HISTOIRE
2016 : ETAT DES LIEUX – LA BOULE DE CRISTAL DES PREVISIONNISTES
2016 : ETAT DES LIEUX (4) - LA FRACTURE EUROPEENNE

2016 : ETAT DES LIEUX (3) – LA GAUCHE DECHIREE, LA DROITE DISPERSEE

Bataille coqs

 

« La maison brûle, mais ils regardent ailleurs »… comme aurait dit l’autre.

L’année commence en effet sur un paysage bien morne. Les nerfs des Français sont mis à rude épreuve : à la crise sociale dont ils souffrent s’est ajoutée l’insécurité morbide créée par les attentats. On aura beau leur dire que le siècle précédent a eu son cortège d’indescriptibles barbaries, à commencer par celles de la seconde guerre mondiale, ils craignent à la fois le présent et l’avenir. Et chacun au fond de soi sait bien que de nouveaux actes de terrorisme ne peuvent être exclus. La prévention, seul moyen efficace de lutter contre nos ennemis de l’intérieur, ne suffira pas à les empêcher s’ils doivent se produire.  Ils n’ont donc aucune raison de se réjouir.

Un monde devenu subitement illisible.

La multiplicité des problématiques nouvelles auxquelles ce 21ème siècle commençant nous confronte, complique sérieusement la donne : les changements fulgurants industriels et commerciaux qui font de nous des victimes désarmées, l’air du temps qui devient irrespirable et l’alternance des saisons qui est chamboulée, les « valeurs » qu’on croyait « inaliénables » et qui brutalement deviennent fragiles au point de vaciller, tous les maux dont notre société souffre depuis si longtemps qui s’aggravent au lieu de s’atténuer : persistance du chômage, précarité galopante, incivilités récurrentes, jeunes en désespérance, … L’idée même de « nation » semble atteinte. Les gens ne reconnaissent plus le monde où ils croyaient vivre : des certitudes qui ont disparu et même de simples espoirs, autrefois naturels, qu’aujourd’hui on ne peut plus nourrir, comme celui d’assurer à ses enfants un avenir meilleur. Même les sacrifices n’ont plus de sens tant les malheurs de longue durée mettent en échec la solidarité nationale, pourtant si coûteuse, et le courage personnel.

Les politiques impuissants.

Nos dirigeants ne contribuent pas à redonner du sens à ce monde tant ils semblent perplexes devant la persistance des maux dont aucune thérapie n’est venue à bout jusqu’à maintenant. Les remèdes appliqués sont loin de produire les résultats escomptés. Jusqu’à l’offre politique, qui, en ce début d’année, contribue certainement à aggraver la morosité et ce manque de confiance dans l’avenir. La « classe politique », expression que je n’aime pas parce qu’elle est utilisée par les « poujadistes » de tout poil, le plus souvent avec mépris, n’est pas au mieux de sa forme. La gauche est allégrement déchirée par la politique sinueuse d’un président virevoltant, agitant les concepts comme on fait sauter les crêpes à la chandeleur. Elle se perd en débats oiseux dont celui sur la « déchéance nationale » est un exemple parmi tant d’autres. A vouloir piéger l’adversaire, on finit par se piéger soi-même. Le PS est profondément divisé, Macron pratique quotidiennement l’escroquerie intellectuelle pour mieux valoriser sa petite personne au puissant ego, Manolito avance à coups de mentons contre ses moulins à vent, les Verts sont devenus une pétaudière où les portes claquent, et l’extrême gauche en est réduite à être extrême par la petitesse de son influence. L’extrême-droite pavoise mais campe amèrement sur son échec et ses divisions internes affleurent  quand elles ne transpirent pas dans le procès père-fifille. La droite républicaine n’aurait plus qu’à se baisser pour ramasser le pouvoir. Mais au lieu de rechercher l’unité et d’approfondir son projet pour en faire un étendard fédérateur du peuple français, elle a mis en place une machine infernale pour se désigner un champion. Par son fonctionnement même, la « primaire » ne peut que fabriquer de la division. Et pourtant on le voit bien : qu’on se tourne vers l’un ou l’autre, les idées sont les mêmes, et comme il faut bien se différencier, on se perd en querelles byzantines.

Vademecum pour éviter une « annus horribilis ». 

Aux Français, il faudra d’abord s’armer de patience, continuer à refuser l’inacceptable, la barbarie, de s’insurger en silence pour ne pas céder à l’adversité. Puisque la société « s’ubérise », demander à chacun d’apporter sa propre contribution à la recherche des solutions, de se demander ce qu’il peut faire pour son pays plutôt que de tout attendre de lui. De se faire un devoir de participer au débat national et d’encourager le civisme, de se sentir plus que jamais partie intégrante de la nation d’autant plus qu’elle est fragilisée par le communautarisme.  Et puis, ne pas céder aux sirènes des idées extrêmes qui, parce qu’elles le sont, ne peuvent nous apporter que des déconvenues supplémentaires.  Les reculs économique, social, sécuritaire, industriel, environnemental, plutôt que de nous abattre et nous diviser devraient au contraire nous galvaniser. Ce qui comptera en 2016, ce n’est pas vraiment le sort de nos hommes et femmes politiques mais les conditions du redressement du pays qui passe par des exigences que nous sommes encore loin de remplir.

 

Commentaires

Marilise Six

Tu as parfaitement raison, Daniel et ton analyse est excellente.
Pourtant, me semble-t-il, les "valeurs" restent lisibles et incontournables, pour toute société qui se veut pérenne.

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