HISTOIRE

LA FRANCE SOUS TUTELLE

"Désolé, j'ai pris un peu de retard cette semaine dans mes publications. Une intense activité de "boitage" en est la cause et vous me pardonnerez certainement."

                                                                                                                                   Daniel

 

Hollande Merkel

 

« Delayed »

Comme sur les tableaux des arrivées dans les grands aéroports internationaux, la France bénéficierait de la mention : « delayed » (retardé). En échange d’une étroite surveillance des comptes publics français, les ministres des finances européens ont confirmé la semaine dernière l’octroi à Paris d’un délai supplémentaire de deux ans pour se mettre en conformité avec le traité de stabilité de l’euro, soit un déficit maximum de 3% du PIB. Si pour certains c’est une victoire, elle n’est guère reluisante, car elle concrétise l’incapacité de notre pays à assainir ses comptes publics, ce dont s’inquiètent et s’irritent de plus en plus de nos partenaires qui comprennent de plus en plus mal l’indulgence dont il bénéficie.

Comme Pyrrhus…

ViseurUne faveur qui a un prix : la France devra suivre à la lettre une feuille de route très stricte, qui prévoit  une réduction supplémentaire de son déficit structurel. Un effort de trente milliards, risqué pour une croissance hexagonale déjà balbutiante, auquel le « Sapinos de Bercy » espère échapper… on se demande bien comment. Si on n’a pas à subir l’humiliation des pénalités financières, pour l’instant, on a tout de même celle du contrôle « renforcé ».  La décision des 28 ministres n’allait pas de soi. Notre amnésique de Mosco a dû batailler ferme pour empêcher les sanctions dont les partisans étaient nombreux après deux sursis déjà accordés et peu probants. C’est l’arbitrage de Jean-Claude Juncker qui a fait la décision contre les avis du vice-président Valdis Dombrovskis, mentor de notre commissaire, et de plusieurs représentants d’Europe du nord.

Un traitement de faveur au goût amer.

Alors que l’Eurogroupe s’affiche intransigeant face à la Grèce, beaucoup s’inquiètent de ce « traitement de faveur » accordé à la France autant que du déficit de crédibilité qui sape la discipline budgétaire commune. Bien entendu notre « pseudo-grand-argentier-marchand-d’illusions » s’est engagé à respecter scrupuleusement la décrue du déficit exigée par Bruxelles : 4% cette année, 3,4% en 2016 et 2,8% en 2017 ! La pente est plutôt raide, mais pour Bercy elle correspond aux 50 milliards d’euros d’économie déjà programmées sur les trois années qui conduisent à l’élection présidentielle. Enfin, si elles sont réalisées !  Et encore faudrait-il qu’elles ne soient pas décompensées par des dépenses inconsidérées à l’approche de l’échéance fatale.

Le bouffon de Bruxelles.

MoscoPierre Moscovici, toujours aussi inénarrable, s’est fendu d’une interview dans le Figaro  pour déclarer : « L'effort de la France n'est pas suffisant ». Il a juste oublié qu'il n'en avait fait aucun pour réduire le déficit quand il était à Bercy... Et même il s’autorise quelques conseils précis, tel le prof sur le carnet de notes du mauvais élève, où l’on retrouve les mots « sanction », « agenda » comme pour indiquer le parcours à suivre pour faire des « progrès ».  Discours pitoyable de la part de celui qui siégea pendant deux ans à Bercy et qui s’en prend aujourd’hui à ceux qu’il accompagnait. Comme c’est facile quand on est à l’abri à Bruxelles, loin des contraintes électorales et des promesses insensées. Avec lui, on mesure le gouffre socialiste qui existe entre les mots et les réalités. Mais, pas plus que ses anciens acolytes au gouvernement, on ne peut le prendre au sérieux. Au contraire, son propos contribue à dévaloriser la parole publique.

Merci Angela.

C’est la bénédiction silencieuse d’Angela Merkel qui a contribué  de façon décisive à la décision de la commission de Bruxelles. Elle ne veut pas déstabiliser la France, encore deuxième économie de l’euro, alors que le contexte politique est pour le moins délicat. Car la mise sous tutelle renforcée est pain béni pour le vote extrême à quelques jours des « départementales », mais dans une bien moindre mesure que si Bruxelles avait asséné des sanctions à la France.  Il n’en reste pas moins que pour Mario Draghi, à qui on doit la mise en œuvre d’une politique financière enfin audacieuse par ailleurs, « la mise en œuvre intégrale et systématique du pacte de stabilité et de croissance est essentielle à la confiance ». Ce qui veut dire, en clair, que notre pays n’a plus la moindre marge de manoeuvre pour entrer dans les clous communautaires. Bon gré mal gré, il faudra bien faire ce qui est demandé. Mi-avril, La France aura à décliner les économies supplémentaires nécessaires pour ramener son déficit sous le plafond européen. Et convaincre nos partenaires ! Du boulot pour Sapin alors que les nouvelles dépenses s’accumulent : lutte contre le terrorisme dans l’hexagone et à l’extérieur, éducation, contrats aidés, plan banlieues, remboursement d’aides indûment perçues…  Autant de mesures qui appelleront des recettes complémentaires pour près de 20 milliards et vous devinez où on va les prendre … Car notre ministraillon des finances est tout sauf un magicien !

 


A L’ULTRA GAUCHE, LES LENDEMAINS CHANTENT RAREMENT !

 Comédie grecque 

Alexis Tsipras le découvre à ses dépens. Les chiffres sont têtus. On peut changer les mots, pas les réalités. Trois semaines après sa victoire, en effet, il a eu la peau de la « Troïka » (Commission, FMI, BCE), honnie par les Grecs pour avoir imposé un calendrier de réformes sévères. Mais le Turlupin de la zone euro n’en a pas pour autant fini avec ces mêmes instances. Ce n’est pas parce que le mot « troïka »  et l’expression « plan de sauvetage » se sont évaporés, qu’ils n’existent plus. Au dernier sommet de Bruxelles, c’était bien « un contre 27 », explique un participant à la réunion. Bref, la coalition méditerranéenne souhaitée contre l’orthodoxie berlinoise ne s’est pas concrétisée.

Les Grecs ne doivent pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

On sait bien qu’ils ont inventé la comédie et ils sont experts en la matière. C’est ainsi qu’ils ont réussi, avec l’aide de médias bien compatissants à nous faire pleurer sur le triste sort que ces « méchants » imposaient au pauvre peuple qui n’en peut mais. C’est vraiment inverser les rôles. L’Europe a été depuis le début de la crise, d’une grande générosité avec les Grecs. Il ne faudrait quand même pas oublier que ce pays est entré dans la zone euro avec des statistiques truquées (Giscard était contre), qu’il n’a toujours pas mis en place un système correct de collecte des impôts et que ses riches armateurs n’en paient pas, pas plus que la riche église orthodoxe. C’est encore l’Europe qui a accepté un effacement de 107 milliards d’euros de dette il y a à peine trois ans.  Ce pays a vécu au-dessus de ses moyens en s’endettant plus que de raison, et n’accepte pas aujourd’hui d’en payer le prix. Voilà la réalité.

Mais l’Europe et les instances internationales ont une responsabilité dans la réaction des Grecs.

L’élection du candidat de l’ultra gauche s’explique par des erreurs d’appréciation qui ont conduit à une situation intenable. La générosité européenne s’est traduite par une explosion de la dette publique grecque, la rendant insoutenable. Les conditions imposées en échange des prêts ont conduit à une récession profonde qui a plongé les classes moyennes dans la pauvreté. Les réformes structurelles réclamées étaient infaisables.  Malgré tout, hors paiement de la dette, le budget grec est aujourd’hui légèrement excédentaire.  Il existe donc une petite marge de manœuvre à condition que le nouveau chef du gouvernement soit frappé d’amnésie et qu’il oublie ses promesses électorales les plus coûteuses qui empêcheront tout compromis. Le bras de fer qu’il a entamé avec les principaux chefs de gouvernement afin de réaménager ses 320 milliards d’euros d’endettement ne pourra pas se conclure par un abandon pur et simple, comme il l’a proclamé pendant toute sa campagne électorale. En face, l’Europe affiche un langage clair, grâce à Angela Merkel : elle a fermé la porte à toute idée d’annulation partielle de la dette hellène.  Et l’enjeu est de taille. D’autres pays sont à l’affût de la moindre faiblesse. Il en va de l’existence de la monnaie européenne.

Après les moulinets, les postures et les jérémiades, les masques tomberont forcément.

Pour trouver une solution raisonnable pour les deux parties : donner un peu d’oxygène à l’économie grecque en échange de garanties de quelques réformes emblématiques, il faut d’abord en passer par les chiffres. Quel est le déficit réel pour 2014 ? Que peut-on attendre de 2015 ? Quels sont les projets pour 2016 ? A ces questions, Athènes a-t-elle les moyens de répondre ? la Commission, avec  Jean-Claude Junker, la BCE avec Mario Draghi et le FMI avec Christine Lagarde sont toujours en piste pour dresser l’inventaire de ce que le gouvernement grec accepte et refuse dans le programme mis en place,  et trouver les moyens de compenser chaque perte par une recette comparable. Alors, ce ne sera plus le « plan de sauvetage », mais un « nouveau contrat »… Mais la contrainte reste identique, à savoir que le bel Adonis et son « Varoufakir » de financier devront se plier à des conditions acceptables pour les créanciers s’ils veulent obtenir les crédits officiels dont ils ont besoin pour ne pas tomber en faillite dans les trois mois. A eux de préparer leur opinion aux lendemains qui déchantent.

La crise grecque aura de toute façon un effet malsain.

Les opinions publiques sont devenues schizophrènes. La « rigueur budgétaire » est devenue un gros mot, alors qu’elle devrait au contraire être ressentie comme la règle et la nécessité. La baisse des dépenses publiques, que la France ne respecte toujours pas (la part a encore augmenté en 2014 à 57% du PIB), est vécue comme une contrainte insupportable. Le respect des traités européens qui est bien le moins est traité par-dessus la jambe, à commencer par la France qui ne cesse de se faire rappeler à l’ordre. Doit-on en blâmer les instances qui ont la charge de faire respecter ce que nous avons signé ! C’est facile de brandir le réveil des peuples contre la technocratie bruxelloise, mais après, est-ce que les réalités changent ? Que veut dire le fait que 30% des Français sont en faveur d’une annulation complète ou partielle de la dette grecque ? Savent-ils que cela coûterait à chaque foyer fiscal 1166 euros. Merci, je ne suis pas « Syriza », comme peut l’être Mme Le Pen, comme d’autres sont « Charlie ».  Prenons en considération que n’importe quel geste qui sera fait en faveur de la belle Hellène  sera scruté de très près par les pays qui ont connu ou connaissent des épreuves aussi dures et qui ont eu le courage de prendre des mesures drastiques pour rétablir leur situation, comme l’Espagne. Si la Grèce pèse 2% de la zone euro, l’Espagne représente 11% de son PIB. On mesure ce qu’un effet domino pourrait produire. Aux dernières nouvelles, le gouvernement grec lâche petit à petit dans son bras de fer. Ils viennent de concéder la mise en place de réformes immédiates contre l’évasion fiscale et la corruption en échange de la prolongation de six mois de l’aide européenne. Trop flou et insuffisant et pour Berlin c’est « nein ». L’Eurogroupe prévu demain va être musclé !   

En échange des réformes promises, le gouvernement grec obtiendra, n’en doutons pas, des facilités de remboursement, mais il devra s’expliquer devant son peuple, par petites nuances. On n'en a pas fini de voir les "50 nuances de Grec"... Après tout, le mot « démagogie » est aussi un mot « grec ». 

 


CE « QE » C’EST QUOI ?

Un peu d'économie pour les nuls, comme moi.

 

Draghi

La Banque centrale européenne a lancé une opération monétaire inédite pour relancer la croissance en zone euro. De quoi s'agit-il ? Pourquoi l'Allemagne est-elle réticente? Qui va en profiter? Explications pour les non-initiés.

 

Qu'est-ce que le « Quantitative Easing » (QE) ?

Planche à billetsLe « Quantitative Easing » (QE) ou assouplissement quantitatif, c'est la version moderne de « la planche à billet ». Il s'agit d'un instrument de politique monétaire « non conventionnel ». Habituellement, la Banque centrale européenne (BCE) utilise comme principal outil, le taux d'intérêt auquel elle accorde des prêts aux banques. Taux directeur qui détermine celui des crédits auxquels souscrivent les ménages et les entreprises. En raison de l'ampleur de la crise, les banques centrales ont été amenées à prendre des mesures dès 2008, consistant notamment à acheter des obligations ou des billets de trésorerie émis par les entreprises, à reprendre les actifs de banque ou des prêts au secteur privé transformés en obligations (ABS). C’est pour cela qu’on qualifie ce type de politique comme « non conventionnelle ». Mais le «QE» dont on parle aujourd'hui est différent, il s'inspire de ce que fait la « Fed » aux États-Unis, la Banque d'Angleterre ou la Banque du Japon depuis les années 2000.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Le « QE » consiste à racheter des dettes souveraines, des obligations d'États à long terme, à 7 ans ou 10 ans, sur les marchés. En échange de ces achats, la BCE crée de la monnaie, des liquidités nouvelles, qu'elle injecte dans les circuits financiers. Les pays de la zone euro étant très endettés, les dettes d'État abondent. Il en existe 7 000 milliards d'euros en circulation. Evidemment, La BCE ne peut racheter que des titres biens cotés par les agences de notations, ce qui exclut les titres grecs ou chypriotes. La BCE peut acheter elle-même les titres et les garder sur son bilan, ce qui fait partager les risques financiers à l'ensemble des États membres de la zone euro.

 

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En quoi cette opération est-elle inédite?

La zone euro ne s'est jamais lancée dans l'aventure d'un « QE » à l'américaine, car le traité de Maastricht -repris dans le traité de Lisbonne aujourd'hui en vigueur- interdit expressément le « financement monétaire » des États. Si elle sert à financer les déficits des États membres, la « planche à billets » est proscrite. C'était l'une des conditions fixées par l'Allemagne, pour renoncer au Deustch Mark, au profit de l'euro. L'assouplissement quantitatif n'est acceptable, aux yeux de la justice européenne, que s'il s'agit d'un instrument exceptionnel permettant à la BCE d'atteindre son objectif d'inflation de 2 % à moyen terme ou de sauver l'euro.

Pourquoi la BCE s’est résolue à lancer cette opération?


Baisse des prixDepuis un an et demi, l'inflation est à un niveau jugé « extrêmement bas » par le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi. En décembre, les prix dans la zone euro ont reculé de 0,2%. Or, selon son mandat, l'institution financière doit maintenir le taux de l'inflation sous les 2 % « mais pas à un niveau trop éloigné de ce seuil maximal », rappelle Jean-Claude Trichet, ancien président de la BCE. Cette tendance fait craindre à la plupart des pays de la zone euro, à l'exception de l'Allemagne, que l'Europe s'installe dans la déflation, c'est-à-dire la « diminution générale et durable des prix », selon la définition de l'Insee. Le risque c'est que la baisse des prix se transmette aux salaires, et affaiblisse encore la croissance. Le « QE » est donc une arme anti-déflation.

La déflation, c'est grave?

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La déflation est au moins aussi grave que l'inflation, mais plus difficile à combattre. C'est le cauchemar des banques centrales, car il est très difficile d'en sortir, si ce n'est en recourant massivement à la planche à billets… Ce fléau économique sévit depuis deux décennies au Japon et Shinzo Abe vient de se casser les dents dessus malgré ses « Abenomics ». La déflation a accompagné le krach boursier de 1929 aux États-Unis et en Europe, avec les millions de chômeurs qu’elle a créés. Cependant, la zone euro n’est pas encore en déflation. Les prix reculent surtout en raison de la chute des prix du pétrole considérée comme une bonne nouvelle, mais le danger est là, notamment dans les pays du sud où les prix baissent depuis plusieurs mois. Et c'est pour éviter de tomber dans le piège que la BCE veut agir avant qu'il ne soit trop tard.

L'Allemagne n’était pas favorable à cette opération.

L'Allemagne n'aime pas la « planche à billets », synonyme de laxisme. Elle craint, à juste titre, que cela n'alimente des bulles financières et qu'en dépréciant l'euro et en facilitant l'endettement, cela décourage les réformes structurelles dans les États du sud de l'Europe. L'inflation est également une crainte historique des Allemands, traumatisés par la folle envolée des prix des années 1920, qui a ruiné les petits épargnants et les classes moyennes, et dans la conscience collective fait le lit du régime nazi. Néanmoins, toutes les études ont démontré que le recours au « QE » » n'augmenterait pas l'inflation. Mais surtout l'Allemagne ne croit pas au risque de déflation brandi par la BCE. Il n'y avait donc pour elle aucune urgence à décider d'un assouplissement monétaire pour lequel la peur de la déflation n’est qu’un prétexte pour répondre à la demande des pays comme la France et l’Italie qui espèrent ainsi retrouver une croissance à bon compte.

Quels seront les gagnants et les perdants ?

Baisse de l'euroLes pays périphériques de la zone euro (Italie, Espagne, Portugal, Irlande), seront probablement les plus grands gagnants d'un « QE » à l'américaine. L'Italie et l'Espagne vont  bénéficier d'une offre de crédit plus abondante et moins onéreuse, alors qu'aujourd'hui, ils font face à une pénurie de crédit. Ils bénéficieront aussi de la dépréciation de l'euro entraîné par ce surcroît d'offre de monnaie pour exporter plus. Et de ce point de vue, la manœuvre a réussi au-delà des espérances. Cela dit, l'Allemagne gagnera aussi beaucoup d'une baisse de l'euro, car sa croissance dépend de plus en plus des exportations vers les pays émergents.

En France, le «QE» aura un impact moindre. Le Trésor français emprunte déjà à des taux historiquement bas et le crédit est disponible et bon marché. C'est la demande de crédit qui ne suit pas, par manque de confiance. Pourquoi, en effet, demander un crédit lorsque l'on est assommé d'impôts et de réglementations tatillonnes ? L’exécutif ne l’a toujours pas compris qui accuse les patrons de ne pas embaucher. La France qui s'est tant plainte de « l'euro fort » sera surtout aidée par la dépréciation du change. Ses exportations en zone dollar seront plus compétitives. Mais ce sont les entreprises du CAC 40 qui seront les grandes gagnantes. Du côté des ménages, les emprunteurs seront avantagés -ils peuvent emprunter moins cher ou renégocier leur crédit-, alors que les épargnants verront leur épargne leur rapporter moins. Le « QE » incite, en principe, à demander un crédit, à dépenser, à prendre des risques en Bourse, et non à épargner sur un livret A, ou en obligations d'État par le biais d'assurances vie en fonds euros…

Voilà, vous savez tout… ou presque.

 


PLUS DE BEURRE QUE DE PAIN

 

Tsipras

Ventre affamé n’a pas point d’oreilles. Les Grecs qui ont dû faire face à la pire crise économique de tous les pays européens, n’ont donc entendu aucun des arguments des sortants, qui pourtant ont réussi à faire avancer le pays vers le retour à la croissance tout en le désendettant. Etait-ce suffisant ? Certes non, mais il aurait peut-être mieux valu continuer sur le même chemin plutôt que d’écouter les sirènes tentantes de l’ultra gauche de Syriza. Car, dans un contexte de ce type, il est facile de gagner en promettant « plus de beurre que de pain ». Les Grecs auraient pourtant pu se souvenir de la mésaventure survenue à Papandréou élu sur des promesses intenables et balayé par le vent de déception qu’il souleva. La même mésaventure pourrait bien arriver à Alexis Tsipras, malgré son charisme médiatique.

La victoire d’un marchand d’illusions.

Syriza, le parti de la gauche radicale qu’il dirige a remporté les élections grecques en s’adjugeant 149 sièges (la majorité absolue est de 151), ce qui crée un nouveau rapport entre la Grèce et l’Europe. Celle-ci lui a imposé un programme économique d’austérité en échange de prêts dont le montant s’élève à quelque 300 milliards d’euros. Syriza réclame un effacement d’une partie de la dette. Il entend bien adopter un salaire minimum et une revalorisation des petites retraites et des bas salaires. Sans en avoir les financements. M. Tsipras a remporté une victoire sans bavures qui relègue le Pasok, le parti socialiste, dans le camp des partis ultra-minoritaires. Les Grecs et beaucoup de Français, croient que, grâce à leur vote, ils ont subitement guéri le mal qui les accable. Ils voient en M. Tsipras le foudre de guerre, le révolutionnaire qu’il n’est pas. Celui-ci ne souhaite pas l’abandon de l’euro par la Grèce ; il veut seulement négocier des modalités de remboursement plus confortables, assorties d’un effacement supplémentaire de la dette. Il lui faudra négocier ferme car il n’est pas en position de force. Il a besoin en effet d’argent frais rapidement, sinon, il ne pourra pas payer les fonctionnaires grecs à partir du mois de mars. L’enthousiasme populaire n’y change rien et il ne suffit pas de chanter l’Internationale à Paris avec le Front de Gauche : les Grecs restent dépendants de l’Europe. Ils auraient tort de croire leurs tourments terminés.

Qui se ressemble s’assemble.

L’aversion pour l’euro et l’Europe est devenue telle chez certains que les frontières idéologiques ont disparu : Marine Le Pen s’exclame : « une gifle monstrueuse pour l’Europe », Nicolas Dupont-Aignan applaudit et ils se retrouvent, curieusement, dans le camp de l’extrême gauche, avec tous Les Verts, les communistes, les écologistes, les frondeurs, qui rêvent de constituer une gauche alternative qui supplanterait le parti socialiste et s’emparerait du pouvoir, tandis que Jean-Luc Mélenchon se réjouit de ce que « la toute-puissance arrogante des libéraux » se soit « fracassée en Grèce ». Ils ont le droit de rêver. Car les Grecs ne pourront survivre que si, dans les négociations avec Bruxelles,  Alexis Tsipras fait des concessions. S’il renonce à les faire, la Grèce sortira de la zone euro.Mme Le Pen, qui propose la même démarche pour la France, pourra alors en mesurer les effets dévastateurs sur l’économie grecque. On ne peut pas souhaiter aux Grecs une telle expérience. Elle aurait néanmoins un énorme effet de dissuasion sur le reste de l’Europe et sur la France en particulier. 

Du bon usage de Syriza pour la Grèce.

Le triomphe de Syriza n’inquiète  pas les Européens : la victoire est annoncée depuis longtemps et ils ont eu le temps de s’y préparer. Il sera difficile au nouveau gouvernement grec de renoncer aux acquis obtenus grâce aux réformes : le budget grec serait excédentaire si le poids de la dette n’existait pas. Le pays a redressé son commerce extérieur et le chômage commence à baisser. S’il n’y avait pas d’accord avec Bruxelles, si la Grèce finissait par quitter l’euro donc l’Europe, ce que personne ne souhaite, la dévaluation de la monnaie nationale produirait des effets bien plus graves que ceux des réformes. Par ailleurs, la situation de l’Union européenne n’est plus celle de 2008. Aujourd’hui, grâce aux dispositions prises depuis six ans, les banques privées et publiques sont beaucoup mieux armées contre un défaut grec. La gauche française qui se réjouit tant du succès de Syriza oublie que la France est exposée à la dette grecque à hauteur de 55 milliards d’euros. Une somme que nous risquerions de ne plus jamais revoir si le nouveau gouvernement grec manquait de réalisme. Mais sa marge de manœuvre est mince. Il devra réussir là où les autres avant lui ont échoué  en réalisant enfin les réformes essentielles : celles du cadastre, de l’Église orthodoxe et de la marine marchande. Si ces réformes avaient été mises en oeuvre, il aurait été possible d’alléger le fardeau fiscal qui écrase les classes pauvre et moyenne. Au lieu de chercher à ne pas rembourser, les Grecs seraient plus avisés d’exiger que leurs riches commencent à faire des sacrifices. Après tout, M. Tsipras est bien placé pour le réaliser. Ce n’est pas nous qui nous en plaindront qui devraient payer à leur place en cas de défaut !

 


25 ANS DEJA !

Berlin

Que le temps passe vite. Voici 25 ans, le 9 novembre 1989 tombait le mur de Berlin, symbole hautement emblématique de l’enfermement des peuples derrière le rideau de fer communiste. L’Europe coupée en deux par une frontière fortifiée quasiment infranchissable, avec miradors, barbelés électrifiés, « vopos » armés jusqu’aux dents prêts à bondir, sur des centaines de kilomètres entre le monde libre et « l’enfer communiste ». Et à Berlin, un mur pour isoler l’Ouest rattaché à l’occident du reste de la ville, au milieu de la RDA, l’Allemagne communiste.

Voilà qui est difficile à imaginer pour celui qui, né depuis, n’a pas connu. Et pourtant ça a bien existé. Je l’ai vu, lors d’un de mes voyages en Allemagne avec les élèves de mon collège, à Lubeck : une route coupée, le pont sur la rivière disparu, en face les miradors et des ombres à l’intérieur dont on voit bien qu’ils n’ont pas des sucettes dans les mains, et un explicite panneau arborant : « Halt, Minnen ! » … Une question d’un élève : « Mais ils n’ont pas le droit de sortir de leur pays ? »… Atmosphère pesante. Au retour, un étrange silence règne dans le car. On vient de toucher du doigt le bonheur indicible de la « liberté ».

C’est pourquoi, 25 ans après, il est important de commémorer l’événement. Il est nécessaire que ceux qui ont vécu ce moment-là, racontent, témoignent, expliquent. D’autant plus que la réunification de l’Allemagne, personne n'y croyait. Quand le mur s’est ouvert sous les poussées de la foule déterminée des Allemands de l’Est, personne ne s’y attendait. Helmut Kolh venait de dire quelques jours plus tôt, commentant la « pérestroïka » de Gorbatchev, que la réunification n’était pas pour demain ! Mitterrand n’avait rien vu venir, il embrassait encore le kremlin sur la bouche…  Bref, ce fut un miracle !

Un miracle qui changea la donne. L’Allemagne redevenait la première puissance de l’Europe, par sa population, près de 81 millions d’habitants et son poids économique, mais elle dut en payer le prix pendant quinze ans, car elle héritait d’un pays en ruine. La réunification aura coûté deux mille milliards d’euros, et mis en danger l’équilibre de l’Allemagne de l’Ouest. Le choc a été violent : des millions de postes supprimés par le passage à l’économie de marché, 2 millions de départs vers l’Ouest, un budget qui explose avec la généralisation des généreuses aides sociales de la République fédérale. Le déficit public a doublé entre 1990 et 1995, et l’inflation s’est envolée à 5%. Mais sous la conduite de Gerhard Schröder et d’Angela Merkel, qui a vécu sa jeunesse à l’Est, le pays a su faire les bonnes réformes pour s’adapter. On a craint la tentation de l’ost-politique, tournée vers le continent et la Russie, mais il n’en fut rien. Les chanceliers successifs eurent à cœur de continuer la construction européenne et d’ancrer leur pays à l’Ouest.  Mais alors que les Allemands commencent à souffler, ce sont les pays de l’Union qui leur demandent de mettre à nouveau la main au portefeuille. On peut comprendre leurs réticences !

La face du monde en fut changée. La Hongrie s’était déjà libérée. Le « mur de la honte » par terre, c’est déjà l’annonce de l’effondrement de l’empire soviétique et des démocraties populaires de l’Est européen. Et la découverte, sinon la confirmation, de la faillite économique du communisme. C’est ce qui nous vaut, quand nous allons en Slovaquie, de s’entendre dire par ses habitants, que nous habitons en France dans le dernier pays communiste d’Europe ! Et il suffit de voir le monument de Budapest consacré au communisme, pour comprendre que ce ne fut pas un paradis pour les peuples qui ont subi le joug de l’idéologie totalitaire.

Jours d’ivresse, comme seule le recouvrement de la liberté peut en inventer, jours d’euphorie par les retrouvailles de familles trop longtemps séparées, jours historiques par le caractère hautement impactant sur le cours des choses en Europe et dans le Monde. Rostropovitch ne s’y trompa pas qui bondit aussitôt sur les lieux pour aller jouer devant la brèche une … fugue !

 

 


"EUROPA" : L’ANTIDOTE AU VENIN MORTEL DU PROTECTIONNISME

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La dernière élection au Parlement européen en témoigne, les Français n’aiment plus l’Europe. C’est grave ! D’abord parce que la désaffection s’est soldée par une abstention massive avec une conséquence quasi logique d’avoir amplifié le score du Front national qui a su capter 25% des voix exprimées. Ensuite parce que le mal est bien plus profond qu’il n’y parait. Au-delà des sempiternels reproches qui sont faits aux « eurocrates » de Bruxelles et de la lâcheté de la classe politique nationale qui s’est trop souvent défaussée sur l’Europe pour s’exonérer de leurs propres décisions,  une majorité de Français ne voit plus d’avenir dans la construction européenne devenue illisible et incompréhensible.  Passons sur l’ingratitude qui nous fait oublier tout ce que nous devons à l’Union comme progrès et confort de vie, même si la période récente n’a pas été florissante. Il ne faudrait pas que l’arbre cache la forêt. Mais passons !  Et pourtant, qui ne voit que c’est notre destin qui se joue, ce que la France pèsera demain en Europe et dans le monde : qui peut croire que seule, isolée, avec ses quelques 60 millions d’habitants elle sera encore souveraine et en capacité d’imposer sa volonté ?

C’est parce que le Front National a envoyé ¼ des députés qui représentent la France au Parlement de Strasbourg, où ils votent contre tout pour tenter vainement de bloquer un peu plus la machine, distiller le venin mortel du protectionnisme, accentuer un peu plus la tentation du repli sur soi, que j’ai envie de réagir. Le livre de Valéry Giscard D’Estaing tombe à pic.

L’ancien président de la République porte un regard inquiet sur la situation de la France et de l’Europe. Lui qui a eu l’occasion, quand il était jeune député, de voter la ratification du traité de Rome créant la CEE (Communauté Economique Européenne), juge un demi-siècle plus tard que la construction européenne s’est dévoyée. Elle doit retrouver l’esprit des grands fondateurs qu’ont été Robert Schuman et Jean Monnet pour avancer à nouveau. Son livre est une tentative, heureuse à mes yeux, pour reprendre cette longue marche vers une Europe unie. Il propose dans son livre « Europa, la dernière chance de l’Europe » des solutions pragmatiques, réalisables  et surtout  facilement compréhensibles pour le commun des mortels. Ces propositions qui, si elles étaient appliquées, pourraient redonner confiance dans une Europe enfin à nouveau en marche et créatrice de croissance et de progrès pour les peuples qui la composent.

Préfacé par Helmut Schmidt, ce qui n’est pas un hasard, le Chancelier ayant entretenu avec VGE une amitié et une complicité quasi uniques entre nos deux pays, et ayant à leur palmarès nombres d’avancées de la construction européenne, de la création du conseil européen à l’élection au suffrage universel du Parlement de Strasbourg, le livre « Europa » est avant tout un traité pédagogique en même temps qu’un manuel d’histoire. Il comprend deux parties. La première, elle-même divisée en deux, « la Ligne droite » et « le mouvement circulaire », retrace les évolutions de l’Europe de 1974 à nos jours, avec les temps forts que constituent la mise en place de la monnaie unique, l’échec de la ratification de la constitution et l’élargissement sans approfondissement,  pour se terminer sur un constat : l’Etat présent de l’Europe.

L’ancien président croit toujours en l’Europe qu’il a contribué à façonner, mais il n’hésite pas, en expert, à dénoncer ses blocages, son impuissance quand ce n’est pas son délabrement. Il nous invite à réagir en dépassant une double imposture : celle qui consiste à nous faire croire qu’on peut sauver la France en sabordant l’Union européenne, et celle qui prétend qu’on peut sauver l’Europe sans rien y changer. L’Europe n’est pas responsable de notre chômage de masse, de nos déficits, de nos conservatismes, de notre incapacité à faire des réformes courageuses. Il ne faut pas croire ceux qui font de Bruxelles le bouc émissaire des nations qui n’ont pas le courage de se réformer et de se dépasser. 

Le chemin qu’il propose pour relancer l’Europe ne vaudrait rien s’il n’y avait pas en lui la conviction profonde, que nous pouvons partager, que l’Europe n’est pas seulement un édifice institutionnel mais une culture partagée, une association entre des nations millénaires et brillantes, c’est-à-dire une civilisation que nous devrions nous faire un devoir de défendre face aux nouveaux empires. Ce chemin était compliqué et difficile, l’Europe d’hier n’était pas plus facile à conduire que celle d’aujourd’hui, bien que le nombre des partenaires ait été plus réduit, mais les bâtisseurs dont il a fait partie étaient déterminés à avancer et la France et l’Allemagne savaient unir leurs efforts pour être le moteur des avancées nécessaires.

Le dessein qui anime Valéry Giscard d’Estaing est le même : comment faire pour que la France compte demain dans le monde, qu’elle reste une grande nation souveraine ? La réponse à la question passe par la construction européenne qu’il faut reprendre en se donnant un objectif : créer une fédération d’Etats-nations qui laisserait aux états membres de très nombreuses compétences. Europa, c’est une Europe-noyau constituée des partenaires qui le souhaiteraient au sein de la zone euro, et qui accepteraient une démarche commune de convergence permettant progressivement d’aller vers l’union monétaire, budgétaire et fiscale, et qui serait au final dotée d’un Trésor public et d’un mécanisme de solidarité financière, gouvernée par un Directoire doté d’une légitimité parlementaire. En fin connaisseur, il illustre la faisabilité concrète des étapes successives pour y parvenir. Ce n’est pas un rêve, ce pourrait être la réalité en moins de quinze ans.

Une ambition qui se fonde aussi sur la nécessité de cette construction que nous avons progressivement perdue de vue. Et l’urgence est là. Ce défi, s’il n’était pas relevé, à cause de la tentation du renoncement ou du repli, nous jetterait  dans la défaite et le déclin parce que nous ne participerions pas à cette nouvelle étape de la mondialisation qui change les équilibres du monde. Europa est un cri d’espoir et nous rappelle que l’Union Européenne est la fille des nations qui la composent. Elle sera forte si notre pays est fort. C’est aussi un appel à retrousser les manches pour redresser notre pays, étape primordiale si l’on veut relancer l’Europe.

Lucidité, clarté, vision lucide du cap… l’intelligence toujours fascinante de Giscard est à l’œuvre.

Sans Europa, dans vingt ou trente ans, avertissent VGE et H. Schmidt, l’Europe et chacun des pays qui la composent ne compteront plus sur la scène mondiale.

« Ce projet d’Europa vous appartient. Pour le mener à bien, il vous faudra abandonner beaucoup de vos pensées négatives. L’égoïsme individuel, la peur du changement, et croire dans l’espoir de bâtir une des grandes civilisations du XXIème siècle » concluent-ils !

A lire absolument, pour croire un peu, à nouveau, dans l’avenir.

 


LA FRANCE EN RADE ! (et pas qu’à Marseille !)

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Le titre m’est venu en lisant la « glorieuse » histoire des grévistes CGT de la SNCM. Si cette compagnie maritime n’est pas le symbole du fiasco dirigiste, je veux bien renoncer au pastis pour toujours. Et ce n’est pas faute pour l’Etat d’y avoir englouti des dizaines de millions d’euros des contribuables. Cette « épopée » du partenariat social est assez emblématique de l’état de notre pays : en rade ou à la dérive, comme on veut.

Le dialogue social est à plat.

La conférence sociale, qui se veut être le temps fort annuel de la concertation avec les partenaires sociaux a tourné cette année au véritable fiasco. Les deux CGT ont claqué la porte. Celle de Lepaon parce qu’il n’a plus rien à négocier, étant dépassé partout par sa base, celle de Mailly pour tenter de continuer à exister. Alors en fait de grand-messe, la montagne a accouché d’une souris sous forme de quelques annonces de négociations à la rentrée et de mesurettes (200 millions) en faveur de l’apprentissage pour réparer l’erreur de la suppression des aides dont le résultat a été une baisse de 8% du nombre des apprentis en 2013 et une chute de 14% des contrats au début de cette année. En guise de nouveauté, on prévoit de recruter 10 000 apprentis dans la fonction publique !!! Pour remplacer les fonctionnaires qu’on supprime ? En matière de dialogue social, on aura été servi ce printemps avec les mouvements à la SNCF, ceux des intermittents du spectacle et cerise sur le gâteau, la paralysie de la SNCM. A quoi ça sert d’avoir un gouvernement de gauche si en plus on doit avoir les grèves ? Le paritarisme à l’allemande est encore bien loin.

Les politiques sont en folie.

C’est la querelle et la discorde partout. A l’UMP, on est passé de « stupeur et tremblements » à « règlement de comptes à OK Koral ». Malgré la mise en place du triumvirat pour tenter d’apurer la situation, les francs-tireurs s’emploient à pourrir la situation. Il y a pourtant mieux à faire que ces chamailleries dont le citoyen lambda n’à que faire. Ils feraient bien mieux de s’interresser à l’Eta de la France. La gauche leur fait un boulevard politique et ils ne s’intéressent qu’à leur nombril ! Au PS, c’est pas mieux. Les frondeurs continuent de créer des problèmes à l’Assemblée. Il a fallu que Valls menace de démissionner pour que le vote contre se transforme en abstention. Les quelques mesures du pacte de « responsabilité » vont enfin pouvoir être mises en application. Trop tard , mais c’est mieux que rien. Chez les Verts, c’est guère mieux. Dans le parti écologiste, on se regarde en chiens de faïence et les clans ne se font pas de cadeaux. La tutelle de la miss Duflot ne fait pas l’unanimité et pour elle, c’est « Noël » plus qu’à son heure. Et puis il y a le centre où les chapelles n’en finissent pas de se chercher : un seul Borloo vous manque et tout est dépeuplé ! Au moins pour la présidence de l’UDI, il n’y a pas la crise des vocations.

L’économie est en déroute.

La production industrielle a reculé en mai de 1,7% alors qu’on l’attendait en hausse. Le pingouin de la rue St-Honoré ne va pas nous refaire le coup du 14 juillet 2013 : « la croissance, elle est là » ! Sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Si Hamon la sent, elle n’est pas perceptible, mais il la sent. Et puis tout va bien puisque notre Sapin-la-vie-en-rose est devenu l’ami de la finance (c’est lui qui le dit), de la « bôôônne finance ». Nuance ! En attendant le déficit du commerce extérieur continue de se creuser et la consommation des ménages ne se réveille guère. Tous les moteurs restent en panne. Je vous passe le couplet sur la dette qui frôle les 2000 milliards d’euros et les déficits qu’on creuse. C’est pourquoi, notre formidable ministre de l’économie-bis, Arnaud Montebourg, a décidé de faire une loi pour la croissance. La croissance par décret, il faut être socialiste pour croire à ça ! Mais voyons, il fallait y penser ! La croissance est absente : convoquez-là !

En Europe la France est en marge.

Au Parlement européen, notre pays est marginalisé. Il n’a réussi à décrocher que 2 présidences de commission sur 20. Au moment où Renzi préside, c’est l’Italie qui fait figure de pays dynamique. On risque d’avoir un bien piètre lot de consolation : en effet, il est possible que Mosco deviennent commissaire à l’Economie. Une nomination, si elle intervient, qui doit certainement trouver sa justification dans les « excellents résultats » qu’il a obtenus au même poste en France : en matière de croissance en berne et de hausse du chômage, c’est un expert !

Si avec ça vous passez de bonnes vacances, c’est que vous avez la foi du charbonnier chevillée au corps. Heureusement, il est possible qu’avec l’été, l’activité se ralentisse aussi pour les mauvaises nouvelles ! 


LA BCE, OUTIL DE LA CROISSANCE !... SAUF POUR LA FRANCE ?

  Euro

Chose promise, chose due. Je vous avais promis de revenir sur les principales mesures prises par Mario Draghi pour booster la zone euro, menacée par la déflation.

La politique menée par la banque centrale européenne s’est longtemps contentée d’une maîtrise de l’inflation comme objectif et ses dirigeants n’avaient qu’à monter les taux d’intérêt quand ils s’inquiétaient de la hausse des prix. Avec la crise de 2007-2008, le contexte s’est profondément modifié. Ce n’est pas à une menace inflationniste que la zone euro est confrontée, mais plutôt à une baisse des prix qui en perdurant pourrait déboucher sur la déflation et son corollaire, la « décroissance ». Un mal que le Japon connait bien et contre lequel il a tenté depuis plusieurs mois le remède des « Abenomics ».

La Banque centrale avait plutôt bien réussi dans sa principale mission : maintenir la hausse des prix dans un couloir étroit autour de 2 % l'an, en montant et baissant ses taux. Mais la crise a inversé la tendance. Avec des dettes devenues trop lourdes, les prix ont désormais tendance à ralentir - voir à baisser avec les politiques drastiques de rééquilibrage budgétaire adoptées dans plusieurs pays. Sur la dernière année écoulée, les prix n'ont augmenté que de 0,5 % et le proche avenir ne s'annonce guère mieux. La déflation se pointe. Au lieu de freiner les prix, la BCE cherche donc à les accélérer. 

Mais le remède n’est pas simple. C’est qu’en même temps, il faut continuer de contraindre les pays dont les finances publiques restent en déficit, à tenir leurs objectifs d’assainissement budgétaire. Elle a donc recours à des outils de plus en plus complexes censés mettre fin à la crise… Elle baisse ses taux et offre 400 milliards de liquidités en plus aux banques qui prêteront au secteur privé et accès illimité à taux fixe aux liquidités jusqu’à fin 2016. La relance de la croissance passera par donc une relance des prêts bancaires des banques privées … aux entreprises privées. Car c’est là que le bât blesse. Les marchés ne s’y sont pas trompés qui ont plutôt bien réagi. Une position dynamique de la BCE dont le FMI s’est félicité.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a fini par admettre que l’Italie, la France, l’Espagne et le Portugal ne pouvaient pas se contenter d’une cure d’austérité qui entame à peine les déficits tout en empêchant la croissance. Elle a évidemment refusé que les règles du jeu soient changées, c’est-à-dire qu’elle a rejeté toute idée de modification des principes régissant le fonctionnement de l’Union, mais elle a consenti à ce que soient davantage utilisés les mécanismes de relance prévus par les traités, ce qui avalise les dispositions extrêmement importantes que vient de prendre la Banque centrale européenne. Ces mesures devraient soulager quelques pays encore en proie aux déficits et au chômage, et donner un peu d’oxygène au président français qui est noyé dans le chômage de masse.

Ce qui a le plus favorablement surpris les investisseurs et les responsables politiques européens, ce sont les injonctions de liquidités en faveur des banques pour les encourager à prêter en priorité aux PME qui n’ont pas accès aux marchés financiers et aux ménages, à l’exception des crédits immobiliers. Il ne s’agit pas non plus  d’encourager la création de « bulles » aux effets toujours néfastes. Reste à savoir si cet « arsenal » de mesures sera suffisant pour réveiller l’économie du vieux continent.

Souhaitons à la banque centrale qui s’aventure sur le terrain de la croissance et de l’emploi, le même succès dans cette nouvelle politique que dans celle de la maîtrise de l’inflation. On pourra alors dire merci à « Super Mario ». Car sa politique audacieuse s’inspire directement de celle de la fed, la banque centrale américaine. Il profite de l’indépendance de son institution prévue par les traités pour briser tous les tabous : taux directeur abaissé à presque zéro, taux de dépôts négatif, rachats illimités de dettes d’Etat, … Sa politique économique combine la baisse des dépenses publiques, la baisse des impôts, les réformes structurelles et une relance de l’investissement. Avec en prime une baisse du taux de change. On ne pouvait rêver mieux !

Une politique qui, avec l’union bancaire européenne et le renforcement de l’union budgétaire, donne enfin à l’Union européenne les moyens de rivaliser avec ses concurrents planétaires. En tout cas, c’est le pari de Mario Draghi.

Dans le même sillage, Madrid baisse les impôts pour les ménages et les entreprises, après avoir exécuté sans sourciller l’austérité imposée par Bruxelles et les marchés financiers. L’Espagne espère désormais atteindre ses objectifs de diminution de son déficit par une augmentation de la croissance. La France aimerait bien en faire autant, mais en mettant la charrue de la croissance avant les bœufs de l’austérité et des réformes…

 


MACHIAVEL A LA MANŒUVRE

 

Europe_le_volontarisme_politique
 

Bureau 105 à Monplaisir à Angers. Un quartier de cités comme la périphérie des grandes villes en compte tant. Ici, depuis longtemps on vote à gauche, très à gauche même. Il est 19H, le scrutin est clos : sur les 965 inscrits, seuls 278 électeurs se sont présentés. Les résultats : FN : 78 voix, UMP 45, PS : 40… Que peut-on penser de tels résultats aussi peu représentatifs et une déformation du scrutin qui peut prêter à toutes les interprétations ce que les médias ne vont pas se gêner de faire pour en rajouter. Dans ce bureau, on a bien vu qui a voté Le Pen : ces Français, victimes du chômage et sous la pression communautariste, clients habituels du Front de Gauche et du PC réduits pour la circonstance à un score confidentiel !

Hollande a atteint ses trois objectifs

Derrière la dramatisation de façade, Hollande doit savourer son plaisir. De fait, tout a été fait, depuis un mois pour faire monter le FN, volontairement ou incidemment, avec la complicité des médias : il fallait éviter à tout prix une nouvelle victoire de l’UMP. Mieux valait sans doute que ce soit le FN dont on sait que les élus seront impuissants à Strasbourg. Nous avons un piètre Président, mais reconnaissons que c’est un politicien redoutable d’habileté et de manipulation. Car avec le résultat de dimanche soir, il a atteint ses trois objectifs : déstabiliser l’UMP, vider le Front de Gauche de sa substance et faire oublier la déroute de son parti, affaiblissant au passage son Premier Ministre un peu trop « encombrant » en l’envoyant au charbon à sa place. Voilà pourquoi "sa sérénité élyséenne" a fait profil minimum dans cette campagne en signant une tribune insipide dans le journal Le Monde, aussitôt oubliée trois jours après.

Mais avec 60% d’abstentions, et 30% de Français qui disent avoir voulu sanctionner Hollande, l’image que donne notre pays n’est pas brillante. Quels enseignements en tirer ?

Un immense désintérêt

Si les Français n’ont pas voté, je pense que c’est en grande partie pour exprimer leur désintérêt pour un vote dont ils ne comprennent pas les implications. L’Europe n’est pas la priorité d’un quotidien où les urgences sont ailleurs et nombreuses entre se nourrir, se loger, trouver du travail … la campagne a été trop courte, il n’y a pas eu suffisamment de pédagogie pour montrer les enjeux, la multiplication des listes que favorise le scrutin proportionnel, des débats d’où il ne ressort rien, tout a concouru à semer le doute et la confusion. Et les partis eux-mêmes ont rarement eu un message clair. Soulignons au passage le peu d’intérêt des médias audiovisuels français pour traiter le sujet.

Une victoire du FN aux pieds d’argile

Le Rassemblement Bleu-Marine est arrivé largement en tête avec près de 25% des suffrages exprimés. De quoi susciter l’émotion, surtout des belles âmes qui vont larmoyer dans les salons bobos. L’honnêteté devrait obliger à rappeler que ce sont toujours des victoires sans lendemain, comme celle de l’UMP en 2009, parce qu’elles sont acquises sur une base très étroite en pourcentage des inscrits. Le FN, premier parti de France, est une extrapolation qui peut donner l’occasion à Marine Le Pen de se faire plaisir, mais la réalité est toute autre. Le seul résultat tangible est le hold-up réussi sur les sièges, acquis au prorata des exprimés. Mais ils ne serviront pas à grand-chose à Strasbourg où les députés frontistes se trouveront confrontés à un large bloc européiste.

L’UMP déstabilisée

La victoire aux municipales, comme on pouvait s’y attendre a ravivé les tensions à l’intérieur, pour empêcher Le Président Jean-François Copé d’en tirer trop profit. Le dossier du financement a été relancé opportunément par le Nouvel Obs, afin de mettre de l’huile sur le feu et les journalistes se sont concentrés là-dessus chaque fois qu’il a été possible, ce qui a rarement permis de parler de la campagne et du projet  européen. Nombre de militants m’ont fait part de leur agacement du comportement de François Fillon qui vendredi dernier soufflait encore sur les braises pour se transformer en sauveur du « rassemblement » dimanche soir, jouant ainsi le rôle du pompier pyromane. On lui dira que n’est pas De Gaulle qui veut, et que plus de la moitié des adhérents n’est pas prête à le suivre. De toute façon, malheur à celui qui cassera la maison ! La sagesse voudrait, dans le contexte actuel, qui est une belle piqûre de rappel de 2002, qu’on recherche l’union plutôt que la division. Tout cela a découragé nos électeurs qui ont boudé le scrutin... Constater qu’ en ajoutant au 20% obtenus les 10% de l’UDI-Modem, le résultat est comparable au 29% réalisés au précédent scrutin avec une liste UMP-Nouveau Centre, est une bien maigre consolation. Avec son statut de premier parti d’opposition, en tant que force structurée, l’UMP aurait dû faire plus de voix. Il est urgent de mettre de l'ordre dans la maison quoi qu'il en coûte aux uns ou aux autres.

La déroute de la Majorité présidentielle

Les électeurs de gauche se sentent bafoués et ils l’ont fait savoir au pouvoir en s’abstenant massivement d’aller voter. Quelques socialistes sont allés alimenter les listes vertes, mais sans grand succès. La campagne de Manuel Valls s’est époumonée dans le désert. Il a au moins le courage de reconnaître la défaite et de l’assumer. Au moins, lui, il a un peu d’élégance. La figure marquante du PS, en cette soirée électorale, en dehors des visages fermés sur les plateaux et des sanglots de Mélenchon, aura été l’apparition effarante du nouveau Premier Secrétaire : les Français ont découvert qu’on avait remplacé un ectoplasme par un bouledogue ! Décidément, la reconquête sera dure.

« L’alternative » n’en est pas une

Avec seulement 10% des exprimés, le rassemblement UDI-Modem, qui a pourtant assumé une campagne de conviction clairement fédéraliste, aux arguments souvent convaincants, n’a pas réussi son pari. Si on ramène aux inscrits, on s’aperçoit que le centre campe sur la même représentativité. On remarquera les scores intéressants dans la grande région Ouest, bastion traditionnel naguère des Chrétiens Démocrates, que le PS avait réussi à capter. S’agit-il d’un début de retour au bercail de cet électorat ? Si c’était le cas, ce serait une bonne nouvelle. En attendant, « l’Alternative » ne fait pas le poids.

Quant aux petites listes, excusez-moi, mais on aurait pu s’en passer.

Il reste que malgré tout, certains ne vont pas se priver de ces résultats tronqués et déformés par l’abstention pour alimenter le bal des prétentions.

Un terrain de manœuvre dégagé

Ainsi Hollande a le terrain dégagé pour manœuvrer. On peut donc s’attendre au pire !  Il va jouer de la dramatisation et le PS en ruine ne va pas pouvoir s’opposer à ses projets, avec la menace d’une dissolution implicite en cas d’indiscipline. Il va vouloir activer la réforme territoriale, pour empêcher l’UMP de rafler les Régions en appliquant le même scénario : élection à la proportionnelle et vote des étrangers en chiffon rouge pour faire monter la mayonnaise FN… On peut parier qu’il  va du même coup changer les modalités d’élection de l’Assemblée nationale par l’introduction de la proportionnelle dans la désignation des députés, rendant tout majorité absolue impossible. C’est sur ce champ de ruines qu’il compte bâtir sa victoire en 2017. Une victoire à la Pyrrhus !

Il y a un antidote à ce scénario noir 

Que l’opposition joue plus fin que lui et reprenne la leçon de 2002. C’est pour faire barrage au FN qu’on avait créé l’UMP, rassemblant la droite et le centre. Sans imposer aux transfuges de revenir à la maison, évitons au mois de finir de la démolir et faisons pour les prochaines échéances une plate-forme commune avec les centristes !

 


L’EUROPE MERITE MIEUX QU’UN VOTE DEFOULOIR

 

  Européennes campagne 2014


Cette campagne décidément trop courte n’aura pas permis d’aborder les vrais enjeux de l’élection de dimanche. Toutes les conditions sont réunies pour qu’en France, comme dans d’autres pays de l’Union, les électeurs se réfugient dans l’abstention ou le vote de punition. Punition, non pas de l’Europe, dont la plupart ne savent pas comment elle fonctionne, mais des gouvernants, des politiques, des responsables de tout poil…

Pire, beaucoup d’entre eux ne savent même pas qu’il y a une élection dimanche, et quand ils le savent, ils n’ont pas compris qu’il n’y a qu’un tour ou sont submergés par le nombre incroyable de listes, dont beaucoup ne sont même pas identifiables, faute d’affiche sur les panneaux, de circulaires dans les enveloppes officielles, voire même de bulletin de vote qu’il faudrait aller chercher sur internet… De quoi semer le trouble et la confusion et renforcer encore le discrédit de la consultation.

Et pourtant, voter dimanche est important. Je ne cherchera pas à convaincre ceux qui s’apprêtent à voter Le Pen de ne pas le faire. Leur comportement échappe au rationnel et ils n’écouteront pas.

Au moins quatre raisons de voter. Moi, j’irai voter.


Europe circonscriptions001Parce que le parlement européen est la seule institution de l’Union européenne à être directement élue par les citoyens
. C’est une des plus grandes assemblées démocratiques avec 751 députés (nombre défini par le traité de Lisbonne) choisis tous les 5 ans par près de 400 millions d’électeurs. En France ils sont élus à la proportionnelle au prorata du score obtenu par chaque parti politique sur la base d’un scrutin de listes. En France, il y a huit eurocirconscriptions. Les 751 sièges sont répartis entre les états membres en fonction de leur population : la France élit 74 députés. Avec le Conseil des ministres de l’UE, le Parlement européen adopte la majorité des textes législatifs et le budget européen. Son pouvoir s’étend à de nombreux domaines comme l’énergie, l’environnement, l’agriculture, les transports, la santé publique et la justice. Il approuve les accords internationaux négociés par l’UE. Il aura donc a voter le traité transatlantique ! Le Parlement exerce aussi un contrôle politique sur la Commission européenne.

Parce que le Parlement européen vote des législations qui touchent notre quotidien. Environ 1/3 des législations et des ordonnances appliquées en France sont issues de textes européens. Cette proportion dépasse 50% dans certains secteurs comme la pêche, l’économie et l’écologie. Le Parlement européen est à l’origine de progrès significatifs en matière d’efficacité énergétique, de protection des victimes, d’emploi avec le FSE et la « garantie pour la jeunesse », d’éduction avec le programme Erasmus, de protection bancaire avec l’union bancaire.

Parce que je peux choisir un projet politique pour l’Europe.

En effet, les députés Europe parlement001européens se regroupent non par nationalités mais par sensibilités politiques. Il y a sept groupes politiques. Choisir un candidat, c’est décider d’avoir un impact sur les législations adoptées. Le Parlement compte 20 commissions permanentes qui sont le lieu des négociations et des accords politiques. Si je vote UMP, c’est parce que je souhaite que le PPE (Parti Populaire européen) qui regroupe les députés de droite et du centre, continue d’être dominant et parce que ses députés travaillent assidûment, comme Alain Cadec, tête de liste pour l’Ouest, classé parmi les 10 premiers députés de l’assemblée.

Europe institutions001Parce que mon vote contribuera à désigner le prochain président de la Commission européenne. Le traité de Lisbonne a créé un lien direct entre le résultat de l’élection et le choix du candidat à la présidence de la Commission, qui est en quelque sorte l’exécutif de l’Europe. Ce sont les chefs d’Etat et de gouvernement qui proposent un candidat, mais ils doivent tenir compte du résultat démocratique. Les députés valideront le choix OU NON après avoir auditionné ce candidat. Mais le Parlement influence aussi la composition de l’ensemble exécutif européen.

Voilà quatre bonnes raisons d’aller voter.

En plus, en me déplaçant, j’ai conscience d’appartenir à un ensemble unique dans le monde de 28 pays qui ont décidé de joindre leur destin pacifiquement. C’est souvent difficile à 28, il y a certainement des progrès à faire dans le fonctionnement, mais nous devrions avoir davantage conscience que cette construction nous dépasse, nous permet de compter dans le monde et surtout qu’elle défend, malgré tous ses défauts, une civilisation, un art de vivre, uniques au monde.

Européennes 14


SARKOZY : POUR UNE RENOVATION DE L’EUROPE !

 

Sarko Le Point europe


A trois jours de l’élection des députés européens, dans une tribune publiée aujourd’hui dans Le Point et le quotidien allemand Die Welt, Nicolas Sarkozy appelle à une rénovation en profondeur de l'UE qu’il présente comme la garantie « d’un modèle de civilisation ». Celle-ci doit s'appuyer sur « une grande zone économique franco-allemande » qu’il avait commencé à construire. Il préconise aussi la sortie de l'actuel Schengen.

« Nous devons être Européens et Français »

Résolument pro-européen, l'ancien président dit comprendre que l’actuelle Union Européenne soit source d’exaspération et de colère pour les Français mais « ce n'est pas un paradoxe que de plaider tout à la fois pour l'Europe et pour la défense de notre identité, c'est-à-dire la spécificité de notre modèle », explique-t-il, connaissant pertinemment les nombreuses réticences de nos compatriotes envers Bruxelles et sa bureaucratie.

On ne sera pas surpris qu’il n’appelle pas à voter pour l'UMP. Mais le message est cependant clair. Quand Nicolas Sarkozy s’exprime, c’est en tant qu’ancien Président, et donc il n’est pas question pour lui d’aller ferrailler dans l’arène politique. Il s’agit de se placer au-dessus de la mêlée en prenant de la hauteur pour proposer des solutions afin de corriger les erreurs du fonctionnement actuel de l'Union : « Nous devons profondément refonder notre politique européenne », affirme-t-il.

« Une grande zone économique franco-allemande »

Lui qui qui s'était efforcé, durant son quinquennat, à faire du couple franco-allemand le moteur de l'UE (d'où le surnom de « Merkozy » qui qualifiait ses relations avec la chancelière Angela Merkel) défend à nouveau « la création d'une grande zone économique franco-allemande cohérente et stable au cœur de la zone euro qui permettra d'abord de mieux défendre nos intérêts (…) en gommant nos handicaps fiscaux et sociaux.». Aussi dénonce-t-il « l'absence actuelle de leadership qui met l'Europe en danger, car sans vision, sans cap et sans priorité ». Une critique à peine voilée envoyée à son successeur dont il ne cite pas le nom. Cette grande zone « nous permettra d’abord de mieux défendre nos intérêts face à la concurrence allemande, en gommant nos handicaps fiscaux et sociaux et ensuite de prendre le leadership des 18 pays qui composent notre union monétaire. Inspirons-nous de ce qui marche en Allemagne et des réussites de la France. Imposons un équilibre dans nos rapports. Défendons nos lignes rouges », décline l'ancien président.

« Un nouveau projet pour l’Union »

Nicolas Sarkozy souhaite plus d'intégration pour les 18 pays de la zone euro. Alors que l'étendue des pouvoirs dévolus à Bruxelles est régulièrement dénoncée par la classe politique française, il veut supprimer pas moins de la moitié des actuelles compétences communautaires. Celles-ci « devront demain être assumées par les Etats nationaux, et en regroupant les compétences de l’Europe en une petite dizaine de politiques prioritaires et fondatrices : l’industrie, l’agriculture, la concurrence, les négociations commerciales, l’énergie, la recherche... », précise-t-il. «La Commission ne devrait plus avoir de compétences législatives puisqu'il y a un Parlement européen. Elle demeurera en charge de la mise en œuvre, du contrôle et éventuellement de la sanction». Une réflexion qui approfondit sa vision : il n'avait jamais été aussi loin lorsqu'il était à l'Elysée.

« Il faut un Schengen II »

Face à « l'échec sans appel de la question essentielle des flux migratoires » - dont le front national a fait son cheval de bataille - Nicolas Sarkozy veut « suspendre immédiatement Schengen et le remplacer par un Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu’après avoir préalablement adopté une même politique d’immigration ». « C'est une évidence, affirme-il, ainsi il serait mis fin au détournement de procédure qui permet à un étranger de pénétrer dans l’espace Schengen, puis une fois cette formalité accomplie de choisir le pays où les prestations sociales sont les plus généreuses », avec cette mise en garde :  « Si nous ne réagissons pas rapidement dans les années qui viennent, c'est notre pacte social qui va exploser ». C’est du simple bon sens.

« Une Europe qui protège »

Comme il l'avait abondamment fait durant sa campagne, Nicolas Sarkozy vante également une Europe qui « protège, notamment des dérives idéologiques de nos gouvernants et des majorités qui les soutiennent », poursuit-il, allusion claire qui vise le pouvoir socialiste actuel. « La dérive à laquelle nous assistons serait pire encore. Impôts sans limite, dépenses publiques sans frein, déficits explosés ». Mais « l'Europe a une responsabilité aujourd'hui : contribuer au règlement des crises pour éviter que (cet) anneau de révolutions ne devienne pour l'Europe une ceinture de dangers incontrôlables

Cette tribune est aussi un appel aux électeurs de droite à aller voter dimanche prochain. Si Nicolas Sarkozy ne dit pas pour quelles listes il faut voter, ce n’est pas son rôle, le message est fait pour être entendu. "Je suis bien heureux qu'il publie une tribune pour venir appeler les Français à la mobilisation !", a lancé Jean-François Copé, sous les applaudissements du public venu assister au meeting.

Si l'Europe se cherche un leader...

 


UMP : OUI A LA SYNTHESE, NON AU PARASITAGE !

 

Européennes 14

Les egos surdimensionnés de quelques-uns ne doivent pas nous dissuader de voter pour les listes UMP.

Il faut saluer le travail de Jean-François Copé à qui tous ces ténors en mal de lumière compliquent la tâche. Cela dit, le rassemblement de la droite et du centre n’a jamais été une partie de plaisir, et l’on sait bien que des divergences opposent sur la construction européenne des souverainistes à des partisans plus ou moins avoués du fédéralisme ; entre les deux, il y a un juste chemin d’équilibre qui a été choisi à la quasi-unanimité du bureau politique. Le devoir de tous serait de s’y tenir, au moins par respect pour les militants et nos électeurs. Cela ne veut pas dire que les uns et les autres doivent se taire, mais nous leur demandons simplement de la retenue et de ne pas franchir comme Henri Guaino la ligne rouge que constitue le refus de vote pour convenance personnelle.

Ne nous laissons pas abuser par quelques-uns !

L’UMP n’est pas assurée d’arriver en tête au moment où, les abstentions aidant,  tout le monde s’attend à un très bon score du Front National. La campagne officielle  qui a à peine commencé risque, à la faveur de débats aussi tonitruants qu’inutiles, d’encourager une partie des électeurs sympathisants à choisir l’abstention.  On sait bien que la querelle avec l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy s’appuie sur un désaccord sur le fond : le traité de Maestricht qu’il n’a toujours pas accepté, alors que le parti, qui rassemble la droite et le centre, propose une politique européenne dans une version tempérée pour tenter de dépasser les contradictions. Il s’agit de donner à notre électorat les arguments susceptibles de mettre fin à la perplexité qui pourrait naître de la querelle. L’ancien président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, député de Haute-Savoie, estime qu’ « on ne peut pas se réclamer d’une formation politique et ne pas voter pour la liste qui porte ses idées ».  Donc, que ceux qui ne l’approuvent pas rejoignent les souverainistes de Dupont-Aignan, ce serait plus honnête ! Non au parasitage de la campagne !

Il ne s’agit pas de changer d’Europe, ce qui revient à poursuivre une chimère, mais de la faire évoluer. Le programme de l’UMP est clair et devrait donner satisfaction à tout le monde. Que propose-t-il ?

Une Europe qui protège :

Pour lutter contre l’immigration, des frontières européennes mieux respectées : plus de nouvel élargissement, refus de l’entrée de la Turquie, réforme de Schengen.

Pour une Europe plus offensive, plus active, plus protectrice afin de faire face à la mondialisation, avec de grands projets à l’échelle européenne : une politique industrielle qui fasse émerger des champions mondiaux, la réalisation d’infrastructures qui aménage le territoire européen, une politique du numérique, une politique spatiale, une politique de la recherche. Il faut aussi imposer la réciprocité dans tous les accords commerciaux et soumettre les importations à des normes éthiques sanitaires, sociales et environnementales.

Une Europe qui avance :

Pour relancer la croissance et créer des emplois en France, plus de convergence fiscale et sociale en Europe : c’est agir pour que la BCE soutienne la croissance et l’emploi, réserver une part de marché pour les PME produisant en Europe, mettre fin à la concurrence déloyale par l’harmonisation fiscale et sociale, renforcer le fonds social européen pour la formation pour faciliter l’emploi des jeunes, soutenir une politique agricole commune forte dotée d’un budget ambitieux.

Pour plus d’efficacité au service des Français, une Europe à géométrie variable, qui permette d’organiser des coopérations entre différents cercles d’états européens. Il faut renforcer le couple franco-allemand, moteur principal de l’Union. Il faut aussi simplifier et réduire les normes européennes et concentrer l’action de l’Union européenne là où elle est vraiment utile.

Pour faire entendre la voix de la France, une Europe forte et respectée dans le monde, avec une défense commune et une vraie diplomatie.

Ne perdons pas de vue l’objectif.

Ce ne sont que les têtes de chapitre. Le programme a été élaboré en tenant compte des apports de tous les « courants ». Il est réaliste et équilibré. Autrement dit, la guerre de tranchée que mènent quelques-uns est d’autant plus irresponsable.

Ils donnent le visage d’une UMP divisée alors qu’elle ne l’est pas. Il reste quelques jours pour le montrer.

Il s’agit d’envoyer à Bruxelles le plus grand nombre de députés pour que le PPE (Parti Populaire Européen), c’est-à-dire la droite, ait une majorité et permette à son candidat, Jean-Claude Junker, de devenir Président de la Commission.  

A chacun de nous de savoir ce qu’il veut. Il est important d’aller voter. Les absents ont toujours tort.

Et n'oubliez pas ce soir :

  Européennes Cadec


CEUX QUI S’APPRETENT A VOTER LE PEN DEVRAIENT SAVOIR …

Marine le Pen 2013


… Qu’ils seraient les premiers sacrifiés... !

Dans cette campagne, ce n'est pas le PS qui est dangereux, on ne tire pas sur une ambulance. Par contre le fait que les sondages mettent la liste FN en bonne position mérite qu'on en remette une couche.

L’Europe est mise au banc des accusés par les souverainistes et particulièrement par Marine Le Pen qui n’a pas de mots assez durs pour dénoncer tous ses méfaits. « Une machine folle, l’UE » clame-t-elle… tellement facile de surfer sur le désastre engendré par la gestion socialiste pour profiter du mécontentement et se livrer à tous les amalgames. Mais, ce sont ceux qui s’apprêtent à voter pour elle qui seraient les premières et douloureuses victimes de son programme s’il était appliqué.

Car la folie, c’est son programme.

A commencer par son leit-motiv, celui d’abandonner l’euro pour revenir au Franc. Le principal argument avancé est double : la perte de souveraineté qu’il a entrainée puisque la monnaie est entre les mains d’un organisme indépendant, la BCE, et sa valeur trop élevée qui nous ruine en rendant plus chères nos exportations. Deux faux problèmes ! D’ailleurs la grande majorité des Français ne la suit pas sur ce chemin et c’est heureux. Il n’est pourtant pas inutile de rappeler ce que ce projet aurait pour conséquences.

La souveraineté : nous ne l’avons pas perdue, elle est partagée, puisque la France contribue à garantir la monnaie commune. Et le fait qu’elle soit gérée par la BCE est plus une garantie qu’un handicap. La banque européenne a pour mission essentielle de maintenir l’inflation à un taux bas. Un progrès est cependant nécessaire, sur lequel tout le monde s’accorde aujourd’hui, ce serait d’ajouter à sa mission, la possibilité d’agir en faveur de la croissance en Europe.

Sa valeur trop élevée, on l’a déjà dit, provient des garanties qu’elle offre parce que le marché européen est bénéficiaire et offre une stabilité économique forte. Si la France est à la ramasse c’est à cause du manque de sérieux de sa gestion et de son manque d’adaptation à la compétition internationale. Ainsi, on ne peut mettre sur le dos de l’euro l’érosion très forte de la part de marché mondiale de la France qui a chuté de près de moitié entre 1999 et 2013. C’est même le confort apporté par la monnaie unique et les faibles taux d’intérêts qu’elle permettait qui ont alimenté la politique constante, pendant la même période, de relance par la consommation assise sur l’emprunt.

Rappelons aussi ce que l’euro nous a apporté.

Il a permis la réalisation du grand marché européen, qui est le débouché principal de l’activité de la France, en produits et services.

Il a installé un environnement de stabilité des prix dans la zone euro, propice au développement des échanges. Avant sa création, l’inflation en Europe était un fléau et compliquait les transactions.

Il nous a mis à l’abri de la tourmente financière américaine, en maintenant fortement la stabilité économique et en empêchant l’explosion des taux d’intérêt. Imaginons un seul instant ce qui se serait passé si nous avions été exposés avec nos monnaies nationales aux charges spéculatives des marchés.

Il permet à l’Europe de dégager un excédent commercial de 150 milliards en 2013 et la zone euro maintient globalement ses parts de marché.

Si des Français ont le sentiment d’avoir perdu la prospérité à cause de l’euro, ils se trompent de responsables en s’en prenant à l’Europe. Car ce sont les décisions de nos gouvernants successifs qui en sont la cause, parce qu’ils ont sans cesse retardé la modernisation nécessaire et les réformes structurelles qui auraient permis de rester dans la compétition.  Le gouvernement socialiste s’est empressé  de ruiner les efforts commencés sous Sarkozy. La Commission et la BCE n’y sont pour rien.

La sortie de l’euro serait une Bérézina.

Le supplément de compétitivité à attendre d’une sortie de la monnaie unique, en la remplaçant par un euro-franc dévalué seraient de courte durée. Regardons l’expérience japonaise ! Par contre, ce serait le signal d’une guerre commerciale avec nos partenaires : les exportations de la France hors zone euro ne représente que 11% du PIB français contre 20% intra zone. Cherchez l’erreur ! Cela n’améliorerait pas notre compétitivité réelle qui ne peut provenir que d’une réforme profonde à la fois fiscale et réglementaire.

Le surenchérissement des produits importés est à prendre en compte, d’autant plus que la balance commerciale de notre pays est déficitaire. Il faudrait s’attendre à une augmentation du coût de l’énergie et des carburants et de nombreux produits manufacturés ou issus  de l’industrie agroalimentaire.

L’augmentation des coûts de production aussi, car notre industrie est intégrée dans le tissu européen, et notre activité manufacturière a besoin de composants venant de partout, y compris de l’extérieur de notre continent.  

En conclusion, ce serait un tsunami économique, avec l’appauvrissement immédiat des épargnants, la mise à mal de notre agriculture, l’affaiblissement de nos banques, l’explosion de la charge de la dette publique, sans compter l’exposition facilitée aux attaques spéculatives qu’offrent une monnaie faible. Ce serait un choc économique estimé au moins à 12% de la richesse nationale avec la destruction d’1 million d’emplois à la clé.

Et ce sont les plus démunis que Mme Le Pen prétend défendre qui seraient en première ligne pour les dégâts.

L'union fait la force !

L’euro est la deuxième monnaie mondiale. Si l’Union européenne progressait vers une gouvernance encore plus partagée, elle serait la première. Sa création a été l’événement le plus important de ce début de 21ème siècle et constitue le levier majeur d’un ensemble qui, en PIB consolidés, est déjà la première puissance économique mondiale, regroupant 500 millions d’habitants et le quart des échanges de la planète !

L’Europe est confrontée à des défis : les dérèglements de la finance mondiale, retour de l’impérialisme russe,  déclin américain, montée en puissance de l’Asie, … Ce n’est pas en la défaisant que nous nous protégerons le mieux !

Il y a mieux que la souveraineté nationale, vaine quand on dépend complètement des autres. Il y a les souverainetés partagées avec nos voisins et partenaires chaque fois que l’Europe est un plus pour nous. Plus que jamais, l’Union fait la force !

  Européennes 14


LA FRANCE VA-T-ELLE TOURNER LE DOS A L’HISTOIRE ?

Drapeau européen

 

Le 9 mai est « la journée de l’Europe ».

Cette date a été choisie en souvenir de la déclaration du Ministre des Affaires étrangères français Robert Schuman qui, à l'instigation de Jean Monnet alors Commissaire général au Plan, proposa le 9 mai 1950 aux pays européens qui s'étaient combattus en 1914-18 et en 1939-45 de gérer en commun leurs ressources de charbon et d'acier dans une organisation ouverte aux autres pays d'Europe qui le souhaiteraient. Cette proposition, connue sous le nom de « déclaration Schuman », est considérée comme l'acte de naissance de l'Union européenne.

La Journée de l'Europe est l'occasion d'activités et de festivités qui rapprochent l'Europe de ses citoyens et ses peuples entre eux. Les associations, les écoles et les citoyens se mobilisent pour la célébrer. De très nombreuses manifestations de plus ou moins grande envergure sont organisées dans les villes et dans les écoles, à l’initiative des associations, des enseignants, des collectivités locales...

En cette période de campagne électorale pour l’élection des députés européens, elle prend une signification particulière.

« La double Pen »

Marine Le Pen fait une campagne de marchande de poisson à coups de formules assassines sur l’union européenne qui sont autant de mensonges. Ce faisant elle renoue avec le style familial. On lui doit l’élection de François Hollande, dont on paie tous les jours la politique désastreuse. Depuis, les voix de gauche déçues par le début du quinquennat permettent au Front National d’améliorer ses scores aux élections, d’autant plus que le vote bleu-marine est facilité par un double langage, un discours gauchisant que n’aurait pas désavoué Georges Marchais. L’immigration pour les voix de droite, la démagogie sociale pour les voix de gauche. Le 25 mai, ces voix vont-elles contribuer à nous imposer la double peine ? Après s’être trompés en votant en 2012, les Français, dans un désir de contestation bien compréhensible, vont-ils récidiver en 2014 ? Je n’ose pas imaginer le tam-tam médiatique si le score du parti d’extrême-droite le place en tête  au soir de l’élection. Ce serait dramatique à la fois pour la France et le Parlement européen. Le pays de Descartes et de Pascal, de Spinoza et d’Auguste Comte, de Montaigne et de Tocqueville, le pays de la raison et des « lumières » ne peut pas tourner le dos ainsi à l’Histoire, en suivant des prophètes de malheur qui les caressent dans ce qu’ils ont de plus sensibles : le sentiment national !

Le véritable enjeu du scrutin

C’est l’Europe, évidemment et pas nos petits problèmes franco-français. Il ne s’agit pas de voter pour ou contre l’euro. Il ne s’agit pas de voter pour ou contre l’intervention en Ukraine. Ces sujets-là sont à côté de la plaque. Il s’agit d’élire les députés européens et de façonner par notre vote la configuration du futur parlement de Strasbourg. Et ce n’est pas anodin : de la majorité qui se dégagera dépendra le choix du futur président de la Commission européenne. Ce sera Martin Shultz le social-démocrate allemand ou Jean-Claude Junker pour le Parti Populaire européen. Le vote défouloir n’y changera rien, pas plus que les états d’âme d’Henri Guaino ou l’esbrouf de Laurent Wauquiez pour vendre son livre. Par contre, les orientations qui suivront pour les cinq prochaines années seront déterminantes. Il ne faut donc pas se tromper d’élection.

Face à une Chine qui est en passe de devenir cette année la première puissance économique mondiale, face à une Amérique en pleine reconquête, face à une Russie redevenue impérialiste, les défis à relever sont gigantesques. Seule l’Europe est à la mesure. Croire que la France recroquevillée sur elle-même pourrait résister avec ses petits bras même pas musclés, est une farce tragique. Le dénigrement systématique et suicidaire de ce qui a été fait jusqu’à présent ne peut servir de feuille de route, pas plus que le repli sur soi ultra-souverainiste que nous servent les antieuropéens.

L’Europe est l’avenir de la France !

Je crois que la génération à laquelle j’appartiens, qui a connu la guerre froide, la division de l’Europe et le rideau de fer a le devoir de lutter contre le désenchantement qui gagne les peuples de l’Europe et particulièrement nos concitoyens. Une Europe plus dynamique, plus forte, plus démocratique, avec un gouvernement économique au service du modèle social caractéristique du vieux continent, est à notre portée. Des initiatives franco-allemandes fortes ouvertes aux autres pays, une volonté commune de mener la transition écologique au service d’une vraie politique énergétique, un esprit civique européen, peuvent donner consistance au rêve européen et nous donner les moyens de faire face souverainement aux défis du monde.

Préparer l’avenir suppose un état d’esprit offensif, du réalisme et surtout de l’audace, celle de croire encore en l’Europe. Les derniers mois des progrès importants ont été accomplis, notamment avec l’union bancaire. C’est la preuve qu’il est possible de bâtir ensemble un chemin qui donnerait du sens à l’Union, susciterait sinon la ferveur, à tout le moins l’adhésion.

 


L’EURO : CHANCE OU HANDICAP ?

 

Euro

A l'approche des élections européennes, le débat resurgit en France sur l’euro « fort ». Beaucoup d’industriels se plaignent d'être pénalisés à l'exportation. Faut-il faire baisser l'euro ? La BCE, pour une fois, semble vouloir aller dans ce sens. Mais le problème est de savoir si cela résoudrait le défi de la balance commerciale française.

Voilà maintenant près de 15 ans que la monnaie unique a été mise en place. Il circule beaucoup de bêtises à son endroit, et il n’est pas toujours facile de démêler le vrai du faux. Pour certains, elle serait la source de tous nos maux, pour d’autres, la bénédiction viendrait de l’indépendance de la BCE vis-à-vis des gouvernements. Le tropisme le plus courant, c’est la focalisation sur les exportations qu’elle rendrait plus compliquées, en tout cas pour nous, cela dit sans prendre le temps de s’interroger de son impact sur les importations. Nous vivons dans un monde compliqué, et les arguments les plus percutants sont presque toujours les plus simplistes, ils sont malheureusement, la plupart du temps, bâti sur une hérésie quand ils ne sont pas un vrai mensonge.

L’euro est-il déterminant pour la croissance ?

Entre le 1er janvier 1999 et le 31 décembre 2013, le PIB de la France a progressé de 22%.  Si on se compare à l’Angleterre, elle a fait beaucoup mieux avec 29% sur la période, mais le Danemark n’a réalisé que 13%. Intrazone, l’Espagne a fait 31%, l’Irlande 60% et l’Allemagne seulement 20%. Autrement dit, ni le fait d’être en dehors de la zone euro, ni l’appartenance n’ont garanti une performance économique. La monnaie n’est donc pas le seul déterminant ! Le fait de dévaluer la monnaie commune de 20%, ce qui correspond à notre perte de compétitivité sur la période, redonnerait de l’oxygène à notre économie. Mais c’est une illusion monétaire, car le but de la dévaluation c’est de pouvoir dépenser davantage et éviter de procéder aux réformes douloureuses. L’expérience menée par Shinzo Abe au Japon devrait nous rendre prudent. L’euro n’est pas responsable de notre déclin pas plus qu’il ne peut faire revenir la prospérité comme par magie. La France aurait dû se rénover profondément pour profiter de l’union monétaire, il ne suffisait pas de changer les billets de banque.

L’euro a-t-il provoqué une hausse des prix ?

Contrairement à l’idée couramment admise que le passage à l’Euro a fait monter les prix, notamment par le jeu des arrondis au moment de l’abandon du Franc, quinze ans après on constate des évolutions contrastées d’un produit à l’autre. Si on prend comme référence le prix d’une baguette de pain, qui était en 2000 de 4,50 F, peut-on dire que son prix d’aujourd’hui de l’ordre de 0,80 € à 1€ (soit entre 5,25 F et 6,50 F) a exagérément augmenté si on prend en compte le prix de l’énergie, de la farine, des charges diverses… sans oublier l’inflation. Si on se réfère à l’évolution des prix de l’électro-ménager, on oscillera entre stabilité et baisse. On trouvera bien des produits qui ont fortement augmenté, c’est certains, mais il est bien difficile de dire ce qui se serait passé si on avait gardé le Franc. Une certitude : ce n’est pas l’euro qui a fait baisser le pouvoir d’achat des Français.

Pourquoi sa valeur est-elle aussi élevée ?

Si l'euro affiche aujourd'hui une santé éclatante vis-à-vis des principales devises, il le doit en partie au fait que la zone euro dans son ensemble affiche… un excédent de sa balance courante. Selon les derniers chiffres d'Eurostat, elle était excédentaire de 67,4 milliards d'euros au dernier trimestre 2013, contre 42,3 milliards d'euros au dernier trimestre 2012. Si l'on isole la seule balance commerciale des biens, là encore, la zone euro affiche un confortable excédent de 44,7 milliards d'euros contre 28,2 milliards. Le Fonds Monétaire International, lui, avance dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales, un excédent courant de 295 milliards de dollars pour 2013 pour la zone euro, à comparer au déficit de 473,5 milliards de dollars des Etats-Unis. Ce constat fait, il n'est guère surprenant d'assister à la revalorisation de l'euro contre le dollar.

Certains ne manquent pas de rétorquer que les excédents de la zone euro proviennent essentiellement de deux pays : l'Allemagne et les Pays-Bas dont les performances commerciales dépassent de loin celles de leurs partenaires. C'est incontestable. L'Allemagne n'a cessé d'accroître ses excédents commerciaux qui ont culminé à près de 200 milliards d'euros l'an dernier.

Dans le même temps, la France affichait un déficit de près de 76 milliards d'euros. La comparaison des performances commerciales de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Espagne et de la France dans le détail est encore plus riche d'enseignements. A l'exception de la France, ces trois pays n'ont pas cessé d'améliorer leur balance commerciale globale. La performance de l'Espagne est encore plus spectaculaire puisque les chiffres s'établissent à 10 milliards d'euros en février dernier. Parallèlement, l'Italie, elle, a doublé ses ventes. La série statistique d'Eurostat dément donc le discours voulant que la hausse de la monnaie unique handicape les exportateurs. Une tendance qui explique pourquoi la France est quelque peu isolée sur le dossier d'autant plus que la dégradation du commerce français est à rechercher ailleurs.

Dévaluer, pour quoi faire ?

Les performances des quatre pays cités depuis le début de l'année 2008 en ce qui concerne leurs exportations dans les seuls pays de la zone euro sont édifiantes. L'Espagne et l'Italie ont significativement amélioré leur balance commerciale pour revenir près de l'équilibre. L'Allemagne, elle, continue d'afficher de confortables surplus. La France, elle, n'a pas cessé de voir sa position se dégrader. Les difficultés à l'exportation des entreprises françaises, sinon la dégradation, sont concentrées sur les seuls pays partageant la même monnaie. La hausse de l'euro, si elle peut avoir des effets contraires sur les marchés hors de l'Europe, n'explique pas le déficit de la balance commerciale française. Le Conseil d'analyse économique précise que « la baisse de l'euro ne peut être la réponse unique » au déficit de compétitivité de la France, «… une dépréciation nominale n'a qu'un effet de court-moyen terme sur la compétitivité alors que les réformes structurelles permettant une baisse des coûts ou une amélioration de la qualité des biens produits ont un effet permanent sur la compétitivité. »

Aux réticences européennes face aux souhaits de la France s'ajoute l'idée même que l'euro n'est pas surévalué. C'est ce que souligne Jérôme Héricourt, chargé de recherche au Cepii. « Le taux de change effectif réel de l'euro n'est pas à son plus haut historique constaté au milieu des années 1990. Et à cette époque, la France dégageait des excédents commerciaux », dit-il.

Une baisse de l'euro ne résoudrait donc pas les problèmes de la France. Voilà sans doute pourquoi le gouvernement s'est désormais engagé, avec le « pacte de responsabilité », sur la voie d'une baisse des charges pour les entreprises. Pour doper vraiment leur compétitivité globale.

L’euro était une chance, nous en avons fait un handicap.

Nous n’avons pas respecté le traité et les cadres fixés à la monnaie. Nous avons abusé de la protection que la monnaie unique offrait en ne permettant pas les attaques monétaires, pour vivre à crédit et emprunter à tout va, pris au piège d’une erreur de stratégie économique qui nous a fait privilégier le tertiaire et le rêve d’une économie dématérialisée. Le réveil est douloureux. Mais l’abandonner serait encore bien plus pénalisant et… coûteux.

Si notre pays est sérieux, il redeviendra une chance, comme pour l’Allemagne.

 

 


TOUCHE PAS A MON EUROPE !

Europe_le_volontarisme_politique

Après le « cri d’amour » d’Alain Juppé, mon cri de protestation !

Quand Marine le Pen affirme que « tout a échoué dans l’Union européenne, absolument tout ! » elle profère un odieux mensonge. Elle peut faire la liste de tout ce qui ne lui convient pas, on le conçoit : abolition des frontières, la directive détachement des travailleurs, l’aide aux banques, l’immigration ou l’euro trop fort… Mais qu’elle ne le fasse pas avec les arguments qu’elle utilise qui sont ceux de l’ignorance de ce qui a été fait et donc ceux d’une élue qui n’a pas rempli correctement son mandat à Strasbourg !

Quand Henri Guaino et Laurent Wauquiez, avec d’autres parlementaires UMP signent une tribune dans le Figaro pour faire d’autres propositions que celles de la plate-forme de synthèse votée par le bureau politique, ils commettent une grave faute : ils plantent un coup de poignard dans le dos de nos candidats qui font campagne dans les Régions, ils sèment la confusion dans l’esprit de nos militants et de nos électeurs, et ravivent inutilement au sein de notre famille les tensions entre pro et nonistes ce qui est dépassé. Le temps n’est plus au débat, il est à la campagne active. Leur attitude profite au Front National, ce qui n’est probablement pas le but qu’ils recherchent, et peut contribuer à affaiblir le score de notre parti, ce qui n’est pas souhaitable !

A nos amis qui se demandent s’ils vont aller voter, je peux déjà leur proposer deux objectifs : empêcher le Front national d’arriver en tête, dire une deuxième fois « stop » à Hollande. Si déjà on arrivait à ça, ce ne serait pas si mal. Mais je voudrais aussi leur faire partager quelques-unes de mes réflexions pour qu’on vote en fonction du véritable enjeu : il s’agit d’élire l’instance démocratique de l’Union. Auparavant, sachons au moins de quoi on parle !

A-t-on besoin d’Europe ?

L’union fait la force. Cet adage n’a jamais eu autant de signification que sur le sujet de l’Europe. Dans le monde globalisé qui est la marque de notre époque, ne pas la vouloir est suicidaire. On le voit encore aujourd’hui avec le drame d’Alstom. Certes comme l’a très bien montré Alain Juppé, l’Union est imparfaite. Cela ne l’empêche pas d’être nécessaire et ne nous interdit pas de travailler à la renforcer. La puissance de la France passe aujourd’hui par une Europe puissante politiquement. Le 25 mai nous pouvons choisir la catastrophe et le déclin définitif en tournant le dos à l’Europe. Nous pouvons aussi choisir le chemin de la construction jamais finie de l’Union européenne, chemin difficile mais le seul porteur d’avenir pour nos enfants.

Depuis cinq ans, qu’est-ce qui a été fait ? A quoi l’Union européenne a-t-elle servie ?

Nous autres Français, en avons peu conscience, tant nos politiques savent habilement se défausser sur l’Union européenne, bouc émissaire de leur lâcheté électorale. La gauche est experte en la matière, on l’a vu avec la soi-disant renégociation du « pacte de stabilité ». Pourtant si on regarde ce qui s’est passé depuis 2008 avec les crises successives qui se sont abattues sur le Monde et sur l’Europe, l’Union aura été notre bouclier : elle a été secouée mais elle a tenu. La monnaie commune nous a mis à l’abri de la tourmente monétaire, les européens, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, puis du tandem France-Allemagne, ont été à la manœuvre et à l’origine d’avancées significatives dans la régulation de la finance mondiale, et quand les marchés s’en sont pris à l’Euro, ils ont dû reculer face à la volonté politique commune de le défendre.

Pendant ces cinq dernières années, l’Union européenne a progressé. L’adoption récente de l’Union bancaire en est un bon exemple. On lui doit nombre de décisions qui facilitent notre vie quotidienne : du brevet européen peu coûteux et unique aux frais d’itinérance des téléphones en passant par le plafonnement des bonus financiers, de l’Erasmus élargi aux non diplômés à la protection des données personnelles, la liste est longue. Une superstructure technocratique, l’Union ? C’est l’hôpital qui se fiche de la charité : il y a autant de fonctionnaires à Bruxelles qu’à …la mairie de Paris !! Derrière chaque décision de la commission, il y a une décision politique de nos représentants, voilà la vérité.

Le Parlement européen est-il important ?

C’est une platitude que de rappeler que nos députés européens sont élus au suffrage universel. Moins d’un Français sur deux le sait : consternant ! Pourtant l’Europe n’est pas plus complexe dans ses institutions que notre fameux « millefeuille ». Le parlement européen est donc un « levier de pouvoir » dont nous devons avoir pleine conscience. Il faut peser sur les choix européens et donc envoyer à Strasbourg des élus responsables. D’autant plus que l’assemblée élue en mai prochain verra son pouvoir élargi puisqu’elle désignera le Président de la Commission qui ne sera plus nommé par les chefs d’Etats. Un progrès démocratique évident.

Et l’euro ? Que faut-il en penser ?

Il serait trop fort. Tu parles ! Ce discours sert à masquer notre propre insuffisance de réformes que tous nos partenaires ont su réaliser pour se redonner des marges de manœuvre : baisse des charges sur les entreprises, retraite retardée, flexibilité du marché du travail, simplification administrative, rigueur de la dépense publique… Nous n’avons su lever aucun de ces freins qui pèsent sur notre économie et donc sur notre croissance. La vérité, c’est qu’aujourd’hui, la France est un boulet pour l’Union européenne. Depuis qu’elle a abandonné la voie du redressement sur laquelle l’avait placée Nicolas Sarkozy après la crise de 2010. Ce n’est pas le cours de l’euro qui est trop élevé, c’est notre économie qui est trop faible, engluée qu’elle est dans son carcan étatique.

Mais la politique monétaire de l’Union est un véritable sujet pour l’avenir. La gestion de l’euro mérite un vrai débat. Il est possible d’en faire une arme de croissance et pas seulement de lutte contre l’inflation au même titre que le dollar. Cela suppose des inflexions dans les objectifs qui lui sont assignés et la mise en place d’une véritable gouvernance politique, déjà largement amorcée. On pourra alors aborder le sujet épineux de la « mutualisation » de la dette.

La souveraineté de la France est-elle menacée ?

Encore une farce marinesque ! La souveraineté de la France est menacée si elle s’isole et se referme sur elle-même, ça oui ! Dans l’architecture actuelle de l’Union européenne, il y a des « souverainetés partagées », c’est vrai. L’euro en est une. J’en suis partisan chaque fois que c’est nécessaire. D’ailleurs, nous aurions intérêt à élargir le domaine des « souverainetés partagées » à l’énergie, la défense, de grands projets structurants. C’est aussi la réponse aux défis de notre temps. Comment se positionner face à Moscou ? Comment exister face à la Chine ? Comment résister à l’hégémonie américaine ? Comment avancer dans la lutte contre le réchauffement climatique ? … Voilà autant de sujets pour lesquels la réponse franco-française n’est pas à la taille du défi. L’Europe, avec nos partenaires, c’est la bonne dimension.

Et si on voyait l’Union européenne comme un écrin au sein duquel pourrait s’épanouir non seulement la France, mais l’avenir de nos enfants !

  Européennes 14

 


EUROPE, MON AMOUR ! par Alain JUPPE

Je relaie ici, l'excellent texte de notre ancien Premier Ministre, dont je partage pleinement le contenu. Alain Juppé nous dit tout. C'est une manière pour moi de lancer la série d'article que le calepin va consacrer à la campagne pour l'élection du Parlement européen.

Le 25 mai, votons, faisons voter; pour les listes UMP !

Daniel

 

Juppé 2 Europe, mon amour !

"Je mesure ce qu’il y a de provocateur dans le titre que j’ai choisi de donner à ma déclaration.

Par les temps qui courent, ma douce Europe, tu inspires plus de désamour que de sentiments amoureux.

Il n’est question que d’euro-scepticisme, voire d’euro-hostilité. Chaque matin, médias et politiques te chargent de tous les péchés du monde. Tu es, à les en croire, trop peu démocratique et beaucoup trop technocratique, souvent naïve, impuissante et divisée, assoiffée d’austérité et source de chômage, j’en passe et des pires.

« Bruxelles » est devenu le grand épouvantail, que nos amis belges nous pardonnent.

Nier qu’il y ait une part de vérité dans le procès qui est instruit contre toi serait faire preuve d’aveuglement.

Ceux qui t’aiment ont beau dire que ton Parlement a conquis de réels pouvoirs de co-décision, les Européens ne se pressent pas aux urnes quand il s’agit d’élire leurs députés.

Il est vrai que la bureaucratie bruxelloise est nombreuse, lointaine, compliquée et qu’elle produit trop de normes dans trop de domaines.

Ta banque centrale gère ta monnaie sans qu’un véritable gouvernement économique puisse dialoguer avec elle comme, aux Etats-Unis, le Secrétaire au Trésor, Ministre des Finances, le fait avec la Réserve Fédérale.

Schengen, cet accord qui devrait réguler les mouvements de population, ne marche pas parce que tu n’es pas capable de contrôler tes frontières extérieures.

Les Européens ont le sentiment que tu ne sais pas répondre à leurs attentes en mettant, par exemple, en œuvre une politique de croissance efficace fondée sur l’innovation, ou en organisant une réelle transition énergétique pour relever le défi du changement climatique.

Tu n’as pas pu empêcher l’annexion de la Crimée par Poutine ni la déstabilisation de l’Ukraine.

Avant de te décider à soutenir l’action de la France au Mali où tes intérêts sont directement en jeu, tu as atermoyé pendant des mois.

La vision du commerce international qui continue d’inspirer ta Commission est en retard d’une globalisation. Le dogme de la concurrence pure et parfaite semble intangible dans tes hautes sphères, alors que nos grands partenaires, américains ou chinois, assurent la protection de leurs intérêts comme Monsieur Jourdain faisait de la prose : sans user du mot mais en profitant de la chose.

La manière dont tu négocies avec les Etats-Unis d’Amérique un accord de libre-échange présenté comme stratégique n’est pas un modèle de transparence. J’entends bien que dans une négociation aussi âpre on ne met pas d’emblée toutes ses cartes sur table. Mais il est essentiel que l’exécution du mandat donné au négociateur reste sous contrôle.

Tu vois, je ne suis pas complaisant avec toi. Je te dis tes quatre vérités. Qui aime bien châtie bien.

Ce qui m’autorise à parler vrai, aussi, à tes détracteurs.

Et de leur dire : non l’Europe n’est pas responsable de tous nos maux ! La crise qui a failli emporter non seulement la finance mais aussi l’économie mondiale en 2008-2009 n’est pas son fait. La pratique des «subprimes» et le dérèglement des marchés qui en est résulté a pris naissance en Amérique. Et la crise des dettes souveraines en Europe n’est pas à mettre au débit de « Bruxelles ». Il faut chercher les responsabilités à Dublin, à Athènes, à Rome, à Madrid… ou à Paris dont les gouvernements n’ont pas respecté leurs engagements de réduction des déficits publics et de maitrise de l’endettement.

Certains, en France, sont malvenus de s’insurger contre les rappels à l’ordre de la Commission : c’est nous-mêmes qui l’avons chargée de vérifier que nous nous mettons en conformité avec les règles que nous avonsnous-mêmes édictées, et, à défaut de nous sanctionner.

Je vais plus loin : non seulement tu n’es pas responsable de tous nos maux mais tu nous as protégés au milieu de la tourmente que l’économie mondiale traverse depuis quelques années.

C’est une grande chance que d’avoir une monnaie stable. A mes amis gaullistes, je demande de faire retour une cinquantaine d’années en arrière : le premier objectif du Général de Gaulle quand il revint au pouvoir ne fut-il pas de guérir la France de l’instabilité monétaire et de la doter d’un nouveau franc ?

L’euro stable, ce sont des taux d’intérêt historiquement bas, sans quoi le refinancement de notre dette nous entraînerait droit dans le mur.

Et là encore, ne rejetons pas la responsabilité de nos mauvaises performances sur autrui.

Dans le commerce des biens industriels (j’emprunte ces chiffres à l’excellent livre de Pascal Lamy, « Quand la France s’éveillera ») tu dégages, mon industrieuse Europe, « un excédent qui a triplé en dix ans pour atteindre plus de 200 milliards d’euros et maintiens [tes] parts de marché, alors que celles de [tes] concurrents américains ou japonais ont régressé. »

Aujourd’hui le Japon qui pratique les « Abenomics » c’est-à-dire une politique du yen moins fort, enregistre le pire déficit commercial de son histoire.

Si la France souffre, elle aussi, d’un lourd déficit commercial, la raison n’en est pas principalement le cours de l’euro, mais l’insuffisante compétitivité de ses entreprises et l’inadaptation de son secteur productif à la demande mondiale, faiblesses qui résultent de notre propre incapacité à mettre en œuvre les réformes nécessaires.

Faut-il ajouter que, dans le nouveau monde qui a émergé depuis trois décennies, tu es, ma puissante Europe, une extraordinaire chance ?

Avec toi, nous pesons 500 millions de citoyens, le plus grand PIB du monde, et le quart des échanges mondiaux.

Nous, Français que la mondialisation effraie… au point que quelques bons esprits chez nous vont jusqu’à prôner la « dé-mondialisation » ; nous que traumatise le déplacement du centre de gravité de la richesse et de la puissance vers d’autres horizons ; nous qui souffrons de n’être plus le centre du monde… nous devrions nous tourner, plus que jamais, vers toi, Europe, nous jeter dans tes bras, t’exprimer la confiance que nous mettons en toi pour, ensemble prendre toute notre place dans le nouveau monde, y faire rayonner nos idées et nos valeurs, y défendre nos intérêts

Et pas simplement nos intérêts économiques.

D’abord et avant tout le bien suprême que tu nous as apporté : la paix après un siècle de massacres.

Avons-nous bien conscience que ce bien n’est pas acquis pour toujours ?

La guerre a sévi dans les Balkans il y a 20 ans, à nos portes.

Notre voisinage oriental, je pense bien sûr à l’Ukraine, traverse une crise d’une grande gravité.

Et dans les frontières de l’Union elle-même, les vieux démons ne sont pas morts : quelques groupuscules défilent aujourd’hui dans les rues de Budapest un brassard à croix gammée à l’épaule.

Faire exploser la zone euro, c’est engager un processus de déconstruction de l’Europe et dès lors, tout redevient possible y compris le pire. Pascal Lamy rappelle ce message de François Mitterrand : « Le nationalisme, c’est la guerre ».

Voilà pourquoi je plaide pour toi, Europe, et suis décidé à combattre avec toute mon énergie ceux qui veulent, en le disant ou sans le dire, te déconstruire.

La meilleure manière de te défendre, c’est évidemment de te réformer. Et Dieu sait si tu as besoin de réformes.

L’urgence, c’est de doter ton cœur battant, c’est-à-dire la zone euro, d’une gouvernance efficace. Des progrès ont été récemment accomplis en ce sens, souvent à l’initiative de la France. Il faut aller plus loin et doter le Conseil Européen des moyens d’assurer le pilotage qui lui revient : une présidence forte qui devrait incomber à l’une des principales économies de l’union, un secrétariat performant qui veille à la mise en œuvre des décisions prises.

Mon choix de gouvernance, on le voit, est plutôt de nature inter-gouvernementale parce que c’est là qu’existe la légitimité démocratique.

Mais pour éviter les blocages, il faudra bien progresser vers plus d’intégration et si l’on veut notamment une réelle harmonisation fiscale, cesser de faire de l’unanimité une règle intangible.

Tout le monde ne voudra pas suivre.

L’idée que la zone euro est le cercle de solidarité maximum et qu’au-delà, la souplesse est de règle pour tous ceux qui se contentent de moins, finit peu à peu par s’imposer.

La gouvernance n’est pas tout. Ce que les Européens attendent, c’est certes une Europe qui fonctionne mais surtout une Europe qui réalise.

Il faut, dès lors, que tu choisisses. Tu ne pourras pas tout faire. Il faut abandonner ton ambition de tout régenter.

Il faut te concentrer sur quelques objectifs prioritaires.

En voici trois, qui n’épuisent pas la question :

  • une politique de stimulation de la croissance par le soutien à l’innovation sous ses diverses formes. Une suggestion : le « programme des investissements d’avenir » que la France a lancé en 2010/2011 et qui commence à produire ses premiers effets pourrait inspirer une initiative européenne.
  • une politique de l’éducation qui favorise la circulation mais aussi la compréhension mutuelle de nos jeunesses. Je préconise depuis longtemps l’apprentissage obligatoire d’au moins 2 langues vivantes étrangères dans tous nos systèmes éducatifs.
  • une politique énergétique qui semble aujourd’hui hors de portée compte tenu des choix divergents faits par la France et l’Allemagne mais que l’urgence climatique et l’urgence diplomatique -je pense au desserrement de notre dépendance vis-à-vis du gaz russe- peuvent demain rendre possible.

Suis-je en train, mon Europe, de te faire rêver, de te raconter une belle histoire, de te promettre la lune ?

Beaucoup le pensent. Mais je l’assume…

Peut-être est-il utopique de rêver d’une Europe politique, acteur à part entière de la scène mondiale, dotée des moyens de se défendre, capable de conduire une action diplomatique cohérente. Une Europe puissance, expression taboue.

C’est pourtant bien le but où nous conduit le chemin sur lequel je te propose d’avancer.

Y sommes-nous seuls ?

Sans doute aujourd’hui.

Est-il utopique de rassembler des partenaires prêts à partager notre espérance ? Peut-être.

Mais peut-on vivre sans utopie ?

J’ai deux raisons de penser que ce rêve n’est pas illusoire.

D’abord la France et l’Allemagne. C’est la clef. L’Allemagne hésite. Aujourd’hui, la France n’a pas la capacité de la convaincre parce qu’elle a perdu sa crédibilité. Si nous reprenons force et influence, nous pouvons redevenir un partenaire attractif et convaincant.

Tout en dépend.

Et puis, tu existes ma belle Europe.

Il suffit de voyager à travers le vaste monde, en Asie, en Afrique, en Amérique… pour prendre conscience d’une réalité que nous apercevons mal en vision rapprochée : tu existes. Nous, Européens, nous avons un bien commun, nous partageons une culture commune, des valeurs, des idées sur le monde.

Loin de moi de sous-estimer nos différences… ni de vouloir les effacer ; elles font notre richesse.

Mais il existe un socle commun. Démocratie, liberté, dignité de la personne humaine… où donc ces valeurs s’épanouissent-elles mieux qu’en Europe ?

Philosophie, littérature, musique, arts… n’existe-t-il pas une « marque » européenne ?

Il serait prétentieux, de ma part, de vouloir m’essayer à la définir en quelques lignes. D’autres, plus savants ou plus profonds, l’ont fait et le feront. Mais je ressens en moi-même tous les sentiments qui m’ont donné envie de te faire cette déclaration.

Les abominations dont tu as été le théâtre au siècle dernier ont certes ébranlé nos certitudes et nourri une vaste entreprise de déconstruction de l’humanisme dont nous nous enorgueillissions et qui a failli.

Mais je te sens capable, Europe, de reconstruire un humanisme du XXIème siècle, lucide et exigeant.

 Tu en as les moyens. Tu dois en avoir la volonté."

                                                                                    Alain Juppé

 

Européennes 14

 

 

 

 


« POUR LA FRANCE, AGIR EN EUROPE ! »

Drapeaux européens

Déclaration des têtes de listes régionales de l'UMP.

 

Parce que nous sommes patriotes, nous voulons transformer l’Europe

Dans moins de six semaines les Français seront appelés aux urnes afin d’élire leurs 74 députés au Parlement européen. Ce 25 mai, pour beaucoup de Français, ce sera l’occasion de sanctionner, à nouveau, la gauche au pouvoir. Après son revers cinglant aux municipales, François Hollande a gardé la même équipe et la même ligne politique. Puisque le premier avertissement adressé par les électeurs en mars a été méprisé, seul un second désaveu en mai pourra le contraindre à sortir de l’impasse dans laquelle il enferme la France.

Mais au-delà du vote sanction, ce scrutin conduira les Français à choisir entre une Europe immobile et une Europe qui agit. Acceptons-nous une Europe qui subit, une Europe qui reste léthargique face aux grands défis de la mondialisation ? Ou bien voulons-nous une Europe opérationnelle, qui passe à l’action et apporte des solutions concrètes aux attentes des Français ?

Le choix de l’immobilisme est celui du Parti socialiste.

Oui, les listes soutenues par François Hollande incarnent la faiblesse et le renoncement. Comment la gauche française pourrait-elle transformer l’Europe et relancer le couple franco-allemand alors qu’elle conduit la France sur la voie du déclin et qu’elle est incapable de tenir le moindre de ses engagements européens ? Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont su donner corps à un modèle de leadership européen. François Hollande, lui, porte une grave responsabilité dans l’absence totale d’initiatives européennes depuis son élection. Il fait décrocher la France en Europe. Il faut le sanctionner.

Le Front national veut casser l’Europe.

Le Front national, quant à lui, menace les Français en voulant casser l’Europe. Derrière les sorties grandiloquentes de la famille Le Pen contre l’Europe, qu’apportent les candidats de l’extrême-droite au Parlement de Strasbourg ? Rien ! Depuis des années qu’ils sont élus, les parlementaires FN sont les champions de l’absentéisme et des votes incohérents. Ils ne proposent aucune réponse crédible pour réformer concrètement l’Europe. Le projet du Front national est une menace directe contre l’intérêt des Français et de la France. Qui peut croire qu’une sortie de l’euro renforcerait la France alors même qu’elle ruinerait les salariés, les épargnants et les retraités ? Qui peut-croire que le rétablissement de tarifs douaniers avec nos voisins ou la fin de la Politique Agricole Commune seraient bénéfiques pour nos industries exportatrices et notre agriculture ? Qui ne voit que Madame Le Pen, après avoir fait élire François Hollande à l’Elysée, est plus que jamais l’alliée objective du Parti socialiste, à Paris comme à Bruxelles ? Voter FN aux européennes, ce serait peut-être exprimer une colère dans l’urne quelques minutes, mais ce serait surtout se priver des moyens de changer concrètement l’Europe pendant cinq longues années.

L’UMP choisit le réalisme responsable.

Au sein de l’UMP, nous faisons le seul choix réaliste, le seul choix conforme aux intérêts de la France et des Français : celui d’une Europe qui ose se transformer, une Europe qui passe à l’action.
Les batailles entre souverainistes et fédéralistes appartiennent au siècle passé. De même que nous refusons de sacrifier la Nation sur l’autel d’une utopie fédéraliste, personne ne pense que la France doit rester isolée. Pour nous, la construction européenne n’est pas une fin en soi, elle trouve sa légitimité dans son efficacité au service des Français. Là où elle fait ses preuves, nous voulons aller plus loin. Là où elle ne marche pas, nous voulons la corriger, quitte à réaffirmer les prérogatives nationales. Nous avons la conviction que l’Europe peut servir la paix et la prospérité des Européens, à condition de renouer avec ses principes fondamentaux : partager des compétences, non pour se lier les mains, mais pour peser ensemble et garder la maîtrise de notre destin, face aux autres géants planétaires.

Une Europe qui protège.

Concrètement, l’Europe que nous défendrons au Parlement européen, c’est une Europe qui assume son identité, qui stoppe l’élargissement sans fin et qui refuse l’entrée de la Turquie.
Une Europe qui fait respecter ses frontières, réforme Schengen de fond en comble, refuse l’immigration subie, réduit le regroupement familial et organise une immigration choisie.
Une Europe à géométrie variable, où les nations s’organisent en différents cercles pour pouvoir avancer, coopérer en fonction de leur capacité et de leur volonté.

Une Europe qui avance.

Une Europe plus efficace, qui lutte contre la bureaucratie, qui cesse de s’occuper de ce qui ne la concerne pas, qui n’intervient pas dans les politiques familiales et les questions de société.
Une Europe plus offensive, plus active, plus conquérante, au cœur de la mondialisation, qui exige la réciprocité des échanges, qui défend nos entreprises, nos industries, nos agriculteurs, qui offre des perspectives à toutes celles et tous ceux qui veulent créer, qui veulent se former, qui veulent travailler, qui veulent avancer, qui veulent progresser.
Une Europe qui encourage les producteurs et permet de créer plus d’emplois, en mettant fin à la concurrence déloyale, en renforçant la convergence fiscale et sociale entre les Etats. 
Une Europe innovante, qui promeut la recherche et sait bâtir, avec ambition, de grands projets industriels, énergétiques, numériques, spatiaux.

Une Europe qui compte.

Une Europe solide et respectée, qui assume enfin ses responsabilités internationales et militaires, pour défendre la paix et nos intérêts dans un monde incertain, à l’Est comme au Sud.
Une Europe qui sait faire entendre sa voix dans le monde, par une politique diplomatique et de défense digne de ce nom – alors que, en l’absence de toute initiative de François Hollande, l’Union européenne reste tragiquement absente de la crise ukrainienne.

L’UMP est le premier parti de France.

Nous sommes les seuls à dire stop au socialisme de François Hollande qui fait décrocher la France en Europe. Nous sommes les seuls à  contrer le FN qui nuit aux Français en proposant l’explosion de l’Europe. Nous sommes les seuls à vouloir et pouvoir transformer l’Europe, pour apporter des solutions concrètes aux attentes des Français. 

Michèle ALLIOT-MARIE, Jean-Pierre AUDY, Alain CADEC, Arnaud DANJEAN, Rachida DATI, Angélique DELAHAYE, Françoise GROSSETETE, Brice HORTEFEUX, Alain LAMASSOURE, Jérôme LAVRILLEUX, Nadine MORANO, Elisabeth MORIN-CHARTIER, Renaud MUSELIER, Franck PROUST, Tokia SAIFI.

 


ET MAINTENANT, L’EUROPE !

Drapeaux européens


Dans sept semaines exactement, nous serons appelés à voter pour élire nos représentants au Parlement Européen. Quoi qu’on en pense, c’est une élection plus importante qu’il n’y parait. D’abord parce que le Parlement européen voit ses prérogatives élargies, ensuite parce que, nous ne le savons pas toujours, l’Europe intervient plus qu’on ne l’imagine dans notre vie quotidienne.

Vaincre l’euroscepticisme

Il y a toujours eu parmi les Français un bon tiers d’europhobes ou d’eurosceptiques. Mais les études d’opinion montrent que deux sur trois, à gauche comme à droite sont attachés à la monnaie unique, même s’ils ont des griefs contre l’Europe. Ils sont donc convaincus qu’il nous faut vivre avec nos partenaires, ayant confusément conscience que l’Union est tout de même un bouclier qui nous protège de la mondialisation. Ce qu’ils perçoivent moins c’est que la solidité de l’Euro en fait aussi un glaive pour conquérir des marchés extérieurs, pour peu qu’on veuille s’en donner la peine, la preuve en est avec les 1503 Airbus vendus en 2013, deux fois plus que de Boeing !

L’Europe avance

Malgré son système imparfait et ses institutions critiquables, l’Europe finit toujours par résoudre ses problèmes. C’est ce qui s’est produit la semaine dernière. Trois bonnes nouvelles européennes d’un coup, ça s’arrose : la Grèce est parvenue à un accord avec ses créanciers de la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) ; la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe a donné son feu vert définitif à la création du mécanisme européen de sauvetage des pays de la zone euro en crise financière ; enfin, les Etats de l’Union et le Parlement européen se sont entendus sur les modalités de « l’union bancaire », ce nouvel organisme qui doit prévenir les crises bancaires et éviter qu’elles ne soient payées par les contribuables. Comme toujours depuis soixante ans, l’Europe avance dans des crises qui la forcent à passer une nouvelle étape de son intégration.

Et, cerise sur le gâteau, les incertitudes s’éloignent : après l’Irlande, les pays les plus en crise sortent maintenant de la récession. C’est ainsi que la Grèce devrait retrouver une croissance de son PIB de 0,6 % cette année, le Portugal de 0,8 %, l’Italie de 0,6 %, l’Espagne de 1 %. Au total, la zone euro atteindra une croissance de 1,2 %, certes fragile, souligne la Commission, mais qui est sur le chemin de la consolidation.

Combattre le dénigrement

La campagne des élections européennes va voir déferler les critiques de tous côtés, les déclarations les plus démagogiques, la plupart des partis politiques rivaliser dans les vociférations contre une Europe « en échec » et une Europe « qui se moque des citoyens ». Pourtant les faits disent l’inverse : les Européens s’entendent, l’euro n’est pas mort ; l’Europe est toujours là. Mieux, elle reste un idéal de démocratie pour d’autres peuples, regardez l’Ukraine, regardez la queue qui s’allonge pour y entrer. Enfin, aucun pays ne désire la quitter. Elle se construit difficilement, mais ce n’est pas nouveau et si elle a 12 % de chômeurs, un dynamisme insuffisant, elle réussit toujours par résoudre ses problèmes. Son système est imparfait, critiquable, mais lui permet quand même de trouver les moyens de sortir des ornières.

L’Europe fait mieux que les autres continents

Quand on regarde les crises des autres continents, on s’aperçoit que la vieille Europe réussit  malgré tous les discours pessimistes, à faire mieux que l’Inde, que la Chine, que les Etats-Unis, que les grands émergents. Regardez l’Inde qui s’enferre dans ses archaïsmes, la Chine qui suit une ligne de crête de plus en plus périlleuse entre son despotisme politique et sa liberté économique, les Etats-Unis où la lutte politique républicains-démocrates est devenue sans issue entre une élite qui capte les richesses et une classe moyenne qui s’appauvrit et s’atrophie, les pays comme le Brésil qui se débattent avec une inflation galopante pourvoyeuse de tensions sociales intenses et d’inégalités sociales criantes. Le modèle européen n’est pas dépassé et apparaît alors comme le plus enviable.

L’Europe nous protège

Sa force est dans la nature même de sa construction : la négociation. Si l’Europe a aggravé ses blessures avec une politique d’austérité en pleine récession, dont les promoteurs avaient sous-estimé les effets fortement négatifs, elle accepte aujourd’hui d’affecter une partie du surplus « primaire » dégagé à des dépenses sociales. L’Europe a compris que la politique de rigueur n’est bonne que couplée à une politique de croissance, tous les efforts doivent maintenant porter sur cette dernière. L’Allemagne y est prête. Vertu de l’austérité : la Grèce, comme l’Irlande, l’Espagne, le Portugal ont été contraints de changer de modèle de croissance pour ne plus dépendre, comme hier, que des facilités de l’euro. Ça a été fait avec beaucoup de douleurs mais c’est fait : ces pays sont sur un chemin qui les conduira à trouver une place à la fois en Europe et dans la mondialisation. Il reste à l’Italie et à la France à construire la leur.

Un nouvel équilibre des pouvoirs

L’accord sur l’union bancaire dégage la route de la croissance ; la confiance dans des banques saines était un préalable. Mais au-delà, il est le fruit d’un engagement fort des parlementaires de Strasbourg sur le fond des textes. Ainsi se dessine sous nos yeux une nouvelle répartition des pouvoirs entre les trois autorités : le Conseil, la Commission et le Parlement. Cela démontre, s’il en était besoin, aux Européens tentés par l’abstention, l’importance du vote à venir. L’Europe sort bien vivante de sa première crise existentielle. Et elle repart de plus belle.

Une Europe qui avance, une Europe qui protège : voilà les deux axes sur lesquels nous devons faire campagne en fixant les nouvelles frontières des souverainetés partagées et en progressant dans les convergences nécessaires pour éviter à nos économies toutes les formes de concurrences déloyales d’origine intra ou extra européennes.

 

 


ET SI ON ESSAYAIT « L’EUROPTIMISME » !

Drapeaux européens

Quand l’Europe existe …

Ne boudons pas notre satisfaction. L’Europe, vient d’accéder, le temps d’une crise, à une réelle existence politique. L’Union européenne aurait été impardonnable de ne pas profiter des inconséquences de Ianoukovitch et des maladresses de Poutine, qui ne parvient décidément pas à comprendre le monde comme il va. Si on ne sait pas encore quelle Ukraine sortira de l’actuelle crise, la coexistence fragile d’un Ouest plutôt pro-occidental et d’un Est prorusse n’est pas simple, ce pays est pourtant bien en Europe. Il revient donc à l’UE d’y jouer son rôle.  Le choix d’avoir missionné les trois ministres des principales capitales ­concernées (Berlin, Varsovie, Paris) donne enfin l’impression d’une Europe politique.

Si au lieu d’entendre le lamento quotidien des eurosceptiques, on proposait aux Français un autre discours ! L’Europe n’est pas la cause de nos maux ni l’instrument de destruction de notre identité ;  elle n’est pas non plus le relais de la mondialisation haïe ni la préceptrice exigeante de l’austérité, l’empêcheuse de dévaluer en rond et de croître… Osons dire que la crise des dettes souveraines est venue, non pas d’un trop d’Europe mais d’un manque d’Europe. Et si la zone euro commence à sortir du tunnel, c’est bien justement parce qu’elle a su mettre en place les mécanismes communs de soutien aux pays en difficulté. Un pas décisif vers une gouvernance politique partagée.

Le moment est historique.

En 2014, plus que jamais, l’Union européenne reste l’ensemble géopolitique indispensable pour que les petites nations à l’échelle du globe se serrent les unes contre les autres pour faire face à un monde redevenu sauvage, chaotique et dangereux, après la rupture des grands équilibres intercontinentaux nés de la dernière guerre. Plus fortes ensemble, elles pourront prétendre défendre leur idéal d’humanisme, unique sur la planète. Car, contrairement à ce qu’on croit, les valeurs européennes ne sont pas partagées : ni notre idéal démocratique, ni notre mode de vie, ni notre culture fondée sur une longue histoire commune. Au moment où les Etats-Unis se replient sur eux-mêmes, où la Russie de Poutine reste hantée par le fantôme de l’URSS, où le Japon renoue avec le nationalisme belliqueux, où la Chine prétend jouer le premier rôle, le modèle social européen ne peut être défendu qu’ensemble. Comme le dit Michel Rocard : « A l’horizon séculaire, seule l’Europe est à la taille ! ».

Il faut donc aller plus loin dans la construction européenne. Le moment d’une relance forte est venu. Car le moment est historique !  Et l’histoire ne passe pas deux fois les plats.

Un discours offensif.

Les cinq prochaines années seront déterminantes. Nous avons besoin d’une Europe plus démocratique, d’une Europe qui avance, mais aussi d’une Europe qui protège. Face aux menaces du monde, il n’y a pas de solution dans le repli sur soi qui soit couronné de succès. Au contraire, il faut persévérer dans la démarche unique qui en fait le laboratoire « d’une humanité réconciliée », qui conforte sa « valeur spirituelle », qui en fait  un « chemin de liberté ». L’Union peut être le modèle d’un nouveau type de croissance, appuyé sur la valorisation du capital humain, les énergies nouvelles, une industrie high-tech, une finance qui vise le long terme. Expliquons sans relâche que la « souveraineté partagée » n’est pas l’abandon de souveraineté mais le moyen de conserver une influence crédible dans le monde d’aujourd’hui. Les problèmes auxquels nous faisons face aujourd’hui ne tiennent pas au fait que nous soyons dans le même bateau que l’Italie, l’Allemagne ou l’Espagne, mais au fait que ce bateau dérive dangereusement, faute d’un pilotage approprié.

Vers une communauté politique et démocratique.

Le repli national aurait des conséquences irrémédiables pour notre prospérité comme pour notre réputation mondiale. Il ne s’agit pas de nier les défauts de conception de l’euro, ni les graves erreurs commises depuis sa création et les bricolages ont montré leurs limites. Cependant, il est trop facile de faire de l’euro un bouc émissaire, en disculpant ceux qui, depuis quarante ans, ont gouverné nos pays sans souci de l’avenir. Les raisons pour lesquelles nous avons créé la monnaie unique restent valables : la volonté politique de continuer à unir nos destins, à un moment où l’interdépendance globale s’accroît, la conviction que la monnaie unique, correctement gérée, constitue la condition de notre puissance collective. Mais le partage de souveraineté appelle un contrôle démocratique exigeant et mettre ce qui a déjà été consenti en accord avec des institutions encore trop opaques. Il ne s’agit ni de fédéralisme, ni de confédéralisme, ces vieux débats qui empêchent d’avancer. Il s’agit d’une démarche pragmatique qui consiste à avancer ensemble chaque fois que le besoin commun s’impose : gouvernance économique de l’euro, convergence fiscale et réglementaire, harmonisation progressive des marchés du travail, défense commune, contrôle des frontières… Dans tous ces domaines, les progrès de l’Europe sont les garants des progrès pour chacun des états membres. Les Parlements nationaux continueraient d’exercer le contrôle des gouvernements nationaux, et des budgets nationaux ; les décisions européennes seraient contrôlées au niveau européen.

Le moment est venu de faire avancer l’Europe, sinon, elle se défera.

A commencer par l’euro. Il est grand temps que nos partis politiques se réveillent au lieu de se contenter de suivre la pente sans foi de l’euroscepticisme. La constitution des listes pour les élections de mai, tous partis confondus, ne constitue pas le meilleur encouragement. Tout dépendra du discours qui sera tenu !

 


SI, L’AUSTERITE PAIE !

 

En France, toute une partie de la gauche et la droite souverainiste sont clairement contre une politique de rigueur de la dépense publique sous prétexte qu’elle annihilerait la croissance et déboucherait sur l’austérité et la récession.  Une manière de repousses aux calendes grecques tout effort de réduction des déficits et de réduction de la dette au profit d’une relance keynésienne de la consommation par un creusement de ceux-ci.

Le Portugal, et dans une moindre mesure l’Espagne, apportent une démonstration éblouissante du contraire. La cure d’austérité produit des effets au-delà de ce qui était attendu.

Le Portugal connait une reprise qui met tous les indicateurs dans le vert. Au prix d’une sévère cure d’austérité, la compétitivité a été restaurée. La sortie du plan de sauvetage, prévue officiellement le 17 mai prochain s’annonce sous les meilleurs auspices. Impensable il y a encore quelques mois, les économistes n’excluent pas une sortie « à l’irlandaise » du mécanisme européen de stabilité. La preuve en est son émission obligataire sur dix ans de 3 milliards d’euros a été souscrite la semaine dernière à plus de 9 milliards, avec un taux en baisse de 5%. Lisbonne boucle ses besoins pour 2014 !

Le pays a renoué avec la croissance depuis le 2ème trimestre 2013, le PIB regagne du terrain. La production industrielle est repartie, et le déficit commercial a été réduit de 15ù l’an dernier, avec une balance des paiements excédentaire. Les exportations de biens et de services ont bondi de 24% en trois ans. Les entreprises portugaises ont su se diversifier et gagner des parts de marché hors de l’UE.

Autre signal positif : la courbe du chômage s’est inversée depuis un an. Une recette miracle : elle s’appelle « com-pé-ti-ti-vi-té » !  Les recettes structurelles ont apporté plus de flexibilité sur le marché du travail, et la baisse des coûts, attire les entreprises étrangères. De ce point de vue, la politique des « goldens visas » a été un succès : depuis leur lancement en 2012, les « visas en or » ont permis de récolter 400 millions d’euros. Pour obtenir le sésame, il faut investir au moins 500 000 euros dans l’immobilier ou 1 million dans une entreprise. Plus de 90% des fonds vont dans la pierre. Le gouvernement vise maintenant un autre secteur : le tourisme pour valoriser les nombreux atouts du pays, avec les retraités européens pour cible privilégiée.

Le Portugal est en train de devenir un nouvel eldorado pour les retraités européens, au premier rang desquels, les Français. En faisant un paradis fiscal à leur intention, le Portugal espère un boom du tourisme résidentiel. Et l’immobilier, secteur naguère sinistré reprend des couleurs. Et vous savez ce qu’on dit : « quand le bâtiment va, tout va ! »

Voilà qui ferait rêver notre gouvernement et le Président, qui ont perdu leur pari sur l’inversion de la courbe du chômage, qui se trouvent empêtrés dans une négociation de marchands de tapis pour sortir la nouvelle usine à gaz qui servira de « pacte de responsabilité », et que les nouvelles venues aujourd’hui de Bruxelles auront fini de contrarier. La reprise est là en Europe, mais la France va continuer de se traîner,  et pire, la commission prévoit un nouveau dérapage. En clair, la France ne tiendra pas ses objectifs de désendettement avec un déficit qui restera à 4% cette année et 3,9 en 2015 au lieu de (respectivement) 3,6% et 2,8% !!! Personne ne sera surpris après la publication des chiffres de 2013. Les paroles lénifiantes de Moscovici n’y changeront rien.

L’Allemagne, elle, aura des finances publiques parfaitement à l’équilibre cette année comme l’année prochaine …

Il serait grand temps de changer de politique, et pas seulement en mots, car les maux, eux, continuent de s’accumuler. Au lieu de sauter les starlettes, « il » ferait mieux de prendre le taureau par les cornes !

 


UKRAINE : LE CHOIX CORNELIEN

Kiev

Une guerre civile à la frontière de l’Europe est en train de se développer en Ukraine, entre le gouvernement pro-russe, ses partisans et ses forces de répression  et la partie du peuple qui veut un rapprochement avec l’Union européenne. Les événements dramatiques auxquels nous assistons depuis quelques jours et qui s’aggravent d’heure en heure, sont pour elle un véritable casse-tête. On ne peut tout de même pas laisser un peuple se faire massacrer à notre porte, mais en même temps, il n’est pas non plus question d’un nouvel élargissement. Intervenir, oui, mais comment et surtout pour proposer quoi ?

Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, avait annoncé une trêve mais les violences ont repris de plus belle au coeur de Kiev où l’on compte des morts dans les deux camps chaque jour. La diplomatie européenne est pourtant très active. Elle risque cependant d’être prise de vitesse dans un contexte où les positions du pouvoir et de l’opposition se radicalisent.

Les « révoltés » accusent M. Ianoukovitch de s’être livré à une « provocation » quand il a délibérément violé une trêve dont il avait pris l’initiative. Cependant, des tirs ont tué des policiers, ce qui indique que les manifestants sont passés à la vitesse supérieure et espèrent créer un désordre tel que le gouvernement n’aura plus d’autre choix que d’organiser de nouvelles élections. Les actes de violence commis par les protestataires de tout bord qui occupent la place de l’Indépendance représentent une arme à double tranchant : d’une part, ils soulignent la détermination de l’opposition qui n’entend pas se soumettre à la force ; d’autre part, ils apportent un argument au pouvoir et à Vladimir Poutine, qui ne cesse de dénoncer l’ingérence des Européens et n’a pas hésité, il y a quelques jours, à parler de « coup d’État ». Car évidemment, rien ne se décidera en Ukraine sans l’accord du Kremlin.

La crise est aussi un piège pour Poutine.

La stratégie du président russe a toutefois ses limites : au moment précis où il espère recueillir des lauriers pour l’organisation des Jeux olympiques d’hiver à Sotchi, son crédit est fortement entamé, pour ne pas dire annihilé, par une crise qui se poursuit aux portes de la Russie dans un climat où lui-même et ses valets ukrainiens apparaissent comme des tyrans incorrigibles. D’une certaine manière, la menace de guerre civile augmente les chances de la diplomatie européenne, surtout si elle sait ménager Poutine, qu’on sait d’une susceptibilité extrême. En même temps, les trois mois d’émeutes ukrainiennes, qui ne sont pas cantonnées à Kiev, ont galvanisé l’opposition face à un régime que l’entêtement peut conduire à l’irréparable. Le résultat définira l’avenir de ce pays aux portes de l’Union européenne.

Une réunion des ministres français, allemand et polonais avec le président Ianoukovitch a été annulée, puis confirmée. Les envoyés européens n’ont pas caché à M. Ianoukovitch que les vingt-huit membres de l’UE (qui devaient se réunir un peu plus tard à Bruxelles), adopteraient des sanctions économiques contre l’Ukraine, qui se trouve déjà dans une situation économique dramatique. Pour les européens, le gouvernement ukrainien n’a pas d’autre choix que de procéder à des élections générales. Il reste à convaincre Wladimir Poutine de s’y résoudre.

Le président russe aurait tort de croire qu’il peut faire à l’Ukraine ce que la Russie a fait à la Tchétchénie. Les crises tchétchène et ukrainienne ne sont pas comparables. Il y avait un danger islamiste à Grozny dont Moscou s’est servi (à deux reprises) pour mater l’insurrection. Il n’y en a pas à Kiev et la crise ukrainienne se déroule sous les yeux du monde entier. Pour étouffer la voix de la contestation, le maitre du Kremlin devrait interdire l’accès du pays à tous les organes de presse, envoyer les chars russes et rééditer le coup de la Hongrie (1956) en asservissant le peuple ukrainien après un bain de sang. Ce n’est pas une perspective en phase avec la gloire olympique de Sotchi ni en accord avec les temps actuels. Il serait mis immédiatement au ban des nations avec un discrédit immense.

Seule l’Europe peut dénouer la crise.

Le rôle de la diplomatie européenne est donc essentiel, mais très délicat. Elle doit faire valoir les conséquences tragiques d’une répression seulement destinée à remplacer le glacis soviétique par la soumission à Moscou des pays anciens membres de l’URSS. En même temps, elle doit rassurer M. Poutine sur ses intentions : pour le moment, il ne s’agit pas d’englober l’Ukraine dans l’Union européenne ou dans l’OTAN. Le problème, avec le président russe, c’est qu’il voit la Russie comme un pays cerné de toutes parts par des démocraties parlementaires et qu’il lutte contre ce qu’il perçoit comme un isolement en essayant de maintenir l’influence russe dans l’immense zone autrefois occupée par l’Union soviétique. Il contrôle la Tchétchénie, il a soumis et démantelé la Géorgie, il ne laissera pas l’Ukraine, qui a une frontière avec la Pologne, tomber dans l’escarcelle de l’Occident.

Il sera très difficile d’empêcher une guerre civile sauf si on trouve le moyen de lui parler. Comme le dit Bruno Lemaire, Il faut maintenant passer à des décisions fortes. Il faut de la fermeté de la part de l'Union européenne et qu'elle s'inscrive dans la durée. Le déplacement des ministres français, allemand et polonais ne doit pas s'arrêter en Ukraine, mais se poursuivre jusqu'à Moscou où le gouvernement russe à un rôle important à jouer dans ce sujet grave.

Nicolas Sarkozy avait trouvé ce moyen pour arrêter la guerre en Géorgie. Qui aujourd’hui aura assez  de force de conviction et de talent pour lui faire entendre raison. Fabius ? sûrement pas. Angela Merkel, probablement… Rien n’est moins certain.

 


L’EUROPE EN 2014 : UNE REMONTEE EN PENTE DOUCE…

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Le chiffre : 3,87% 

C'est le taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne. La péninsule retrouve ses taux d'avant crise et c'est son plus bas niveau depuis 2010. Une embellie bienvenue pour un pays qui commence tout juste à voir la lumière au bout du tunnel.

 

En 2013, l'UE a commencé à sortir de la récession. 

Les premiers signes de reprise sont observés, encore faibles, mais nettement perceptibles. S'il est clair que la période est toujours très pénible pour nombre d'Européens, ces derniers ont néanmoins davantage de raisons de reprendre confiance et courage. Songeons qu’il y a encore peu beaucoup évoquaient un réel danger d'éclatement de la zone euro. En réalité, les pays utilisant l'euro ne sont pas moins nombreux et, à partir du 1er janvier 2014, il y en aura même un de plus puisque la Lettonie devient le dix-huitième pays à adopter la monnaie commune, preuve qu’elle attire toujours. Aujourd'hui, c'est le pays qui connaît la croissance économique la plus rapide de l'UE, alors qu’elle sort à peine d'une très profonde récession, avec le soutien d'un programme UE-FMI. L’autre pays qui ressort plus fort d'une phase d'adaptation très difficile est l'Irlande. Le programme de soutien triennal est arrivé à terme le 15 décembre, le pays s'étant résolument attaqué aux causes de l'effondrement catastrophique de son secteur bancaire et de son marché immobilier en 2008. Au troisième trimestre de cette année le nombre d'emplois créés en Irlande a augmenté le plus rapidement depuis 2007. 

Une stratégie qui finit par porter ses fruits. 

Les exemples de la Lettonie et de l'Irlande démontrent que la stratégie choisie par l'Europe pour surmonter la crise est efficace. Elle consiste essentiellement à faire preuve d'une plus grande solidarité en échange d'une plus grande solidité. Les États membres connaissant des difficultés financières ont reçu un soutien de leurs partenaires conditionné à un engagement sérieux de remédier aux déséquilibres accumulés, de mettre en œuvre des réformes et de placer leurs finances publiques sur une trajectoire viable. Le soutien de l'Europe a permis de faire en sorte que l'impact de la crise dans des pays comme la Grèce ou le Portugal soit beaucoup moins violent et douloureux qu'il ne l'aurait été autrement. Il y a aussi des signes encourageants ailleurs en Europe. En Espagne, le programme d'aide financière arrive à terme le 23 janvier. Le secteur bancaire est en cours de restructuration et d'importantes réformes économiques créent les conditions pour une reprise durable de la croissance et de la création d'emplois. Plus généralement, depuis l'été, une relance économique est en cours en Europe et il faut  espérer qu'elle va s'accélérer cette année. Les derniers chiffres relatifs au chômage montrent que la tendance s'inverse et il est encourageant de constater que les taux de croissance de l'emploi les plus élevés en Europe au troisième trimestre ont été enregistrés en Irlande et au Portugal. Cependant, dans une grande partie de l'Europe, le chômage reste à un niveau inacceptable.

En bref, les efforts déployés par les Européens pour surmonter la crise sont tous couronnés de succès. Il faut certes se garder de toute complaisance car il reste beaucoup à accomplir et il faudra encore faire des choix difficiles et persévérer. L'Europe peut s'attendre à voir la reprise économique s'accentuer au cours de l'année à venir et au-delà.

Une zone euro en convalescence.

Pour autant, dans la zone euro, la situation actuelle en matière de prévision économique pour l’année 2014 paraît très optimiste. Faiblesse du commerce international, dynamique déflationniste, attentisme des entreprises, faiblesse des progrès institutionnels au sud... La croissance de la zone euro sera plus proche de 1% que de 1,6%. En effet, ce que l’on a pu observer en 2013 et les différents indicateurs économiques sèment le doute sur la réalité d’une reprise économique significative en zone euro et notamment en France malgré les signes positifs constatés dans les pays du sud de l’Europe. La réduction des déficits publics continuera en France, mais aussi en Espagne, en Italie, au Portugal et partout ailleurs à l’exception de l’Allemagne. Cependant, la situation relative des banques et le niveau des taux d’intérêt bas est une situation plutôt favorable notamment à la France. Dans les pays du sud en particulier, les dynamiques divergentes menacent la stabilité économique des territoires. Ces pays doivent en effet mettre en place des politiques de baisse des prix pour avoir une inflation inférieure à l’inflation allemande avec le risque de développer une déflation contagieuse ce qui risque de déprimer la demande et empêcher justement que cela ait un effet positif sur l’activité. Ce phénomène peut conduire à une hausse de l’endettement public et donc une nouvelle défiance sur les obligations de ces pays entrainant une nouvelle hausse du taux nominal à 10 ans. On peut donc craindre un cercle vicieux. 

Le cas du Royaume uni ne doit pas faire illusion

Au prix d’une dévaluation de la Livre et de coupes drastiques dans les dépenses publiques, le gouvernement Cameron profite d’une croissance plus forte avec un succès réel sur l’emploi. Mais le Royaume n’a pas réduit sa dette et reste très dépendant de la reprise américaine. Si la croissance s’accélère, elle s’accompagne d’une hausse des prix notamment sur les produits énergétiques (dévaluation oblige) qui se répercute sur les prix à la consommation. Le revers, c’est que le britannique moyen ne voit pas la couleur de la reprise, certains ménages devant choisir entre « manger ou se chauffer »… comme quoi rien n’est facile. 

Si les coûts d’emprunt sont devenus abordables pour la plupart des pays de la zone euro, la part de l’endettement public par rapport aux revenus a encore augmenté partout en 2013, sauf en Allemagne. Cet endettement qui représente pour la zone euro 95,5% de la valeur de son PIB, s’alourdira encore à 95,9% en 2014. Le poids de la dette constitue un frein d’autant plus important à une franche reprise que le net ralentissement de l’inflation au cours des derniers mois accroit relativement les taux d’intérêts réels. Ce qui pourrait provoquer une nouvelle crise des dettes souveraines, selon les plus pessimistes. Mais, comme chacun sait, la dette publique augmente aussi au Japon et même aux Etats-Unis malgré la guérilla que mène le Congrès. Alors …

(à suivre : l’euro incontournable et irremplaçable) 

 


NOUS AVONS BESOIN DE L’EUROPE

Drapeaux européens

 

Au mois de mai prochain, nous voterons pour renouveler toutes les instances de l’Union européenne. Et on ne peut échapper à la question : « Que va-t-il arriver à l’Europe ? ». La question se pose d’autant plus qu’il faut bien se rendre à l’évidence : on n’entend pas le discours pro-européen. Par contre, les « anti » s’en donnent à cœur joie. Crise de l’Euro, taux directeurs, PAC, union bancaire, BCE, rôles du Parlement et de la Commission mécanismes de mutualisation de la dette, … il y a de quoi perdre son latin au quidam de base. L’Europe, c’est compliqué à expliquer et facile à dénigrer. Pourtant elle continue d’attirer à elle des peuples qui y fondent leurs espoirs : après la Slovénie, c’est la Lettonie qui vient de rejoindre l’Union. Mais pour ceux qui veulent la tourner en dérision, il suffira de préciser que c’est la Grèce qui vient de prendre la présidence pour six mois. Comment ne pas sourire ?

Certes, le marché européen n’est plus considéré comme dynamique mais il n’en demeure pas moins immense et il rassemble une population au pouvoir d’achat individuel élevé, notamment par rapport à d’autres pays dans le monde qui pourtant arborent des taux de croissance élevés tout en restant très loin derrière. Le continent européen est le premier investisseur étranger dans de nombreuses régions comme l’Asie du Sud Est, restant une référence par sa recherche de haut niveau et ses produits à haute valeur ajoutée. Cette réputation se traduit dans les nombreux transferts de compétence et de technologies opérés par les groupes industriels européens. Ceux qui le vivent comme une frustration ont tort. C’est quand l’inverse se produira qu’il faudra pleurer, car cela voudra dire que les Européens auront définitivement perdu la partie. Ces avantages comparatifs devraient au contraire nous dissuader de nous plaindre et encore plus, nous donner confiance dans l’avenir !

Le monde a besoin de l’Europe.

Les Européens doivent prendre conscience de la force de leur projet politique et se rendre compte qu’ils restent un modèle pour le monde depuis soixante ans.

N’est-ce pas la création de la Communauté économique européenne qui a inspiré dix ans plus tard la création de l’Asean, le marché commun de l’Asie du Sud-Est, qui a promu la prospérité économique et renforcé la stabilité politique de la région, comme c’est le cas pour notre continent ?

Et quand les Européens donnent naissance au projet industriel sans précédent qui permet de produire les avions Airbus, ce sont nos concurrents qui sont envieux et admiratifs !

Comme Luc Ferry, je tiens la civilisation européenne pour supérieure à toutes les autres, au moins en ce qu’elle est « la seule qui ait permis aux citoyens de sortir de l’enfance, d’accéder à l’âge adulte ». Il suffit de voir comment dans les « théocraties », les individus sont traités comme des mineurs, ces pays où des petites filles sont obligées de se marier avec des hommes mûrs qu’elles ne connaissent pas… L’Europe, c’est le contraire de cette horreur, c’est la civilisation de l’autonomie sur tous les plans, dans la vie politique, comme dans la vie culturelle ou affective.

Mais les civilisations sont mortelles, et l’Union européenne est l’infrastructure  indispensable à la survie de la nôtre. Si nous en revenons à la logique mortifère des nations refermées sur elles-mêmes, ce « vieux continent » que pouvait citer Villepin, le seul qui ait réussi à allier liberté et protection sociale, sera balayé par les vents mauvais des extrémismes de tout poil. N’oublions jamais que cet espace unique de liberté, qui inspire encore d’autres nations comme on le constate avec ce qui vient de se passer en Tunisie, doit sa spécificité à la naissance de Parlements où l’on s’est résolu à faire des lois par et pour les êtres humains, sans les faire découler de textes sacrés.

La France a besoin de l’Europe.

Dans le contexte de mondialisation, les leviers des politiques traditionnelles ne lèvent plus rien parce que nos politiques sont restées encore trop nationales. Cet écart explique pour une grande part l’impuissance publique. Le marché est mondial. Le nier ne sert à rien. Si nous voulons reprendre la main, nous Français, sur un cours du monde qui nous échappe chaque jour davantage, le détour par l’Europe est le seul chemin qui puisse nous redonner des marges de manœuvre. C’est aussi le seul moyen qui nous est offert de défendre et si possible étendre au reste de la planète les valeurs d’autonomie morale, politique et culturelle, ces valeurs auxquelles nous sommes attachés et que nous partageons avec nos partenaires européens, parce que c’est l’histoire commune de notre continent. C’est en défendant l’Europe que nous redonnerons du pouvoir à l’Etat, grâce à une souveraineté, partagée mais réelle.

Toutes les productions sont aujourd’hui fragmentées. Les éléments d’un Airbus, par exemple, traversent plusieurs pays où ils sont progressivement transformés avant d’arriver au montage final. Cette économie intégrée concerne d’abord l’espace de l’Union, elle en dépasse souvent les limites. Ce qui veut dire que la sauvegarde de notre industrie passe par plus d’intégration dans la mondialisation et non le contraire. L’espace de l’Union européenne constitue alors la zone idéale pour faire tampon  et faciliter l’ouverture au reste du monde. Sans lui, la tâche de nos entreprises serait infiniment plus difficile.

Comme pour la mondialisation, l’Union européenne pose des problèmes d’ajustements et d’adaptation, mais elles seules nous offriront l’opportunité de sauvegarder et de créer  des emplois de haut niveau.

A l’heure où la crise finit d’impacter l’ensemble de l’économie mondiale, un besoin pressant de stabilité et de leadership se fait sentir. L’Europe doit y prendre part, pour elle-même mais aussi pour le monde. C’est dans ce contexte et seulement celui-là, que la France pourra faire entendre sa voix.

Le chemin peut paraître compliqué et malaisé. Tous les autres sont pires !

 


RENCONTRE AVEC ALAIN LAMASSOURE

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Interview publiée sur le site du Parlement européen à la suite de l'adoption du rapport d'Alain Lamassoure sur les relations entre le Parlement européen et les institutions représentant les Etats membres le 20 décembre ;

Le Parlement européen vient d'adopter une résolution sur les relations du Parlement européen avec les institutions représentant les gouvernements nationaux. Alain Lamassoure, rapporteur (PPE-FR), président de la commission des budgets, membre suppléant de la commission des affaires constitutionnelles du Parlement européen, fait le point sur les avancées réalisées grâce au Traité de Lisbonne. 

1) Quatre ans après l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, quel bilan dressez-vous de son application ?
La réforme de la procédure législative est une réussite : le Parlement joue pleinement son rôle de codécideur et la négociation avec le Conseil se passe bien puisque, dans 80% des cas, elle aboutit dès la première lecture. Transparence efficacité, démocratie : bravo !

En revanche, la création d'un Haut-Représentant et d'un service d'action extérieure n'ont pas encore donné à l'Union la valeur ajoutée attendue dans ses relations extérieures.

Ma plus grande déception vient toutefois de la sous-utilisation par tous les acteurs de la riche boîte à outils que représente le traité. Les compétences nouvelles sur l'énergie ou l'immigration sont presque ignorées. Les coopérations renforcées n'ont été mises en œuvre que de façon très limitées. Le traité de stabilité budgétaire était juridiquement inutile : tout au long de la crise de la dette, le Conseil européen a perdu beaucoup de temps à réinventer la roue. Quant à la défense, aucun gouvernement, aucune institution, n'ont proposé de recourir à la procédure de coopération permanente structurée, alors que le besoin devient criant et que le soutien des opinions publiques est massif dans ce domaine.

2) Comment expliquer l'extension du rôle du Conseil européen - alors même que, selon le traité, il n'exerce pas de fonction législative - au détriment du Parlement européen ?
Le traitement de la crise de la dette rendait l'intervention du Conseil européen inévitable : les remèdes dépendaient d'abord des moyens nationaux, et le mal venait de certains des États membres. Malheureusement, à partir de là, le Conseil européen a pris l'habitude d'évoquer des problèmes qui ne sont pas de son niveau, au détriment de sa fonction d'orientation politique générale.

3) Le Traité de Lisbonne avait vocation à rendre l'Union européenne plus démocratique...Peut-on dès lors parler d'un échec ? Que préconisez-vous pour y remédier ?
Échec ? Non. J'ai déjà évoqué la réussite du rôle du Parlement. Il faut aussi mentionner la procédure très novatrice de l'initiative citoyenne : une quinzaine sont en cours, sur des sujets très divers, mobilisant des millions de citoyens. Et surtout, la disposition majeure en l'espèce n'a pas encore eu l'occasion de s'appliquer : c'est votre question suivante.


4) Votre rapport indique une échéance cruciale : les élections européennes de mai 2014. Pour la première fois les citoyens choisiront le président de la Commission à travers l'élection de leurs députés... Y a-t-il aujourd'hui une réelle volonté politique de faire aboutir cette nouvelle disposition ? 
Oui : tous les partis politiques européens sont obligés de jouer le jeu, et ils s'y engagent. Les socialistes ont désigné leur candidat dès le début d'octobre. Les libéraux-démocrates, les Verts et le PPE vont suivre. Cela veut dire qu'en 2014 l'Europe disposera d'une personnalité forte de la légitimité donnée par le vote de 500 millions de citoyens. Certains des membres du Conseil européen tordent le nez, mais la logique démocratique sera irrésistible.

 


L’UNION BANCAIRE DE L’UNION EUROPEENNE : UNE REVOLUTION

Euro

L’Europe financière c’est 128 banques de la zone euro sous la surveillance de la BCE et 6 000 sous surveillance indirecte. Près du tiers des actifs des 128 banques sont d’origine française. C’est dire que les enjeux sont d’importance.

Une union devenue une réalité.

L’union bancaire est une réalité depuis le dernier sommet européen. Elle constitue l’étape d’intégration financière la plus importante du vieux continent depuis la création de l’Euro, le 1er janvier 1999. Donc, pour les 6 000 banques de la zone euro, la révolution fédérale a commencé et dès l’automne 2014, elles ne dépendront plus pour leur surveillance au quotidien de leurs superviseurs nationaux mais de la Banque Centrale Européenne.

Ce transfert de souveraineté est historique. Il a été réclamé par le président de la BCE, Mario Draghi, en juin 2012, en pleine crise financière espagnole. En effet, pour éviter que l’Espagne ne coule sous le poids de ses banques, il fallait rompre le cercle vicieux entre les banques et les états, ce qui exigeait des transferts financiers entre Etats. Le prix à payer en fut le sacrifice de la souveraineté bancaire que les pays du sud acceptèrent par nécessité.

Jusqu’ici, quand une banque avait un grave problème son Etat d’origine la recapitalisait à grands frais pour le contribuable ou la nationalisait. Avec l’Union bancaire, ce n’est pas seulement un pouvoir centralisé à Francfort, c’est surtout un mécanisme de résolution des crises bancaires, qui organise la mise en faillite d’une banque en protégeant les déposants et les contribuables, en ayant recours si besoin à un fonds européen. C’est en soi une véritable révolution financière en Europe !

Si cette formule avait existé, l’Irlande n’aurait pas mis son Etat en quasi faillite en 2010 pour sauver ses banques, avec à la clé un humiliant plan de sauvetage dont elle vient tout juste de sortir.

Un mode d’emploi commun.

D’ici à 2016, les Etats européens disposeront d’un mode d’emploi commun de « mise en faillite ordonnée » d’une banque, leur imposant de faire payer d’abord les actionnaires et les créanciers privés avant de mettre de l’argent public dans le circuit. Et toutes les banques de la zone euro seront soumises au même régime strict, le sauvetage d’Etat devenant l’exception jusqu’à ce que se mette en place un fonds commun, abondé par les banques elles-mêmes : 55 milliards d’euros d’ici dix ans. Ce laps de temps étant nécessaire pour sa montée en puissance. C’est une forme de solidarité financière inédite, à laquelle les Allemands ont consenti sans exclure à terme un filet de sécurité avec de l’argent public.

Pour les marchés, c’est un signal de plus très important qui consolide la pérennité de la monnaie unique, après la déclaration de Mario Draghi au plus fort de la crise, selon laquelle tout serait fait pour sauvegarder l’euro.

Dernière nouveauté, et non la moindre : la zone euro elle-même sera pourvue d’une autorité unique de résolution. Ce pouvoir ne sera pas donné à la BCE mais à la Commission Européenne selon des modalités techniques probablement perfectibles.

Une « souveraineté partagée » de plus.

Les « anti Europe » y verront un abandon de souveraineté de plus. C’est une caricature. Il est plus juste de parler de « souveraineté partagée », au plus grand bénéfice de tous les contribuables des pays de la zone euro. Une preuve s’il en était besoin qu’unis nous sommes plus forts. Grâce à cette forme de mutualisation du risque, le système bancaire européen gagne en stabilité, ce qui renforce évidemment la solidité de la monnaie commune.

Le Parlement européen vient d’approuver la nomination de la Française Danièle Nouy à la tête de la supervision unique des banques de la zone euro.  Elle vient de prendre ses fonctions à Francfort. De quoi satisfaire l’ego cocardier des patriote intransigeants et calmer les esprits chagrins qui crient à l’hégémonie teutonne. Avec un Italien à la tête de la BCe et une Française à la supervision, nous voilà rassurés, non ?

Comme on le voit, les chemins de l’Union sont toujours malaisés et compliqués. Mais pour les pays qui la composent, tous les autres sont pires. Vive l’Europe !


L’EUROPE A RECULONS DE HOLLANDE

Voilà un excellent discours prononcé au nom du Groupe PPE par Alain LAMASSOURE, lors du débat du Parlement européen avec François Hollande, à Strasbourg le 5 février 2013. Il permet de comprendre pourquoi le compromis adopté à Bruxelles et auquel la France s’est soumis, n’est pas bon.

Alain Lamassoure

« En Europe, la France est un pays normal, mais ce n'est pas un État ordinaire. Et dans cette période d'incertitude, l'Europe attend deux choses d'elle.

I - D'abord, qu'elle soit exemplaire chez elle ! Qu'elle honore les engagements qu'elle a pris. Qu'elle joue en harmonie dans le concert européen. Elle en a accepté la partition commune et l'Europe vous en est reconnaissante. Mais cette partition, votre gouvernement l'exécute avec de curieuses dissonances. Et là l'Europe s'étonne.

Quand la durée de la vie s'allonge, la France d'aujourd'hui rajeunit l'âge de la retraite, entre 62 et 60 ans. Quand la fiscalité, partout, est mise au service de la course aux emplois, aux capitaux, aux talents, la France donne l'impression d'imposer toutes les formes de réussite, et même de punir ceux des salariés qui osent travailler plus de 35 heures par semaine. Ses partenaires taillent dans les dépenses administratives à la hache : la France s'y attaque avec une lime à ongles. Son gouvernement s'est engagé à ne pas réduire d'un seul, pour les 5 prochaines années, le nombre de ses 5 millions de fonctionnaires.

Alors, dans la 2ème puissance économique de l'Union, en ce moment même, la production s'arrête, les usines ferment, le chômage augmente, les talents s'en vont. Et l'Europe s'inquiète.

II - On attend aussi de la France qu'elle éclaire la voie de l'Europe, avec ses partenaires les plus engagés. Vous l'avez fait au Mali, Monsieur Le Président, le Parlement européen l'a salué. Cela suppose une condition : la France n'est écoutée que lorsqu'elle propose une vision pour toute l'Europe, au-delà de ses seuls intérêts nationaux immédiats. C'est ainsi que tous vos prédécesseurs ont joué un rôle clef dans les grandes étapes de l'aventure européenne.

L'Europe a désormais ses institutions, ses compétences, ses droits fondamentaux, sa monnaie, ses disciplines communes, son gouvernement économique. Ce qu'il nous faut maintenant inventer ensemble, c'est son modèle de solidarité.

Votre chance, c'est que c'est maintenant qu'il nous faut décider du budget européen jusqu'à la fin de la décennie. Notre malheur, c'est que, à ce jour, de l'aveu même du Président Van Rompuy, autour de la table du Conseil, personne ne défend l'Europe. Chacun ne parle que de lui.

On le voit bien sur les montants. La seule question qui se pose est de savoir si, en 2020, le budget européen sera redescendu au niveau où il était en 2007, avant la crise financière, ou à son niveau de 2004, avant le grand élargissement à l'Est.

Vous avez convaincu le Parlement européen : il vous reste à convaincre le Président de la République française.

Certes, le Royaume Uni a un droit de veto. Mais la France aussi. Mme Thatcher l'avait aussi, et elle n'était guère fédéraliste. Seulement voilà : François Mitterrand et Helmut Kohl aimaient l'Europe et ils se sentaient responsables de l'Europe. Ils ont su accommoder la Dame de Fer, tout en doublant les fonds régionaux.

Sur les priorités européennes, vous l'avez dit nous en sommes d'accord, la valeur ajoutée d'un budget européen, c'est de nous permettre d'atteindre la masse critique là où la mondialisation la rend nécessaire : les grands investissements d'avenir, d'un côté, et l'influence de l'Europe dans le monde - "peser sur le destin du monde" avez-vous dit - de l'autre. 

Alors, tremblez, concurrents d'Asie ou d'Amérique ! Tremblez terroristes de tous les continents ! La proposition qui est mise sur la table affecterait à la recherche européenne 8/10 000è de PIB, et 7/10 000è à son action extérieure. Et la France, en coulisses, s'emploie ardemment à raboter encore ces chiffres pour améliorer son retour comptable. 

Au moins, ce budget sera-t-il équitable ? Dans votre discours d'investiture, à Paris, vous avez dit que la justice, l'équité, serait le premier critère de toute votre action. 
Voilà une occasion de mettre ce principe en pratique. Car le système actuel de financement de l'Union est le plus injuste qui soit : 5 des pays les plus riches paient relativement moins que les 10 pays les plus pauvres qui sont tous des nouveaux membres. Le Parlement a proposé une réforme d'ensemble, fondée sur de nouvelles ressources propres. Et la France en retient le principe et elle se bat. Mais elle se bat surtout pour plafonner sa propre contribution - donc, pour aggraver la charge des pays pauvres !

Du côté des dépenses, la potion magique qui est concoctée secrètement par les alchimistes du Conseil européen aboutirait à réduire, je dis bien à réduire, pour les sept années qui viennent, les fonds de cohésion alloués, par exemple, à des pays comme la Grèce, le Portugal, l'Espagne, la Hongrie. Jamais ces pays n'ont eu autant besoin de l'Europe. Jamais ils n'ont autant souffert. Jamais ils n'ont fait autant d'efforts. Et c'est maintenant qu'on déciderait de les aider moins ? Silence, les pauvres ! De toute façon, ils n'ont pas les moyens politiques de dire "non".

M. le Président, accepter un compromis élaboré sur de telles bases, ce serait prétendre faire l'Europe de la solidarité, à commencer par l'Europe sociale, pendant toute la durée de votre mandat, avec le budget européen de M. Cameron. 
Quel socialiste pourrait-il l'accepter ?

Le groupe PPE, lui, ne l'acceptera pas. »

Alain Lamassoure est président de la commission des budgets au Parlement européen. A la suite du sommet de Bruxelles, il a recommandé de ne pas accepter l’accord en l’état : « Je recommanderai au Parlement de remettre en cause les résultats autant que la méthode". 



NOCES D’OR

Amitié f a  Amitié f a 3


« Ce cher vieux couple » aurait pu dire le Général, à propos de la réconciliation qu’il avait voulue et concrétisée par le traité de l’Elysée. Il a en effet tenu, malgré les vicissitudes des temps, résistant aux changements de partenaires, connaissant même des moments d’extase avec la relation Schmidt-Giscard. Avec des temps forts aussi : personne n’a oublié ces deux hommes se tenant la main devant les « morts de Verdun », Khöl-Mitterrand, rappelant la complicité De Gaulle-Adenauer. Heureusement qu’il n’en a pas été comme de ces ménages modernes qui, au premier coup de tabac, explosent et se disloquent.

Une belle histoire.

Célébrer les « noces d’or » de relations de paix et de coopération, c’est déjà une belle victoire pour deux peuples qui se sont tant haïs entre la fin du XIXème siècle et le milieu du XXème. Mais aujourd’hui, il s’agit moins de célébrer le traité de l’Elysée que de relancer l’Europe. L’intérêt du partenariat franco-allemand, c’est d’embrayer sur l’Union européenne afin d’entraîner le reste de l’Europe. Giscard et Mitterrand l’avaient compris. Leurs successeurs paraissent l’avoir un peu oublié.

La relation franco-allemande est aujourd’hui à mi-chemin entre un rituel un peu ridé  et la célébration de succès réels mais la plupart du temps arrachés de haute lutte. Les images des cérémonies prévues à Berlin nous donneront le change. Retournant l’invitation faite par le président Jacques Chirac il y a dix ans à Versailles, Angela Merkel, son gouvernement, le Bundestag et le Bundesrat vont recevoir en grande pompe le président François Hollande, l’ensemble des ministres français, plus de 500 députés et les sénateurs : faire une session commune entre deux parlements étrangers, c’est unique au monde.

Des relations compliquées mais nécessaires.

Seulement l’apparat ne suffit pas, il y faut aussi la « chaleur » et la confiance. Le télescopage avec les hésitations d’Angela Merkel sur l’attitude à adopter au Mali renforcera leur idée que le fossé reste grand entre les deux rives du Rhin sur les sujets essentiels comme la sécurité. Pourtant, le pessimisme qui flotte sur l’amitié franco-allemande est excessif. Depuis un demi-siècle, les relations ont été compliquées et les compromis difficiles à accoucher. Ni la réunification, ni la monnaie unique, ne se sont faites dans la félicité. Mais elles sont là. La période actuelle ne déroge pas à la règle, ce qui n’a rien d’extraordinaire compte tenu des deux chocs majeurs et concomitants que sont la crise et la perte par l’Occident du monopole de la puissance économique. Des accords ont été trouvés, trop laborieusement peut-être, pour aider la Grèce puis conforter la BCE. A l'inverse le parfait amour filé entre Gerhardt Schröder et Jacques Chirac pour s’affranchir du Pacte de Stabilité a ouvert la voie aux exigences des petits pays et à l’endettement public accru de la France. Ainsi va la relation franco-allemande, tendue, concurrentielle, parfois cruelle, le plus souvent conflictuelle, et pourtant ­condamnée au compromis au service de l’Europe.

Il n’empêche, cette relation particulière a pris ces dernières années un tour différent, plus réaliste, moins lyrique. D’un côté, l’Allemagne a mûri. Elle a tourné, une fois pour toutes, la page de l’après-guerre et abandonné cette mauvaise conscience qui la poussait souvent à faire passer la volonté des Européens ou de la France avant la sienne. Cette époque est révolue : Angela Merkel défend d’abord les intérêts de l’Allemagne. Le pays est fier de son modèle économique qui lui a permis de traverser la crise sans grand tourment. Pendant le même temps, chez nous, l’économie a décroché. Dix ans d’immobilisme et d’insouciance valent à la France d’importantes pertes de parts de marché, la fermeture de sites industriels et la poussée du chômage. A 10,5 %, le taux français est deux fois plus élevé qu’en Allemagne. Un décrochage qui inquiète Berlin, persuadé que si la France chavire, après l’Italie et l’Espagne, c’est l’Union européenne entière qui sombrera.

Il faut un nouveau souffle. 

Vraiment, ce qui manque à la relation franco-allemande, c’est l’ardeur et la prospective.

L’ardeur : on ne peut que constater que les élites des deux pays sont moins attachées que les générations précédentes à cette relation particulière. L’habitude crée la routine.

La prospective : depuis l’euro, l’objectif poursuivi, n’est pas clairement défini. Il existe, mais on n’est pas certain que les deux peuples y adhèrent. Le rapprochement économique et fiscal voulu par Sarkozy a été perdu de vue. Alors, du coup, « Le but, c’est le chemin », pour dire que chaque pas trace une route. La France et l’Allemagne ont néanmoins besoin de dire à leurs opinions quel est le « but » poursuivi, pour leur couple, mais aussi pour l’Europe entière. Si c’est si difficile, c’est que les deux pays fonctionnent toujours très différemment. En Allemagne, le consensus porte sur la compétitivité et des finances publiques stables. En France, sur la politique sociale.

Poursuivre un but commun, c’est mieux quand on marche du même pas ! Cette célébration aura été utile si nos dirigeants respectifs en prennent conscience. Car quoi, sans le couple franco-allemand, l’Europe n’a pas de moteur digne de ce nom. On le voit bien avec l’attitude actuelle de la Grande Bretagne. Les seules questions qui vaillent : veut-on compter dans le monde ? Peut-on le faire sans l’Europe ?

Tout est dit.

Vive l’amitié franco-allemande !

 


LE « VIEUX » CONTINENT.

 

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L’Europe n’a jamais aussi bien portée son nom. Mais on devrait dire le continent des « vieux ».

L’évolution démographique est un enjeu majeur de transformation des sociétés européennes.

A première vue, les différences entre la France et l’Allemagne sont frappantes à cet égard. La population française croît, celle de l’Allemagne décline. Mais le vieillissement de la société ne peut pas être enrayé, ni en Allemagne ni  en France. Nous vivons tous plus longtemps et en meilleure santé. C’est la plus grande réussite de la civilisation de l’histoire contemporaine. Ce qui nous oblige à faire face aux répercussions sociales et économiques de cette évolution démographique et trouver des solutions pour l’atténuer à l’aide de mesures économiques. La réduction drastique de la dette qui nécessite le démantèlement d’un Etat providence exorbitant fait partie des nécessités et est inéluctable.

La tâche est cependant rendue difficile parce que l’économie européenne est plus que jamais divisée en deux mondes qui ne partagent ni les mêmes résultats ni les mêmes perspectives, comme le montrent les derniers chiffres du chômage et l’indice de confiance économique publiés au début de la semaine. Si le chômage a atteint un record historique, à 11,8 % en novembre c’est à cause de l’explosion des destructions d’emplois dans la partie sud de l’Union européenne : en Espagne, qui subit, après la Grèce, la plus forte dégradation sur un an et où le taux de chômage atteint 26,6 %, mais aussi au Portugal (16,3 %) et à Chypre (14 %). La violente cure d’austérité à laquelle ces pays ont été soumis se paie aujourd’hui très cher sur le plan social.

Néanmoins, il s’agit avant tout d’engager une dynamique de croissance à l’échelle européenne.

D’ailleurs l’OCDE indique sa préférence pour moins de coupes dans les dépenses publiques à court terme et plus de réformes structurelles, visant à libéraliser l’économie et notamment le marché du travail. Nous avons besoin de croissance pour que les générations futures aient autant de marge de manœuvre que possible et pour atténuer les luttes à venir quant à la répartition des richesses. La pénurie de main-d’œuvre pourrait poser de grandes difficultés à cet égard : en Allemagne, à cause du recul de la population active ; en France, à cause de l’exploitation déficiente des réservoirs de main-d’œuvre existants. Les mots-clefs de cette problématique sont « préretraite » et « intégration insuffisante des immigrants dans la vie active ». L’espoir que les problèmes liés au marché de l’emploi seront résolus grâce à une immigration supplémentaire ne peut que partiellement apaiser la situation.

Grâce à un système de garde d’enfants, les Françaises parviennent visiblement à mieux concilier travail et vie familiale que les femmes vivant dans d’autres pays, comme en Allemagne. Ainsi, la population française devrait dépasser celle de l’Allemagne d’ici la moitié du siècle. Cependant, même si l’on considère que les familles et les enfants jouent un rôle déterminant dans la société, même si des aides financières supplémentaires sont débloquées et même si le nombre d’infrastructures de prise en charge des enfants s’accroît, la croissance démographique allemande peinera à augmenter de façon significative. Les obstacles démographiques y sont trop importants, tout simplement parce que de nombreuses mères, qui auraient pu mettre au monde de nombreux enfants, ne sont pas nées.

Les plus optimistes veulent voir dans le redressement progressif de l’économie américaine et la légère reprise de l’activité chinoise une planche de salut pour la zone euro. Le moral des chefs d’entreprise et des consommateurs s’améliore d’ailleurs, tranchant avec les résultats du chômage. D’autres prévisionnistes se montrent plus prudents en rappelant que les commandes industrielles allemandes ont chuté en novembre à cause de la faiblesse de la demande dans la zone euro. Les ventes au détail, en hausse de 0,1 % en novembre, laissent les ventes en deçà de leur niveau de l’année dernière.

Le vieillissement des sociétés n’a rien de menaçant si nous changeons de cap à temps.

De nombreuses ressources pour la croissance et l’emploi sont encore inexploitées. Nous devons seulement comprendre qu’une époque touche à sa fin.

L’Europe peut assumer ce choc démographique.

Mais la France et l’Allemagne doivent, pour des raisons différentes, aider davantage les individus qui se retrouvent toujours jusqu’à maintenant plutôt en marge du marché du travail : les femmes, les jeunes, les jeunes seniors et les immigrés.  

Les femmes : en plus de la question de la conciliation de la vie de famille et du travail, l’une des premières priorités est la question d’une égalité accrue des chances. Aujourd’hui encore, trop de femmes tournent le dos à leur carrière professionnelle en dépit d’excellentes qualifications. Nous ne pouvons plus nous permettre ce gaspillage de potentiel.

Les jeunes : Dans le chômage qui traverse l’Europe et touche maintenant près de 26 millions de personnes (18,7 pour la zone euro), la jeunesse est en première ligne, et particulièrement en France où plus de 500 000 jeunes sont sans emplois. La libéralisation du marché du travail est une clé importante pour leur intégration, mais il faut aussi faire un gros effort de rééquilibrage des formations vers celles qui valorisent l’apprentissage professionnel. Autrement dit une révolution intellectuelle que les allemands n’ont pas à faire, ayant opté pour cette solution il y a très longtemps. L’accord à minima qui vient d’être signé entre les partenaires sociaux va dans le bon sens. Il n’est pas suffisant.

Les jeunes seniors : l’espérance de vie augmente, entraînant un accroissement rapide de la durée de la troisième période de vie. Plus de personnes âgées perçoivent leur retraite sur une période de temps plus longue. Dans le contexte de la crise persistante sur les marchés financiers et de la difficile consolidation des budgets nationaux, il est de plus en plus difficile de protéger financièrement les générations plus âgées. La solution est évidente : les salariés plus âgés doivent travailler plus longtemps. L’âge de la retraite à 67 ans devra encore être probablement repoussé. Cela n’a rien de menaçant si l’on sait qu’il est important d’avoir un esprit vif et un corps alerte pour vivre longtemps. La France ne tirerait pas profit de son avantage démographique si un retour à la retraite à 60 ans était décidé. Et l’Allemagne doit maintenir sa décision de fixer l’âge de départ à la retraite à 67 ans.

Les immigrés : la part de personnes issues de l’immigration dans nos sociétés est importante ; en France, elle est même de 20 %. Les difficultés, pour l’évolution économique à venir, seraient moindres si dans les deux pays les offres d’intégration étaient plus courageuses et si le niveau de qualification des enfants issus de l’immigration était sensiblement amélioré. Le potentiel pour la croissance est immense à ce niveau également.

Les nouvelles frontières du projet européen : un moyen de relever le défi du vieillissement.

Maintenant que le péril de l’explosion est conjuré, avec les avancées d’intégration significatives que sont le traité de stabilité et le fonds monétaire commun (MES), l’Europe peut chercher à atteindre une nouvelle frontière, effort indispensable pour surmonter la faiblesse du vieillissement de sa population : Europe sociale, Europe des citoyens, Europe de la connaissance, Europe de la défense et de la diplomatie, Europe de la recherche et de la technologie, … sont encore embryonnaires et à concrétiser. Pour développer son économie et influer sur les affaires du monde, il est évident qu’une souveraineté partagée, comme nous avons su le faire pour la monnaie, est une souveraineté retrouvée.

Face au monde globalisé d’où émergent les nouvelles puissances économiques et politiques, nos souverainetés nationales isolées ne peuvent rien. C’est ainsi que nos valeurs auront une chance de se maintenir et nos pays de retrouver la prospérité.

 


POURQUOI IL EST IMPORTANT DE BAISSER LES CHARGES PATRONALES.

 

Baisse des charges bis

                             Le transfert des charges patronales de la politique familiale sur 1,6 point de TVA, même s’il ne règle pas tout, est calculé pour remettre nos entreprises industrielles au niveau des allemandes. C’est important, voir même primordial si on veut relancer une production nationale. Et le point de comparaison choisi n’est pas le fait du hasard : notre voisin est notre premier fournisseur et est de moins en moins notre client. D’autant plus si l’on veut accentuer les « convergences » en matière de fiscalité des entreprises.

Le coût du travail en France a perdu son avantage compétitif. Le coût horaire de la main-d’œuvre a progressé plus vite chez nous qu’en Allemagne au cours des dix dernières années. Il est de 35,71 euros/ heure contre 34,94 outre-Rhin.

La question du coût du travail est un facteur de compétitivité considéré comme particulièrement important dans les entreprises. Un rapport signé du patronat (Medef, CGPME, UPA) et de trois syndicats (CFDT, CFTC, CGC) soulignait au début de l’été dernier la " dégradation de la compétitivité salariale en France par rapport à la moyenne de la zone euro entre 2000 et 2010 ". Par rapport à l’Allemagne, le rapport évalue la dégradation à 20% dans le secteur marchand ou la seule industrie, en tenant compte de la productivité. Quand on sait que les exportateurs allemands sont les principaux concurrents des Français, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi nous avons perdu des parts de marché.

Un coût du travail élevé n’est supportable qu’avec un niveau de gamme élevé, ce qui n’est pas le cas en France. Les produits que nous vendons sont devenus en moyenne trop chers par rapport à leur qualité.

Les secteurs industriels directement exposés à la concurrence internationale ont peu bénéficié des exonérations de charges ciblées sur les emplois peu qualifiés au SMIC. Voilà pourquoi Nicolas Sarkozy entend cibler les efforts sur les salaires intermédiaires, afin de conforter l’industrie. C’est cohérent.

Plus cohérent que le projet de François hollande qui tourne le dos à la croissance avec des prélèvements en plus et surtout qui augmentent le coût du travail.

Agir seulement sur le coût du travail ne serait évidemment pas suffisant. C’est pourquoi, en même temps est proposé un renforcement de l’accès au crédit à travers une banque spécialisée s’appuyant sur OSEO et le FSI, pour faciliter les investissements et mieux accompagner les projets.

Les prochaines années seront cruciales si l’on veut que la France retrouve ses marges de manœuvre de pays industrialisé. L’Etat a un rôle déterminant à jouer pour protéger, soutenir et développer l’industrie nationale. Les enjeux sont plus souvent politiques qu’industriels à proprement parler. On le voit bien avec les ventes d’Airbus ou du Rafale. Ensuite, il faudra agir au niveau européen car, face aux Etats-Unis, au Japon, aux pays émergents qui comblent rapidement leur retard technologique, il est important de développer une stratégie communautaire, en recherchant une solidarité et une cohérence autour de produits « made in Europe », et surtout en menant une politique de protection de l’espace européen face à une concurrence extérieure qui ne met pas de gants.

Il s’agit de savoir ce que nous voulons pour l’avenir de notre pays et quels moyens nous sommes disposés à prendre, sans se laisser intimider par le soupçon de faire du « nationalisme industriel »… Si vous voyez ce que je veux dire !!!