ENFIN LA GAUCHE UNIVERSALISTE SE REVEILLE !
25 mars 2020
La gauche la plus bête du monde.
J’avais fini par penser que notre gauche française était devenue la plus bête du monde. Autrefois, c’est ce qu’on disait de la droite. Pour moi, la gauche défendait le progrès, l’universel et la raison, l’héritage des Lumières constituait un corpus idéologique incontournable, surtout pour les tenants de l’émancipation. C’est pourquoi, bien qu’attaché aux valeurs de la droite à travers la conservation et le sentiment religieux, j’ai longtemps campé aux confins de la droite modérée et de la gauche sociale, dans un centrisme qui me semblait au carrefour de ces idéaux nobles. Mais force est de constater, qu’aujourd’hui, c’est la droite qui défend la laïcité et la liberté de pensée (ou de penser), tandis que ceux qui autrefois pendaient les curés me semblent regarder la religion des nouveaux damnés de la Terre (l’Islam) avec une grande complaisance et se font les pourfendeurs impitoyables de ceux qui ne pensent pas comme eux en interdisant certaines œuvres… Et je dois dire que jusqu’à maintenant, j’avais le sentiment que le communautarisme leur avait fait abandonner définitivement le terrain de la pensée universelle.
La gauche contre les Lumières.
Le reniement vient de philosophes français, adeptes de la pensée critique tel que Deleuze et surtout Foucault, qui ont scié, j’allais dire « sciemment », la branche des Lumières sur laquelle la gauche était assise, déconstruisant la possibilité de toute norme commune, au point qu’à leurs yeux, il ne parait pas choquant qu’on réduise un discours à l’identité raciale, ou de genre, ou sociale, de celui qui l’énonce. Ce reniement de l’universalisme conduit cette gauche, généralement bobo, « cul-cult » tant elle infeste les mieux de la culture, à s’emparer de la « morale et de l’identité » pour se permettre de censurer à tout va. Plus d’appropriation culturelle possible, cette gauche dite « intersectionnelle » veut empêcher toute utilisation d’un élément provenant d’une culture minoritaire par un artiste dit « occidental », par définition le grand méchant, de préférence « blanc » et « hétérosexuel ». Ainsi on interdit Eschyle à la Sorbonne sous prétexte de « blackface », ainsi le « Hijab Day » à Sciences Po, autant de cas qui nous montrent qu’au logiciel des lumières on veut substituer celui de l’obscurantisme. Ces gentils « millenials » qui n’ont connu ni l’esclavage, ni la colonisation, ni la déportation, ni les goulags du stalinisme, s’offusquent de l’introduction de plats asiatiques dans les cantines, ridiculisant la notion d’antiracisme. Ces procureurs vont jusqu’à compter les Noirs dans la salle de la cérémonie des Césars pour alimenter leur thèse victimaire.
Une saine révolte.
Cela fait bien longtemps que les intellectuels de droite sont l’objet de moqueries quand ce n’est pas de cabales médiatiques quand ils dénoncent les mêmes dérives ou défendent la laïcité (c’est pour cacher un racisme anti musulman). C’est donc avec un certain soulagement, pour ne pas dire bonheur, qu’on entend des voix s’élever à gauche. Deux coups de gueule salutaires : celui de Stéphanie Roza, chercheuse au CNRS, avec la publication de « La Gauche contre les Lumières », dans lequel elle explore avec précision les racines intellectuelles de ce reniement qui s’est épanoui particulièrement au sein des « sciences sociales » ; celui de Caroline Fourest, « Génération offensée », dans lequel l’auteure bien connue pour sa défense de la laïcité et de l’égalité des femmes, s’en prend avec son style polémique cher à Charlie Hebdo, à cette « gauche moraliste et inquisitrice » dont elle fustige les manifestations grotesques. Deux ouvrages qu’il faudrait assurément lire. Toutes les deux ont le courage et la lucidité de penser librement. Il est grand temps que des voix se réveillent à gauche pour contrer une radicalisation idéologique qui, de soirée des César en délires universitaires où l’on interdit des conférences, menace la vie de l’intelligence, transformant les lieux de savoir et de tolérance en lieux de terreur. Elles viennent renforcer le combat d’un Jacques Julliard qui se demandait récemment « où était passée la gauche ? ». Ouf, la vraie gauche, celle issue de la révolution et des Droits de l’Homme et du Citoyen, celle de Mirabeau, celle de Jaurès, celle de Georges Marchais quand il oubliait Marx pour rendre hommage à Descartes, celle de Michel Rocard… n’est pas morte ! La gauche relativiste, communautariste et « déconstructiviste » va devoir affronter la guerre alors qu’elle se croyait en terrain conquis. Ce n’est pas la droite qui se plaindra. Pour défendre les Valeurs Universelles sur lesquelles sont fondées celles de la République, on ne sera jamais trop nombreux.
« La Gauche contre les Lumières », Stéphanie Roza, Fayard.
« Génération offensée », Caroline Fourest, Grasset.
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