L’EUROPE EN 2014 : UNE REMONTEE EN PENTE DOUCE…
24 janvier 2014
Le chiffre : 3,87%
C'est le taux d'emprunt à 10 ans de l'Espagne. La péninsule retrouve ses taux d'avant crise et c'est son plus bas niveau depuis 2010. Une embellie bienvenue pour un pays qui commence tout juste à voir la lumière au bout du tunnel.
En 2013, l'UE a commencé à sortir de la récession.
Les premiers signes de reprise sont observés, encore faibles, mais nettement perceptibles. S'il est clair que la période est toujours très pénible pour nombre d'Européens, ces derniers ont néanmoins davantage de raisons de reprendre confiance et courage. Songeons qu’il y a encore peu beaucoup évoquaient un réel danger d'éclatement de la zone euro. En réalité, les pays utilisant l'euro ne sont pas moins nombreux et, à partir du 1er janvier 2014, il y en aura même un de plus puisque la Lettonie devient le dix-huitième pays à adopter la monnaie commune, preuve qu’elle attire toujours. Aujourd'hui, c'est le pays qui connaît la croissance économique la plus rapide de l'UE, alors qu’elle sort à peine d'une très profonde récession, avec le soutien d'un programme UE-FMI. L’autre pays qui ressort plus fort d'une phase d'adaptation très difficile est l'Irlande. Le programme de soutien triennal est arrivé à terme le 15 décembre, le pays s'étant résolument attaqué aux causes de l'effondrement catastrophique de son secteur bancaire et de son marché immobilier en 2008. Au troisième trimestre de cette année le nombre d'emplois créés en Irlande a augmenté le plus rapidement depuis 2007.
Une stratégie qui finit par porter ses fruits.
Les exemples de la Lettonie et de l'Irlande démontrent que la stratégie choisie par l'Europe pour surmonter la crise est efficace. Elle consiste essentiellement à faire preuve d'une plus grande solidarité en échange d'une plus grande solidité. Les États membres connaissant des difficultés financières ont reçu un soutien de leurs partenaires conditionné à un engagement sérieux de remédier aux déséquilibres accumulés, de mettre en œuvre des réformes et de placer leurs finances publiques sur une trajectoire viable. Le soutien de l'Europe a permis de faire en sorte que l'impact de la crise dans des pays comme la Grèce ou le Portugal soit beaucoup moins violent et douloureux qu'il ne l'aurait été autrement. Il y a aussi des signes encourageants ailleurs en Europe. En Espagne, le programme d'aide financière arrive à terme le 23 janvier. Le secteur bancaire est en cours de restructuration et d'importantes réformes économiques créent les conditions pour une reprise durable de la croissance et de la création d'emplois. Plus généralement, depuis l'été, une relance économique est en cours en Europe et il faut espérer qu'elle va s'accélérer cette année. Les derniers chiffres relatifs au chômage montrent que la tendance s'inverse et il est encourageant de constater que les taux de croissance de l'emploi les plus élevés en Europe au troisième trimestre ont été enregistrés en Irlande et au Portugal. Cependant, dans une grande partie de l'Europe, le chômage reste à un niveau inacceptable.
En bref, les efforts déployés par les Européens pour surmonter la crise sont tous couronnés de succès. Il faut certes se garder de toute complaisance car il reste beaucoup à accomplir et il faudra encore faire des choix difficiles et persévérer. L'Europe peut s'attendre à voir la reprise économique s'accentuer au cours de l'année à venir et au-delà.
Une zone euro en convalescence.
Pour autant, dans la zone euro, la situation actuelle en matière de prévision économique pour l’année 2014 paraît très optimiste. Faiblesse du commerce international, dynamique déflationniste, attentisme des entreprises, faiblesse des progrès institutionnels au sud... La croissance de la zone euro sera plus proche de 1% que de 1,6%. En effet, ce que l’on a pu observer en 2013 et les différents indicateurs économiques sèment le doute sur la réalité d’une reprise économique significative en zone euro et notamment en France malgré les signes positifs constatés dans les pays du sud de l’Europe. La réduction des déficits publics continuera en France, mais aussi en Espagne, en Italie, au Portugal et partout ailleurs à l’exception de l’Allemagne. Cependant, la situation relative des banques et le niveau des taux d’intérêt bas est une situation plutôt favorable notamment à la France. Dans les pays du sud en particulier, les dynamiques divergentes menacent la stabilité économique des territoires. Ces pays doivent en effet mettre en place des politiques de baisse des prix pour avoir une inflation inférieure à l’inflation allemande avec le risque de développer une déflation contagieuse ce qui risque de déprimer la demande et empêcher justement que cela ait un effet positif sur l’activité. Ce phénomène peut conduire à une hausse de l’endettement public et donc une nouvelle défiance sur les obligations de ces pays entrainant une nouvelle hausse du taux nominal à 10 ans. On peut donc craindre un cercle vicieux.
Le cas du Royaume uni ne doit pas faire illusion.
Au prix d’une dévaluation de la Livre et de coupes drastiques dans les dépenses publiques, le gouvernement Cameron profite d’une croissance plus forte avec un succès réel sur l’emploi. Mais le Royaume n’a pas réduit sa dette et reste très dépendant de la reprise américaine. Si la croissance s’accélère, elle s’accompagne d’une hausse des prix notamment sur les produits énergétiques (dévaluation oblige) qui se répercute sur les prix à la consommation. Le revers, c’est que le britannique moyen ne voit pas la couleur de la reprise, certains ménages devant choisir entre « manger ou se chauffer »… comme quoi rien n’est facile.
Si les coûts d’emprunt sont devenus abordables pour la plupart des pays de la zone euro, la part de l’endettement public par rapport aux revenus a encore augmenté partout en 2013, sauf en Allemagne. Cet endettement qui représente pour la zone euro 95,5% de la valeur de son PIB, s’alourdira encore à 95,9% en 2014. Le poids de la dette constitue un frein d’autant plus important à une franche reprise que le net ralentissement de l’inflation au cours des derniers mois accroit relativement les taux d’intérêts réels. Ce qui pourrait provoquer une nouvelle crise des dettes souveraines, selon les plus pessimistes. Mais, comme chacun sait, la dette publique augmente aussi au Japon et même aux Etats-Unis malgré la guérilla que mène le Congrès. Alors …
(à suivre : l’euro incontournable et irremplaçable)
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