LES RETRAITES : UN DOSSIER EXPLOSIF POUR 2010 ?
30 octobre 2009
Les sondages le montrent : en matière de
retraites, les Français veulent le beurre et l’argent du beurre. Ils veulent
garder la retraite à 60 ans et sans diminution des pensions. Qui paiera et
comment, ils s’en moquent. Ils ont un argument choc : « j’ai cotisé
toute ma vie, j’y ai droit ! ». Imparable. Sauf qu’ils se trompent.
Avec la répartition, ils ont bien cotisé toute leur vie, mais pour ceux qui
partaient en retraite, pas pour eux. Maintenant, ce sont eux qui partent en
retraite et ce sont les « actifs » qui restent qui vont payer pour
eux. Et c’est là qu’il y a un problème : ceux-ci ne sont plus assez
nombreux pour garantir les mêmes revenus aux retraités sans des hausses de
cotisations qui seront insupportables. Et puis, il y a l’allongement de la vie.
On ne peut plus compter non plus sur la mortalité pour « dégager » le
terrain. Alors ?
C’est ce casse-tête que le gouvernement va devoir
résoudre avec les partenaires sociaux dans son grand rendez-vous de 2010,
programmé par la réforme Fillon de 2003. Le point sera vite fait : avec
les régiments entiers du « papy-boom » qui partent pour les
« grandes vacances », la facture de la branche vieillesse vire au
rouge. Une partie des 20 milliards du déficit de 2009 de la sécu, vient
justement du déficit de la branche vieillesse. Sans nouvel ajustement, le
système par répartition court un danger mortel. D’autant plus que nombre de
retraités estiment déjà que leurs revenus leur permettent tout juste de
subsister. Pour faire court, le filet social est insuffisant, mais il est déjà
beaucoup trop cher pour les moyens de la collectivité. Même en reculant jusqu’à
65 ans l’âge de départ, ce ne serait pas suffisant pour équilibrer les comptes
de l’assurance-vieillesse. La crise n’arrange rien, qui réduit par le biais du chômage
le nombre des actifs cotisants, ce qui s’ajoute aux effets du déséquilibre
démographique.
Il y a plusieurs leviers sur lesquels on peut agir.
Le Fonds de Réserve pour les Retraites est l’un d’eux.
Prévu pour amortir le choc du papy-boom, il peine à suivre son cahier des
charges. Il profite cependant de l’embellie sur les actions. Il a repris un peu
de couleurs avec une progression de 10,5% au deuxième trimestre, ce qui lui a
permis de repasser dans le vert à fin juin avec un gain de 3,3%. Les caisses du
FFR détenaient alors 28,8 milliards d’euros.
Ses sources d’abondement sont limitées au prélèvement de 2% sur les revenus du
patrimoine et de placement, ce qui limite évidemment l’ampleur de cette
ressource. Mais il a réussi à préserver son capital, ce qui n’est déjà pas si
mal. Avec la crise, on aurait pu craindre le pire. Souhaitons qu’il croisse et
embellisse d’ici 2020.
Un autre moyen, c’est de reculer l’âge de la retraite,
comme évoqué ci-dessus. Mais est-ce bien nécessaire ? D’abord les Français
y sont très majoritairement opposés. Mais surtout, c’est fixer un seuil qui
paraît bien inutile. Il suffit d’observer ce qui se passe : l’âge moyen de
départ, aujourd’hui se situe autour de 58 ans (avant l’âge légal) et le taux de
séniors (entre 59 et 65 ans) en activité est de 38%, ce qui est très bas. Il
existe bien une disposition législative qui oblige les entreprises à garder
leurs salariés âgés ou à en engager, mais la récession s’est traduite par des
vagues de licenciements visant surtout les plus de 55 ans…. Comme dans le même
temps elles n’embauchent pas de jeunes, la collectivité perd en cotisations sur
les deux tableaux. En vérité, seul devrait compter le nombre de trimestres
cotisés pour décrire une carrière. Si le nombre d’années de cotisation est 40
ans, celui qui aurait commencé à travailler à 17 ans pourrait partir à 57 ans
et si on rallonge de 2 ans, 59 ans, bien
avant le cadre supérieur qui, ayant commencé sa carrière à 28 ans devra partir
à 70 ans, en toute logique. A quoi bon se battre pour imposer une mesure qui
sera vécue comme très impopulaire en fixant l’âge de la retraite à 65 ans. Une
bonne réforme serait celle qui laisse libres les salariés de choisir l’âge de
leur retraite pour autant qu’ils aient cotisé pendant un nombre suffisant de
trimestres (par exemple 42 ans de travail effectif). Allonger le temps de
cotisation suffit.
Mais auparavant, il faut protéger le travail des
séniors et faire en sorte que leur taux d’activité augmente. D’autant plus que
l’espérance de vie augmente. Il faut, ensuite, améliorer l’entrée des jeunes
dans la vie active. Pour financer les retraites, il est tout de même de bon sens
de faire en sorte que tous les actifs le soient vraiment, afin de limiter le
déséquilibre démographique, avant de penser aux autres paramètres que sont la
durée de la carrière et l’augmentation des cotisations ou la diminution du
montant des pensions.