LA CLARIFICATION
24 juin 2016
Leave : 52% Remain : 48%
Les Anglais ont tranché : le Brexit l’a emporté. Bien sûr on peut le regretter, un pays qui divorce de l’Union européenne n’est pas un événement anodin. D’ailleurs l’affolement qui a gagné le monde financier et le personnel politique en est une démonstration. Pour autant, il faut bien reconnaître que le fait que cette sécession concerne le Royaume-Uni est tout sauf un accident. Bien que son entrée dans l’Union remonte à plus de 40 ans, il n’a jamais vraiment joué le jeu de la construction de l’Europe. Il a refusé d’entrer dans la zone euro et réclamé constamment des exceptions aux règles. Un pied dedans, un pied dehors. En fait, ce qui intéressait notre partenaire d’outre-Manche c’était d’avoir à sa porte une zone de libre-échange à moindre prix. On a donc assisté à 40 ans de guérilla permanente. Depuis son entrée dans l’Union, le Royaume-Uni a été un boulet, voilà la vérité.
Le vote d’hier met fin à 40 ans d’hypocrisie.
La teneur de la campagne électorale a révélé un grave malentendu entretenu par les partisans du Brexit : le principal déclencheur du vote « leave » a porté sur le thème de l’immigration, en en faisant porter la responsabilité aux institutions de Bruxelles, alors que le problème est largement lié aux conséquences de la mondialisation. Qui peut croire que quitter l’Europe changera quelque chose à ces mouvements démographiques. Le pays qui a dominé le monde avec son empire quitte l’Europe par frilosité devant les bouleversements de la globalisation ! Mais faire de l’UE le bouc émissaire pour avoir un prétexte est minable surtout au regard des conséquences effroyables que le divorce va entraîner. Surtout quand on ajoute au tableau le pari politicien de David Cameron pour avoir le pouvoir, suivi du même pari de Boris Johnson dans le même but.
Car la déflagration du Brexit va faire des dégâts difficiles à évaluer.
A commencer par le possible éclatement du Royaume-Uni, l’Ecosse étant en mesure de prendre son indépendance, le réveil de la guerre entre les deux Irlandes, sans parler des conséquences financières et juridiques avec des milliers de lois à réécrire et des dizaines de traités à renégocier : une sacrée galère ! Avec son cortège de misères pour les plus démunis. Ce sont eux qui paient toujours les mensonges des populistes. Alors Marine Le Pen peut bien fêter l’événement en buvant du champagne, Mélenchon prendre à témoin la loi El Khomry comme dictat ultra-libéral de Bruxelles, ce sont les mêmes que Farage. Ils se servent de l’Europe comme bouc émissaire de nos lâchetés nationales, de notre incapacité à mener les réformes nécessaires. Comme si retrouver la souveraineté nationale, la monnaie, le pouvoir de légiférer pouvaient permettre le redressement du pays, son désendettement, la fin de ses déficits, sans efforts. Qui ne voit pas que nos syndicats qui ne veulent pas renoncer aux acquis sociaux, les conservent au prix de la précarité de ceux qui n’ont pas la chance d’entrer sur le marché du travail. L’Europe n’a rien à voir là-dedans.
Cela dit, nous allons vivre une période d’incertitude qui va durer des semaines et des mois, dans un paysage européen et international imprévisible. Bien des questions se posent, politiques, financières et économiques. Le Brexit ouvre une période de deux à dix ans de négociations, il intervient à un moment où l’économie mondiale est ralentie et ne parvient pas à prendre un nouvel essor. L’économie européenne sera forcément impactée, à commencer par celle du Royaume-Uni, et aussi celle de la France qui a une balance commerciale positive avec lui, mais personne ne sera épargné.
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