TRUMP DEMASQUE !
06 avril 2020
La pandémie du Coronavirus aura au moins eu un mérite (même si le mot n’est pas très approprié), celui de révéler la vraie nature de Trump. Obsédé par sa volonté de privilégier l’économie à tout prix et son aveuglement dans sa rivalité avec la Chine, il a oublié l’essentiel : le peuple américain !
La catastrophe sanitaire.
Plus de 300 000 cas à travers le pays, le virus se répand rapidement. Plus de 1 500 morts dans les dernières 24H, dont 594 à New York où la maladie fait rage et qui compte 4 159 décès sur un bilan total de 9 000, soit près de la moitié. Ces nombres traduisent l’impuissance de l’administration et des services de santé américains. Ils montrent surtout qu’un retard a été pris par Donald Trump au début de la pandémie, qu’il refusait de prendre au sérieux. Pendant plusieurs jours, il n’a cessé de minimiser la gravité du phénomène causé par ce qu’il se contentait d’appeler le « virus chinois », une manière de sous-entendre que la Chine avait organisé la contamination de la planète. Face au désastre annoncé, il a choisi de protéger l’économie qui, il y a encore un mois, se trouvait dans une situation plutôt florissante. Il a donc préféré injecter deux mille milliards de dollars dans l’économie de son pays mais rien pour la protection sanitaire de ses concitoyens. Le président des États-Unis a parié sur le mauvais cheval : compter sur la barrière que constituerait l’infection de 60% de la population comme immunisation naturelle contre le virus, en oubliant qu’il exposait son pays à un bilan catastrophique de 100 000 à 200 000 morts, voire plus. Le « mauvais rhume » se transforme alors en cauchemar. C’est que les Etats-Unis ne sont pas organisés pour soigner les centaines de milliers d’Américains dont beaucoup seront démunis pour payer leurs soins. Il est probable que le pays manque comme nous de moyens en respirateurs, lits de réanimation, masques et surblouses médicales. Autre écueil : le pays est très décentralisé, le confinement n’y a été ordonné que dans la moitié des États, alors qu’il s’agit d’une crise évidemment fédérale et, aujourd’hui encore, beaucoup d’Américains n’ont pas vraiment compris qu’ils étaient exposés à une épidémie, de sorte que la discipline du confinement est vécue avec nonchalance.
Le retournement de l’économie.
C’était le point fort de Trump. Mais il a été incapable d’enrayer la chute de la bourse et la brusque montée du chômage (plus de six millions de personnes ont déjà perdu leur emploi). Son autorité et sa crédibilité sont donc atteintes dans un secteur pour lui essentiel : sa capacité à faire tourner l’économie. Dans la course à la Maison Blanche, il ne pourra pas brandir son principal trophée : le plein emploi et la prospérité, et il ne pourra pas faire campagne sur la puissance américaine. Il a beau annoncer maintenant des moments « horribles », organiser avec des méthodes douteuses le ravitaillement de son pays en masques, préconiser le traitement par l’hydrochloroquine dont il veut tous les stocks pour les Etats-Unis, le tout dans une surenchère nationaliste insupportable, le roi est nu à sept mois des élections générales. Car, pour la première fois, ses analyses taillées à la hache et ses propos mensongers ne relèvent plus du verbiage sur les réseaux sociaux, mais de prises de position qui auront fait des milliers de morts dont il sera comptable. Du coup sa défaite, qui semblait impossible il y a à peine un mois devient possible. Jusqu’à présent, Trump tenait bon, parce qu’il était attaqué sur sa personnalité et son caractère, son ignorance et son triomphalisme enfantin. Ses admirateurs voyaient dans ces jugements une manœuvre scélérate destinée à le disqualifier. Aujourd’hui, il doit répondre d’un manque de clairvoyance et de lucidité dont la traduction est déjà « un crime » massif. Peut-être que ses plus fervents partisans qui compteront leurs propres victimes changeront alors d’avis. Si cette crise permettait de montrer la vraie nature de Trump à ses adorateurs aveugles, de le démasquer au moment où il demande à ses concitoyens de se masquer (sauf lui), ça ne serait pas une injustice.
La chance de Biden.
L’erreur de Trump arrive au moment où les démocrates se rallient à un candidat unique, en l’occurrence Joe Biden. Celui-ci incarne ce que les Américains considèrent comme le répit centriste auquel ils pourraient bien se rallier : les admirateurs du « génie » de l’immobilier et ceux qui réclament à cor et à cri plus de justice sociale pourraient fondre leur déception dans le vote pour un homme dont la discrétion va se transformer en qualité première. Joe Biden est parfaitement capable de transférer des financements énormes vers la protection sociale et le niveau de vie, tout en conservant ce qui séduisait tant chez Trump, l’autonomie des États-Unis, première puissance mondiale censée trouver dans sa propre énergie la solution de tous les problèmes. Car il existe quand même une aspiration du peuple américain que Trump a voulu satisfaire à n’importe quel prix et que Joe Biden peut prendre en compte partiellement : c’est la démondialisation. De ce point de vue, la pandémie du Cov19 arrive à point nommé pour faire bouger les lignes. Le changement profond qui se prépare aux États-Unis ne sera que l’un des changements qui vont transformer le monde. Les paradigmes économiques et sociaux seront d’autant plus différents que la gestion trumpiste aura été la caricature de ce qu’un président doit faire pour ses concitoyens.
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