HISTOIRE

ET SI ON ESSAYAIT « L’EUROPTIMISME » !

Drapeaux européens

Quand l’Europe existe …

Ne boudons pas notre satisfaction. L’Europe, vient d’accéder, le temps d’une crise, à une réelle existence politique. L’Union européenne aurait été impardonnable de ne pas profiter des inconséquences de Ianoukovitch et des maladresses de Poutine, qui ne parvient décidément pas à comprendre le monde comme il va. Si on ne sait pas encore quelle Ukraine sortira de l’actuelle crise, la coexistence fragile d’un Ouest plutôt pro-occidental et d’un Est prorusse n’est pas simple, ce pays est pourtant bien en Europe. Il revient donc à l’UE d’y jouer son rôle.  Le choix d’avoir missionné les trois ministres des principales capitales ­concernées (Berlin, Varsovie, Paris) donne enfin l’impression d’une Europe politique.

Si au lieu d’entendre le lamento quotidien des eurosceptiques, on proposait aux Français un autre discours ! L’Europe n’est pas la cause de nos maux ni l’instrument de destruction de notre identité ;  elle n’est pas non plus le relais de la mondialisation haïe ni la préceptrice exigeante de l’austérité, l’empêcheuse de dévaluer en rond et de croître… Osons dire que la crise des dettes souveraines est venue, non pas d’un trop d’Europe mais d’un manque d’Europe. Et si la zone euro commence à sortir du tunnel, c’est bien justement parce qu’elle a su mettre en place les mécanismes communs de soutien aux pays en difficulté. Un pas décisif vers une gouvernance politique partagée.

Le moment est historique.

En 2014, plus que jamais, l’Union européenne reste l’ensemble géopolitique indispensable pour que les petites nations à l’échelle du globe se serrent les unes contre les autres pour faire face à un monde redevenu sauvage, chaotique et dangereux, après la rupture des grands équilibres intercontinentaux nés de la dernière guerre. Plus fortes ensemble, elles pourront prétendre défendre leur idéal d’humanisme, unique sur la planète. Car, contrairement à ce qu’on croit, les valeurs européennes ne sont pas partagées : ni notre idéal démocratique, ni notre mode de vie, ni notre culture fondée sur une longue histoire commune. Au moment où les Etats-Unis se replient sur eux-mêmes, où la Russie de Poutine reste hantée par le fantôme de l’URSS, où le Japon renoue avec le nationalisme belliqueux, où la Chine prétend jouer le premier rôle, le modèle social européen ne peut être défendu qu’ensemble. Comme le dit Michel Rocard : « A l’horizon séculaire, seule l’Europe est à la taille ! ».

Il faut donc aller plus loin dans la construction européenne. Le moment d’une relance forte est venu. Car le moment est historique !  Et l’histoire ne passe pas deux fois les plats.

Un discours offensif.

Les cinq prochaines années seront déterminantes. Nous avons besoin d’une Europe plus démocratique, d’une Europe qui avance, mais aussi d’une Europe qui protège. Face aux menaces du monde, il n’y a pas de solution dans le repli sur soi qui soit couronné de succès. Au contraire, il faut persévérer dans la démarche unique qui en fait le laboratoire « d’une humanité réconciliée », qui conforte sa « valeur spirituelle », qui en fait  un « chemin de liberté ». L’Union peut être le modèle d’un nouveau type de croissance, appuyé sur la valorisation du capital humain, les énergies nouvelles, une industrie high-tech, une finance qui vise le long terme. Expliquons sans relâche que la « souveraineté partagée » n’est pas l’abandon de souveraineté mais le moyen de conserver une influence crédible dans le monde d’aujourd’hui. Les problèmes auxquels nous faisons face aujourd’hui ne tiennent pas au fait que nous soyons dans le même bateau que l’Italie, l’Allemagne ou l’Espagne, mais au fait que ce bateau dérive dangereusement, faute d’un pilotage approprié.

Vers une communauté politique et démocratique.

Le repli national aurait des conséquences irrémédiables pour notre prospérité comme pour notre réputation mondiale. Il ne s’agit pas de nier les défauts de conception de l’euro, ni les graves erreurs commises depuis sa création et les bricolages ont montré leurs limites. Cependant, il est trop facile de faire de l’euro un bouc émissaire, en disculpant ceux qui, depuis quarante ans, ont gouverné nos pays sans souci de l’avenir. Les raisons pour lesquelles nous avons créé la monnaie unique restent valables : la volonté politique de continuer à unir nos destins, à un moment où l’interdépendance globale s’accroît, la conviction que la monnaie unique, correctement gérée, constitue la condition de notre puissance collective. Mais le partage de souveraineté appelle un contrôle démocratique exigeant et mettre ce qui a déjà été consenti en accord avec des institutions encore trop opaques. Il ne s’agit ni de fédéralisme, ni de confédéralisme, ces vieux débats qui empêchent d’avancer. Il s’agit d’une démarche pragmatique qui consiste à avancer ensemble chaque fois que le besoin commun s’impose : gouvernance économique de l’euro, convergence fiscale et réglementaire, harmonisation progressive des marchés du travail, défense commune, contrôle des frontières… Dans tous ces domaines, les progrès de l’Europe sont les garants des progrès pour chacun des états membres. Les Parlements nationaux continueraient d’exercer le contrôle des gouvernements nationaux, et des budgets nationaux ; les décisions européennes seraient contrôlées au niveau européen.

Le moment est venu de faire avancer l’Europe, sinon, elle se défera.

A commencer par l’euro. Il est grand temps que nos partis politiques se réveillent au lieu de se contenter de suivre la pente sans foi de l’euroscepticisme. La constitution des listes pour les élections de mai, tous partis confondus, ne constitue pas le meilleur encouragement. Tout dépendra du discours qui sera tenu !

 


SI, L’AUSTERITE PAIE !

 

En France, toute une partie de la gauche et la droite souverainiste sont clairement contre une politique de rigueur de la dépense publique sous prétexte qu’elle annihilerait la croissance et déboucherait sur l’austérité et la récession.  Une manière de repousses aux calendes grecques tout effort de réduction des déficits et de réduction de la dette au profit d’une relance keynésienne de la consommation par un creusement de ceux-ci.

Le Portugal, et dans une moindre mesure l’Espagne, apportent une démonstration éblouissante du contraire. La cure d’austérité produit des effets au-delà de ce qui était attendu.

Le Portugal connait une reprise qui met tous les indicateurs dans le vert. Au prix d’une sévère cure d’austérité, la compétitivité a été restaurée. La sortie du plan de sauvetage, prévue officiellement le 17 mai prochain s’annonce sous les meilleurs auspices. Impensable il y a encore quelques mois, les économistes n’excluent pas une sortie « à l’irlandaise » du mécanisme européen de stabilité. La preuve en est son émission obligataire sur dix ans de 3 milliards d’euros a été souscrite la semaine dernière à plus de 9 milliards, avec un taux en baisse de 5%. Lisbonne boucle ses besoins pour 2014 !

Le pays a renoué avec la croissance depuis le 2ème trimestre 2013, le PIB regagne du terrain. La production industrielle est repartie, et le déficit commercial a été réduit de 15ù l’an dernier, avec une balance des paiements excédentaire. Les exportations de biens et de services ont bondi de 24% en trois ans. Les entreprises portugaises ont su se diversifier et gagner des parts de marché hors de l’UE.

Autre signal positif : la courbe du chômage s’est inversée depuis un an. Une recette miracle : elle s’appelle « com-pé-ti-ti-vi-té » !  Les recettes structurelles ont apporté plus de flexibilité sur le marché du travail, et la baisse des coûts, attire les entreprises étrangères. De ce point de vue, la politique des « goldens visas » a été un succès : depuis leur lancement en 2012, les « visas en or » ont permis de récolter 400 millions d’euros. Pour obtenir le sésame, il faut investir au moins 500 000 euros dans l’immobilier ou 1 million dans une entreprise. Plus de 90% des fonds vont dans la pierre. Le gouvernement vise maintenant un autre secteur : le tourisme pour valoriser les nombreux atouts du pays, avec les retraités européens pour cible privilégiée.

Le Portugal est en train de devenir un nouvel eldorado pour les retraités européens, au premier rang desquels, les Français. En faisant un paradis fiscal à leur intention, le Portugal espère un boom du tourisme résidentiel. Et l’immobilier, secteur naguère sinistré reprend des couleurs. Et vous savez ce qu’on dit : « quand le bâtiment va, tout va ! »

Voilà qui ferait rêver notre gouvernement et le Président, qui ont perdu leur pari sur l’inversion de la courbe du chômage, qui se trouvent empêtrés dans une négociation de marchands de tapis pour sortir la nouvelle usine à gaz qui servira de « pacte de responsabilité », et que les nouvelles venues aujourd’hui de Bruxelles auront fini de contrarier. La reprise est là en Europe, mais la France va continuer de se traîner,  et pire, la commission prévoit un nouveau dérapage. En clair, la France ne tiendra pas ses objectifs de désendettement avec un déficit qui restera à 4% cette année et 3,9 en 2015 au lieu de (respectivement) 3,6% et 2,8% !!! Personne ne sera surpris après la publication des chiffres de 2013. Les paroles lénifiantes de Moscovici n’y changeront rien.

L’Allemagne, elle, aura des finances publiques parfaitement à l’équilibre cette année comme l’année prochaine …

Il serait grand temps de changer de politique, et pas seulement en mots, car les maux, eux, continuent de s’accumuler. Au lieu de sauter les starlettes, « il » ferait mieux de prendre le taureau par les cornes !

 


UKRAINE : LE CHOIX CORNELIEN

Kiev

Une guerre civile à la frontière de l’Europe est en train de se développer en Ukraine, entre le gouvernement pro-russe, ses partisans et ses forces de répression  et la partie du peuple qui veut un rapprochement avec l’Union européenne. Les événements dramatiques auxquels nous assistons depuis quelques jours et qui s’aggravent d’heure en heure, sont pour elle un véritable casse-tête. On ne peut tout de même pas laisser un peuple se faire massacrer à notre porte, mais en même temps, il n’est pas non plus question d’un nouvel élargissement. Intervenir, oui, mais comment et surtout pour proposer quoi ?

Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, avait annoncé une trêve mais les violences ont repris de plus belle au coeur de Kiev où l’on compte des morts dans les deux camps chaque jour. La diplomatie européenne est pourtant très active. Elle risque cependant d’être prise de vitesse dans un contexte où les positions du pouvoir et de l’opposition se radicalisent.

Les « révoltés » accusent M. Ianoukovitch de s’être livré à une « provocation » quand il a délibérément violé une trêve dont il avait pris l’initiative. Cependant, des tirs ont tué des policiers, ce qui indique que les manifestants sont passés à la vitesse supérieure et espèrent créer un désordre tel que le gouvernement n’aura plus d’autre choix que d’organiser de nouvelles élections. Les actes de violence commis par les protestataires de tout bord qui occupent la place de l’Indépendance représentent une arme à double tranchant : d’une part, ils soulignent la détermination de l’opposition qui n’entend pas se soumettre à la force ; d’autre part, ils apportent un argument au pouvoir et à Vladimir Poutine, qui ne cesse de dénoncer l’ingérence des Européens et n’a pas hésité, il y a quelques jours, à parler de « coup d’État ». Car évidemment, rien ne se décidera en Ukraine sans l’accord du Kremlin.

La crise est aussi un piège pour Poutine.

La stratégie du président russe a toutefois ses limites : au moment précis où il espère recueillir des lauriers pour l’organisation des Jeux olympiques d’hiver à Sotchi, son crédit est fortement entamé, pour ne pas dire annihilé, par une crise qui se poursuit aux portes de la Russie dans un climat où lui-même et ses valets ukrainiens apparaissent comme des tyrans incorrigibles. D’une certaine manière, la menace de guerre civile augmente les chances de la diplomatie européenne, surtout si elle sait ménager Poutine, qu’on sait d’une susceptibilité extrême. En même temps, les trois mois d’émeutes ukrainiennes, qui ne sont pas cantonnées à Kiev, ont galvanisé l’opposition face à un régime que l’entêtement peut conduire à l’irréparable. Le résultat définira l’avenir de ce pays aux portes de l’Union européenne.

Une réunion des ministres français, allemand et polonais avec le président Ianoukovitch a été annulée, puis confirmée. Les envoyés européens n’ont pas caché à M. Ianoukovitch que les vingt-huit membres de l’UE (qui devaient se réunir un peu plus tard à Bruxelles), adopteraient des sanctions économiques contre l’Ukraine, qui se trouve déjà dans une situation économique dramatique. Pour les européens, le gouvernement ukrainien n’a pas d’autre choix que de procéder à des élections générales. Il reste à convaincre Wladimir Poutine de s’y résoudre.

Le président russe aurait tort de croire qu’il peut faire à l’Ukraine ce que la Russie a fait à la Tchétchénie. Les crises tchétchène et ukrainienne ne sont pas comparables. Il y avait un danger islamiste à Grozny dont Moscou s’est servi (à deux reprises) pour mater l’insurrection. Il n’y en a pas à Kiev et la crise ukrainienne se déroule sous les yeux du monde entier. Pour étouffer la voix de la contestation, le maitre du Kremlin devrait interdire l’accès du pays à tous les organes de presse, envoyer les chars russes et rééditer le coup de la Hongrie (1956) en asservissant le peuple ukrainien après un bain de sang. Ce n’est pas une perspective en phase avec la gloire olympique de Sotchi ni en accord avec les temps actuels. Il serait mis immédiatement au ban des nations avec un discrédit immense.

Seule l’Europe peut dénouer la crise.

Le rôle de la diplomatie européenne est donc essentiel, mais très délicat. Elle doit faire valoir les conséquences tragiques d’une répression seulement destinée à remplacer le glacis soviétique par la soumission à Moscou des pays anciens membres de l’URSS. En même temps, elle doit rassurer M. Poutine sur ses intentions : pour le moment, il ne s’agit pas d’englober l’Ukraine dans l’Union européenne ou dans l’OTAN. Le problème, avec le président russe, c’est qu’il voit la Russie comme un pays cerné de toutes parts par des démocraties parlementaires et qu’il lutte contre ce qu’il perçoit comme un isolement en essayant de maintenir l’influence russe dans l’immense zone autrefois occupée par l’Union soviétique. Il contrôle la Tchétchénie, il a soumis et démantelé la Géorgie, il ne laissera pas l’Ukraine, qui a une frontière avec la Pologne, tomber dans l’escarcelle de l’Occident.

Il sera très difficile d’empêcher une guerre civile sauf si on trouve le moyen de lui parler. Comme le dit Bruno Lemaire, Il faut maintenant passer à des décisions fortes. Il faut de la fermeté de la part de l'Union européenne et qu'elle s'inscrive dans la durée. Le déplacement des ministres français, allemand et polonais ne doit pas s'arrêter en Ukraine, mais se poursuivre jusqu'à Moscou où le gouvernement russe à un rôle important à jouer dans ce sujet grave.

Nicolas Sarkozy avait trouvé ce moyen pour arrêter la guerre en Géorgie. Qui aujourd’hui aura assez  de force de conviction et de talent pour lui faire entendre raison. Fabius ? sûrement pas. Angela Merkel, probablement… Rien n’est moins certain.

 


L’EUROPE EN 2014 : UNE REMONTEE EN PENTE DOUCE…

Europe324

 

Le chiffre : 3,87% 

C'est le taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne. La péninsule retrouve ses taux d'avant crise et c'est son plus bas niveau depuis 2010. Une embellie bienvenue pour un pays qui commence tout juste à voir la lumière au bout du tunnel.

 

En 2013, l'UE a commencé à sortir de la récession. 

Les premiers signes de reprise sont observés, encore faibles, mais nettement perceptibles. S'il est clair que la période est toujours très pénible pour nombre d'Européens, ces derniers ont néanmoins davantage de raisons de reprendre confiance et courage. Songeons qu’il y a encore peu beaucoup évoquaient un réel danger d'éclatement de la zone euro. En réalité, les pays utilisant l'euro ne sont pas moins nombreux et, à partir du 1er janvier 2014, il y en aura même un de plus puisque la Lettonie devient le dix-huitième pays à adopter la monnaie commune, preuve qu’elle attire toujours. Aujourd'hui, c'est le pays qui connaît la croissance économique la plus rapide de l'UE, alors qu’elle sort à peine d'une très profonde récession, avec le soutien d'un programme UE-FMI. L’autre pays qui ressort plus fort d'une phase d'adaptation très difficile est l'Irlande. Le programme de soutien triennal est arrivé à terme le 15 décembre, le pays s'étant résolument attaqué aux causes de l'effondrement catastrophique de son secteur bancaire et de son marché immobilier en 2008. Au troisième trimestre de cette année le nombre d'emplois créés en Irlande a augmenté le plus rapidement depuis 2007. 

Une stratégie qui finit par porter ses fruits. 

Les exemples de la Lettonie et de l'Irlande démontrent que la stratégie choisie par l'Europe pour surmonter la crise est efficace. Elle consiste essentiellement à faire preuve d'une plus grande solidarité en échange d'une plus grande solidité. Les États membres connaissant des difficultés financières ont reçu un soutien de leurs partenaires conditionné à un engagement sérieux de remédier aux déséquilibres accumulés, de mettre en œuvre des réformes et de placer leurs finances publiques sur une trajectoire viable. Le soutien de l'Europe a permis de faire en sorte que l'impact de la crise dans des pays comme la Grèce ou le Portugal soit beaucoup moins violent et douloureux qu'il ne l'aurait été autrement. Il y a aussi des signes encourageants ailleurs en Europe. En Espagne, le programme d'aide financière arrive à terme le 23 janvier. Le secteur bancaire est en cours de restructuration et d'importantes réformes économiques créent les conditions pour une reprise durable de la croissance et de la création d'emplois. Plus généralement, depuis l'été, une relance économique est en cours en Europe et il faut  espérer qu'elle va s'accélérer cette année. Les derniers chiffres relatifs au chômage montrent que la tendance s'inverse et il est encourageant de constater que les taux de croissance de l'emploi les plus élevés en Europe au troisième trimestre ont été enregistrés en Irlande et au Portugal. Cependant, dans une grande partie de l'Europe, le chômage reste à un niveau inacceptable.

En bref, les efforts déployés par les Européens pour surmonter la crise sont tous couronnés de succès. Il faut certes se garder de toute complaisance car il reste beaucoup à accomplir et il faudra encore faire des choix difficiles et persévérer. L'Europe peut s'attendre à voir la reprise économique s'accentuer au cours de l'année à venir et au-delà.

Une zone euro en convalescence.

Pour autant, dans la zone euro, la situation actuelle en matière de prévision économique pour l’année 2014 paraît très optimiste. Faiblesse du commerce international, dynamique déflationniste, attentisme des entreprises, faiblesse des progrès institutionnels au sud... La croissance de la zone euro sera plus proche de 1% que de 1,6%. En effet, ce que l’on a pu observer en 2013 et les différents indicateurs économiques sèment le doute sur la réalité d’une reprise économique significative en zone euro et notamment en France malgré les signes positifs constatés dans les pays du sud de l’Europe. La réduction des déficits publics continuera en France, mais aussi en Espagne, en Italie, au Portugal et partout ailleurs à l’exception de l’Allemagne. Cependant, la situation relative des banques et le niveau des taux d’intérêt bas est une situation plutôt favorable notamment à la France. Dans les pays du sud en particulier, les dynamiques divergentes menacent la stabilité économique des territoires. Ces pays doivent en effet mettre en place des politiques de baisse des prix pour avoir une inflation inférieure à l’inflation allemande avec le risque de développer une déflation contagieuse ce qui risque de déprimer la demande et empêcher justement que cela ait un effet positif sur l’activité. Ce phénomène peut conduire à une hausse de l’endettement public et donc une nouvelle défiance sur les obligations de ces pays entrainant une nouvelle hausse du taux nominal à 10 ans. On peut donc craindre un cercle vicieux. 

Le cas du Royaume uni ne doit pas faire illusion

Au prix d’une dévaluation de la Livre et de coupes drastiques dans les dépenses publiques, le gouvernement Cameron profite d’une croissance plus forte avec un succès réel sur l’emploi. Mais le Royaume n’a pas réduit sa dette et reste très dépendant de la reprise américaine. Si la croissance s’accélère, elle s’accompagne d’une hausse des prix notamment sur les produits énergétiques (dévaluation oblige) qui se répercute sur les prix à la consommation. Le revers, c’est que le britannique moyen ne voit pas la couleur de la reprise, certains ménages devant choisir entre « manger ou se chauffer »… comme quoi rien n’est facile. 

Si les coûts d’emprunt sont devenus abordables pour la plupart des pays de la zone euro, la part de l’endettement public par rapport aux revenus a encore augmenté partout en 2013, sauf en Allemagne. Cet endettement qui représente pour la zone euro 95,5% de la valeur de son PIB, s’alourdira encore à 95,9% en 2014. Le poids de la dette constitue un frein d’autant plus important à une franche reprise que le net ralentissement de l’inflation au cours des derniers mois accroit relativement les taux d’intérêts réels. Ce qui pourrait provoquer une nouvelle crise des dettes souveraines, selon les plus pessimistes. Mais, comme chacun sait, la dette publique augmente aussi au Japon et même aux Etats-Unis malgré la guérilla que mène le Congrès. Alors …

(à suivre : l’euro incontournable et irremplaçable) 

 


NOUS AVONS BESOIN DE L’EUROPE

Drapeaux européens

 

Au mois de mai prochain, nous voterons pour renouveler toutes les instances de l’Union européenne. Et on ne peut échapper à la question : « Que va-t-il arriver à l’Europe ? ». La question se pose d’autant plus qu’il faut bien se rendre à l’évidence : on n’entend pas le discours pro-européen. Par contre, les « anti » s’en donnent à cœur joie. Crise de l’Euro, taux directeurs, PAC, union bancaire, BCE, rôles du Parlement et de la Commission mécanismes de mutualisation de la dette, … il y a de quoi perdre son latin au quidam de base. L’Europe, c’est compliqué à expliquer et facile à dénigrer. Pourtant elle continue d’attirer à elle des peuples qui y fondent leurs espoirs : après la Slovénie, c’est la Lettonie qui vient de rejoindre l’Union. Mais pour ceux qui veulent la tourner en dérision, il suffira de préciser que c’est la Grèce qui vient de prendre la présidence pour six mois. Comment ne pas sourire ?

Certes, le marché européen n’est plus considéré comme dynamique mais il n’en demeure pas moins immense et il rassemble une population au pouvoir d’achat individuel élevé, notamment par rapport à d’autres pays dans le monde qui pourtant arborent des taux de croissance élevés tout en restant très loin derrière. Le continent européen est le premier investisseur étranger dans de nombreuses régions comme l’Asie du Sud Est, restant une référence par sa recherche de haut niveau et ses produits à haute valeur ajoutée. Cette réputation se traduit dans les nombreux transferts de compétence et de technologies opérés par les groupes industriels européens. Ceux qui le vivent comme une frustration ont tort. C’est quand l’inverse se produira qu’il faudra pleurer, car cela voudra dire que les Européens auront définitivement perdu la partie. Ces avantages comparatifs devraient au contraire nous dissuader de nous plaindre et encore plus, nous donner confiance dans l’avenir !

Le monde a besoin de l’Europe.

Les Européens doivent prendre conscience de la force de leur projet politique et se rendre compte qu’ils restent un modèle pour le monde depuis soixante ans.

N’est-ce pas la création de la Communauté économique européenne qui a inspiré dix ans plus tard la création de l’Asean, le marché commun de l’Asie du Sud-Est, qui a promu la prospérité économique et renforcé la stabilité politique de la région, comme c’est le cas pour notre continent ?

Et quand les Européens donnent naissance au projet industriel sans précédent qui permet de produire les avions Airbus, ce sont nos concurrents qui sont envieux et admiratifs !

Comme Luc Ferry, je tiens la civilisation européenne pour supérieure à toutes les autres, au moins en ce qu’elle est « la seule qui ait permis aux citoyens de sortir de l’enfance, d’accéder à l’âge adulte ». Il suffit de voir comment dans les « théocraties », les individus sont traités comme des mineurs, ces pays où des petites filles sont obligées de se marier avec des hommes mûrs qu’elles ne connaissent pas… L’Europe, c’est le contraire de cette horreur, c’est la civilisation de l’autonomie sur tous les plans, dans la vie politique, comme dans la vie culturelle ou affective.

Mais les civilisations sont mortelles, et l’Union européenne est l’infrastructure  indispensable à la survie de la nôtre. Si nous en revenons à la logique mortifère des nations refermées sur elles-mêmes, ce « vieux continent » que pouvait citer Villepin, le seul qui ait réussi à allier liberté et protection sociale, sera balayé par les vents mauvais des extrémismes de tout poil. N’oublions jamais que cet espace unique de liberté, qui inspire encore d’autres nations comme on le constate avec ce qui vient de se passer en Tunisie, doit sa spécificité à la naissance de Parlements où l’on s’est résolu à faire des lois par et pour les êtres humains, sans les faire découler de textes sacrés.

La France a besoin de l’Europe.

Dans le contexte de mondialisation, les leviers des politiques traditionnelles ne lèvent plus rien parce que nos politiques sont restées encore trop nationales. Cet écart explique pour une grande part l’impuissance publique. Le marché est mondial. Le nier ne sert à rien. Si nous voulons reprendre la main, nous Français, sur un cours du monde qui nous échappe chaque jour davantage, le détour par l’Europe est le seul chemin qui puisse nous redonner des marges de manœuvre. C’est aussi le seul moyen qui nous est offert de défendre et si possible étendre au reste de la planète les valeurs d’autonomie morale, politique et culturelle, ces valeurs auxquelles nous sommes attachés et que nous partageons avec nos partenaires européens, parce que c’est l’histoire commune de notre continent. C’est en défendant l’Europe que nous redonnerons du pouvoir à l’Etat, grâce à une souveraineté, partagée mais réelle.

Toutes les productions sont aujourd’hui fragmentées. Les éléments d’un Airbus, par exemple, traversent plusieurs pays où ils sont progressivement transformés avant d’arriver au montage final. Cette économie intégrée concerne d’abord l’espace de l’Union, elle en dépasse souvent les limites. Ce qui veut dire que la sauvegarde de notre industrie passe par plus d’intégration dans la mondialisation et non le contraire. L’espace de l’Union européenne constitue alors la zone idéale pour faire tampon  et faciliter l’ouverture au reste du monde. Sans lui, la tâche de nos entreprises serait infiniment plus difficile.

Comme pour la mondialisation, l’Union européenne pose des problèmes d’ajustements et d’adaptation, mais elles seules nous offriront l’opportunité de sauvegarder et de créer  des emplois de haut niveau.

A l’heure où la crise finit d’impacter l’ensemble de l’économie mondiale, un besoin pressant de stabilité et de leadership se fait sentir. L’Europe doit y prendre part, pour elle-même mais aussi pour le monde. C’est dans ce contexte et seulement celui-là, que la France pourra faire entendre sa voix.

Le chemin peut paraître compliqué et malaisé. Tous les autres sont pires !

 


RENCONTRE AVEC ALAIN LAMASSOURE

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Interview publiée sur le site du Parlement européen à la suite de l'adoption du rapport d'Alain Lamassoure sur les relations entre le Parlement européen et les institutions représentant les Etats membres le 20 décembre ;

Le Parlement européen vient d'adopter une résolution sur les relations du Parlement européen avec les institutions représentant les gouvernements nationaux. Alain Lamassoure, rapporteur (PPE-FR), président de la commission des budgets, membre suppléant de la commission des affaires constitutionnelles du Parlement européen, fait le point sur les avancées réalisées grâce au Traité de Lisbonne. 

1) Quatre ans après l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, quel bilan dressez-vous de son application ?
La réforme de la procédure législative est une réussite : le Parlement joue pleinement son rôle de codécideur et la négociation avec le Conseil se passe bien puisque, dans 80% des cas, elle aboutit dès la première lecture. Transparence efficacité, démocratie : bravo !

En revanche, la création d'un Haut-Représentant et d'un service d'action extérieure n'ont pas encore donné à l'Union la valeur ajoutée attendue dans ses relations extérieures.

Ma plus grande déception vient toutefois de la sous-utilisation par tous les acteurs de la riche boîte à outils que représente le traité. Les compétences nouvelles sur l'énergie ou l'immigration sont presque ignorées. Les coopérations renforcées n'ont été mises en œuvre que de façon très limitées. Le traité de stabilité budgétaire était juridiquement inutile : tout au long de la crise de la dette, le Conseil européen a perdu beaucoup de temps à réinventer la roue. Quant à la défense, aucun gouvernement, aucune institution, n'ont proposé de recourir à la procédure de coopération permanente structurée, alors que le besoin devient criant et que le soutien des opinions publiques est massif dans ce domaine.

2) Comment expliquer l'extension du rôle du Conseil européen - alors même que, selon le traité, il n'exerce pas de fonction législative - au détriment du Parlement européen ?
Le traitement de la crise de la dette rendait l'intervention du Conseil européen inévitable : les remèdes dépendaient d'abord des moyens nationaux, et le mal venait de certains des États membres. Malheureusement, à partir de là, le Conseil européen a pris l'habitude d'évoquer des problèmes qui ne sont pas de son niveau, au détriment de sa fonction d'orientation politique générale.

3) Le Traité de Lisbonne avait vocation à rendre l'Union européenne plus démocratique...Peut-on dès lors parler d'un échec ? Que préconisez-vous pour y remédier ?
Échec ? Non. J'ai déjà évoqué la réussite du rôle du Parlement. Il faut aussi mentionner la procédure très novatrice de l'initiative citoyenne : une quinzaine sont en cours, sur des sujets très divers, mobilisant des millions de citoyens. Et surtout, la disposition majeure en l'espèce n'a pas encore eu l'occasion de s'appliquer : c'est votre question suivante.


4) Votre rapport indique une échéance cruciale : les élections européennes de mai 2014. Pour la première fois les citoyens choisiront le président de la Commission à travers l'élection de leurs députés... Y a-t-il aujourd'hui une réelle volonté politique de faire aboutir cette nouvelle disposition ? 
Oui : tous les partis politiques européens sont obligés de jouer le jeu, et ils s'y engagent. Les socialistes ont désigné leur candidat dès le début d'octobre. Les libéraux-démocrates, les Verts et le PPE vont suivre. Cela veut dire qu'en 2014 l'Europe disposera d'une personnalité forte de la légitimité donnée par le vote de 500 millions de citoyens. Certains des membres du Conseil européen tordent le nez, mais la logique démocratique sera irrésistible.

 


L’UNION BANCAIRE DE L’UNION EUROPEENNE : UNE REVOLUTION

Euro

L’Europe financière c’est 128 banques de la zone euro sous la surveillance de la BCE et 6 000 sous surveillance indirecte. Près du tiers des actifs des 128 banques sont d’origine française. C’est dire que les enjeux sont d’importance.

Une union devenue une réalité.

L’union bancaire est une réalité depuis le dernier sommet européen. Elle constitue l’étape d’intégration financière la plus importante du vieux continent depuis la création de l’Euro, le 1er janvier 1999. Donc, pour les 6 000 banques de la zone euro, la révolution fédérale a commencé et dès l’automne 2014, elles ne dépendront plus pour leur surveillance au quotidien de leurs superviseurs nationaux mais de la Banque Centrale Européenne.

Ce transfert de souveraineté est historique. Il a été réclamé par le président de la BCE, Mario Draghi, en juin 2012, en pleine crise financière espagnole. En effet, pour éviter que l’Espagne ne coule sous le poids de ses banques, il fallait rompre le cercle vicieux entre les banques et les états, ce qui exigeait des transferts financiers entre Etats. Le prix à payer en fut le sacrifice de la souveraineté bancaire que les pays du sud acceptèrent par nécessité.

Jusqu’ici, quand une banque avait un grave problème son Etat d’origine la recapitalisait à grands frais pour le contribuable ou la nationalisait. Avec l’Union bancaire, ce n’est pas seulement un pouvoir centralisé à Francfort, c’est surtout un mécanisme de résolution des crises bancaires, qui organise la mise en faillite d’une banque en protégeant les déposants et les contribuables, en ayant recours si besoin à un fonds européen. C’est en soi une véritable révolution financière en Europe !

Si cette formule avait existé, l’Irlande n’aurait pas mis son Etat en quasi faillite en 2010 pour sauver ses banques, avec à la clé un humiliant plan de sauvetage dont elle vient tout juste de sortir.

Un mode d’emploi commun.

D’ici à 2016, les Etats européens disposeront d’un mode d’emploi commun de « mise en faillite ordonnée » d’une banque, leur imposant de faire payer d’abord les actionnaires et les créanciers privés avant de mettre de l’argent public dans le circuit. Et toutes les banques de la zone euro seront soumises au même régime strict, le sauvetage d’Etat devenant l’exception jusqu’à ce que se mette en place un fonds commun, abondé par les banques elles-mêmes : 55 milliards d’euros d’ici dix ans. Ce laps de temps étant nécessaire pour sa montée en puissance. C’est une forme de solidarité financière inédite, à laquelle les Allemands ont consenti sans exclure à terme un filet de sécurité avec de l’argent public.

Pour les marchés, c’est un signal de plus très important qui consolide la pérennité de la monnaie unique, après la déclaration de Mario Draghi au plus fort de la crise, selon laquelle tout serait fait pour sauvegarder l’euro.

Dernière nouveauté, et non la moindre : la zone euro elle-même sera pourvue d’une autorité unique de résolution. Ce pouvoir ne sera pas donné à la BCE mais à la Commission Européenne selon des modalités techniques probablement perfectibles.

Une « souveraineté partagée » de plus.

Les « anti Europe » y verront un abandon de souveraineté de plus. C’est une caricature. Il est plus juste de parler de « souveraineté partagée », au plus grand bénéfice de tous les contribuables des pays de la zone euro. Une preuve s’il en était besoin qu’unis nous sommes plus forts. Grâce à cette forme de mutualisation du risque, le système bancaire européen gagne en stabilité, ce qui renforce évidemment la solidité de la monnaie commune.

Le Parlement européen vient d’approuver la nomination de la Française Danièle Nouy à la tête de la supervision unique des banques de la zone euro.  Elle vient de prendre ses fonctions à Francfort. De quoi satisfaire l’ego cocardier des patriote intransigeants et calmer les esprits chagrins qui crient à l’hégémonie teutonne. Avec un Italien à la tête de la BCe et une Française à la supervision, nous voilà rassurés, non ?

Comme on le voit, les chemins de l’Union sont toujours malaisés et compliqués. Mais pour les pays qui la composent, tous les autres sont pires. Vive l’Europe !


L’EUROPE A RECULONS DE HOLLANDE

Voilà un excellent discours prononcé au nom du Groupe PPE par Alain LAMASSOURE, lors du débat du Parlement européen avec François Hollande, à Strasbourg le 5 février 2013. Il permet de comprendre pourquoi le compromis adopté à Bruxelles et auquel la France s’est soumis, n’est pas bon.

Alain Lamassoure

« En Europe, la France est un pays normal, mais ce n'est pas un État ordinaire. Et dans cette période d'incertitude, l'Europe attend deux choses d'elle.

I - D'abord, qu'elle soit exemplaire chez elle ! Qu'elle honore les engagements qu'elle a pris. Qu'elle joue en harmonie dans le concert européen. Elle en a accepté la partition commune et l'Europe vous en est reconnaissante. Mais cette partition, votre gouvernement l'exécute avec de curieuses dissonances. Et là l'Europe s'étonne.

Quand la durée de la vie s'allonge, la France d'aujourd'hui rajeunit l'âge de la retraite, entre 62 et 60 ans. Quand la fiscalité, partout, est mise au service de la course aux emplois, aux capitaux, aux talents, la France donne l'impression d'imposer toutes les formes de réussite, et même de punir ceux des salariés qui osent travailler plus de 35 heures par semaine. Ses partenaires taillent dans les dépenses administratives à la hache : la France s'y attaque avec une lime à ongles. Son gouvernement s'est engagé à ne pas réduire d'un seul, pour les 5 prochaines années, le nombre de ses 5 millions de fonctionnaires.

Alors, dans la 2ème puissance économique de l'Union, en ce moment même, la production s'arrête, les usines ferment, le chômage augmente, les talents s'en vont. Et l'Europe s'inquiète.

II - On attend aussi de la France qu'elle éclaire la voie de l'Europe, avec ses partenaires les plus engagés. Vous l'avez fait au Mali, Monsieur Le Président, le Parlement européen l'a salué. Cela suppose une condition : la France n'est écoutée que lorsqu'elle propose une vision pour toute l'Europe, au-delà de ses seuls intérêts nationaux immédiats. C'est ainsi que tous vos prédécesseurs ont joué un rôle clef dans les grandes étapes de l'aventure européenne.

L'Europe a désormais ses institutions, ses compétences, ses droits fondamentaux, sa monnaie, ses disciplines communes, son gouvernement économique. Ce qu'il nous faut maintenant inventer ensemble, c'est son modèle de solidarité.

Votre chance, c'est que c'est maintenant qu'il nous faut décider du budget européen jusqu'à la fin de la décennie. Notre malheur, c'est que, à ce jour, de l'aveu même du Président Van Rompuy, autour de la table du Conseil, personne ne défend l'Europe. Chacun ne parle que de lui.

On le voit bien sur les montants. La seule question qui se pose est de savoir si, en 2020, le budget européen sera redescendu au niveau où il était en 2007, avant la crise financière, ou à son niveau de 2004, avant le grand élargissement à l'Est.

Vous avez convaincu le Parlement européen : il vous reste à convaincre le Président de la République française.

Certes, le Royaume Uni a un droit de veto. Mais la France aussi. Mme Thatcher l'avait aussi, et elle n'était guère fédéraliste. Seulement voilà : François Mitterrand et Helmut Kohl aimaient l'Europe et ils se sentaient responsables de l'Europe. Ils ont su accommoder la Dame de Fer, tout en doublant les fonds régionaux.

Sur les priorités européennes, vous l'avez dit nous en sommes d'accord, la valeur ajoutée d'un budget européen, c'est de nous permettre d'atteindre la masse critique là où la mondialisation la rend nécessaire : les grands investissements d'avenir, d'un côté, et l'influence de l'Europe dans le monde - "peser sur le destin du monde" avez-vous dit - de l'autre. 

Alors, tremblez, concurrents d'Asie ou d'Amérique ! Tremblez terroristes de tous les continents ! La proposition qui est mise sur la table affecterait à la recherche européenne 8/10 000è de PIB, et 7/10 000è à son action extérieure. Et la France, en coulisses, s'emploie ardemment à raboter encore ces chiffres pour améliorer son retour comptable. 

Au moins, ce budget sera-t-il équitable ? Dans votre discours d'investiture, à Paris, vous avez dit que la justice, l'équité, serait le premier critère de toute votre action. 
Voilà une occasion de mettre ce principe en pratique. Car le système actuel de financement de l'Union est le plus injuste qui soit : 5 des pays les plus riches paient relativement moins que les 10 pays les plus pauvres qui sont tous des nouveaux membres. Le Parlement a proposé une réforme d'ensemble, fondée sur de nouvelles ressources propres. Et la France en retient le principe et elle se bat. Mais elle se bat surtout pour plafonner sa propre contribution - donc, pour aggraver la charge des pays pauvres !

Du côté des dépenses, la potion magique qui est concoctée secrètement par les alchimistes du Conseil européen aboutirait à réduire, je dis bien à réduire, pour les sept années qui viennent, les fonds de cohésion alloués, par exemple, à des pays comme la Grèce, le Portugal, l'Espagne, la Hongrie. Jamais ces pays n'ont eu autant besoin de l'Europe. Jamais ils n'ont autant souffert. Jamais ils n'ont fait autant d'efforts. Et c'est maintenant qu'on déciderait de les aider moins ? Silence, les pauvres ! De toute façon, ils n'ont pas les moyens politiques de dire "non".

M. le Président, accepter un compromis élaboré sur de telles bases, ce serait prétendre faire l'Europe de la solidarité, à commencer par l'Europe sociale, pendant toute la durée de votre mandat, avec le budget européen de M. Cameron. 
Quel socialiste pourrait-il l'accepter ?

Le groupe PPE, lui, ne l'acceptera pas. »

Alain Lamassoure est président de la commission des budgets au Parlement européen. A la suite du sommet de Bruxelles, il a recommandé de ne pas accepter l’accord en l’état : « Je recommanderai au Parlement de remettre en cause les résultats autant que la méthode". 



NOCES D’OR

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« Ce cher vieux couple » aurait pu dire le Général, à propos de la réconciliation qu’il avait voulue et concrétisée par le traité de l’Elysée. Il a en effet tenu, malgré les vicissitudes des temps, résistant aux changements de partenaires, connaissant même des moments d’extase avec la relation Schmidt-Giscard. Avec des temps forts aussi : personne n’a oublié ces deux hommes se tenant la main devant les « morts de Verdun », Khöl-Mitterrand, rappelant la complicité De Gaulle-Adenauer. Heureusement qu’il n’en a pas été comme de ces ménages modernes qui, au premier coup de tabac, explosent et se disloquent.

Une belle histoire.

Célébrer les « noces d’or » de relations de paix et de coopération, c’est déjà une belle victoire pour deux peuples qui se sont tant haïs entre la fin du XIXème siècle et le milieu du XXème. Mais aujourd’hui, il s’agit moins de célébrer le traité de l’Elysée que de relancer l’Europe. L’intérêt du partenariat franco-allemand, c’est d’embrayer sur l’Union européenne afin d’entraîner le reste de l’Europe. Giscard et Mitterrand l’avaient compris. Leurs successeurs paraissent l’avoir un peu oublié.

La relation franco-allemande est aujourd’hui à mi-chemin entre un rituel un peu ridé  et la célébration de succès réels mais la plupart du temps arrachés de haute lutte. Les images des cérémonies prévues à Berlin nous donneront le change. Retournant l’invitation faite par le président Jacques Chirac il y a dix ans à Versailles, Angela Merkel, son gouvernement, le Bundestag et le Bundesrat vont recevoir en grande pompe le président François Hollande, l’ensemble des ministres français, plus de 500 députés et les sénateurs : faire une session commune entre deux parlements étrangers, c’est unique au monde.

Des relations compliquées mais nécessaires.

Seulement l’apparat ne suffit pas, il y faut aussi la « chaleur » et la confiance. Le télescopage avec les hésitations d’Angela Merkel sur l’attitude à adopter au Mali renforcera leur idée que le fossé reste grand entre les deux rives du Rhin sur les sujets essentiels comme la sécurité. Pourtant, le pessimisme qui flotte sur l’amitié franco-allemande est excessif. Depuis un demi-siècle, les relations ont été compliquées et les compromis difficiles à accoucher. Ni la réunification, ni la monnaie unique, ne se sont faites dans la félicité. Mais elles sont là. La période actuelle ne déroge pas à la règle, ce qui n’a rien d’extraordinaire compte tenu des deux chocs majeurs et concomitants que sont la crise et la perte par l’Occident du monopole de la puissance économique. Des accords ont été trouvés, trop laborieusement peut-être, pour aider la Grèce puis conforter la BCE. A l'inverse le parfait amour filé entre Gerhardt Schröder et Jacques Chirac pour s’affranchir du Pacte de Stabilité a ouvert la voie aux exigences des petits pays et à l’endettement public accru de la France. Ainsi va la relation franco-allemande, tendue, concurrentielle, parfois cruelle, le plus souvent conflictuelle, et pourtant ­condamnée au compromis au service de l’Europe.

Il n’empêche, cette relation particulière a pris ces dernières années un tour différent, plus réaliste, moins lyrique. D’un côté, l’Allemagne a mûri. Elle a tourné, une fois pour toutes, la page de l’après-guerre et abandonné cette mauvaise conscience qui la poussait souvent à faire passer la volonté des Européens ou de la France avant la sienne. Cette époque est révolue : Angela Merkel défend d’abord les intérêts de l’Allemagne. Le pays est fier de son modèle économique qui lui a permis de traverser la crise sans grand tourment. Pendant le même temps, chez nous, l’économie a décroché. Dix ans d’immobilisme et d’insouciance valent à la France d’importantes pertes de parts de marché, la fermeture de sites industriels et la poussée du chômage. A 10,5 %, le taux français est deux fois plus élevé qu’en Allemagne. Un décrochage qui inquiète Berlin, persuadé que si la France chavire, après l’Italie et l’Espagne, c’est l’Union européenne entière qui sombrera.

Il faut un nouveau souffle. 

Vraiment, ce qui manque à la relation franco-allemande, c’est l’ardeur et la prospective.

L’ardeur : on ne peut que constater que les élites des deux pays sont moins attachées que les générations précédentes à cette relation particulière. L’habitude crée la routine.

La prospective : depuis l’euro, l’objectif poursuivi, n’est pas clairement défini. Il existe, mais on n’est pas certain que les deux peuples y adhèrent. Le rapprochement économique et fiscal voulu par Sarkozy a été perdu de vue. Alors, du coup, « Le but, c’est le chemin », pour dire que chaque pas trace une route. La France et l’Allemagne ont néanmoins besoin de dire à leurs opinions quel est le « but » poursuivi, pour leur couple, mais aussi pour l’Europe entière. Si c’est si difficile, c’est que les deux pays fonctionnent toujours très différemment. En Allemagne, le consensus porte sur la compétitivité et des finances publiques stables. En France, sur la politique sociale.

Poursuivre un but commun, c’est mieux quand on marche du même pas ! Cette célébration aura été utile si nos dirigeants respectifs en prennent conscience. Car quoi, sans le couple franco-allemand, l’Europe n’a pas de moteur digne de ce nom. On le voit bien avec l’attitude actuelle de la Grande Bretagne. Les seules questions qui vaillent : veut-on compter dans le monde ? Peut-on le faire sans l’Europe ?

Tout est dit.

Vive l’amitié franco-allemande !

 


LE « VIEUX » CONTINENT.

 

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L’Europe n’a jamais aussi bien portée son nom. Mais on devrait dire le continent des « vieux ».

L’évolution démographique est un enjeu majeur de transformation des sociétés européennes.

A première vue, les différences entre la France et l’Allemagne sont frappantes à cet égard. La population française croît, celle de l’Allemagne décline. Mais le vieillissement de la société ne peut pas être enrayé, ni en Allemagne ni  en France. Nous vivons tous plus longtemps et en meilleure santé. C’est la plus grande réussite de la civilisation de l’histoire contemporaine. Ce qui nous oblige à faire face aux répercussions sociales et économiques de cette évolution démographique et trouver des solutions pour l’atténuer à l’aide de mesures économiques. La réduction drastique de la dette qui nécessite le démantèlement d’un Etat providence exorbitant fait partie des nécessités et est inéluctable.

La tâche est cependant rendue difficile parce que l’économie européenne est plus que jamais divisée en deux mondes qui ne partagent ni les mêmes résultats ni les mêmes perspectives, comme le montrent les derniers chiffres du chômage et l’indice de confiance économique publiés au début de la semaine. Si le chômage a atteint un record historique, à 11,8 % en novembre c’est à cause de l’explosion des destructions d’emplois dans la partie sud de l’Union européenne : en Espagne, qui subit, après la Grèce, la plus forte dégradation sur un an et où le taux de chômage atteint 26,6 %, mais aussi au Portugal (16,3 %) et à Chypre (14 %). La violente cure d’austérité à laquelle ces pays ont été soumis se paie aujourd’hui très cher sur le plan social.

Néanmoins, il s’agit avant tout d’engager une dynamique de croissance à l’échelle européenne.

D’ailleurs l’OCDE indique sa préférence pour moins de coupes dans les dépenses publiques à court terme et plus de réformes structurelles, visant à libéraliser l’économie et notamment le marché du travail. Nous avons besoin de croissance pour que les générations futures aient autant de marge de manœuvre que possible et pour atténuer les luttes à venir quant à la répartition des richesses. La pénurie de main-d’œuvre pourrait poser de grandes difficultés à cet égard : en Allemagne, à cause du recul de la population active ; en France, à cause de l’exploitation déficiente des réservoirs de main-d’œuvre existants. Les mots-clefs de cette problématique sont « préretraite » et « intégration insuffisante des immigrants dans la vie active ». L’espoir que les problèmes liés au marché de l’emploi seront résolus grâce à une immigration supplémentaire ne peut que partiellement apaiser la situation.

Grâce à un système de garde d’enfants, les Françaises parviennent visiblement à mieux concilier travail et vie familiale que les femmes vivant dans d’autres pays, comme en Allemagne. Ainsi, la population française devrait dépasser celle de l’Allemagne d’ici la moitié du siècle. Cependant, même si l’on considère que les familles et les enfants jouent un rôle déterminant dans la société, même si des aides financières supplémentaires sont débloquées et même si le nombre d’infrastructures de prise en charge des enfants s’accroît, la croissance démographique allemande peinera à augmenter de façon significative. Les obstacles démographiques y sont trop importants, tout simplement parce que de nombreuses mères, qui auraient pu mettre au monde de nombreux enfants, ne sont pas nées.

Les plus optimistes veulent voir dans le redressement progressif de l’économie américaine et la légère reprise de l’activité chinoise une planche de salut pour la zone euro. Le moral des chefs d’entreprise et des consommateurs s’améliore d’ailleurs, tranchant avec les résultats du chômage. D’autres prévisionnistes se montrent plus prudents en rappelant que les commandes industrielles allemandes ont chuté en novembre à cause de la faiblesse de la demande dans la zone euro. Les ventes au détail, en hausse de 0,1 % en novembre, laissent les ventes en deçà de leur niveau de l’année dernière.

Le vieillissement des sociétés n’a rien de menaçant si nous changeons de cap à temps.

De nombreuses ressources pour la croissance et l’emploi sont encore inexploitées. Nous devons seulement comprendre qu’une époque touche à sa fin.

L’Europe peut assumer ce choc démographique.

Mais la France et l’Allemagne doivent, pour des raisons différentes, aider davantage les individus qui se retrouvent toujours jusqu’à maintenant plutôt en marge du marché du travail : les femmes, les jeunes, les jeunes seniors et les immigrés.  

Les femmes : en plus de la question de la conciliation de la vie de famille et du travail, l’une des premières priorités est la question d’une égalité accrue des chances. Aujourd’hui encore, trop de femmes tournent le dos à leur carrière professionnelle en dépit d’excellentes qualifications. Nous ne pouvons plus nous permettre ce gaspillage de potentiel.

Les jeunes : Dans le chômage qui traverse l’Europe et touche maintenant près de 26 millions de personnes (18,7 pour la zone euro), la jeunesse est en première ligne, et particulièrement en France où plus de 500 000 jeunes sont sans emplois. La libéralisation du marché du travail est une clé importante pour leur intégration, mais il faut aussi faire un gros effort de rééquilibrage des formations vers celles qui valorisent l’apprentissage professionnel. Autrement dit une révolution intellectuelle que les allemands n’ont pas à faire, ayant opté pour cette solution il y a très longtemps. L’accord à minima qui vient d’être signé entre les partenaires sociaux va dans le bon sens. Il n’est pas suffisant.

Les jeunes seniors : l’espérance de vie augmente, entraînant un accroissement rapide de la durée de la troisième période de vie. Plus de personnes âgées perçoivent leur retraite sur une période de temps plus longue. Dans le contexte de la crise persistante sur les marchés financiers et de la difficile consolidation des budgets nationaux, il est de plus en plus difficile de protéger financièrement les générations plus âgées. La solution est évidente : les salariés plus âgés doivent travailler plus longtemps. L’âge de la retraite à 67 ans devra encore être probablement repoussé. Cela n’a rien de menaçant si l’on sait qu’il est important d’avoir un esprit vif et un corps alerte pour vivre longtemps. La France ne tirerait pas profit de son avantage démographique si un retour à la retraite à 60 ans était décidé. Et l’Allemagne doit maintenir sa décision de fixer l’âge de départ à la retraite à 67 ans.

Les immigrés : la part de personnes issues de l’immigration dans nos sociétés est importante ; en France, elle est même de 20 %. Les difficultés, pour l’évolution économique à venir, seraient moindres si dans les deux pays les offres d’intégration étaient plus courageuses et si le niveau de qualification des enfants issus de l’immigration était sensiblement amélioré. Le potentiel pour la croissance est immense à ce niveau également.

Les nouvelles frontières du projet européen : un moyen de relever le défi du vieillissement.

Maintenant que le péril de l’explosion est conjuré, avec les avancées d’intégration significatives que sont le traité de stabilité et le fonds monétaire commun (MES), l’Europe peut chercher à atteindre une nouvelle frontière, effort indispensable pour surmonter la faiblesse du vieillissement de sa population : Europe sociale, Europe des citoyens, Europe de la connaissance, Europe de la défense et de la diplomatie, Europe de la recherche et de la technologie, … sont encore embryonnaires et à concrétiser. Pour développer son économie et influer sur les affaires du monde, il est évident qu’une souveraineté partagée, comme nous avons su le faire pour la monnaie, est une souveraineté retrouvée.

Face au monde globalisé d’où émergent les nouvelles puissances économiques et politiques, nos souverainetés nationales isolées ne peuvent rien. C’est ainsi que nos valeurs auront une chance de se maintenir et nos pays de retrouver la prospérité.

 


POURQUOI IL EST IMPORTANT DE BAISSER LES CHARGES PATRONALES.

 

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                             Le transfert des charges patronales de la politique familiale sur 1,6 point de TVA, même s’il ne règle pas tout, est calculé pour remettre nos entreprises industrielles au niveau des allemandes. C’est important, voir même primordial si on veut relancer une production nationale. Et le point de comparaison choisi n’est pas le fait du hasard : notre voisin est notre premier fournisseur et est de moins en moins notre client. D’autant plus si l’on veut accentuer les « convergences » en matière de fiscalité des entreprises.

Le coût du travail en France a perdu son avantage compétitif. Le coût horaire de la main-d’œuvre a progressé plus vite chez nous qu’en Allemagne au cours des dix dernières années. Il est de 35,71 euros/ heure contre 34,94 outre-Rhin.

La question du coût du travail est un facteur de compétitivité considéré comme particulièrement important dans les entreprises. Un rapport signé du patronat (Medef, CGPME, UPA) et de trois syndicats (CFDT, CFTC, CGC) soulignait au début de l’été dernier la " dégradation de la compétitivité salariale en France par rapport à la moyenne de la zone euro entre 2000 et 2010 ". Par rapport à l’Allemagne, le rapport évalue la dégradation à 20% dans le secteur marchand ou la seule industrie, en tenant compte de la productivité. Quand on sait que les exportateurs allemands sont les principaux concurrents des Français, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi nous avons perdu des parts de marché.

Un coût du travail élevé n’est supportable qu’avec un niveau de gamme élevé, ce qui n’est pas le cas en France. Les produits que nous vendons sont devenus en moyenne trop chers par rapport à leur qualité.

Les secteurs industriels directement exposés à la concurrence internationale ont peu bénéficié des exonérations de charges ciblées sur les emplois peu qualifiés au SMIC. Voilà pourquoi Nicolas Sarkozy entend cibler les efforts sur les salaires intermédiaires, afin de conforter l’industrie. C’est cohérent.

Plus cohérent que le projet de François hollande qui tourne le dos à la croissance avec des prélèvements en plus et surtout qui augmentent le coût du travail.

Agir seulement sur le coût du travail ne serait évidemment pas suffisant. C’est pourquoi, en même temps est proposé un renforcement de l’accès au crédit à travers une banque spécialisée s’appuyant sur OSEO et le FSI, pour faciliter les investissements et mieux accompagner les projets.

Les prochaines années seront cruciales si l’on veut que la France retrouve ses marges de manœuvre de pays industrialisé. L’Etat a un rôle déterminant à jouer pour protéger, soutenir et développer l’industrie nationale. Les enjeux sont plus souvent politiques qu’industriels à proprement parler. On le voit bien avec les ventes d’Airbus ou du Rafale. Ensuite, il faudra agir au niveau européen car, face aux Etats-Unis, au Japon, aux pays émergents qui comblent rapidement leur retard technologique, il est important de développer une stratégie communautaire, en recherchant une solidarité et une cohérence autour de produits « made in Europe », et surtout en menant une politique de protection de l’espace européen face à une concurrence extérieure qui ne met pas de gants.

Il s’agit de savoir ce que nous voulons pour l’avenir de notre pays et quels moyens nous sommes disposés à prendre, sans se laisser intimider par le soupçon de faire du « nationalisme industriel »… Si vous voyez ce que je veux dire !!!

 

 


« C’EST UNE CRISE FABRIQUEE »

 

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Les grands esprits se rencontrent. Du moins j’ai été flatté de voir que Valéry Giscard d’Estaing partageait le point de vue que j’ai évoqué à plusieurs reprises sur le calepin, à propos de la crise dite de « l’euro ». Ceux qui connaissent mon engagement giscardien dans les années 70-80 ne seront pas surpris de cette identité de vue.

Dans une interview au « Courrier de l’Ouest » l’ancien président n’y va pas par quatre chemins : « Il n’y a pas de crise de l’euro. Nous nous trouvons dans une configuration monétaire internationale déstabilisée, où la monnaie européenne fait l’objet de l’attaque organisée et délibérée des marchés financiers, en particulier anglo-saxons. Une spéculation détestable qui consiste à transférer des sommes importantes du secteur économique, c’est-à-dire de la production et des échanges, en direction du secteur financier, dans une proportion considérable. Le tout sans qu’il n’y ait réglementation ni sanction. »

Il estime d’ailleurs que la défiance de la part d’une minorité de Français vis-à-vis de la monnaie unique n’est en fait que la manifestation d’une inquiétude plus générale : celle-ci « vise un chômage manifestement trop élevé et juge l’économie dans son ensemble. Or, ce n’est pas l’euro qui est en cause, ce sont les finances publiques, avec l’accroissement de la dette et des déficits, dans des proportions totalement anormales. Ces dérives étaient pourtant interdites par le traité de Maastricht. »

Sur le traité lui-même, il rejoint les constats que j’avais énoncés  dans l’article sur l’euro du 2 janvier. Le traité a bien fonctionné dans sa partie monétaire avec la stabilité des prix et un euro devenu la deuxième monnaie de réserve mondiale, après le dollar, ce qu’il considère comme un grand succès. VGE est plus critique sur la partie politique : « Ce qui occulte le résultat, ce sont des faits extérieurs. Et c’est également la conséquence d’un mauvais traité, celui de Nice, signé en 2001. Il a en partie démoli l’accord de Maastricht, notamment en mettant à égalité tous les pays, grands ou petits. Que Malte puisse peser autant que l’Allemagne dans les décisions économiques n’a aucun sensL’Europe à 27 est devenue ingouvernable et de fait, on a vu qu’elle n’était pas gouvernée… (Ce qui est) anormal encore : seulement 16 pays sur 27 ont adopté l’euro. De sorte que dans la crise actuelle, les Anglais ou les Suédois n’ont pas donné un centime d’aide aux pays en crise. »

Sur la question de savoir ce qu’il faut faire, l’ancien président ne semble pas favorable à un nouveau traité : « La première chose serait de faire vraiment fonctionner la zone euro pour affirmer sa solidarité et rendre confiance aux gens. On n’a pas besoin d’un nouveau traité pour cela : toutes les règles, toutes les sanctions sont déjà prévues : appliquons-les ! Les pays de l’euro, dans l’idéal devraient se réunir une fois par mois, en présence d’un secrétaire général de la zone, qu’il faudrait nomme très vite. »

Difficile dans le contexte actuel, de ne pas évoquer l’affaire du AAA. Comme on peut l’imaginer, Giscard relativise l’impact : « cette dégradation n’est pas une catastrophe. Sur le plan financier, cela n’a aucune importance. Cette affaire des agences de notation est d’ailleurs très critiquable. Elles existent pour éclairer les investisseurs qui peuvent manquer d’information sur telle ou telle entreprise. Ce n’est pas leur rôle de noter les Etats. La France paiera sa dette. Elle l’a toujours fait, dans des conditions méritoires, courageuses et même héroïques. J’ai été le ministre des Finances qui a remboursé la dernière partie de la dette de la France après la Seconde Guerre Mondiale ».

En conclusion, notre ancien président n’hésite pas à nous réaffirmer sa conviction d’européen convaincu et sa foi en l’avenir : « L’Union européenne ne doit pas se limiter à l’économie. L’Europe, à la base, c’est une civilisation et une culture. Mais si l’économie s’effondre, la civilisation et la culture s’effondrent aussi. Et l’économie ne peut pas tenir si elle ne se réforme pas. L’euro peut être le flambeau de la renaissance de l’Europe ! » L’Europe, c’est la marque du giscardisme, marque que ce grand bâtisseur de l’Union européenne continue d’imprimer.

 


L’UNION N’EST PAS UNE AUBERGE ESPAGNOLE

 

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La Hongrie peut-elle continuer de faire partie de l’Union européenne ? La question se pose en raison de la non-conformité de la nouvelle constitution et les nouvelles règles démocratiques qu’elle a mis en place, surtout si son opposition interne ne vient pas à bout de son apprenti-dictateur Viktor Orban. Qu'on en juge : il vient de mettre fin à la république par révision constitutionnelle, aux accents de « Dieu bénisse les Hongrois ». Ce qui implique, selon lui, l'interdiction absolue de l'avortement, la chasse à l'homosexualité, l'emprisonnement des sans-abri, une montée de xénophobie et d'antisémitisme.  A cela s’ajoute un verrouillage du fonctionnement démocratique : les journalistes sont licenciés ou poursuivis, la Cour constitutionnelle asservie, le « Conseil budgétaire », chargé de surveiller les finances publiques, supprimé. Enfin tous les postes clefs sont réservés au parti en place, le Fidesz, tandis que les démocrates sont inquiétés pour « complicité avec les crimes communistes ».

Tout cela n'est pas acceptable. La Hongrie a déjà connu des épisodes de ce type dans son histoire : La longue dictature du régent Horthy de la fin de la Première Guerre à celle de la Seconde, les Rakosi et les Kadar de l'ère soviétique, l'exécution du Premier ministre Nagy pour crime de démocratie. Ce renouveau de national-populisme qui a donné les 2/3 des sièges au Fidesz peut être  aussi une rémanence de la frustration ancienne née du traité de Trianon, qui priva en 1920 la Hongrie des deux tiers de ses populations au profit de ses voisins, et qui inspire le slogan : « la Hongrie aux Hongrois ».

Les démocraties s'inquiètent. Bruxelles envisage - avec un courage très mesuré - de priver de son droit de vote dans l'Union ce pays qui viole les règles démocratiques (article 7 du traité de Lisbonne). D'autres pensent à l'exclure. En fait, son état de quasi-faillite aura probablement raison de «l’apprenti- tyran » de Budapest. Sinon, son pays se retrouvera sur une orbite à distance sanitaire de l'Union européenne.

C’est ainsi que le gouvernement hongrois envisage de modifier partiellement sa loi controversée sur la Banque centrale (MNB), une modification exigée par le Fonds monétaire international (FMI) et l'Union européenne (UE), a indiqué vendredi le Premier ministre conservateur hongrois. Mais s’il est son gouvernement est d’accord avec les arguments juridiques de l'UE sur certains articles concernant la nouvelle loi hongroise sur la Banque centrale, cependant, il y en a d'autres, où les positions sont encore éloignées.

Christine Lagarde avait rencontré auparavant le négociateur hongrois, Tamas Fellegi, ce dernier étant chargé des discussions avec le FMI et l'UE en vue d'obtenir un crédit de 15 à 20 milliards d'euros pour renflouer les caisses de l'Etat hongrois au bord de la banqueroute et qui se finance sur le marché international à des taux d'intérêt insupportables sur le long terme. Elle a précisé que le FMI était prêt à soutenir la Hongrie mais qu'elle avait besoin pour cela de « preuves tangibles » de la bonne volonté de Budapest. Le FMI et l'UE avaient interrompu une visite exploratoire à Budapest à la mi-décembre pour protester contre l'adoption de la réforme de la Banque centrale. La question de la Banque centrale hongroise avait été évoquée aussi à Francfort par la Banque centrale européenne (BCE), dont le président, Mario Draghi, avait déclaré que son institution était « vraiment très préoccupée » par la réforme de la constitution décidée en Hongrie, qui menace l'indépendance de la MNB (Banque centrale hongroise).

Bruxelles pourrait bien se servir de l’épée de Damoclès du financement par la BCE pour venir à bout des lois antidémocratiques que le Premier Ministre conservateur a fait voter. Cela suffira-t-il pour empêcher les persécutions politiques et rétablir la liberté d’expression aujourd’hui bafouée, c’est au peuple hongrois de le dire. Sa place dans l’Union européenne pourrait bien en dépendre. Car, si la modération prime aujourd’hui, en raison du respect des textes réglementaires, le temps viendra vite où les sanctions remplaceront les avertissements.

L'Union, on la respecte ou on s'en va !

 


L’EURO A DIX ANS

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Il est né en fait en 1999. Il est « virtuel » puisque réservé aux marchés financiers et aux comptes des entreprises. Une phase d’adaptation indispensable avant le lancement en grand pour devenir une monnaie « palpable ». Il est porté sur les fonds baptismaux par onze pays. Coté à 1,18 dollar à sa naissance, il a fondu à 0,82 dollar en 2000. Mais sous l’effet de la tutelle rigoriste de la BCE, il ne tardera pas à se revaloriser au point même d’être surévalué en atteignant 1,60 dollar en 2008. Il faut dire que la gouvernance de la « Fed » est totalement différente et le dollar fluctue au gré des intérêts américains.

Aujourd’hui ce sont dix-sept pays qui ont adopté la monnaie unique, d’autres attendent à la porte pour entrer dans le cercle, c’est donc que les avantages semblent l’emporter. Lituanie, Bulgarie, Pologne restent candidats. Même dans la tourmente, l’euro reste une valeur sure. C’est pourquoi les décisions prises par le dernier sommet européen pour installer un respect rigoureux des critères communs –ceux de Maastricht- ont toutes chances d’être entérinées et surtout appliquées. On verra alors la tempête s’éloigner et la confiance des marchés revenir.

C’est que l’euro est devenu une grande monnaie internationale, c’est la deuxième au monde pour les transactions, la deuxième monnaie de réserve en constante progression avec  près de 30%, la première pour la quantité de billets en circulation (610 milliards). La défiance actuelle ne porte pas sur la monnaie en elle-même, mais sur sa gouvernance politique.

La monnaie unique a été et reste un bouclier protecteur. Elle a permis plus d’échanges (6%) et empêché l’inflation (2% par an en moyenne). Elle a mis les pays qui l’ont adoptée à l’abri de la spéculation et offert une remarquable stabilité des prix. Grâce à l’euro, il y a eu davantage de concurrence entre les producteurs européens ce qui a fait baisser les prix du commerce dans la zone.

Il faut tordre le coup à une idée fausse couramment répandue, et démentie par toutes les statistiques et études sur le sujet, à savoir que l’euro est responsable de la vie chère et a fait monter les prix. J’entends couramment la comparaison sur le prix de la baguette de pain qui est aujourd’hui à 1 euro et aurait été à 1 franc il y a dix ans. C’est évidemment faux. D’abord, le prix moyen de la baquette est de 0,85 € actuellement à comparer avec le prix de 2001 qui était de …4,50F (référence Insee) soit 0,70€. Si on tient compte de l’inflation et des variations de cours du blé…. Cet exemple illustre bien le problème des Français qui focalisent sur quelques prix quotidiens comme le café ou le pain, avec des souvenirs imprécis (la baguette à 1F c’était en 1975, sous Giscard), ce qui n’exclue pas qu’il y ait eu ici ou là des « arrondis » vers le haut. L’euro n’a pas fait monter les prix. Ce qui est en cause, c’est la faiblesse de l’augmentation des salaires sur la période, et il faudrait incriminer alors les 35 Heures.

Mais l’euro a eu un point faible : la croissance. La rigueur de la BCE avec comme seul objectif la lutte contre l’inflation, n’a pas maintenu l’Europe à armes égales avec un dollar offensif par rapport auquel sur la période l’euro a été constamment surévalué, bridant l’activité sur le vieux continent et obligeant l’Allemagne a des réformes de structures drastiques pour garder son modèle de production et faire baisser le prix du travail. Les autres pays ont fait le choix de l’endettement pour maintenir leur train de vie. On sait ce qu’il en coûte aujourd’hui. La dévaluation qu’il connait actuellement, si elle renchérit le prix de nos importations de pétrole et de gaz, est plutôt bienvenue pour nos industries. Les efforts d’intégration des pays qui composent la zone contribueront à renforcer sa gouvernance politique.

Car on serait bien mal inspirés d’abandonner la monnaie unique. Les avantages de très court terme qu’on pourrait en tirer grâce à la dévaluation qui s’en suivrait, seraient loin de compenser les désagréments : une dette en croissance exponentielle, la ruine des épargnants, la forte hausse des taux d’intérêts, la faillite des banques par la réduction de l’exposition au Franc des établissements étrangers… Sans parler du coût lui-même de l’opération monétaire. Une perte de richesse évaluée à 20-25% du PIB la première année, 6 à 20% sur dix ans, soit des centaines de milliers d’emplois supprimés, sans parler de l’instauration de droits de douane par nos concurrents, jamais pris en compte dans les études.

L’euro a un bel avenir. Il suffit de couper court à la crise en allant à marche forcée vers la coordination économique et en activant une politique de croissance. D’ailleurs aucun gouvernement européen ne songe à quitter le bateau.

Mais le temps presse, car le vrai danger, c’est le mécontentement des peuples obligés de quitter le confort des politiques d’endettement menées à l’abri de la monnaie commune, et poussés dans la rue par les « populistes nationalistes ou gauchistes» qui exploitent la situation.

 


PERFIDE ALBION AS USUAL

 

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L accord européen intervenu cette nuit s’est fait sans l’Angleterre. David Cameron n’a pas voulu engager son pays dans la solidarité européenne, voulant préserver la place de Londres et ses manipulations financières. Une attitude qui bloque la possibilité d’un nouveau traité, mais qui n’empêche pas la zone Euro de s’organiser vers une cohésion validée par des accords intergouvernementaux garantissant les règles de fonctionnement et la stabilité de la monnaie unique. En fait, le "Prime Minister", en ménageant ses eurosceptiques, nous rend service, car le chemin de la validation d’un nouveau traité aurait été ardu et long.

L’Angleterre qui avait déjà choisi de ne pas entrer dans l’euro, préfère une fois de plus le « large ». Grand bien lui fasse. Cela n’empêchera pas l’Union d’avancer. En cherchant à garantir la solidité de leur monnaie, les 17 de l’Euroland s’engagent dans un « approfondissement » de l’Union par les obligations auxquelles ils devront se soumettre sur le plan budgétaire. C’est la porte ouverte à de nouvelles avancées, telle la convergence fiscale, et des politiques communes d’investissement. Toute l’union en profitera. Espérons que cette fois-ci est la bonne. D’ici mars, il va falloir mettre en place les termes des accords à valider et une fois votés, soumis à ratification des parlements nationaux. Se présentera alors l’épineux problème de la « règle d’or » à inscrire dans la constitution.

L’Europe continentale continue donc sans l’Angleterre qui redevient une île. Même si Cameron a bien pris soin de ne pas refermer la porte totalement, en indiquant clairement son souci d’appartenance au club des 27, c’est à une forme d’isolement que son pays va désormais s’adonner. On ne voit pas bien ce qu’il peut y gagner sauf à faire profiter Londres d’un rôle de refuge pour les capitaux au cas où l’idée viendrait aux autres états européens de voter une taxe sur les transactions financières, la rendant largement inopérante, ça va de soi. Est-ce là l’espoir secret ?

En France, la nouvelle n’étonnera pas. Chacun se souviendra des réticences du Général De Gaulle à faire entrer les Anglais dans le marché commun. C’est Georges Pompidou qui a cédé. Il semblerait que ce soit Nicolas Sarkozy qui close le chapitre. Mais l’Angleterre dans l’Europe, cela a été souvent des ennuis, notamment avec Margaret Thatcher : « I get my money back ! ». Tout le monde se souvient aussi des échanges musclés avec Jacques Chirac au temps des « montants compensatoires » où il était question de parties viriles « sur un plateau »….

Mais ce pourrait être aussi un mauvais calcul, car le superbe isolement ne présente pas que des avantages pour un pays qui fait l’essentiel de ses échanges avec ses partenaires européens. On se souvient encore, qu’après avoir refusé le « marché commun », c’est parce qu’ils étaient quasiment ruinés que les Anglais étaient venus frapper à la porte avec les six autres pays de « l’alliance de libre-échange ».

Comme dit l’autre : « wait and see ».

 


L’EURO MAL NOTE

 

 Euro

Les agences de notation jouent-elles un rôle excessif et leurs avis sont-ils crédibles quand il s’agit des dettes souveraines ? On ne s’empêchera pas de penser que leur siège new-yorkais n’est pas pour rien dans les avis ciblés sur la zone euro alors que la dette américaine plonge les Etats-Unis dans une situation bien plus périlleuse, ce qu’elles semblent ignorer, tout  comme elles avaient omis de dégrader Lehmann Brothers. On connait la suite.

Tentative de déstabilisation…

A quel jeu jouent-elles ? Il fallait en effet à Standard & Poor’s un sens particulier de la provocation pour annoncer lundi dernier en soirée la possible dégradation de la note de crédit des Etats AAA de la zone euro au motif  que la gouvernance économique de leur club est défaillante, alors que Paris et Berlin venaient d'annoncer une initiative déterminante sur le renforcement de la discipline budgétaire au sein de la zone. L’agence américaine voudrait relancer la déstabilisation des marchés au moment où ceux-ci commençaient à se calmer, qu’elle ne s’y prendrait pas mieux. A croire que l’Euro gène et que les initiatives qui sont prises par le tandem germano-français pour renforcer le crédit de la monnaie unique la dérange. On connait le pouvoir prophétique autoréalisateur que ces agences ont sur les marchés : il leur suffit d’annoncer la catastrophe pour qu’elle se réalise. Cet avertissement ne peut qu'alimenter le procès en sorcellerie instruit depuis quatre ans maintenant à l'encontre des juges de paix du crédit.

… ou service rendu à la zone euro ?

C'est pourtant un service que Standard & Poor’ vient de rendre à la zone euro. A la veille d'un Conseil européen capital, cette alerte accroît en effet l'obligation de résultat des 27 dirigeants de l’Union. D'abord, en menaçant de dégradation, sans faire de détail, aussi bien des cancres que des Etats aussi vertueux que la Finlande et le Luxembourg ou aussi dynamique que l'Allemagne, l’agence américaine indique que le temps du chacun-pour-soi est passé, que la crise est devenue systémique et qu'il s'agit bien de sauver l'ensemble de la zone euro. Surtout, sa menace rappelle à la raison des états prêts à se méprendre sur le signal que leur envoient les marchés depuis quelques jours et qu'ils interprètent la détente actuelle comme la marque d'une confiance retrouvée, comme le résultat des initiatives déjà annoncées (plan de rigueur italien, gouvernance améliorée). Or il n'en est rien. Si les marchés montent depuis une semaine, s'ils ont à peine fléchi hier, c'est parce qu'ils anticipent des mesures historiques de la part de la BCE demain, et de la part des dirigeants européens lors du sommet qui suivra.

Vers un fédéralisme budgétaire redéfini.

Mis en avant récemment comme solution à la crise, le fédéralisme budgétaire a le vent en poupe. Mais la zone euro en est encore bien loin. Elle constitue un cas unique d'union monétaire sans véritable intégration budgétaire. Moins de 3 % des dépenses publiques y sont centralisées, alors qu'un Etat fédéral contrôle généralement plus de 40 % du budget de l'Union. Certes, déplacer quelques points de TVA vers une entité supra-européenne pourrait permettre de financer un programme d'émission obligataire, mais les Etats nationaux continueront à gérer l'essentiel des budgets. Il est cependant essentiel, si on veut redonner du crédit à la monnaie commune, de faire oublier un laxisme budgétaire en partie à la source de la perte de crédibilité du Pacte de stabilité européen. Il est peu aisé de mettre en place un système crédible d'incitations après avoir abandonné tout ce qui garantissait une discipline budgétaire, et difficile en effet pour la France et l'Allemagne de proposer un nouveau pacte de stabilité, après avoir montré leur capacité à contourner l'ancien. Ne cherchons pas plus loin la défiance des agences de notation. S'appuyer sur une administration extérieure qui a fait ses preuves (le FMI !) pour allouer des ressources de la BCE est sans doute la seule solution à court terme.

Il y a au moins une note positive à retirer de l'histoire : ces événements peuvent déboucher sur les réformes ambitieuses nécessaires à l’union monétaire !  Et pour le coup, on pourra dire merci à l’agence de notation qui aura mis la pression au bon moment.

 


SUR LE CARNET DE CAMPAGNE DE SERAPHIN

 

Carnet présidentielle

Le discours de Toulon a déclenché une avalanche de commentaires variés et parfois excessifs, selon leur origine, mais ce qui était inattendu ce sont les propos germanophobes  aux références historiques de sombre mémoire tenus par des leaders de gauche : comparer Angela Merkel et l’Allemagne d’aujourd’hui à Bismarck et à la Prusse n’est pas à l’honneur d’Arnaud Montebourg, et rappeler le mauvais souvenir de Daladier revenant de Munich pour dépeindre la situation de dialogue et de coopération  entre les deux pays actuellement, c’est une insulte aux deux protagonistes que sont la Chancelière et le Président de la République. Lamentable dans la bouche du député PS Jean-Marie Le Guen. Et le Premier Ministre, François Fillon a eu bien raison de rappeler François Hollande à l’ordre pour qu’il tienne ses  « troupes ».  Passe encore que ces mots outranciers viennent de la patronne du Front National. Elle nous a offert ce week-end un come-back sur le mode « chassez le naturel, il revient au galop » : Marine Le Pen nous montre son vrai visage de haine et de violence en renouant avec le vocabulaire habituel de son père : « la France à la schlague », « la France mise sous tutelle de la même manière que madame Bettencourt » , « M. Sarkozy n’aime pas la France »… Elle cache son nationalisme haineux derrière ce qu’elle croit être du patriotisme. En la matière, nous n’avons pas de leçons à recevoir d’elle. On frémit à l’idée que des gens comme elle puissent accéder au pouvoir.

M. Mollet a mis du temps à commenter, pour nous sortir finalement une phrase creuse dont il a le secret : « La parole de Sarkozy s’est épuisée »  a-t-il doctement énoncé. Et faute de réponse crédible, son entourage a trouvé comme diversion d’ergoter sur le caractère même du discours : de Président ou de candidat ? Le PS choisit évidemment le second qualifiant. Comme Nicolas Sarkozy est en campagne permanente depuis 2007, ce sera difficile de différencier Toulon 2 de Toulon 1… querelle de second ordre vu les circonstances. Cet épisode, suivi hier de la visite de la Chancelière aura eu le mérite de réveiller la meute, l’ineffable Moscovici en tête, peu avare d’épithètes homériques, avec un avis sur tout et l’art d’inverser les rôles, art consommé au PS. Ainsi, il s’en prend à tout le monde : Guéant fait de la basse police en exhumant un PV de DSK au bois de Boulogne et son comportement est méprisable, et bien mieux, refusant de condamner les propos germanophobe de ses amis, avec la plus parfaite mauvaise foi, il « condamne la manipulation grotesque de l’Elysée anti-PS sur l’Allemagne » ; tandis que « Nausée » Hamon juge incroyable le procès en germanophobie fait à son parti (il doit être sourd)… Le dernier rebondissement c’est le déplacement du candidat PS à Berlin au congrès du PSD. On retiendra qu’en dehors des pronostics électoraux, il a reçu un accueil plutôt frais sur les « eurobonds » et courageusement il reporte la « règle d’or » à après les élections. Bref, la situation actuelle mérite mieux que des commentaires convenus écrits à l’avance avec comme rhétorique celle de l’échec de Nicolas Sarkozy dans tous les domaines et pour solutions des annonces dilatoires. M. Mollet est à la hauteur de sa réputation.

Episode inattendu, cette semaine, c’est celui de ce billet de mauvais goût écrit par Patrick Besson dans le point, raillant l’accent d’Eva Joly. Déchaînement furieux à gauche. On parle même de racisme et de xénophobie. C’est donner beaucoup d’importance à un billet qui se voulait de l’humour. Mais enfin, ce journaliste n’a rien inventé… Pas de quoi fouetter un chat. Que dira-t-on aux humoristes qui brocardent son style et ses lunettes ?

Bayrou a fait son « coming out » , électoral s’entend. Il dit « aborder avec gravité et bonheur » sa troisième campagne présidentielle. Seulement l’histoire ne se répète pas, si on peut souligner sa constance, en même temps on ne peut s’empêcher de constater que son espace politique est broyé par le contexte économico-politique. D’un côté, François Hollande marche sur ses plates-bandes centristes côté gauche, tandis que de l’autre, Hervé Morin, Jean-Louis Borloo et les centristes de l’UMP s’attachent à capter leur part d’électorat de centre droit. Le vote utile, surtout si la Le Pen est menaçante risque d’être fatal à son score. Comme le dit si bien Jean-Louis qui n’envisage pas de changer d’alliance, il « ne croit pas à un gouvernement centriste en l’état actuel des institutions ».

Côté UMP on fait de son mieux pour répondre aux attaques de la gauche. Même Greenpeace s’en mêle, avec son habitude des opérations médiatiques. On voudrait nous faire croire qu’ils ont mis nos centrales nucléaires en danger, alors qu’il n’en est rien. Jean-François Copé s’attache à faire émerger une nouvelle génération qui apparait de plus en plus souvent dans les débats ou les prises de position : Valérie Rosso-Debord, Franck Riester, Jérome Chartier, Laurent Wauquiez. Et il faut dire que faute d’être aguerris, il n’en tiennent pas moins la route, en connaissant leurs argumentaires et leurs dossiers sur le bout des doigts. 

Les positions prises par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel devront être validées par le Conseil européen de jeudi et de vendredi. Il faut se réjouir de voir la France et l’Allemagne sur la même ligne pour défendre l’Euro et l’Europe. La pression est mise par Standard and Poor’s sur le AAA de la France et des autres pays de l’Euroland. Tant que les 27, ou à défaut les 17, n’auront pas réglé par un accord de fond unanime la manière de gérer les dettes souveraines, les officines anglo-saxonnes continueront à alimenter la spéculation. Mais les sarcasmes de la gauche et les sondages qui lui sont favorables contribuent à nous tirer vers le bas. Jeu électoral, mais jeu dangereux. Sur la règle d’or elle se révèle incapable de la moindre grandeur d’âme, alors ne parlons même pas d’intérêt national !

 


L’EURO VAUT BIEN UNE BATAILLE

 Euro

Malmenée par la crise des dettes d’Etat et critiquée par les souverainistes, la monnaie unique mérite qu’on se batte pour l’empêcher de sombrer.

Avons-nous vraiment intérêt à garder l’euro ?

Répondre par l’évidence n’est pas satisfaisant. Et même si nous nous sommes habitués à voyager en Europe en appréciant la commodité de ne plus avoir de change, ce n’est pas suffisant pour justifier de son existence. Le fait qu’il n’existe aucun plaidoyer documenté pour argumenter ne rend pas la tâche facile.

Pourtant, il existe au moins trois raisons de garder notre monnaie européenne.

Les grandes puissances, qu’il s’agisse de l’Amérique ou de la Chine,  souhaitent son maintien parce que la devise européenne leur apparaît comme un pilier essentiel d’une Europe économique dont l’équilibre de la planète a besoin. A moyen terme, c’est même géostratégique : l’euro  empêchera que se constitue un dangereux face-à-face entre la Chine et les Etats-unis.

Malgré tout, depuis 12 ans, les résultats de l’Euro sont plutôt flatteurs. La monnaie unique a permis de contenir l’inflation, de développer l’emploi qui s’est accru de 15 millions de postes depuis 1999 (contre 5 millions dans la décennie précédente),  de faire progresser le PIB par tête de 12% (la même chose que les Etats-Unis), et la balance commerciale de la zone est équilibrée en dépit du déficit de certains pays. Bref, l’Euro  a consolidé le marché et évité que n’éclate une guerre des monnaies qui n’aurait pas manqué d’arriver en ces temps tourmentés.

Enfin, l’Euro est devenu une monnaie de réserve. Il représente 1/3 des réserves détenues par les banques centrales. C’est un grand marché concurrent du dollar qui a vu le jour, qui permet des effets d’échelle, apporte des liquidités à coût plus bas et donne du travail aux banquiers européens, ne serait-ce que par la mobilité interne de l’épargne…

L'impossible sortie.

Il faut évidemment ajouter que sortir de l’euro est quasiment impossible, hors de prix et cela conduirait à une déflagration bien pire que la crise actuelle. Une étude de chez Natixis estime à 10 000 euros par européen la première année, puis 3500 euros les années suivantes, le coût de l’éclatement de la zone euro. Avec un effet de domino instantané : désastre pour les banques, guerre des changes, taux d’intérêts et inflation élevés. En comparaison, l’abandon total de la dette grecque coûterait 1 000 euros par personne.

Une crise politique.

D’ailleurs, la crise que nous traversons n’est pas une crise de la monnaie. C’est une crise de la gouvernance de la monnaie. Faute d’avoir adopté la constitution qui donnait les outils de cette gouvernance, c’est le laxisme et les égoïsmes nationaux qui ont prévalu : trop d’états, à commencer par la France, n’ont pas respecté les critères de Maastricht sur l’endettement. Les pays ont stimulé la consommation pour maintenir leur croissance en creusant les déficits. Voilà pourquoi le retour à l’orthodoxie et des progrès de gouvernance sont absolument nécessaires. Il n’est pas utile, pour cela, d’utiliser les « grands mots » de fédéralisme ou d’intégration. Il suffit d’être pragmatique et de se doter des règles communes nécessaires (elles existent en grande partie) et des moyens de les faire respecter.

L’Euro reste notre destin. Le chemin de sortie de la crise est d’abord politique.

 


LA SEMAINE SELON SAVINIEN

 

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Lundi : Mme Aubry a déclaré qu’elle était favorable à la dépénalisation du cannabis. En même temps Arnaud Montebourg déclare qu’elle lui a proposé un « ministère » en échange de son soutien…La sériale menteuse dément. Il n’y a pas de lien entre les deux échos, évidemment. / - Mosco est fâché qu’on ait pu appeler son candidat « Babar » et appelle à un débat « digne » : il nous fait bien rire et c’est drôle comme  il est oublieux des épithètes homériques dont lui et ses compères (ou commères) ont affublé Nicolas Sarkozy.

Mardi :  Accord PS-EELV : 24-24 (24 sièges aux législatives contre 24 centrales fermées…) / - Le Président s’en prend aux frauderus de la sécu : plus qu’une affaire de gros sous, c’est une exigence morale pour notre pacte social. Encore fallait-il le dire. Merci Sarko. / - 1 jour de carence pour les fonctionnaires (c’est nouveau) et 1 de plus, donc 4 pour le privé. On n’est pas obligé de conclure qu’ 1 fonctionnaire vaut 4 salariés du privé… / - Injures raciales : Brice est relaxé. On n’entend guère les médias….       

Mercredi : « Mollet » a présenté son équipe de campagne pléthorique : il faut faire plaisir à tout le monde. Une habitude chez lui. Mais c’est la cacophonie sur l’accord avec les Verts : où est donc passé le mox ? / - La candidature Duflot à Paris déclenche une tempête : un nom prédestiné, sûrement. Comme Delanoë. On pariera qu’ils vont tout faire pour qu’elle se noie. / - Même concert de protestation à Lyon pour accueillir Meirieux: ben mon Colomb ! / - Plus sérieux : la France rappelle son ambassadeur en Syrie. Bachar ne veut rien entendre.

Jeudi : Heureusement, y a le Beaujolais nouveau (et le saucisson). / - Claude Guéant, à Montfermeil, rappelle que les immigrés doivent respecter nos coutumes et appendre notre langue… au risque de perdre leur titre de séjour. On est d’accord. / - Nouveau thème pour l’UMP : organiser un « Grenelle » de la finance écoresponsable. Pour verdir notre économie ? / - Le mox est réapparu dans le texte de l’accord, et Mollet mange son chapeau. Quelle fermeté ! / - Nicolas Sarkozy ne veut pas de plan social chez PSA.

Vendredi : Où est donc passée Eva ? Elle est partie digérer l’accord avec le PS en se mettant à la diète… médiatique. Sa candidature a du plomb dans l’aile. / -  « L’ordre et la morale », un film sur la prise d’otages d’Ouvéa, mais version vue par l’œil gauche. Partisan et partial, oubliant au passage le vote à 95% des calédoniens pour la France et l’assassinat de 6 gendarmes…

Samedi : MLP présente son programme au cours d’un banquet : plus flou, tu meurs. Posture et cris d’orfraie ne font pas une politique sérieuse. Mais, magie, elle promet du pouvoir d’achat !!! / - Mollet veut faire oublier l’épisode calamiteux avec les Verts par un meeting à Strasbourg avec les jeunes socialistes. Carnet de chèque (en bois) en main. / - Eva Joly s’est fait portée pâle au conseil fédéral des Verts. / - En appelant à généraliser le dopage, Noah crée la polémique : affligeant. Quel exemple pour les jeunes ?

Dimanche : Victoire absolue de la droite… en Espagne. Au programme : l’austérité remplace l’austérité / - Le Nouveau Centre est divisé sur la candidature Morin : le roi est nu ! / - Le meurtre d’Agnès : l’incroyable silence autour du passé du meurtrier et encore les experts psychiatres … C’est bien triste !

 


LA SEMAINE SELON SAVINIEN

 

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Lundi : François Fillon a présenté son nouveau plan d’ajustement budgétaire. Caractéristique : équilibré. Il s’agit d’adapter le budget aux nouvelles prévisions de croissance. Comme d’habitude, les commentaires de l’opposition sont ou mensongers (favorise les riches) ou hors sujet (ce n’est pas le moment d’une réforme fiscale). / - Chevènement : le retour du looser.  Il veut se présenter à la présidentielle. Un vieux fantasme qui le fait trémuler. / - Eva Joly lance un ultimatum au PS sur le nucléaire. Hollande répond sur France 2 qu’il fera l’EPR. Début du feuilleton.

Mardi : rupture des négociations PS-Ecologistes sur le contrat de gouvernement et le partage des circonscriptions. Psychodrame alimenté par Noël Mamère./ - A l’Assemblée François Baroin fait disjoncter le groupe socialiste avec le mot « par effraction » pour qualifier leur arrivée au pouvoir en 1997. Il faut dire que le gouvernement venait de subir une pluie d’accusations et d’insultes à répétition. / - La droite sociale propose une baisse de 10% des indemnités des députés. / - François Hollande réduirait de 30% le salaire du Président et des membres du gouvernement. Laurent Wauqiez lui propose de commencer tout de suite comme Président du conseil Général de son département surendetté.

Mercredi : EPR (suite) : Chevèement approuve la fermeté de « Ch’Mol » tandis que Fabius glisse une peau de banane sur la sécurité. Sympa les socialo entre eux. / Aura-t-on des coupures de courant au plus fort de l’hiver : voilà qui est plus prosaïque que le débat fumeux sur le nucléaire ? Se c’était le cas, ce serait la faute des allemands qui ont fermé 9 centrales sans avoir prévu de production de remplacement. L’interconnexion des réseaux fait le reste. / - Nouvelles révélations sur DSK : des textos très… compromettants dans l’affaire du Carlton.

Jeudi : Le SMIC sera revalorisé de 2,1% le 1er décembre. / - Le gouvernement débloque 14 Millions d’€ de plus pour les universités, dans le cadre des investissements d’avenir. / - Jean Arthuis, le sénateur centriste mayennais a été chargé d’une mission sur l’euro par François Fillon.

Vendredi : Berlusconi out ! Le « cavaliere » a donné sa démission de 1er Ministre après avoir gouverné pendant 17 ans. Il est remplacé par Mario Monti et un gouvernement d’union nationale de « techniciens » : en jeu calmer les marchés. / - En Grèce enfin un nouveau 1er Ministre aussi et un gouvernement d’union. Objectif : appliquer le plan de redressement qui prévoit l’abandon de la moitié de la dette. / - A Paris, Nicolas Sarkozy propose de faire du 11 novembre, un jour de commémoration de tous les morts de la guerre. Il n’y a plus aucun ancien combattant de la « grande guerre ». / - Duflot au PS : « L’EPR, une catastrophe ». La catastrophe, c’est elle !

Samedi : Nucléaire (suite) : les négociations avec le Verts-PS sont au point mort. Qui a le plus à perdre ? / - DSK dénonce un « lynchage médiatique » : si c’est le cas, c’est par les couilles, non ?

Dimanche : « François Hollande, un capitaine de pédalo pour affronter la saison des tempêtes »… C’est Jean-Luc Mélenchon qui l’affirme dans le JDD. / - En Espagne, un raz-de-marée de la droite se prépare avec 17points d’avance dans les sondages à une semaine du scrutin. / - Sarkozy gagne 4 points et Hollande en perd 3 selon un sondage Opinionway.

 


ARCHIBALD REMONTE SUR LE PONT

 

Mille milliards de mille millions de mille sabords ! Qu’est-ce qui nous a valu ce quinquennat de concentré de déluges de tonnerre de Brest ! Heureusement qu’on a un capitaine qui se bat et qui tient la barre dans ces tempêtes successives. Même la nature semble s’en mêler, accumulant les catastrophes naturelles à un rythme jamais vu.  Heureusement nous avons l’opposition  pour nous faire rêver… Tu parles Charles ! En France l’opposition ne s’oppose pas, elle dénigre, elle ment par omission, elle tempête-dans-un-verre-d’eau, elle « méthode-coué » ses contre-vérités populistes, elle « justice-à-gogo » à tout bout de champ. La toile toute faite du décor si elle prenait le pouvoir : un cauchemar.

Que penser du G20 ? Papandréou avec son histoire de referendum a mis l'Europe en position de faiblesse, et de ce fait, la France n'a pas réussi à atteindre tous les objectifs de sa présidence du G20. La crise de la zone euro a dominé la rencontre et les pays émergents sont restés sur la réserve. Le 1er Ministre grec aurait-il voulu rendre service à ses copains socialistes français pour empêcher Sarkozy d’en tirer trop de profit ? Sabotage ? On peut se le demander. Les grecs veulent le beurre et l’argent du beurre au risque de lasser les pays de l’Euroland où ils sont entrés par « effraction » (merci Baroin). A cela il faut ajouter le maillon faible italien, le « cavaliere-sauteur » n’a plus aucune crédibilité. On ne pourra donc pas se plaindre de la solidité du couple franco-allemand qui a permis de sauver les meubles.

Au débit : la prudence des pays émergents qui ont choisi d’attendre pour voir, avant de s’engager dans une aide à l’Europe, Chine en tête. Le renforcement du FMI est remis au début de l’année prochaine faute d’accord sur la méthode. Pas d’avancée non plus sur la politique de change de Pékin, sauf de vagues promesses d’évolution. La taxe sur les transactions financières ne faisant pas l’unanimité, elle est seulement évoquée .

Mais il y a quand même des avancées significatives : d’abord sur la relance économique sur mesure selon les pays, ce qui est gage de souplesse : les pays dont les finances publiques restent « solides » se sont engagés à prendre des mesures pour soutenir la demande intérieure. Une autre avancée : le volet social apparaît pour la première fois et concrètement : un groupe de travail du G20 sera mis en place avec pour priorité l'emploi des jeunes. Des progrès plus décisifs ont été obtenus sur la régulation financière avec la publication d’une liste de 29 banques systémiques à supervision renforcée et une liste de 11 pays dits « paradis fiscaux »…

Demi-échec diront les pisse-vinaigre, demi-succès diront les réalistes.

A cette occasion notre candidat "Gauche molle" dit « Ch’mol » a trouvé le moyen de se ridiculiser, campé dans le dénigrement antisarkozyste qui lui colle à la peau comme un morpion sur les roustons d’un sans-culotte. Ne pouvant être qu’un « commentateur » extérieur, il ne pouvait se faire valoir qu’en étant désagréable. Il y aurait pourtant une autre manière de faire, celle d’avoir l’élégance de reconnaître le travail accompli au service de la France, même quand il est le fait d’un adversaire. J’ai dit « élégance » ? Où ai-je la tête, il y a longtemps que les leaders du PS ont perdu de vue ce mot qui ne fait pas partie de leur culture !

                                                                               Votre Archibald

 


LA SEMAINE SELON SAVINIEN

 

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Lundi : Jean-Paul Huchon, le Président socialiste de la Région Ile-de-France, a confondu vitesse et précipitation : il s’est fait flasher à 171 km/h au lieu de 130. Permis retiré. C’est la deuxième fois. Récidiviste ! Pourtant les socialistes sont censés donner l’exemple. / - Hervé Gaino, le conseiller du Président était en Corrèze pour porter la « bonne » parole. Un département « exemplaire » sous tutelle de l’Etat à cause de sa dette. C’est qui déjà le président de son Conseil Général ? / - Villepin de plus en plus seul : le député Daniel Guarrigue vient de se rallier à la candidature de… François Bayrou. Pas un bon choix non plus !

Mardi : Arnaud Montebourg annonce qu’il va lancer son mouvement politique : « Nouvelle France » ou comment faire du « neuf » pour l’avenir avec les vieilles lunes marxistes du XIXème siècle. / - Morano a crié à Dati : « ça suffit ! » : en rappelant que l’enfant terrible de l’UMP avait été servie sur un plateau en « or massif ». S’il y en a une qui ne doit pas se plaindre, en effet, c’est bien elle. / - Le parlement a donné le feu vert aux garanties de Dexia pour le démantèlement de la banque franco-belge.

Mercredi : Bataille pour le perchoir en perspective, enfin, si la gauche passe (y’en a qui vendent la peau Sarko…) : le secrétaire du PS de la Rochelle pose sa candidature et contre Ségolène Royal qui a annoncé son intention de se présenter aux législatives dans le port charentais. On va encore bien se marrer ! / - « Les Guérini ont mis en place un système mafieux » : c’est Arnaud Muselier qui l’affirme dans un livre qu’il vient d’écrire. / - Laurent Wauquiez veut réserver les logements sociaux à ceux qui travaillent. L’occasion de redire qu’on n’en a jamais construit autant que cette année (130 000, contre 40 à 50 000/an sous Jospinou). Une vérité que le PS n’aime pas entendre. / - Bayrou déclare, à propos du sommet européen : « Il ne s’agit pas d’aider la Grèce, mais la France ». Justement, il faut aider la Grèce pour éviter l’éclatement de l’Union Européenne, donc c’est aider la France. CQFD.

Jeudi : accord européen : ouf ! Le tandem Merkel -Sarkozy a réussi la « synthèse ». / - Nicolas Sarkozy à la télé : agir au rythme de l’actualité et les pistes pour l’avenir : croissance revue, budget corrigé, poids lourd franco-allemand, objectif 2016, et la martingale de la réussite : moins d’assistanat, plus d’investissements d’avenir./- Aubry : « l’accord européen n’est pas à la mesure de la gravité de la crise ». Mais qu’aurait-elle donc fait ? Décider toute seule ? La critique est facile. / - Marine le Pen : « Nicolas Sarkozy est l’avocat fatigué d’une monnaie à l’agonie » et elle c’est la « madone rabâcheuse d’arguments éculés ».

Vendredi : Grève à Air France, en pleines vacances, histoire d’emmerder les gens un peu plus. Ils le font exprès, ne cherchez pas. / - « Ch’mol »  au JT de France 2 tente de répondre à Sarkozy. Ses arguments n’arrivent pas à la cheville du Président. Mais c’est sûr qu’il n’aime pas qu’on mette les socialistes devant leurs responsabilités sur les retraites et les 35 heures. Il tente vainement de minimiser la dépense de ses 60 000 postes de prof en plus. Ce qu’il y a de terrible avec les socialistes, c’est leur malhonnêteté intellectuelle qui consiste à faire comme si le président avait gouverné sans avoir eu à subir la moindre crise. / - François Fillon a « déclassifié » les documents Karachi –comme il s’y était engagé-. Que la justice fasse son boulot.

Samedi : On aura tout vu, voilà que les « catho » intégristes manifestent à leur tour. Au nom de la France chrétienne. Bon, alors là, y’a du boulot ! / - Grave débat : combien coûtent 60 000 enseignants. 2,5 milliards sur 5 ans disent les socialistes, qui sortent aussitôt des gros mots. 7,5 milliard rétorque le Ministre de l’Education. Et il a raison : 12 500 enseignants par an supplémentaires c’est 500 millions, mais qui se cumulent : 500 millions (N) + 1 milliard (N2) + 1,5 milliard (N3) + 2 milliards (N4) + 2,5 milliards (N5) = 7,5 milliards en cumulé sur 5 ans. Conclusion : « Ch’mol est un menteur et c’est Lang qui est fâché avec le calcul (mais ça on le savait déjà !)

Dimanche : Le PS joue le réflexe « nationaliste » au sujet de la participation de la Chine au fonds de soutien européen. Curieux ! Giscard, lui, y voit une preuve de l’intérêt pour l’Euro. Question d’ouverture d’esprit, sûrement. /

 


UN CAPITAINE GRAVE ET SERIEUX

 

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De la cohérence et du sens : voilà ce qui ressort de l’entretien du Président de la République à la télévision, suivi par près de douze millions de Français. On n’empêchera pas les responsables du parti socialiste de commenter sur le mode ironique. Mais présenter Nicolas Sarkozy comme un incapable, qui est leur passe-temps favori, ne colle pas avec la réalité que le pays a pu constater après le Conseil européen de Bruxelles. Ce sont bien les idées françaises qui ont prévalu au renforcement du fonds de soutien et à l’abandon de la moitié de la dette privée grecque, et le tandem franco-allemand a, encore une fois, bien fonctionné. Aussi, laissons-les à leurs slogans creux, à leurs effets de paroles de procureurs débutants, à leurs leçons obsolètes.

De la cohérence pour expliquer pourquoi on en est arrivé là : la dette ne date pas d’hier, et à défaut des médias, l’histoire retiendra que les décisions emblématiques prises par les socialistes, la retraite à 60 ans et les 35 heures ont pesé lourd dans l’affaiblissement de notre industrie. Et puis, comment peut-on faire semblant d’ignorer que son mandat essuie crise sur crise venue de l’extérieur. Alors c’est sûr, la dette a augmenté. Ils auraient fait quoi, la gauche ? Probablement pire avec des dépenses inutiles de relances de la consommation. Malgré tout le pouvoir d’achat a-t-il été maintenu ? Oui, il a même continué à faiblement progresser au plus fort de la crise financière. Le pacte social a-t-il été préservé ? Oui, à l’évidence, malgré la chute vertigineuse des recettes au plus fort de la récession. Le cap choisi a-t-il été le bon ? Oui, puisque nous avons connu la récession la plus faible des pays développés. Nous avons un Président qui tient la maison et sa place sur la scène internationale.

Du sens : Nicolas Sarkozy a fait preuve de pédagogie pour montrer que nous avons besoin de l’Europe, que l’Euro est une conquête qu’il faut défendre. L’euro n’est pas en crise, c’est la deuxième monnaie du monde, et elle est forte, trop forte même. Ce qu’il faut, c’est en améliorer la gouvernance monétaire, et il faut que la gouvernance économique progresse.  Nous devons prendre conscience que l’Europe a un PIB trois fois supérieur à celui de la chine et que sa monnaie sera une des trois mondiales avec le Yuan et le dollar dans vingt ans. L’axe franco-allemand est primordial par son poids politique et économique. C’est vrai, en écoutant la France plus tôt, l’Allemagne aurait permis d’avancer plus vite et à meilleur compte sur le problème de la dette grecque. Mais l’Europe est ainsi faite qu’on ne décide pas seul, ce que semblent ignorer nos gens de gauche. Relativisons aussi, la Grèce, c’est peanuts dans le PIB de l’Europe. La marche vers plus d’intégration est nécessaire et se fera. Si on avait voté la constitution, on n’en serait d’ailleurs pas là. C’est pourquoi les leçons de M. Fabius sont plutôt mal venues. Voilà un socialiste qui s’est toujours trompé : sa dernière erreur, c’est d’être allé dans le camp de Martine Aubry, la perdante.

Mais Nicolas Sarkozy s’est présenté aussi en capitaine soucieux de ménager les Français modestes et les classes moyennes. La croissance économique ne se décrète pas et la consommation n’est qu’un moteur auxiliaire, mais qu’il faut ménager en période de vaches maigres. L’économie est mondiale, la nôtre est beaucoup plus imbriquée qu’on ne le croit dans le processus, en fragmentation des process industriels, approvisionnement en produits semi-finis et composants. Ceux qui parlent de protectionnisme feraient bien d’être prudents. Les temps nous imposent deux contraintes qui sont valables pour tous : revenir à l’équilibre de nos finances publiques, ce qui suppose des économies dans les dépenses, et c’est le seul moyen de parvenir au seuil qui permettra de commencer le désendettement ; retrouver le chemin de la croissance en redonnant de la compétitivité à nos entreprises, ce qui suppose des transferts d’impôts. Les marges de manœuvre sont minces, et le Président a raison de ne céder ni au laxisme ne à l’excès de rigueur. Sachant qu’au moindre faux pas, les marchés financiers nous ferons payer au prix fort : un point de taux d’intérêt c’est 15 milliards d’euros.

A qui faire confiance ?  Au capitaine qui tient le cap. Mais faudra-t-il attacher les Français au mât pour qu’ils ne cèdent pas au chant des sirènes socialistes ????

 


DANS LES CARTONS DE TRYPHON

 

 Galileo

 GALILEO, LE GPS EUROPEEN

Après bien des avatars Galileo est enfin entré dans sa phase opérationnelle avec la mise en orbite par une fusée Soyouz partie de Kourou, des premiers satellites du programme. C’est l’aboutissement d’une longue histoire qui montre que lorsque l’Europe veut, l’Europe peut.

Le programme européen de radionavigation par satellite Galileo a pour objectif principal de doter l'Union européenne de son propre système de positionnement et de datation par satellite afin de garantir son indépendance vis à vis des autres dispositifs existants, et plus particulièrement le GPS américain. Ce programme doit donc permettre à l'Europe de répondre aux enjeux stratégiques mais aussi sociétaux, économiques et industriels liés au développement considérable des marchés de ces technologies spatiales de positionnement et de datation.

Galileo est un ensemble autonome basé sur une constellation de 30 satellites (27 satellites actifs + 3 satellites en réserve) en orbite à moyenne altitude (23 222 Km), qui émettent des signaux compatibles et interopérables avec les autres systèmes mondiaux de navigation par satellite existant (GPS américain et Glonass russe). Il comprend également une vaste infrastructure terrestre déployée à travers le monde. Galileo offrira 5 services de couverture mondiale destinés à des usages distincts (service ouvert, service commercial, service sauvegarde de la vie, service public réglementé, service recherche et sauvetage).

La phase IOV de développement du programme Galileo, sous la responsabilité de l’agence spatiale européenne (ESA), est en cours d’achèvement : les 2 premiers satellites ont été lancés avec Soyouz depuis le centre spatial guyanais, le 21 octobre dernier. Les 2 derniers seront mis en orbite de la même façon durant l’été 2012.

Ce programme européen a pris six ans de retard, uniquement à cause des États. Galileo, qui n’est donc pas l’échec qui réjouissait les europhobes, est une démonstration éclatante que l’Europe peut faire de la politique industrielle à condition qu’elle soit gérée collectivement afin de contourner les égoïsmes nationaux. En décembre 2005 et en avril 2008, deux satellites tests avaient déjà été envoyés dans l’espace (Giove A et Giove B). La phase FOC de déploiement de la constellation a vraiment démarré en juillet 2008 sous la responsabilité de la Commission européenne. 14 satellites devraient être disponibles en milieu d'année 2014. Avec les 4 satellites de la phase IOV de développement, il devrait donc y avoir, en 2015, 18 satellites Galileo en orbite, ce qui permettra la fourniture de services préliminaires et d’un service de positionnement nettement amélioré en combinant GPS et Galileo. Le déploiement du système complet va se poursuivre ensuite et devrait être achevé d’ici 2019-2020.

La constellation fournira un service qui renverra le GPS américain actuel au rang des antiquités. En effet, alors que la précision de ce dernier est de 20 mètres, Galileo offrira une précision de 4 mètres et même de 10 cm pour les services payants (pour les transporteurs aériens par exemple). En outre, il offrira une continuité du signal inconnue du GPS « ouvert » aux civils. Au total, Galileo comptera 30 satellites (dont trois de réserve). Depuis 2009, les Européens disposent déjà du système EGNOS qui améliore, grâce à 40 stations terrestres, la précision des signaux du GPS. Il faut enfin savoir que les signaux du GPS et de Galileo sont totalement compatibles et pourront fonctionner avec les navigateurs actuels.

Le CNES a fortement participé aux phases de test et d’expérimentation en préparation pour Galileo (avec EURIDIS et EGNOS) ainsi qu’à la définition des signaux utilisés. Le centre de contrôle principal pour la mise à poste des satellites se situe au centre spatial de Toulouse.

Comme quoi, pendant la crise de la dette publique, l’Europe poursuit sa route.

 


GROTESQUE !

 

Hollande doigt pointé

Voilà ce que déclare « Ch’mol » le fortiche : Ah, c’est facile d’être très fort !

« Ce sommet européen serait, paraît-il, celui de la dernière chance. Mais pourquoi s'être mis dans une position aussi dramatique, quand de bonnes décisions auraient pu être prises plus tôt, plus vite, plus fort ? » interroge le candidat du PS à la présidentielle : « J'avais, dès juillet dernier, souligné combien l'accord d'alors était certes nécessaire mais profondément insuffisant. J'avais souligné, comme l'affirmait à juste titre la partie allemande, que la réduction de la dette grecque, au travers d'une décote de 21 % de sa valeur, était insuffisante. J'ai, dès cet été, affirmé que, pour faire face à la difficulté, il fallait recapitaliser le secteur bancaire. J'avais, au coeur de l'été, déploré la grave erreur de Nicolas Sarkozy qui condamnait alors l'émission d'euro-obligations pour enrayer la contagion à d'autres pays européens du défaut de la Grèce. Pourquoi le président français, après tant d'erreurs stratégiques, après avoir contribué à affaiblir la position française en creusant les déficits à coups de cadeaux fiscaux, fait-il preuve de tant d'arrogance, lui si faible dans ces convictions et si bruyant dans ces proclamations ? Dès lors, la France ne peut que participer à un accord a minima, qui, une fois encore, risque d'être insuffisant et trop lent dans sa mise en oeuvre. L'Europe doit pouvoir disposer d'un fonds de stabilisation puissant, simple et rapide dans son utilisation. C'est le seul moyen de décourager la spéculation et de redonner de la stabilité aux Etats, au système bancaire et aux entreprises. »

Sauf qu’il oublie que c’est Nicolas Sarkozy qui a convaincu Angela Merkel qu’il fallait aider la Grèce alors qu’elle ne voulait pas en entendre parler.

Sauf que la création du Fonds de Stabilité est une idée française dont l’Allemagne ne voulait pas …

Sauf que les euro-obligations auraient mécaniquement fait monter nos taux d’intérêt pour les emprunts de 2 ou 3 points, augmentant la facture annuelle des intérêts de 30 à 45 milliards, alors qu’elle est déjà de 48 milliards.

Ce sont les propos irresponsables d’un candidat qui n’a aucune expérience des conseils des chefs d’états européens.

Un carabinier d’Offenbach, quoi !

                                                                    Mille sabords !

 


ENTRE DEUX SOMMETS

 

 Euro

Espérons que ce qui sortira du prochain sommet mercredi prochain sera à la hauteur (si j’ose dire) du travail laborieux entrepris depuis presque deux mois pour faire converger les points de vue vers les solutions durables qui s’imposent et que les européens attendent.  On ne pourra pas dire, sauf à être de mauvaise foi, que Nicolas Sarkozy, une fois de plus n’a pas mouillé la chemise.

Les enjeux sont énormes. C’est l’avenir de la construction européenne ni plus, ni moins, qui  est posé sur la table. Il semble que l’on aille vers un accord global. Des signes encourageants ont été donnés hier au cours de la conférence de presse du Président et d’Angela Merkel. Les tensions perceptibles entre les deux dirigeants n'occultent cependant pas une réalité essentielle : si le couple franco-allemand lâche le gouvernail, c'est toute la zone euro qui chavire.

Les divergences sont réelles entre l’Allemagne que sa situation économique rend forte et lui permet d’exiger une véritable convergence budgétaire et la France fragilisée par sa propre situation de finances publiques. Un accord n'est pas non plus encore trouvé sur les moyens de circonscrire  l'incendie notamment en renforçant la force de frappe du FESF. Les points positifs tiennent dans le rapprochement des points de vue sur la recapitalisation des banques (108 milliards d'euros) et l'effacement d'une nouvelle partie de la dette grecque (plus de 50 %). Paris et Berlin sont enfin sur la même ligne pour presser Silvio Berlusconi d'agir, quitte à... renoncer au pouvoir.

Rassurer le monde entier à la veille du G20 est une nécessité. Les USA et le Japon n’attendent qu’un signe de faiblesse pour faire porter le chapeau de la crise à la confusion européenne, alors que ce sont les anglo-saxons qui sont à la manœuvre sur les marchés pour spéculer sur les dettes.

Le dosage de l’aide à la Grèce est au coeur des négociations. La Grèce vient de recevoir sa tranche de 8 milliards d’euros pour ne pas se retrouver en défaut de paiement. Le dosage de l’aide à Papandréou passe, on le sait maintenant, par un abandon de 50% voire plus de ses créances. Voilà un pays qui ne pourra pas dire que l’Europe est ingrate. !

Réinjecter 100 milliards dans les banques. Le principe est acquis, c’est un autre compromis : anticiper pour ne pas subir. Cet effort se justifie notamment par la décision d’abandonner 50% de la dette grecque. Une opération à mener en prenant garde de ne pas couper l’accès au crédit aux particuliers et aux entreprises. En principe, l’argent public ne sera pas sollicité sauf à travers les Etats et le FESF.

Renforcer le FESF est rendu nécessaire par le défaut partiel grec et la situation d’autres pays. Il risque d’être très sollicité. Sa capacité de 440 milliards d’euros ne suffirait pas s’il fallait secourir l’Espagne ou l’Italie. Le transformer en banque qui se financerait auprès de la BCE permettrait un effet de levier intéressant, mais les traités ne le permettent pas et l’Allemagne est contre. Alors, faudra-t-il le porter à mille milliards ? Pourquoi pas ? C’est de l’argent virtuel, après tout… tant qu’il n’est pas sollicité.

Qui pilotera la gouvernance de la zone euro ? Enfin, les 17 de la zone euro se sont mis d’accord pour que le Président de l’Union soit aussi le pilote de la gouvernance de la zone. Une bonne manière d’assurer la coordination avec les dix autres pays. Mais le principal écueil, le vote à l’unanimité restera une difficulté si l’on veut aller vite. Comment passer à la règle de la majorité : impossible sans réformer les traités et donc un accord … unanime des 27…

Mais l’Europe continue d’avancer quand même par la coordination budgétaire des états. Il reste des efforts importants à consentir pour réaliser une convergence économique et fiscale, passage obligé pour arriver à une mutualisation de la dette et peut-être les « eurobonds ».

  


LA SEMAINE SELON SAVINIEN

 

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Lundi :
Pas fine la Marine, elle s’est trompé de "Lamy" : une grosse bourde pour une « prétendante » ! / - Fillon au JT de France 2 recadre avec son calme olympien le débat budgétaire : la France s’ajuste au fur et à mesure à la conjoncture. Comment faire mieux. Ah si, voyons : yaka ! / - Jacques Bompard, le bon maire FN d'Orange semble avoir confondu les finances muncipales avec les siennes pour des"dépenses à caractère familial" selon la chambre régionale des comptes. Irréprochables au FN !!!

Mardi : Le commissaire Squarcini est mis en examen pour les « fadettes ». Et contre le journaliste du Monde qui a violé le secret de l’instruction, on ne fait rien ? / - Moody’s story : l’agence met la note de la France sous surveillance. De nouvelles armes pour les spéculateurs. Mais le PS porte une responsabilité dans l’inquiétude qui se manifeste. / - « Méluche » a inauguré son QG de campagne dans une ancienne usine de chaussures. Il n’exclut pas un accord avec le PS… quand il aura inversé le rapport de force. C’est dire ce qu’il pense de « Ch’mol » (Hollande) ! / – Au pavillon Gabriel, l’UMP fait les comptes : le projet socialiste coûtera 255 milliards de dépenses supplémentaires financés par 125 milliards d’impôts en plus. Tout le monde paiera.!

Mercredi : Bonjour Giulia Sarkozy. Voilà une naissance qui va mettre un peu de baume sur le cœur du Président qui en a bien besoin. / - A Angers, Luc Belot (PS) se fend d’un communiqué scandaleux contre Sarkozy et Bachelot. Ce qui est excessif est méprisable. / - Le Sénat a commencé sa guéguerre : il s’oppose à l’encadrement militaire des mineurs. L’Assemblée aura le dernier mot. / - François Hollande s’est rendu en Espagne pour sa première visite à l’étranger : il a rencontré Zapatero qui va être sorti par la droite et Lula qui n’est plus président. Quand on n’a pas d’expérience internationale, il vaut mieux commencer petit bras.

Jeudi : Le tyran le plus sanguinaire est mort : les Lybiens ont enfin eu la peau de Kadhafi./ - Niches : Fillon s’est engagé à ne pas toucher celles qui favorisent l’emploi dans l’artisanat (TVA à 5,5% pour les travaux et dans la restauration). / - En Mayenne, Nicolas Sarkozy a défendu la croissance verte et a défendu le bilan du Grenelle qui devrait incliner les Verts à la modestie.

Vendredi : Carlton de Lille : le nom de DSK circule avec insistance. » Allez venez Milord … ». / - Guéant publie une « bible » de la laïcité / - Marie Dedieu est morte faute de soins. Ses ravisseurs espèrent tirer de l’argent de sa dépouille : la barbarie n’a pas de fond. / - Au sommet européen, Nicolas Sarkozy défend la taxe financière pour financer le développement. Les opinions publiques pourraient lui apporter une aide bien utile.

Samedi : Parlant à Thor (et à travers), Jean-Marie Le Pen ne change pas. Il est comme les vautours qui se repaissent des difficultés de la crise. Il voit sa fille en tête au 1er tour ! Il a le droit de rêver, mais ce serait un cauchemar pour la France pire que la mort de l’Euro qu’il appelle de ses vœux ./ - Hollande, dit « Ch’mol » (gauche molle), est officiellement le candidat du PS. Comme dans l’enterrement de Brassens : tous derrière et lui devant. / - « Go Ch’mol ! » : dans son discours, le candidat socialiste a passé son temps à tirer à boulets rouges sur Sarkozy. Plus facile que de faire des propositions unitaires ! / - Les listes électorales des primaires ont été détruites. Bon, mais qu’est-ce qui nous dit qu’elles n’ont pas été photographiées (et numérisées) avant ?

Dimanche : Il s’en est fallu de peu : 8 à 7 ! L’équipe de France peut sortir la tête haute du Mondial après un match d’anthologie. Respect ! Le match contre les Tongas est oublié. / - Duflot, «  la pie jacasse » des Verts a lancé un ultimatum à « Ch’mol » : sans accord sur la sortie du nucléaire, les écolos pourraient faire cavalier seul. Avec la candidate qu’ils ont, je parie que le candidat socialiste attendra les résultats du premier tour pour négocier. / - Sommet européen : les discussions se poursuivent. Il faudra attendre mercredi pour connaître le résultat. Le tandem Merkel –Sarkozy est à la manœuvre. Comme toujours, il y aura un accord, mais l’Europe ne sait pas avancer vite.

 


LA CRISE GRECQUE POUR LES NULS

 

Grèce Athènes

La Grèce a été la première à plonger dans la crise de la dette souveraine.

Les dirigeants de la zone euro ont approuvé le 21 juillet, un nouveau plan d'aide à Athènes de 109 milliards d'euros, assorti d'une participation des banques et assureurs européens sous la forme d'un échange de dette. Mais dès ce mois-ci, ce plan semble remis en cause, le ralentissement économique le rendant insuffisant. Le 5 octobre, en effet, l'office des statistiques grec a révisé en baisse la comptabilité nationale : le pays serait en fait en récession depuis 2008.

Un cercle vicieux aux conséquences néfastes.

- un secteur public hypertrophié : La Grèce a été la première à plonger dans la crise de la dette souveraine. Une hausse annuelle moyenne du PIB de 4,2 % entre 2000 et 2007 a permis de faire oublier ses déficits structurels. Le modèle social adopté par Athènes a été fondé sur des dépenses publiques généreuses et le maintien d'un secteur public surdimensionné. Celui-ci représente environ 40 % du PIB du pays qui compte quelque 800.000 fonctionnaires civils sur une population active de 5 millions de personnes. Depuis 1993, le ratio de la dette publique rapportée au PIB a systématiquement dépassé les 100 %.

- une économie "parasitée" : Les années fastes  jusqu'en 2007, n'ont pas conduit à résorber la dette publique et, surtout, n'ont pas empêché que l'économie souterraine continue de prospérer, notamment dans les services et le tourisme, avec la fraude fiscale comme conséquence. Un fléau endémique qui se traduit par un manque à gagner « de 10 à 15 milliards d'euros par an » pour l'Etat, selon le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou. On estime par ailleurs, entre 20 % et 30 % du PIB du pays le poids de l'économie « grise » et la corruption qui va avec : un phénomène profondément ancré dans l'activité économique grecque. La crise économique globale s’est traduite en 2009 par des revers soudains dans le tourisme et le transport maritime, deux secteurs d'activité essentiels. Pourtant, le gouvernement conservateur de l'époque n'a pas fait sienne l'exigence d'une plus grande discipline budgétaire. Il a préféré maquiller les comptes publics, comme en 2004 au moment de l’entrée dans l’Euro.

- La crise a révélé la triste réalité : En fait, depuis 2000, la Grèce n'a eu de cesse de transgresser le Pacte européen de stabilité financière. La triche éclate une deuxième fois au grand jour en novembre 2009, lorsque le nouveau gouvernement socialiste multiplie par deux l'estimation de déficit budgétaire pour la porter à 12,7 % du PIB. Ah ! ils peuvent manifester aujourd’hui, les Grecs doivent d’abord s’en prendre à eux-mêmes : laxisme budgétaire, économie souterraine, fraude fiscale, corruption, triche sur les comptes publics… les ont conduit là où ils en sont ; avec une responsabilité collective !

Les banques créancières et la Banque centrale européenne en première ligne.

- "L'Eurosystème" peut faire face : En cas de défaut (faillite) de la Grèce, ce n'est pas tant l'exposition de la Banque centrale européenne (BCE) qui importe que celle des 17 banques centrales de la zone euro, ce qu'on appelle « l'Eurosystème ». D'après une étude de JP Morgan datant de mai 2011, « avec 81 milliards de capital et de réserves, l'Eurosystème a les moyens de faire face à une décote de la dette grecque, même de 50 % de la valeur nominale ». Dans ce scénario très défavorable, ses pertes pour l'Eurosystème s'élèveraient à 35 milliards d'euros, d'après les estimations. Tant que l'éventuelle décote ne dépasse pas 30 %, il n'y aurait pas de pertes. Les banques françaises et allemandes seraient les premières touchées par une restructuration de la dette grecque, mais cela resterait gérable.

- La spéculation aggrave la situation : Si elles connaissent à nouveau des jours difficiles en Bourse, c'est d'abord parce qu'elles sont parmi les plus importants créanciers de la Grèce. Leur exposition totale à ce pays s'élevait fin 2010 à 162 milliards d'euros, selon les chiffres de la Banque des règlements internationaux. Sur ce montant, la dette souveraine représentait 52 milliards, les banques françaises et allemandes en portant l'essentiel, respectivement 15 et 22 milliards. Cette situation a donc conduit l'agence Moody's à annoncer une possible dégradation de leur notation, pour mieux prendre en compte cette exposition grecque, en précisant bien que les banques françaises figurent parmi « les mieux notées en Europe » et que « même si une dégradation devait avoir lieu, elles resteraient parmi les établissements les plus solides ». Un abaissement de note leur coûterait quelques points de base supplémentaires pour se refinancer, mais elles sont pour l'heure à l'aise sur leur programme de refinancement de l'année. Au pire, la plupart des banques estime globalement gérable une décote de 30 % de la dette grecque. BNP Paribas l'évalue ainsi à 1,2 milliard d'euros, soit moins de la moitié de ses bénéfices trimestriels.

La France n’a pas intérêt à une restructuration de la dette grecque.

- Jusqu'à maintenant, un impact faible pour la France : La France a déjà prêté 9 milliards à Athènes. Un rééchelonnement ne changerait rien, à la différence d'une restructuration. Pour l'heure, l'impact de la crise grecque sur les finances publiques françaises est faible. A court terme, l'Etat encaisse même une marge sur les prêts accordés (la France emprunte à des taux inférieurs à ceux imposés à la Grèce) : ces gains devraient représenter plus de 300 millions d'euros d'intérêts en 2011. Mais tout pourrait changer en cas de restructuration de la dette. Et là, l'exposition de la France serait importante, comme du reste celle des autres Etats membres, même si en théorie ce sont d'abord les dettes privées qui seraient concernées.

- La restructuration aura des conséquences sur la dette française : La France est aussi engagée dans le cadre du Fonds européen de stabilité financière par un apport de garantie qui représente 110 milliards d'euros et qui doit être porté à 159 milliards dans le collectif budgétaire examiné au Parlement. Il n'y a cette fois pas d'impact à court terme sur le déficit, ni sur le programme d'émission de dettes (c'est le FESF qui émet). La garantie viendra néanmoins accroître la dette brute à mesure des émissions du FESF. Surtout, là encore, si un Etat auquel le fonds apporte son secours venait à faire défaut (pas seulement la Grèce), il y aurait appel à cette garantie et impact sur le déficit. La France doit enfin contribuer, à compter de 2013, à hauteur de 16 milliards en apport en capital au Mécanisme européen de stabilité, le futur fonds d'aide permanent.

De nombreux pays sont exposés à la dette grecque.

Les principales économies mondiales ne devraient pas négliger le risque d'une banqueroute grecque tant elles sont engagées dans ce pays. Ce sont 350 milliards d'euros de dette publique ; 110 milliards d'aide internationale sur trois ans  Le tout pour un PIB en 2010 de l'ordre de 230 milliards. A la fin 2010, les prêts publics et privés consentis ou promis par les dix principaux pays créanciers d'Athènes dépassait les 200 milliards d'euros. La France arrive en tête avec 62 milliards et 35 milliards sans les crédits au secteur privé non financier. L'Allemagne suit avec respectivement 50 et 44 milliards. Les Etats-Unis arrivent en troisième position avec 34 et 31 milliards d'euros. Viennent ensuite l'Italie à 19 et 18 milliards, le Royaume-Uni à 14,6 et 9 milliards et l'Espagne à 11 et 10,5 milliards…

La peur de la contagion : un effet de spirale incontrôlable.

- Payer pour éviter le "défaut" (la faillite ) : Si le rééchelonnement de la dette grecque est si problématique, c'est qu'il risque de déclencher des conséquences dramatiques en rafale. Depuis des semaines, la Banque centrale européenne (BCE) et de nombreux dirigeants européens ont mise en garde contre un « effet Lehman Brothers » si la crise grecque s'aggravait. Une mise en défaut de la dette grecque pourrait déclencher une crise de confiance dans la zone euro dont personne n'est capable de mesurer l'ampleur. Le constat des agences de notation aurait pour effet de priver, en partie, les banques du financement de la BCE, qui n'accepterait plus les obligations restructurées en garantie de ses prêts. Cela provoquerait sans doute la faillite d'une bonne partie des banques grecques. La mise sous surveillance mercredi par Moody's des trois principales banques françaises cotées donne une idée des pertes que les banques européennes pourraient essuyer.

- La crainte de l'effet "domino" : Le défaut grec risque aussi de susciter un mouvement de panique sur les autres pays fortement endettés, Portugal, Irlande, Italie, Belgique, déclenchant de nouvelles dégradations des agences et une dangereuse spirale négative. Enfin, un défaut grec pourrait provoquer le paiement des fameux CDS (« credit defaut swaps »), ces assurances contre la défaillance de la Grèce, mettant en danger les émetteurs de ces produits, des banques pour l'essentiel. Avec en résultante une nouvelle récession économique par assèchement du marché financier.