HISTOIRE

C’EST DIMANCHE, ON S’DETEND !

Manif

 

FAIRE GREVE

Voilà une expression qui semble-t-il va faire l’actualité de la loi El Khomry, ces jours prochains.

« Faire grève », de nos jours, veut dire  arrêter de travailler, manifester par une action collective pour faire pression afin de faire valoir une revendication d’ordre salarial, social ou moral (plus rare). La cessation du travail en est la caractéristique majeure.

A l’origine, les bourgeois négociants de PARIS obtiennent du Roi Louis VII (Père de Philippe Auguste) la jouissance de la Grève (ou plage), en bord de Seine, déclarée inconstructible par charte royale. Elle est à la fois le lieu de fêtes offertes par les notables de la ville et surtout un lieu de commerce : c’est là que les bateaux accostent pour débarquer leurs cargaisons de vivres, de vin, de matériaux comme le bois, de charbon… Des marchés et des halles s’y tiennent. Comme sur tous les ports, de nombreux hommes viennent y vendre leur force de travail auprès des marins ou des marchands, pour décharger et transporter les marchandises.  Le lieu prit le nom de « place de Grève » et donc, « faire Grève » a d’abord  voulu dire « être à la recherche d’un emploi ». Cette inactivité subie –il n’y avait pas toujours de travail pour tous- est devenue, au fil du temps, un acte volontaire d’arrêt du travail. La place existe toujours, elle est aujourd’hui la place de l’Hôtel de Ville.

 


C’EST DIMANCHE, ON S’DETEND !

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RENVOYER AUX CALENDES GRECQUES

C’est le referendum concernant l’aéroport de Notre-Dame des Landes qui me refait penser à cette vieille expression. N’est-ce pas un moyen de renvoyer sa réalisation « aux calendes grecques » !

Les « Calendes grecques », comme le « 36 du mois » ou la « Saint-glinglin », ça n’existe pas. C’est donc remettre à jamais l’accomplissement de la tâche évoquée.

Selon la tradition romaine, la création de Rome et celle de son calendrier seraient concomitantes. C’est le calendrier « pompilien » (pas de rapport avec Pompidou), du nom du deuxième roi de Rome, Numa pompilius (7ème s. av JC) qui s’impose jusqu’à Jules César. Les mois comptent 29 ou 30 jours et sont divisés en trois périodes, les « calendes », « nones » et « ides », correspondant aux principales phases de la Lune. Le calendrier de Jules César, dit « julien », est solaire mais garde la même division en calendes, nones et ides. Les calendriers grecs suivent aussi un cycle lunaire et les mois sont eux aussi divisés en décades, le premier jour portant le nom de « néoménie ». Lors de leurs conquêtes, les Romains ont imposé leur calendrier, mais les Grecs ont conservé le nom de leurs jours et mois. Donc, pas de « calendes » chez les Grecs !... Donc les « calendes grecques » ça n’existe pas !

 


RSA : LE BON SENS … OU PAS

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Le RSA a remplacé le RMI et n’a pas servi à grand-chose : pas mieux en terme d’activité pour les bénéficiaires. Voilà pourtant une « promesse tenue » de Nicolas Sarkozy. Et quand le dispositif a été pensé et présenté, il paraissait susceptible de faire revenir à l’emploi les personnes au chômage de longue durée qui en étaient les plus éloignées. C’était en 2006-2007 et la France connaissait une période de croissance qui faisait reculer le chômage, réduit à 7% de la population active début 2008, une situation qui frôlait le plein emploi. Dans ce contexte la mise en place du RSA paraissait amplement justifiée. Le temps que Martin Hirsch fasse adopter les textes et publie les décrets d’application, la situation avait changé du tout au tout : en 2008, la crise des subprimes vient déstabiliser violemment l’économie mondiale et la France est prise dans la tourmente. Le dispositif d’aide au retour à l’emploi est complètement pris à contrepied et la montée du chômage rend son application périlleuse. Il n’a, depuis, jamais vraiment réussi à remplir l’objectif qui lui était assigné et s’est transformé en dispositif coûteux d’assistance.

Les promesses sont toujours faites dans un contexte donné qui peut varier.

Une première réflexion me vient à l’esprit, à destination de tous ceux qui se complaisent à raconter que les politiques ne tiennent pas leurs promesses. Celles-ci devraient être indexées sur l’environnement économique et social au moment où elles sont faites. Or, il arrive que celui-ci varie sans que les politiques en soient responsables : la crise de 2008-2010 venue de l’extérieur en est un bon exemple. Bien des projets tombent inévitablement à l’eau ou doivent être revus. Toujours se souvenir que la politique n’est que l’art du possible. Evidemment, je ne mets pas dans le même cas, les promesses intenables assises sur des contre-vérités évidentes comme celles de Hollande en 2012. On ne s’étonnera pas qu’ils ait été obligé de les renier, la plus emblématique étant celle de la renégociation du traité européen sur le « pacte de stabilité ».

Le RSA est une bombe à retardement.

Les départements découvrent chaque jour un peu plus l’impasse dans laquelle le dispositif les plonge financièrement. Ils n’ont plus un euro en caisse, l’Etat leur rabote les dotations et beaucoup de majorités ont été élues sur un engagement de ne pas augmenter les impôts. La faillite les guette et la révolte gronde. A fin 2015, le nombre des bénéficiaires a atteint 1,6 millions de personnes. Les conseils départementaux doivent 110 millions d’euros aux Caisses d’allocations familiales au titre du RSA. Celles-ci sont à leur tour menacées de difficultés de trésorerie par contre coup, mettant en péril le versement du RSA aux bénéficiaires.

Le Conseil départemental du Haut Rhin a souhaité récemment proposer que les bénéficiaires du RSA puissent accomplir 7 heures hebdomadaires de bénévolat au service de la collectivité. La polémique s’est enflammée aussitôt. Balayons d’entrée de jeu l’argument consistant à refuser le principe pour ne « pas stigmatiser » les bénéficiaires. C’est l’attitude généralement mise en avant par les gens de gauche « touche pas à mes pauvres ! ». Comme si le fait d’être au RSA n’était pas stigmatisant en soi. Essayons d’examiner la proposition, sans a priori. Le Hic, c’est que le gouvernement augmente l’allocation, mais ce sont les départements qui paient.

Lier le RSA à une activité est-il approprié ?

On peut faire trois réserves recevables qui vont à l’encontre de l’idée. D’abord le lien entre bénévolat et activité obligatoire n’est pas évident. Celui-ci ne saurait être ni obligé, ni rémunéré, ou alors ce n’est plus du bénévolat. Ensuite, certains avancent, non sans raison, qu’établir un lien entre le RSA et le bénévolat c’est dégrader la notion de bénévolat : certains allocataires sont déjà bénévoles dans des associations de solidarité ou non. Enfin la rémunération pose problème : payer une activité définie subordonnée à un titulaire du RSA reviendrait à la qualifier en salariat, indemnités ou honoraires. Sans parler des autres problèmes posés aux autres bénévoles, de concurrence déloyale ou autre… Sans compter que ceux qui savent compter mettront en avant que 7 heures de mise à disposition pour 450 euros par mois, ça fait 16 euros de l’heure, en gros deux fois le SMIC ! Sac de nœuds assuré.

La politique de lutte contre la pauvreté.

C’est un angle plus convaincant.  Conditionner le versement du RSA à la réalisation d’une action bénévole pose le problème de l’efficacité des politiques de lutte contre la pauvreté. La proposition du Conseil départemental du Haut-Rhin est pertinente si on l’aborde sous l’aspect rationnel de « l’équilibre des droits et des devoirs ». Le principe est clair : tous ceux qui reçoivent une aide publique et qui peuvent travailler ont l’obligation de participer à la vie de la cité. Il existe de multiples tâches possibles qui ne soient ni stigmatisantes, ni marchandes. C’est d’autant plus justifié que, à la différence des allocations chômage, le RSA est un revenu accordé grâce aux impôts payés par tous les Français. Ces politiques « droit-devoir » sont appliquées ailleurs en Europe, au Danemark et aux Pays-Bas. Chez les Scandinaves on les considère comme naturelles. Elles sont à la fois un outil de régulation de la dépense publique et de valorisation de la personne. En plus, ces politiques facilitent la réinsertion. Autre idée : et si on laissait aux collectivités la possibilité de mener les politiques qui leur paraissent pertinentes sur leur territoire, nous verrions peut-être émerger de bonnes pratiques qui pourraient être ensuite imitées par les autres. Si ça donne des résultats à l’étranger, pourquoi pas chez nous ?

Question de bon sens, voilà tout !

 


C’EST DIMANCHE, ON SE DETEND !

Tournoi entrer en lice

 

Le vocabulaire politique fourmille d’expressions venues des profondeurs de notre histoire. Je vous propose d’en passer quelques-unes en revue au gré de l’actualité, et comme l’Histoire est plutôt malmenée, ce sera l’occasion de rafraîchir quelques mémoires ou tout simplement d’instruire.

« ENTRER EN LICE »

Le monde politique bruit à droite comme à gauche à propos des primaires que l’on organise pour sélectionner les « hérauts » qui auront le privilège de porter les couleurs de leur camp pour la compétition présidentielle. Occupons-nous du cas de la droite et du centre, puisqu’à gauche on est empêtré dans des querelles de principe. Les prétendants sont nombreux, bien que tous n’aient pas encore fait connaître leur décision de participer. Tous ne sont pas encore « entrés en lice » !

Entrer en lice : l’expression vient du Moyen Age. Les Lices ont d’abord désigné les fortifications en bois qui ceinturaient les premiers châteaux forts. Ensuite, ces mêmes palissades ont servi à entourer les champs dans lesquels on organisait les tournois. Ils apparaissent au XIIème siècle et sont des reproductions codifiées des batailles qui permettent aux jeunes chevaliers de montrer leur savoir- faire et aux princes de renforcer leur vassalité. Le combat oppose d’abord des groupes de cavaliers armés de lances qui s’attaquent frontalement en se jetant les uns sur les autres. A partir du XIIIème siècle, le tournoi devient individuel pour permettre à l’aristocratie chevaleresque de se distinguer. C’est alors que la « joute » apparaît. Les « lices » deviennent une palissade séparant chacun des concurrents et forçant les chevaux à se faire face. L’enjeu est de désarçonner son adversaire par la puissance de la lance, face à un public friand du spectacle. Le tournoi devient une fête où le seigneur du lieu doit briller. Entrer en lice, c’est donc aborder le combat, en entrant dans l’espace où il se livre.

Aujourd’hui, l’expression a perduré : c’est s’engager dans une joute symbolique, un concours, une élection, un débat, une compétition… Les concurrents ainsi en lice se préparent à l’affrontement, à l’image des chevaliers des tournois.

 


C’EST UNE CHOSE ETRANGE A LA FIN QUE CETTE EPOQUE !

Haddock se marre bis

 

Oui, je sais, c’est facile de parodier Jean d’Ormesson. Mais enfin … on marche sur la tête :

Placer en perdant de l’argent !

Nouveaux records à la baisse des taux d'intérêt. Mais jusqu'où peuvent-ils baisser ? On croyait que zéro était le plancher,  puis on a découvert les taux d'intérêt négatifs. L'Allemagne vient de battre encore des nouveaux records. Elle peut emprunter à 5 ans en recevant 0.32% : des investisseurs paient 0.32% par an pour que l'État allemand daigne leur prendre leur argent. Incroyable non ? Mieux, aujourd'hui un quart des emprunts d'état traités dans le monde ont des taux négatifs et malgré ces taux défavorables, la demande est toujours aussi forte. Il y a trop d'argent dans le circuit, les banques centrales continuent d’inonder le monde de liquidités pour relancer l'économie, mais les investisseurs qui en bénéficient ne les investissent pas dans l'économie réelle. Ils préfèrent les stocker à taux négatifs. C'est une aberration économique et financière totale. Manifestement ce traitement n'est pas le bon. Ça finira mal !

Cohn Bendit votera Juppé !

C’est tellement le « bordel » à gauche et chez les écolos que le moins pire est encore de participer à la primaire de la droite en votant Juppé ! On aura tout vu. Que 1968 est loin !

Une réforme constitutionnelle vidée de son sens.

Finalement on va inscrire dans la constitution un principe qui ne servira à rien puisque la « déchéance de nationalité » devra être prononcée par … un juge.

Hulot à la présidentielle.

Il ne manquait plus que lui dans le paysage. Un peu comme une marionnette que l’on ressort pour faire trois tours… Il faut dire que c’est tellement le cirque chez les Verts. Tiens, Hollande pourrait bien lui proposer un maroquin histoire de neutraliser des velléités concurrentielles encombrantes. On parie ?

La France et le cannabis

Ce n’est pas souvent que la France est au premier rang. Elle l’est souvent pour la production de vin. Son palmarès s’enrichit : elle est le premier pays consommateur de cannabis en Europe. 17 millions de Français l’ont déjà essayé et 1.4 million fument régulièrement. Plus inquiétant, 63% des jeunes de 15 à 24 ans disent qu'ils peuvent s'en procurer facilement. Vous croyez qu’il faut que je m'y mette ?

Gaulois incorrigible.

Gilles Bourdouleix, l’excellent maire de Cholet menace de quitter son parti (le CNI, je crois), dont il n’est plus président. Il ne s’entend pas avec le nouveau. Il envisage de créer son propre parti. Un petit chez soi… Quand on le connait, on sait qu’il est capable de mettre sa menace à exécution. C’est d’ailleurs pour ça qu’on l’aime bien !

Allocations dégressives 

Révolution : la gauche va mettre en place des allocations chômage plus dégressives pour favoriser l’emploi. Incroyable, non ? Allez, pas de panique : Macron va nous faire deux ou trois sorties, Manolito deux coups de menton bien sentis et … il ne se passera rien.

NDDL (Notre Dame des Landes)

Les électeurs ont pourtant tranché et bien ! En votant Retailleau, ils ont validé démocratiquement le projet aux 250 recours (au moins)… Manolito, martial, annonce l’évacuation. Mais Royal derrière est à la manœuvre. Elle a, parait-il pris la main. Le pire est donc à craindre pour le projet. En attendant, les opposants peuvent mettre le feu aux engins de chantier et racketter les citoyens. C’est « l’Etat de droit » version Royal. Car tel est mon bon plaisir !

 


DEUX BONNES NOUVELLES !

 

Voilà deux journées à marquer d’une pierre blanche. Oublions les désagréments causés par tous les désordres auxquels un pouvoir incompétent et incapable doit faire face : ce sont ceux de la France en colère. Hier, selon un scénario bien préparé, La Taubira a décidé de quitter le pédalo en perdition. On ne s’en plaindra pas. C’est la première bonne nouvelle. Et aujourd’hui, c’est Alain, qui est reçu à l’Académie Française, je veux dire « MR » Finkielkraut. C’est la seconde bonne nouvelle et on va pouvoir dire : « taisez-vous, Mr Finkielkraut… parle ! ».


Taubira 2La justice est passée !

Ouf, elle est partie. 80% des Français sont satisfaits, c’est dire la popularité de l’ex-Ministre de la Justice. Elle ne pourra plus nuire. Elle laisse derrière elle un bilan catastrophique et (heureusement) bien maigre : déconstruction de l’arsenal répressif avec la suppression des peines planchers, des tribunaux correctionnels pour mineurs, arrêt du programme de construction des prisons puisqu’elle veut les vider, mise en place de la contrainte pénale qui fait de la probation la règle et de l’incarcération l’exception. Heureusement son vaste programme de « justice du XXIème siècle » en est resté aux palabres. On a échappé au pire. Notamment la réforme de la justice des mineurs. Il restera néanmoins son œuvre « totem » : le « mariage pour tous ». On retiendra surtout son « angélisme judiciaire » et son absence de retenue militante : le Syndicat de la Magistrature lui fournit les équipes et les idées avec une cogestion de fait. Sa conduite personnelle, autoritaire et insensible aux opinions contraires, souvent arrogante et même triomphaliste, l’a rendue insupportable, elle était davantage guidée par un sentiment d’injustice né de ses origines guyanaises que par la réalité sécuritaire qui n’autorisait plus le laxisme à l’égard des criminels et l’indifférence que lui inspirent les victimes. Elle est restée animée par la « furia révolutionnaire » de l’époque où elle militait pour l’indépendance de la Guyane, comportement peu en adéquation avec un ministère qui exige recul, retenue et hauteur de vue. On peut lui reprocher d’avoir fait passer la militante politique sectaire avant la Ministre.

Les positions personnelles de la garde des Sceaux n’étaient plus en adéquation avec la politique judiciaire du gouvernement, son départ était devenu inévitable. Elle sera regrettée par la gauche dure, celles des « frondeurs » qui perdent une figure de proue, les communistes, les mélenchonistes, ce dont  on n’a cure. Sa démission apporte une clarification indispensable de la politique conduite par l’exécutif au moment où Manolito présente le projet de réforme constitutionnelle. « Parfois, résister, c’est partir », a dit la Taubira dans une expression laconique qui en dit long. Le président de la République, qui l’a gardée au gouvernement en dépit de divergences éclatantes, sait à quoi il doit s’attendre. Elle ne sera ni inerte, ni muette et combattra ouvertement le gouvernement actuel. Jusqu’à se présenter à la présidentielle comme en 2002 où elle avait fait chuter … Jospin ?! La démission de Taubira « pour désaccord politique majeur » fait échec à la stratégie de « François l’embrouille », qui voulait se rabibocher avec sa gauche pour se présenter à un second mandat. Ce n’est pas nous qui nous en plaindrons.

Alain FinkielkrautBienvenue sous la coupole.

Cette jeune professeure d’Anglais, soi-disant apolitique, qui a pris à partie le philosophe sur le plateau de « Des paroles et des Actes » n’y pourra rien : aujourd’hui Alain Finkielkraut parlera, il va prononcer son discours de réception sous la coupole parmi les « Immortels ». On retiendra de cet échange comme seule la télévision populiste sait nous en proposer,  la grande dignité de notre penseur qui venait de mener un débat courtois de grande qualité avec Daniel Cohn Bendit, face à un discours « victimaire » appris par cœur dans la pure tradition khmère rose chère à notre Ministre de l’inéducation nationale. Comment peut-on reprocher à l’auteur de "La défaite de la pensée" (mon bréviaire) d’être "approximatif", « vaseux » et de contribuer à obscurcir les esprits. Le sourire niais qu’elle afficha pour conclure : « Taisez-vous Mr Finkielkraut ! » est la signature de son inculture. A-t-elle seulement lu les ouvrages du philosophe ? Et si c’est le cas, il faut qu’elle retourne à l’école, car elle a fait la démonstration qu’elle n’a rien compris.

L’idéologie en prêt-à-porter ne fait illusion que trente seconde. A quoi bon lui répondre. La langue utilisée par Finkielkraut n’est pas audible pour elle, d’ailleurs elle n’écoutait pas. Ce qui est grave, c’est l’injonction téléguidée du « taisez-vous ! ». Elle est l’expression du gauchisme culturel dont le journal Le Monde se fait régulièrement le porte-parole : il faut « fuir les débats imposés, refuser de constituer certains idéologues comme des interlocuteurs, certains thèmes comme discutables, certains problèmes comme pertinents. Ces thèmes rendent la confrontation d’idées impossible, les évacuer est la condition du débat ». Ainsi sévit le terrorisme culturel gauchiste. Heureusement, personne n’empêchera Alain Finkielkraut de continuer à se faire « l’accoucheur de notre inquiétude collective ». Il continuera à célébrer et défendre les acquis de notre civilisation qu’il a reçus en partage et si bien intégrés. Aujourd’hui, l’affront est réparé. C’est l’héritier d’une généalogie, d’une histoire, d’une littérature, qui s’avance parmi les Académiciens.

« Taisez-vous, Mr Alain Finkielkraut parle ! »

 


NOTE ICI ET LA, EN VRAC

Doigts dans le nez

 

Primaire : il y aura 10 337 bureaux de vote dans toute la France pour « la primaire de l’alternance ».

35 heures : une heure de travail en plus des fonctionnaires équivaudrait à 2 milliards d’euros d’économies.

Qui croire ? Selon Agnès Verdier-Molinié, la France sera incapable de tenir ses engagements de réduction des déficits en 2017 : elle serait au mieux à 3,8% en 2016 et 3,5% en 2017. Ce n’est pas l’avis de Pierre Moscovici, Commissaire européen aux affaires économiques et à la fiscalité, qui précise  que « le délai accordé à la France ne saurait être prolongé » ! … A votre avis ?

12 milliards d’euros !!! c’est l’excédent allemand en 2015. Pendant ce temps-là, nous on multiplie les dépenses non financées.

Emplois publics : on va encore augmenter leur nombre pour tenter d’infléchir la courbe du chômage. Une méthode vouée à l’échec : un emploi public détruit 1,5 emploi privé et génère 0,3 point de chômage.

Livre sterling : entre la baisse du pétrole, la chute de la Chine et les craintes de plus en plus fortes de Brexit, la monnaie britannique s'est pris une claque magistrale. Elle est au plus bas depuis plus 5 ans et ce n'est pas terminé. Je vous ai entendu, vous avez pensé « bien fait ! ». Si, si !

Inflation 0 : du jamais vu depuis … 1954, l’inflation a été nulle en France en 2015. Le pétrole est en cause. C’est bon pour le pouvoir d’achat des ménages, mais une moins bonne nouvelle pour les finances de l’Etat. On est loin de l’hypothèse de 0,9% sur laquelle a été bâti le budget.

Même l’Inde : dans mon « Etat des lieux sur les prévisions 2016 », j’écrivais que l’Inde restait un pays à croissance dynamique. En fait, c’est comme pour la Chine : les chiffres sont faux et surévalués. Elle serait entre 3 et 4% de taux de croissance, une réalité qui se mesure à de nombreuses observations comme le fret ou la consommation de ciment en baisse, etc…  Il n’y a pas de miracle. Les oasis de prospérité dans un désert de stagnation ou de ralentissement, ça n’existe que dans la tête des Dupont : mirage !

Piratage : le directeur du renseignement américain a été victime d’un hacker. Si même lui …

77% : C’est la part des individus au sein des classes moyennes inférieures qui, selon une étude du Crédoc, affirment avoir l’impression d’être « perdants » entre « ce qu’elles versent aux administrations publiques et ce dont elles bénéficient en retour à travers les allocations, l’école, la santé, le chômage ou la retraite ». Eh oui, lucides !

Pologne : La Commission européenne a décidé de lancer une procédure formelle de surveillance de l’Etat de droit en Pologne, suite à l’adoption de plusieurs mesures controversées par le nouveau gouvernement populiste. Elle souhaite mener une évaluation préliminaire de la réforme du fonctionnement du Tribunal constitutionnel, où cinq nouveaux juges ont été placés par le pouvoir. En cas d’échec des discussions, d’autres mesures pourraient être prises, pouvant aller  jusqu’au retrait des droits de vote de la Pologne au Conseil. La Commission s’inquiète également des nouvelles règles de nomination des dirigeants des médias publics. Le Parlement européen débattra de la situation en Pologne, lors de sa session plénière.  Un peu ce qui arriverait avec Marine Le Pen si elle était élue.

S’il vous plait, ne payez pas avant l’échéance ! Le canton de Zug en Suisse a décidé de supprimer la décote en cas de paiement anticipé des impôts car il faudrait placer cet argent à des taux négatifs !!  À quand un discount pour les retardataires ? Les suisses nous « étônneront »  toujours !

 


2016 : ETAT DES LIEUX (3) – LA GAUCHE DECHIREE, LA DROITE DISPERSEE

Bataille coqs

 

« La maison brûle, mais ils regardent ailleurs »… comme aurait dit l’autre.

L’année commence en effet sur un paysage bien morne. Les nerfs des Français sont mis à rude épreuve : à la crise sociale dont ils souffrent s’est ajoutée l’insécurité morbide créée par les attentats. On aura beau leur dire que le siècle précédent a eu son cortège d’indescriptibles barbaries, à commencer par celles de la seconde guerre mondiale, ils craignent à la fois le présent et l’avenir. Et chacun au fond de soi sait bien que de nouveaux actes de terrorisme ne peuvent être exclus. La prévention, seul moyen efficace de lutter contre nos ennemis de l’intérieur, ne suffira pas à les empêcher s’ils doivent se produire.  Ils n’ont donc aucune raison de se réjouir.

Un monde devenu subitement illisible.

La multiplicité des problématiques nouvelles auxquelles ce 21ème siècle commençant nous confronte, complique sérieusement la donne : les changements fulgurants industriels et commerciaux qui font de nous des victimes désarmées, l’air du temps qui devient irrespirable et l’alternance des saisons qui est chamboulée, les « valeurs » qu’on croyait « inaliénables » et qui brutalement deviennent fragiles au point de vaciller, tous les maux dont notre société souffre depuis si longtemps qui s’aggravent au lieu de s’atténuer : persistance du chômage, précarité galopante, incivilités récurrentes, jeunes en désespérance, … L’idée même de « nation » semble atteinte. Les gens ne reconnaissent plus le monde où ils croyaient vivre : des certitudes qui ont disparu et même de simples espoirs, autrefois naturels, qu’aujourd’hui on ne peut plus nourrir, comme celui d’assurer à ses enfants un avenir meilleur. Même les sacrifices n’ont plus de sens tant les malheurs de longue durée mettent en échec la solidarité nationale, pourtant si coûteuse, et le courage personnel.

Les politiques impuissants.

Nos dirigeants ne contribuent pas à redonner du sens à ce monde tant ils semblent perplexes devant la persistance des maux dont aucune thérapie n’est venue à bout jusqu’à maintenant. Les remèdes appliqués sont loin de produire les résultats escomptés. Jusqu’à l’offre politique, qui, en ce début d’année, contribue certainement à aggraver la morosité et ce manque de confiance dans l’avenir. La « classe politique », expression que je n’aime pas parce qu’elle est utilisée par les « poujadistes » de tout poil, le plus souvent avec mépris, n’est pas au mieux de sa forme. La gauche est allégrement déchirée par la politique sinueuse d’un président virevoltant, agitant les concepts comme on fait sauter les crêpes à la chandeleur. Elle se perd en débats oiseux dont celui sur la « déchéance nationale » est un exemple parmi tant d’autres. A vouloir piéger l’adversaire, on finit par se piéger soi-même. Le PS est profondément divisé, Macron pratique quotidiennement l’escroquerie intellectuelle pour mieux valoriser sa petite personne au puissant ego, Manolito avance à coups de mentons contre ses moulins à vent, les Verts sont devenus une pétaudière où les portes claquent, et l’extrême gauche en est réduite à être extrême par la petitesse de son influence. L’extrême-droite pavoise mais campe amèrement sur son échec et ses divisions internes affleurent  quand elles ne transpirent pas dans le procès père-fifille. La droite républicaine n’aurait plus qu’à se baisser pour ramasser le pouvoir. Mais au lieu de rechercher l’unité et d’approfondir son projet pour en faire un étendard fédérateur du peuple français, elle a mis en place une machine infernale pour se désigner un champion. Par son fonctionnement même, la « primaire » ne peut que fabriquer de la division. Et pourtant on le voit bien : qu’on se tourne vers l’un ou l’autre, les idées sont les mêmes, et comme il faut bien se différencier, on se perd en querelles byzantines.

Vademecum pour éviter une « annus horribilis ». 

Aux Français, il faudra d’abord s’armer de patience, continuer à refuser l’inacceptable, la barbarie, de s’insurger en silence pour ne pas céder à l’adversité. Puisque la société « s’ubérise », demander à chacun d’apporter sa propre contribution à la recherche des solutions, de se demander ce qu’il peut faire pour son pays plutôt que de tout attendre de lui. De se faire un devoir de participer au débat national et d’encourager le civisme, de se sentir plus que jamais partie intégrante de la nation d’autant plus qu’elle est fragilisée par le communautarisme.  Et puis, ne pas céder aux sirènes des idées extrêmes qui, parce qu’elles le sont, ne peuvent nous apporter que des déconvenues supplémentaires.  Les reculs économique, social, sécuritaire, industriel, environnemental, plutôt que de nous abattre et nous diviser devraient au contraire nous galvaniser. Ce qui comptera en 2016, ce n’est pas vraiment le sort de nos hommes et femmes politiques mais les conditions du redressement du pays qui passe par des exigences que nous sommes encore loin de remplir.

 


BONNE ANNEE TOUT DE MÊME !

Bonne année haddock001

 

Cédons à la tradition. Après tout ce ne sont que des vœux et on ne peut retirer à la nature humaine son droit de rêver.

Commençons par nous-mêmes, notre entourage familial et tous ceux qui nous sont proches, amis et connaissances. Si 2016 pouvait nous apporter un peu de douceur, nous permettre de passer de bons moments et de connaitre quelques joies comme le plaisir de se retrouver, de découvrir de nouveaux paysages, de faire des rencontres inattendues ou passionnantes, ce serait déjà bien !

Continuons avec la vie politique, puisqu’elle fait partie de nos préoccupations. Malheureusement il nous faudra encore subir toute l’année la présidence du pingouin. Pour faire oublier ça, il n’y a pas de vœux qui vaillent. Mais si 2016 voyait tous les prétendants de droite aborder la compétition avec la dose d’humilité nécessaire, le sens de l’intérêt commun avant la préoccupation de l’égo, le souci du rassemblement plutôt que le goût de la querelle ou du débat oiseux… face à une épreuve qui s’annonce acharnée, alors ce serait déjà pas si mal !

Et puis il y a la situation de notre pauvre pays. Pauvre est bien le mot. Voilà où nous auront amenés trois ans et demi d’errements socialistes. Trop de Français sans emplois, trop de jeunes sans avenir, trop d’impôts, trop de lois, trop de règlementations, trop de laxisme pour les voyous, trop de droits pour « ceux qui touchent », toujours plus nombreux, trop de devoirs pour « ceux qui paient », chefs d’entreprises ou ménages. Trop de dette, trop de déficits pour les finances publiques, trop de fonctionnaires dont le nombre a encore augmenté de 40 000. Que souhaiter en 2016, sinon un miracle qui ferait apparaître aux incapables qui gouvernent les décisions draconiennes à mettre en œuvre. Encore faudrait-il qu’ils ne soient pas ignards en économie. Enfin, souhaitons tout de même que la situation ne s’aggrave pas trop, ce serait déjà ça !

Donc, bonne année et bonne santé ! Et serrons-nous les coudes, l’éclaircie n’est plus si lointaine.


LE MENSONGE DES REFORMES

 

Hollande bouffon

 

Loi Macron, réforme du code du travail, Cop21 … le pouvoir nous bourre le mou en permanence.

Vous savez ce qu’il faut penser des diminutions d’impôts programmées pour 2016, alors que la Cour des Comptes s’époumone en vain à conseiller à l’Etat de diminuer ses dépenses au moment où l’exécutif confirme l’embauche d’environ 30 000 enseignants supplémentaires d’ici 2017.  Embrouille et camouflage restent plus que jamais la marque du gouvernement socialiste.

Une loi inapplicable !

C’est la loi Macron en ce qui concerne les grands magasins. Libérale dans son principe, elle permet l’ouverture tous les dimanches dans les zones touristiques. C’est donc le cas des Galeries Lafayette et du Printemps Hausmann. Elle devait créer de l’emploi, relancer la croissance et doper l’attractivité de Paris auprès des touristes.les décrets d’application ne sont pas publiés qu’on sait déjà que le miracle n’aura pas lieu. Tout simplement parce qu’une clause prévoit l’accord des syndicats, et non des salariés, pour la mise en œuvre. Or, on sait bien que la CGT, la CFDT et FO sont contre, sans parler d’Anne Hidalgo, la desperados de la gauche dogmatique, grande prêtresse de la capitale. Comme la loi n’autorise pas les referendums internes… Vous m’avez compris. L’autre paradoxe, c’est que la même loi met des milliers d’autocars sur les routes y compris affrétés par la SNCF avec « Ouibus »  sur des parcours qui viennent en concurrence avec le train, au point que le président de la Région des Pays de la Loire qui a investi massivement dans les TER fait la gueule et est monté au créneau pour protester. On le comprend. Mais y-a-t-il quelque chose à comprendre ?

La vraie fausse réforme.

C’est celle dont tous les médias parlent en ce moment. Rendez-vous compte, on va s’attaquer au code du travail ! Forcément, quand c’est la gauche qui s’y met, il y a un loup (comme dirait Martine). Dans sa conférence de presse, le "magicien des annonces" a défini les contours : on ne touche pas aux 35 heures, on ne touche pas au smic, on ne touche pas au contrat de travail. On va réformer quoi alors, si on ne touche à aucun des freins qui bloquent l’embauche ? On va faire des accords avec les syndicats pour déroger à la règle générale, en matière de temps et de conditions de travail, mais c’est déjà possible, en matière de salaires, mais c’est déjà le cas, ou de responsabilité sociale des entreprises. Si les syndicats étaient réformistes, la loi qui s’annonce permettrait effectivement quelques avancées. L’os, c’est qu’on sait bien que la CFDT, si elle est seule, ne prendra pas le risque de les soutenir. FO et la CGT, soutenus par l’aile gauche vent debout contre tout « détricotage » du droit du travail, ne risquent pas de faire un pas dans cette direction. Il n’y a donc rien à en attendre !

Conclusion : regardez comme je réforme, mais n’ayez crainte, rien ne va bouger ! 

 


MA CONTRIBUTION A LA RENTREE SCOLAIRE

Collège

En ce jour anniversaire de la naissance de la 3ème République le 4 septembre 1870 (mais il faudra attendre jusqu’au 30 janvier 1875 pour qu’elle soit adoptée à une voix de majorité), il n’est pas inutile de rappeler que c’est à elle que l’on doit l’école gratuite, laïque et obligatoire.  Cette école était fondée sur la volonté d’une « construction démocratique des élites », l’accès au savoir pour tous, l’autorité des maitres et le culte de l’effort : « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse et le repolissez… ». Toute une époque me direz-vous, certes, mais avec l’héritage napoléonien des lycées et des grandes écoles, elle a permis à la France de devenir un empire planétaire et de briller de mille feux par ses scientifiques et écrivains de renom.

On doit ce succès en grande partie à « l’école », à ses « hussards noirs », à leur conscience professionnelle souvent vécue comme un sacerdoce. Le mot « mérite » avait encore un sens et ils célébraient le culte du dépassement de soi. Ils officiaient devant des classes pléthoriques, ce qui ne les empêchait pas de faire apprendre à lire, écrire et compter. Nostalgie ? Oui, peut-être, parce que de cette école j’en ai été le produit et quelque part le successeur au cours de ma carrière. Mon texte « totem », que je faisais apprendre aux élèves de 3ème était de Victor Hugo : « Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent, ce sont ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime …  ». La couleur était annoncée : ainsi commençait l’année du Brevet !

Bruno Retailleau, vient de rappeler, à l’occasion de la rentrée que l’école avait besoin d’équité (notamment entre les élèves du public et ceux du privé), d’exigence et d’excellence. Trois mots que l’on peut décliner à merveille dans le contexte actuel de permissivité, d’égalitarisme niveleur et d’hédonisme pédagogique. J’en ajouterai pour ma part trois autres : autorité, effort, connaissance.

Autorité.

Il n’y a pas de transmission du savoir sans respect pour celui qui le transmet. L’autorité du professeur n’est pas négociable. C’est lui qui détient le savoir et face aux autres sources, c’est lui qui doit arbitrer sans être contesté. Sa formation est évidemment essentielle. Connaissance à fond de sa matière, mais aussi pédagogie pour l’enseigner ce qui suppose la maîtrise des technologies modernes. Qu’on le veuille ou non, le prof reste un mouton à cinq pattes, mi-savant, mi-histrion, capable de pratiquer l’individualisation comme la dynamique de groupe… Il doit être soutenu par sa hiérarchie, respecté par les parents autant que par les élèves. Encore faut-il que sa démarche soit partagée par la philosophie générale en usage dans son établissement.

Effort.

Pour avoir pratiqué de multiples stratégies pédagogiques dans les disciplines que j’enseignais, le Français et l’Histoire-Géo, je n’en ai trouvé aucune qui pouvait se passer de l’effort d’apprendre. Certes, on peut apprendre à se concentrer, on peut par l’entrainement, faire acquérir des aptitudes d’attention et même faire prendre de bonnes habitudes comme demander la parole, ne pas couper l’expression d’un camarade, faire part de son incompréhension. Je me rappelle d’une élève, pourtant brillante, qui m’avait interpellé d’un : « Là, Monsieur, vous pouvez recommencer, parce que ça n’imprime pas ! ». Cette liberté de ton est possible quand la confiance s’est établie et quand le maître pratique lui-même l’humour. Mais les meilleurs résultats, on les obtient par l’effort, le culte de l’effort, celui qui donne confiance en soi et qui permet de franchir les obstacles. Et tout est possible alors. Exemple, cet élève peu doué, qui me disait sans cesse qu’il n’avait pas de mémoire et qui s’était retrouvé  à jouer le rôle de Chrysale (dont personne n’avait voulu) dans les Femmes savantes que nous avions décidé de jouer. La longue tirade du personnage face à sa femme, je la revois encore : elle avait été son calvaire et la veille de la représentation, elle n’était pas encore au point. « Voulez-vous que je vous dise ? Il faut qu’enfin j’éclate, que je lève le masque, et décharge ma rate… ». C’était parti devant le public attentif et prêt à l’apitoiement. Porté par toute la classe, il alla jusqu’au bout, avec les hésitations comme il se doit, mais elles collaient curieusement à son personnage un peu couard (c’est à vous que je m’adresse, ma sœur,)… Tonnerre d’applaudissements. Ses parents, je crois, n’en sont jamais revenus et ils m’ont dit que cet épisode avait transformé leur fils tant il avait pris confiance en lui-même. Tout cerveau à des capacités, il suffit de vouloir.

Connaissance.

La connaissance doit rester l’objet central de l’enseignement. On nous rebat les oreilles avec le concept « apprendre à apprendre ». Tu parles ! C’est le meilleur moyen de cultiver les lacunes. C’est comme la citation de Montaigne : « Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine ! », on oublie toujours la suite « mais qu’on y requiert les deux ! ». Je veux bien qu’on donne des méthodes pour apprendre. Tous les cerveaux ne sont pas conformés à l’identique. Cependant, elles ne dispensent pas de l’effort d’apprendre qui passe par la mémorisation quelle que soit la nature de celle-ci. Entre l’encyclopédisme outrancier et le pédagogisme délirant, un juste milieu doit pouvoir être trouvé. Force est de constater que nous formons aujourd’hui des jeunes qui accumulent les lacunes. Ainsi, j’ai entendu un patron d’une entreprise du numérique affirmer que lorsqu’il recrutait des ingénieurs, il faisait passer une batterie de tests reprenant les savoirs acquis en terminale comme « qu’est-ce que la loi d’ohm ? ». Pour en arriver-là, c’est bien qu’il avait des doutes sur le contenu que peut cacher un diplôme ronflant d’ingénieur. Cultiver l’étonnement de soi, c’est bien, capter l’attention, c’est bien, mais au final, il faut emmagasiner le savoir. C’est ce qui donne ensuite la « culture ».

Autrement dit, ce n’est pas de réformes dont le système éducatif a besoin, mais d’une restauration sur ses bases !

 


CHRONIQUE DES JOURS QUI PASSENT

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OUVERTURE FACILE !

Un dernier billet d’humour pour marquer la rentrée.

Nous sommes envahis par les emballages. Notre société de consommation, à force de standardisation et de procédures pour faciliter les ventes en grand nombre, invente sans cesse des emballages censés nous garantir l’intégrité physique d’un produit en même temps que son utilisation facile. Et c’est là que le bât blesse.

Vous avez entre les mains un achat sous « blister », et c’est monnaie courante avec la rentrée des classes. Entre parenthèses, essayez donc de trouver un stylo vendu à l’unité … C’est qu’il en faut un certain nombre pour amortir le prix du support transparent qui l’entoure et qui permet sa mise en rayon facile. Tout bêtement. Bon ! Ben maintenant, vous êtes à la maison et vous avez besoin de votre stylo tout neuf : comment ouvrir ce satané « package ». C’est que la bête est solide et ne présente pas de point faible. Heureusement, vous avez une bonne paire de ciseaux bien robustes à portée de mains. Vous allez dire que j’exagère. C’est vrai, il n’y avait pas marqué sur l’emballage que je pourrai l’ouvrir facilement.

Mais dans bien des cas, la mention « ouverture facile » figure à côté d’une petite encoche qui signale l’endroit où vous pouvez « attaquer » l’emballage. Alors tentez votre chance avec un sachet de râpé ! A moins de posséder une force herculéenne dans les doigts, bonjour ! Là encore, une paire de ciseaux salvatrice est la bienvenue. Je me demande bien quel genre de personnes ils utilisent pour leurs essais !

Il y a aussi ces emballages qui sont censés vous faciliter la tâche : c’est le cas des boites de conserves. Autrefois, au moins c’était clair, il fallait un « ouvre-boite ». Soit vous interveniez en « roulant » le couvercle à partir d’une languette, soit vous utilisiez la force tranchante d’un engin conçu pour. De nos jours, le couvercle vous propose un joli petit anneau qui vous fait supposer qu’il suffit de tirer dessus pour ouvrir. Premier cas : vous passez le doigt dedans et vous tirez… et il vous reste dans les doigts. Deuxième cas, le couvercle vient. Vous vous dites : « c’est gagné ». En effet, mais il y a un lot en sus : arrivé en bout de course, le couvercle métallique a fait ressort et la sauce bien huileuse a giclé en fines gouttelettes sur votre sweet tout propre. Je ne parle pas du cas où il s’agit de maquereaux à la tomate …

Et les couvercles de bocaux : voilà les gros méchants ! Inutile de vous escrimer à vouloir ouvrir en force : sans « plop » salvateur, vous n’arriverez à rien. Alors, si vous n’avez pas un couteau solide à portée de main, du genre couteau à ouvrir les huitres, pour insérer sa pointe dans un recoin du couvercle et faire levier, il y a gros à parier que vous mangerez vos nouilles sans la sauce que vous aviez prévue. Encore faut-il éviter de se blesser, car l’instrument peut ripper…

Tout cela va encore quand on est jeune et dans la force de l’âge, mais quand vous prenez de la bouteille et que vous avez les mains confites d’arthrose, chaque ouverture est une épreuve de niveau olympique. A moins d’être organisé. Voilà pourquoi, chez nous, il y a toujours à disposition, dans la cuisine, des ciseaux pour venir à bout des sachets récalcitrants, un engin spécial type baleine à bosse pour ouvrir les boites de conserves, un « tourne-couvercle » qui s’adapte à tous les diamètres et permet de démultiplier la force de rotation, et même une prince multiprise pour dévisser les bouchons des bouteilles de lait ou d’eau minérale, souvent très retors. Ah mais !

 


TU COMPRENDRAS QUAND TU SERAS GRAND !

 

C'est pas de ton âge

Et voilà encore une réponse de parents ou d’adultes qui se défaussent.

C’est que les temps modernes, peut-être plus que ceux plus anciens, foisonnent de questions embarrassantes qui viennent à l’idée de nos chères têtes blondes … ou brunes. La télévision, l’accès à quantités de vidéos via internet et les portables ouvrent sur des horizons pas toujours recommandés pour les yeux et les oreilles des enfants. Enfin, quand je dis « horizons », je suis prudent, voire prude. On n’imagine pas ce qu’un ado de 11-12 ans peut visionner sur son portable.

De notre temps, les questions gênantes venaient de situations observées souvent dans la vie de tous les jours : une dame qui donnait le sein avec les précautions d’usage quant à la décence pouvait amener une question du style : « Qu’est-ce qu’elle fait avec son bébé ? », surtout si l’univers du bambin avait été encombré de biberons. Ou encore des amoureux qui s’embrassaient sur la bouche en public -ce qui était moins courant qu’aujourd’hui comme le chantait Brassens- alors que dans beaucoup de familles les mœurs restaient assez pudiques sur les témoignages amoureux, provoquaient de la part d’un enfant un peu curieux le même type de question : « pourquoi t’embrasses pas maman comme ça ? »… Evidemment, « tu comprendras quand tu seras grand !» c’était la solution facile pour esquiver une réponse qui aurait été par nature très alambiquée, compte tenu des tabous qui régnaient alors sur toutes les questions touchant à l’amour et au sexe. Mais bien d’autres domaines n’échappaient pas à la sagacité de la progéniture : « Pourquoi vous vous disputez tout le temps ? », « Pourquoi il y a des toilettes pour les dames et pour les hommes ? », « Pourquoi il y a des films interdits aux moins de 16 ans ? », et plus compliqué : « Pourquoi il y en a qui disent que Dieu existe et d’autres qu’il n’existe pas ? »… 

Aujourd’hui, on a le droit de penser que l’éducation des enfants n’est pas une sinécure, notamment en raison de l’accélération de leur maturation intellectuelle et de la facilité d’accès à toutes les informations, y compris celles qui ne sont pas forcément adaptées à leur âge. Progrès ? Internet sans filtre, certainement pas. Je continue de penser que l’enfance doit être préservée, et qu’à chaque âge doit correspondre un niveau de préoccupations. C’est bien de vouloir tout expliquer, mais peut-être y a-t-il des réponses qui peuvent attendre. Et manifestement, on a changé de registre et l’on ne doit pas s’étonner que les grands débats de notre société arrivent jusqu’aux oreilles de nos garnements. « C’est quoi un homosexuel ?» est une question à laquelle il est relativement simple de répondre aujourd’hui, plus facilement qu’hier. Les mots « avortements », « vagins » ou « inceste » peuvent encore gêner dans certaines familles, et on peut le comprendre. Au gamin qui rentre de l’école et qui demande  tout de go : «  C’est quoi une fellation ? », je ne vous dis pas la tête de la mère !

Comment expliquer sans traumatiser ?

« Tu comprendras quand tu seras plus grand ! » est une manière de différer la réponse. Tant pis si les enfants pensent que si les parents disent ça, c’est qu’ils ne veulent pas répondre. C’est aussi leur faire comprendre quelque part le sens de la vie : il y a un âge pour tout, plus tard tu pourras le faire ou le comprendre… On prend aussi le risque que d’autres donnent des réponses sans s’encombrer de fioritures. C’est le risque. Le temps de l’enfance est décidément de plus en plus court !

 


CHRONIQUE DES JOURS QUI PASSENT

Tintin voyage

 

« T’AS PRIS TES PAPIERS ? »

Le senior ça voyage !

Et même ça prend l’avion. Il faut dire que les compagnies « low coast » y contribuent pour beaucoup. Comment résister à un aller-retour  Beauvais-Bratislava  à moins de 200€ pour un couple. Quand on constate ce qu’on paie en carburant et en péages avec la voiture on peut faire à peine 500 km pour le même prix ! Et encore, sans compter l’amortissement du véhicule, la pause resto quand ce n’est pas une nuit à l’hôtel pour un trajet plus long. Comme dirait l’autre : « y’a pas photo ! ». Alors, pourquoi se priver ? L’avion à bas prix ouvre des perspectives que je n’aurais pas imaginées il y a seulement 10 ans. Prague, Budapest, ces joyaux de l’Europe centrale semblaient tellement inaccessibles. D’abord il y avait autrefois l’obstacle du sinistre « rideau de fer ». Celui-ci levé, il y avait encore la distance. Alors quand on a la chance d’avoir des enfants expat’… plus d’excuses !

Mais voyager, pour un senior, c’est toute une entreprise.

D’abord,  il faut an-ti-ci-per, c’est la règle d’or. Avec un peu d’habitude, il suffit de surfer sur les sites appropriés d’internet pour trouver le meilleur tarif, mais en s’y prenant au moins trois mois à l’avance. Pas de souci, sauf avatar de santé, le retraité a le choix dans la date (s’il vous plait, pas de malice). Puis, il faut s’assurer d’avoir les « papiers » à jour et en règle, notamment la carte de SS européenne. On n’y pense pas toujours.  Enfin avoir un planning à sa disposition, éventuellement avec des « alertes » pour ne pas rater l’enregistrement en ligne, indispensable pour embarquer rapidement. La première fois, c’est un peu stressant. Surtout les premières fois où j’ai attendu mes billets par envoi postal. La routine vient vite surtout avec la possibilité de les imprimer en ligne dès la commande.

La date approche.

Les bagages deviennent le problème principal : comment emporter suffisamment  de vêtements sans dépasser le poids imposé, sinon, gare au coup de massue du supplément ? Ce n’est pas au guichet d’enregistrement qu’il faut s’apercevoir des kilos en trop. Ensuite vient la question : soute ou pas soute ? Sans être d’une importance vitale,  la réponse n’est pas anodine. Au début, notre bagagerie nous obligeait à choisir la soute. Si cela donne l’avantage de pouvoir augmenter le poids du contenu, elle impose l’attente à l’arrivée pour récupérer ses valises, avec le stress qui va avec, sans parler du supplément de prix. Avec l’habitude, nous avons opté pour la « valise cabine ». L’avantage du « bagage cabine » est incomparable : s’il impose des contraintes supplémentaires en restrictions sur le contenu, celui-ci permet un gain de temps appréciable aussi bien à l’enregistrement puisqu’on évite la queue fastidieuse au guichet pour la mise en soute, et avec le « check-in » en ligne on se présente directement à l’embarquement. A l’arrivée, aucune formalité, on peut se diriger directement vers la sortie. Le pied ! A condition d’avoir une organisation minutieuse du contenu de ses bagages qui doivent avoir le bon format pour entrer dans le coffre de la cabine. En général, il est limité à dix kilos par passager, ce qui s’avère amplement suffisant quand on voyage à la belle saison. Evidemment, s’il faut y fourrer des après-skis et une doudoune, ce sera plus compliqué. Nous avons donc acheté deux valises au bon format, qui sont venues enrichir une collection bien fournie et de tous formats !

Il faut penser à tout et méthodiquement.

Alzheimer s’abstenir. Les bagages à main font l’objet d’une réglementation stricte. Ce qui impose des trousses de toilette transparentes par exemple, pour faciliter les vérifications. Les volumes « liquides » sont très limités, mais fallait savoir qu’un « Reblochon fermier » en faisait partie : résultat, à la poubelle ! Douloureux mais impitoyable ! Quant au contenu de la valise, c’est une tâche qui m’est dévolue. Il paraît que je n’ai pas mon pareil pour « litter » les vêtements en couches fines, caser les rigides dans les coins, positionner les chaussures sur les bords. Le surplus ira dans le bagage à main permis : agenda, appareil photo, guides touristiques, etc… mais avant de quitter le domicile, ne pas oublier de poser la question qui tue : « t’as pris tes papiers ? ». Existentiel ! C’est la panne de voyage degré zéro, à éviter absolument. Tout comme les billets et les cartes d'embarquement.

« Les voyages forment la jeunesse », voilà un dicton qui se vérifie.

Le temps de la retraite permet plus que la période active « le voyage ». Alors qu’on se contentait de dépaysements dans l’hexagone, voilà que le temps libéré ouvre de nouvelles perspectives. Notre choix à nous, c’est l’Europe. Pas une grande ambition quand d’autres choisissent de courir le monde. Chacun façonne l’élargissement de son horizon à son besoin. Notre option nous permet de découvrir l’espace culturel auquel on appartient et dans lequel plonge nos racines. Quels points communs entre Prague et Barcelone, entre Vienne, Madrid et Paris ! Un peu comme un château renaissance où tout se ressemble sans que rien ne soit vraiment pareil, les capitales européennes nous offrent ce camaïeu d’art baroque, nouveau et moderniste ou encore d’architecture hausmannienne qui déclenche cette jubilation esthétique que rien ne remplace et qui justifie de l’avoir vécue. Et puis, il y a les vrais particularismes, ces détails qui n’appartiennent qu’à une culture, un peuple, un lieu. C’est la richesse de l’Europe, unie –on s’en rend compte à chaque pas- et si diverse. Cela vaut bien un peu de stress au départ, notamment celui irrépressible lié à la peur d'arriver en retard à l'aéroport, et la satisfaction de retrouver son nid, si possible intact au retour.

« Vos papiers ! » s’il vous plait. Bon voyage. 

 


CHRONIQUE DES JOURS QUI PASSENT

Cedric demande à ton père

 

« DEMANDE A TON PERE ! »

« Dis, maman, est-ce que je peux aller au cinéma avec … ». La sentence tombe : «  Demande à ton père ! ». L’enfant est là et reste béat, les yeux écarquillés, le visage animé d’une moue perplexe. Evidemment ça n’est pas une réponse. Combien de gamins se sont retrouvés confrontés à cette situation bizarre qui peut intervenir à tous âges de l’enfance et surtout de l’adolescence.  Mais que peut vouloir dire cette défausse ?

Le plus souvent, c’est d’abord pour éviter de répondre à une demande embarrassante. Bien évidemment, ce : « demande à l’autre » (car l’inverse  « demande à ta mère » se pratique aussi), est un « non » déguisé dont on ne veut pas assumer la charge. Histoire de répartition des rôles : la mère « coucoune » et papa est le « gros méchant » qui interdit. Cette distribution des partitions, probablement trop académique, est de plus en plus battue en brèche par les mœurs contemporaines où l’autorité parentale est de plus en plus partagée… enfin, quand elle existe.

C’est aussi une fuite qui diffère le moment de dire « oui », un moyen dilatoire utilisé pour se donner le temps de se concerter avec le conjoint. Un moment mis à profit pour peser le pour et le contre d’une autorisation pour laquelle on peut avoir une hésitation : par exemple la première sortie en « soirée ». Ensuite, inexorablement, viendront les conditions qui traduisent l’anxiété rentrée devant ce-besoin-d’autonomie-qui-arrive-toujours-trop-tôt : avec qui, chez qui, présence des parents, heure de retour… Puis suivront, si c’est finalement « oui », les conseils ou les interdits : faire attention à ne pas fumer des « joints », de ne pas boire d’alcool (ou pas trop), et bien entendu les conditions du retour au bercail. Souvent la première fois l’autorisation est assortie d’un « on ira te chercher à telle heure ».  « La honte ! » protestera l’ado, cependant encore trop content d’avoir obtenu le feu vert.

C’est parfois une véritable incapacité à répondre à la question, quand on ne veut pas dire ce qu’on pense vraiment à son enfant. Une manière un peu vicieuse de déporter le débat vers le conjoint pour voir comment il va se débarrasser du problème. Ce n’est pas glorieux, mais ça peut être efficace surtout si celui-ci n’est pas encore rentré de son boulot. Un moment de répit gagné sur un peu d’hypocrisie. Il ne faut pas trop en abuser, parce que les enfants sont suffisamment futés pour faire le tri et s’adresser malicieusement  au bon interlocuteur suivant les situations : celui qui sera susceptible de dire « oui » plus facilement. 

C’est enfin la manifestation d’une impuissance à résoudre la question posée. La plupart du temps il s’agit d’un cas posé dans un travail scolaire. Il faut donc renvoyer à la personne compétente pour éviter d’apparaître trop nul. Un problème de math avec robinets et fuite ou de coureurs qui partent à la rencontre l’un de l’autre à des vitesses différentes (forcément, ça existe encore) … c’est papa qui s’y collera. Une question de vocabulaire ou de sens d’une phrase au style un peu alambiqué, à moins qu’il ne s’agisse de sciences de la vie, alors c’est plutôt maman qui sera présupposée détenir la clé. Ceci dit, cette répartition des compétences est purement subjective et ne s’appuie que sur une expérimentation très restreinte. Je sais que certains y liront une conception sociétale rétrograde pour ne pas dire franchement « réac ». J’assume !

« Téléphone donc à ton grand père, il doit savoir ça ! ». Je reçus donc un coup de fil d’un de mes petits fils qui voulaient des tuyaux pour un exposé sur le règne de Louis XV et les guerres qu’il a menées en Europe. Ah les exposés ! C’est le supplice des parents. Heureusement, « dnj il y a Wiki ! » (je traduis : de nos jours, il y a Wikipedia et ses imprécisions). J’avais ce qu’il lui fallait. Pas de mérite à cela, j’ai deux bouquins de Pierre Gaxotte sur le dit roi et sa mère savait qu’il frappait à la bonne porte. Je me souviens aussi d’une demande  d’une de mes petites filles pour un cas de grammaire pour lequel je lui ai fait part de mes lumières de grammairien sourcilleux.

Il y a donc une version à laquelle je n’avais pas pensé : « demande à ton grand-père », qui n’existait pas pour ma génération qui n’a guère connu ses grands-parents … Aujourd’hui, elle est peut-être beaucoup plus courante qu’on ne l’imagine avec toutes ces familles  décomposées ! Avec l’avantage d’avoir plusieurs grands-pères.

 


CHRONIQUE DES JOURS QUI PASSENT

Petit spirou qu'est-ce que tu fabriques

 

« MAIS QU’EST-CE QUE TU FABRIQUES ? »

C’est la question qui survient quand la maison est bien trop calme. Des enfants, ça vit : ça se chamaille, ça joue, ça va, ça vient d’une pièce à l’autre, ça crie ou ça chante. On est ainsi renseigné sur leur activité pendant que chacun vaque aux occupations domestiques. Evidemment tout cela est très variable en fonction de la progression en âge. C’est entre trois et six ans que l’on a en général les « usines à conneries ». Et alors là, il faut toujours avoir un œil sur ce qui se passe  comme quand on a du lait sur le feu, et craindre par-dessus tout le silence s’il se prolonge et qu’on n’y a prêté attention tout de suite. En général, c’est le signe d’une occupation intense  qui réclame de la concentration, et rarement sans « effets collatéraux ». Alors le tableau est facile à décrire : une mère ou un père, les mains sur les hanches dans l’embrasure d’une porte, en train de découvrir l’activité qui absorbe le gamin et surtout de constater les dégâts qu’elle occasionne : décoration murale inédite, découpage intempestif d’une revue à laquelle on tient, collage approximatif d’un objet endommagé… « Mais qu’est-ce que tu fabriques ! »

Ce n’est évidemment plus une question. L’enfant a bien senti dans l’intonation, comme un reproche de ce qu’il considérait comme une attitude noble : l’expression de son talent ou tentative de réparation d’un bris commis par inadvertance. Tout cela part d’un bon sentiment d’où l’intense décalage entre l’admonestation et sa bonne volonté : incompréhension qui se lit dans des yeux grands écarquillés par l’étonnement. Et là, de deux choses l’une, ou l’adulte pique une colère noire, ou il éclate de rire. Tout dépend de la gravité des dégâts et surtout de la répétitivité des actions considérées comme « délictueuses ».

Nous avons tous des souvenirs de bêtises faites par nos enfants. Il y en a un qui me revient à la mémoire en écrivant ces quelques lignes. Notre fille aînée devait avoir sept ou huit ans et avait invité une copine à jouer avec elle. Elle n’était pas du genre à collectionner les bêtises et nous lui faisions plutôt confiance. Ce jour-là, les deux filles jouaient dans la chambre à l’étage avec leurs poupées Barbie, alors très à la mode, avec toute la panoplie des vêtements à mettre et à retirer. D’habitude cela suffisait pleinement à les occuper un bon moment. Nous étions au rez-de-chaussée en train de bavarder. Toutefois, nous trouvions que l’animation à l’étage avait pris un tour bizarre. D’abord les voix nous parvenaient de la salle de bain et nous entendions l’eau couler puis cela s’arrêtait, puis recommençait. Prise d’un doute Paulette décida d’aller jeter un coup d’œil sur ce qui se passait. Elle ne fut pas déçue du voyage : les filles avaient  décidé –qui en eut l’idée ?- de teindre les cheveux de leur poupée et n’avaient trouvé rien d’autre pour cela que … l’éosine !

« Mais qu’est-que-vous fabriquez ? » : le spectacle en valait la peine. Le bidet exprimait son émotion avec un rose uniforme que les deux dégourdies essayaient de faire disparaître à force de rinçages successifs. On comprend qu’elles l’aient utilisé pour faire une couleur, la parenté avec le bac du coiffeur est évidente et surtout, le bassin était bien commode par sa hauteur. Mais on les suivait à la trace dans toute la pièce : le formica blanc des meubles arborait les empreintes des délinquantes en de multiples endroits, sans parler des malheureuses poupées dont les cheveux rouge vif refusaient de reprendre une couleur plus convenable. Le lavabo et la baignoire n’avait pas échappé non plus à leur coupable activité. Bref, un désastre. On en rit encore aujourd’hui, même si récurer la salle de bain ne fut pas de tout repos.

Inutile de préciser que dans les petits enfants on a eu, et on a encore, quelques occasions de poser la question.

 


POUR RESTER BRANCHE MAIS COOL EN AOUT

Aout geluck001

 

Difficile de déconnecter avec cette actualité qui n’en finit pas de nous abasourdir : une fille tabassée parce qu’en bikini, un roi qui privatise une plage, des chiffres du chômage bidouillés, la bourse qui fait du yoyo, un copain casé à ERDF avec une paie de roi du pétrole, … que le monde serait triste si nous n’avions pas un président audacieux. Mais en cette veille du mois d’août qui s’annonce  à quelques encablures, le hit de l’actu c’est … Grey et la pire atrocité c’est… le passage des guignols en crypté !

Au moins, dans ce fatras a-t-on une bonne nouvelle : demain est le jour de la libération. C’est en effet à partir du 29 juillet cette année que les Français commencent à travailler pour eux et ont fini de remplir le tonneau des Danaïdes de l’Etat ventripotent : 57,5% de prélèvements.  Le record d’Europe.

Alors à quoi allons-nous passer le temps d’août ?

Voici quelques lectures que je vous conseille :

 

Verdier Molinié dans le mur001
ON VA DANS LE MUR, d’Agnès Verdier Molinié.

La militante de la baisse des dépenses fait l’autopsie de l’Etat et de ses satellites, et recense tout ce qui est dépensé souvent en pure perte, gaspillé, mal utilisé. A la tête de la fondation IFRAP, vous l’avez souvent vue à « C dans l’air » défendreune stratégie vigoureuse de réduction de nos dépenses publiques. Son livre est un recueil explosif : elle nous fait pénétrer au cœur d’un labyrinthe administratif que n’aurait pas désavoué Kafka et où le plus brillant de nos hauts fonctionnaires se perdrait. On y découvre une accumulation de taxes, de primes, de statuts particuliers, souvent bien cachés. Elle y trouve des règles, des normes ineptes, des doublons à foison qui s’empilent comme les crèpes le jour de mardi gras. Des économies : on peut en faire partout et de colossales, c’est plus de cent milliards par an qu’on pourrait éviter de prélever… Mais il faut réformer. Là aussi elle a des propositions qui décoiffent mais les Français sont-ils prêts. On va dans le mur et il faut agir d’urgence !

 

Eric Woerth  une crise001
UNE CRISE DEVENUE FRANCAISE, d’Eric Woerth.

Eric Woerth est un clinicien de l’économie. Il n’a pas son pareil pour vous décortiquer une situation, l’analyser méthodiquement et vous exposer pédagogiquement les ressorts et les freins qui y ont conduit. Vous voulez des réponses à quelques-unes des questions qui nous hantent comme par exemple : « pourquoi la France est-elle le seul pays où le chômage de masse n’a pratiquement pas cessé depuis trente ans ? » ou encore : « comment en est-on arrivé à une fiscalité qui est devenue une punition et a dépassé le seuil de tolérance ? »… En quelques 180 pages Eric Woerth vous donne les réponses, honnêtement, sereinement, sans chercher la défausse où l’exagération militante qui affaiblit une démonstration. Et puis en une soixantaine de pages, il tente de nous redonner espoir : la France a sa place dans la mondialisation si elle le souhaite, nous pouvons croire à nouveau dans l’avenir à condition de retrouver la confiance… Vaste programme. Justement son livre pourrait en être un, ou en constituer un excellent support à tout le moins. Avec lui l’Etat-providence auquel nous autres Français sommes très attachés ne meurt pas, il est repensé, reconfiguré. Le chemin indispensable pour obtenir une adhésion populaire.

Les deux livres sont complémentaires. Avec eux on gagne en lucidité.

 

Pour la partie détente, deux revues d’excellent niveau et très passionnantes :

Blake et Mortimer001BLAKE ET MORTIMER face aux grands mystères de l’Humanité, Beaux-Arts hors série.

Pour les amateurs de cette BD très particulière, on trouve là un filon d’informations et de nombreux détails sur les particularités de l’univers Jacobsien. C’est fouillé, avec de nombreuses illustrations et la participation de spécialistes de haut niveau. On n’échappe pas, de ce fait, à quelques redites, mais c’est pardonnable vu la qualité de l’ouvrage. Vivement recommandé aux fans des deux anglais. Cette revue est un vrai délice « Old Chap’ » !

 

Pagnom001PAGNOL, Le Figaro hors série.

Voilà une revue magnifique tant par sa présentation que par la qualité de ses illustrations. On replonge avec ferveur dans la Provence intérieure de la belle époque, dessins savoureux de Dubout à l’appui. On y fréquente le bon Fernandel, le Grand Raimu, les égéries successives de l’académicien…. Le tout illustré de magnifiques photos. Les articles sont copieux et attrayants. De quoi passer un bon moment sur le transat ou à la plage !


Passez de bonnes vacances et rendez-vous pour la prochaine "Chronique des jours qui passent" !

 


CHRONIQUE DES JOURS QUI PASSENT …

 Petit spirou qu'est-ce que tu fabriques

 

« T’AS QU’A TE RETENIR ! »

Traditionnellement, le mois d’août, c’était le mois des vacances, des grandes vacances. En ce temps-là, on partait pratiquement tout le mois, dans une location à la montagne ou au bord de la mer. Cela se préparait plusieurs jours à l’avance de façon à fourrer dans les bagages tout le nécessaire en prenant soin qu’il prenne le moins de place possible. Le jour du départ, il fallait se lever tôt. On démarrait aux aurores, afin de faire la distance sans trop souffrir le plus longtemps possible de la chaleur, les climatisations ça n’existait pas, et pour arriver suffisamment de bonne heure en soirée afin de prendre le temps de découvrir les lieux de notre villégiature et s’installer.

Comme la route était généralement longue, il était demandé à chacun de prendre ses « précautions » avant le départ, car il fallait limiter les arrêts au maximum et si possible coordonner ravitaillement en carburant avec les « besoins » des uns et des autres. Quand on est cinq, c’est mission impossible. C’est que les « précautions » en question, à des heures inhabituelles, ce n’est pas une sinécure. Bref, il en est qui ne se décrètent pas !

Et voilà ! On n’a pas fait trente kilomètres que déjà une petite voix retentit à l’arrière : « J’ai envie de faire pipi ! ». Un court dialogue s’instaure : «  T’as pas fait avant partir ? tonne le conducteur – si, mais j’ai encore envie, ment l’intéressée … ». Alors la sentence tombe, prévisible, implacable, désespérante pour la gamine : «  T’as qu’à te retenir ! ». Derrière personne ne bronche.  Le silence pèse pendant quelques kilomètres. On suspecte que les deux garçons sont concernés mais préfèrent ne rien dire. En tout cas, pas question de s’arrêter déjà. On est en retard sur l’horaire programmé et déjà la circulation se densifie.

Mais une envie pressante, c’est une envie pressante. En général, elle porte bien son nom. Donc la petite voix reprend, avec un ton plus gémissant : «  papa, j’ai envie de faire pipi ». On a abordé l’autoroute et nous filons à vive allure dans une circulation encore fluide. Pas le moment de lambiner. La limitation à 130 n’était pas encore en vigueur. Alors il faut ruser pour faire patienter … « l’envie pressante ». Le prétexte est tout trouvé : on ne peut pas s’arrêter sur les bandes d’arrêt d’urgence, il faut attendre une aire de service. « T’as qu’à te retenir jusqu’à la prochaine aire de repos ». Sauf que des aires de repos, le chauffeur va vicieusement ne louper deux ou trois.

Un ton suppliant a remplacé le gémissement : « je ne peux plus tenir, je vais faire dans la voiture !». Du coup c’est maman qui s’en mêle : « mais enfin, arrête-toi, c’est ridicule, il y en a pour cinq minutes ! ». Justement, une magnifique aire de service se profile à quelques kilomètres nous indique un grand panneau. Et comme les inconvénients d’un nettoyage de l’arrière dépassent largement le temps d’une pause-pipi qui sera mise à profit pour tout le monde, la voiture emprunte enfin la voie latérale qui conduit aux bâtiments de la station-service. Soulagement à l’arrière… mais il était grand temps ! Plus d’une heure s’est écoulée depuis la première requête. L’essentiel c’est d’avoir fait un bout de chemin.

Quel père impitoyable n’a pas fait subir à sa progéniture le « supplice de l’envie de pisser », sur le trajet qui emporte la famille vers les horizons rêvés du temps consacré au farniente ? Il arrive même que la torture concerne l’intéressé. Mais comment céder pour soi-même ce qu’on n’ a pas consenti aux autres ? Néanmoins, il vaut mieux s’arrêter. Parce que conduire avec une envie pressante, ça n’est pas vraiment agréable ni confortable, quand ce n’est pas dangereux !

 

 


CHRONIQUE DES JOURS QUI PASSENT

 

Doigts dans le nez

 « TU VEUX MON DOIGT ? »

La morphologie humaine est bien faite : ainsi la taille des doigts et des narines est calculée pour que les uns puissent entrer dans les autres. On n’y peut rien, c’est comme ça. En effet, il arrive que ceux-ci soient indispensables pour nettoyer l’intérieur de l’appendice nasal afin de le débarrasser des impuretés qui s’y accrochent jusqu’à rendre la respiration moins aisée. La bienséance exige par contre qu’on évite d’avoir recours à ce procédé. Là encore, l’éducation doit commencer tôt pour enrayer le recours à un geste que la nature semble avoir programmé comme un réflexe. Je n’entrerai pas dans le détail d’une description anatomique scabreuse pour me contenter d’observer les humains qui nous entourent.

Donc il arrive souvent qu’on admoneste un gamin surpris en train de se fourrer les doigts dans le nez : « Tu veux mon doigt ? ». Combien de fois ai-je entendu cette formule rituelle ? Et combien de fois l’ai-je prononcé pour morigéner l’un de mes enfants ou petits-enfants. C’est dire si le reflexe est bien là et difficile à corriger.

D’ailleurs, observez bien les adultes autour de vous. Je me souviens de situations vécues autrefois dans le métro. C’est incroyable ce qu’au milieu de la foule, certains se croient tout seul ! Vous connaissez tous l’histoire du type qui se met à crier : «  ma boulette, ma boulette ! » et tout le monde de la chercher partout en regardant le sol. Et comme on ne la retrouve pas, il ajoute, en se fourrant le doigt dans le nez : « Bon, bah je vais en refaire une autre ! ». Il y a un lieu aussi  très propice à ce même exercice : à l’intérieur des voitures, dans les embouteillages. Regardez autour de vous, c’est bien rare si vous n’en verrez pas un (et non une, car le geste est surtout masculin), en train de se décrocher consciencieusement les « tableaux ». En voiture on est chez soi et on oublie qu’on peut être vu, surtout si on est absorbé à écouter la radio. Je vous passe la suite de ce qu’il peut faire de sa collecte qui finira probablement collée au côté du siège… dans le meilleur des cas.

C’est dit, on ne se met pas les doigts dans le nez, même si c’est une prédisposition naturelle. La civilisation moderne met suffisamment d’outils à notre disposition pour éviter d’y avoir recours : mouchoirs en papiers, spray, solutions acqueuses voire cotons-tiges. Mais … et le plaisir ! m’a rétorqué une fois un ami. Ce point ne se discute pas, j’en conviens. J’en reste désarmé. C’est peut-être de là que vient l’expression : «  Les doigts dans le nez ! » pour exprimer la joie d’avoir réussi et dire que c’était facile.

 


CHRONIQUE DES JOURS QUI PASSENT

 

Comment on demande

« DIS BONJOUR A LA DAME ! »

Quand j’étais petit, c’était chaque fois une épreuve. Comme beaucoup de gamins j’avais horreur de dire bonjour aux personnes que ma mère rencontrait en faisant les courses, voisins pourtant familiers ou connaissances, et tout autant de quitter mes occupations pour répondre au comminatoire : « Viens dire bonjour ! » qui ne manquait pas de suivre l’entrée de quelqu’un à la maison. Mais impossible de se soustraire au devoir imposé par les bonnes manières sous peine de représailles qui suivraient inévitablement une mauvaise volonté. C’est donc avec une mine renfrognée, les sourcils froncés et le regard peu amène que je me présentais devant le visiteur ou la visiteuse. Dans ce dernier cas, il fallait se confronter à un visage badigeonné de poudre de riz et subir la marque infamante de transports non sollicités et qui se traduisait par une tartine de rouge à lèvre sur les joues assortie de bave, que j’essuyais aussitôt du revers de ma manche sous l’œil courroucé de ma mère.

C’est probablement comme cela que je suis devenu un garçon poli. La force de l’habitude, prise sans aucune possibilité de dérogation ! Vient ensuite l’âge de raison où les civilités vont de soi et participent à la convivialité des relations humaines. Dire « bonjour », c’est comme savoir dire « merci » : c’est gratuit et ça participe au « lien social » comme on dit aujourd’hui chez les « bobos ». Aussi, transmission oblige, c’est avec le même soin pointilleux auquel notre enfance fut confronté, que nous veillons à la politesse de nos petits-enfants. Non pas qu’ils soient mal éduqués, parce que leurs parents font le nécessaire. Mais nous vivons dans un monde où les contraintes ne sont pas les mêmes partout. Alors, nous aimons bien que lorsqu’ils arrivent, ils viennent « dire bonjour ». Excepté vers deux ou trois ans où cela a été parfois laborieux, encore que « Mamy Paulette » ait joui d’un privilège particulier qui rendait à certain les autres transparents, nous avons toujours eu droit à des manifestations d’affection à ce moment privilégié de l’arrivée, preuve que la maison ne doit pas être trop repoussante.

Sauf que chez nous aussi, il arrive qu’il y ait des visiteurs, parfois inconnus de nos pensionnaires, auxquels il faut malgré tout venir dire « bonjour ». C’est une règle intangible. Honnêtement, il faut avouer que, si nous n’avons pas de refus d’obstacle, les comportements sont divers en fonction des caractères. De l’extraverti qui ne fait aucune difficulté et qui vient lancer son tonitruant « bonjour monsieur ! » (ou madame), au timide qui s’annonce à reculons et murmure entre ses dents son « bonjour » à peine audible, nous avons connu toute la gamme. L’essentiel est que le devoir soit accompli. Ainsi demain ils seront (peut-être) des citoyens polis. L’apprentissage ne s’arrête pas là. L’exercice continue quand ils nous accompagnent : on dit bonjour en entrant dans un commerce et au revoir quand on en sort… Et j’en connais pour qui cela devient vite un jeu, histoire de se faire bien voir avec l’espoir d’une douceur à la clé, ou tout simplement envie de se montrer. Les egos se manifestent parfois plus tôt qu’on ne le souhaiterait.

Avec les ados, c’est un peu plus compliqué. J’ai eu du mal à me faire au « Salut Papy ! », mais il est prononcé avec tellement de chaleur que j’ai renoncé (après quelques tentatives tout de même) à rétorquer cet impitoyable « on dit bonjour, d’abord ! » qui casse l’ambiance, comme ils disent. Rien n’est parfait en ce bas monde.

 


CHRONIQUE DES JOURS QUI PASSENT

 

  Qu'est-ce qu'on dit

« QU’EST-CE QU’ON DIT ! »

Avec les vacances, voici le temps où la maison se remplit des cris joyeux des petits enfants venus faire leur petit stage, de durée variable, chez « papy et mamy ». En général, ils ne se font pas prier et je crois même qu’ils en redemandent. Enfin, jusqu’à un certain âge. Avec l’adolescence, leurs envies changent de nature. Ce sont donc les trois plus jeunes qui cette année encore se sont retrouvés pour une semaine à gouter aux « douceurs » angevines. Le mot est faible.

C’est l’occasion de vérifier que les codes familiaux sur lesquels on ne transige pas ont été bien transmis. Notre génération ne rigolait pas avec les conventions  et la civilité. Du temps de notre jeunesse, les parents éduquaient et il fallait se tenir à carreau avec les marques de politesse. Dès l’âge le plus tendre on en passait par ce laborieux apprentissage remis sur le métier à chaque occasion. Combien de fois ai-je eu droit au « qu’est-ce qu’on dit » comminatoire pour avoir oublié le mot magique. J’ai appris récemment dans un commentaire journalistique qu’il existait chez les politiques des mots « valises ». Il parait que ce sont des mots qui une particularité : chacun d’eux contient à lui seul des dizaines de concept. Pratique : un seul mot tient lieu de discours… si seulement ça pouvait être vrai, on éviterait tant de bavardages fastidieux. Eh bien chez nous on a les mots « magiques » : tu le prononces et hop ! Ce que tu demandes se réalise. C’est une sorte de sésame. Les civilités sont pleines de mots magiques. Et ils ont un énorme avantage : ils sont gratuits, ils ne coutent rien.

Force nous est de constater, dans notre cas, que le formatage a bien fonctionné. Ou alors les « mignons » sont madrés, ce que je pense aussi. En tous les cas, nous avons eu peu d’occasions de prononcer ce rappel à l’ordre, le « merci » venant à peu près automatiquement. Tout juste si nous avons eu à utiliser la formule cousine : « Comment on demande ? » face à des yeux presque rieurs, sous des sourcils froncés, en un regard volontiers provocateur qui semble dire : « je m’y attendais », pour aussitôt dégainer sur un ton mi-ironique, mi-obséquieux un « s’il-te-plait » trainant qui en dit long sur la malice. Bon sang ne saurait mentir.

Il y donc encore des parents qui attachent de l’importance à ces petits riens qui sont très importants, car ils codifient beaucoup plus qu’on ne le croit, les rapports humains. Ils les fluidifient. « S’il te plait » et « merci » exigés à chaque fois, c’est montrer que tout n’est pas dû, tout n’est pas automatique. Ces formules ont du sens, ce ne sont pas de simples mots prononcés à la légère. « S’il te plait » suppose « si je veux bien » et « merci » marque une reconnaissance, une satisfaction qu’il est utile d’exprimer. Car si le mot est gratuit, le geste qui l’a amené ne l’est pas. « Merci » marque la conclusion d’une action par laquelle quelque chose a été transmis ou réalisé au bénéfice de quelqu’un, qui marque ainsi qu’il est conscient de ce qu’il a reçu (Ouf !). Dire « merci » c’est donc manifester sa gratitude, sentiment qui vient flatter l’humeur de celui qui le reçoit et en tire de la satisfaction. Autrement dit, ça coûte pas cher de dire « merci » et ça fait toujours plaisir !

Donc, sur « s’il te plait » et « merci », les trois garnements ont obtenu leur « passeport-politesse ». Ce ne sont pas les seules épreuves auxquelles ils ont été confrontés.

A suivre donc.


55 FAUBOURG SAINT-HONORE

 

Elysée naturiste

Ce pourrait être le titre d’un roman de Feydeau. Je vous en donne  l’intrigue en quelques mots. D’abord, il faut un personnage haut placé. Très haut placé même. Enfin à cette adresse-là, vous voyez bien de qui il peut s’agir. Ensuite un thème : ça ne sera pas le mariage, puisque le monsieur ne connait pas ce lien, mais il est question tout de même de problèmes conjugaux. Et puis on est dans le vaudeville, il est facile d’imaginer les rebondissements, les quiproquos, les portes qui claquent, les entrées côté cour, et celles côté jardin pour des rencontres imprévisibles …

Premier acte. Nuitamment notre homme se rend à scooter chez sa maîtresse. La légitime du moment croit que l’élu de son cœur est dans son bureau absorbé par ses multiples dossiers. Jusqu’au jour où un gazetier indiscret clame son infortune à la face du monde, photos à l’appui. Pourtant toutes les précautions avaient été prises et la discrétion de mise, y compris des services chargés de la sécurité du personnage. Mais la rumeur, cette chienne de mauvaise vie, avait eu raison de tout cet arsenal mis en oeuvre pour garantir le secret de la liaison. Sauf que notre roi de la goguette  oubliait de sortir avec son casque sur la tête au petit matin, sauf qu’il suffisait de suivre le garde du corps avec son sac de croissants chauds … Quel cirque !

Deuxième acte. Le drame ! La vérité ayant éclatée, l’apocalypse s’empara du domicile du couple. L’infortunée cocufiée piqua une crise de nerfs qui mit à rude épreuve, non seulement ceux de son concubin, mais aussi ceux de tout le personnel qu’il fallut appeler à la rescousse pour empêcher la femme trahie de commettre l’irréparable sur le mobilier et les multiples objets de valeur qui contribuaient à la décoration des lieux pour qu’ils tiennent leur rang (les lieux et le couple). Tentative de suicide, nécessité d’appeler le Samu … On imagine le tohu bohu au 55 ! La répudiation était inévitable.

Troisième acte. Où l’on apprend que la nouvelle conquête est une artiste de cinéma. Autrefois, on eût faibli pour une danseuse. Aujourd’hui, pour être à la page, il faut soulever (on dit aussi « sauter ») une starlette. Dans un premier temps pour ne pas tomber dans le ridicule, on fit mine de rompre la relation. Une feinte qui ne trompa personne. Un petit malin réussit à prendre une photo de l’intérieur du domicile des tourtereaux attablés dans le jardin, ce qu’un hebdomadaire dont on connait le choc des photos, s’empressa de mettre à la une. Nouveau rebondissement. La colère de la précédente n’en fut que plus violente et l’amertume encore plus forte. Tout cela se concrétisa dans un livre vengeur qui se vendit comme petits pains au congrès des marchands de rillettes. Comme quoi l’infortune n’empêche pas la fortune.

Dernier acte. Dénouement provisoire et inattendu : la visite d’amis espagnols est l’occasion de prendre la traditionnelle photo sur le perron de la maison. Et qui donc accompagne notre cocufieur pour la circonstance. L’actuelle maîtresse ? Que nenni. Tout le monde sait qu’elle vit dans la maison, mais ce n’est pas officiel, donc cela doit rester caché. Alors la précédente : y aurait-il eu réconciliation ? Tout est possible en ces temps badins. Non, pas plus ! Je vous le donne en mille : c’est le retour en grâce de « l’ex », qui plastronne à côté du père de ses enfants en majesté, j’allais évoquer une pose « royale ». Ce n’est pas vraiment une surprise, depuis le temps qu’elle ramait pour s’imposer à nouveau avec son air de dominatrice assumée. La question est : couche-t-il à nouveau avec elle ?  Voilà de quoi alimenter les rumeurs et donner du piment à la farce.

Mais dans quel monde vit-on !!!

 


LE PETIT COURS D’ORTHOGRAPHE

Bonnet_d_ane

 

 

C’est la Pentecôte. Voici une leçon facile pour occuper la fin du week-end.

S’il y a bien une faute énervante que font beaucoup de journalistes et de nos hommes politiques dans leur expression orale, c’est le défaut d’accord entre le relatif et le nom auquel il se rapporte.  Voilà de quoi réparer.

 

L’ACCORD DE LEQUEL, LAQUELLE, AUQUEL …

 

Lequel, laquelle, lesquels, lesquelles sont des pronoms relatifs ou interrogatifs, selon leur emploi, qui s’accordent avec le groupe du nom qu’ils remplacent.

>> La personne à laquelle je pense est arrivée. / Les bois dans lesquels nous nous promenons appartiennent à la commune.

>> Le sentier auquel vous parvenez est fermé aux touristes. / Le bateau à bord duquel vous vous trouvez est très ancien.

Ils peuvent se combiner avec les prépositions « a » et « de » pour donner par contraction :

-          Avec « à » : auquel, auxquels, auxquelles, mais on garde « à laquelle »

-          Avec « de » : duquel, desquels, desquelles, mais on garde « de laquelle ».

Attention à l’usage : quand il s’agit de personnes et non de choses, on préfèrera « à qui » ou « de qui » à la place de auquel, à laquelle, duquel, de laquelle…

Cela parait facile, mais  à condition de rester vigilant sur la tournure de la phrase.

 

A vos plumes :

Complétez par le relatif qui convient :

Parmi ces fleurs, … veux-tu ? – La personne à … je pense est là. – Ce sont des choses … vous n’avez pas songé. - … sont arrivés les premiers ? - … de ces deux chemises préfères-tu ? – C’est le problème au sujet … je devais vous voir. – Il connut des personnes sympathiques, parmi … votre fils. - … avez-vous envie, des bleus ou des verts ? – Cet idéal pour … il se sacrifie en vaut-il la peine ? – Choisissez bien les élus … vous confierez ce mandat. – La table sur … vous mangez est en chêne. – Vous aviez versé cent euros, … ont été retirés les frais de dossiers.- Les plantes … vous pensiez peuvent être cultivées. – Nous avons entendu deux témoins, … ont déclaré avoir vu la scène. - … parlez-vous, des plates ou des rondes ? – Je ne me souviens plus des faits … vous faites allusion. – La conscience avec … il exerce son métier est exemplaire.- Ce sont des travaux sur … nous fondons beaucoup d’espoirs. 

 

 

Et voici la correction :

Complétez par le relatif qui convient :

Parmi ces fleurs, lesquelles veux-tu ? – La personne à laquelle je pense est là. – Ce sont des choses auxquelles vous n’avez pas songé. - Lesquels sont arrivés les premiers ? - Laquelle de ces deux chemises préfères-tu ? – C’est le problème au sujet duquel je devais vous voir. – Il connut des personnes sympathiques, parmi lesquelles votre fils. - Desquels avez-vous envie, des bleus ou des verts ? – Cet idéal pour lequel il se sacrifie en vaut-il la peine ? – Choisissez bien les élus auxquels vous confierez ce mandat. – La table sur laquelle vous mangez est en chêne. – Vous aviez versé cent euros, lesquels ont été retirés les frais de dossiers.- Les plantes auxquelles vous pensiez peuvent être cultivées. – Nous avons entendu deux témoins, lesquels ont déclaré avoir vu la scène. - Desquelles parlez-vous, des plates ou des rondes ? – Je ne me souviens plus des faits auxquels vous faites allusion. – La conscience avec laquelle il exerce son métier est exemplaire.- Ce sont des travaux sur lesquels nous fondons beaucoup d’espoirs. 

 

 


PETIT COURS D’ORTHOGRAPHE (enfin !)

 

Bonnet_d_ane


 

QUE FAUT-IL ECRIRE ?  (SUITE)

 

QUEL QUE / QUELQUE (variable) / QUELQUE (invariable)

 

Cela peut paraître épineux : comment écrire « quelque » ?  En un ou deux mots ? Et dois-je accorder ?

Essayons de démêler. Le choix est important pour le sens. Voilà de quoi s’y retrouver :

 

QUEL QUE :

En deux mots : c’est une conjonction.  Elle est composée de l’adjectif « quel » qui est variable en genre et en nombre avec le nom auquel l’expression se rapporte.  Elle est toujours suivie d’un verbe au subjonctif, et très souvent c’est le verbe être.

>>>>  Elle sort tous les jours, quel que soit le temps / Elle sort tous les jours, quelle que soit la température. / Elle sort tous les jours quelles que soient les intempéries.

Attention, quand le pronom sujet précède le verbe, soyez vigilant : Je soutiendrai ton projet, quel quil soit. / Tu as le droit d’exprimer tes opinions quelles qu’elles soient.

 

QUELQUE :

Variable, en un seul mot, il a le sens de « un certain » ou « plusieurs ». Il suffit de tenter la substitution pour avoir la réponse :

>>> Le malade pourra se lever dans quelques (= plusieurs)  jours.

>>> Vous m’avez caché quelque (= une certaine) chose.

Retenez :

On écrit : quelques temps, quelque chose, quelque part.

 

QUELQUE :

Invariable, en un seul mot, il a le sens de « environ ». Dans ce cas c’est un adverbe et il est souvent suivi d’un nombre. On l’utilise aussi avec la conjonction que, au sens de « aussi… que… », « si… que… »

>>> Dans ce cageot, il y a quelque (= environ) six kilos de pêches.

>>> Quelque savant que vous soyez, ne négligez pas d’être très attentif. (Aussi savant que …)

 

A vous de jouer !

 

Ecrivez  correctement « quel que », en deux mots, ou « quelque » en un seul mot, en accordant si nécessaire :

… soit sa bonne volonté, il ne comprend rien. – Mon imagination m’avait encore joué … tour. - … bisons approchaient de la voiture. – Je vous excuse, … que soient vos raisons. -  Il sortit … pièces de son porte-monnaie. - … soient les risques, nous ferons cette expédition. – Je vous rapporte les … livres que vous m’avez prêtés. - … -uns d’entre vous semblent ne pas avoir compris. – J’ai … peine à la croire. – Vous serez bien accueilli, … soit votre pays de provenance. – Il aura encore rencontré … bavard sur son chemin. - … signaux rouges s’allumaient sur son pupitre. – Il lui restait … vingt kilomètres à parcourir. -  Il y a … temps que je vous l’ai envoyé. J’ai vu … soldats passer.- Elle a … trente ans. – … coûteuse qu’elle fût, cette robe était magnifique. – Peut-être soupçonnait-il … complot contre ses projets.

 

Correction :

 

Ecrivez  correctement « quel que », en deux mots, ou « quelque » en un seul mot, en accordant si nécessaire :

 

Quelle que soit sa bonne volonté, il ne comprend rien. – Mon imagination m’avait encore joué quelque tour. - Quelques bisons approchaient de la voiture. – Je vous excuse, quelles que soient vos raisons. -  Il sortit quelques pièces de son porte-monnaie. – Quels que soient les risques, nous ferons cette expédition. – Je vous rapporte les quelques livres que vous m’avez prêtés. - Quelques-uns d’entre vous semblent ne pas avoir compris. – J’ai quelque peine à la croire. – Vous serez bien accueilli, quel que soit votre pays de provenance. – Il aura encore rencontré quelque bavard sur son chemin. - Quelques signaux rouges s’allumaient sur son pupitre. – Il lui restait quelque vingt kilomètres à parcourir. -  Il y a quelque temps que je vous l’ai envoyé. J’ai vu quelques soldats passer.- Elle a quelque trente ans. – Quelle que coûteuse qu’elle fût, cette robe était magnifique. – Peut-être soupçonnait-il quelque complot contre ses projets.

 

                


LE PETIT COURS D’ORTHOGRAPHE

 

  Orthographe chat

QUE FAUT-IL ECRIRE ?

Le Français fourmille de ces mots pour lesquels plusieurs orthographes sont disponibles et nous sommes amenés à nous poser la question : en un ou deux mots, un t ou un d à la fin, etc…

Nous allons en examiner une série, à petites dose, en plusieurs fiches.

 

QUAND, QUANT, QU’EN

On évitera évidemment de penser au nom « camp », dont l’emploi est complètement différent.

QUAND = LORSQUE

Quand est une conjonction de subordination, c’est-à-dire que c’est un mot qui introduit une proposition de temps. On peut TOUJOURS le remplacer par lorsque :

>>  Il était sept heures quand (lorsque) Julien partit.

Quand est un pronom interrogatif qui introduit une question qui porte sur le moment de l’action. On peut le remplacer par « à quel moment » :

>> Quand (à quel moment) viens-tu ?

Quant, avec un « t »  est toujours suivi de « à » ou « aux ». Il signifie « en ce qui concerne », « pour ce qui est de » :

>> Quant à moi, je préfère prendre des frites. / Quant aux tricheurs, ils seront punis.

QU’EN = QUE + EN

Il faut faire attention au sens. « Qu’en » ne contient pas de rapport de temps. Et on peut décomposer l’expression en ses deux morceaux :

>> Que appartient le plus souvent à l’expression « ne… que » : je ne voyage quen train >> je voyage seulement en train.

>> Que peut être aussi un pronom interrogatif suivi de « en » : Qu’en pensez-vous ? >> Que pensez-vous de cela

 

A vos plumes :

Ecrivez correctement quand, quant ou qu’en :

Je me demande … ils vont rentrer. – Ces oiseaux ne reviendront … avril. – Nous irons ensemble, ce sera … même plus intéressant. - … à mon frère, il vit à Montréal. – Il ne parlera … présence de son avocat. - … ces photos seront-elles développées ? – Avez-vous lu ce … écrivent les journalistes ? - … on parle du loup, on n’en voit la queue. - … aux demandes faites par certains d’entre vous, elles sont toujours sans réponses. - … dit l’ambassadeur ? – Nous allions souvent au bord du lac … nous habitions à Lausanne. – Il ne m’a rien confié … à ses espoirs. – Je ne peux … réparer deux aujourd’hui. – Je ne sais pas … passer te voir. – Ce … aurait donné la vente n’aurait pas couvert les frais. – Je doute … te voyant elle te reçoive les bras ouverts. – Pour … voulez-vous ce travail. - … restera-t-il avec nous ? - … restera-t-il de ce projet ? - … à lui, il viendra avec nous !

 

 

Et voici le corrigé :

 

Je me demande quand ils vont rentrer. – Ces oiseaux ne reviendront qu’en avril. – Nous irons ensemble, ce sera quand même plus intéressant. - Quant à mon frère, il vit à Montréal. – Il ne parlera qu’en présence de son avocat. - Quand ces photos seront-elles développées ? – Avez-vous lu ce qu’en écrivent les journalistes ? – Quand on parle du loup, on n’en voit la queue. - Quant aux demandes faites par certains d’entre vous, elles sont toujours sans réponses. – Qu’en dit l’ambassadeur ? – Nous allions souvent au bord du lac quand nous habitions à Lausanne. – Il ne m’a rien confié quant à ses espoirs. – Je ne peux qu’en réparer deux aujourd’hui. – Je ne sais pas quand passer te voir. – Ce qu’en aurait donné la vente n’aurait pas couvert les frais. – Je doute qu’en te voyant elle te reçoive les bras ouverts. – Pour quand voulez-vous ce travail. - Quand restera-t-il avec nous ? – Qu’en restera-t-il de ce projet ? - Quant à lui, il viendra avec nous !

 

 


LE PETIT COURS D’ORTHOGRAPHE

 

Orthographe chat

L’orthographe française fourmille de curiosités, c’est ce qui en fait le charme, mais aussi sa difficulté. Puisqu’on a entamé l’étude des variations en nombre, voici un cas très particulier : celui des adjectifs de couleur. On sait que l’adjectif qualificatif varie en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte. C’est une règle simple qui s’applique très généralement sans problème, il suffit d’avoir le « réflexe ». L’adjectif de couleur est rebelle.

L’ACCORD DES ADJECTIFS DE COULEUR 

Bon, accrochez-vous !

Quand il est employé seul, pas de problème, il suit la règle générale :

-       Des robes vertes

-       Des vestes bleues

Sauf que, certains sont invariables, parce que ce sont des noms utilisés comme des adjectifs : des robes abricot (couleur de l’abricot) >> subtil, mais logique !

Voici la liste des récalcitrants en plus de l’exemple ci-dessus : marron, orange, kaki, crème, paille, olive, bronze, tilleul, et beaucoup d’autres dès lors qu’il s’agit de la couleur d’une chose dont on prend le nom pour définir la couleur : acier, anthracite, ardoise, argent, bistre, bouteille, brique, canari, carmin, cerise, citron, émeraude, garance, grenat, groseille, indigo, jonquille, noisette, parme, pastel, pervenche, platine, rouille, sable, sépia, turquoise, vermillon ... Mais « rose » est passé dans les formes courantes et s’accorde.

Quand il est composé de deux mots, il est toujours invariable :

-       Des robes vert clair

-       Des vestes bleu foncé

 

A vos plumes :

Accordez correctement les adjectifs :

A la sortie, vous devrez présenter les billets vert.. – Les rebelles portaient des tuniques rouge.. sang.. – J’ai posé les crayons rouge.. sur la feuille bleu.. – Les plumes des ailes étaient jaune.. et vert.. – Les soldats portaient des vêtements kaki.. – Elle utilisait des enveloppes tilleul.. – On ne voyait plus sur l’écran que des taches noir.. et blanc.. qui dansaient – Ils avaient des visages brique.. à force de vivre au soleil – Elle portait une robe de soie gris.. perle – La mode était aux cravates olive.., qu’on appela vite des cravates bronze.. sans que la couleur en fût changée pour autant – Cette femme a les yeux marron.. – Ces pulls sont rose.., et pour être plus précis, rose.. orangé.. – Ses cheveux étaient bien brun.. – Des rubans orangé.. ornaient leurs jeunes têtes blondes. – D’un côté, les rideaux étaient mauve.. et de l’autre, turquoise..

 

Et voici le corrigé :

Accordez correctement les adjectifs :

A la sortie, vous devrez présenter les billets verts – Les rebelles portaient des tuniques rouge sang (inv) – J’ai posé les crayons rouges sur la feuille bleue – Les plumes des ailes étaient jaunes et vertes – Les soldats portaient des vêtements kaki (inv) – Elle utilisait des enveloppes tilleul (inv) – On ne voyait plus sur l’écran que des taches noires et blanches qui dansaient – Ils avaient des visages brique (inv) à force de vivre au soleil – Elle portait une robe de soie gris perle (inv) – La mode était aux cravates olive (inv), qu’on appela vite des cravates bronze (inv) sans que la couleur en fût changée pour autant – Cette femme a les yeux marron (inv) – Ces pulls sont roses, et pour être plus précis, rose orangé (inv) – Ses cheveux étaient bien bruns – Des rubans orangés ornaient leurs jeunes têtes blondes. – D’un côté, les rideaux étaient mauve ou mauves et de l’autre, turquoise (inv)

 


LE PETIT COURS D’ORTHOGRAPHE

 Bonnet_d_ane

 

LE PLURIEL DES NOMS (SUITE)

 

Il n’y a pas de règle sans exception. C’est ce qui fait le charme des pluriels !

-          Les noms terminés par « al » forment leur pluriel en « aux » : un cheval, des chevaux… MAIS il y a des récalcitrants qui vont vous rappeler de bons souvenirs : aval, bal, cal, carnaval, cérémonial, chacal, choral (masculin), étal, festival, pal, récital, régal qui prennent « s » ! Et comme on est dimanche, n’oublions pas les « negro-spirituals » de la messe. Les vocabulaires spécialisés comprennent plein de noms en « al » qui font leur pluriel en « s », mais je vous en dispense.

 

-          Les noms terminés par « ail » suivent la règle générale et prennent un « s » au pluriel : un rail, des rails … SAUF sept récalcitrants qui font « aux » : bail, corail, émail, soupirail, travail, vantail, vitrail. Attention, « l’ail » du gigot fait son impertinent : « des aulx » mais on accepte aujourd’hui « des ails ».

 

Le pluriel des noms composés :

-          Il y a ceux qui s’écrivent en un seul mot : ils font leur pluriel comme un nom simple >> Un portemanteau, des portemanteaux,  SAUF : monsieur, messieurs ; madame, mesdames ; mademoiselle, mesdemoiselles ; bonhomme, bonshommes ; gentilhomme, gentilshommes.

-          Il y a ceux qui s’écrivent en plusieurs mots. La règle de principe est simple : seuls le nom et l’adjectif peuvent prendre la marque du pluriel, et si le sens le demande. Donc, réfléchir avant d’agir ! Mais  les « cas » fourmillent…

Un chou-fleur : nom + nom >> des choux-fleurs.

Une pomme de terre : nom + complément du nom >> des pommes de terre (sens)

Un coffre-fort : nom + adjectif >> des coffres-forts.

Un couvre-lit : verbe + nom >> des couvre-lits (le verbe ne varie pas)

Un gratte-ciel : verbe + nom >> des gratte-ciel (verbe invariable + sens = il n’y a qu’un ciel)

Une contre-offensive : préposition + nom >> des contre-offensives (préposition invariable)

Remarque : il peut y avoir confusion entre nom et verbe >> un garde-chasse, des gardes-chasses (garde est le nom, au sens « gardien ») ; un garde-fou, des garde-fous (garde est le verbe, au sens empêcher).

 

Mettez les noms en italique au pluriel :

Dans quelle salle sera donné ce récital ? Je ne comprends pas ce signal – Où as-tu mis mon chandail ? – La cave est aérée par un soupirail – Ce n’est qu’un détail – Ce choral de Bach est majestueux – les ménagères se pressaient devant l’étal – Son cal le faisait horriblement souffrir – il achetait le journal tous les matins – Cette cathédrale recèle un vitrail qui est un pur chef d’œuvre – L’animal portait une large cicatrice sur son poitrail – Le fanal de poupe était éteint – 

Mettez les noms composés au pluriel :

Un wagon-restaurant – un lave-vaisselle – un garde-barrière – un casse-tête – un essuie-glace – un sourd-muet – un ramasse-miettes – un sous-chef – un tourne-disque – un chou-fleur – une belle-mère – un réveille-matin – une arrière-boutique – un procès-verbal – un grand-père – un perce-oreille – un pare-chocs – un presse-papiers – un couvre-pied – un arc-en-ciel – un remonte-pente – un porte-bagages – un sous-vêtement – un tire-bouchon – un chasse-neige- un attrape-nigaud .

 

Et voici les réponses :

Mettez les noms en italique au pluriel :

Dans quelle salle seront donnés ces récitals ? Je ne comprends pas ces signaux – Où as-tu mis mes chandails ? – La cave est aérée par des soupiraux– Ce ne sont que des détails – Ces chorals de Bach sont majestueux – les ménagères se pressaient devant les étals – Ses calsle faisaient horriblement souffrir – il achetait les journauxtous les matins – Cette cathédrale recèle des vitrauxqui sont de purs chefs d’œuvre – Les animaux portaient une large cicatrice sur les poitrails – Les fanals de poupe étaient éteints –

Mettez les noms composés au pluriel :

Des wagons-restaurants – des lave-vaisselle (inv)– des gardes-barrière(s) – des casse-tête (inv) – des essuie-glaces – des sourds-muets – des ramasse-miettes – des sous-chefs – des tourne-disques – des choux-fleurs – des belles-mères – des réveille-matin (inv) – des arrière-boutiques – des procès-verbaux – des grands-pères – des perce-oreilles – des pare-chocs (inv) – des presse-papiers – des couvre-pieds (inv) – des arcs-en-ciel – des remonte-pentes – des porte-bagages (inv) – des sous-vêtements – des tire-bouchons – des chasse-neige (inv) - des attrape-nigauds.