HISTOIRE

REPERES

Longue vue 2

Dès fois que ça  vous aurait échappé ...

Covid19 : non content d’avoir plombé les  bourses,  le  coronavirus,  par l’extension de la pandémie à 40 pays sur la  planète est en train de  planter  la croissance  mondiale.  L’économie chinoise est toujours à l’arrêt, la Corée  du Sud panique,  l’Italie  du Nord, cœur de l’industrie italienne est touchée. La  France,  avec son médiocre 1,2% de  prévision n’avait pas  besoin de ça.  Affaire  à suivre !

Inépuisable Dati : rien ne l’arrête et elle est en train de faire une belle démonstration !  Connaissance du terrain,  projet  concret et réaliste, sincérité et compétence et surtout loyauté et franchise.  Voilà les valeurs que  j’aime. Hier  c’était François Baroin qui était  à ses côtés, aujourd’hui, c’est Xavier  Bertrand,  le  4 mars c’est le « boss » en personne,  Nicolas  Sarkozy qui viendra  lui prêter main forte.  Elle fait l’union et  elle commence à faire  peur. La preuve Hidalgo commence  à ressortir les slogans éculés : « le  retour en arrière ». Si c’est vers plus de  propreté et de sécurité,  les  parisiens ne s’en plaindront pas !

« Vous n’êtes rien » : réplique du rapporteur du projet  de loi sur les  retraites, à ses opposants  dans l’hémicycle.  On a  le  droit d’être  agacé par  l’obstruction systématique de LFI et du PC, on a  le droit d’être fâché par les amendements de  bon sens des LR, qui ont réussi à en faire passer  deux.  Mais on ne dit  pas à la  représentation nationale qu’elle est  « rien ».  Mépris hautain de  la   démocratie ! Du pur macronisme.

L’opposition responsable : dans ce débat, Les républicains s’illustrent par leur   projet réaliste, fiancé et  responsable, face à l’arrogance et à l’obstruction systématique. Ils  élèvent  le débat   et proposent de sortir par le haut en ajournant la discussion jusqu’à la fin de la conférence de financement. Mais la majorité  reste sourde.

Le compte n’y est pas : le dernier rapport de  la Cour des Comptes  n’est pas tendre avec l’exécutif.  La politique de réduction des dépenses est à l’arrêt, contrairement  aux objectifs  qui étaient affichés. Elle est rejointe par  la Commission européenne qui s’alarme du creusement de la dette  française.  Le Maire s’engage à réduire les dépenses publiques : une nouvelle   promesse de Gascon.

Froid : le temps est  détraqué. Mais pas qu’en météorologie. Entre le   gouvernement et les Régions, les relations fraîchissent. En cause,  l’annulation de la  participation du Ministre de l’Agriculture,  Didier Guillaume, à une conférence organisée par les Régions à l’occasion du salon de l’agriculture.

Sextapes : on savait qu’un responsable public doit avoir une capacité à tenir le manche… mais à ce point-là, ça dépasse l’entendement. Griveaux  continue de nous étonner. On sait  maintenant pourquoi il était sourd.

Signaux : Sarkozy déjeune aujourd’hui au siège des Républicains avec Christian Jacob. Pour les adhérents qui attendaient un signal, puisque c’est la période des réadhésions,  le  moment est venu de remplir à nouveau un bulletin, non ?

Le Pen : Elle a sorti plusieurs contre-vérités  criantes sur la soi-disant inaction de l’Europe face  à l’épidémie du Coronavirus. Quand on prétend  à la magistrature suprême on ne ment pas aux Français !

 


REPERES

Longue vue 2

Ce qui ne vous a peut-être pas échappé !

6 millions d’euros : mieux que Carlos ! C’est la  somme totale que pourrait atteindre le salaire du nouveau PDG de Renault fixé à 1,3 million annuel.

EELV-PC : c’est le rapprochement « pastèque ». Les deux formations vont présenter des listes communes dans plusieurs villes.

Interventionnisme : Pour les investissements dans le numérique Le Maire met en place une planification des secteurs qu’il faut privilégier d’après lui. L’Etat ne se trompe jamais…

Retraites : les avocats ne lâchent pas. La justice est paralysée. Jamais on n’a vu une telle révolte.  Et le gouvernement reste sourd.

Plus d’emplois : Malgré une croissance atone, les offres d’emplois se  portent bien. C’est dû aux effets cumulés de la transformation du CICE en baisse des charges, du rebond de croissance de 2018 mais aussi d’une productivité qui stagne. Point noir : seulement 8000 emplois industriels.

La droite qu’on n’a pas vu (re)venir : Il n’y a pas qu’à Paris où la droite se réveille (Dati à 20% derrière Hidalgo à 25%), à Lyon aussi où Etienne Blanc (20%) talonne Le Vert Grégory Doucet (21%).

Ah non, pas lui : La folle rumeur de la candidature en 2022 de Cyrille Hanouna a circulé.

Erotisme et démocratie… ne font pas bon ménage. Auteur d’un blog érotique, le candidat PS Mathieu Cahn a  dû se retirer de la liste, dénoncé par Médiapart !

LRem à l’Elysée : les députés  reçus par  le  Président. La séance de calinothérapie présidentielle a tourné à l’adulation collective et au déni de réalité.

Projet de loi : il arrive intact devant l’Assemblée. La commission spéciale devant étudier la réforme des retraites a dû cesser ses travaux sans avoir terminé l’examen du texte, submergée par les amendements.

Cartes en trop : il y aurait 2,6 millions de cartes vitales en trop. Mais ça n’entraînerait pas de consommation supplémentaire !

 

 


MUNICIPALES : L’ARNAQUE VERTE

Ecologie

 

Plus vert que moi tu meurs.

La lecture des programmes des candidats aux municipales, surtout dans les grandes villes, laisse franchement rêveur, mais on a  plutôt envie de rire : elle se traduit le plus souvent par « la  course aux arbres ». Ainsi Hidalgo propose de planter 170 000 arbres à Paris, aussitôt battue par Griveaux qui veut mettre « Central Park » à la  place de la  gare de l’Est. Aucune ville n’échappe à cette nouvelle mode et toutes les couleurs politiques participent au concours : à Angers, le maire sortant (LR-centre droit)  envisage d’en planter 100 000, et à Saint-Barthélemy qui compte pourtant le vaste parc de Pignerolle largement boisé, on s’est fixé un objectif de 10 000 ! C’est Brassens qui aurait été content : « Auprès de mon arbre, je vivais heureux  … ». L’autre thème récurrent, ce sont les « nouvelles mobilités », expression valise qui cache la volonté d’exclure l’automobile du paysage urbain. On se fait plaisir,  mais est-ce  de nature à régler le  problème du réchauffement climatique ?

La mode et la réalité.

Depuis les  Européennes, l’écologie est  à la mode, au point que les listes EELV se sentent le vent en poupe et se verraient bien comme nouveau rempart au Rassemblement National. Au point que Yannick Jadot annonce qu’elles se désisteront en faveur du mieux placé, quel qu’il  soit, pour faire barrage à l’extrême droite. Greta Thunberg et ses leçons à bon compte est passée par là. Mais nos efforts écologiques, dont certains s’avèrent très coûteux qu’il s’agisse de  l’arrêt de Fessenheim ( un contresens à 10 milliards d’euros) ou des énergies renouvelables  largement subventionnées parce que non concurrentielles, dans  un  pays exemplaire en matière de bilan carbone (1%), sont-ils  justifiés, quand on sait que les Chinois construisent encore  des centrales au charbon, qu’ils  vont  même en construire une en Allemagne et que la  Pologne tire l’essentiel de son énergie du lignite. Nous reboisons, mais qu’en est-il  ailleurs sur la planète ? Ce que nous faisons est peut-être vertueux mais relève largement  du coup d’épée dans l’eau. Comme toutes les modes, celle du vert est très coûteuse !

Vert en surface, mais dedans ?

Naguère on disait des radicaux, qu’ils étaient comme les radis : rouges dehors, blancs dedans, souvent creux et toujours placés près de l’assiette au beurre. On peut faire  le  parallèle avec les  écolos : ils sont comme les pastèques, verts dehors, souvent rouges dedans, et pleins de pépins. Leurs méthodes, comme leur idéologie s’apparentent au totalitarisme communiste dont ils reprennent les thèmes économiques anti-capitalistes et sociétaux égalitaristes. Autrement dit, ces nouveaux sauveurs ne rêvent rien moins que de nous remettre aux mains d’un Etat déjà omnipotent, seul   capable selon eux de lutter contre le réchauffement climatique par une mobilisation générale qui suppose la confiscation d’une  large  partie des ressources  des individus : fiscalité vertigineuse, réglementations toujours plus contraignantes et emprise toujours plus grande de la puissance publique. Il n’est pas compliqué d’y voir une résurgence de la pensée collectiviste avec l’avantage imparable que les résultats improbables ne seront connus que par les générations à venir, ce qui dispense de rendre des comptes ! Les  militants verts estiment que l’écologie doit être imposée « politiquement » à l’économie, comme un objectif supérieur, celui de la préservation de la planète, car  ils  croient l’économie intrinsèquement nocive… éventuellement  en s’engageant dans la  décroissance. Certains vont même plus loin : c’est en détruisant d’urgence la civilisation occidentale qu’on sauvera le monde. On ne plaisante pas ! Du rouge au vert, il n’y avait qu’un pas, aussitôt franchi par  ceux qui étaient nostalgiques des  mesures coercitives pour continuer la lutte finale contre la liberté. Alors, ils se  font plaisir comme cet  après-midi, en envahissant Black-Rock, ce fonds de pension américain symbole de la retraite complémentaire des « riches ».  Cette opération entre dans le cadre des manifestations de protestation contre la réforme des  retraites : où l’écologie  va-t-elle se nicher ?

Pour ne pas se faire arnaquer.

Il faut cesser d’instrumentaliser l’écologie pour en faire une arme contre la démocratie, contre le libéralisme dont nous avons grand besoin pour créer les richesses dont personne n’a envie de se  passer et qu’on ne saurait partager sans les avoir d’abord  produites. Les  solutions passeront par l’innovation scientifique et l’intégration de l’écologie dans une économie circulaire. Les fleuves de  plastique ne viennent pas de chez nous mais d’endroits sur terre où les systèmes de collecte et de traitement des déchets sont inexistants ou très insuffisants. Ne nous laissons pas abuser par une communication où les bilans carbones des soi-disant solutions telles que les éoliennes sont soigneusement cachés. Tous ceux qui prolongent des courbes à partir de données passées se trompent, parce qu’ils ne prennent pas en compte la créativité de l’homme, sa réactivité  pour corriger, amender, transformer le monde. Je crois plus dans l’écologie d’un programme porté par des  listes de droite,  pluralistes, pragmatiques que dans celui de listes  uniformément vertes portées  par l’idéologie.

 


L’ECONOMIE DE PARKINSON.

Ena

 

Il  parait que la France va mieux et que tous les voyants sont au vert. C’est une vision de daltonien. C’est vrai  que facialement on  pourrait avoir cette impression d’amélioration : baisses d’impôts, baisse du chômage,  record de créations d’entreprises, louange sur l’attractivité qui attire les capitaux… Ce sont en fait quelques arbustes qui cachent la forêt. Les Français ne perçoivent  pas vraiment ce mieux parce qu’il repose en grande partie sur une illusion. Un Etat en déficit ne peut alléger la fiscalité  sans faire des victimes, ainsi les baisses d’impôt de cette année sont financées par les retraités, par les jeunes et par de la dette. La réalité c’est que la France continue de s’appauvrir  parce qu’elle ne produit pas suffisamment de richesse et continue de vivre au-dessus de ses  moyens. Le système en place fabrique même de la pauvreté, car la redistribution massive ne fait que pallier les inégalités, elle ne les corrige pas. Et la France détient toujours le record du monde des prélèvements obligatoires !

La  loi de Parkinson.

La loi de Parkinson pose que tout travail au sein d'une administration augmente jusqu'à occuper entièrement le temps qui lui est affecté. Elle concerne en particulier la multiplication inéluctable des fonctionnaires, évaluée à 6% l’an … A tel point qu’un service qui s’arrêterait continuerait de produire pendant quelques semaines les circulaires habituellement programmées. C’est naturellement une caricature. Appliquée à l’économie, c’est l’idée d’un éternel recommencement des mêmes procédures. Le gouvernement est parvenu à relancer la croissance par l’augmentation du pouvoir d’achat  obtenue par une stimulation de la  consommation des ménages (en gros) : en 2018 1,7%, et en 2019 1,2% du PIB. L’année dernière, il a donc réussi à augmenter le PIB d’environ 28 milliards d’euros. Pour y arriver, il a distribué 17 milliards d’euros aux ménages, réduit  la taxe d’habitation pour 4 Français sur 5, et fait basculer le CICE en réduction des cotisations patronales (environ 20 milliards supplémentaires ajoutés au coût du CICE de 22 milliards)… Une lourde facture donc. A laquelle il faut ajouter le déficit du commerce extérieur de 59 milliards d’euros, car quand on augmente la consommation, on augmente parallèlement le déficit de notre balance commerciale. D’autant plus qu’une partie des 17 milliards a été financée par la Sécurité sociale, sans compensation par l’Etat, la faisant renouer avec le déficit. Faites le calcul vous-mêmes : malgré l’augmentation de son PIB, la France s’est appauvrie.

Keynes a la vie dure.

Ce mécanisme de relance par la consommation et la « redistribution », nous le connaissons bien. En 2018,  les retraités avaient fourni comme matière première  l’augmentation de la  CSG, soit 22 milliards d’euros… Mais à chaque cycle, on s’appauvrit un peu plus. Cette conception repose sur une idée fausse : l’Etat serait capable de créer du pouvoir d’achat,  autrement dit de la richesse économique. Il ne peut en réalité que la redistribuer, suivant les prescriptions d’économistes (dont Thomas Picketty) qui recommandent d’accroitre la redistribution en taxant les patrimoines et les hauts revenus.  Mais  ces recommandations ne sont pas adaptées à la situation française, en raison de son niveau élevé de fiscalité et de la possibilité d’évasion. Fort taux de prélèvement et hausse continue des dépenses sociales ont fait chuter la croissance structurelle autour de 1%. Si la France est le pays qui bat les records de prélèvements obligatoires avec plus de 1 000 milliards d’euros, c’est aussi celui qui a le taux de pauvreté le plus élevé avant impôts et transferts. Qui ne voit que les deux vont ensemble. C’est le résultat du cercle vicieux : on prélève toujours plus sur les riches et les aisés pour améliorer le sort des plus défavorisés, et comme la richesse disponible globale à tendance à diminuer, il faut compléter le dispositif fiscal déjà à son maximum, par du déficit de l’Etat (92  milliards en 2019, 93 milliards prévus pour 2020) et de la dette (on est à 100% du PIB). On appauvrit tout le  monde. Avec , plus grave, un effet de laminage des classes moyennes qui sont le  socle de la démocratie. Car, évidemment, bien que le gouvernement ait annoncé des baisses d’impôts pour 2020, les recettes continuent d’augmenter, par le biais d’un rendement accru et de diverses mesures techniques comme la non-indexation du barème sur l’inflation. Résultat : Les Français acquitteront 75,5 milliards d’impôts sur le revenu en 2020 au lieu de 72,6 milliards en 2019. La  bataille pour le pouvoir d’achat est devenue un jeu à somme nulle entre Français dont l’Etat-arbitre tient le curseur !

La championne de la pauvreté.

Certes, nous sommes le pays qui réduit le plus le taux de pauvreté  grâce à la fiscalité, exactement de 27,2 points. Mais il est encore à 14,3% après redistribution, et malgré cela, le nombre de pauvres continue d’augmenter. Cette situation résulte de la conjonction de plusieurs dysfonctionnements : un marché du travail qui exclut toujours de l’emploi, un système éducatif qui reproduit les inégalités, une formation professionnelle particulièrement inefficace. Nous sommes les champions des dispositifs qui enferment leurs publics dans la précarité. Les réformes menées sont restées bien trop superficielles. Mais le fond du problème réside dans la chape fiscale qui pèse sur l’économie. Il y a au gouvernement des personnes qui en sont conscientes, mais les marges de manœuvre sont bien trop étroites. Les mesures d’allègement qui ont été prises ne sont que des ajustements rendus nécessaires par la conjoncture : il fallait redonner un peu d’air à nos entreprises pour diminuer leur handicap de compétitivité. Enfin, les principales mesures qui ont été décidées concernent la financiarisation de l’économie : suppression de l’ISF, taxation du patrimoine avec l’IFI, flat tax de 30%... Elles ont rendu la France attractive pour les capitaux étrangers (8 milliards annoncés avec « Choose France »), accroissant, avec la dette, notre dépendance économique. C’est la vision « néo-libérale » de notre Président, par ailleurs gauchiste et libertaire sur le plan sociétal, pour maintenir la France dans la « globalisation ». Les capitaux français sont à la peine, devinez pourquoi ? Pour le reste Ségolène se trompe, il n’est pas libéral,  mais social-démocrate : la réforme des retraite en porte tous les stigmates, comme le dit très bien Jean-Louis Bourlanges, « de gauche, étatiste et égalitariste » ! Et hypertechnocratique !

Un nouveau cycle pour 2020 ?

Le PIB a baissé de 0,1% au 4ème trimestre 2019. On sait pourquoi. Du coup la croissance de cette année va s’en ressentir d’autant plus que le contexte européen est au ralentissement et la crise du coronavirus chinois ne devrait rien arranger. Quand la Chine tousse, le monde s’enrhume. La  consommation des ménages a ralenti et l’investissement en construction et en travaux publics a freiné en toute logique avant les  « municipales ». Par contre, ce qui est  préoccupant, c’est le coup d’arrêt du côté des entreprises, quant à la production industrielle, elle a reculé de 1,6% au 4ème trimestre, et même franchement plongé en décembre. On est déjà au bout du cycle de relance promu en janvier 2019. Il y a fort à craindre que l’embellie sur le front du chômage ne soit que passagère. La dynamique pour 2020 est donc en panne. Bruno Le Maire en est resté à la méthode  Coué : « ce ralentissement  passager ne remet pas en cause les fondamentaux de la  croissance française qui sont solides ». Il n’a pas dû bien lire sa note de conjoncture. On est sur une trajectoire à 0,9% de croissance du PIB pour 2020. Ce qui veut dire que pour tenir ses  objectifs, le gouvernement devra faire une nouvelle relance. Avec quoi ? Déjà les retraités vont avoir perdu au moins 5% de leur pouvoir d’achat, et les « aisés » en ont ras-le-bol d’être mis à contribution.

 « Avancer… en reculant » serait-il la marque du macronisme, comme le suggère Luc Ferry.

 


REPERES

Longue vue 2

Ce qui ne vous aura pas échappé !

Fillon sur la 2 : après son interview, l’émission s’est prolongée avec un parterre d’éditorialistes qui ont quelque peu stigmatisé l’ancien candidat qui aurait fait preuve d’insouciance en utilisant les avantages liés à sa fonction comme employer sa femme. Personne ne se pose  la question pour le boucher du coin de la rue. Et eux-mêmes  ne jouissent-ils pas de privilèges fiscaux qui devraient les rendre plus humbles ?  Prompts à dénoncer la paille ….

« Un père n’est pas forcément un mâle » : une réponse du Président de la République… Ah oui ? je voudrais qu’on m’explique comment on peut faire autrement.

Réforme : le projet pour le financement des retraites s’avère fortement redistributeur, se veut universel c’est-à-dire égalitaire, et n'est pas financé. Il  va coûter très cher et ne règle rien puisque les régimes spéciaux deviennent « spécifiques »… donc inefficace sauf à faire baisser les pensions.  C’est bien un projet de gauche !

Plus bobo tu meurs : à Paris Griveaux propose de déplacer la gare de l’Est pour faire un parc à la place. Un candidat qui déplacerait les montagnes  … Et il invente le concept de « manager de rues » : c’est quoi ? De la mousse de campagne.

Vieux comme le monde : Ed. Philippe se présente au Havre pour être maire et « en même temps » annonce qu’il restera 1er Ministre. Evidemment le cumul est interdit.  Donc s’il est élu, il laissera sa  place.  Et ça ne choque personne ! Encore heureux que les Républicains ne le soutiennent pas. (Un cas de figure qui pourrait arriver à Angers, mais ça n’est pas dit.)

Concours ENA : où l’on apprend que les  candidats sont nuls en économie. Pas une nouveauté, cela fait des décennies que les énarques plombent l’économie de notre pays.

T-shirt : Macron à Angoulême s’est laissé  prendre en photo  avec un maillot illustré par Jul stigmatisant les violences policières. De quoi mettre les forces de l’ordre de bonne humeur. Cet homme est vraiment inquiétant.

Bertrand flingue : Xavier n’y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer le fiasco de la politique sécuritaire du pouvoir. Sans concessions.  Il faut dire que  les stats sont affligeantes. Une manière de se positionner aussi !

Effet pervers : la suppression de la taxe d’habitation risque de mettre le financement d’écoles primaires rurales en péril. Des maires qui tirent le signal d’alarme. Quand on dit que cette suppression est une décision imbécile !

Et une dernière pour la route :

Incroyable Gilles : Le « Perri-Scope » est impitoyable. Gilles Legendre s’y est ridiculisé en tentant d’expliquer  l’inexplicable pour justifier l’attitude des députés de son groupe au sujet du projet de loi allongeant le congé parental en cas de décès d’un enfant. Trop intelligent et trop subtil : je n’ai pas réussi à suivre son raisonnement. On est rassuré, ils n’ont pas fait preuve d’inhumanité. Ils sont tout simplement cons.

 


LA PRESIDENTIELLE EN SOLITAIRE …

Macron-ne-convainc-pas

Ces temps-ci les médias dissertent sur les 1000 jours de Macron à l’Elysée. C’est à qui glosera sur  les   mérites comparés du président et de ses concurrents  potentiels ou de ses prédécesseurs. Les plateaux  n’en finissent plus des bavardages de pseudos-experts avec des animateurs dûment abreuvés aux éléments de  langage en provenance du château.  Je ne me risquerai donc pas à énoncer un quelconque avis qui serait aussitôt taxé de parti-pris par  les uns et applaudi plus que de  raison par les autres. Par contre je vais exercer  mon libre-arbitre en vous faisant la synthèse de quelques sentences livrées par Nicolas Baverez ou Jean-Pierre Robin (du Figaro).

L’exercice solitaire du pouvoir.

La  formule est de Valéry Giscard d’Estaing en 1967 quand il stigmatisa la formule tonitruante du Général en voyage au Canada : « Vive le Québec libre ! », prononcée sans crier gare. On sait que De Gaulle avait son « domaine réservé », notamment la  politique étrangère et la défense. Pour le reste, il était entouré de ministres qui n’étaient pas des inconnus… Ses successeurs ont conservé peu ou prou la même manière de gouverner. Mais Macron a poussé la  « verticalité » à son paroxysme. Il aime les  formules qui choquent, comme : « l’Otan est en état de mort cérébrale », qui a valu une réaction de Merkel : « jugement intempestif ! ».   Difficile de faire plus : il a la main sur tout, parle sur tout, décide de tout. Il s’est entouré comme ses  prédécesseurs de conseillers on ne peut plus capés : son conseiller économique est un polytechnicien passé par Harvard. Mais l’énarque ne l’écoute guère. Et pourquoi recourir à des experts quand on est soi-même capable d’avoir des idées sur tout : on l’a vu pendant le grand débat. Ce centralisme exacerbé se retrouve dans l’organisation verticale du pouvoir. L’Elysée contrôle le moindre détail. Ainsi c’est lui qui décide du recrutement du nouveau directeur de l’Opéra de Paris après un entretien de 45 mn avec l’intéressé ; le conservatoire national supérieur de musique et de danse a dû attendre 6 mois la nomination de son directeur ; la Villa Médicis à Rome attend depuis 16 mois une décision de Jupiter  et est dirigée en attendant  par un intérimaire.  On se demande à quoi sert le Ministère de la  Culture. Ainsi les ministres ne peuvent publier leurs agendas tant que le président n’a pas publié le sien. Et ils sont réduits à répéter du  matin au soir sur les radios et chaines de télé les « éléments de langage » émanant du sommet. On en voit les effets comiques avec Murielle Pénicaud. On dit les équipes gouvernementales tétanisées et elles sombrent souvent dans le ridicule, comme le rétropédalage imposé au sujet de l’allongement du congé parental en cas de décès d’une enfant. Il en résulte une instabilité  ministérielle record avec 16 départs pour des raisons diverses depuis mai 2017, et une absence totale d’esprit critique au sein de l’exécutif qui se paie au prix fort. C’est ainsi que de maladresses en  aveuglements, personne n’a vu venir la révolte des « gilets jaunes » contre la  taxe carbone. Quant au parcours de la réforme des retraites c’est un modèle du genre en matière d’atermoiements, d’allers-retours, d’hésitations et d’amateurisme… Les  ministres sont muselés, il n’y a aucun conseiller de poids à l’Elysée : Emmanuel Macron est le président le plus solitaire de toute la Vème République.

La verticalité  conduit au populisme.

On pourrait voir dans la verticalité du Président, une volonté de pouvoir personnel, autoritaire. De fait la Vème République confère au Président une sorte « d’irresponsabilité » dans la mesure où il n’a de comptes à rendre à aucune assemblée. D’un autre côté, avec l’euro, il peut faire fi de la sanction des marchés en laissant filer les déficits. Troisième volet de l’illusion : Macron est seul face à Le Pen, feignant de croire (et faisant tout pour), qu’il n’y a rien entre eux. Ce contexte l’a conduit évidemment à privilégier les mœurs populistes : s’adresser directement au peuple (il aime pérorer), stigmatisation des uns contre les autres (les retraités contre les jeunes, les régimes spéciaux érigés en privilégiés…) pour diviser les Français afin de (mieux) régner. Le président de la République pourrait enrager contre l’amateurisme des siens s’il ne contribuait pas lui-même à cette confusion : il s’immisce dans la bataille de Paris avec un bras d’honneur en réponse,  il se laisse prendre en photo avec un T-shirt provocateur pour la  police qu’il prétend défendre, il mélange la mémoire de la Shoa et la guerre d’Algérie dans une confusion mémorielle … Tous ces « couacs », maladresses et situations humiliantes contribuent à l’affaissement de son autorité. Macron copie  les mots et les attitudes de Mélenchon et Le Pen, mais les  emprunts aux extrêmes ne sont pas que dans le vocabulaire, ils sont aussi dans la méthode. Il s’est présenté comme un « antisystème » et n’hésite pas à surjouer l’empathie avec le  peuple, surtout depuis l’épisode des gilets jaunes, décrétant par exemple, tout seul, 12 milliards de cadeaux, accordés dans une déclaration télévisée. « Nous sommes de vrais populistes, nous sommes avec le peuple tous les jours » avait-il dit (nov. 2018). Macron a inventé le « bobopopulisme », d’ailleurs  l’expression est de Darmanin, un spécialiste du genre. La verticalité se traduit par le mépris des corps intermédiaires qu’il n’hésite pas à manipuler en cas de besoin, par la  caporalisation du groupe parlementaire  à l’Assemblée nationale au point de dégoûter une douzaine de députés qui en sont partis, et par l’excitation des ressentiments au sein de la population pour manipuler l’opinion… Mais l’exercice a ses limites : il se mesure à l’impopularité du Président.

Décidément, la solitude est mauvaise conseillère.

 


31 JANVIER : SENTIMENTS AMBIVALENTS

Brexit big ben

 

Un pied dedans, un pied dehors.

Les  Anglais ont mis fin à cet interminable feuilleton et c’est tant mieux.  Mais le pari perdu de John Major qui trouve son épilogue ce 31 janvier et qui satisfera les  « brexiters » laisse un arrière-goût  amer. Mon premier réflexe de Français basique est d’applaudir au départ de ces empêcheurs de tourner en rond qui ne faisaient rien comme tout le monde, qui roulaient à gauche, qui refusaient le système métrique et qui voulaient de l’Union, le beurre, l’argent du beurre et « baiser » la fermière en plus, si possible. Toujours  un pied dedans et  un  pied  dehors, ils ont refusé l’euro tout en en acceptant les avantages. Au fond, ils empêchaient l’Union d’avancer et ne s’intéressaient qu’au marché unique. Les  avantages sans les inconvénients. On pourrait donc penser que sans eux,  tout ira  mieux. Il faut l’espérer. Néanmoins, le départ du Royaume-Uni de l’Union Européenne est un double affaiblissement : pour les Anglais qui font un saut dans l’inconnu, pour les européens qui s’amputent d’une des principales nations qui les composent. Qui oserait dire que les Anglais ne sont pas des européens par leur culture, leur langue, leur mode de vie … « Ciao les British, bon débarras ! »  Voire…

Le  mensonge du « Brexit ».

Je souhaite à nos voisins qui se félicitent d’avoir rompu les amarres de ne pas avoir à déchanter trop tôt. Car ils ne tarderont pas à découvrir que la séparation a été bâtie sur d’énormes mensonges que BoJo continue d’entretenir, leur faisant miroiter un monde qui n’existe pas. La réalité risque d’être têtue, en ce sens qu’elle est la réalité, et que ses conséquences pourraient bien être une potion très amère dont les victimes seront justement ceux qui ont cru aux mirages. La vérité est que l’année de transition qui court jusqu’au 31 décembre 2020, au cours de laquelle rien ne change mais qui verra se tenir d’intenses négociations entre le Royaume encore uni (pour combien de temps ?) et l’Union européenne, sera cruciale. Car sortir de l’orbite  européenne ne sera  pas facile et pourrait même être suicidaire si cela se réalisait. Car, quoi ! On ne va tout de  même  pas  boucher le tunnel sous la Manche !!! Il ne suffit pas de faire sonner  « Big Ben » pour réaliser le miracle.

Une sortie « perdant-perdant »

Les Anglais font 50% de leur commerce avec l’Union européenne alors que celle-ci ne fait que 10% de son commerce avec  le Royaume-Uni… Cherchez l’erreur ! Malgré l’art du bluff de Bojo, la réalité c’est que ce sont les européens qui ont la main. Les Britanniques ont beaucoup plus besoin de  l’Europe que celle-ci n’a  besoin d’eux. Le Premier Ministre espère compenser ce différentiel  en obtenant que les dossiers urgents, comme celui de la pêche ou de la libre circulation des personnes soient traités avant les autres. Or l’intérêt européen n’est pas celui-là, il est de conserver une approche globale, ce que la Commission a bien compris. Rappel : les centaines d’accords passés sont pris dans un accord-cadre qui stipule que le moindre manquement à l’un des accords peut entraîner la  suspension de tous les autres accords. Ainsi procède l’UE. Et le Royaume-Uni sorti de l’Union sera traité à la même enseigne que la Suisse et la Norvège. Autrement dit, être sorti de l’Union n’empêche pas d’être soumis aux règles européennes. Dura lex, sed lex ! Quant au « grand large », Theresa May avait commencé à l’explorer. Elle a approché le Japon qui a répondu en envoyant une liste de 20 questions dont la plupart portaient sur l’assurance que les produits japonais auraient aussi accès au marché européen. Voilà ce qui arrive quand on représente soi-même un « petit marché ». Donc la probabilité de compenser une dépendance à l’Europe par une multitude d’accords forcément au rabais avec le reste du monde est pour le moins problématique. Reste la tentation de céder à Trump. Le remède pour être pire que le mal, car les Anglais ne sont sûrement pas prêts à manger du bœuf aux hormones et du poulet javellisé, et devenir une colonie US. Bojo est plus fin que ça. Il en sera forcément réduit  à vendre à ses électeurs un Brexit « canada dry », quitte à l’habiller de formules ronflantes. Le marché unique est un pacte bien plus solide qu’on ne le croit communément. D’ailleurs les citoyens européens eux-mêmes n’en ont pas toujours conscience. Il n’empêche, que l’Europe se trouve amputée de la 5ème économie mondiale,  d’une puissance nucléaire, dotée d’outils stratégiques, qui siège au Conseil de Sécurité de l’ONU, et dont le PIB manquera à l’Union. C’est un divorce à plus de 40 milliards d’euros pour Londres qui doit tenir la  totalité  de ses engagements dans  le cadre du budget pluriannuel en cours. Prudemment, la banque d’Angleterre revoit la croissance à la  baisse : 1,1% du PIB en moyenne sur les trois prochaines années. Eh oui, divorcer, c’est toujours coûteux ! Dans les communes de France, nombre de citoyens anglais doivent dès maintenant renoncer à leurs mandats locaux, n’étant plus citoyens de l’Union… Eh oui, divorcer c’est souvent douloureux !

La période transitoire.

Le Royaume-Uni n’est pour l’instant sorti de l’Union que sur le plan politique, qui s’est  traduit  par le départ avec cornemuses et grosses caisses de ses députés au parlement européen. Pendant un an, rien ne va changer : les Anglais gardent un pied dedans. L’objectif de cette année est d’obtenir  un accord commercial, délai que les 27 trouvent particulièrement court. D’autant plus  qu’il faut  faire face à des situations complexes, dont celui de la frontière irlandaise et Gibraltar. Michel Barnier veillera tout particulièrement au sort des  expatriés qui doivent conserver tous leurs droits et sur celui de nos pêcheurs qui attrapent la moitié de leurs prises dans les eaux territoriales anglaises. Sur ce dernier sujet, les deux parties voudraient conclure avant le 1er juillet. Quant aux transports, marchandises ou passagers, tout dépendra des négociations : c’est alors qu’on verra ou non des files d’attente dans les  gares, les ports ou les aéroports. Jusqu’à la fin des négociations, le  droit  communautaire continue de s’appliquer et la cour de justice de l’Union gardera toute sa compétence, une manière de dissuader les britanniques de louvoyer avec les règles sitôt le « brexit » prononcé. Le  gouvernement britannique va négocier aussi sous la pression réprobatrice de l’Ecosse et de l’Irlande du Nord qui n’accepteront pas un éloignement trop grand. Pendant un an, on l’a dit, les Anglais restent soumis aux mêmes obligations financières et réglementaires vis-à-vis de l’Union, avec l’inconvénient de ne plus participer aux décisions ni être présents dans les instances. Ensuite, quel que soit  le niveau de l’accord obtenu, il sera facile de montrer que rien ne peut remplacer une place au sein de l’Union qui est de toute façon la situation la plus confortable.

Et pour bien commencer, le XV de France a  battu les rosbifs 24 à 17 ! Cocorico !

 


LA CHINE DANS UNE IMPASSE ?

Chine grande muraille

 

Une pandémie au mauvais moment.

L’épidémie du coronavirus met le projecteur sur la Chine et vient compliquer la tâche des dirigeants chinois au moment où l’économie donne des signes d’essoufflement. En réalité, elle est en crise. Elle a affiché en 2019 sa croissance la plus basse depuis 30 ans, et les chiffres réels sont probablement nettement inférieurs aux chiffres officiels : les 6%  publiés avoisineraient plutôt les 2% ; les faillites d’entreprises sont en hausse de 20%, la bourse de Shanghaï a chuté de 25% l’an dernier et la  fuite des capitaux s’intensifie. Au moment où la République populaire fête ses 70 ans, elle doit faire face à la fin du cycle de ses « quarante glorieuses » et concomitamment à une transformation de son statut et de son environnement. L'épidémie qui touche le pays rend l'équation encore plus complexe. Les investisseurs s’attendent à un long épisode d’épidémie qui risque de peser durablement sur l’économie. L’épisode précédent du Sras, en 2003, avait provoqué un manque à gagner de 18 milliards de dollars pour l’Asie du Sud-Est.  Depuis la  Chine a pris un poids beaucoup plus considérable dans l’économie mondiale pour atteindre plus de 15% du PIB mondial. Les répercussions sur l’économie mondiale ne sont pas à négliger et dépendront de la gravité de la  pandémie. Voilà qui explique pourquoi les bourses  ont plongé.

Les quatre principes de la prospérité.

Deng Xiaoping avait organisé le développement de la Chine autour de quatre principes : le maintien du monopole du PC équilibré  par un pouvoir collégial limité à 10 ans, l’ouverture de l’économie aux mécanismes du marché et à l’international, l’assouplissement du contrôle idéologique sur l’économie et la société, l’émergence pacifique sur la scène internationale. Le résultat en a été un formidable développement, la Chine devenant l’usine du monde grâce à la mondialisation. Mais ce modèle de développement fondé sur l’industrie, l’exportation et la dette se trouve aujourd’hui dans une impasse.  Les causes sont évidemment multiples. La  première est purement arithmétique : compte tenu de la progression du PIB, il est plus compliqué aujourd'hui, de progresser en % qu'il y a 20 ans, la base de l'équation, en valeur absolue, étant nettement plus élevée. Il faut compter aussi avec la démographie : effondrement du taux de fécondité et allongement de la durée de vie, un scénario à la japonaise. Enfin, la Chine a choisi de sortir de la crise de 2008 en se focalisant sur la consommation intérieure et plus seulement sur les exportations. Mais les causes profondes tiennent dans la gouvernance imposée par Xi Jinping.

Le retour à la présidence impériale et au dogme marxiste.

La réorientation stratégique a été actée par le XIXème congrès, avec la mise ne place d’une présidence à vie, la consolidation du secteur des entreprises d’Etat, la réaffirmation du dogme marxiste sur l’économie et les universités, et surtout la revendication ouverte d’un leadership mondial à l’horizon 2049 à travers le projet des « nouvelles routes de la soie ». Cette nouvelle volonté de contrôler l’économie a compliqué son recentrage sur le marché interne et accentué son ralentissement. La Chine connaît un gonflement des dettes privées et publiques qui représentent plus de 260% du PIB, et engendrent des bulles spéculatives dangereuses, pendant que la multiplication des projets dans le cadre des « nouvelles routes de la soie » provoque des pénuries de financement. Enfin, l’affirmation agressive du leadership chinois fait peur et débouche sur des résistances face à une économie de prédation dirigée par l’Etat chinois qui s’accompagne d’une mise sous tutelle des Etats aidés et de leurs actifs stratégiques. La guerre commerciale enclenchée par Trump a mis un coup d’arrêt à l’expansion commerciale chinoise et constitue en même temps un signal d’alerte pour les autres puissances. Mais, sous le feu croisé du ralentissement économique, de l’escalade de la guerre commerciale et technologique, Xi Jinping s’est résolu à faire quelques concessions tactiques : l’accord de phase 1 avec les Etats-Unis en fait partie. Un armistice qui n’empêchera pas la poursuite de la confrontation technologique.

Un leadership compromis ?

La  crise sanitaire ne sera qu’un épisode. On voit à l’œuvre l’Etat centralisé dans la manière dont il traite le  confinement de l’épidémie. C’est le côté positif du pouvoir autoritaire. Néanmoins, le renforcement du contrôle de l’Etat va se poursuivre : sur la population à travers le programme de surveillance numérique continue, sur les entreprises avec la multiplication des incarcérations de dirigeants du secteur privé, sur le capitalisme chinois avec le frein à son ouverture internationale, sur la société en général avec la réaffirmation du dogme marxiste dans les médias. Vis-à-vis de l’extérieur, la Chine entend s’imposer à Hong-Kong et mettre la pression sur Taïwan, annexer la mer de Chine du Sud et instrumentaliser la Corée du Nord pour affaiblir la présence américaine en Asie. Ces orientations pourraient remettre en question la conquête du leadership mondial. En effet, la priorité donnée au contrôle entrave la transformation de l’économie et fait peser une chape de plomb sur la société. La restriction des espaces de liberté est difficilement compatible avec une économie de connaissance et d’innovation. Le pouvoir absolu joue toujours contre les réformes et c’est le développement du pays qui en pâtira. Xi Jinping n’a rien compris aux causes des « 40 glorieuses » !

Une fois l'épidémie passée, et la phase 1 des accords commerciaux avec les États-Unis signée, il faut s’attendre à ce que la Chine se lance dans une super relance : monétaire avec des injections de liquidités massives, budgétaire avec des baisses d'impôts et des investissements d'infrastructure.
Cela ne permettra pas à sa croissance de rebondir significativement, mais cela évitera un ralentissement économique plus marqué. En attendant la contagion s’étend : 132 morts, 6 000 personnes contaminées. Plus que le SRAS qui avait touché 5 327 personnes dans le pays. Autrement dit, ça craint !

 

 


UNE QUESTION QUE JE ME POSE …

Fin du monde tintin

 

Les condamnations embarrassées de la pédophilie.

L’affaire Gabriel Matzneff a au moins le mérite de permettre une condamnation sans équivoque de la pédophilie, aujourd’hui  considérée comme une abjection. Cela n’était malheureusement pas  le cas au sortir de mai 68, ce qui amène Bernard Kouncher à se fendre d’un commentaire pour le moins léger : « la  période était bêtement laxiste… Les idéologies nous submergeaient ! », une défense bien faible en regard de la pétition pédophile qu’il avait signée avec Daniel Cohn Bendit  et bien d’autres, publiée  dans Le  Monde et Libé en 1977. Inutile de dire que ceux qui dénonçaient cette pratique étaient renvoyés au rang de ringards,  comme  le sont aujourd’hui ceux qui alertent sur les dérives progressistes de notre époque. Jamais en reste, le  Canard enchaîné a cru bon de rechercher et d’exhumer ce qu’en disait la psychanalyste François Dolto. Non seulement elle défendait la pédophilie et l’inceste, mais justifiait aussi que le mari puisse battre sa femme. Néanmoins, circulez. N’attendez pas de ces braves gens qu’ils se repentent ou que l’on fasse le procès de cette époque de « libération » des mœurs.

Notre époque n’a rien à envier aux soixante-huitards.

La libération des interdits bourgeois se poursuit aujourd’hui avec un florilège d’inepties : la théorie du genre, dont on sait que le Canadien qui en était l’auteur a tout inventé, le féminisme exacerbé qui défie le bon sens par ses excès, les « avancées génétiques » qui permettront bientôt de fabriquer des bébés à la carte, sans parle des manipulations sur l’embryon  … Dans tous les cas, l’humain n’est plus qu’un objet. Et comme il y a quarante ans, ceux qui se dressent pour s’indigner que l’on puisse provoquer une rupture anthropologique dans la procréation, et d’une manière générale pour dénoncer toutes ces fadaises, sont aussitôt disqualifiés  par la gent bien pensante : tous les  participants aux manifs de protestation ne sont que des ringards réac, et qui plus est, (ringardise suprême) cathos ! Ces protestataires qui défendent le droit de l’enfant à naître d’un père et d’une mère ne sont pas différents de ceux qui s’indignaient de l’utilisation sexuelle des petits par des  adultes. Ils sont la France conservatrice, peut-être, encore que j’aie du mal à y classer José Bové ou Sylviane Agacinsky, mais cette France-là me parait infiniment  plus réfléchie que ces progressistes  pour qui le « progrès » doit tout permettre.

Alors voilà ma question : faudra-t-il attendre quarante ans et qu’une autre génération se frappe le front en disant « mais comment cela a-t-il pu se faire ? » Comment  a-t-on pu promouvoir de telles régressions ?

Il sera alors  grand temps d’évaluer les dégâts causés par l’inconséquence des propagandistes du progressisme. Tout comme nous constatons aujourd’hui où nous a menés leur mépris des conservatismes : déculturation, violence, démission de l’Etat, renoncement de l’Ecole à transmettre, déconstruction de l'Histoire, repentance généralisée, généralisation du laid et de l’éphémère… Je continue de persévérer dans l’idée que le conservatisme qui respecte l’intelligence et la personne fera renaître notre civilisation, en prenant en compte, qui plus est, la conservation de la planète.

 


UN AXE CONSERVATEURS – VERTS ?

Ecologie

L’Autriche innove.

L’alliance inédite entre les écologistes et les conservateurs en Autriche ouvre de nouvelles perspectives politiques en Europe. C’est après avoir fait une alliance avec le chef du parti écologiste que le jeune chef du parti conservateur, Sebastian Kurz (33 ans) est revenu au pouvoir à Vienne. Il a été élu, avec son équipe  de trentenaires et de quadras, pour appliquer un programme à la double ambition : du côté conservateur, préserver les frontières, l’identité, le mode de vie et le modèle d’économie de marché, et pour le côté écologie, contribuer à sauver la planète en mettant en œuvre une véritable transition écologique. Si on entre dans le détail, le programme prévoit la baisse significative des taux d’impôts sur les revenus et les bénéfices des sociétés, avec un respect strict de l’orthodoxie financière (l’Autriche à un déficit de 0,15% du PIB), et concernant la politique identitaire, la détention préventive des demandeurs d’asile violents, l’interdiction aux parents musulmans de contraindre leurs filles à porter le voile à l’école avant 14 ans (La laïcité n’existe pas) et le refus du système des quotas de migrants imposés par l’Union. En faveur de la transition énergétique, il est prévu la création d’un million de panneaux solaires, une taxe carbone d’ici 2024 avec un objectif de neutralité carbone en 2040, une taxe sur les billets d’avion, des investissements massifs dans les transports publics. Les Verts sont à la tête d’un super ministère de l’énergie, des transports et de l’environnement. Voilà un attelage gagnant qui remplace sans regrets celui avec l’extrême droite, et met fin à la dérive populiste.

L’Allemagne pourrait suivre.

La droite modérée allemande (CDU) qui pèse désormais moins de 30%, défiée sur sa droite par le parti populiste Afd (14%), cherche une coalition de rechange, celle avec les socialistes démocrates étant usée jusqu’à la corde. Le SPD n’attire plus grand monde (11%) et connait le même effondrement que le PS français et d’une manière générale la gauche traditionnelle un peu partout en Europe. La CDU pourrait trouver dans un attelage avec les Verts une nouvelle eau de jouvence. C’est en Allemagne la force montante avec 21% des voix. Ceux-ci sont aussi tentés de faire l’expérience. Cette combinaison pourrait être promise à un bel avenir car elle répond à la double demande de protection et de projection des populations. Ecologie, identité et sécurité : voilà des thématiques susceptibles de porter des projets collectifs porteurs de sens d’autant plus qu’ils correspondent aux attentes des nouvelles générations. Protéger la planète et réinventer un modèle économique plus durable en mettant fin à celui qui agonit sous nos yeux dans une spirale infernale de surabondance financière déconnectée des réalités. Et aussi vivre chez soi comme on l’entend sans avoir à subir une loi venue de l’extérieur, qu’elle soit directive européenne, charte onusienne, ou loi religieuse… Cette alliance est possible, parce que les Verts allemands sont avant tout des écologistes pragmatiques.

Et en France ?

Cette évolution logique et séduisante d’une union des « conservateurs », ceux qui veulent garder notre genre de vie et ceux qui veulent protéger la nature, n’est pas prête de voir le jour chez nous. C’est que nos écolos sont de la famille des « pastèques » : verts dehors mais bien rouges dedans, les deux étant indissociables. Nos écolo-gauchos font de la protection de la planète un combat contre le capitalisme, les riches, et voudraient nous vendre les fadaises marxistes sous un nouvel emballage, mais avec les mêmes délires totalitaires. La promotion récente de la jeune Greta Thunberg n’est pas de nature à arranger les choses. On voit bien l’usage que l’idéologie totalitaire peut faire des enfants pour influencer, voire terroriser les adultes. Le périple de cette adolescente accusatrice que l’on fait passer sur les tribunes nationales et internationales est malsain. Soyons conscients, sans se laisser détourner, que ce phénomène n’entache en rien les travaux du GIEC. C’est le propre des idéologies de passer la réalité à leur crible pour n’en laisser passer que ce qu’elles veulent imposer. Les conservateurs, disons la droite, doivent être spécialement attentifs à la stabilité du climat sans laquelle bien des choses ne seront pas conservées et ils ne doivent pas laisser le « progressisme » se présenter en remède à des maux qu’il contribue lui-même à aggraver, ne serait-ce que sur le plan sociétal. Il y a quelque chose de comique, pour ne pas dire contradictoire de constater que le jour même où l’Assemblée nationale déployait le tapis rouge pour Greta Thunberg, elle votait le Ceta, traité de libre-échange entre l’UE et le Canada, traité auquel Les Républicains sont opposés  parce qu’il consiste à faire traverser les océans à des denrées alimentaires qui pourraient parfaitement être produites sur chaque rive, défendant ainsi nos agriculteurs contre une concurrence par ailleurs déloyale à bien des égards.

Il faut plaider, à défaut d’avoir des écolos compatibles, pour que la droite s’empare avec détermination du dossier écologique. La crise écologique dont le réchauffement climatique n’est qu’un facteur parmi d’autres, est une donnée essentielle de notre temps, dont l’importance n’a pas fini de croître. Et la droite peut le faire, parce qu’il y a une cohérence plus forte à ce que les conservateurs traitent de ce sujet plutôt que les progressistes, qui passent leur temps à tenter d’imposer le récit qu’ils veulent substituer au réel, comme par exemple avec la théorie de « l’effondrisme ».  Bref, le « conservatisme » pourrait bien être « la planche de salut pour ceux qui veulent faire renaître une civilisation maltraitée par des sagouins » (Yvan Rioufol).  Et cela d’autant plus que la droite a une antériorité en la matière : c’est elle la première qui a pensé à créer un "ministère de l’environnement" dès les années 70, c’est encore  elle à qui l’on doit le « Grenelle de l’environnement » sous Sarkozy. Il suffit donc de reprendre le chemin …

 

 

 


LA POLITIQUE DU "DEUX POIDS - DEUX MESURES"

Agnès Thill

Le bloc-notes donne la parole à Agnès THILL, députée, qui s’insurge contre le 2 poids – 2 mesures qui se généralise dans notre société. Une analyse que je souhaite partager avec vous. (Texte publié dans Valeurs Actuelles)

Députée excommuniée de la République en Marche pour ses positions contre l’ouverture de la PMA, Agnès Thill dénonce le traitement infligé à l’association Alliance VITA pour ses affiches appelant à respecter la paternité et la maternité, alors que la campagne de promotion de la série « Sex Education » bénéficie elle de la clémence des pouvoirs publics.

Ce 2 poids - 2 mesures est un scandale devenu insupportable dans notre pays.

2 poids - 2 mesures la demande de retrait des affiches d’Alliance Vita par Anne Hidalgo, Maire de Paris, et le silence assourdissant autour des affiches de la série Sex Education de Netflix.

Qui est Anne Hidalgo ? Cette gauche qui censure, qui ne s’offusque pas que la décision de justice de réaffichage ne soit pas appliquée, voire même s’en satisfait ; comment croire une seconde que ces gens-là défendent la démocratie, le débat d’idées et le respect de chacun ?

Quant au parti majoritaire présidentiel : qui ne dit mot consent, lequel d’entre eux s’est offusqué de cette censure ? Lequel d’entre eux s’est offusqué du non-respect de la décision de justice ? Force est de constater que la censure ne va que dans un seul sens.

Un adulte ne doit pas faire ce qu’il veut des enfants, et on doit avoir le droit de le dire en démocratie.

2 poids - 2 mesures les propos d’Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat, ce dimanche 19 janvier 2020 via Twitter. Comment peut-on être ministre et traiter de « réac » publiquement 41 000 manifestants pacifiques et se prétendre pour le rassemblement, la concorde et l’union ? Comment peut-on haïr et humilier à ce point toute une frange de la population et se targuer en même temps, je cite le dit tweet, « d’aimer les familles » ?

2 poids - 2 mesures les familles attaquées : toutes les familles ont droit au respect, y compris les familles hétérosexuelles, qui croient en la fidélité, et aux fruits de leur amour.

N’est-il pas ministre pour tous les français ?

Qui a le monopole de l’amour ? Olivier Dussopt ? Marlène Schiappa ? Anne Hidalgo ? Les censeurs, ces non respectueux des décisions de justice ? Être traitée de « réac » par un ministre est scandaleux. Comme être traité d’homophobe par d’autres.

Un adulte ne doit pas faire ce qu’il veut des enfants, et on doit avoir le droit de le dire en démocratie.

Au nom de tous ceux que j’ai portés ce dimanche en représentant 1/577ème des français, nous aimons toutes les familles, être accusé du contraire par les plus hauts personnages de l’Etat, par ceux qui nous gouvernent, est scandaleux. Quelle confiance apporter à ceux-là !

Grâce au droit de blasphème, on peut insulter, moquer, caricaturer les religions mais pas l’homosexualité… À croire que l’un est plus sacré que l’autre, en pays laïc.

2 poids - 2 mesures le monopole de la souffrance ! La souffrance n’appartiendrait qu’aux homosexuels alors que la loi en leur faveur prétend que l’absence de père laisse indifférent ! Qui est blessé ?

2 poids - 2 mesures les médias : les violences sont surmédiatisées quand un silence complice a couvert la manifestation pacifique « Marchons Enfants » de ce dimanche.

2 poids - 2 mesures les excuses du chansonnier sur France Inter, radio publique payée par nos impôts : grâce au droit de blasphème, on peut insulter, moquer, caricaturer les religions mais pas l’homosexualité, ce qui est normal mais on pourrait penser qu’au nom de l’égalité… À croire que l’un est plus sacré que l’autre, en pays laïc.

2 poids - 2 mesures quand ils s’offusquent de ce qui est interdit par la loi, la pédophilie- criminelle, acceptée sur les plateaux télé il y a vingt ans alors qu’ils laissent sans mot dire les émissions télé et les livres prônant ce qui est interdit par la loi en France, telle la GPA.

2 poids - 2 mesures les maladresses ! Faut-il citer celles de collègues députés, de Benjamin Griveaux lorsqu’il a présenté ses excuses concernant la photo de collabo lors du Vel D’Hiv ? Les maladresses des autres ministres et députés aussitôt oubliées après leurs excuses, quand les miennes paraissent inutiles et qu’à vie on me ressort mes deux maladresses ?

2 poids – 2 mesures pour les lieux de culte : on peut vandaliser les églises mais on ne peut pas toucher aux mosquées et synagogues. Tant mieux. Heureusement. Mais on aimerait la même indignation pour tous.

2 poids – 2 mesures pour les retraites : on cèdera à certains et pas aux autres.

Ce « en même temps », on aime les uns mais pas les autres, n’est plus supportable.

On supporte les règles, fussent-elles sévères, mais on ne supporte ni l’injustice ni l’incohérence.

Nous sommes tous citoyens du même pays. Nous exigeons le même respect pour tous, dû à chacun de nous. Nous refusons d’être continuellement traités, par les gens de gauche, ceux du parti présidentiel, et des ministres eux-mêmes, de « réac », « extrême-droite », « cathos », « homophobes ». Comme si cette violence injuste laissait sans conséquence. L’unité du pays est menacée par ceux-là même qui prétendent la construire.

Ce « 2 poids - 2 mesures » est en train de nous anéantir !

Notre pays se meurt sous ses douleurs, ses cris, ses désespoirs, ses révoltes. Ce « en même temps », on aime les uns mais pas les autres, ce « en même temps » n’est plus supportable.

Notre pays se meurt d’incohérences. On ne peut pas être ministre et mal traiter, mal nommer, mal considérer, un seul de ses concitoyens, et bien sûr, prétendre être là pour tous, au service de tous ?

Quel scandale !

 

 


2022 : LE RETOUR DES BOULETS

Haddock se marre bis

Il y en a avec qui on n’en a jamais fini. Normalement, les défaites majeures et l’accumulation des petits résultats devaient pourtant les décourager. Eh bien non, têtus comme des ânes, ils refont chaque fois surface. Ils se croient investis du lourd devoir de sauver la France. A croire que telle Jeanne d’Arc, ils entendent des voix.

Le culbuto.

Le plus précoce a été Hollande dit « le culbuto », surnom dont il fut affublé du temps où il dirigeait le PS, pour sa faculté à toujours retomber sur ses pieds. Pour ne pas se faire oublier, ou plutôt pour faire oublier un quinquennat calamiteux qui se termina pour lui avec une telle réussite qu’il fut dans l’incapacité de se représenter, il a écrit deux livres. Edité moins d’un an après son départ de l’Elysée, le premier eut un écho suffisant pour lui donner la possibilité de faire un tour de France des librairies. Il a cru que quelques dizaines de milliers de lecteurs-laudateur  cela signifiait un retour en grâce. C’était plutôt de la curiosité de la part de ses anciens électeurs : l’ancien président y racontait notamment sa version de ses relations avec Macron. Le second, contenant ses propositions pour améliorer la vie démocratique a fait « flop ! »  et l’auteur a même dû renoncer à le présenter après la mise à sac d’une réunion à Lille par des étudiants.  Depuis, il a changé de stratégie. Profitant de l’impopularité de son successeur, il procède par des attaques frontales, à intervalles réguliers, plantant ses banderilles en espérant affaiblir la bête. Mais pour l’instant, les Français ne semblent pas avoir oubliés le scooter et ses escapades nocturnes et le bilan funeste qu’il a laissé.

L’obsédée de la présidence.

Depuis qu’elle a affirmé qu’elle était « habitée », la perdante de 2007 ne rêve que de prendre sa revanche comme si elle continuait d’entendre des voix. Comme elle n’a pas pu le faire en 2012, et dieu sait qu’elle a enragé de voir ce traitre de François lui prendre la place, avec sa maîtresse à ses côtés, cette fois elle entend bien ne pas se laisser doubler. Aussi, a-t-elle ramé dans la macronie pour décrocher un poste de ministre afin de montrer que ses talents étaient toujours irremplaçables. Elle dut se contenter du fabuleux sucre d’orge « d’ambassadrice des pôles ». Mieux que rien. C’est toujours de quoi vivre et des collaborateurs pour faire le boulot. Mais voilà, elle ne peut s’empêcher de l’ouvrir. Se démarquer d’un pouvoir impopulaire, certes, mais l’exercice a ses limites : c’est que Jupiter n’aime pas qu’on lui « fasse » dans les bottes. Donc la voilà proprement remerciée. En haut lieu, on pense que sans trop de moyens, la tâche lui sera infiniment plus difficile pour tailler des croupières… Néanmoins, elle profite de sa liberté retrouvée pour aussitôt créer une officine et annoncer sa prétention pour 2022. Histoire de prendre de vitesse porcinet. Du côté du pouvoir, on compte sur le parquet financier pour faire prospérer une enquête… du déjà vu, afin de lui nuire si besoin était.

Le nain de la droite.

« Encore un qui a vu la vierge »… dirait l’une de mes filles. Bien qu’il collectionne les échecs et les petits scores, avec son micro parti « Debout la France », ce gaulliste fossile version Néanderthal, continue de se croire investi  de la mission sacrée que lui seul pourrait mener à bien, celle de redresser la France. Le maire de Montgeron n’est pas mauvais dans son rôle d’élu local, mais pourquoi ne s’en contente-t-il pas ? Probablement parce qu’il est branché en ligne directe avec le « Général » qui lui confirmerait qu’il est le seul dépositaire de la pensée gaullienne. Voyant un espace, non occupé croit-il, entre Macron et Le Pen, il s’est dit que le moment était peut-être venu pour lui. Mais comme le créneau qu’il occupe est encombré de concurrents aussi microscopiques que lui, il lance l’idée d’une primaire des « républicains et patriotes ». C’est le dispositif génial qu’il a trouvé pour la prochaine présidentielle. Il rêve donc d’une « grande primaire pour la France » entre toutes les personnes de « l’opposition républicaine et patriote » pour garantir l’union dès le premier tour contre le sortant. Sont concernés par la manœuvre : Florian Philippot, François Asselineau, mais aussi Guillaume Larrivé, Bruno Retailleau, Julien Aubert chez les Républicains. Il élargit même le cercle à Eric Zemmour et Natacha Polony (?) dont on se demande ce que cette dernière pourrait venir faire dans cette galère. Et cerise sur le gâteau, Marine Le Pen. Il serait étonnant que cette dernière se laisse tenter par une telle manœuvre alors qu’elle peut espérer prospérer toute seule. Le député de l’Essonne active ses feux, parce qu’il sent bien qu’une accélération du calendrier politique est en cours. Il faut bien exister, quand on n’a rien à proposer pour les municipales, ni candidats, ni troupes, et après avoir fait 3,5% aux européennes. Se voir en grand rassembleur de l’opposition pour 2022, relève pour le moins d’une « hypertrophie du bulbe ». Quant à l’argument « refuser une telle démarche reviendrait à se rendre complice de la réélection d’Emmanuel Macron », il est pitoyable. On ne sait même pas si l’actuel locataire de la rue Saint-Honoré a l’intention de remettre ça. On retiendra surtout que les stratégies qu’il a menées jusqu’à maintenant n’ont servi qu’à affaiblir le camp dont il se réclame, des points qui ont manqué cruellement à François Fillon, par exemple.

 


III - Réflexions pour aujourd'hui - Un (tout petit) peu de prospective (6)

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L'ECOLE S'INVENTE TOUS LES JOURS

Un (tout petit) peu de prospective.

« Alors que leurs prédécesseurs se réunissaient dans des classes ou des amphis homogènes culturellement, ils étudient au sein d’un collectif où se côtoient désormais plusieurs religions, langues, provenances et mœurs. Pour eux et leurs enseignants, le multiculturalisme est la règle… ».  Voici en quelques lignes ce que serait l’enseignement pour « Petite Poucette », tel que nous le décrit Michel Serres. Il nous projette dans la révolution numérique qui plonge les enfants d’aujourd’hui dans le  monde virtuel et planétaire où ils vivent déjà. Et d’après lui, ils n’ont déjà plus la même tête que nous : ils peuvent manipuler plusieurs informations à la fois, ils ne connaissent, ni n’intègrent, ni ne synthétisent comme nous sommes habitués. Par la toile ils accèdent à tout le savoir et ils ne parlent déjà plus la même langue que nous… Et voilà ces jeunes auxquels « nous prétendons dispenser   de l’enseignement, au sein de cadres datant d’un âge qu’ils ne reconnaissent plus : bâtiments, cours de récréation, salles  de classe, amphithéâtres, campus, bibliothèques, laboratoires, savoirs même… cadres datant d’un âge et adaptés à une ère où les hommes et le monde étaient ce qu’ils ne sont plus. »

Mais le savoir reste à transmettre !

Le nouveau monde dans lequel Michel Serres se projette va-t-il se passer du pédagogue ? De tout temps le savoir avait pour support le savant ou le « sachant » comme on dirait en « novlangue ». Au temps de la tradition orale, il était aède ou griot. Puis vint l’écriture pour le fixer sur les  supports antiques : tablettes d’argile, rouleaux, parchemins. Des moines passaient leur vie à le copier pour le diffuser. A la Renaissance, l’imprimerie fait du livre  le principal support de diffusion. On construit des bibliothèques pour le rassembler, à la Sorbonne et ailleurs. Même le moindre collège est conçu autour de ce centre vital : le CDI (Centre de Documentation et d’Information).  Mais aujourd’hui, ces supports sont devenus obsolètes,  c’est la toile qui est devenue le  principal support de messages et d’information. Dans mon bureau, il y a une éternité que je n’ai pas ouvert mon « Grand Larousse encyclopédique » ni un volume de  mon « encyclopedia universalis ». Démodés,  poussiéreux, dépassés, ils sont devenus un décor d’érudit. Un simple décor. Ils ont été détrônés par « Google » ou ses équivalents. Il suffit de taper quelques lettres et la réponse jaillit, immédiate. Désormais, le savoir est partout, sur la toile, disponible. Il suffit de se baisser  pour le ramasser. Encore faut-il se baisser ! Encore faut-il,  surtout, qu’il soit vérifié ! Car en même temps, il faut bien l’admettre,  l’ignorance  progresse.

A qui le transmettre, s’interroge alors le philosophe ? A tous ! Désormais le savoir est accessible à tous ! Avec l’accès aux personnes, par le téléphone, en tous lieux, l’accès au savoir est ouvert : d’une certaine manière il est toujours et partout déjà transmis. Soit !

Mais si on voit bien ce que ce constat génère comme conséquences matérielles : plus besoin de lieux concentrés, plus d’enseignant énonçant le  savoir à un groupe silencieux à l’écoute attentive, l’apprentissage interactif peut se faire entre des personnes dispersées dans l’espace planétaire dès lors qu’elles sont connectées. Ce n’est pas sans poser au moins deux problèmes : quoi mettre dans la tête, et à quelle(s) source(s) de savoir se référer ?

La tête bien faite.

Michel Serres utilise la métaphore de la légende de Saint-Denis pour illustrer le fait que nous avons dorénavant la tête à côté du corps, autrement dit un cerveau bis dans la main qui contient tout le savoir dont on peut avoir besoin. A-t-on pour autant de manière innée, le mode d’emploi pour l’utiliser ?  Montaigne préconisa une tête bien faite plutôt qu’une tête bien pleine, parce qu’il prenait en compte le formidable progrès apporté par le stockage de la connaissance dans les livres. Inutile donc  comme les anciens de se remplir la tête : la méthode devenait  aussi importante que le contenu. N’oublions pas qu’il ajoutait : « qu’on y requiert les  deux ! » Et cela nécessitait d’apprendre et d’apprendre à apprendre. Ce que curieusement, Michel Serres oublie.

La tête de nos enfants mute une nouvelle fois : ils ont les fonctions cognitives qui permettent d’assimiler le savoir ainsi distribué,  puisque ces fonctions se transforment avec le support et par lui. La pédagogie change donc totalement avec les nouvelles technologies. Tout reste à inventer ! Mais… j’ajoute un « mais ». Je pense malgré tout qu’il y a un commencement nécessaire à la transformation de la tête bien faite en tête numérique,  qui s’appelle  « apprentissage de l’écriture » –peu importe laquelle, cryptage, encodage, - et de « la lecture ». Car sans ces deux apprentissages il n’y aura point de formation de l’esprit critique, absolument indispensable à l’utilisation et à l’interprétation de toute information si on veut qu’elle devienne « connaissance ». Sinon, le cerveau bis, dont on lui imposera le contenu, pensera à sa place. D’ailleurs si l’on en croit Michel Desmurget (« La fabrique du crétin digital »), le cerveau mutant que décrit Michel Serre n’existe pas, études scientifiques à l’appui.

La  vérification du savoir.

Michel Serres nous dit : « N’ayant plus à travailler dur pour apprendre le savoir, puisque le voici, jeté là, devant elle, objectif, collecté, collectif, connecté,  accessible à loisir, dix fois déjà revu et contrôlé … ». Objectif et contrôlé : peut-on en être certain ? Et par qui ? Peut-on faire confiance au collectif ? Chacun sait que tous les moteurs de recherche ne sont pas exempts d’erreurs, et même  nombreuses.   Wikipédia, déjà citée, cette encyclopédie collective est une collection d’articles souvent fort bien documentés, mais à l’initiative de contributeurs pas toujours complètement objectifs.

Allons plus loin. 

Le monde est dominé aujourd’hui par un géant des données d’information : « Google ». Mais qui le contrôle ?  Qui nous garantit le savoir qu’il dispense. Questions de béotien probablement,  mais quand on voit tout ce qui circule sur internet, où  le vrai côtoie très souvent le « fake »,  il convient d’être  méfiant. Certes Petite Poucette  ne lit ni ne désire plus « ouïr l’écrit dit » (l’expression est de Michel Serres : en gros, la transmission orale par le prof),  parce que le  savoir annoncé, tout le monde l’a déjà, et en entier, sous la main. Alors ce nouveau savoir qui ne sort  plus du livre  où  il  était stocké, quel est–il ? « C’est une offre sans demande » nous répond le philosophe. C’est la fin des experts et un retournement de la pédagogie. Petite Poucette cherche et trouve le savoir dans sa machine. Mais celle-ci ne fait que compiler le savoir sorti des livres dont on a bien voulu la nourrir et c’est elle qui choisit ce qu’elle va afficher (Gaspard Koenig, « la fin de l’individu »). Et alors comment Petite Poucette discernera-t-elle le bon savoir de l’obscurantisme qui sait lui aussi se glisser dans les algorithmes de la connaissance ? Car, comme nous le montre Gaspard Koenig, les banques de données ne sont rien d’autre que du savoir compilé. Alors, le savoir « discuté » sera-t-il capable de faire face ? D’autant plus que l’intelligence artificielle va aussi s’en mêler. Et quand la machine  tombera en panne, quelle solution ?... Mon esprit cartésien me pousse à la  méfiance.

La compétition avec l’Intelligence Artificielle.

Aujourd’hui, c’est l’Intelligence Artificielle qui mène la danse. Elle est capable de battre des champions du monde d’échec. Elle progresse à une vitesse exponentielle et elle s’auto-éduque autant qu’elle  se programme nous prévient Laurent Alexandre (La guerre des intelligences – JC Lattès). En 2020, les ordinateurs traiteront 1 milliard de milliards d’opérations toutes les secondes, tandis que l’humanité produira 1 000 milliards de milliards de data chaque semaine, une masse de données et d’informations que le cerveau humain sera   incapable de digérer sans le recours à l’Intelligence Artificielle  dans tous les domaines de la vie humaine. Ce tsunami numérique,  dont il est déjà impossible de se passer et qui va impacter tous les métiers, exigera de  la part des humains une intelligence naturelle plus développée, au risque sinon que l’IA les  dépasse.  En effet, quelle va être la place de l’homme face à  ce qu’on appelle l’Intelligence Artificielle faible, déjà opérationnelle,  sans parler de l’Intelligence Artificielle forte dotée de conscience et d’émotions qui pourrait émerger plus tard, bien qu’on en soit encore très loin ?

Les algorithmes : des crétins performants.

Dans sa quête mondiale sur l’Intelligence Artificielle, Gaspard Koenig nous rassure tout en nous montrant les multiples biais dangereux qui peuvent conduire à la fin de l’individu. Du « Turc mécanique », ce joueur d’échec hongrois automatique du Baron Von Kempelen inventé en  1769, aux supercalculateurs de Google,  l’IA, qui se résume en fait à la somme de nos connaissances compilées en informatique, est une illusion seulement capable de reproduire un résultat et non un processus.  Mais c’est une illusion convaincante. Pour faire simple, la dernière génération d’algorithmes est capable de fouiller dans une masse de données, de manière plus ou moins autonome, pour en extraire des régularités et des prédictions. Mais sans données, pas d’IA, qu’elle soit « machine learning », « reinforcement learning » ou « deep learning ». Les technologies d’IA sont maintenant capables d’anticiper et d’orienter les comportements individuels grâce à la puissance de personnalisation et d’optimisation fournie par le traitement des « data ». La collecte de ces « data » est donc essentielle. Ce sont des milliers de personnes qui s’y emploient mais aussi chacun d’entre nous grâce à tous les « cookies » et « conditions d’utilisation »  que nous téléchargeons quotidiennement. Pourtant, la « super intelligence » est un mythe, car le bon sens est la chose du monde la moins partagée par les robots. Aucun algorithme ne peut concevoir une interprétation globale du monde et des hommes qui le peuplent : comme  l’affirmait Spinoza, « le  cerveau et le corps sont dans le  même bain  et  produisent l’esprit de  manière conjointe », ce  que Antonio Damasio, neuroscientifique de renommée mondiale, explique par  « l’homéostasie » : on pense autant avec ses doigts de pieds qu’avec son cerveau ! Et aucune IA n’est capable  d’imiter nos doigts de pied.  Avec en plus nos « sentiments », au coeur du processus homéostatique, qui sont seuls à produire du sens. Sans corps,  pas  de sens commun, mais  pas d’humour non plus. Cela n’empêche pas  l’IA de menacer l’humain.

Le « nudge » : une nounou souterraine.

Commençons par le mot lui-même, qui, en anglais, signifie «coup de pouce». C’est en 2008 que la théorie du Nudge a été popularisée par deux américains : Richard Thaler, un économiste et théoricien de la finance comportementale et Cass Sunstein, professeur à l’Université de droit d’Harvard. Son principe est simple: influencer nos comportements dans notre propre intérêt. Elle part du principe que les individus ne sont pas des êtres rationnels et que leurs prises de décisions sont sous l’influence de l’environnement, des émotions et des instincts, les biais cognitifs. Ainsi, ce « coup de pouce » serait ce qu’il y a de plus efficace pour aider les individus à faire des choix : par exemple, une grande surface avait augmenté de 30% en 3 mois ses ventes de poissons frais en diffusant des bruits de mouettes et des odeurs de marée. Issu de la  psychologie comportementale, le  principe du « nudge » a été intégré dans  les algorithmes. Pour aller à l’essentiel, l’idée qu’avance l'auteur, c’est que nous vivons dans un monde où nos libertés seraient de toute part menacées notamment par les Gafa, mais aussi par des entreprises, par des gourous et des partis politiques qui tentent de nous faire aller dans telle ou telle direction, non par une méthode autoritaire, mais en nous incitant doucement, par micro-messages publicitaires ou autres, à choisir telle option d’achat, de vote, de spectacle, etc… Influencer sans contraindre, et pour le bien. Autant de formes de soumission aux algorithmes. Avec  le danger évident, celui d’agir pas seulement pour notre bien mais surtout pour la communauté,  variable selon le développeur de l’appli. Derrière le « nudge », il y a toujours une forme d’allégeance à un communautarisme qui se profile,  soit par utilitarisme (cas américain) soit par idéologie collectiviste (cas chinois). L’individu perd  alors sa liberté de jugement. On imagine assez facilement ce que le « nudge » appliqué à des logiciels pédagogiques pourrait provoquer comme orientation des apprentissages…

Le libre arbitre en danger.

Les stratégies  développées par  les créateurs d’applications mettent en effet nos facultés de choix personnel « libre et par soi-même » à rude épreuve par le confort qu’elles nous apportent. Et les  exemples dans notre vie quotidienne ne manquent pas : « Waze » qui nous guide en nous promettant  le meilleur temps de parcours, c’est tellement plus facile  que de déplier une carte routière ; nos messageries nous proposent des réponses toutes faites sans que nous ayons à  faire  l’effort de rédiger ou de chercher un mot  plus précis… Des petits riens qui font de nous, petit à petit des zombies décérébrés : interrogez un chauffeur parisien d’Uber sur la ville qu’il traverse chaque jour, et vous serez surpris du vide ;  et ne cherchez pas pourquoi vos enfants, sinon vous-mêmes, avez  perdu votre vocabulaire  et votre syntaxe !  A force d’économiser nos fonctions cérébrales,  Gaspard Koenig explique que l’humain perd pour de bon l’habitude de prendre ses propres décisions et sa liberté de choisir.  Les algorithmes agissent comme une drogue. Grâce aux délibérations « tellement logiques » servies sur un plateau, chacun acceptera d’être accompagné par une IA dans les choix les plus importants de son existence. C’est déjà ce qui se passe avec les sites de « rencontres ». C’est la fin de l’individu autonome et responsable par le triomphe du « bien-être » !

L’individu n’a pas dit son dernier mot.

On observe déjà  les nombreuses transformations  dans la société, générées  par la fin du libre arbitre. Ce sont les ordinateurs qui échappent au monde financier, c’est  l’art sans artiste, la science sans causalité, la théorie, fruit de la réflexion humaine rendue obsolète par les data, et sans libre arbitre,  fini le marché : la prédiction de nos comportements suffit déjà à ajuster l’offre à la demande dans bien des  cas.  Pour échapper à tous ces dérèglements, c’est à l’individu de reprendre la main  en commençant par ne plus fournir gratuitement  ses données,  en définissant ses  propres normes  pour les imposer aux algorithmes et tant pis  si elles ne sont pas « optimales » pour  le  groupe.  Chacun devrait pouvoir  imposer  son propre nudge, de manière consciente et volontaire.  C’est le  principe de  la  « Prime Directive », que Gaspard Koenig sort  de la  série Star Trek, pour en faire  une règle supérieure d’ordre moral.  Cela remettrait de l’humain dans l’IA et surtout lui redonnerait du sens.

L’Etat français à la manœuvre.

Notre  pays présente des prédispositions pour exploiter  le  filon du « nudge » et utiliser les algorithmes à son profit. Il est centralisé et hypertechnocratisé, deux caractères facilitateurs. Le système fiscal  mis en place  avec  le  prélèvement à la source en est un bon exemple : le  « nudge » ici consiste à soulager le contribuable  de toutes les démarches déclaratives, il n’a plu qu’à  payer, et encore, le prélèvement  a lieu sans même son consentement. Une autre application est en train de se mettre en place : Bercy a glissé dans le  projet de loi de finances une disposition qui lui donnerait  le droit de collecter et d’exploiter, au moyen de traitements informatisés,  les contenus librement accessibles publiés sur internet.  Un « ciblage de  la fraude et valorisations des requêtes », pour définir un traitement automatisé des données collectées consistant à appliquer des  « méthodes statistiques innovantes ». En clair  il  s’agit de conjecturer qui va frauder dans le futur en fonction de  données personnelles (vraies ou fausses)  publiées par soi-même  ou  par des tiers…  Le  « data mining »  est  en plein dans le sujet puisqu’il est  censé permettre de prédire les  comportements et de prévenir le délit. Et on envisage maintenant d’utiliser la « reconnaissance faciale » pour la sécurité. Espérons qu’on ne suivra pas le modèle chinois. Big Brother est  déjà  là !

Il  ne s’agit  pas pour autant de devenir technophobe. Le particularisme de l’Europe, par rapport au reste du monde, c’est sa culture spécifique à l’origine de l’individu libre et responsable.  L’Europe  a  tout son rôle à  jouer pour proposer des régulations intelligentes conciliant prospérité et libertés. L’important est que, là  aussi, les  algorithmes n’enterrent pas nos « Lumières ». Comme le dit Gasparov dans le livre, à  propos de « Deep blue » qui l'a battu aux échecs : «  il n’est  pas plus intelligent qu’un réveil-matin programmable ! »

Plus que jamais, l’éducation aura un rôle primordial.

Dans ce contexte, l’une des grandes questions qui sera au cœur des préoccupations sera celle de l’éducation : quelles compétences et quelles connaissances transmettre à nos enfants et petits-enfants pour qu’ils ne deviennent pas les esclaves de l’Intelligence Artificielle, des personnes ayant perdu leur libre-arbitre, et qui fera qu’ils ne seront pas facilement manipulables par les médias où le virtuel peut si facilement remplacer le réel, par le  monde économique, toujours preneur de mains-d’œuvre dociles, sans parler du politique  où  le mensonge peut façonner l’opinion plus facilement qu’autrefois (cf. la campagne sur le Brexit au Royaume-Uni) ?

Déjà les métiers tels que la  médecine, la radiologie et la chirurgie sont envahis par elle. Il n’y aura bientôt plus d’agences bancaires parce que la  plupart des opérations sont traitées sans intervention humaine… L’avenir est donc dans les activités qui font appel à l’esprit d’entreprise dans les métiers de la robotique, les biotechnologies,  les nanotechnologies.  Il sera aussi  dans toutes celles qui peuvent donner un sens à la vie : l’enseignement évidemment, la recherche bien sûr,  mais aussi le droit,  les loisirs, les services  à la  personne, la sécurité, et  forcément la politique dont il vaudrait mieux qu’elle ne soit pas exercée par des robots !

Il est impératif  que l’économie de la connaissance prenne rapidement en compte les personnes qui ont des capacités moyennes ou modestes, puisque dans le même temps l’Intelligence Artificielle va avancer de  plus en plus vite. Celles que l’on commence à former seront encore sur le marché de l’emploi en 2070.  Qu’en fera-t-on quand elles seront dépassées  par les progrès de  l’Intelligence Artificielle ? L’auteur de « La guerre des intelligences » préconise : l’école a un rôle à jouer, à condition que, lorsqu’on investit dans l’éducation, cela ne profite pas qu’aux élèves qui ont un QI élevé. En effet, partout dans le monde, l’éducation ne marche vraiment bien que sur ces derniers, toutes les études internationales le montrent. Cela  passe par une modernisation des moyens et un nouveau type de recrutement des enseignants. 

Investir dans la recherche pédagogique.

Il faut réfléchir à une pédagogie qui améliore  les capacités des gens à QI modeste et qui leur permette d’apprendre : c’est le seul moyen d’éviter le  pire scénario qui consisterait à avoir d’un côté l’élite et de l’autres  les inutiles. Laurent Alexandre, déjà cité  plus haut, stipule que nos cerveaux pourraient être modifiés par la  science pour augmenter notre quotient intellectuel afin de résister à la concurrence de  l’Intelligence Artificielle. Une montée en puissance radicale en utilisant tout le potentiel  des nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives. Il  plaide encore  pour une école « transhumaniste » qui trouvera normal de transformer le cerveau des élèves, pour favoriser une démocratisation de l’intelligence. Nombre d’intellectuels humanistes y verront une dérive qui rappelle le « Meilleur des Mondes » d’Aldous Huxley,  mais l’essayiste a des arguments qu’il faut savoir entendre, sans qu’ils soient décisifs.

On a lancé la société de la  connaissance, du big data, et l’industrialisation de l’Intelligence Artificielle sans se préoccuper de l’intelligence biologique. Laurent Alexandre dénonce, à juste titre  des élites qui n’ont même pas commencé à réfléchir à l’avenir des gens moins doués, alors  que les inégalités de quotient intellectuel sont les principales sources des inégalités sociales et économiques. Or le quotient intellectuel mesure notre capacité à résister à l’Intelligence Artificielle puisqu’il synthétise notre plasticité neuronale et donc notre adaptabilité intellectuelle. En ce sens, la prise  en compte  par  l’école de cette nécessité évidente  d’égalisation des chances, impose des investissements lourds dans la recherche pédagogique au moins autant que les  géants du numérique américains et chinois investissent dans l’éducation des cerveaux de silicium.

Nous avons en France, une « mission sur l’intelligence artificielle » pour la développer dans notre pays et en Europe. Elle a défini six pistes de  réflexion : politique industrielle, enjeu des données, impact  sur l’emploi, écologie, éthique et recherche. Rien sur la formation et l’évolution de la pédagogie ! En retard sur le développement de l’Intelligence Artificielle, nous ne prenons pas en compte son impact sur l’humain. Peut-on se contenter d’une vision qui réduit l’Intelligence Artificielle à débarrasser l’humain de ce qui est répétitif pour se concentrer sur le stratégique et l’empathique qui font de nous des humains ? Voilà une vision un  peu trop réduite du rôle de l’Intelligence Artificielle. Le  débat est donc loin d’être clos. 

Les écrans ne sont pas la solution.

L’ouvrage de Michel Desmurget qui a mis trois ans à rassembler la littérature scientifique concernant le sujet est sans appel. Dans « la fabrique du crétin numérique », il démontre avec une grande précision les dégâts provoqués par le temps passé de nos chères têtes blondes devant les écrans. Toutes les études montrent un affaissement majeur des compétences cognitives de ces jeunes, depuis le langage jusqu’aux capacités attentionnelles en passant par les savoirs culturels et fondamentaux les plus basiques. La numérisation de l’école ne fait qu’aggraver les choses, on le sait, entre autre, par les études PISA. Le miracle que décrit Michel Serres  n‘a pas eu lieu : homo numericus n’est pas advenu. Ce prodige évolutif que d’aucuns nomment « millenial, digital native, e-generation,… » n’existe que dans la tête des propagandistes de la consommation d’écrans. L’enfant mutant du numérique, que son aptitude à taquiner le smartphone aurait transformé en omnipraticien des nouvelles technologies, qui grâce aux jeux vidéo aurait vu son cerveau prendre force et volume, cet enfant n’est qu’une légende. De même la performance des élèves chute d’autant plus que les investissements dans les technologies de l’information et de la communication (TICE) augmentent. Alors que nombre d’études ont démontré l’importance de la lecture dans les livres pour enrichir et développer le langage et son influence positive sur les résultats scolaires. L’enfant n’a besoin pour développer son verbe ni de vidéos ni d’applications mobiles, il  faut qu’on lui parle, qu’on sollicite ses mots, qu’on l’encourage à nommer les objets. Il a besoin d’interaction humaine. Le cerveau humain s’avère, quel que soit son âge, bien moins sensible à une représentation vidéo qu’à une présence humaine effective.  C’est pour cette raison que la puissance pédagogique d’un être de chair et d’os surpasse irrévocablement celle de la machine.

Donc, le professeur solidement formé reste la meilleure solution. Un écran ne peut pas sourire, accompagner, guider, stimuler, encourager, rassurer, émouvoir, faire preuve d’empathie … qui sont des éléments essentiels de la transmission et de l’envie d’apprendre.

Les écrans ont d’autres effets négatifs qu’il serait dangereux de sous-estimer : leur utilisation abusive affecte lourdement le sommeil, augmente fortement la sédentarité en diminuant d’autant le niveau d’activité physique, effets auxquels il faudrait ajouter les contenus « à risque » de tous ordres ( sexuels, tabagiques, alcooliques, alimentaires, violents …) qui saturent l’espace numérique. Maîtriser l’utilisation des écrans s’avère donc une nécessité si l’on veut préserver les performances scolaires, le développement intellectuel et la santé des enfants.

D’autres enjeux tout aussi cruciaux.

La France a aussi pris du retard dans toutes les problématiques d’accueil des enfants « différents » : tous les « dys.. », précoces, autistes.  Ce sont des défis que les autres  pays relèvent. Et dans le domaine de la pédagogie, voilà un des rares domaines où les outils numériques peuvent être d’une grande utilité pour faciliter l’insertion de ces enfants, le  plus souvent possible, en milieu « ordinaire », c’est-à-dire les scolariser.

Ainsi, prenons le cas des enfants autistes. En France,  80% des enfants autistes ne sont pas scolarisés. Leur prise en charge devient indispensable,  d’autant plus que la Haute Autorité de Santé estime à 1 nouveau-né sur 150 concerné par l’autisme, taux que les spécialistes estiment largement sous-estimé et plutôt  à 1 sur 100. Ils seront donc de plus en plus nombreux. A la rentrée 2019, ce sont plus de 4 000 enfants de 3 ans qui n’ont pas pu intégrer l’école maternelle. 

L’imagerie cérébrale montre que le cerveau des autistes fonctionne différemment de celui des « neurotypiques » (gens dits « normaux »). Ce ne sont pas les mêmes zones du cerveau qui s’activent chez les uns et chez les autres, ce qui suggère qu’aux différences constatées au niveau des processus cognitifs répondraient des connexions  entre régions cérébrales elles-mêmes différentes. Un chercheur californien a établi que le développement important du cortex préfrontal, siège des fonctions cognitives supérieures,  comme le langage et le raisonnement, résultait d’un nombre anormalement élevé de neurones dans cette région, de 67 % supérieure à celui des enfants non autistes. Ainsi, si les autistes ont tant de difficultés pour apprendre à parler, ce serait peut-être en raison d’un excès de neurones à la naissance.  Ces  observations ont permis dans d’autres pays de  mettre en place des stratégies d’apprentissage adaptées. L’apport des neurosciences pourrait être décisif pour adapter  les  modèles d’enseignement. Il existe des méthodes qui sont mises en œuvre dans d’autres  pays, qui fonctionnent et qui permettent de sortir la  plupart des enfants autistes du milieu hospitalier. Ce sont soit des classes spécialisées, de moins de 12 élèves, soient des classes  ordinaires avec accompagnant formé. Au Canada, on pratique « l’autorégulation ». Les cas d’autisme étant très variés, les enfants sont insérés dans des classes ordinaires et en cas de « crise » dirigés  vers un « sas » médico-social associé à l’établissement. L’important étant d’assurer la  prise en charge en continu de la maternelle à l’école élémentaire et au collège. Cela suppose de former les  personnels à ce type d’encadrement. L’expérience démontre que tout le  monde bénéficie de cette démarche : les autres élèves acquièrent une connaissance de ces enfants et s’habituent à eux, les  accompagnants spécialisés profitent aussi aux élèves dits « normaux » mais en difficultés. Et les outils pédagogiques sont déjà familiers. Le  problème des autistes étant souvent un défaut de verbalisation, l’i-pad permet, grâce à des logiciels de pictogrammes, de contourner ce défaut et de rétablir la communication. Il existe évidemment d’autres contraintes correspondant à la sensibilité particulière de ces enfants, comme privilégier le visuel, qui peuvent être gérées.  Il  ne s’agit pas ici d’entrer dans le détail. Le « plan autisme » du gouvernement vise en priorité la précocité du diagnostic, avant 2 ans, ce qui voudrait signifier  une entrée en maternelle à 3 ans, en 2021. Restera à convaincre le ministère de l’Education nationale et à former les  enseignants et les accompagnants, ce qui imposera un gros effort financier.

Pour faire court, je suis persuadé que les outils numériques, utilisés avec des programmes très précis et adaptés, associés  à des stratégies pédagogiques spécialisées mises en œuvre par des enseignants dûment formés, permettraient de répondre aux cas des élèves  précoces,  si mal  pris en compte dans  les classes  ordinaires, et de tous ceux qui présentent des troubles de dyslexie, dysphasie, dyspraxie… Toujours avec le même  objectif : leur faire suivre autant que faire se peut une scolarité en milieu ordinaire. Espérons que comme d’habitude, nous ne prenions pas un train de retard. Car il faut compter avec les forces conservatrices du système que sont les syndicats de gauche comme le Snuipp-FSU, qui continueront de défendre l’indéfendable. Il serait temps que les sciences, et surtout les neurosciences, qui sont autrement plus fiables que la psycho-sociologie des pédagogistes, soient prises  réellement en compte en ce qu’elles apportent des éléments de connaissance sur l’activité cérébrale. C’est   ainsi que le professeur Dehaene, spécialiste de psychologie cognitive  a  démontré, imagerie cérébrale à l’appui, l’inefficacité de la méthode globale pure expérimentée dans les années 80. Et de fait, il estime que le « décodage » doit tenir une place importante en CP dans l’apprentissage de la lecture.  De quoi faire se dresser tous les experts en « sciences de l’éducation » de la rue de Grenelle !

Le pédagogue a encore un rôle à jouer.

Je vois bien que lorsque mon imagination me projette dans un enseignement avec des élèves bardés d’outils électroniques, en adaptant mes recettes et un  renversement des rôles - les élèves qui énoncent ce qu’ils ont trouvé et le  prof qui écoute et fait le tri, réoriente ou valide- je ne suis qu’une relique du 20ème  siècle qui ferait cours avec  les schémas de « l’ancien monde ». Evidemment, les cours du 21ème siècle s’annoncent complètement différents et l’on peine à les imaginer à travers les évolutions qu’envisage Michel Serres, assez surréalistes d’ailleurs. Pourtant je reste persuadé que malgré tout, il faudra continuer d’apprendre à lire  et  à écrire parce que c’est par là que tout a commencé et continuera de commencer. Luc Ferry nous prévient : il ne croit pas  au recours aux « sciences de l’éducation » ou « neurosciences », il doute, en effet, qu’une meilleure connaissance du fonctionnement du cerveau d’un élève par un enseignant rendra forcément ce dernier meilleur pédagogue, sinon comment expliquer que de merveilleux professeurs aient pu tout ignorer des neurosciences ! Il a en partie raison s’il veut dire par là que la relation pédagogique restera essentielle. Sauf que l’amélioration des facultés cognitives est  possible et requiert des méthodes adaptées, utilisant tout le potentiel des sciences du cerveau. Une meilleure connaissance du fonctionnement de notre matière grise ne peut qu’aider  le  pédagogue à imaginer ses stratégies d’apprentissage, comme  je l’ai fait  en découvrant les travaux de La  Garanderie.

Pédagogue ou « médiateur » ?

Il n’y aura peut-être plus de pédagogue dans un rôle tel qu’on le conçoit aujourd’hui encore, néanmoins je reste  persuadé qu’un « médiateur » du savoir sera toujours indispensable,  sous quelle forme et comment… cela reste à inventer. La solution pourrait être dans la recherche des complémentarités entre le cerveau humain et  celui de silicium, grâce à une cartographie de l’intelligence artificielle qui permettrait d’en identifier les zones de  compétences. Ainsi, il y aura des endroits où l’on va être moins bons que l’Intelligence Artificielle mais que l’on pourra reprendre par de la formation,  par  du travail de groupe,  par de nouvelles  approches intellectuelles… Une guerre de  mouvement passionnante et du pain sur la planche pour  les futurs pédagogues qui devront se remettre sans cesse en cause.  Il reste que les livres de  Laurent Alexandre, de Michel Serres, de Gaspard Koenig, de Michel Desmurget, soumettent à la réflexion de ceux qui ont en charge les destinées du système   éducatif, des pistes de réflexions qui rendent leur lecture indispensable par nos intellectuels et nos politiques s’ils veulent appréhender les enjeux du monde qui vient, et  qui est déjà là pour partie. Avec toutefois une constante : le geste d’enseigner, quel que soit le contexte, se situera toujours au-delà des réformes et des circulaires, car il est d’abord une relation qui se  construit avec autrui, en l’occurrence entre le pédagogue et un élève ou un étudiant.

 


ALERTE : LES ECRANS VONT FAIRE DE NOS ENFANTS DES CRETINS !

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« La consommation récréative du numérique sous toutes ses formes (smartphones, tablettes, télévision, etc…) par les nouvelles générations est absolument astronomique… Entre 8 et 12 ans, ils passent à peu près 4h45 (chaque jour). Entre 13 et 18 ans, ils effleurent les 6h45. » 

C’est sur ce constat que débute le livre de Michel Desmurget « LA FABRIQUE DU CRETIN NUMERIQUE ». L’auteur est directeur de recherche en neurosciences à l’Inserm. Il a passé trois ans à éplucher toute la littérature scientifique qui existe sur le sujet et son constat est sans appel : on court à la catastrophe. La consommation actuelle de nos jeunes, et souvent dès deux ans, saborde tous les piliers de notre intelligence avec comme résultat un affaissement du QI et de nombreux autres effets nocifs. L’article que je vous propose est un peu long, mais la matière est dense (400 pages), même synthétisée. Et je n'ai fait qu'effleurer le sujet...

Rétablir la vérité.

Le chercheur se fixe comme premier objectif de démolir toute la propagande véhiculée par les pseudos experts médiatiques qui semblent se féliciter de la situation et selon lesquels nous aurions changé d’ère et le monde appartiendrait désormais aux « digital natives » dont le cerveau aurait muté. Un cerveau plus rapide, plus réactif, plus apte aux traitements parallèles, plus compétent à synthétiser d’immenses flux d’informations, plus adapté au travail collaboratif. Et ces évolutions représenteraient une chance extraordinaire pour l’école, pour refonder l’enseignement, terrasser l’échec scolaire…  La réalité est toute autre. Les études scientifiques viennent malheureusement infirmer le discours des charlatans du numérique. La recherche met en lumière une longue liste d’influences délétères chez l’enfant et l’adolescent. C’est pourquoi Michel Desmurget s’attache d’abord, preuves à l’appui,  à démonter tous les discours offerts au grand public pour le rassurer et le pousser à consommer de l’écran. Car la partie n’est pas gagnée. Il faut d’abord en finir avec « l’enfant mutant » : « si vous voulez voir à sapiens un successeur, revenez dans quelques millions d’années ». Il faut combattre ceux qui sèment le doute en présentant les savants comme des « alarmistes digitaux ». Il faut expliquer que science et opinion ne se valent pas…

Le mythe : homo mediaticus.

La première partie de l’ouvrage est consacrée au démontage précis et méthodique de la construction du mythe. Comment il s’est répandu  en faisant croire à l’émergence d’une génération différente, possédant un cerveau plus développé, et vantant le caractère formidable des écrans. Ces « contes et légendes »  ne tiennent pas. L’enfant mutant du numérique, de la confrérie X, Y, Z, lol, zappien ou C, que son aptitude à taquiner le smartphone aurait transformé en omnipraticien des nouvelles technologies, qui grâce aux jeux vidéo aurait vu son cerveau prendre force et volume, cet enfant n’est qu’une légende. Aucune étude scientifique ne valide une telle évolution. Le problème n’est pas résolu pour autant. Son image continue à hanter les croyances collectives. Comme pour les industriels, le problème est tout de même sérieux, ils dépêchent sur le terrain  et dans les médias les « experts ». Il faut alors dénoncer les conflits d’intérêts, combattre les verbiages creux et les réponses fumeuses, et s’attaquer à tous ceux qui entretiennent le doute. Le constat est sans appel : « nombre d’experts médiatiques parmi les plus importants présentent une stupéfiante capacité à collectionner les âneries, sornettes, revirements, approximations et contrevérités » nous dit Michel Desmurget. Pour le citoyen lambda il est très difficile d’isoler les sources compétentes des foyers impropres et lobbyistes. Et au bout du compte les petits soldats du numérique, psychiatres, psychologues, médecins, universitaires, continuent, sous couvert d’expertise, sans jamais avoir à expliquer leurs sujétions industrielles, à emplir l’espace collectif de leur affligeante propagande. Ainsi des études boiteuses à la méthodologie coupable,  font croire que les loisirs numériques n’affectent pas les performances scolaires, que les jeux vidéos améliorent les résultats scolaires, et même qu’il y aurait moins de crimes grâce aux jeux vidéos violents. Toutes ces errances se combinent pour installer un mythe bien éloigné des dures réalités scientifiques.

Homo numericus : la réalité est loin du mythe.

La génération contemporaine est bien « la plus bête ». Les écrans sont mauvais pour le développement cérébral. Les nouvelles technologies mettent le cerveau dans une situation permanente de multitâche pour laquelle il n’est pas conçu… Bien plus grave encore le numérique à l’école est un désastre, un canular à 60 milliards de dollars qui n’améliore pas les résultats des élèves. Ce qui explique que les fameux « geeks » soient nombreux à inscrire leur descendance dans de coûteuses écoles privées dépourvues d’écrans, comme l’admet l’un de ces visionnaires de la Silicon Valley. Michel Desmurget analyse le problème en le prenant à la racine : le constat des usages abusifs trop répandus.

L’imprégnation se fait dès l’enfance alors que les premières années d’existence sont fondamentales en matière d’apprentissage et de maturation cérébrale, amputant l’enfant d’un certain nombre de stimulations et expériences essentielles très difficiles à rattraper.

Suit la période 8-12 ans de l’amplification : le temps passé aux activités numériques, essentiellement des jeux et des vidéos, dépasse quotidiennement les 4h30. La généralisation des smartphones entraîne une vraie submersion au moment de l’adolescence poussant la consommation au-delà de 6h30/jour… 40% du temps normal de veille. Sur une année, les écrans absorbent autant de temps qu’il y a d’heures cumulées d’enseignement du français, des maths et des SVT durant tout le secondaire. Ces chiffres ne sont que des moyennes d’usage. Il est évident qu’avoir plusieurs télés, consoles, smartphones ou tablettes à la maison favorise la consommation, et ce d’autant plus que la chambre est concernée.

Le milieu familial devrait au contraire limiter l’accès et donner l’exemple. La consommation n’est pas inéluctable : les études démontrent que fixer des règles ça marche, à condition de réorienter les activités. D’autant plus que l’impact préjudiciable des écrans récréatifs sur la santé et le développement cognitif surgit bien en deça des seuils d’usages moyens observés.

Ecrans et résultats scolaires ne font pas bon ménage. 

L’auteur aborde ensuite les répercussions sur la réussite scolaire pour souligner le danger. La littérature scientifique démontre de façon claire et convergente un effet délétère significatif des écrans domestiques sur la réussite scolaire, indépendamment du sexe, de l’âge, du milieu d’origine. A cet égard, le « smartphone » se révèle être le Graal des suceurs de cerveaux et de la décérébration : plus ses applications deviennent intelligentes, plus elles se substituent à notre réflexion et plus elles nous conduisent à devenir idiots.

L’utilisation du numérique à l’école, n’est guère plus convaincante. Pour faire court, la technologie peut permettre d’optimiser un enseignement de qualité, mais elle ne pourra jamais pallier un enseignement de piètre qualité. On comprend pourquoi toutes les expériences de « classes sans profs » ont échoué. Il est infiniment plus astreignant d’apprendre avec un MOOC qu’avec un enseignant qualifié, sans parler du danger que présentent les algorithmes qui se soucient comme d’une guigne de la validité des résultats, incapables qu’ils sont de s’interroger sur la rigueur factuelle des contenus identifiés. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus les Etats investissent dans les TICE, plus la performance des élèves chute. A la différence d’un prof, un ordinateur ne peut pas sourire, accompagner, guider, encourager, stimuler, rassurer, émouvoir ou faire preuve d’empathie, qui sont les éléments essentiels de la transmission et de l’envie d’apprendre.

Une intelligence entravée.

Les résultats scolaires ne sont que la partie visible de l’iceberg des effets néfastes. Ce qui est atteint c’est l’essence même de l’édifice humain en développement, depuis le langage jusqu’à la concentration en passant par le mémoire, le QI, la sociabilité et le contrôle des émotions. Une véritable agression silencieuse. Les écrans mutilent les interactions humaines si importantes au cours de l’enfance et de l’adolescence notamment pour la réussite scolaire, la stabilité émotionnelle et la prévention des conduites à risque. Une étude récente montre l’action négative du temps global d’écran sur le développement moteur, social et cognitif. Le langage est amputé ; il demande bien plus que des paroles pour assurer son déploiement : il demande des livres. L’attention est saccagée. Sur ce point les résultats sont accablants. Un exemple : la pratique de la télé ou des jeux vidéos, le matin, avant l’école, altère durablement les capacités de concentration et par suite la performance intellectuelle.

Une santé menacée.

Les médias électroniques doivent être reconnus comme un problème majeur de santé publique, souligne la communauté scientifique. La liste des champs touchés paraît sans fin : obésité, anorexie ou boulimie, tabagisme, alcoolisme, toxicomanie, violence, sexualité non protégée, dépression, sédentarité… Bref, les écrans sont les pires faiseurs de maladies de notre temps.

Le sommeil est brutalement mis à mal, oubliant que pendant que nous dormons, notre cerveau travaille. Or, le manque de sommeil perturbe la réactivité et la connectivité des circuits cérébraux impliqués dans la gestion des émotions. Et les écrans portent une large part de responsabilité : ils retardent l’heure du coucher, augmentent la latence d’endormissement, interrompent souvent la continuité de nos nuits, et altèrent la qualité du sommeil par les contenus excitants, stressants ou anxiogènes. Ainsi les scientifiques ont établi un lien étroit, au sein des jeunes générations, entre consommation numérique et souffrance psychique (dépression, anxiété, mal-être, suicide…).

La sédentarité que la consommation d’écrans engendre a aussi son cortège d’effets dévastateurs. Chez les enfants, une heure quotidienne d’écran suffit à perturber le système cardio-vasculaire. Des indices convergents indiquent des risques plus inquiétants sur le long terme. Ainsi, l’augmentation impressionnante du nombre d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) depuis une trentaine d’années chez le jeune adulte. Je passe sur le lien avec le développement des addictions : tabagisme et alcoolisme. Un quart de nos lycéens de 16 ans boivent régulièrement et se saoulent une fois par mois au moins.

Pour en sortir : 7 règles essentielles.

1 - Avant 6 ans : pas d’écrans.

2 - Après 6 ans : pas plus de 30 mn à une heure par jour, tout compris.

3 - Pas d’écran dans la chambre.

4 - Pas de contenus inadaptés.

5 - Pas le matin avant l’école.

6 -  Pas le soir avant de dormir.

7 - Un écran à la fois.

Moins d’écrans, c’est plus de vie : c’est toute l’écologie familiale qu’il faut réorganiser. Parler, échanger, dormir, faire du sport, jouer d’un instrument de musique, dessiner, peindre, sculpter, danser, chanter, prendre des cours de théâtre, et surtout lire.

A vous de jouer, vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas !

Bon courage.

Une satisfaction, l’info commence à sortir : « Le Point » traite du sujet, c’est déjà ça !

La fabrique du crétin numérique - Michel Desmurget - Editions du Seuil.

 


QUE RESTE-T-IL DE LA REFORME DES RETRAITES ?

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Je reviens sur le sujet pour apporter quelques précisions qui montrent bien le coup d’épée dans l’eau macronien. C’est Marc Fiorentino, dans son billet quotidien qui nous résume parfaitement la situation avant que le texte n’arrive au Parlement où il va encore subir quelques retouches, dans le mauvais sens, forcément, puisque les REM de gauche font le forcing.

Une vraie fausse réforme !

Cette réforme des retraites n’en est pas une. Les mesures qui seront adoptées prendront effet tellement tard que de nouveaux présidents ou de nouveaux gouvernements auront le loisir de les annuler. Elle ne prendra réellement effet qu'en 2037. D'ici là... Le plus frappant, c'est le maintien de fait, des régimes spéciaux, avec des régimes « spécifiques » pour les policiers, le personnel de l'aviation, les danseurs de l'Opéra, la SNCF, la RATP... bref tous les régimes spéciaux.

Que retenir ?

Le changement, c’est la mise en place du système par point. Les assurés nés à partir de 1975 toucheront tout ou partie de leur retraite dans le nouveau système, à leur départ à la retraite en 2037, donc. Tous les cotisants se constitueront un capital de points. Chaque euro cotisé donnera droit à des points. Ces points verront leur valeur évoluer en fonction du « revenu moyen par tête ». Au-dessus d'un certain revenu, pour l'instant 120 000€, mais on peut s'attendre à ce que ce seuil soit régulièrement baissé, on cotisera sans créer de droits à la retraite. À l'inverse, la pension minimum sera de 1000€ en 2022, soit 82% du SMIC, et passera à 85% en 2025.

Une réforme de gauche.

Mais c’est bien une réforme de gauche, sociale-démocrate, bien égalitaire pour les salariés qui n’entrent pas dans les catégories « spécifiques », et redistributive à souhait puisque ce sont les revenus les plus élevés qui sont perdants au profit des plus « fragiles ». Même si le projet ne dit pas, pour l’instant, comment l’équilibre financier est obtenu ! D’autant plus que garantir la valeur du point indépendamment de la situation économique et démographique, c’est se contraindre à mettre en œuvre des mesures d’âge uniformes qui font perdre une grande partie de l’intérêt d’un système par points. Les partenaires sociaux sont donc condamnés à se mettre d’accord avec le gouvernement sur des mesures d’âge ou sur des moyens d’augmenter les recettes.

Conclusion.

Le gouvernement a fait une énième concession en supprimant l'âge pivot. La retraite devait être « universelle ». Elle ne l'est pas. Elle devait repousser l'âge de départ à la retraite, comme dans tous les pays développés. On reste à 62 ans. Elle devait permettre l'instauration de la retraite par points. C'est repoussé aux calendes grecques. Faute de mesure d’âge, il faut néanmoins trouver autour de 12 milliards d’euros pour équilibrer les comptes d’ici à 2025, c’est-à-dire demain. Et comme toujours, au final, avec Macron, ce sont les mêmes qui seront sollicités pour équilibrer les comptes : les aisés qui ont plus de 2 000€ mensuels de revenu. En attendant on tremble de connaître l’addition finale car les multiples concessions vont coûter très cher et on tremble encore plus à l’idée que c’est finalement le génie fiscal de Bercy qui va nous pondre les bonnes mesures lors de la conférence sur le financement des retraites. On parie sur qui va payer : les aisés, les banques, le capital,… Le principe d’universalité ne perdure qu’à travers ce qui est en fait une étatisation du régime des retraites, autre marqueur de gauche.

Donc, pas universelle et injuste en plus !

Un conseil : commencez ou continuez à constituer votre retraite PAR CAPITALISATION, car la retraite par répartition, qui n’assurera au mieux qu’un remplacement de 50%, ne sera plus pour vous qu'une retraite complémentaire. Alors je pose la question aux gens de droite dont les sondages disent qu’ils soutiennent le gouvernement et sa réforme : vous allez être myopes jusqu’à quand ?

En attendant, Philippe va continuer d’afficher sa « fermeté » : la réforme ira jusqu’au bout … de rien. Pitoyable !

 

 


III - Réflexions pour aujourd'hui - La place des parents (5)

Une vraie et juste place pour les parents.

 

Je n’ai guère évoqué mes relations avec les parents de mes élèves au cours de ma carrière. C’est tout simplement parce que, sauf quelques rares exceptions, ils n’ont pas fait partie de mes  « bonheurs ». Je n’ai pourtant pas entretenu de mauvaises relations ni n’ai gardé de mauvais souvenirs, mais  il faut croire que jouant leur rôle  à leur place, ils ont peu interféré dans ma pratique d’enseignant.

J’ai commencé ma carrière à une époque où les parents étaient tenus à l’écart de l’institution et les conseils de professeurs étaient souverains. Progressivement, les relations avec les parents d’élèves se sont institutionnalisées et ceux-ci, par le biais de leurs associations représentatives ont pu participer aux conseils de classes. Mais l’inspiration « robespierriste » du service public, réactualisée peu ou prou par Vincent Peillon puis par Najat Vallaud-Belkcem, dont la méfiance vis-à-vis des parents provient, ne s’est jamais vraiment éteinte.  L’école a bien sûr évolué et a accordé aux familles toujours plus d’importance, au moins officiellement. Pourtant je n’ai guère vu d’évolution. Au conseil de classe, le parent-délégué ne représentait souvent que lui-même et venait surtout pour s’intéresser au cas de sa progéniture.  Il apportait rarement des informations utiles sur les cas des autres élèves, présentés et discutés au cours du conseil. Je garde dans l’ensemble le souvenir de relations plutôt cordiales et, dans mon dernier poste, que j’ai occupé pendant près de trente ans, je pense même avoir souvent bénéficié de leur sympathie en raison des multiples projets que nous menions dans  l’établissement, sans qu’ils y soient vraiment associés. Je le mesurais au succès que rencontrait le  besoin de me voir  lors des traditionnelles rencontres parents-prof. A cette époque-là, nous n’avions pas recours aux « parents-accompagnateurs » pour sortir du collège. Parmi les quelques petits bonheurs, j’ai en mémoire quelques liens exceptionnels tissés avec certains d’entre eux à l’occasion des spectacles. Il y a bien aussi un « grenadier magnifique » pour frapper les « trois coups » au moment de la représentation d’une pièce de théâtre, fabriqué et offert par un parent, technicien au théâtre municipal. Je l’ai gardé précieusement. ... 

Lire l'article complet, dans la colonne ci-jointe à gauche, dans "L'Ecole s'invente tous les jours", chapitre : "III - Réflexions pour aujourd'hui : la place des parents" (5). Tout en bas.

 

 


Réforme des retraites : retour à la case départ ?

Christelle Morançais

Une fois, n'est pas coutume. Le bloc-notes donne la parole à une élue : la Présidente de la Région Pays de la Loire. Elle vous dit mieux que je n'aurais pu le faire, ce qu'il faut penser de la réforme des retraites. Alors, pourquoi se priver !

 
"Certains mots qui reviennent dans l’actualité semblent annoncer de prochaines défaites. «Conférences de financement» et «régimes spécifiques» sont de ceux-là. Comment imaginer qu’avec une dette de 2400 milliards d’euros (l’équivalent du PIB annuel), la France puisse s’offrir le luxe de renvoyer la question du financement des retraites aux calendes grecques (le déficit du régime à l’horizon 2025 est évalué entre 8 et 17 milliards par an) ? Et comment tolérer la survivance – y compris sous une autre appellation ! – de régimes spéciaux dont l’immense majorité des Français ne veut plus ?
 
La réforme des retraites devait marcher sur ses deux jambes : la fin des régimes spéciaux pour la justice sociale et une mesure d’âge pour le financement. Du moins était-ce la promesse initiale d’Edouard Philippe – et il faut reconnaître au Premier ministre une certaine constance sur la question de l’équilibre financier, malgré l’opposition qui se manifeste jusque dans sa propre majorité. Mais au 37ème jour de grève, le gouvernement ne semble pas en mesure de soutenir plus longtemps le bras-de-fer avec les syndicats. Et déjà se profile un compromis perdant/perdant : l’abandon du volet financier de la réforme et la création d’une universalité mitée de dizaines de régimes spéciaux. Retour à la case départ, en somme. Et 5 semaines de galère dans les transports pour rien !
 
Dès l’origine, le gouvernement a commis une faute : ne pas avoir dit la vérité aux Français. Pour sauver notre régime par répartition des déficits structurels (la part d’actifs rapportée au nombre de retraités ne cesse de diminuer) et pour préserver le niveau des pensions, une mesure et une seule s’impose de toute urgence : travailler plus longtemps (rappelons qu’avant 1982 les Français travaillaient jusqu’à 65 ans). Faire de cette vérité absolue la variable d’ajustement des négociations syndicales, c’est risquer d’enterrer la réforme avant même de l’avoir vue naître.
 
Plus fondamentalement, et au-delà des erreurs que le gouvernement a pu commettre, une question majeure se pose : la France est-elle irréformable ? Alors qu’une majorité de Français est consciente qu’il faut transformer notre modèle social pour préserver l’essentiel : la solidarité entre les générations et la compétitivité de notre économie, pourquoi aucun consensus politique n’arrive à émerger ? Pourquoi l’intérêt général est-il systématiquement écrasé par des intérêts particuliers ? Ces questions restent entières, et pour tout dire préoccupantes."
 
Christelle Morançais
 

UN CENTENAIRE ENCORE BIEN VERT !

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Bien vert, bien que sa tunique soit depuis toujours colorée de noir et blanc, ardoise et tuffeau, identitaire de la bonne ville d’Angers, dont ce club est l’emblème. Je veux parler du SCO foot pro qui vit sa centième saison en caracolant dans le haut du classement de la première division. Le SCO a cent ans ! Voilà qui mérite un coup de chapeau dans le bloc-notes.

Une épopée.

Ce serait trop long d’entrer dans le détail des multiples rebondissements qu’a pu connaître la vie d’un club au long d’un siècle d’existence. Créé à l’automne 1919, le club de foot deviendra  assez vite la section d’un club omnisport. Mise en sommeil en 1924, elle renaît en 1929. Cette nouvelle impulsion est la bonne : le SCO est champion de la division d’honneur de l’Ouest en 1934 et champion de France amateurs en 1943. Il faudra attendre 1945 pour le voir évoluer parmi les clubs professionnels : pour sa première saison sous le nouveau statut, le SCO terminera 3ème de la 2ème division. Malgré plusieurs saisons réussies, ce n’est qu’en 1956 que le club rejoindra l’élite de la 1ère division, qu’il ne quittera pas jusqu’en 1981, à l’exception d’un bref accident en 1968-69. De 1976 à 1981, il sombre dans une tourmente qui se solde par un dépôt de bilan. Mais il repart en s’appuyant sur ses jeunes pousses. La remontée sera lente mais aboutira en 1993 à un retour éphémère en 1ère division. S’ouvre alors dès 1994, une situation instable avec une relégation en 3ème division, qui conduit le SCO aux portes du monde amateur. Une quinzaine d’entraîneurs en  douze saisons …  C’est en 2006 que la situation s’éclaircit. A nouveau le SCO s’impose en ligue 2 et ambitionne de retrouver la ligue 1, ce qui sera effectif à la fin de la saison 2015.

Le club des continuités.

Les hommes comptent, aussi bien sur la pelouse que pour la direction. Et le club en a vu passer des têtes depuis le colonel Bertin, président bâtisseur des premiers jours. Des présidents, des entraîneurs, des joueurs : tout le monde se souvient de Kopa, forcément, même si ce n’est pas au SCO qu’il a le plus brillé, de Guillou, l’homme du « ballon qui rend fou », de Berdoll, … Mais tant d’autres ont contribué aux heures de gloire du club avec un palmarès impressionnant : 12 ans consécutifs en D1,  deux fois finalistes de la coupe de France à 60 ans d’intervalle (1957 et 2017), une participation à la coupe d’Europe… Et plusieurs joueurs sélectionnés pour la coupe du Monde de 1958.

Le beau jeu.

Les Angevins sont presque toujours restés fidèles à leur club, sauf dans les quelques années noires de la fin des années 90. C’est qu’à Angers, on pratique le « beau jeu ». Presque depuis toujours, c’est dans l’ADN de la formation : le SCO pratique un football élégant, fluide, qui fait que les supporters sont contents, même quand il perd. Même pendant l’année passée en National, le stade était plein. Il faut y rajouter une autre constante : au SCO, on ne lâche rien, jamais ! C’est la « dalle angevine », la faim de victoires ! Le beau jeu, c'est le produit de l’école de formation, et c’est d’abord le club omnisport avec ses multiples équipes. Puis le club de foot  lui-même se structure pour accueillir les jeunes. Et cultiver déjà l’attachement à la maison. C’est comme ça qu’un Vincent Manceau entré à six ans au club, est passé par toutes les étapes avant de rejoindre l’équipe pro à 18 ans et en vient à prolonger encore son contrat au printemps 2019 pour trois années supplémentaires.  Le cap des 300 matchs  sera franchi avec le SCO, et pourquoi pas les 477, record de Pierre Bourdel.  C’est comme ça, aussi, qu’un certain Stéphane Moulin …

Un entraîneur sérieux.

Le tandem Chabane-Moulin a donné au SCO une stabilité bienvenue.  Saïd Chabane poursuit méthodiquement la structuration du club et la rénovation de ses infrastructures avec un succès certain. Il est aidé en cela par l’enfant du club devenu son principal entraîneur avec un réel savoir-faire, et qui est tout-à-fait représentatif des valeurs du SCO. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs entraîneurs de la 1ère division, Arsène Wenger le comparant à « Guy Roux ».  Il a 52 ans et il a déjà  passé neuf ans sur le banc. En cette année centenaire, le club caracole en tête, avec beaucoup de hauts et quelques bas. Les Angevins aiment être discrets, aussi ne fait-il pas de bruit, mais il a les idées claires : exigence et empathie sont ses deux jambes d’entraîneur. Il fait avec les moyens qu’on lui donne mais cherche à en tirer le meilleur parti, comme de ses hommes. Avec son budget, il sait qu’il ne peut pas ambitionner d’avoir des internationaux, ce qui ne l’empêche pas de viser le plus haut possible. Alors les mauvaises langues n’hésitent pas à dire que c’est le niveau du championnat qui n’est pas à la hauteur : quel mépris.  Il y a des clubs qui travaillent et qui petit à petit font faire des progrès à leurs joueurs et à leur équipe. C’est le cas à Angers.  « Le foot c’est comme la vie, il y a des bons et des mauvais moments… » se permet-il d’affirmer. Il sait qu’il a la confiance de son président et la durée pour lui. Il sait aussi qu’il peut être victime des conditions économiques et qu’un président peut y être sensible. A lui de faire en sorte que ça n’arrive pas. Un entraîneur qui croit à l’abnégation, l’entraide, l’effort dans la durée, qui souhaite appréhender les situations pour tirer le maximum de chacun. Et qui aime ses joueurs. Par les temps qui courent, c’est une denrée rare. Il est comme ça Stéphane, toujours lui-même, jamais en représentation. Il cultive ses valeurs et fait en sorte qu’elles soient partagées. Et ça marche. Ne lui parler pas d’ambition : lui il souhaite simplement s’épanouir professionnellement, et manifestement, il y parvient ! Pour notre plus grand bonheur d’Angevins.

 


QUE NOUS RESERVE 2020 ET APRES ?

Fin du monde tintin

 

Je ne vais pas tenter de vous faire croire que je possède une boule de cristal ou que je lis dans le marc de café. J’ai beau avoir quelques réminiscences de culture gréco-romaine, je ne sais pas pour autant jouer les augures ni interpréter les auspices, pas plus que je n’ai sous la main la Pythie de Delphes pour consulter ses oracles… Bref, tout ça pour vous dire que je m’en suis tenu benoitement à une compilation des avis parus ici et là en ce début d’année. Avec une constante quand même : alors que le pessimisme prévalait début 2019, la fête boursière avec un indice qui a bondi de 25% sur l’année, conduit aujourd’hui à l’euphorie sur les marchés.

Politique et banques centrales.

Rien ne semble avoir prise sur l’impact des politiques d’aisance monétaire menée par les banques centrales. Marc Fiorentino le constate : « Aucun événement politique majeur n’a eu d’impact durable depuis que les banques centrales ont inondé les marchés de liquidités gratuites ou à taux négatifs,  ni l’élection de Donald Trump, ni le Brexit, ni, plus récemment, les attaques sur les infrastructures pétrolières saoudiennes ou encore la procédure de destitution de Trump. Rien ne peut gâcher la fête sur les indices boursiers. » Les jours qui viennent vont constituer un test important pour les marchés en 2020. Nous allons savoir s’il faut définitivement ignorer les événements politiques et géopolitiques majeurs et si la puissance des banques centrales est telle que les « cygnes noirs », sont pulvérisés dès leur apparition. Et il ne va pas en manquer : Trump qui a endossé l’uniforme de chef de guerre a frappé au cœur du régime iranien. Il y aura des représailles qui passeront par l'intermédiaire des multiples milices financées par l’Iran dans la région. Et il faut s’attendre au pire puisque en représailles des représailles Trump a menacé de frapper 52 cibles iraniennes. « 52, comme le nombre des otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran en 1979 », a-t-il dit. On aura aussi du nouveau du côté du Brexit…

Les songes d’Attali.

Il ne s’agit pas de l’héroïne de Racine, mais de Jacques. Dans sa chronique hebdomadaire des Echos, il nous livre une liste de 12 événements improbables auxquels il faut néanmoins se préparer. Il appuie son raisonnement sur les événements surprises survenus depuis 2010, dont l’un des plus significatifs fut l’élection « d’un total inconnu à la présidence de la République française »… Je vous livre cet inventaire sans développer : en 1. Le plus « sympathique », l’effondrement du système financier mondial sous les coups d’une très grande crise financière (il n’est pas le seul à y penser) 2. Un tir de missile balistique nucléaire de la Corée du Nord vers Tokyo, ou Washington 3. La dislocation de l’Eglise catholique (ça c’est plus original) 4. L’invasion d’un des pays baltes par la Russie, suivie d’aucune réaction des Etats-Unis 5. La constitution d’un nouveau califat islamique de la Lybie au Nigeria 6. L’élection en France d’une présidente de la république d’extrême-droite (on n’y est pas encore) 7. La victoire à l’élection présidentielle américaine d’une femme sociale-démocrate et écologiste 8. Des découvertes majeures permettant la guérison des cancers les plus résistants 9. Une prise de conscience écologique planétaire avec un prix mondial du carbone à 100 dollars la tonne 10. Une charte contraignante édictée par les 50 plus grands fonds d’investissement du monde pour ne plus investir que dans les entreprises durables 11. Des révolutions démocratiques victorieuses en Russie, en Turquie ou en Chine 12. Des œuvres d’art et de nouveaux courants artistiques changeant notre regard sur le monde. C’est une liste à la Prévert, j’en conviens. Je vous laisse le soin d’imaginer les développements, c’est plus romanesque.

Le regard de Nicolas Baverez.

Voilà un économiste sérieux. Certes, il verse facilement dans le pessimisme, mais les temps y prédisposent. Il analyse le cycle de démondialisation auquel nous assistons sous la poussée des populismes, qui explique le contexte économique beaucoup plus dur, marqué par une diminution de la croissance et des emplois ainsi qu’une hausse des risques politiques et financiers. Pour lui, l’abandon de toute discipline monétaire et budgétaire (les deux vont ensemble), dans les grands pays développés renforce la probabilité d’un nouveau krach. Il prédit que les années 2020 seront placées sous le signe de la crise de la démocratie représentative et du regain (déjà en cours) des nationalismes. Car l’échec économique des populistes n’arrive pas à remettre en cause leur capacité à arriver au pouvoir et même à s’y maintenir, profitant de la déstabilisation des classes moyennes ou de la polarisation des territoires, des désarrois identitaires et de la montée de la violence… Triste tableau. L’antidote au national-populisme, c’est le patriotisme et la liberté. Encore faut-il le mettre en œuvre.

A vous de faire votre opinion.

Allez, une bonne nouvelle pour terminer, comme quoi rien n’est impossible : la Grèce où la bourse d'Athènes triomphe des indices boursiers mondiaux avec 52% de hausse. Et elle emprunte à des taux plus bas que l'Italie. Hé, Hé ! Et Carlos Ghosn qui s’évade du Japon, c’est pas un joli pied de nez ? Pendant ce temps-là, nous, on concocte une réforme des retraites qui se voudrait universelle et juste et qui ne sera ni universelle, ni juste…

Bah, le principal n’est-il pas d’être en bonne santé !

 

 


III - Réflexions pour aujourd'hui - La formation professionnelle des enseignants (4)

 

Celui qui n’est jamais allé dans une salle des profs peut encore  penser que  les sciences éducatives, ça existe. En fait, c’est une grave erreur. Si l’éducation était une science, alors il y aurait une « meilleure façon d’enseigner » et  il  serait possible d’évaluer les  méthodes mises en œuvre. Mais voilà, ce qui fonctionne ici, ne marche pas là. Telle pratique est appliquée avec succès dans un établissement et échoue dans celui d’à côté  …

Tout simplement parce que l’éducation est d’abord affaire d’humain. D’une école à l’autre, d’un collège à l’autre,  les élèves ne sont pas les mêmes, les enseignants non plus. Le contexte joue un rôle primordial.  Comme je l’ai montré dans un chapitre précédent, la pédagogie nait de l’interaction entre le prof et ses élèves, et il y a une infinité de rapports  possibles. La pédagogie relève du domaine des arts, tant elle est en rapport avec la  « sensibilité » d’un maître et celle de  son public. Mais c’est de la compétence que naît la bonne pédagogie, et non l’inverse. Derrière ce mot se cachent plusieurs exigences : celle du savoir (au sens posséder les connaissances) vient en premier, celle des « savoir-faire » vient ensuite, suivie de celle du « savoir être ». L’enseignement  ne peut pas  être un métier que l’on exerce « par défaut »,  mais si possible  par vocation, même si le mot est un peu fort....

Lire la suite dans "L'Ecole s'invente tous les jours", Chapitre III : "Réflexions pour aujourd'hui - La formation professionnelle des enseignants (4)" dans la colonne à gauche, en bas. (il suffit de cliquer sur le titre du chapitre  choisi).

 


LA CONVERGENCES DES COLERES

Macron voeux 2020

 

Teasing…

Le teasing orchestré par les médias autour des traditionnels vœux du Président Macron a plutôt bien fonctionné : plus de 10 millions de nos compatriotes ont fait l’effort d’écouter ce qui devait être un discours d’apaisement. « Un discours très attendu » nous a-t-on rabâché. Alors, le moins qu’on puisse dire, c’est que le résultat n’est pas à la hauteur des attentes. Toujours aussi glacial, aussi lointain, l’hôte de l’Elysée nous a livré un petit chef d’œuvre de méthode Coué : des vœux sans surprise, des annonces déjà connues, et ce qu’on savait déjà, à savoir que Philippe est en première ligne sur le dossier des retraites. Avec une erreur de taille : 2020 n’est pas la première année d’une nouvelle décennie, mais la dernière de la période 2011-2020. Ainsi va le calendrier grégorien. Un détail, me direz-vous, mais révélateur d’un certain amateurisme.  Les réactions n’ont pas tardé : il aurait voulu jeter de l’huile sur le feu qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Les Franciliens ont donc encore de beaux jours de galère devant eux.

Climat délétère.

Je reprends ici les constats énoncés par Jean-Pierre Robin dans le Figaro. Macron a échoué à redynamiser la France. Son action après deux ans et demi de mandat débouche sur « un climat social délétère et une économie à plat ». La promesse de renouveau entraperçue au début de son mandat, à laquelle je n’ai jamais cru mais que beaucoup espéraient, a fait place à la « convergence des colères » : les étudiants, les hôpitaux, les retraités et plus particulièrement ceux des régimes spéciaux, les policiers qu’il a fallu calmer, les pompiers, sans parler des Gilets jaunes, on se demande s’il existe une catégorie de Français satisfaits de leur sort.  Pourtant, Emmanuel Macron avait au départ tous les atouts pour réussir : une croissance revenue (2,3% du Pib en 2017), un peu grâce aux mesures Hollande et beaucoup grâce à la conjoncture mondiale, et l’aura d’un homme neuf et jeune. De fait, il a engagé le quinquennat au pas de charge : ordonnances de la loi travail (qui peinent aujourd’hui à s’appliquer), changement de statut de la SNCF (imposé par l’Europe) pour être désormais soumise à la concurrence, puis suppression progressive de la taxe d’habitation (une ânerie mais aussi une promesse), abolition partielle de l’ISF, réforme de l’apprentissage (qui entre en application ce jour), modification des règles d’indemnisation du chômage et le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu qui devient pour la masse des contribuables invisible et indolore, perversité suprême du fisc dans un pays qui bat tous les records d’imposition. Mais voilà, s’il y a quelques bonnes décisions, toutes ont été imposées d’en haut, dans la pure tradition technocratique. Jupiter se voulait le « maître des horloges ». Il a tout simplement oublié l’adage qui dit « qu’on ne change pas la société par décrets ». Il a suffi d’une banale taxe sur les carburants pour que l’illusion se perde dans la « révolte des Gilets Jaunes » à l’automne 2018.  Une erreur qui en dit long sur la coupure qui existe entre nos hauts fonctionnaires des finances et la France profonde : personne n’imaginait qu’il était absurde d’instaurer une taxe carbone au moment où les cours du pétrole s’envolaient. Mais une erreur coûteuse  qui a mis fin au projet de grande transformation du pays…

100% endetté.

Il a fallu en effet, renoncer aux réformes visant à renforcer la compétitivité des entreprises et améliorer les compétences des Français, pour finalement financer une vulgaire politique de redistribution du pouvoir d’achat par de l’argent public (près de 20 milliards), en impôts prélevés sur les « aisés » et de la dette . Cela n’a pas empêché la baisse de régime de la croissance, deux fois moindre aujourd’hui qu’en 2017 et celle de 2020 s’annonce calamiteuse. La France reste le pays à la pression fiscale record avec 46% de prélèvements obligatoires et les baisses d’impôts annoncées n’y changeront rien puisqu’il s’agit de l’habituel bonneteau : on prend aux uns pour donner aux autres. Les recettes fiscales restent par contre dynamiques, ce qui veut dire qu’elles continuent de croître, mais pas suffisamment pour rattraper les dépenses. L’année 2019 se termine avec un déficit de près de 100 milliards d’euros. Et la dette publique a dépassé les 100% du Pib à 2 415 milliards d’euros. Ce record est lié à une ligne politique fondée sur des impôts et des dépenses élevées, notamment pour financer les prestations sociales. Et telle qu’elle est partie, la réforme des retraites, qui ne devait rien coûter, va se solder par un gouffre financier supplémentaire. Elle ne sera ni universelle, ni juste, j’aurai l’occasion d’y revenir. La dette publique n’a donc pas fini d’enfler telle la grenouille… qui finit par éclater ! C’est la solution de facilité pendant les taux bas, mais c’est 100% dangereux : un seul petit point de plus en taux et c’est 19 milliards de plus d’intérêts supplémentaires, davantage que le déficit de nos régimes de retraites attendu en 2025. La sagesse voudrait qu’on s’intéresse davantage à notre endettement et qu’on s’attaque enfin à cette préférence pour la dépense publique. La France a levé 200 milliards d’euros sur les marchés en 2019. Mais cette folie dépensière n’a débouché sur aucune accumulation de richesse : l’Etat est focalisé sur ses dépenses courantes mais ne crée pas de valeur pour les générations futures. Cette dérive affaiblit la France, paupérise les Français et annonce des lendemains difficiles !

Evidemment, ce tableau réel de la situation du pays n’apparaît pas dans le propos présidentiel.  Et quand il annonce de nouvelles réformes,  il sait forcément qu’il ne pourra pas les financer, ayant épuisé toutes ses marges de manœuvre. Car le court-termisme a un gros inconvénient : il se paiera cher dans dix ans.

 


BONNE ANNEE 2020 !

Boule de gui

 

J'adresse à tous mes amis et à tous les visiteurs du bloc-notes

mes meilleurs voeux de bonheur, santé et prospérité.

Que 2020 apporte à chacun d'entre vous sa part de félicité et les mille petites joies qui font que la vie vaut d'être vécue. 

Que 2020 éclaire ceux qui nous gouvernent afin qu'ils engagent notre pays sur la voie du redressement et du rassemblement.

 

Bonne année 2020

 

 


JOYEUSES FÊTES !

Bonne année haddock001

 

Je vous souhaites de bonnes fêtes de fin d'année,

un joyeux Noël et une belle Saint-Sylvestre

entourés de ceux que vous aimez !

Le bloc-notes fait la trêve des confiseurs. 

Nous nous retrouverons le 2 janvier 2020.

Je vous remercie de votre fidélité qui ne se dément pas,

A bientôt,

Daniel

 

Bonhomme_de_neige


LE PARCOURS DU COMBATTANT

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La France périphérique existe : je l’ai rencontrée.

Un exemple bien concret : faire établir un passeport ! Même en s’y prenant à l’avance, il vaut mieux ne pas habiter en province, chez les ploucs, comme on dit, parce que là, il ne faudra pas être pressé.

Histoire vécue.

Fin octobre nous décidons de faire un voyage au Maroc en février 2020. Pays pour lequel un passeport à jour est nécessaire. Les nôtres étant périmé, et toujours prévoyants, nous décidons de faire les démarches rapidement. Nous nous rendons donc à la mairie de Saint-Barthélemy d’Anjou pour effectuer la demande de renouvellement de nos documents : surprise, le premier rendez-vous disponible qu’on nous propose est le 23 mars, et il faudra compter ensuite  6 à 8 semaines pour récupérer le passeport. Ce qui faisait autour du mois de mai… Autant dire, il valait mieux envisager le voyage en 2021. Devant notre protestation, on nous propose d’essayer auprès d’autres mairies du Maine-et-Loire et on nous fournit la liste d’une quinzaine d’entre elles, car toutes ne sont pas équipées de l’équipement biométrique nécessaire. Autre étonnement. Plusieurs coups de téléphone ne donnent pas plus satisfaction : la mairie d’Angers pouvait nous proposer au mieux le 8 mars !

La région parisienne.

Nous commencions à nous dire que notre voyage était bien compromis. Mais dans quel pays vit-on où il faut 6 mois pour établir un passeport !!! Côté préinscription sur le site internet du gouvernement, c’est plutôt facile et ça marche bien : l’interface est accessible à tous et c’est rapide. Oui, mais il reste à trouver une mairie pour déposer le dossier. Ayant à nous rendre chez nos enfants dans la région parisienne, nous tentons notre chance auprès de la mairie d’Asnières. Bonne surprise : nous pouvions avoir un rendez-vous dès le 6 décembre. Date peu pratique pour nous, en raison des grèves et puis nous avions des obligations fin novembre, ça nous obligeait à des démarches de reports pas très faciles. Alors nous tentons Le Chesnay où habite l’un de nos enfants. Incroyable : nous pouvions déposer notre dossier dès le lendemain si nous le souhaitions. Nous avons pris rendez-vous pour le 27 novembre. Nous avons déposé notre dossier en un quart d’heure, grâce à une organisation d’accueil très efficace, et la secrétaire nous a assurés que nous aurions nos documents sous trois semaines. 12 jours après, ils étaient arrivés, et pas besoin de rendez-vous pour les récupérer. Elle est pas belle la vie ?

La France périphérique existe bien.

Comment expliquer une telle différence de délais ? Comment la déconcentration des préfectures vers les collectivités a-t-elle été réalisée ?  A Saint-Barthélemy, la ville dispose d’une machine biométrique pour 10 000 habitants. Angers en a 8 pour 150 000 habitants, et Le Chesnay en a quatre pour 30 000 habitants ! Cherchez l’erreur ! Elle est où la « Smart City » à Béchu ?  Quant aux délais de confection du document une fois le dossier déposé, nous n’avons pas de réponses. C’est le mystère des méandres de notre administration. Nous en avons déduit que le Maine-et-Loire était un département sinistré sur le plan administratif. Probablement comme beaucoup d’autres en France périphérique. La fracture existe bien avec les grands pôles urbains. Voilà un beau sujet pour nos chantres de l’égalitarisme.

 


DATI L’AUTHENTIQUE !

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Le petit livre de Rachida Dati mérite le détour. Ce n’est pas du Maupassant, mais ça n’empêche pas qu’il soit très bien écrit. Il est surtout criant de vérité. A chaque page on reconnaît l’auteure. C’est un témoignage sincère, sans retenue. A son habitude, elle dit ce qu’elle pense et moi j’ai aimé. Voilà une attitude qu’on aimerait voir plus souvent adoptée par le personnel politique.

Rester soi-même.

Elle a fait irruption sur la scène politique lors de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. Son talent avait éclaté au grand jour. Elle avait fait campagne avec la fougue qui lui semble une seconde nature. Depuis, elle a continué son chemin sans jamais oublier d’où elle vient, elle est fière de sa famille, elle a gardé ses relations de jeunesse et a su en même temps se faire des amis prestigieux dont elle a bénéficié de la bienveillance, ce qui valide ses qualités humaines  et ses compétences. Elle a travaillé dur pour accéder à l’élite. Elle a dû faire face à l’adversité, à ceux que son profil dérangeait, avec pugnacité sans jamais douter d’elle-même. Face aux préjugés, elle a répondu par l’action sans jamais chercher à contourner l’obstacle, persuadée que seul le travail et le mérite paient. De la Chancellerie au Parlement européen et à la « prestigieuse » mairie du 7ème arrondissement de Paris, personne n’a décidé pour elle de son parcours. Elle est toujours à la hauteur des fonctions qu’elle exerce. Et pourquoi pas la mairie de Paris ? Le bilan d’Hidalgo est tellement piteux qu’il faut bien une Dati pour redresser la ville.

Etre fidèle.

Rachida Dati s’est forgé ses convictions. Partie du bord opposé, son chemin l’a amenée chez les Républicains. Elle correspondait bien à l’esprit de l’UMP. Le « mouvement populaire », elle en est une incarnation. Par son origine, elle est du peuple et elle sait parler son langage. Elle en comprend les difficultés et les problèmes quotidiens pour les avoir vécus. Comme « politique », elle dit ce qu’elle pense et c’est une autre de ses qualités, que ça plaise ou non. Cela ne l’empêche pas de rester fidèle à sa famille. Quand elle n’est pas d’accord, elle le dit, sans jamais tourner le dos. C’est pourquoi elle est fort respectable. On n’est donc pas surpris qu’elle soit restée proche de Nicolas Sarkozy. Evidemment, cela ne fait pas que des heureux et son franc parler peut déranger les habituels bretteurs de l’entre-soi.

Etre sans complexes.

Mais le peuple ne s’y trompe pas. Les candidats de salons feraient bien de se méfier. Rachida qui a réussi à se faire élire dans le 7ème arrondissement est tout-terrain. Elle rencontre le peuple des quartiers, écoute les problèmes, propose des solutions possibles. Et elle n’a pas peur d’aller partout, parce que partout elle est à l’aise. Elle est tout sauf déconnectée, à l’opposé de bien des technocrates devenus élus. Elle fait peu de cas des idéologies et préfère privilégier le pragmatisme qui s’appuie sur une bonne connaissance technique du sujet à traiter. Et quand elle parle de ses origines c’est pour louer le syncrétisme de la société française qui permet la fusion des cultures : « ce qui m’ancre, c’est l’universalisme de la France des Lumières qui prône l’égalité et le bonheur de tous, et le rassemblement autour de ces valeurs. »

Avoir de l’audace.

Ce dont son parcours témoigne c’est que Rachida n’a peur de rien, dès lors qu’elle est certaine d’avoir les compétences pour assumer les responsabilités qu’elle convoite. C’est pourquoi, ceux que sa candidature à la mairie de Paris faisait sourire commencent à rire jaune. En peu de temps, elle a réussi à se hisser au niveau de Benjamin Griveaux qui se targue « d’avoir tissé un lien charnel avec les parisiens ». Ce dernier bénéficie pourtant de la bénédiction présidentielle…. Elle a enterré ses concurrents de la pseudo-droite et laboure le terrain sans se préoccuper du qu'en-dira-t-on. Vous voulez que je vous dise ? Elle peut gagner !

Je n’ai fait qu’effleurer le sujet pour vous laisser le plaisir de la découverte. A lire absolument si vous voulez vous réconcilier avec « le » politique ….

Rachida Dati, La confiscation du pouvoir - Plon

 


III - Réflexions pour aujourd'hui - Le collège, ce maillon faible (3)

Le collège, ce maillon faible.

 

Dans le système éducatif, le collège unique a été un pas historique d’ouverture à tous de la scolarité jusqu’à 16 ans mais il est devenu le maillon faible du système car il est le plus exposé aux problèmes de l’intégration, et, disant cela, je ne pense pas qu’aux élèves d’origine étrangère. D’abord parce qu’il est censé accueillir tout le monde, y compris les élèves en difficulté et en retard scolaire, ensuite parce que les élèves qu’il reçoit sont à l’âge où se façonne la personnalité. Cette quête du moi des adolescents et la mixité sociale qu’ils vivent devraient être deux atouts pour les guider vers une bonne intégration dans la société. Mais beaucoup d’établissements concentrent une trop  grande hétérogénéité des élèves et trop de types de difficultés pour faire face efficacement à l’une d’entre elles : celle des élèves abandonnés à eux-mêmes, à cause de difficultés sociales, de traumatismes affectifs, du gavage vidéo-télévisuel et numérique ou sous l’emprise d’une culture obscurantiste…

Lire  le chapitre complet dans "l'Ecole s'invente tous les jours" , en cliquant sur : "III. Réflexions pour aujourd'hui - Le collège, ce maillon faible (23" dans la colonne ci-contre, à gauche, tout en bas.


LA GUERRE DU PROTECTIONNISME

Donald Trump

 

Il ne suffit pas de tenir un discours qui plait politiquement, encore faut-il qu’il tienne ses promesses. Dans la guerre commerciale qu’il mène face aux Chinois et même à ses alliés européens, Trump a multiplié les mesures protectionnistes, par souci de plaire à ses électeurs : elles ne leur ont pour l’instant produit que des désagréments. La vérité, c’est que malgré l’apparente bonne tenue de l’économie américaine, Trump a perdu la bataille du protectionnisme.

Perte de pouvoir d’achat.

« L’ensemble des mesures protectionnistes décidées par Donald Trump depuis son élection ont provoqué une perte de pouvoir d’achat de 51 milliards de dollars pour les consommateurs américains », nous assure Eric Le Boucher dans les Echos, s’appuyant sur les calculs d’économistes éminents, ce qui correspond à une perte de 0,3% de PIB. En contrepartie, les barrières tarifaires n’ont produit que 7 milliards de gains pour les producteurs américains qu’elles sont censé protéger. Plus grave pour lui, ce sont les cultivateurs américains exportateurs qui ont été pénalisés par les mesures de rétorsions. Ainsi la Maison blanche a dû leur accorder un plan d’aide de 12 milliards … Bref, les consommateurs américains ont vu les prix augmenter et les producteurs n’ont rien gagné.

Perte de compétitivité.

Les géants américains ont perdu en compétitivité par l’importation de pièces détachées plus coûteuses. Dans le même temps, certaines firmes étrangères se sont implantées, suivant la nouvelle tendance de l’économie qui veut que l’on produise là où on vend pour éviter d’émettre du CO2 en transport et se mettre en concordance avec l’esprit écologique du moment. C’est bien parce que Trump est sur la défensive qu’il change constamment d’adversaire et cherche à paralyser l’OMC en bloquant le fonctionnement de l’ORD, l’instance d’appel du règlement des différends, contestant son caractère supranational. Une attitude d’autant plus incompréhensible qu’elle a rendu de nombreux arrêts favorables aux Etats-Unis. C’est aussi pour détourner l’attention qu’il fait une proposition jugée inacceptable en ce qui concerne la taxe mondiale sur le numérique  qui se négocie à Riyad avec 134 pays : il s’agirait ni plus, ni moins, de rendre le nouveau régime fiscal mondial non obligatoire mais en option pour les entreprises, américaines en l’occurrence. « Inacceptable », a jugé Paris, à juste titre. En gros, pour « mes Bafa » tout est permis. Une position de Matamore.

L’arme politique factice.

La guerre commerciale est très difficile à gagner, mais elle reste une arme politique facile à manier. Le Président américain multiplie les allers-retours, imposant des droits de douane un jour, les suspendant le lendemain, change de front constamment en restant pro-actif, menaçant l’Europe quand les négociations avec la Chine s’enlisent… Mais en réalité les électeurs de Trump ne sont pas si contents. L’an passé, pour les élections du "mid term" les Républicains ont perdu 5 sièges dans les « comtés républicains » où les effets négatifs du protectionnisme frappent particulièrement les agriculteurs. 15 sièges supplémentaires ont été perdus  avec la suppression de « l’Obamacare » qui a atteint nombre de « petits blancs » : la fidélité des électeurs ne dure que tant qu’ils ne sont pas touchés eux-mêmes. La politique populiste est bonne dans les discours électoraux, dans les faits elle n’obtient aucun des buts qu’elle affiche, et peut même blesser ceux qu’elle a séduits.

La trêve avec la Chine.

Pékin a toujours un temps d’avance dans le maniement du temps. Alors que Trump se débat à coup de tweets démagogiques exagérés pour se faire réélire l’an prochain, Xi Jinping a le temps d’attendre que les présidents passent, et il peut se contenter de négocier quelques broutilles. Sa stratégie de conquête des « routes de la soie » n’est même pas atteinte par la guerre commerciale. Néanmoins, les barrières douanières érigées par Trump ont eu des effets sur la croissance de l’empire du milieu. Les belligérants ont donc décidé de faire une pause. La Maison Blanche a crié victoire à son habitude. Les 160 milliards de dollars supplémentaires de produits chinois importés qui étaient menacés de droits de douane, seront épargnés, en échange d’achats de produits agricoles US, notamment de soja et de porcs ( en raison de la crise porcine chinoise) pour 40 milliards de dollars en 2020. Vu de Pékin, « l’accord de la phase 1 » conclu avec Washington est présenté comme une victoire, arrachée sans faire de concessions majeures, ce qui est réel. C’est vrai que les taxes, toujours maintenues, imposées sur 450 milliards de produits chinois ont fini par se faire sentir sur les flux commerciaux. Mais l’effet tangible des tarifs douaniers reste limité pour les entreprises chinoises qui se sont relocalisées ailleurs en Asie du Sud-Est. Le problème tient davantage dans la fragilité de l’économie chinoise et c’est ce constat lucide qui explique la volonté du régime chinois d’obtenir une trêve commerciale avec Washington. Les deux parties y avaient intérêt. Pour la suite, « la phase 2 », rien n’est assuré. Tout le monde sait bien que la rivalité géostratégique et technologique entre les deux premières puissances mondiales n’est pas prête de s’éteindre. Le match ne fait que commencer.

Une bonne santé artificielle.

Aux Etats-Unis, le marché de l’emploi est toujours dynamique : il a créé 266 000 postes en novembre contre 182 000 attendus. Le taux de chômage est tombé à 3,5%, un plus bas en 50 ans. Mais c’est peut-être l’arbre qui cache la forêt. C’est une croissance aux pieds d’argile. Elle repose sur un endettement massif des consommateurs profitant des taux bas. Les bulles financières se multiplient et rappellent de mauvais souvenirs. Les fondamentaux de l’économie américaine ne sont pas bons : l’endettement massif de l’Etat, le déficit abyssal du commerce extérieur, la difficulté de l’Etat fédéral à boucler ses fins de mois en sont les signes les plus visibles. Malgré la tentative de la Fed pour reprendre le contrôle, le laxisme budgétaire et le foisonnement des activités financières échappant à toute régulation se trouvent au cœur des dérèglements d’un capitalisme qui conjugue multiplication des rentes et des inégalités, surendettement et économie de bulles. En effet, c’est Trump qui a supprimé la règle « Volcker » qu’il trouvait trop contraignante, lui permettant ainsi d’engager une nouvelle phase de déréglementation à travers l’expansion de la finance de l’ombre et l’émergence anarchique des cryptomonnaies. Si Trump était réélu, les Américains pourraient ensuite le payer chèrement.

L’expérience nous a, en effet, enseigné que les épisodes d’argent gratuit s’achèvent toujours par des krachs dévastateurs !

 


III - Réflexions pour aujourd'hui - Les remèdes (2)

Les remèdes.

 

Une tâche de longue haleine.

Une fois qu’on a dit tout ça, avec les progrès importants des sciences cognitives et grâce à l’aide que pourrait apporter l’intelligence artificielle (IA), il est possible de  mieux définir ce qui est efficace et ce qui ne l’est pas en pédagogie, et même en matière d’organisation. Il y a des établissements pionniers, il existe des méthodes alternatives, des outils qui ont fait leurs preuves. Dans son livre « Apprendre », Stanislas Dehaene énonce les chemins que balisent ses expériences scientifiques sur le fonctionnement du cerveau. Les pratiques qui fonctionnent peuvent être la source des réformes indispensables, en ne perdant pas de vue que la restauration de la confiance de la société  dans son école  est une priorité.

Remettre la machine sur le chemin des performances sera néanmoins une tâche de longue haleine. Et d’abord, tant pis pour les cénacles progressistes qui crieront à la « réaction », mais il est urgent de renouer avec l’humanisme pédagogique. Il  ne s’agit pas de se  tourner vers le monde d’hier, mais plutôt d’examiner en quoi le  passé peut nous aider en essayant de ne pas confondre « l’école d’hier » avec « l’école de toujours », une école qui ne devrait jamais perdre de vue que la  culture peut vraiment  être transmise pour ce qu’elle est : le patrimoine de l’humanité  à travers la diversité des œuvres de l’esprit à toutes les époques. C’est la Culture partagée qui rassemble, qui fait lien entre les individus.  Commençons donc par arrêter de charger l’école  de tous les problèmes du moment pour la laisser se concentrer sur sa seule et unique mission : la transmission du savoir.

L’objectif.

Il est simple : transmettre à chaque enfant le meilleur de la culture dont il est, d’où qu’il vienne, un légitime  héritier. Mais il n’y a pas de culture sans savoir et de savoir sans instruction....

Lire  le chapitre complet dans "l'Ecole s'invente tous les jours" , en cliquant sur : "III. Réflexions pour aujourd'hui - Les remèdes (2)" dans la colonne ci-contre, à gauche, tout en bas.

 


LA COMEDIE CONTINUE

Comédie grecque

 

Inutile de se prendre la tête. Pour Laurent Berger la ligne rouge a été franchie, mais tout reste négociable bien que le Premier Ministre prétende être ferme.  Inutile de se prendre la tête, parce que, en l’état, je ne risque pas de voir la fin des régimes spéciaux… Si ça continue comme ça, je serai dans l’autre monde avant.

Un peu plus de clarté.

La réforme a été présentée. On y voit un peu plus clair. Mais elle reste lointaine : elle sera appliquée pour la génération 75, avec une mention spéciale pour les régimes « spéciaux » qui bénéficieront d’un large report  (générations 80, 85, voire plus…). Ce sera un régime universel par points, avec une augmentation des cotisations pour les salariés du privé touchant plus de 120 000 € par an. 64 ans, c'est le nouvel âge d' « équilibre » (on ne dit plus âge pivot). C'est le sujet qui a fâché la CFDT plutôt favorable au régime universel. On pourra toujours partir à la retraite à 62 ans mais avec un malus et il faudra attendre les 64 ans pour toucher le taux plein, ce qui revient à une diminution déguisée des pensions. Quelle hypocrisie pour ne pas avoir le courage d’expliquer qu’il faudra travailler plus longtemps.

Peut faire mieux !

On serait tenté de dire « tout ça pour ça »… Doit-on enfoncer les portes ouvertes , ce qu'on se tue à répéter depuis des mois : on va devoir travailler plus longtemps , on va devoir cotiser plus, on va toucher une retraite plus faible, et elle sera davantage taxée. Avec ce système universel, c’est inévitable compte tenu de la démographie et du vieillissement de la population. Pour les bas revenus, la retraite sera préservée. Pour les classes moyennes « supérieures », la retraite par répartition ne sera qu'une retraite « complémentaire », leur retraite « principale » viendra de leur capitalisation. Quand je dis « on », c’est pas nous, les actuels retraités, pour qui rien ne change.

Quant à la méthode, difficile de faire pire.

Voilà le pays complètement bloqué ! Bref, vous allez dire que je suis incorrigible : le projet des Républicains est autrement plus franc, plus réaliste et plus opérationnel pour garantir les pensions et mettre fin à la fuite en avant de la dette. La droite c’est différent !

En attendant, je pense à ceux qui galèrent pour aller au boulot. Et aussi : prenez vos précautions, si vous devez bouger pour les fêtes, remplissez vos réservoirs …


PARLONS FRANÇAIS !

Académie française

 

Halte à la colonisation culturelle !

L’anglo-américain s’insinue partout, sous la forme du franglais le plus souvent, ou même comme seconde langue de communication entre les Français. Les enseignes commerciales, l’univers audio-visuel, quand ce ne sont pas les équipements publics –ainsi Angers a son « ice-park » (une patinoire)-, sont gangrénés par ce qui est devenu plus qu’une mode : une véritable colonisation culturelle. Pourtant, tous les sondages montrent que nos compatriotes sont attachés à leur langue, d’autant plus qu’elle est la seconde langue internationale, utilisée sur tous les continents, sans parler de l’Afrique et de sa francophonie. Mais malgré le foisonnement d’associations de défense du français, le mal se répand.

Le « globish » hante tous les milieux.

Il est devenu « in » de glisser des mots anglais dans les phrases au milieu de mots français, et de conjuguer des verbes improbables : ainsi le verbe « timer » cité en exemple samedi dernier par Barbara Lefèbvre, pour dire plus ou moins « programmé » ou « arrivé à l’heure » … Les premiers défenseurs de notre langue devraient être les femmes et hommes politiques. Las, ils sont loin d’être exemplaires. Anne Hidalgo est très active pour introduire le franglais dans la communication de la mairie de la capitale: « Made for sharing ! » vantant les JO de 2024 est inscrit en grand sur la Tour Eiffel, inscription contraire à la loi et aux dispositions olympiques, un comble ! Et Metz a son « Lorraine Airport », une décision du Conseil Régional qui s’est cru probablement très original. Nous ne sommes pas les derniers avec notre « Loire Valley »… Notre président « manager » n’est pas en reste avec sa « start-up nation », ses « clusters de compétences » sous les applaudissements des représentants de la « French Tech » pour mettre en avant la « French touch »…

L’univers de l’entreprise est particulièrement exposé. Le franglais en inonde les moindres recoins, de « calls » en « meetings » dans « l’open space ». On y fait du « benchmark », on engage des « process », on attend le « feedback »… Ce sont les nouveaux codes du « corporate ». Ainsi va la novlangue du bureau. Plus on fait « Silicon Valley », plus on est certain de paraître performant, critère inversement proportionnel au niveau de compréhension du vulgum. J’ai passé sous silence « job » trop connu et « mail » pour courriel, trop usé, que « courriel » n’a pas vraiment réussi à remplacer.

Mais ce n’est pas fini. Le cancer a gagné la vie quotidienne. Désormais, on quitte son « job » pour aller boire un « drink » dans un « afterwork ».  Autrefois on pratiquait le culturisme, remplacé désormais par le « bodybuilding », dans des salles de sport ? non, de « fitness », les pieds dans des baskets pour faire du « running ». En sortant tardivement il n’y aura plus qu’à se consacrer au « souping » (le « must ») : c’est l’art de manger la soupe. On ne rit pas !  Mais notre univers culturel est aussi envahi par « Facebook », ses « followers », ses « likes »…  Nous n’utilisons pas un téléphone multifonctions, mais un « smartphone » qui nous permet de faire des « selfies » et d’agrémenter nos messages de « gifs » sur « Whatsapp ». On regarde « the Voice », on organise un « brunch », on fait ses courses à « Carrefour City ». L’envahisseur anglais est partout. Le sabir est devenu un incontournable des conversations du quotidien.

Allons enfants …

Ne me faites pas dire que cette évolution est inévitable et que c’est la vie ! Rappelons que dans la salle de presse de la Commission européenne à Bruxelles, il est d’usage de parler français. Pourtant, on assiste à une accélération de la soumission universitaire, intellectuelle et populaire à l’impérialisme linguistique de la langue anglaise. Elle s’impose d’autant plus facilement que ceux qui l’adoptent, le font soit par naïveté pour faire moderne, soit sous l’effet d’une globalisation mal comprise. C’est renoncer, en réalité, à notre empire intellectuel : cette anglicisation souterraine marque le déclin des intellectuels français qui croient pouvoir renverser leur marginalisation en adoptant la langue dominante, à laquelle ils ont si longtemps résisté. Il est bon de rappeler ici la richesse de notre langue et que cette évolution est d’autant plus inacceptable qu’elle constitue un appauvrissement. N’acceptons pas cette lente dégringolade dans le sous-développement culturel. Ce n’est pas rien de parler et d’écrire la langue de Racine, Voltaire, Chateaubriand, Hugo, que le monde admire et même nous envie. Car ne nous y trompons pas, perdre la maîtrise de notre langue, c’est aussi perdre notre identité. Ce sont les idées qu’elle véhicule qui vont disparaître et perdre de leur influence, ce que Jean-Marie Rouart dénomme « l’âme française », « ce message si original d’esthétique et d’éthique façonné par les siècles ». Le globish n’est la langue de personne, il fait même injure à la langue anglaise, c’est un mythe de modernité qui a surtout la faveur des publicitaires et des « branchés ». Et la langue française a tous les outils pour résister, il suffit d’en convaincre ses usagers. Commençons par respecter la loi qui la défend. Justement nous fêtons les 25 ans de la loi Toubon.