HISTOIRE
LA SEMAINE D’ARCHIBALD
DE LA COMEDIA DEL ARTE AU GRAND GUIGNOL !

LA POUSSEE POPULISTE

Marine le Pen 2013   Mélenchon Bastille 2013

 

Après l’Autriche, c’est l’Italie. On vérifiera très bientôt ses effets au Royaume-Uni avec le referendum sur le Brexit, on en mesure les progrès même aux Etats-Unis avec le phénomène Trump, et probablement aussi en Espagne avec « Unidos Podemos » cette alliance à l’extrême gauche qui talonne le parti Populaire de Rajoy. En Grèce les populistes n’ont rien réglé et continuent d’encaisser les chèques de l’Europe tout en renaclant à faire les réformes. Cela n’y change rien. Pour réussir en politique aujourd’hui, dans nos vieilles démocraties, il faut être anti-système, et ce n’est pas surprenant puisque le dit système a échoué et les politiques ont renoncé à le changer. On le voit bien en France.

Le cas du Royaume-Uni

L'histoire du référendum britannique incarne jusqu'à la caricature ce que la politique ne devrait pas être. David Cameron en avait lancé l'idée en fonction de petits calculs électoraux qui risquent de lui coûter cher aujourd’hui. L'ancien maire de Londres, Boris Johnson, fait le calcul inverse et semble avoir choisi le Brexit surtout pour arriver plus vite au pouvoir. Comme souvent dans les référendums, les électeurs ne répondent à la question posée - quitter l'union européenne ou y rester - mais à une autre -fermer ou non le pays à l'immigration, le débat s’est fait principalement sur ce thème. L’assassinat de Jo Cox, tuée par un déséquilibré pro-Brexit, a constitué le paroxysme d'une campagne électorale très violente, amplifiée par une presse britannique qui a donné une nouvelle fois la preuve de sa capacité à manier l'outrance. Cameron face à l’Europe comparé à Chamberlain face à Hitler, excusé du peu, faux arguments et mensonges, tout aura conduit à cet épisode dramatique. Le meurtre semble avoir calmé les uns et les autres : tant mieux. Il aboutira peut-être à un vote en faveur du maintien. Mais que d’hypocrisie de la part des Anglais quel que soit leur bord !

Le divorce entre les élites et les peuples des pays développés.

Le plus grave c’est que ce qui se passe en Grande Bretagne est le reflet de ce qui se passe partout ailleurs, y compris en France. Et le meurtre d’une députée en cristallise le constat aberrant : c’est le divorce entre les élites élues ou au gouvernement et les peuples. Ce clivage a dominé la campagne électorale britannique. Les bataillons d'économistes savants qui se sont échinés à expliquer que le « Brexit » serait une catastrophe pour l'économie du pays ont sans doute eu pour effet principal d'alimenter le vote en faveur du divorce avec l’Union... Comment faire entendre raison à des masses populaires qui l’ont perdue, et qui ne veulent plus rien savoir. Car l'opposition au « système » est en passe de devenir la ligne de fracture dominante dans toutes les vieilles démocraties. Chez nous aussi, extrême droite et gauche populistes ont réussi à imposer les thématiques du souverainisme et du protectionnisme à des partis de gouvernement usés, c’est pourquoi Marine Le Pen semble aujourd'hui être le futur candidat à l'élection présidentielle le plus certain d'avoir son ticket pour le second tour. En Italie, Matteo Renzi encaisse une défaite au profit du mouvement « Cinq étoiles » qui vient de remporter haut la main les mairies de Rome et de Turin. En Espagne, deux tout nouveaux partis, Podemos et Ciudadanos, troublent le jeu politique. Plus grave, l’alliance de Podemos avec Izquierda Unida (communistes) risque de faire passer à la trappe le PSOE. En Allemagne,  le parti « Alternative für Deutschland » (AFD) pourrait à son tour déstabiliser la mécanique politique l'an prochain. Partout la clé de lecture est la même et porte sur la question de l'immigration qui est au coeur des débats. Aux Etats-Unis, c'est même la première promesse de Donald Trump face à une Hillary Clinton considérée comme issue du système.

Le mirage des indépendances nationales.

Défiant le principe de réalité, ces nouveaux apprentis sorciers, volontiers nationalistes, experts ès référendums, veulent nous faire croire que nos pays seraient plus forts et plus influents, mieux protégés des crises financières et migratoires en s’enfermant dans un splendide isolement… au mépris de ce que l’histoire nous a appris. Car partout nous rencontrons de beaux esprits qui font de Bruxelles le bouc émissaire de toutes nos lâchetés et calculs politiciens, prompts à ressusciter des rêves de grandeur nationale, sans tenir compte de la puissance disparue. Ils manient pour ce faire débats caricaturaux, dénis et falsifications. Mais quand il n’y aura plus Bruxelles, il faudra trouver d’autres boucs émissaires, et là, on connait la suite ! La montée des « populismes » n'est pas surprenante en temps de crise. Une telle vague s'était aussi formée lors des années 1930, dans la foulée de la Dépression. Toute crise économique pousse au repli sur soi, tue l'espoir au profit du doute, plonge les peuples dans l'incertitude avec le cortège du chômage et de la misère. La tentation est grande alors de se révolter contre un système mis à mal et qui ne tourne plus rond. Et il existe d'excellentes raisons d'être en colère face à des résultantes choquantes comme l’accroissement des inégalités et le marasme d’une croissance qui ne vient pas ou mollement. Pour y faire face il faudrait des gouvernants qui proposent vision et cap, avec des réponses crédibles capables de faire entrevoir un avenir meilleur. Les populistes profitent du vide et semblent apporter des réponses : elles sont évidemment illusoires, mais comment éviter que les citoyens y soient sensibles. Le désenchantement est tel qu’il faut malheureusement craindre qu’il faille en passer par la mise à l’épreuve, avec pour résultat une aggravation de la situation comme on l'a vu en Grèce où les électeurs ont voté l'an dernier contre un plan de mesures que le gouvernement s'est résigné à mettre en œuvre ensuite.

La démocratie représentative.

La démocratie représentative est menacée. On voit ressortir les vieilleries bolchéviques, manipulées par des écervelés qui n’ont pas connu, ou les tentations autoritaires et totalitaires par une frange qui n’a jamais désarmé ni renoncé. Ce sont nos institutions qui sont en mise en danger par l’usure du système politique. Une partie du peuple a de plus en plus de mal à reconnaître l’autorité et la légitimité des élus, mises à mal par le virus de la « démocratie participative ». L’exemple de Notre Dame des Landes est emblématique. Les représentants du peuple devenus des professionnels de la représentation, inamovibles, éloignés de leurs mandants sont condamnés. Il importe, qu’à défaut de se transformer, notre système propose au moins une forme de renouvellement : celle des hommes et des idées qui vont avec. Je crains fort que si nous ressortons du magasin les mêmes personnels, on ne coure à la catastrophe. Voilà où aura conduit l’abaissement de l’autorité du politique et de l’Etat, par un pouvoir qui continue de procrastiner, de manipuler et d’atermoyer. Un abaissement qui rejaillit inévitablement sur l’opposition par effet miroir !

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