de les ruiner qu’ils sont venus frapper à la porte, profitant d’un Pompidou conciliant. S’ils croient que se séparer de l’Europe empêchera les problèmes d’immigration, ils se leurrent, d’autant que plus rien ne nous empêchera de regarder des « embarcations » s’éloigner de nos côtes vers l’eldorado anglais. Les Calaisiens voteraient certainement « pour ».

Histoire de continuer à se détendre un peu : savez-vous qu’en Allemagne le rendement moyen des emprunts toutes échéances confondues est devenu négatif pour la première fois, et que nos voisins germains empruntent à 10 ans à 0,04% ! De quoi faire rêver notre Sapin-les-bas-roses.

Bien fait ! Je ne peux pas résister au plaisir d’évoquer ici le Macron qui s’est pris un œuf sur ses boucles gominées et son costard Lagonda. L’idole des médias bobos l’a bien cherché, non !

 


MONDE A LA DERIVE CHERCHE LEADER(S)

Bagarre_village_gaulois

 

Le monde actuel va mal. Quel que soit le côté où l’on se tourne, ce n’est qu’incertitude, difficulté et pessimisme. J’entends déjà votre reproche : « Daniel, arrête de jouer les Cassandre ! ». Mais que voulez-vous, je n’y peux rien si la réalité est ce qu’elle est. La preuve par l’observation : faisons un petit tour d’horizon.

Les menaces qui pèsent sur la croissance mondiale

On en compte au moins quatre : la transition économique de la Chine pèse sur les échanges internationaux parce que son gouvernement peine à maitriser les mutations que génère le passage du modèle tourné vers l’export à celui de la consommation intérieur ; les pays émergents sont menacés d’un retrait massif des capitaux internationaux, soit parce qu’ils dépendent trop de leurs matières premières dont les prix chutent, soit parce qu’ils sont en crise politique comme le Brésil ; de nombreux pays en développement sont déstabilisés durablement par la volatilité des marchés financiers et connaissent une récession ; enfin, la plupart des pays développés dont l’Europe et le japon, affichent une croissance faible et restent au bord de la déflation. Ces menaces ont été rappelées par Christine Lagarde, présidente du FMI.

L’arrêt de la globalisation

La conjonction de tous ces facteurs, s’ils intervenaient au même moment comme cela semble se profiler,  pourrait entraîner un mouvement inverse de celui de la « mondialisation ». Ce phénomène de repli sur soi généralisé serait peut-être loué par les apôtres populistes mais serait en réalité une véritable catastrophe pour notre planète. En effet, la plupart des économistes s’accordent sur le constat que l’ouverture généralisée des frontières a permis à près d’un milliard d’êtres humains de sortir de l’extrême pauvreté. Cela n’empêchera pas le spectre d’une crise financière mondiale de hanter tous les esprits. Car les systèmes bancaires de plus en plus interconnectés, les mouvements de capitaux dont la taille n'a cessé de croître et qui sont devenus plus volatils, les acteurs non bancaires du type fonds de gestion, « hedge funds », compagnies d'assurances, centres offshore, sans parler du marché parallèle des « bitcoins »,  gagnent en importance mais avec une distorsion de l’impact sur l’économie réelle par la création de « bulles »: toutes ces évolutions multiplient les risques encourus par l'économie mondiale. Tant et si bien que certains économistes prédisent une nouvelle crise encore plus dévastatrice que celle de 2008, alors que les efforts de régulation ont été engagés mais ne sont pas à la hauteur.

L’absence généralisée de leaderships

A ce climat, viennent s’ajouter trois risques supplémentaires majeurs. Le premier, c’est l’élection américaine. La course de Donald Trump est à cet égard préoccupante. On sait, en effet, que son élection serait le signal d’un repli des USA sur eux-mêmes, tant le discours qu’il développe est ultra protectionniste. Un repli qui se ferait évidemment aux dépends du reste du monde, puisqu’il s’agit d’exacerber la puissance américaine contre tous les autres. Le second risque, c’est l’Europe. On voit bien partout les causes d’immobilisme ou de stagnation : une Espagne paralysée qui doit retourner aux urnes, un Portugal qui recule avec son gouvernement de coalition de gauche, la Grèce qui nous refait le coup du chantage comme tous les dix-huit mois et qui en est encore à faire les fonds de tiroir pour payer ses fonctionnaires, la menace du Brexit qui serait une catastrophe pour la deuxième économie de l’UE s’il se réalisait et pour tous les autres partenaires, le climat des affaires qui se dégrade en Allemagne… Et je ne parle pas de la France, puisqu’il parait qu’elle va mieux (je plaisante). Le dernier risque auquel nous devons faire face, c’est la crise migratoire à quoi on peut associer les tensions religieuses et l’explosion du terrorisme, et le repli identitaire qu’elles déclenchent partout. La dernière élection en Autriche n’envoie pas un signal réconfortant. La fermeture progressive de toutes les frontières serait un formidable frein au développement. Et dans aucun pays, il n’y a un leader qui s’impose avec une vue d’ensemble, et encore moins au niveau continental voire mondial. Le monde court au désordre et il n’y a personne pour prendre les décisions qui l’empêcherait.

Une triple conjonction

Imaginons ce que pourrait produire une déconnection Nord-Sud, associée à une balkanisation de l’Europe et une démondialisation liée au double repli américain et chinois ! Imaginons ce que produiraient les replis de capitaux, la guerre des monnaies qui ne manquerait pas de s’en suivre, et les désastres en chaine amplifiés par les réseaux connectés. Tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne : les pays émergents n'ont pas accès à tous les instruments financiers de défense et surtout, ils n'ont pas le privilège d'émettre une monnaie de réserve internationale à l'instar des Etats-Unis, des membres de la zone euro et du Japon. Sans parler de la Chine qui ne se laissera pas faire. Sans parler de la Russie, des pays du golfe….

Heureusement, ce n’est pas parce qu’une catastrophe est prévisible qu’elle se réalisera. Comme dirait l’autre : « les prières sont les bienvenues ». Et avec la chance qu’on a, la droite pourrait bien reprendre le pouvoir au pire moment. On mesurera alors amèrement le temps perdu pendant cinq ans pour mettre nos finances d’équerre quand « la conjonction des planètes était favorable ».

 


BREXIT, TU M’EXCITES !

Brexit

Voir sortir les godons de l’Union, pour le quidam hexagonal qui ne leur a toujours pas pardonné d’avoir brûlé Jeanne, c’est plutôt une bonne nouvelle. Depuis le temps qu’ils nous cassent les pieds avec leurs demandes extravagantes pour ne pas faire comme tout le monde, au moins sans eux, on vivra heureux !  Voire… Ce discours, c’est celui du chauvinisme « béret-baguette-pinard », avec en plus : « Ils roulent à gauche ». Argument définitif ! La raison nous dit tout autre chose.

Le pari dangereux de Cameron.

La date du référendum britannique sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne se rapproche : il aura lieu le 23 juin prochain. Ce jour-là, les citoyens britanniques décideront de rester ou non dans l’Union. Beaucoup d’entre eux sont tentés par ce qu’ils appellent le « Brexit ». La sortie n’est donc pas une hypothèse à prendre à la légère. Mais surtout pour eux. Car aucun argument rationnel ne la justifie, ni sur le plan économique, ni sur le plan politique. Toutes les études, quel que soit l’origine, soulignent les conséquences économiques très défavorables au Royaume-Uni dont l’impact négatif est évalué entre 3% et 8% du PIB. Le coût sera la conséquence de barrières commerciales plus élevées, une baisse des investissements directs étrangers, un impact sur la Livre Sterling, sans parler de l’incertitude causée par la longue période intermédiaire de transition post-Brexit. En outre, bien que le Royaume-Uni n’ait pas rejoint la zone euro, Londres reste la place financière de l’Europe, statut que la capitale britannique perdra. Il faudra probablement un nouvel accord commercial avec l’Union européenne qui ne se fera pas sans contreparties coûteuses pour le sortant. Ainsi les Britanniques supporteront le coût de l’Europe s’ils veulent maintenir leurs échanges, sans être à la table des décisions. En face, le seul avantage bien maigre sera l’économie de la contribution nette au budget de l’Union européenne. Un pari dangereux pris par Cameron quand on sait que les échanges extérieurs du Royaume-Uni sont liés pour près de 50% à l’Europe, son premier partenaire commercial ! Son gouvernement se trouvera contraint à des politiques d’ajustement brutal pour rétablir ses comptes extérieurs. Cela ressemble à un suicide politique. D’autant plus que les entreprises installées en Angleterre, qui exercent souvent des métiers mondiaux et ont fait de ce pays une base d’exportation vers l’Europe comme l’automobile, seraient tentées de se délocaliser pour des territoires plus compatibles avec l’immense marché de 500 millions d’habitants, de surcroit stable grâce à la monnaie unique. Vouloir quitter la première zone économique du monde est donc un non-sens.

De plus en plus de Britanniques prennent conscience de ces enjeux.

Un ancien haut fonctionnaire a lancé la semaine dernière un avertissement aux électeurs britanniques : s’ils choisissent de quitter l’Union européenne, le processus de sortie sera long et compliqué. En effet, le traité de Lisbonne prévoit une période minimale de deux ans de transition si un Etat-membre décide de quitter le groupe des Vingt-Huit. Mais pour Gus O’Donnell, qui a dirigé l’administration britannique sous trois premiers ministres entre 2005 et 2011, il est « hautement improbable » que ce délai soit tenu. Londres devra négocier son accès au marché unique européen, ses relations futures avec l’UE et tous ses traités commerciaux avec les pays tiers. Le gouvernement Cameron qui s’est engagé pour le maintien dans l’Union, a estimé qu’une période de dix ans serait nécessaire pour cette vaste remise à plat. Dans l’intervalle, le pays passerait par deux élections législatives et donc, potentiellement, deux changements de gouvernement, ce qui ne faciliterait pas les choses. Sans compter que les autres Etats-membres, à commencer par l’Allemagne et la France, n’auraient pas intérêt à faciliter la tâche du pays sortant, car ils sont eux-mêmes confrontés à la montée de mouvements anti-européens. Et la règle impose qu’à la fin de la période de deux ans, tout ce qui n’aura pas été négocié devra être prorogé par un vote unanime de tous les autres Etats-membres sauf le sortant ! Effrayant, n’est-il pas ?

Cependant, les dés ne sont pas encore jetés.

La campagne anti-Europe va s’intensifier en Grande-Bretagne où les populistes ne manqueront pas de décrire l’Union sous des traits désavantageux, comme ils n’ont cessé de le faire depuis des années, avec l’aide d’une presse « tabloïd » qui n’en est pas à une outrance près. Ils ne se rendent pas compte que pour le reste de l’Europe, l’enjeu strictement économique est bien plus faible en raison des tailles relatives : l’Union européenne est plus importante pour le Royaume-Uni que l’inverse. Les conséquences économiques éventuelles seraient diluées en termes de croissance et d’échanges, à l’échelle du continent. D’ailleurs les pays européens ne cessent de mettre les Anglais en garde contre un choix historique qu’ils jugent désastreux, moins pour l’Union elle-même que pour la Grande-Bretagne.

Pour l’Europe, l’enjeu est surtout politique.

Le débat sur le Brexit porte en germe le risque d’un retour en arrière de la construction européenne et d’une fragmentation. La sortie du Royaume-Uni serait un symbole dévastateur pour l’avenir du projet européen. Au-delà du rêve,  c’est la force de frappe que représente l’Union pour relever les défis de demain, dans le domaine numérique ou de la propriété intellectuelle, face aux Etats-Unis et à la Chine, qui sera entamée. Et face au terrorisme, comme les attaques dramatiques de Bruxelles viennent de le souligner, l’Europe a davantage besoin de se renforcer que de se désunir. Mais ce peut être aussi une fantastique occasion de rebondir : une nouvelle étape d’approfondissement de la construction européenne pourrait s’ouvrir sous l’impulsion forte d’un couple franco-allemand raffermi.

Un autre contre-exemple pour les souverainistes.

Enfin, ceux qui, chez nous, devraient ouvrir les yeux, ce sont les souverainistes, de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen en passant par Mélenchon. Eux qui persistent dans leurs programmes anti-euro, anti-Europe, le Brexit pourrait être une belle occasion de leur montrer les conséquences négatives d’une rupture de la France avec l’Union. Un peu comme pour la Grèce et Tsipras dont ils chantaient les louanges et tressaient les lauriers. Si on ne tient pas à ce que le Front national continue à s’adjuger chaque année une part plus grande de l’électorat, il est important de rappeler à quoi la famille Le Pen nous exposerait si, une fois à la tête de l’Etat, elle prenait le risque d’une rupture aussi périlleuse.

Le Brexit n’est pas fait.

Un sondage indique que 62 % des Européens sont hostiles à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et montre qu’une majorité d’entre-eux reste favorable au maintien de l’euro. L’enquête a été conduite dans cinq pays européens : la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Il indique aussi que les Britanniques souhaitent à 55% le maintien de leur pays dans l’Union et que les Français se prononcent de la même manière, à 54%. C’est un bon présage pour David Cameron qui réussit donc à faire entendre sa voix.  La perspective consternante d’un départ du Royaume-Uni semble s’éloigner. On a bien compris qu’une rupture avec l’EU serait catastrophique pour les Britanniques, surtout que l’Écosse, dans ce cas de figure, n’hésiterait plus à se déclarer indépendante afin de maintenir ses liens économiques avec l’Europe.

Il faut donc marteler les faits et les arguments rationnels.

Il ne faut pas que le débat reste sur le seul plan émotionnel. Le Brexit, qui permettrait soi-disant au Royaume-Uni de mieux profiter du libre-échange avec d’autres zones et de se libérer de la bureaucratie bruxelloise, plus que jamais, est une illusion ! Puisse Cameron se sortir du mauvais pas dans lequel il s’est fourré. C’est tout le mal qu’on lui souhaite !

 


ARRETONS D’ETRE NAIFS ET LAXISTES !

Attentats Bruxelles

 

La riposte de Daech à l’arrestation de Salah Abdeslam n’a pas tardé. Des terroristes ont fait exploser deux bombes à l’aéroport et une dans le métro de Bruxelles à une station proche des bâtiments abritant les institutions européennes. Ces attentats ont fait 30 morts et 300 blessés. L’interpellation de Salah Abdeslam, très impliqué dans les terribles événements du 13 novembre à Paris, constitue pour Daech une menace considérable. En effet les djihadistes ne sont pas censés survivre à leurs crimes. S’ils restent vivants, ils risquent de révéler des secrets et l’Etat islamique tient à ce que le silence absolu soit fait sur l’organisation de ses crimes, de sorte que le manque de renseignements rende plus difficiles la prévention ou la riposte en cas de nouvelle agression. Il ne faut donc pas s’étonner que la réaction ait été si rapide car c’est une caractéristique de l’État islamique de chercher à avoir le dernier mot. Cette réaction extrêmement violente montre qu’il a subi un sérieux revers avec l’arrestation d’Abdeslam. Il fallait d’une part assurer la vengeance et d’autre part utiliser les islamistes prêts à se faire sauter pendant qu’ils étaient encore opérationnels. Il savait évidemment que la police belge pourchassait plusieurs suspects, et notamment ceux qui ont hébergé Abdeslam dans une douzaine de caches différentes. Cela, d’autant plus que les médias ont relayé un peu vite une information cruciale qui a pu précipiter le passage à l’action : « Abdeslam a décidé de parler ». Il s’est, en effet, déjà beaucoup exprimé et a même affirmé qu’il envisageait de participer à une nouvelle action terroriste.

Abdeslam est une pièce essentielle du puzzle.

Dans les semaines qui viennent, il sera appelé à expliquer pourquoi il est resté vivant, pourquoi il s’est débarrassé de sa ceinture explosive dans une poubelle, pourquoi il a fait organiser son rapatriement en Belgique, comment, ensuite, il a pu se cacher pendant plusieurs mois. Il a forcément bénéficié de l’aide de nombreux complices qui pourront ainsi être appréhendés eux aussi.  Mais l’important réside dans le fait qu’il ne s’est pas résolu au suicide : vivant, il a une valeur inestimable. Il se trouve que non seulement Abdeslam n’a pas voulu mourir, mais qu’il accepte de raconter sa vie. Il devient une source essentielle pour alimenter enfin le renseignement. D’ailleurs le déploiement exceptionnel de nos forces de sécurité témoigne de ce que la prévention a pris d’importance en raison de la faiblesse du renseignement, jugé notoirement insuffisant en général. Certes, notre terroriste peut tenter de balader les enquêteurs mais ceux-ci ont les moyens de faire le tri. Il n’est pas du tout impossible qu’il fournisse des informations sur les filières qui fournissent Daech en chair humaine, au moins pour les réseaux auxquels il appartenait. L’essentiel est que nous tenions ce monstre, que nous lui fassions avouer ses motivations, dénoncer ses complices, énumérer les moyens qui lui ont été fournis et par qui, et, si possible, loger les autres cellules terroristes qu’il connaitrait. L’essentiel, quoi que tente son avocat, est que tôt ou tard, il sera transféré à Paris. Ainsi, il y aura un procès indispensable pour que les familles des victimes retrouvent un peu de sérénité et fassent complètement leur deuil.

La réplique doit être l’occasion d’un sursaut.

Les terroristes ont plongé Bruxelles dans le chaos. Que ce soit par précipitation ou prévu de plus longue date, c’est le cœur de l’Europe qu’ils ont voulu toucher. Ce n’est pas un hasard. Les dégâts, physiques, psychiques et matériels, causés par les trois attentats sont considérables. Plus que jamais, la coopération entre les services belges et français est indispensable. Les critiques réciproques que les deux pays étaient tentés de s’adresser ne sont plus d’actualité. Les terroristes ignorent les frontières et les gouvernements européens doivent s’organiser en conséquence. Il serait indécent d’opposer à la menace terroriste des européens divisés, plus préoccupés par leurs différends sur les procédures que par leurs ennemis. Molenbeek est un nid de terroristes, protégés par des lois démocratiques mais capables de semer une violence épouvantable. Mais combien de Molenbeek ignorés en France, en Allemagne, partout en Europe ? Seule une réponse européenne au terrorisme sera efficace. La preuve en est que les Britanniques et les Allemands, comme les Français, ont pris des mesures supplémentaires de sécurité. Notre solidarité avec les Belges ne relève pas de la simple compassion pour les victimes, elle est une nécessité vitale. Cela fait des années qu’il est question d’établir un PNR (passenger name record), mais il n’a toujours pas vu le jour, alors que les djihadistes de Daech tuent par dizaines des civils à la bombe et à la kalachnikov. Notre Ministre de l’Intérieur a raison d’exhorter ses amis socialistes du parlement européen à se décider à le voter. Il est grand temps de passer à l’action et de mettre fin à une situation ubuesque qui voit les terroristes circuler librement en Europe quand la police ne peut pas circuler dans certaines banlieues de Bruxelles ou de Paris, des attentats se préparer alors qu'on n'a pas encore enterré les morts de Bruxelles…

Aujourd'hui, nous sommes tous bruxellois comme nous étions tous Parisiens ou Charlie. Hier Bamako et la Côte d’Ivoire étaient frappés. Mais à quoi bon si demain nous devons tous être à nouveau « quelque chose ». Toute la planète est concernée. Le terrorisme est une atteinte à l'humanité toute entière, une négation des droits de l'homme les plus fondamentaux, à commencer par le droit à la vie, à la liberté, à la sûreté. Les attentats de Bruxelles constituent un coup de boutoir contre l'Union européenne parce que Bruxelles est considérée comme la capitale de l'Europe. C’est une occasion à saisir pour resserrer ses rangs, coordonner les politiques et renforcer les coopérations. Ne la ratons pas ! Car, tant que nous combattrons la barbarie par la naïveté et le laxisme, il y aura d'autres attentats meurtriers en France, en Belgique ou ailleurs. Les fanatiques se réjouiraient de voir l'Europe exploser. Ne leur donnons pas cette victoire !

 


RENDEZ-VOUS EN TERRE INCONNUE !

Draghi

 

C’est le dernier scénario mis en place par Mario Draghi, dit « Super Mario », avec les dernières décisions prises par la BCE, annonçant des mesures très agressives qui vont bien au-delà des attentes du marché. Rappelons l’intérêt supposé de cette politique « non conventionnelle » : il s’agit d’abaisser les taux d’intérêts quasiment à zéro, et cette fois-ci on y est, et de créer massivement de la monnaie par  « Quantitative Easing » (assouplissement quantitatif) pour empêcher les faillites de banques, re-solvabiliser les Etats surendettés et stimuler la reprise, avec un objectif de sortir de la déflation. La BCE a donc décidé la semaine dernière une politique de taux de refinancement amené à zéro, de taux sur les dépôts enfoncé en territoire négatif, de rachats d’actifs en quantité toujours plus importante… Des décisions sévèrement critiquées par la presse allemande.

Des politique monétaires discutables.

Car, en effet, il y a tout juste un an, la BCE lançait son programme de rachat de dettes souveraines dans le but de faire remonter l'inflation et de booster l'économie. Force est de constater qu’un an plus tard, le bilan est plus que mitigé. La planche à billets a peut-être permis d'éviter la spirale de la déflation, mais l'inflation est toujours aussi basse et l'économie est restée très molle. De quoi jeter le doute sur l'efficacité de ces politiques monétaires. On se souvient également du flop de la Banque centrale japonaise après la mise en place de taux négatifs. Alors bien sûr, à l'annonce de ces dernières décisions massives, les marchés se sont envolés, l'euro s'est effondré. Mais quelques minutes plus tard, l'euro rebondissait violemment et les indices boursiers rechutaient. Ce qui veut dire que les marchés eux-mêmes doutent de l'efficacité des politiques des banques centrales. L’arme monétaire, c’est comme un antibiotique : il ne faut s’en servir que sur de courtes périodes. Sinon, on perd l’effet potion magique. Non seulement le malade ne guérit pas, mais il peut subir de graves effets secondaires ! En effet, en entretenant ces brutales oscillations des marchés, à la hausse comme à la baisse, les banquiers centraux découragent l’investissement dans les actifs risqués, notamment les actions ou les obligations d’entreprises. Ils n’incitent pas non plus les Etats – drogués à l’argent bon marché – à se désendetter. Et les gouvernements ne font pas les réformes structurelles qui permettraient de relancer la croissance et l’emploi.

Peu d’effets bénéfiques.

On a fini par s’apercevoir que les taux négatifs, ce n'était pas normal, et surtout que leur effet à long terme pouvait être destructeur. Des grands patrons de banques commerciales européennes ont déclaré qu'ils ne pourraient pas supporter longtemps les taux négatifs. Pour l'instant ces taux ne peuvent pas être répercutés aux dépôts des clients mais cette situation est intenable. D’autant plus que cela nuit à la profitabilité des banques et donc la survie de leur modèle est mis en péril. On voit bien que la magie des banques centrales n'opère plus, ce dont on se doutait depuis quelques semaines. Mais elle permet tout de même de limiter la casse : de fait, les marchés ont rechuté mais ils restent, pour l'instant, à des niveaux de relative stabilité. Le CAC a même repris 13% depuis son niveau le plus bas de l'année. Ce n'est donc pas un échec total pour Mario Draghi. Avec tout ce qu'il a annoncé et ce qu'il pourrait continuer à annoncer si la situation économique se dégradait, les marchés reçoivent quand même une dose de dopage monétaire exceptionnelle. Elle n’est peut-être pas suffisante pour alimenter l'euphorie mais elle permet de rester en lévitation dans des paradis artificiels.

L’assouplissement quantitatif semble inadapté.

Si certains pays, comme les États-Unis, la Grande-Bretagne ou l'Allemagne, ont profité de cette manne financière pour s’adapter au nouvel environnement mondial, d'autres comme la France n'ont absolument rien fait. Et quand les mesures exceptionnelles deviennent une habitude, c’est une accoutumance malsaine. Il vaudrait mieux prendre en main notre destin économique. C’est d’autant plus nécessaire que ce type de politique a plus d’inconvénients que d’avantages. Le Japon, qui a poussé l’expansion monétaire à l’extrême, n’a pas vaincu sa déflation… Et l’on voit bien que la BCE n’arrive ni à atteindre son objectif de 2 % d’inflation, ni à faire redémarrer l’économie. Au contraire, les liquidités qu’elle injecte donnent des munitions à la sphère financière, sans profiter à l’économie réelle. Comme les banquiers centraux se trompent de diagnostic, ils appliquent de mauvais remèdes. Ils ont des objectifs d’inflation qui datent des années 1980 quand on stimulait l’économie en ouvrant en grand les vannes de liquidités. Or la croissance faible que l’on connait est due à des problèmes sur lesquels la politique monétaire n’a aucune prise : ralentissement démographique, gains de productivité insuffisants, manque d’investissements dans les nouvelles technologies, inégalité dans la répartition des richesses… Mais plus cette politique laxiste dure, plus il sera difficile d’en sortir.

Les marchés restent fébriles.

L'autre élément intéressant de ces derniers jours, c'est l'importance du pétrole pour les marchés. Celui-ci se maintient pour l'instant autour de 40 dollars et tant qu'il ne rechute pas les marchés trouvent là aussi un point de stabilisation. Après la BCE, les marchés vont attendre probablement les annonces de la Banque centrale américaine dont ils espèrent qu'elle va donner des indications sur le fait qu'elle va continuer à relever ses taux… ou pas. Et la prochaine tendance des marchés sera déterminée par les indicateurs économiques. Et en particulier ceux des américains. Alors la panique du début 2016 va-t-elle devenir un lointain souvenir ? Il ne faut pas trop rêver : les problèmes fondamentaux demeurent. Malgré les projections à 5 ans de la croissance chinoise,  la Chine est toujours en phase de transition économique majeure. Malgré la trêve décidée par l'Arabie Saoudite, le pétrole, et les matières premières en général demeurent en surplus. Et surtout, l'économie mondiale ne montre aucun signe de rebond. Il ne faut  donc pas s’étonner si les doutes sur l'efficacité des interventions des banques centrales sont de plus en plus vifs. D’ailleurs, la Banque des Règlements Internationaux vient de lancer un cri d'alarme sur les conséquences néfastes des taux négatifs.

La BCE a créé une bulle obligataire, avec des taux s’intérêt à long terme anormalement bas. Le jour où cette bulle éclatera –comme avec un retour de l’inflation dû à une brutale remontée du prix du pétrole – les dégâts seront effroyables. Les emprunteurs, à commencer par les états, seront insolvables. Quant aux prêteurs, banques et assurances, ils encaisseraient des pertes considérables en capital. Beaucoup se retrouveraient alors en cessation de paiements. On comprend que les Allemands aient la dent dure, d’autant plus que, à elle seule, la politique des taux d’intérêt bas n’a quasiment rien rapporté, fragilise les banques et ruine les épargnants !

Personne ne sait vraiment sur quoi peut déboucher la politique actuelle, en dehors de la catastrophe, ce qui est le plus facile à envisager !

 


MIGRANTS, REFUGIES : L’EUROPE PATAUGE !

Europe324

La Grèce en première ligne

Désormais, ce n’est plus l’Italie et Lampeduza qui doit affronter les flux de migrants. C’est la Grèce, qui n’en demandait pas temps qui est la nouvelle porte d’entrée sur le continent européen. Ce pays a beau avoir triché pour entrer dans la zone euro et son dirigeant actuel enterré ses idéaux pour se maintenir à son poste en réussissant à nous extorquer des milliards d'euros avec des promesses qu'il ne tient pas,  on a tort de le laisser se débrouiller seul avec un flot massif de migrants et de l'enfermer dans ses frontières... Jusqu’à il y a peu, la Grèce réclamait de l'aide à Bruxelles mais tout le monde s'en foutait.

La route des Balkans.

Les États membres de l’UE se révèlent incapables de gérer ensemble la crise migratoire, qui mêle immigration clandestine et réfugiés. « L’Europe est confrontée à une crise humanitaire imminente, en grande partie de son propre fait » avertit le Haut-commissariat aux réfugiés. En effet, les barbelés qui ferment la route des Balkans transforment la Grèce en un vaste « Calais », où les migrants se concentrent. 30 000 personnes y sont dans l’attente d’un hébergement d’urgence et ils seront plus de 100 000 à la fin du mois. On comprend bien que le pays, qui connait par ailleurs de graves difficultés économiques n’est pas capable de suivre. La Commission européenne vient de débloquer 700 millions d’euros (sur trois ans) qui devraient lui aller en priorité, mais cela ne suffira pas, si ce n’est pour installer au bord de la mer Egée les mêmes « jungles » que celles qui prospèrent sur le rivage de la mer du Nord. La Grèce se retrouve à nouveau au cœur d’une crise européenne grave, mais cette fois-ci, elle n’est pas seulement la victime de l’incurie de ses dirigeants, mais plutôt de sa position géographique et des mafias turques. Pas plus que d’autres en Europe, la Grèce ne peut gérer cette situation seule. C’est pourquoi Angela Merkel en a appelé à la solidarité avec Athènes et tenter de dissuader  les états européens de se barricader chez eux. Comme toujours, c’est elle qui a raison. 

Le flux ne tarit pas.

Au cours des deux derniers mois, plus de 120 000 migrants ont débarqué en Grèce et pour la plupart ont traversé le pays… Même si les choses se calmaient en Syrie, ce sont sans doute encore des centaines de milliers de personnes qui tenteront leur chance dans les mois à venir. Et l’Union européenne  est restée comme sidérée devant cette menace qui risque pourtant de la détruire. Les pays qui jalonnent la route entre la Grèce et l’Allemagne pratiquent le « chacun pour soi » et ont érigé des murs et des barrières le long de leurs frontières, au mépris des traités qui nous lient. Leurs policiers, quand ce n’est pas l’armée, tentent de dissuader les migrants de marcher vers l’Allemagne, la Suède, l’Angleterre. Devant la pression ils finissent par les laisser passer. La chancelière Angela Merkel est le seul chef de gouvernement à préconiser une juste répartition des migrants entre les pays membres de l’UE, mais beaucoup des États d’Europe centrale et orientale font la sourde oreille.

Les européens se contentent de subir.

Bien qu’Angela Merkel campe sur sa position (« Nous pouvons le faire »), elle est isolée. Jusqu’à maintenant, la France a été quasi absente alors que François Hollande aurait dû lancer une grande négociation européenne sur le sujet des migrants, mais il est resté inerte. Les Européens se sont contentés de subir, faute d’un leadership que l’Allemagne, elle-même divisée, ne peut assumer seule. Il n’y a pas eu de concertation européenne digne de ce nom, pas vraiment de négociations, peu d’espoir de trouver des solutions, même provisoires. On n’a vu que des égoïsmes qui s’additionnaient. A croire que les Européens ne sont pas tous conscients de l’enjeu. Selon les pays, on assiste à des comportements discordants : le Danemark veut confisquer les économies des immigrés pour qu’ils contribuent au financement de leur accueil, tandis que d’autres s’efforcent de traiter les migrants avec humanité et sans coercition. Mais comme à Calais, vient tout de même un moment où il faut imposer une solution. Les pays de l’Union qui refusent tout sacrifice ne veulent pas comprendre que leur politique de l’autruche finira mal parce que l’Europe elle-même baissera les bras devant un phénomène dont seul un traitement radical peut venir à bout. Il est donc temps de mettre un peu d’ordre dans cette situation anarchique qui contribue à détruire l’Union, la discrédite aux yeux des peuples et peut lui porter un coup fatal.

Un sommet européen, enfin !

Il était temps ! Car le temps est compté maintenant pour qu’une solution collective soit trouvée. Les concertations du président français avec Cameron hier et Merkel aujourd’hui semblent annoncer un début de réveil. La réussite du sommet de lundi prochain sera d’abord une question de volonté politique. Les « rustines » financières ne sont pas suffisantes. La pression exercée sur les territoires concernés par le passage des migrants pose mille problèmes. Deux logiques s’affrontent en effet : la première veut accueillir et répartir, la seconde se veut pragmatique et pense qu’une réponse collective est trop compliquée, il faut donc dissuader, fermer les frontières. Ce qui revient à isoler la Grèce. Impensable !

L'Europe se grandirait en sortant du sommet avec des décisions collectives.

 

 


DANS QUEL MONDE SOMMES-NOUS ENTRES ?

Chantier

 

Quelques éléments du baromètre mondial.

Pour ceux qui en doutaient encore, l'Europe s'est installée dans la déflation : moins 0,2% en février. La voilà sur le même chemin que le Japon. Ce n’est pas rassurant car c’est une déflation durable. L'euro a accusé le coup en chutant au-dessous des 1,09 malgré (ou à cause ?) les anticipations d'une intervention musclée de la Banque Centrale Européenne en mars. Certains commencent à douter que Mario Draghi a encore ses super-pouvoirs.

En Chine, à quelques jours de l’ouverture de l’Assemblée nationale populaire qui doit entériner le plan quinquennal 2016-2020, de nouveaux indicateurs dévoilés pour le mois de février montrent que la deuxième économie mondiale continue de ralentir. Voilà qui ne va pas manquer d’inquiéter les investisseurs.

Les Américains, eux, indifférents à la montée de Trump, affichent de bons indicateurs sur la production industrielle, et veulent une relance. Ils ont clairement dit au G20 qu'ils en avaient assez de tirer la croissance mondiale, ils craignent qu’elle finisse par les ralentir.

On attendait le G20 avec impatience.

Le G20 a frôlé le fiasco. Les voix ont été dissonantes, provoquant une déception des marchés. Il a néanmoins permis à chacun des pays d'exprimer sa différence. Mais aucune mesure concrète de relance coordonnée de l’économie mondiale. Ce G20 est probablement le premier d'une longue série car il faudra plusieurs sommets avant qu'on obtienne ces mesures concrètes qui sont inévitables. Tout le monde est conscient qu’une concertation est nécessaire, inévitable même. Mais il faudra du temps faute d’un chef d’orchestre qui entraine derrière lui. Pour tout dire, il manque au G20 un Sarkozy ! Mais où était donc la France ? Faudra-t-il encore plus  de volatilité sur les marchés pour que les dirigeants politiques se mobilisent ? Toujours est-il que le G20 s'était à peine achevé sur le thème : « Ce n'est plus aux banques centrales de booster la croissance mais aux gouvernements », que la Banque centrale chinoise a mis plus de 100 milliards de dollars sur le marché en réduisant les réserves obligatoires des banques. Comme pied de nez aux autres pays, on ne fait pas mieux ! Ce serait drôle si ce n’était pas un signe tragique de chacun pour soi.  

Un nouveau monde éclot peu à peu sous nos yeux.

Nous sommes à un tournant pour l'économie mondiale comme le prouve l'extrême fébrilité des marchés depuis le début d'année. Le monde connait des situations aux effets durables qui bouleversent nos données habituelles et notre perception : vieillissement démographique qui touche l’Europe et le Japon, mais pas seulement, universalisation du capitalisme qui s’affranchit des frontières et des Etats, réveil des empires tels que Chine, Russie, Iran, sous la pression des réflexes nationalistes et des tensions religieuses, transition écologique traduite par la Cop 21 et imposée par les conséquences du réchauffement climatique, sans parler de l’émergence de Daech et de sa terreur panislamique… Il en résulte des crises aigües qui se superposent à l’échelle planétaire : terrorisme, pandémies, catastrophes industrielles, désastres naturels… Et quand une entreprise comme Apple refuse de collaborer avec le FBI pour lutter contre le terrorisme, on comprend que les Etats tels que nous les concevons ne sont plus vraiment opérationnels face à la montée du cybermonde, l’ubérisation des économies ou la percée de l’intelligence artificielle.

Un monde sans puissance(s) dominante(s), voué à lui-même.

Aussi Les Etats sont-ils à la peine pour garantir la paix civile et la souveraineté telle que nous les concevons. D’ailleurs ils sont affaiblis par le surendettement autant que par la fragilité de leurs régimes politiques, notamment les démocraties, plus vulnérables que les dictatures totalitaires. L’Europe est particulièrement concernée. Elle est sous le feu croisé d’un choc déflationniste qui va ruiner les classes moyennes et de menaces intérieures et extérieures –terrorisme et migrations- qui déstabilisent les pouvoirs en place. Les pays  de l’Union voient leurs institutions déligitimées et le populisme se développer. Elle se divise avec la menace de sortie de la Grèce et du Royaume-Uni, au lieu de se renforcer. Même les Etats-Unis n’échappent pas à la règle –on le voit avec le succès de Trump-, en se désengageant du monde, n’ayant plus ni la volonté ni les moyens de dominer le capitalisme et d’assurer la sécurité planétaire.

Et la France continue de sombrer.

En France, le quinquennat de François Hollande fait basculer progressivement le pays dans la révolte sous toutes ses formes. Plus que jamais, l’étatisme connait une crise de légitimité et toute réforme est bloquée par des institutions balkanisées défendant leur pré carré. Face à l’arrogance de l’exécutif avec sa fiscalité confiscatoire, ses dépenses publiques non maitrisées, sa fonction publique privilégiée au détriment des activités privées, la prolifération de ses réglementations jusqu’à la prétention de dicter les comportements individuels, les Français ont commencé par opposer un droit de retrait de citoyenneté en boudant les élections voire en votant pour le Front National pour manifester leur mécontentement. Mais les données sociétales et économiques montrent d’autres formes de révolte : grève des naissances (- 19 000 en 2015) pour riposter à l’attaque en règle menée contre la famille, grève de la production qui stagne pour l’industrie à son niveau de 1994, grève de l’investissement toujours très au-dessous de son niveau d’avant-crise (- 7%), grève de l’emploi marchand figé à son niveau de 2002, grève du dialogue social qui n’a plus aucun sens puisque bloqué systématiquement par les syndicats. Les parents et les enseignants contestent les réformes stupides, les médecins mettent en échec le tiers payant généralisé, les professions agricoles refusent d’appliquer le compte pénibilité, bientôt suivis par les artisans. Chaque année, 80 000 personnes à haut potentiel quittent la France et son enfer fiscal. Le Ministre des Finances se targue de faire revenir quelques dizaines de millions d’euros d’avoirs cachés en Suisse ou ailleurs, mais ce sont près de 300 milliards d’euros de capital productif qui se sont exilés. Les entreprises changent leurs statuts pour pouvoir devenir « européennes » et se réinstaller plus facilement ailleurs dans l’Union… Enfin, il y a les formes plus violentes de contestation  comme le montrent actuellement les professions agricoles, mais aussi les conflits autour des taxis. La France est au bord de la faillite et même de l’implosion. Voilà la réalité. Et elle n’est pas gouvernée, c’est le moins qu’on puisse dire.

Il y a pourtant des signes positifs qui permettent de garder l’espoir. C’est ce qu’on verra dans le prochain billet du bloc-notes.

 


SI L’EUROPE NE CONVIENT PAS, OUSTE !

Brexit

David Cameron va organiser un referendum pour demander aux Britanniques de dire s’ils veulent rester ou non dans l’Union européenne. Je serais curieux de voir la réponse si on posait la même question aux Français. Personnellement je répondrais « non » sans hésiter. Non pas que je fasse de l’anglophobie à propos de notre « ennemi héréditaire », mais enfin voilà des gens qui veulent bien le beurre sans trop s’engager avec la fermière. L’Europe on est dedans ou on est dehors !

Il faut dire que depuis son entrée dans la CEE de l’époque, en 1973, le Royaume-Uni s’est toujours comporté comme un associé difficile réclamant sans cesse des régimes d’exception. Il a fallu multiplier les « options de retrait » pour les sujets de « sa gracieuse majesté ». Autrement dit « jamais complètement d’accord ». A tel point qu’on rapporte que Jacques Chirac, agacé par les exigences thatchériennes, avait murmuré à la table du Conseil : « Et mes cou…es, tu les veux sur un plateau ! ». Ambiance.

Voilà donc un membre de l’Union qui ne fait pas partie de la zone euro, de l’espace Schengen, de l’espace judiciaire, et qui n’a pas ratifié non plus à la « charte fondamentale » ni la fiscalité. Il n’y a que sur le « marché unique » que les Anglais sont d’accord. Depuis son adhésion, Londres ne voit dans l’Union Européenne qu’un grand marché pour faire ses affaires. Et encore, à condition que la « City » ait son régime particulier.

Je ne dis pas que tous les autres pays sont exemplaires. Mais aucun n’a jamais mis en avant des réticences et des exigences, disons « les bâtons dans les roues » comme les Britanniques. Et c’est au moment où l’Europe est fragilisée par la mondialisation et les vagues migratoires que la Grande Bretagne menace ses partenaires d’un « Brexit ». Retranchés dans leur île, de quoi ont-ils donc peur, ces godons ? Les migrants, ils nous les bloquent sur les rives du « Channel » à Calais ! Leur indépendance n’est même pas menacée puisqu’ils ont gardé leur monnaie et pratiquement toutes leurs prérogatives souveraines. S’il y a bien un pays dont la souveraineté n’est pas partagée, c’est bien celui-là ! Ils veulent retourner vers le grand large en se désarrimant du continent : grand bien leur fasse ! Mais qu’ils ne viennent pas se plaindre ensuite s’il faut payer des droits de douane pour commercer avec l’Union.

Le signal envoyé par Cameron est irresponsable. Il se garde bien de dire à ses compatriotes (encore que ça peut venir...) quel serait le coût d’une sortie de l’Union, à commencer par tous les traités dont la Grande Bretagne bénéficie dans le cadre de l’Union et qu’il lui faudrait renégocier un à un, car dès lors que le pays aurait quitté l’UE, ils seraient caduques. Il y en aurait pour dix à quinze ans, selon les experts. Et qu’en penseront les Ecossais qui sont eux très europhiles ? Que se passera-t-il s’ils décident de prendre leur indépendance pour rester dans l’UE ? Il y a gros à parier que l’Angleterre ne s’en remettrait pas de sitôt. Le repli, c’est le retour des nations, des frontières, de la guerre des monnaies avec leur lot de dévaluations compétitives assassines.

Au moment où nous commémorons le centenaire de la bataille de Verdun, il y a autre chose à faire de l’Europe. Elle seule peut donner des réponses coordonnées aux problèmes que nos vieux pays rencontrent. Le moment est venu de relancer le projet européen en s'appuyant sur le noyau dur des fondateurs : à six au pire, à douze comme au temps de la CEE, ou à dix-neuf pour coller avec la zone euro… peu importe. On prend tous les volontaires qui veulent participer à un bond en avant de l’Union.

On cherche des refondateurs ! Urgent !

 


LA GRECE A L’EPREUVE DU POPULISME

Tsipras

La Grèce paie le prix fort pour avoir choisi Syriza. Le PIB a reculé de 7 points et elle est paralysée par les contraintes imposées par ses créanciers en raison de réformes attendues qui tardent à se réaliser. Où est passé la « superbe » de celui qui annonçait un matin de janvier 2015 « il en sera fini de l’humiliation nationale. Nous mettrons un terme aux ordres venus de l’étranger ! » Eloquence et promesses intenables se sont fracassées contre la réalité. Un an après on cherche vainement les effets du « miracle » attendu.  L’austérité sévit plus que jamais, Alexis Tsipras et sa gauche radicale ont dramatiquement échoué. Ils voulaient imposer à l’Europe un autre modèle économique, c’est l’Europe qui continue de dicter sa loi, et il ne faut pas que les Grecs se plaignent, parce que sans elle le pays se serait complètement effondré. 

Le Populisme, ça ne marche pas.

On n’entend plus Marine Le Pen louer le gouvernement d’Athènes.  Et pour cause, il a fait perdre à son pays un temps précieux. Alors que la Grèce était en train de sortir de l’ornière fin 2014, l’économie affichait une croissance de 1,3% et on attendait 2,9% pour 2015. Aujourd’hui elle est toujours en récession. L’économie vit en quasi autarcie avec un contrôle des capitaux toujours en vigueur. Les 55 milliards d’euros qui ont fui ailleurs ne sont pas revenus, obligeant les banques à une nouvelle recapitalisation. Il faut dire que les réformes imposées ont un impact récessif, alors même qu’elles ne vont pas assez loin, comme celle des retraites. Conséquence : à Athènes les manifestations ont repris : agriculteurs, avocats, entrepreneurs sont dans la rue pour protester contre les réformes. 

Tsipras n’a même pas changé les habitudes.

Le népotisme demeure, sauf qu’il bénéficie maintenant aux proches du nouveau pouvoir. De quoi alimenter une grogne croissante. La dette atteint 187,8% du PIB et le pays est à nouveau menacé par la faillite. « Tsipras-du-vent », dont la popularité était restée longtemps intacte suscite désormais déception et colère. Incapable de rigueur, maniant le double langage, il est contraint, à chaque bras de fer, de rendre les armes. Le cynisme a remplacé l’habileté tactique qui lui avait permis d’obtenir un « oui » au referendum du 5 juillet dernier. L’heure du reniement est venue. Il a bien été obligé de demander un plan d’aide puisqu’il ne pouvait pas changer l’Europe, faute d’être suivi d’aucun partenaire. Il a bien remporté de nouvelles élections mais au prix d’une scission de son parti, avec son aile gauche qu’il retrouve aujourd’hui dans les opposants. Combien de temps pourra-t-il tenir le rôle de Sisyphe avant d’être écrasé par le rocher des réalités ? Le pays va droit dans le gouffre.

La Grèce est dans une impasse politique.

Le nouveau leader de la droite ne fera aucun cadeau à Tsipras et fera tout pour précipiter sa chute. Mais son projet politique ne peut que reprendre les mesures impopulaires du memorandum européen face à une société grecque qui subit de plein fouet les aléas politiques qu’elle a provoqués, et comme prise au piège, continue de résister aux mesures d’austérité. Où trouver les assises pour une reconstruction durable et acceptée par une majorité ?

Comme on le voit, la Grèce n’est pas sortie de l’auberge. Pour arranger les choses, elle est en première ligne de Schengen et faute de contrôle aux frontières, certains européens envisagent son exclusion provisoire… Une autre humiliation supplémentaire peut-être pas souhaitable !

Plus de pauvres encore plus pauvres, merci Alexis !

 


2016 : ETAT DES LIEUX (4) - LA FRACTURE EUROPEENNE

Europe_le_volontarisme_politique

 

Avec les élections espagnoles, l’Europe bascule à nouveau dans l’incertitude.

Le fossé se creuse à nouveau entre les pays du Nord et ceux du Sud. Après la Grèce, puis le Portugal, c’est au tour de l’Espagne de quitter le chemin de l’effort et du redressement en sanctionnant le gouvernement sortant.  L’échec pourtant monumental de Syriza n’aura donc pas suffi. Aujourd’hui la Grèce qui a donné le pouvoir à Syriza, en est réduite à faire de la résistance pour retarder les réformes, et à chaque fois Tsipras doit manger un peu plus son chapeau. Le Portugal a choisi une coalition de gauche improbable et hétéroclite, pourtant battue, mais le score obtenu par le gouvernement sortant ne lui assurait pas la majorité absolue… d’un cheveu. Et évidemment le chômage repart à la hausse. Quant aux élections espagnoles, elles sont riches en enseignements. deux nouveaux partis émergent et viennent perturber le tête-à-tête entre le parti populaire et le PSOE qui n’obtient que 90 sièges. Podemos avec 69 sièges sur 350 et Ciudadanos avec 40 sièges ne sont pas en mesure de construire une majorité d’appoint dans chaque camp. Le parti Populaire de Rajoy, au pouvoir depuis 2011 est premier, mais avec 123 sièges seulement, il n'a pas la majorité non plus. Et donc, depuis bientôt un mois, l’Espagne n’a pas de 1er Ministre. Si on ajoute à ça le basculement de la Pologne, un autre bon élève européen, vers le populisme, on pourrait avoir un effet de dominos qui donne toutes les raisons d'inquiéter.

L'Allemagne et l'Europe sont à nouveau montrées du doigt.

Elles seraient responsables de tous les maux de ces pays et de la colère de leurs électeurs. Les critiques vont bon train de la part des leaders des nouveaux partis contestataires. A commencer par Podemos, qui s’est empressé de déclarer que l'Espagne ne serait plus le vassal de l'Allemagne. Matteo Renzi s’est fendu d’une interview au Financial Times dans laquelle il juge que c'est l'austérité imposée par l'Allemagne qui a provoqué ce mini-séisme, considérant qu'il avait désormais le droit de critiquer à la fois l'Allemagne et l'Union Européenne, car il a fait le job qu'on lui avait demandé. Pour lui, l'heure est venue de privilégier l'Europe de la relance à celle de l'austérité si on ne veut pas voir tous les pays basculer vers le populisme ou devenir ingouvernables. De quoi inquiéter l’Allemagne qui se retrouve de plus en plus isolée. Mais à quoi sert donc le « Quantitative Easy » de Draghi ?

L'Allemagne et l'Europe sont les boucs émissaires commodes.

On connait le discours : il est pratiqué en France par l’aile gauche de la gauche. Mais sans l'Allemagne et sans l'Europe, la Grèce, l'Italie, l'Espagne, et le Portugal, seraient en faillite. Il est peut-être bon de le rappeler. Ces pays n'auraient pas pu surmonter leur crise de la dette. La baisse des taux, grâce à la BCE, mais aussi grâce à la garantie de l'Allemagne, permet à tous ces pays, et à la France au passage, d'économiser des dizaines de milliards d'euros. Les pays d'Europe du Sud, et la France aussi, veulent tous les avantages de l'Europe et de l'euro sans les inconvénients d'une gestion rigoureuse, voilà la réalité. L'Europe se retrouve donc à nouveau coupée en deux. Et on va à nouveau parler d'une Europe à deux vitesses. Cela n’empêche pas Tsipras, pour le troisième plan d'aide de 86 milliards d'euros que la Grèce a obtenu en Juillet, de préférer n'avoir que l'Union Européenne comme partenaire car il trouve le FMI trop exigeant et trop contraignant. Autrement dit, il il veut être tranquille et sait qu'il pourra manipuler plus facilement l'Europe. On ne fait pas mieux pour se moquer du monde : et pourquoi se gênerait-il puisque ça marche.

Un avenir bien incertain.

Reste maintenant à savoir ce qui va se passer avec la nouvelle crise boursière qui pointe le bout de son nez. L’Europe est chahutée, de tous les côtés, et particulièrement l’Allemagne, avec la crise migratoire ; la France a clairement annoncé qu’elle ne ferait pas les efforts demandés au nom de la lutte contre le terrorisme islamique ; l’Angleterre se dirige tranquillement vers le « Brexit »… En ce début d’année 2016, l’Europe pour laquelle tous les signaux de la croissance sont au vert, ne se présente pas au mieux de sa forme, c’est le moins qu’on puisse dire.  Ainsi sont les peuples européens : inconstants en général et ceux du Sud, inconsistants !


UNE BELLE LECON !

 

Ce sont les électeurs portugais qui nous donnent une belle leçon ! Ils ont reconduit la majorité de centre droit qui a pourtant mené une politique d’austérité que d’aucuns chez nous auraient qualifié « d’effroyable ». Au Portugal, en effet, on a taillé dans le vif pour permettre de redresser le pays. Diminution du salaire des fonctionnaires et des retraites et quantité de mesures impopulaires. Mais celles-ci ont permis au pays de sortir du plan de soutien qui lui était imposé et de retrouver des marges de compétitivité.

Tout n’est pas résolu, bien sûr, et il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’être sorti réellement d’affaires. Mais la croissance est de retour et facilite quelque peu la tâche. En tout état de cause, le peuple portugais a préféré continuer dans la voie des efforts plutôt que de répondre à l’appel des sirènes « anti-austérité ». Le Portugal c’est l’anti-Grèce, le contre-exemple qui est là pour donner tort aux promesses démagogiques du « démiurge » en papier de soie Alexis Tsipras, dont le discours s’est fracassé sur le mur des réalités.

L’opposition entre les deux « modèles » ne s’arrête pas là. On a d’un côté un peuple laborieux, dont les habitants ont la réputation d’être des travailleurs impénitents, n’ayant pas peur de se lever tôt et de se coucher tard. On est bien loin de la langueur grecque. J’arrête là la comparaison pour qu’on ne m’accuse pas de manichéisme sordide. Les procès en sorcellerie étant fréquents par les temps qui courent (suivez mon regard).

La consultation portugaise a pourtant un point commun avec la grecque. Elle est aussi une victoire pour l’euro, en plus nette, en plus clair. Cela fait chaud au cœur de voir qu’il y a encore des peuples qui croient en l’Europe. Car cette volonté de continuer la politique de redressement si elle est un acte de foi dans leur pays pour les Portugais, elle est aussi un signal positif envoyé aux partenaires européens. Voilà un pays qui mérite notre solidarité !

Un exemple à méditer pour nous Français, au moment où notre pays boucle son budget 2016 avec la même « clarté » obscure que les précédents sur les économies réalisées, sur les fausses baisses d’impôts selon Sapin les bas roses, alors que le produit augmente, sur ces petites taxes qui se multiplient en douce, planquées dans les lignes du budget,  comme celle sur les huiles végétales, margarines ou matières grasses tartinables  (mais oui !) -certainement pour lutter contre l’obésité-, et celle sur les produits d’industrie ou de fonderie, secteurs on ne peut plus prospères en France, comme on sait : inouï ! Sans oublier la hausse de la redevance… En matière d’obésité, le gouvernement ferait bien de traiter sa maladie, la « taxite aiguë » puiqu’on en arrive à exactement  364 prélèvements de toute nature, soit … un impôt par jour que Dieu fait (je ne parle pas de Hollande).

On ne fera rien pour permettre à nos entreprises de retrouver des marges de compétitivité, pour assouplir le code du travail, pour permettre l’augmentation du temps de travail. Au sommet de l’Etat, on est en campagne, on vend du vent, on ment pour se faire réélire… Tout ce qui intéresse les Français quoi.

Enfin, ne vous étonnez pas si les billets sont un peu espacés sur le calepin. J’ai une excuse. Je suis impliqué (un peu)  dans la préparation de la campagne pour l’élection régionale dont je suis une cheville ouvrière (beaucoup). Je reviens vers vous dès que je peux. Je vous parlerai de quelques bricoles (et un peu plus) qui m’agacent à droite. Et je ne pense pas qu’à « l’affaire » Nadine.

 


LA GRECE : ET MAINTENANT ?

Sirtaki

 

A voir la réaction des marchés au lendemain de la victoire de Tsipras, on a envie de dire, la Grèce, tout le monde s’en fout !

Il est vrai que les élections n’offraient aucun suspense : qui aurait pu avoir le moindre doute quant à la politique économique qui serait conduite par les gagnants : droite ou gauche, ils étaient condamnés à mettre en oeuvre l’accord conclu avec la zone euro. Alexis Tsipras l’a emporté assez largement, avec près de 36 % des voix contre 28,05 seulement à ses opposants de droite, Nouvelle Démocratie, malgré ce qu’indiquaient les sondages qui en Grèce se trompent toujours. Une belle manœuvre qui montre qu’il s’y entend pour garder le pouvoir. La Grèce est le berceau de la démocratie dit-on dans tous nos beaux livres d’histoire. On oublie de compléter en indiquant que c’est aussi celui des démagogues depuis l’Antiquité.

Quels enseignements faut-il tirer néanmoins de ce résultat tout de même paradoxal ?

 Les Grecs avaient de bonnes raisons d’en vouloir à celui qui vient de l’emporter. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’a pas tenu parole ce qui conduit Marine Le Pen , qui l’avait soutenu à affirmer qu’il a trahi ses électeurs en se soumettant au diktat de la zone euro. Elle n’a pas tort. Et ça explique la forte abstention à 44%. Mais où elle se trompe, c’est qu’en réélisant Tsipras, et en préférant Syriza aux autres partis, les Grecs ont montré leur attachement à l’Europe et à l’euro, avec la conviction qu’il n’y avait pas de solution sérieuse dans un retour à leur monnaie nationale. Tout au plus, on concédera qu’ils ne l’ont pas fait sans arrière-pensée : ils auraient souhaité obtenir le plan d’aide de quelque 80 milliards sans avoir à lancer le plan d’austérité qui reste à appliquer. Tout le monde sait bien que l’austérité trop « austère » conduirait à une catastrophe, tout autant que la pente des promesses de Syriza, première version. D’ailleurs, s’il est réélu, il reste néanmoins comptable d’avoir annihilé le peu de résultats acquis sur les efforts de ses prédécesseurs, et d’avoir mis son pays dans une situation encore plus dramatique, qui rend le relèvement plus délicat.

Et d’abord, ne plus emprunter.

Les Grecs ne sont pas sortis de l’auberge dès lors que l’endettement de leur pays s’accroît au point que personne, parmi les créanciers, ne croit vraiment que la Grèce pourra rembourser tout ce qu’elle doit. Tout au plus peut-on caresser l’espoir que M. Tsipras, grâce à la confiance qu’il vient d’obtenir, saura rapidement mettre son pays sur les rails qui conduisent à l’équilibre des comptes. Car, le vrai problème, ce n’est pas de rembourser, c’est de ne plus emprunter. D’ailleurs, il est à peu près certain que le plan infligé à la Grèce produira des accès de fièvre et des désordres. Et donc il sera difficile de la maintenir durablement dans un régime sévère. C’est pourquoi il faut bien mesurer ce qui s’est passé : voilà un peuple ulcéré par les sacrifices qui sont exigés de lui, qui vote quand même pour la zone euro. Il maintient au pouvoir un homme qui a adopté la politique qu’il avait dénoncée en janvier dernier avec une telle virulence qu’il a été élu sur le principe d’une rupture, celle-là même qu’il n’a pas voulu consommer. Il n’est pas interdit de penser qu’un certain nombre d’électeurs ont cru que M. Tsipras, qui sait prendre des virages à 180°, va changer une fois de plus de position et tenter de revenir au bon vieux laxisme qui a permis aux Grecs de vivre à crédit pendant tant d’années. Ce serait un pari hasardeux, car le moindre manquement à ses engagements priverait aussitôt la Grèce de tout financement européen.

L’Europe reste la solution.

Le résultat des élections en Grèce est donc principalement européen. Il administre la preuve que l’abandon de l’euro n’est pas une issue crédible ; il indique aux autres pays européens qu’il y a davantage de réalisme dans la monnaie unique et dans la rigueur financière que dans les plans irresponsables que proposent l’extrême droite et l’extrême gauche en France. La victoire de Syriza expurgé de ses jusqu’au boutistes, c’est la défaite de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen tout à la fois. Tous ceux qui prônent la dislocation de l’Europe et le repli national comme remèdes magiques sont disqualifiés. C’est une bonne leçon à rappeler, à quelques semaines des élections régionales, de montrer à l’électorat français que même un Tsipras n’a pas voulu aller jusqu’au bout de la logique qu’il préconisait, avec tous les risques inhérents, et que les Grecs n’ont pas cru qu’il y avait un avenir heureux dans le retour à la Drachme, que l’illusion et l’outrance sont possibles dans l’opposition, jamais quand on gouverne.

 


QUI SE RESSEMBLE, S’ASSEMBLE

Allez, une dernière note politique avant de passer à autre chose. Bientôt vous retrouverez "Souriez, c'est l'été" et ses billets humoristiques.

 

Hollande pit

Tsipras

 

C’est bien la leçon qu’on peut tirer du dernier épisode de la négociation avec les Grecs : finalement rien n’est surprenant ! Hollande a soutenu Tsipras, Montebourg invite Varoufakis … Qui se ressemble s’assemble ! Le dicton n’a jamais été aussi vrai.

Quoi d’étonnant à voir notre pingouin soutenir un menteur et un manipulateur ? Le seul fait que le Grec soit revenu à la table des négociations avec des propositions plus sévères que celles contre lesquelles il a fait voter non, en dit long sur sa capacité à brouiller les cartes et à utiliser la démagogie. Il se battait contre la « rigueur » imposée par le « libéralisme », avec l’appui complaisant d’un Président français qui pensait y trouver son compte, puisque c’est au nom de la même réthorique qu’il a refusé depuis trois ans de faire les réformes drastiques qui s’imposaient pour remettre la France sur les rails de la croissance. Ils ont perdu, le week-end dernier tous les deux. Le grand soir que souhaitaient la gauche radicale et l’extrême-droite n’aura pas lieu. Ceux qui voyaient dans la réaction grecque un modèle et un exemple et qui en espéraient au mieux un affaiblissement des institutions européennes, au pire un éclatement de la zone euro en sont pour leurs frais. Leurs rêves se sont brisés sur le refus de la chancelière de se laisser balader par les doubles discours du tandem franco-grec. Merci Angela ! Tsipras doit maintenant s’expliquer devant son peuple abusé. Et le triomphalisme élyséen n’abusera personne. Le populisme vient de subir un revers en étant déshonoré par le gouvernement grec. On n’utilise pas le referendum pour s’exonérer de réalités qui vous rattrapent toujours. Comme le discours de Marine Le Pen sonne faux depuis !

Quoi de surprenant de retrouver dans la même barque des dirigeants qui ont le même bilan économique. Aussi nuls en la matière l’un que l’autre ! La Cour des Comptes est là pour nous le rappeler tant on serait tenté de l’oublier avec l’enfumage permanent de Sapin et consorts : la France continue de s’endetter, la dépense publique ne recule pas, elle ne dégage pas d’excédents susceptibles de commencer à assainir la situation financière. C’est bien du même mal dont souffre la Grèce : d’avoir eu des gouvernements qui ont vécu de la manne des crédits sans jamais se poser la question de savoir comment on allait rembourser. Présenter aujourd’hui les « méchants créanciers » comme des profiteurs, ce qui constitue l’essentiel du discours des Mélenchon de service, c’est oublier l’essentiel : voilà ce qui arrive quand un pays vit au-dessus de ses moyens. Ceux qui veulent nous faire croire qu’une autre politique, plus facile, qui n’imposerait pas d’efforts, afin de rembourser en monnaie de singe les créanciers, conduiraient le pays à la pire catastrophe autant pour ses entreprises que pour les travailleurs et épargnants. Hollande n’a plus qu’à faire en France les réformes qu’il impose aux Grecs… puisqu’il est, parait-il, audacieux !

Quoi de surprenant enfin, à constater l’enflure du surmoi chez l’un et l’autre. Notre François-les-bas-rouges se découvre « audacieux » et ce cher Alexis ose faire des pieds de nez à ses partenaires généreux. A peine revenu à Athènes, ce dernier n’affirmait-il pas qu’il ne croyait pas dans les accords qu’il venait de signer ! On ne peut pas faire plus machiavélique. La prestation d’autosatisfaction béate à laquelle s’est livrée notre pitre élyséen le jour du 14 juillet permet de mesurer la vacuité de sa politique : pas un mot sur la dégradation de la situation en France. Nos chômeurs ne méritent pas autant d’attention que le leader grec, dans la tête d’un personnage d’abord soucieux d’envoyer des signaux à la gauche de sa gauche en vue de l’échéance présidentielle. Il n’a réussi qu’à déchainer un discours outrancièrement anti-allemand chez ceux-ci, sans qu’il n’en désavoue le moindre propos. Oui, l’Allemagne peut être un modèle de gestion, et la France continue de se prélasser au dernier rang, celui des cancres. L’enflure idéologique qui encombre les esprits fumeux qui nous gouvernent conduit à l’inversion des valeurs : on préfère l’échec à la réussite, la manipulation à l’application de la règle ; on pratique la culture de l’excuse, le rejet de l’autorité, et on s’étonne que les choses aillent mal dans tous les domaines. Pour les deux peuples, les dégâts se ressemblent.

Heureusement, dans cette affaire, la lucidité d’Angela Merkel a permis à la fois de sauver les meubles et de mettre des limites là où nos deux lascars auraient bien voulu s’en abstraire. Le « ça suffit » de l’Allemagne est là pour nous rappeler que l’Union ne peut survivre que dans le respect des uns et des autres et cela commence par respecter les règles communes librement acceptées. L’échec de Tsipras s’apparente à une reddition. La mise au pas de la société libérale par les rêveurs enténébrés de l’idéologie marxiste n’est pas pour demain. Cette défaite devrait nous encourager en France à affronter les populistes. La droite traditionnelle a une opportunité pour rebondir sur le « ça suffit » qui trotte dans la tête de nombre de nos concitoyens : le naufrage de l’école, les provocations de l’islamisme radical, l’impuissance des éternels Manolitos donneurs de leçons, les catholiques méprisés, la désinformation des médias sous tutelle de la pensée unique, l’insécurité grandissante, … Le Front National s’est fourvoyé en soutenant les farfelus d’Athènes.

L’occasion est trop belle !

 


UNE VICTOIRE A LA PYRRHUS … POUR HOLLANDE

  Pyrrhus_poussin

Cocorico ! A l’aube dorée qui se lève après une nuit de négociations sans fins, le coq français est monté sur ses ergots pour clamer la nouvelle : un accord avait enfin été trouvé avec le Grec Tsipras. Et il ne cachait pas son plaisir, s’attribuant tous les mérites de cette fin heureuse, au point que son Manolito de service s’est cru obligé de rajouter quelques rodomontades. L’animal emblématique des Français n’a jamais autant mérité son nom : c’est le seul qui peut chanter en ayant les deux pieds dans la m…. , enfin, dans le fumier, je veux dire. C’est que l’état de nos propres finances ne devrait pas permettre de pavoiser et encore notre gouvernement devrait-il s’appliquer à lui-même les mêmes exigences que celles qui sont imposées aux Grecs.

Vous y comprenez quelque chose ?

Voilà un gouvernement grec qui avait mis l’Europe au défi et un peuple qui avait rejeté massivement l’austérité par référendum, pour passer, moins d’une semaine après, sous les fourches Caudines de l’Allemagne. Voilà une Allemagne qui voulait en finir avec la Grèce et qui finalement a accepté de la garder au sein de la zone euro. Voilà un gouvernement français qui n’a pas fait le quart de la moitié des efforts grecs pour redresser ses comptes, et qui participe à un nouveau plan d’austérité pour les Grecs qu’il estime avoir bien défendus. L’accord intervenu est celui de tous les rebondissements pour ne pas dire reniements.

La démonstration est faite à tous les mouvements européens qui rejettent l’austérité qu’il n’existe pas d’autre politique quand on a fait faillite. Le chef du gouvernement grec vient de le démontrer, contre son gré : il a cru qu’il pouvait renverser la situation, en se servant du référendum, mais les chiffres sont têtus et la manœuvre s’est soldée par une aggravation de la crise financière. Il s’est littéralement rendu à la chancelière allemande, laquelle était obligée de manœuvrer face à une opinion qui ne voulait plus entendre parler de la Grèce.

Quant à notre Jocrisse, il a peut-être sauvé la cohésion européenne en rappelant qu’un « Grexit » pouvait compromettre l’avenir de l’Union, mais si la France n’est pas la Grèce, et si les économies des deux pays ne sont pas comparables, il y a tout de même une contradiction dans sa position : son gouvernement n’a cessé de reculer depuis trois ans pour éviter les affres de l’austérité, et il la juge logique quand il s’agit des Grecs.

La réalité c’est bien que, Allemagne comme France, vont devoir présenter à leur opinion un plan de sauvetage qui va encore coûter 80 milliards d’euros.

Encore faut-il que l’accord soit appliqué !

Aujourd’hui, les Grecs ne peuvent ressentir les mesures imposées par l’Europe que comme une « humiliation ». Le référendum a été inutile, catastrophique même ! Pourquoi les avoir consultés pour aller aussitôt après à Canossa ? Mr Tsipras n’est pas le mieux placé, avec les discours qu’il tient, pour leur faire comprendre qu’ils vivent au-dessus de leurs moyens depuis quinze ans. Le mécontentement des amis de Syriza ajouté à celui du peuple autorise le scepticisme quant à la solidité de l’accord, d’autant plus que plusieurs parlements européens devront aussi l’avaliser, ce qui n’est pas gagné. En Grèce, les effets désastreux des allers-retours du chef du gouvernement pourraient se retourner contre lui : a-t-il encore le ressort politique nécessaire pour faire adopter le plan par son Parlement ? Son gouvernement, en admettant qu’il se maintienne, appliquera-t-il les mesures qu’il s’est engagé à mettre en vigueur dès mercredi ?

Cet accord a néanmoins un avantage : il décrédibilise les thèses de l’extrême droite comme de l’extrême gauche. Une démonstration vient d’être faite grâce à l’Allemagne, sinon à la France : on peut constater qu’il n’y a pas d’euro, pas d’Union européenne, sans une discipline de fer dans chaque pays membre. Les économistes qui prétendent qu’une dette ne compte pas, même quand elle dépasse largement 100 % du PIB font de l’économie « magique ». La réalité est tout autre !

Un accord et des dégâts collatéraux.

Même s'il a donné l'impression de capituler, Alexis Tsipras a pourtant obtenu une montagne d'argent et d'aides à fonds perdus pour son pays. Du coup, il pourrait peut-être même se payer le luxe de démissionner et de provoquer des élections anticipées en clamant qu'il ne veut pas trahir son peuple qui avait dit non à l'austérité mais qu'il a agi sous contrainte (thèse de Mélenchon)... et il serait réélu triomphalement. Possible !

Le plus grave, c’est que cet accord aura été une occasion supplémentaire de creuser le fossé au sein du couple franco-allemand. Le président français, a voulu à tout prix éviter un échec des négociations qu’il considérait comme un camouflet. Il n’a pas hésité à dramatiser la situation en se faisant l’allié d’un interlocuteur en qui plus personne n’avait confiance. Face à lui, la chancelière Angela Merkel en revanche a insisté sur le fait qu'il ne fallait pas signer un accord à n'importe quel prix alors même que « la valeur la plus importante, à savoir la confiance et la fiabilité, avait été perdue avec Athènes. Avec le contenu de l’accord, on voit bien qu’elle a cédé peu de terrain. Car, il ne faut jamais oublier que L’Allemagne a fait pour elle-même ce que les pays dits du Sud de l’Europe n’ont pas encore fait. Il y a au moins dix ans que la France aurait dû s’adapter aux exigences de la zone euro et, avec les élections qui arrivent, il n’y a pas une chance qu’elle adopte de nouvelles réformes inspirées de celles qui vont être infligées à la Grèce.

L’affaire grecque est un avertissement à tous les européens : si vous voulez tuer le populisme, apprenez que le rayonnement d’un pays se mesure à une économie équilibrée, à un niveau d’endettement soutenable, à une croissance régulière et à un chômage jugulé. Dure leçon pour le gouvernement français !

A Bruxelles, Hollande s’est payé une démonstration de force à la Pyrrhus !

 


Y’A COMME UN DEFAUT !

 

Fernand-Raynaud

C’est ce qu’aurait pu dire Fernand Raynaud avec sa voix inimitable à propos de la situation grecque. Mais c’est un remake de « Moi ou le Chaos » que le Fantoche qui la gouverne est en train de nous jouer. KO pour les Grecs et leur porte-monnaie, ça c’est certain ! La dernière tentative, hier, d’approbation des propositions des créanciers sous conditions est une manipulation de plus. Pourtant tout reste encore possible, même si les ressorts idéologiques qui pilotent le gouvernement actuel de la péninsule laisse peu de place à une solution « raisonnable ». Celle qui permettrait à l’Euroland de continuer la perfusion à fonds perdus d’un pays qui n’a pas su se réformer et qui continue à refuser les efforts que cela supposerait. L’économie parallèle a encore de beaux jours devant elle, qui constitue à recycler les euros dépensés en cash par les touristes sans passer par la case « Etat » et donc à perpétuer l’enflure d’une dette démesurée par rapport au PIB du pays.

La Grèce est en faillite.

La Grèce est donc officiellement en défaut de paiement puisqu’elle n'a pas payé l'échéance de 1.6 milliard d'euros hier à minuit au FMI. C'est une première pour un pays « développé » en 71 ans d'existence du FMI. Par conséquent elle n'a plus le droit de recevoir de l'argent de l’organisation mondiale ni d'avoir accès à ses réserves. L’Alexis-matamore a bien tenté encore un coup de poker de la dernière heure pour obtenir un délai de l'Europe mais Angela Merkel a tenu bon. Le referendum devrait donc avoir lieu et les Grecs faire leur choix. Evidemment, quel que soit le vote, il y aura des nouvelles négociations. Le coeur du problème c'est un réaménagement de la dette : si l'Europe et le FMI acceptent, il y aura un accord. S'ils refusent, la Grèce courra inexorablement vers une sortie de l'euro. Même si tout le monde s’activera pour l'éviter. Avec une victoire du « oui », le plan d'aide sera acté et on gagnera quelques mois en perdant quelques dizaines de milliards d'euros de plus sans résoudre ces deux problèmes essentiels que sont le poids de la dette grecque et l'absence d'infrastructure économique et fiscale du pays.

Donc comme une épée de Damoclès, la crise grecque pèse sur l’avenir de l’Europe.

Son issue définira l’équilibre du pouvoir au sein de la zone euro entre les créditeurs et les emprunteurs. Si la Grèce arrive à arracher davantage de concessions, elle fera nécessairement des émules et la tentation de recourir à l’endettement en sortira renforcée tandis que la pression pour respecter les règles de rigueur budgétaire sera moindre. Autant dire que ceux qui sortiront gagnants du bras de fer en cours auront la haute main sur les décisions futures. Céder au chantage grec revient à faire gagner les populistes. Les projets de renforcement de l’architecture de la zone euro seront compromis et, un jour ou l’autre, notre monnaie commune sera balayée par leurs agissements. Angela Merkel a raison : le projet européen aura vécu, tant il est lié à l’euro. Si, au contraire, la Grèce est contrainte d’accomplir les vraies réformes qu’on lui demande, ce sont les dirigeants européens qui ont collectivement tiré les leçons de la crise, qui auront la main. En ayant mis fin aux latitudes d’incurie budgétaire et à leur conséquence mortifère, la grave carence de compétitivité.

Un renforcement de la zone euro.

Il sera temps de jeter les bases d’une zone euro renforcée, avec un gouvernement économique œuvrant à une plus grande convergence et une union fiscale garantissant un environnement favorable aux entreprises pour affronter la concurrence mondiale. Plus d’Europe, c’est possible et c’est nécessaire. Même les Grecs y gagneraient une fois leur pays remis à niveau. Les présidents des cinq institutions européennes majeures (Commission, Conseil, Banque centrale, Parlement et Eurogroupe) ont publié lundi dernier des propositions de bon sens à ce sujet. Il s’agit de permettre au capital et au travail de circuler plus librement au sein de la zone afin de créer les conditions d’une reprise durable de la croissance et de l’emploi. Plutôt que d’endettement, de crise et de chômage, l’euro deviendrait alors synonyme de prospérité économique et de bien-être social. On ne pourra en arriver là que si l’Europe reste un ensemble où les créanciers décident, et pas les emprunteurs. Pour l’instant, ce n’est pas encore gagné.

D’ailleurs l’euro se porte bien.

Si les bourses réagissent de manière erratique, en sanctionnant par une baisse très modérée la nouvelle situation, du côté de l’Euro, aucune réaction : il se maintient plutôt bien, déjouant les rêves Philipponesques d’une déroute.  C’est vrai que c’est étonnant si l’on prend en compte que ce sont les fondements même de la zone euro qui sont ébranlés par le « défaut » de l’un des pays qui la composent. Probablement les investisseurs ne croient pas à la réalité d’un « Grexit » et attendent « LA solution » de dernière minute. Mais plus certainement, et l’explication est beaucoup plus rassurante, c’est que ceux-ci jugent que la zone euro et sa monnaie seraient plus forte sans la Grèce. Rappelons quand même que c'est la Grèce qui a provoqué la crise financière européenne et qui a failli faire tomber l'euro de son piédestal. Constatons que plus personne ne remet en cause l'existence de l'euro et que plus personne ne parle de son explosion. N’en déplaise à la Marine.

La France est mal placée.

Petit paradoxe qui fait sourire (jaune). Alors que la France tente d'imposer des nouvelles mesures d'austérité à la Grèce, elle affiche une explosion de sa dette publique. Nous affichons une dette de 2100 milliards d'euros soit 97.5% de notre PIB. La France n'est certes pas la Grèce, mais elle n'est pas en position de donner des leçons. Elles pourraient, en effet, un jour concerner notre pays. Pourtant, contrairement à la Grèce, les Français paient l'intégralité de leurs impôts dont le montant augmente mois après mois. Mais alors où va cet argent ? Le gouvernement Français n'a fait aucune vraie réforme et n'a fait aucune économie dans les dépenses publiques. Ceci explique peut-être la modération de notre Président quant aux exigences que les instances européennes veulent imposer.

 


LA COMEDIE A ASSEZ DURE !!

  Grexit

 

Le Fonds monétaire international (FMI) a claqué la porte des négociations sur la dette de la Grèce. Les Européens continuent de rechercher un accord avec Athènes qui la contraigne à honorer ses engagements sans pour autant qu’elle quitte la zone euro. Mais le malaise général des places financières devient insupportable. Maintenant, il faut trancher !

Trop c’est trop !

Le FMI a décidé de se retirer de la table des négociations parce que cette histoire n'en finit pas. On avait déjà eu un ultimatum vendredi dernier suivi cette semaine de signaux d'accord imminent, et hier à nouveau la rupture des négociations. Les négociateurs du FMI et de l'Europe sont à bout de nerfs tant Tsipras et ses ministres jouent le blocage pour ne rien céder. Résultat: énième jour J, jeudi prochain avec la réunion des ministres des Finances de la zone et la volonté affichée d’Angela Merkel de parvenir à un accord. Mais un accord serait-il une meilleure nouvelle qu'un défaut de la dette ou un Grexit ? A court terme peut-être. A long terme, certainement non. La réalité c'est que la Grèce est en défaut, c’est-à-dire en faillite ! Elle a une dette colossale qu'elle sera incapable de rembourser. Les mois qui viennent d'être perdus en palabres ont accéléré l'effondrement des dépenses publiques et de la croissance. Si quelques milliards suffisaient encore pour colmater les brèches il y a 6 mois, aujourd'hui c'est 10 ou 20 milliards qui seront nécessaires. Et tout ça pour gagner quelques mois, gagner du temps pour perdre encore de l'argent. C'est ce qu'applaudissent les marchés à chaque rumeur sur un accord. Une folie !

Une situation devenue intenable.

Le Président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde (sans rapport avec Christine Lagarde, directrice du FMI), s’est prononcé pour une sortie de la Grèce de la zone euro. Il estime, à juste titre, que le programme d’Alexis Tsipras est incompatible avec une monnaie forte. L’économie grecque ne peut retrouver un minimum de compétitivité qu’avec une monnaie dévaluée, ce qui implique un retour au Drachme. Si les marchés applaudissent chaque fois qu’un accord se profile, c’est parce qu’ils veulent que les dirigeants de la zone euro maintiennent à n’importe quel prix le principe en vertu duquel l’euro protège toutes les économies situées dans la zone. Mais ce principe, en l’état, est inapplicable, sauf à jeter encore et encore des milliards dans le tonneau des Danaïdes.

Le Grexit devient inévitable.

Un « Grexit » entraînerait évidemment des perturbations, d’ailleurs de nature plus psychologique que financière, car la Grèce ne représente que 5 % du produit intérieur brut de l’Union européenne. Mais, après quelques turbulences, les marchés reviendraient vite à la raison et M. Tsipras pourrait appliquer le programme pour lequel son parti, Syriza, a été porté au pouvoir par les électeurs grecs qui nous décrivent à l’envie leurs souffrances économiques et sociales. Ils ne veulent pas comprendre que les ajustements de leurs salaires et de leurs retraites, l’ascension vertigineuse du chômage, corrigent des avantages factices qui leur ont été accordés grâce au trucage de leurs comptes pour obtenir l’adhésion de leur pays à la zone euro.

La Grèce victime de ses démagogues.

Cinq ans d’austérité, c’est trop long, mais est-ce injuste ? La Grèce à 300 milliards de dettes, soit 177 % de son produit intérieur brut. La générosité des européens a été immense. Cependant, elle a ses limites, car si nous continuions à prêter de l’argent aux Grecs, ils nous entraîneraient dans un désastre continental. À quoi il faut ajouter que M. Tsipras négocie à la Grecque, en présentant des concessions illusoires qui ne risquent pas de duper des négociateurs avertis par les mensonges de naguère. Le gouvernement, qui se classe lui-même à l’extrême gauche, s’est montré à ce jour incapable de procéder aux réformes indispensables telles que la fiscalité de l’Église orthodoxe, la création d’un cadastre pour l’impôt foncier, la répression de la fraude fiscale qui va des plus riches aux propriétaires de café ignorant la TVA. C’était pourtant un rôle que ses convictions lui assignaient.
La Grèce n’a donc pas d’autre choix que de pratiquer la dévaluation compétitive et, pour cela, elle doit retourner au Drachme, ce qui se traduira pas un nouvel appauvrissement de son peuple, mais lui permettra de retrouver des marges de manoeuvre dans la production et l’export.

Dans une Europe interdépendante, la déroute financière est contagieuse. Le sauvetage des Grecs ne saurait se traduire par l’affaiblissement et même la destruction de la zone euro. Nous avons beaucoup donné aux Grecs et nous l’avons fait au nom de la solidarité européenne. Il faut néanmoins avoir les pieds sur terre et, surtout, cesser de tergiverser. Ou bien les Grecs acceptent les conditions de leurs créanciers, qui se sont adoucies au long de la négociation, ou bien, au plus tard la semaine prochaine, nous leur signifions la rupture.

 


MELI-MELO ZAPPING

Copie de longue vue

 

La croissance américaine s’est contractée de 0,7% sur les trois premiers mois de l’année, un chiffre qui contraste fortement avec ceux des deux trimestres précédents (5 % et 2,2 %). Elle anéantit pratiquement tout espoir de voir la Réserve fédérale relever les taux d’intérêt au mois de juin. Depuis la crise financière, l’économie américaine ne peut s’empêcher de faire du yo-yo. Elle affiche un grand dynamisme pendant deux ou trois trimestres, avant de retomber comme un soufflé ensuite.

Christine Lagarde a parlé de la possibilité d'un Grexit. C'est la confusion depuis quelques jours. Tsipras annonce l'imminence d'un accord et provoque l'envolée des indices boursiers, le lendemain le FMI évoque la sortie de la Grèce de l’euro et les marchés perdent leur latin, ou plutôt leur grec ! On sait que les négociations n'ont pas encore abouti. On sait aussi que le FMI est plus ferme que l'Europe et veut des engagements plus sérieux du côté des Grecs. Ce qu'on sait encore c'est que le gouvernement Grec ne veut pas faire, officiellement, plus de sacrifices : une posture pour satisfaire l’aile gauche de Syriza. Mais en réalité, Tsipras est prêt à tout accepter pour obtenir les quelques milliards dont il a cruellement besoin à très court terme pour payer les salaires des fonctionnaires et les pensions des retraités. Les dettes, au fond, il s’en tape, car il sait pertinemment qu'il ne pourra pas respecter ses engagements. On est de toute façon dans un marché de dupes. Personne n'a le courage de prendre la décision difficile mais nécessaire alors que le Grexit n'a plus l'air de faire peur.

Deux ans après avoir enclenché un gigantesque programme d’assouplissement quantitatif, qui constitue le principal élément des « Abenomics » du Premier ministre, l’exécutif japonais assiste à une détérioration des indices économiques qu’il espérait réveiller. La BoJ et l’exécutif avaient pourtant promis, dès 2013, que leurs initiatives allaient permettre de générer, en un peu plus de deux ans, une inflation « saine » d’au moins 2%. Rien à faire, la déflation est toujours là !

Au lendemain d’une rencontre avec Manuel Valls, François Baroin, président de l’Association des maires de France (AMF), a présenté une étude sur « l’évolution des finances des communes et des intercommunalités et la forte baisse des investissements publics locaux ». L’AMF estime que l’investissement local, qui représente 70% de l’investissement public, pourrait chuter de 25% à 30% du fait de la baisse des dotations de l’Etat. Manuel Valls ne bougera pas pour autant et a confirmé qu’il n’y aurait « pas de retour sur la diminution programmée des dotations de l’Etat sur trois ans ». Après le rapport de la Cour des comptes, on voit bien qui doit faire les efforts et qui n’en fait pas !

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a relaxé Eric Woerth, soupçonné « d'abus de faiblesse » et de « trafic d’influence » dans l'affaire Bettencourt. On se souvient avec quelle violence les socialistes l’avaient trainé dans la boue en 2010, Ségolène Royal en tête, l’amère de Lille à la rescousse… On aimerait des excuses !!! Si ce n’est pas trop demander à nos mères-la-vertu.

La dégringolade de la part des exportations françaises de biens et services sur le marché mondial est spectaculaire, de 6,1 en 1995 elles passent à 3,5% en 2013. Autre signe inquiétant, notre appareil exportateur reste concentré autour des grands groupes et de leurs filiales, qui réalisent 99% des exportations, bien qu'ils ne représentent que la moitié des exportateurs.  

Merkel et Hollande vont présenter un nouveau projet pour l'Europe. Celui-ci vise une Europe plus resserrée, plus intégrée économiquement, avec une convergence plus forte notamment sur la fiscalité et les lois sociales. Tout le contraire de ce que souhaite la Grande-Bretagne qui veut encore plus de liberté au sein de l'Europe et surtout moins de droits pour les membres de l'Union Européenne qui viennent dans le pays. L'heure de vérité a sonné et chacun semble prêt à assumer sa différence. L'Europe n'a pas peur du Brexit : on ne veut pas sacrifier la construction européenne aux contraintes électoralistes de Cameron. Les électeurs Britanniques devront choisir : plus d'Europe ou pas d'Europe. Il n'y aura pas de compromis. Et c’est tant mieux !

Karine Berger, la gaucho qui a fait sa belle dans les courants du PS avec  sa motion, a déclaré : « Nicolas Sarkozy abîme la République ». Et son « bouffon » de président, il fait quoi, lui ? Il laissera la France dans un état pitoyable bien pire que celui dans lequel il l’a trouvée en arrivant.

 


CANCER GREC (SUITE)

Tsipras

Cela fait un an exactement que le Portugal a pu revenir emprunter sur les marchés après avoir évité la faillite. Ce pays a fait un travail courageux considérable et le résultat est visible : la croissance repart (0.4% au premier trimestre), le déficit public est à 4.5% et il emprunte à 10 ans à 2.30%. Un chemin difficile mais qui apporte l’amélioration dont les Portugais profiteront, et avec eux le reste de la zone euro. Et pendant ce temps, en Grèce, toujours rien.

La Grèce en est aux expédients.

Si les négociations qui ont lieu en ce moment n’aboutissent pas, la sortie de route de la Grèce devient très probable. A court de liquidités, le pays ne pourra pas sans aide honorer son prochain remboursement au FMI prévu le 5 juin et payer ses fonctionnaires. Déjà, il avait utilisé une manœuvre le 12 mai pour régler sa dernière traite à l’institution de Washington, qui relève du tour de passe-passe : Athènes a puisé dans ses cotisations obligatoires au FMI pour rembourser son dû à l’institution en temps et en heure. Selon un expert, cela ne s’était jamais produit dans l’histoire du Fonds. Le ministre des Finances, l’imprévisible Varoufakis, a plaidé pour que la BCE accepte le report du remboursement des 6,7 milliards d’obligations grecques attendues en juillet et en août, un autre signe qu’il est aux abois. En preuve de bonne volonté, la Grèce aurait débloqué le processus de privatisation du port du Pirée à hauteur de 51% des parts au lieu des 67% envisagés précédemment. Mais c’est sur le dossier des retraites, que les négociations achoppent. Elles doivent de toute urgence être réduites, car le pays consacre 9 % de son PIB à leur paiement, ce qui est un record mondial ! Des 28 pays européens, c’est chez les Hellènes qu’on part le plus tôt à la retraite et que les prestations sont les plus généreuses : les retraites de base moyennes versées en Grèce par des systèmes publics atteignent 1.152 euros contre 1.287 euros en Allemagne, alors que le salaire moyen allemand est d’environ 2.900 euros, contre 1.400 euros en Grèce... On n’a pas tout compris !

Quand l’idéologie prime sur les réalités.

Il n’y a que notre Pierre Moscovici qui estime « qu’avec beaucoup de travail et de la volonté politique, il reste une possibilité de trouver un accord ». Ce n’est pas l’avis du Ministre des Finances Allemand,  Wolfang Schaüble,  qui a dit tout haut ce que tout le monde sait et ne veut pas voir : « Je réfléchirais longuement avant de répéter qu'il n'y aura pas de faillite de la Grèce ». Voilà qui est clair. Voilà ou l’aura conduite l’équipe Tsipras-Varoufakis, aveuglée par leur idéologie qui passe avant les réalités concrètes. Et ils ont l’audace de lancer un ultimatum à leurs créanciers ! C’est le monde à l’envers. On voit bien dans cette affaire que le peuple grec, pris en otage de son vote, ne compte pas. Mais quand bien même un consensus serait dégagé sur un programme qui doit être voté par le Parlement grec, le Premier ministre Aléxis Tsípras doit se décider sur le recours ou non à un référendum. Car, sauf miracle, il n’obtiendra pas de vote majoritaire au sein de son parti. Les réformes souhaitées par le « groupe des trois » passeraient, mais avec les voix de l’opposition, et le Premier Ministre serait affaibli.  Le referendum est le seul moyen qui lui permettrait d’obtenir une large majorité sur le compromis conclu avec les créanciers, qu’il présenterait évidemment comme le meilleur possible, et il pourrait ainsi affirmer son leadership tout en menant une politique très éloignée de ses promesses électorales.  Une manière de mettre les Grecs qui sont majoritaires à ne pas vouloir sortir de l’euro devant leurs responsabilités…  Mais ce serait sans compter avec l’idéologie des dirigeants grecs actuels.

La Grèce est déjà en faillite.

Aussi, il faut en finir avec le simulacre de la négociation : combien de fois a-t-on utilisé les expressions comme « réunion de la dernière chance » ou «  compte à rebours pour un accord » … La gauche du parti Syriza n’a-t-elle pas réclamé le refus du plan européen, le défaut, même si ça débouche sur une sortie de l'euro. L'Europe et la Grèce sont coincées. On voit bien  qu’il n'y a pas de bonnes solutions. Elles sont toutes mauvaises et arrêter le massacre le plus tôt possible serait encore le mieux. On dit que plus de 40 milliards d’euros auraient fui le pays depuis le début de l’année. Alors à quoi bon remplir ce puits sans fond et « sans fonds » ! Ne vaudrait-il pas mieux accepter la réalité de la faillite grecque. La Grèce n'a rien à faire dans la zone euro. La BERD a averti Athènes qu’en cas d’échec des négociations, le pays devait s’attendre à replonger dans une profonde récession, après avoir déjà perdu 25 % de PIB depuis six ans… L’Europe  aura perdu 330 milliards d'euros, dont une cinquantaine que vous et moi devront payer d'une façon ou d'une autre.

 

 


LA VICTOIRE DE CAMERON

 

Cameron

L’électeur, ce souverain…

C’est bien la première leçon qu’il faut tirer du scrutin britannique : foin des sondages qui donnaient travaillistes et conservateurs au coude-à-coude. Aucun n’avait prévu la brillante victoire David Cameron, qui plus est avec une telle amplitude : la majorité absolue aux Communes ! L’électorat n’a donc pas cédé à l’intoxication sondagière devenue frénétique dans les derniers jours de la campagne, jusqu’à quatre résultats par jour. Il y a des bookmakers qui ont dû se faire une petite fortune. Ceux qui auront parié sur les « blues ».

Le courage politique paie !

C’est vrai en Grande Bretagne et je me garderai bien d’extrapoler. Le succès de David Cameron témoigne qu’une politique active de réformes peut être comprise par la population même lorsqu’elle implique des mesures douloureuses, dès lors que les résultats sont là. Reprenant un pays sinistré par la crise mondiale mais aussi par les dérives financières des Travaillistes qui avaient conduit le déficit budgétaire à plus de 10 % du PIB, Cameron a mis en oeuvre une série de réformes fondées sur le bon sens économique : baisse de la dépense publique qui est passée de 50 % à 43 % du PIB (57 % en France), fiscalité favorables aux activités et aux intitiatives, flexibilité accrue du marché du travail avec notamment le contrat à zéro heure, contrôle des dépenses de l'assurance chômage et mise en place progressive de contrepartie aux allocations. Mais rien n’aurait été possible si les résultats n’avaient pas été à la hauteur. Et ils l’ont été : baisse du déficit public à 5,4 % du PIB, baisse du chômage à 5,4 % de la population active, croissance de 2,6 % en 2014 (à comparer au 0,4 % français). On a même imaginé outre-manche que les résultats calamiteux de la France socialiste de François Hollande ont largement contribué à décrédibiliser le Labour d'Ed. Milliband.

Le premier Ministre a parfaitement géré son quinquennat.

Il avait une vision claire de son calendrier. Les réformes les plus difficiles ont été engagées dès la première année de son accession au 10 Downing street en 2010. Ensuite, il a attendu qu'apparaissent les premiers résultats, sans s’inquiéter de l’impopularité qu’elles suscitaient. Il y a deux ans, les populistes de l'UKIP étaient à leur sommet et la plupart des commentateurs prévoyaient un triomphe travailliste. Ainsi, le premier ministre a pu créer deux millions d’emplois en Grande-Bretagne depuis 2010, pendant que le chômage ne cessait d’augmenter en France. Outre-Manche, la croissance est la plus forte du continent tandis que le taux de pauvreté a pu être réduit.  La réussite britannique est le fruit d'une volonté politique, elle est le fruit de réformes structurelles. Elle a été rendue possible aussi par la culture anglo-saxonne où la réussite est perçue comme la contrepartie du mérite et du talent et les différences de conditions choquent moins qu’en France où le culte de l'égalité est élevé au rang de religion. Ce qui rend la politique conservatrice difficilement exportable dans notre pays, même si les mentalités commencent à bouger. En se faisant réélire après un train de réformes ambitieux, David Cameron peut poursuivre son chemin, avec les coudées franches, cette fois.

Le populisme n’est pas une fatalité.

L'UKIP, le parti eurosceptique et anti-immigration n'a pas réussi à dépasser les 14 %. Il ne compte qu'un seul député à Westminster. Son leader, Nigel Farage a même été battu dans sa circonscription. Mais pour en venir à bout, David Cameron a été contraint de promettre un référendum sur l'adhésion du Royaume-Uni à l'Union européenne et de prendre des positions fermes sur l'immigration, s'engageant notamment à réduire drastiquement les aides aux nouveaux arrivants durant les deux premières années de séjour sur le territoire anglais. Sur l'Europe, le premier ministre a annoncé une renégociation des traités plus exigeants en termes notamment de frontière commune et de libre circulation, mais sans jamais remettre en cause l'adhésion à l'Union Européenne. Il entend soumettre au peuple un projet d'Europe améliorée, en aucun cas soutenir une sortie de l'Europe. Cette position qu’un Sarkozy n’aurait pas désavoué, a permis de faire un barrage efficace à l'extrémisme. Tout cela peut évoluer évidemment. L’hypothèque électorale ne sera définitivement levée que lors du référendum de 2017. Car le scrutin du 7 mai a aussi été marqué  par le raz de marée plébiscitaire du parti national écossais qui emporte 56 des 59 circonscriptions écossaises. Cela témoigne d'un malaise profond du nord de l'Angleterre victime de la désindustrialisation et de la nouvelle économie de services, et il ne faut pas sous-estimer le particularisme écossais, où se mêle le sentiment d'une revanche à prendre sur Londres après le demi échec du referendum, et sa volonté de bénéficier seul des retombées du pétrole de la Mer du Nord. Pour éviter que le l’esprit de sécession politique se transforme en sécessionnisme tout court, la défense des territoires, de la ruralité et des régions de la périphérie est une urgence absolue pour le nouveau gouvernement. Comme quoi on retrouve la même problématique que celle que nous rencontrons dans notre pays avec le vote FN et la France des périphéries.

La déroute des Travaillistes.

Elle constitue un avertissement pour François Hollande qui  devrait méditer sur les résultats des socialistes anglais qui prônaient une politique de relance par la demande. Les commentaires de son entourage, que l’on a pu entendre et qui relèvent de la méthode Coué, comme quoi, les réformes menées par l’actuel gouvernement produiront le même effet en 2017, sont surréalistes. On ne parle vraiment pas de la même chose. En fait de réformes courageuses, on ne trouve que des avortons et des demi-mesures aussitôt édulcorées par une majorité socialiste sourcilleuse. Oui, c’est une belle leçon que notre pingouin voyageur devrait apprendre par cœur pour le faire sortir de l’immobilisme dans lequel il se confine sous prétexte que l’embellie de la conjoncture européenne va entraîner la France dans son sillage. La Commission de Bruxelles constate que la France reste à la traîne dans la reprise européenne, que l’investissement ne redémarre pas et que le nombre des sans-emploi continue de s’accroître de mois en mois.  D’autant que l’embellie économique internationale pourrait connaître une éclipse. Les remous des derniers jours sur les marchés financiers sont un signe avertisseur de sa fragilité, avec la remontée des cours du pétrole, le rebond des taux d’intérêt, le repli du dollar qui entraîne une hausse de l’euro, le ralentissement de la conjoncture américaine et de certains pays du nouveau monde. Autant d’éléments qui réduiraient, s’ils étaient confirmés, le souffle prometteur de la reprise escomptée.

 


LE POKER MENTEUR GREC

Sirtaki

 

Nouvelle échéance, nouveaux acteurs, mais même conte à dormir debout. Après avoir reculé la date limite plusieurs fois en avril pour la conclusion d’un accord, les créanciers de la Grèce espèrent désormais conclure le 11 mai, lors de la réunion de  l’Eurogroupe. Mais l’espoir reste très mince, tant l’effort à fournir reste imposant. Les négociations ont repris jeudi dernier entre le « groupe de Bruxelles », (Commission, FMI et BCE), « ex-Troïka », et la nouvelle équipe grecque, considérée par les partenaires financiers comme moins folklorique que celle menée jusque-là par Yanis Varoufakis, l’improbable ministre des Finances. Il semble que ce nouveau départ n’ait pas bouleversé la donne : « Cela avance lentement, mais les positions demeurent distante sur plusieurs fronts », a estimé un officiel européen. Quelques avancées auraient été faites en matière de TVA, mais on reste loin du compte sur les retraites ou la réforme du marché du travail, les dossiers les plus sensibles.

Des négociations pour amuser la galerie.

La délégation grecque chargée de négocier avec ses partenaires créanciers danse le sirtaki depuis le début, avec gesticulations, pas latéraux, fausses sorties, tensions, apaisements et promesses non tenues… « Depuis le début, la stratégie des Grecs a été de jouer la montre. Cela a fonctionné jusqu’à maintenant, mais cela pourrait devenir leur ennemi en mai » commente un négociateur. Le 12 mai, Athènes a en effet une échéance importante de remboursement auprès du FMI, et les caisses se vident. Cela n’empêche pas Yanis Varoufakis de continuer à souffler le chaud et le froid. Samedi dernier, dans une interview, il a décrit ses homologues européens comme « des partenaires gouvernés par la peur». Lui, il est inconscient. Surtout le responsable grec a relancé une ancienne idée fixe de Syriza, mise de côté depuis février, à savoir une réduction de la dette grecque. La Grèce « peut s’en sortir (sans un nouveau prêt). L’une des conditions cependant est une importante restructuration de la dette », a-t-il expliqué. Ben voyons ! Comme ça il est certain de mettre ses interlocuteurs de bonne humeur.

De deux choses l’une, ou « Varoufa-kis-s’y-croit » veut aboutir, et alors il faudra bien qu’il mange son chapeau, ou bien il organise méthodiquement le défaut grec pour aboutir au résultat qu’il recherche : ne pas payer les dettes de son pays. Car il a en face de lui des nordiques qui savent compter et qui, s’ils pratiquent « l’orthodoxie », c’est uniquement en matière de finances ! Néanmoins les Européens se sont donnés jusqu’à la fin juin pour négocier un éventuel nouveau plan d’aides au pays, mais le retard pris pour la conclusion du précédent met en péril cette autre échéance.

Les Grecs sont des escrocs.

S’ils pratiquent de la sorte, alors les Grecs sont des escrocs. Ils ont triché pour entrer dans l’euro et continuent de se comporter comme des brigands sans foi ni loi, ne respectant pas les traités qu’ils ont signés. Le gouvernement Tsipras voudrait inverser les rôles. Il ne respecte pas l’Europe. Son ministre des Finances est un plaisantin incompétent : c’est « Varoufa-kis-la-pète », torse bronzé bodybuildé, qui met un pays en faillite mais qui claque les euros avec une indécence rare. Il se fait photographier par un hebdomadaire connu pour le choc de ses photos sur la terrasse de sa luxueuse villa avec vue sur l’Acropole, devant un buffet pantagruélique, évoquant plus les fêtes de Dyonisos que la misère.  La presse a aussi révélé qu’il mettait en location 5 000 euros par semaine, sa villa sur l’île d’Egine, dotée d’une piscine et d’un home cinéma ! Quel crédit peut-il avoir pour venir plaider ensuite « l’asphyxie de liquidités de son pays ». On comprend que Tsipras l’ait sorti de la première ligne des négociations.

Avec ses amis, au lieu d’accuser l’Europe, il devrait commencer par la remercier de tout ce qu’elle a fait pour eux. La vérité c’est que le gouvernement d’extrême gauche a dû en rabattre sur son rêve de changer à lui seul la donne en Europe.  Il a commis l’erreur d’attaquer avec violence les européens rendus responsables de tous les maux de la Grèce, et il a cru que l’Allemagne était seule à lui être hostile. Il s’est retrouvé isolé et confronté à un front uni des 18 autres pays de la zone euro, et n’a entraîné dans son sillage aucun des autres pays méditerranéens qui, à force d’efforts commencent à récolter les fruits de leurs sacrifices.

Alexis Tsipras qui se prend pour le Che, mais version « feta », n’a pas hésité à s’allier avec la droite nationaliste, comme si en France, Mélenchon et Marine Le Pen se pacsaient. Il espère que dans des pays comme l’Espagne, les prochaines élections porteront au pouvoir des « Podemos », mais le pari est plus qu’incertain. C’est pourquoi le gouvernement Tsipras pratique la stratégie du faible au fort : il parie que les européens préfèreront céder en gardant la « brebis galeuse » pour éviter à la zone euro une crise que sa sortie provoquerait. Mais le temps joue contre lui. Il sait depuis le mois de février qu’annuler la dette grecque est impossible. Donc il s’agit plutôt de se servir des négociations pour provoquer sciemment une faillite de l’Etat grec, et sortir de l’euro en faisant porter le chapeau aux méchants créanciers. Le contribuable français doit savoir qu’au passage, il en sera pour 68 milliards d’euros de sa poche. Une véritable escroquerie.

Le « Grexit » serait une catastrophe pour les Grecs, pas pour l’Europe, bien au contraire.

76% des Grecs veulent rester dans l’euro, mais ils veulent le beurre et l’argent du beurre, et en plus se taper la fermière. Les 18 partenaires de la Grèce ont certes des engagements vis-à-vis de celle-ci de l’ordre de 300 à 400 milliards d’euros. Cependant il ne faut pas oublier que l’Union monétaire s’est considérablement renforcée et que les effets d’une contagion n’ont guère lieu d’être aujourd’hui.  Hormis les banques grecques, aucun investisseur privé ne détient de titres à Athènes. Ce sont les Etats européens qui devraient faire face, eux qui sont exposés à hauteur de 2 à 4% de leur PIB au risque grec. Un risque qui n’est pas négligeable mais encore supportable. Au demeurant, la zone euro, à l’inverse de ce que d’aucuns voudraient croire, pourrait en sortir renforcée, car il serait alors possible, plus facilement, de resserrer les liens d’une union budgétaire et politique. Donc, si les Grecs font le pari que la troïka finira par céder pour éviter une sortie de l’euro, ils se trompent lourdement.

Le leader de Syriza serait plus utile à son pays s’il s’attaquait à le transformer sérieusement en le dotant de tous les outils modernes de gestion qui lui font cruellement défaut comme un cadastre et une comptabilité publique sérieuse, en luttant contre la corruption, le travail au noir et l’évasion fiscale, au lieu de s’accrocher à des promesses démagogiques intenables comme l’augmentation des salaires et des retraites ou l’embauche de fonctionnaires. En aidant financièrement la Grèce,  la communauté européenne a prouvé sa solidarité. Mais si celle-ci décide de ne pas appliquer le programme de réformes convenu avec ses créanciers, elle devra en supporter toutes les conséquences. En attendant, la BCE a de nouveau relevé le plafond du financement d’urgence qu’elle accorde aux banques grecques. Cette enveloppe a été augmentée de 1,4 milliards d’euros à 76,9 milliards d’euros. Jusqu’à quand ? La réouverture de la télé publique avec la réintégration de plus de 1500 employés n’est pas un bon signe envoyé par Athènes.

Si l’Europe a à perdre en cas d’échec des négociations, les Grecs encore plus : depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir, les capitaux ont fui, la croissance s’est effondrée, les caisses publiques se sont vidées, les impôts ne rentrent plus, bref, le pays est revenu à une situation plus grave qu’au moment de la crise qui a conduit au premier abandon d’une partie de sa dette et à son rééchelonnement. Sauf que sans l’Europe, ils se retrouveront sans filet de protection. A défaut d’austérité qu’ils ont refusée, ils auront la faillite et la misère. Même au soleil, la pauvreté fait souffrir !


TSIPRAS… P’TIT BRAS !

Tsipras

 

Un peu plus de 40 jours après sa victoire, le nationalo-gaucho d’Athènes doit en rabattre. Il s’est retrouvé impuissant au pied du mur des réalités qu’il avait niées pendant toute sa campagne, faisant miroiter aux Grecs des lendemains enchantés. Le moins qu’on puisse dire c’est que même son (Varou)fakir de service n’a pas les dons de Circée la magicienne. Et que l’Eurogroupe, s’il veut bien faire preuve de bonne volonté, n’est tout de même pas prêt à servir de paillasson, et a refusé de céder sur l’essentiel. Les rodomontades n’y changeront rien. Le contrôle de la "Troïka"  tant honnie continue sur les finances hellènes, même si ses inspecteurs le font en tenue de camouflage, pour ne pas trop froisser l’amour propre des nouveaux gouvernants qui, pour tromper le bon peuple, continuent de danser le sirtaki devant le buffet.

Où en est la Grèce ?

La situation financière de la Grèce ne s’arrange pas. Le temps qui passe vide les caisses de l’Etat alors que les premières échéances sur la dette approchent. Celui-ci a du mal à trouver des liquidités pour payer les salaires de la fonction publique, les retraites et les dépenses courantes. L’excédent budgétaire, hérité du précédent gouvernement, qui était de 4 milliards fin 2014 a fondu comme neige au soleil printanier, et il n’en restait que 400 millions fin janvier. A ce jour, il ne resterait même plus rien ! Or, ce mois-ci la Grèce doit rembourser 4,3 milliards d’euros, dont 1,5 milliard au FMI dont la première tranche de 300 millions tombait le vendredi 6 mars dernier. L’Etat pioche dans les caisses de retraites et de sécurité sociale pour payer ses fins de mois. Les dépôts bancaires ont fondu de 20 milliards en février, et le pays a de plus en plus de mal à placer ses billets de trésorerie (T-Bills) : sur 1,4 milliards empruntés début mars, 750 millions d’euros n’ont pas trouvé preneurs. La Banque de Grèce a dû combler le besoin en urgence via un fonds de réserve public. Pour un gouvernement élu avec un score quasi-plébiscitaire, le moins qu’on puisse dire, c’est que la confiance interne comme externe n’y est pas ! En un mot : le résultat des élections n’a pas sauvé les Grecs, il a accru leur misère. Dites-le donc à Marine Le Pen et à la Méluche.

C’est la faute à Voltaire…

Comme toujours, comme le programme approuvé massivement par le peuple ne pouvait pas être mauvais, c’est donc la faute aux autres : à l’Europe, aux capitalistes, aux bourgeois qui retirent leur pognon des banques, aux commerçants qui ne paient pas la TVA… Un peu facile. Si les maigres réserves financières ont fondu aussi vite, ce n’est pas seulement parce que l’argent s’est enfui, c’est aussi parce que la récession est de retour. De plus, les impôts ne rentrent pas notamment parce que le gouvernement grec autorise ses contribuables à échelonner leurs paiements. Déjà qu’ils en paient si peu … Les recettes fiscales ont chuté de plus de 15% pour atteindre 6 à 8 milliards d’euros ce qui est loin de permettre l’équilibre des comptes au moment où les dépenses augmentent avec la récession qui revient. Athènes a beau avoir conclu un accord avec l’Eurogroupe pour prolonger de 4 mois l’aide financière qui devrait lui assurer un prêt de 7,2 milliards d’euros, aucun euro ne sera versé avant que le pays n’ait rempli ses engagements, a prévenu le ministre allemand Wolfgang Schaüble, d’autant plus intraitable que Varoufakis menace de ressortir les vieilles lunes de la période nazie en matière d’indemnisations dues par l’Allemagne. On comprend que les Allemands (le peuple) soient de mauvaise humeur et majoritairement opposés à cette rallonge financière. Vous l’avez compris, si la Grèce va mal, ce n’est pas à cause de sa mauvaise gouverne, mais bien du méchant et égoïste peuple allemand. On croit rêver.

Tsipras devra sortir du bois.

La Grèce est donc renvoyée à ses engagements pris, il y a trois semaines, de mener à son terme le programme de redressement engagé en 2010. Une potion amère dure à avaler pour le révolutionnaire de pacotille. Car, ce qui pose problème, ce n’est pas seulement la modestie des réformes annoncées par le Ministre des Finances grec, une liste faite pour amuser la galerie avec notamment l’idée d’utiliser des touristes comme contrôleurs du fisc (si, si), c’est aussi l’absence d’informations fiables sur la situation financière réelle. Six semaines après la victoire de Syriza, entre Bruxelles et Athènes, tout reste à discuter. Même la méthode de travail. Il faut dire qu’entre la rigueur des nordiques et la fantaisie de gouvernants à la tête d’un état digne du Tiers-Monde, le fossé est large. La menace d’Athènes de recourir à un referendum pour revenir sur les engagements pris n’est pas faite pour calmer le jeu. En attendant la Troïka est de retour pour vérifier l’état des lieux, sur place. C’est la condition mise par les créanciers pour financer et suivre le malade au quotidien. Le dernier passage du bel Alexis vendredi dernier à Bruxelles n’a guère fait avancer les choses, malgré la bonne volonté affichée par Jean-Claude Juncker.L’un des principaux responsables européens résume la situation en ces termes : « Jamais l’exaspération n’a été aussi grande, les Européens veulent trouver une solution avec la Grèce mais les déclarations quotidiennes du gouvernement à Athènes sapent toute possibilité de confiance ». Et jeudi prochain, la Grèce sera à nouveau écartée du conseil européen pour éviter un dérapage fatal. Samedi, les dirigeants grecs avaient un discours plus apaisant, jusqu’à quand ?

Le peuple grec finira par se réveiller.

En attendant, les réformes promises par Tsipras à son peuple sont peu à peu mises au … congélateur. Il arrive à tenir pour l’instant en pratiquant le double langage, un à Bruxelles, l’autre à Athènes. Mais il ferait bien de faire attention, aujourd’hui avec internet, il n’y a plus de filtre possible. Une seule réalité compte : la Grèce va plus mal, elle est au bord du défaut et elle est isolée. Pas un état européen n’est venu conforter ses demandes et le « front méditerranéen » ne s’est pas réalisé. Le programme du parti Syriza est impossible à mettre en œuvre et il lui faudra bientôt choisir dans quel camp il veut jouer : avec l’Europe ou sans l’Europe. Le choix entre l’austérité et ses misères et la misère tout court, et pour longtemps !

La Grèce serait en faillite sans la perfusion de la BCE et le « défaut » (faillite) menace toujours ! Une leçon que les Français qui croient aux croassements mariniens devraient méditer, parce que c’est ce scénario qu’elle propose pour notre pays …

 


LA FRANCE SOUS TUTELLE

"Désolé, j'ai pris un peu de retard cette semaine dans mes publications. Une intense activité de "boitage" en est la cause et vous me pardonnerez certainement."

                                                                                                                                   Daniel

 

Hollande Merkel

 

« Delayed »

Comme sur les tableaux des arrivées dans les grands aéroports internationaux, la France bénéficierait de la mention : « delayed » (retardé). En échange d’une étroite surveillance des comptes publics français, les ministres des finances européens ont confirmé la semaine dernière l’octroi à Paris d’un délai supplémentaire de deux ans pour se mettre en conformité avec le traité de stabilité de l’euro, soit un déficit maximum de 3% du PIB. Si pour certains c’est une victoire, elle n’est guère reluisante, car elle concrétise l’incapacité de notre pays à assainir ses comptes publics, ce dont s’inquiètent et s’irritent de plus en plus de nos partenaires qui comprennent de plus en plus mal l’indulgence dont il bénéficie.

Comme Pyrrhus…

ViseurUne faveur qui a un prix : la France devra suivre à la lettre une feuille de route très stricte, qui prévoit  une réduction supplémentaire de son déficit structurel. Un effort de trente milliards, risqué pour une croissance hexagonale déjà balbutiante, auquel le « Sapinos de Bercy » espère échapper… on se demande bien comment. Si on n’a pas à subir l’humiliation des pénalités financières, pour l’instant, on a tout de même celle du contrôle « renforcé ».  La décision des 28 ministres n’allait pas de soi. Notre amnésique de Mosco a dû batailler ferme pour empêcher les sanctions dont les partisans étaient nombreux après deux sursis déjà accordés et peu probants. C’est l’arbitrage de Jean-Claude Juncker qui a fait la décision contre les avis du vice-président Valdis Dombrovskis, mentor de notre commissaire, et de plusieurs représentants d’Europe du nord.

Un traitement de faveur au goût amer.

Alors que l’Eurogroupe s’affiche intransigeant face à la Grèce, beaucoup s’inquiètent de ce « traitement de faveur » accordé à la France autant que du déficit de crédibilité qui sape la discipline budgétaire commune. Bien entendu notre « pseudo-grand-argentier-marchand-d’illusions » s’est engagé à respecter scrupuleusement la décrue du déficit exigée par Bruxelles : 4% cette année, 3,4% en 2016 et 2,8% en 2017 ! La pente est plutôt raide, mais pour Bercy elle correspond aux 50 milliards d’euros d’économie déjà programmées sur les trois années qui conduisent à l’élection présidentielle. Enfin, si elles sont réalisées !  Et encore faudrait-il qu’elles ne soient pas décompensées par des dépenses inconsidérées à l’approche de l’échéance fatale.

Le bouffon de Bruxelles.

MoscoPierre Moscovici, toujours aussi inénarrable, s’est fendu d’une interview dans le Figaro  pour déclarer : « L'effort de la France n'est pas suffisant ». Il a juste oublié qu'il n'en avait fait aucun pour réduire le déficit quand il était à Bercy... Et même il s’autorise quelques conseils précis, tel le prof sur le carnet de notes du mauvais élève, où l’on retrouve les mots « sanction », « agenda » comme pour indiquer le parcours à suivre pour faire des « progrès ».  Discours pitoyable de la part de celui qui siégea pendant deux ans à Bercy et qui s’en prend aujourd’hui à ceux qu’il accompagnait. Comme c’est facile quand on est à l’abri à Bruxelles, loin des contraintes électorales et des promesses insensées. Avec lui, on mesure le gouffre socialiste qui existe entre les mots et les réalités. Mais, pas plus que ses anciens acolytes au gouvernement, on ne peut le prendre au sérieux. Au contraire, son propos contribue à dévaloriser la parole publique.

Merci Angela.

C’est la bénédiction silencieuse d’Angela Merkel qui a contribué  de façon décisive à la décision de la commission de Bruxelles. Elle ne veut pas déstabiliser la France, encore deuxième économie de l’euro, alors que le contexte politique est pour le moins délicat. Car la mise sous tutelle renforcée est pain béni pour le vote extrême à quelques jours des « départementales », mais dans une bien moindre mesure que si Bruxelles avait asséné des sanctions à la France.  Il n’en reste pas moins que pour Mario Draghi, à qui on doit la mise en œuvre d’une politique financière enfin audacieuse par ailleurs, « la mise en œuvre intégrale et systématique du pacte de stabilité et de croissance est essentielle à la confiance ». Ce qui veut dire, en clair, que notre pays n’a plus la moindre marge de manoeuvre pour entrer dans les clous communautaires. Bon gré mal gré, il faudra bien faire ce qui est demandé. Mi-avril, La France aura à décliner les économies supplémentaires nécessaires pour ramener son déficit sous le plafond européen. Et convaincre nos partenaires ! Du boulot pour Sapin alors que les nouvelles dépenses s’accumulent : lutte contre le terrorisme dans l’hexagone et à l’extérieur, éducation, contrats aidés, plan banlieues, remboursement d’aides indûment perçues…  Autant de mesures qui appelleront des recettes complémentaires pour près de 20 milliards et vous devinez où on va les prendre … Car notre ministraillon des finances est tout sauf un magicien !