LA VRAIE AUBRY
30 mai 2010
Philippe Alexandre, dans un célèbre pamphlet en avait fait la "mèremptoire" ou la dame des 35 heures. Ce week end, elle est revenue sous son vrai jour. Depuis quelques temps on voyait poindre dans son discours cette appreté mêlée de haine condescendante qui sied si bien à une certaine gauche socialiste. Au moment de présenter le nouveau projet socialiste, elle n'a pas pu s'empêcher d'ajouter l'insulte à la vindicte, une manière de cacher le vide des propositions de son parti.
Celui qui est visé, de la façon la plus triviale, c'est évidemment Nicolas Sarkozy, en oubliant qu'il s'agit du Président de la République et que cela devrait tempérer les propos. Même si ce dernier n'est pas toujours très modéré lui-même dans ses appréciations, je ne me souviens pas de l'avoir entendu comparer Martine Aubry à une délinquante, ni même à une tricheuse (et pourtant).... La cause de cette fureur : on a osé toucher à l'idole. Comme si l'héritage de François Mitterrand était intouchable. La semaine de trente cinq heures a reçu sa part de critiques, et l'abaissement de 65 à 60 ans de l'âge du départ à la retraite, a été une deuxième erreur historique. On ne le dira jamais assez !
Car il faudra bien reculer à nouveau l'âge de départ à 62 puis 65 ans au terme de la réforme. La simple logique exige que la durée de la vie active soit prolongée. Personne ne peut nier en effet que l'espérance de vie a augmenté de manière spectaculaire pendant que le nombre d'actifs diminuait sous l'effet du vieillissement général de la population, l'impact du chômage et la mise au rebut des actifs qui ont dépassé la cinquantaine.
Quand le Parti Socialiste nous propose une "société du bien-être" , quand il invoque l'éthique du "care", il n'offre aucune piste susceptible de nous arracher à la banqueroute. C'est le projet "prosac" ou "trangsène". On endort les Français en leur faisant croire qu'on va bien s'occuper d'eux. "On" c'est-à-dire "l'Etat de gauche". Un gros mensonge. S'il reconquiert le pouvoir en 2012, il ne modifiera aucune des dispositions que le gouvernement Fillon aura prises entre temps. Tout simplement parce qu'il ne pourra pas se le permettre. La réalité des chiffres est accablante et il n'est pas difficile de constater à la lumière des derniers évènements spéculatifs, que le dernier espace où un gouvernement pouvait protéger les acquis sociaux a rétréci au point de disparaître. Aujourd'hui, le recours au déficit budgétaire pour maintenir le niveau de vie des gens est devenu impossible. Et avec ce procédé proposé par Keynes disparaît le principal fondement de la social-démocratie. Ce que Dominique Strauss Khan a bien compris !
Dame Aubry, pour le moment, fait des synthèses qui nuisent à sa crédibilité personnelle car les discours de la rue de Solférino ne sont guère responsables. On voit bien que son parti est entré dans l'un de ces cycles infernaux dont il a le secret. Mais, par conviction et par calcul, elle tient à maîtriser l'appareil qui lui sert de tremplin électoral. Quoi qu'en pensent les exégètes, elle sera bien la candidate de son parti et elle fera tout pour l'être.
Ce genre de dérapage verbal pourrait donc bien la disqualifier, comme cela a nui en son temps au Président actuel. Les Français sont chatouilleux sur le statut présidentiel.