1H-1/4 AVANT LA TRAHISON
05 février 2019
Tout le monde a en mémoire la parodie de Jean Yanne de péplum romain « 1H-1/4 avant J.C. ». C’est en pensant à cette comédie que je voudrais évoquer les manœuvres plus ou moins secrètes entamées entre Macron-César -dit ex-Jupiter- d’une part, et le duc de Bordeaux et son assistant l’ex-sénateur expert en chinoiserie, d’autre part, en vue de leur soutien à une liste du « nouveau monde » Rem-Modem-Agir : « tiiin, tin, tin , tin, tin-tin, tiin, tin, tinttintin… » (Dvorak)
En coulisses.
Tout cela, évidemment est censé se faire en secret. Mais c’est un secret de polichinelle : petits déjeuners à l’Elysée, consultations, petites phrases du type « Je ne resterai pas silencieux » ou encore : « Je me sens plus proche du projet de Macron »… Si on recoupe avec les infos qui filtrent du palais sur une liste large LRem/Modem/Agir, nous ne sommes plus loin du passage à l’acte. Le problème n’est plus de savoir s’il y aura trahison, c’est quand. Car rien n’y fait : LR est accusé de droitisation, un peu comme ces accusations de l’inquisition ou à la soviétique. Point besoin d’argumenter, l’accusation se suffit à elle-même. Comme le dit Jean Léonetti dont le parcours ne peut pas être suspecté de compromission avec une droite conservatrice : le programme des Républicains, il y a cinq ans, Juppé l’aurait signé des deux mains… Et pour la nomination de François-Xavier Bellamy, ces gens-là se contentent de reprendre ce que disent les médias aux ordres chargés de caricaturer la tête de liste. Caché ce catholique que je ne saurais voir ! Laissons-les à leurs idées toutes faites. Puisqu’ils se contentent du programme de Macron, tant mieux pour eux. Ou plutôt tant pis, parce qu’ils vont droit dans le mur. Et je vous dis pourquoi.
Le discours de la Sorbonne.
C’est la référence inébranlable de Juppé. Ce discours a été prononcé le 26 septembre 2017. Le Président de la République y faisait part de son rêve européen, en chef de file incontesté. Une prise de position marquante à l’époque tant par les propositions que par la vision ambitieuse de la construction européenne affichée. Un an et demi après, on peut dire que rien ne s’est passé comme l’intéressé l’aurait souhaité. On peut même affirmer que la réforme de l’Union qu’il préconisait s’est enlisée, à la fois par la fragilisation de Merkel et aussi parce que la France, plombée par ses déficits et son endettement n’est pas un modèle fiable pour ses partenaires. Aujourd’hui Macron se retrouve seul. Il est fâché avec l’Italie, la Hongrie et l’Autriche lui tournent le dos, et les relations avec l’Allemagne sont glaciales comme on a pu s’en rendre compte avec le renouvellement du traité de l’Elysée signé à Aix-la-Chapelle. Autrement dit, le beau discours en guise de projet est caduc. Il est même dépassé. En plus son contenu, c’est évidemment tout ce qu’une majorité de Français rejettent aujourd’hui : plus d’intégration, plus d’élargissement, plus de commission…. J’ajouterais que la stratégie d’affrontement entre les « progressistes » (macroniens) et les populistes, en les diabolisant, n’est pas la meilleure façon de rassembler. Du discours de la Sorbonne, avec ses 49 propositions, il ne reste que quelques timides avancées sur le budget européen et l’aboutissement de quelques projets qui étaient déjà dans les tuyaux avant même que le discours soit prononcé. Les partisans de plus d’Europe affrontent l’échéance dans les pires conditions. Au point d’envisager de faire oublier l’échéance avec un referendum qui aurait lieu le même jour.
Il y a cinq ans, c’est avec ce même type de programme de la droite que les listes de Marine Le Pen sont arrivées en tête et que moins d’un électeur sur deux s’est présenté devant les urnes. Apparemment la leçon n’a pas été retenue par les centristes qui ont rallié le camp Macron et son rêve hégémonique. Il est encore temps d’ouvrir les yeux.
Comme dans le film de Jean Yanne, je suis tenté de reprendre ce morceau de dialogue que l’on pourrait attribuer à Juppé : « Citoyens, actuellement nous ne pouvons rien faire, mais dès que nous le pourrons je vous promets que nous ferons le double ! ». Est-ce que nos concitoyens naguère proches de l’UMP, de la droite et du centre, vont se laisser piéger ? Je ne le crois pas. Un autre chemin, plus sensé et raisonnable est possible, sans renoncer à l’Europe. C’est celui que veut tracer la liste des Républicains. On y reviendra.
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