LE RETOUR DES USINES ?
14 octobre 2009
Lors de son
passage chez Faurecia, l’équipementier automobile, Nicolas Sarkozy avait
annoncé la tenue « d’Etats Généraux de l’industrie », convaincu que
là se joue l’avenir de la France. Le Président affiche son volontarisme au
moment où les Américains abandonnent Molex, les Allemands l’usine Continental d’Amiens,
sans parler des délocalisations d’entreprises qui s’opèrent pour un ailleurs en
Europe ou à l’extérieur. L’objectif est de tracer une « nouvelle
politique industrielle ». Une idée chère à Bernard Thibault, le leader de
la CGT. Mais ce n’est pas pour lui faire plaisir que Nicolas Sarkozy veut
orienter les investissements vers une nouvelle donne industrielle. Il reprend
un de ses thèmes de campagne favori pour l’occasion. Il a en tête l’exemple de
l’Allemagne et celui de l’Angleterre. L’une a aujourd’hui des outils d’exportation
qui s’assoient su une « économie réelle » de biens et de services, l’autre
découvre avec la faillite de son activité financière, l’inconvénient de sa
monoculture bancaire.
Il faut donc
« réindustrialiser » la France. Est-ce un rêve inaccessible ou un devenir
possible ? C’est vrai que depuis dix ans, notre voisin germanique a déployé
une politique économique tournée vers le maintien sur place des laboratoires et
des usines. Certains prédisent que cette bataille pour garder le tissu
industriel sera impitoyable et sera la bataille du siècle. Tout le problème est
de savoir si notre pays a quelques chances d’y participer.
L’industrie
française déjà mal en point est encore affaiblie par la crise, mais elle a des
points d’appui solides et reste suffisamment diversifiée. On connaît ses
champions, tels Alstom, Areva ou Bouygues, son agroalimentaire dynamique, ses
entreprises porteuses d’avenir comme Gemalto ou Heuliez…Ni les coûts, ni la qualité
de la main d‘œuvre ne la condamnent. Il faudrait surtout renforcer le nombre des grosses PME
innovantes (1000 à 5000 salariés) qui existent en Allemagne et pas assez chez
nous.
Ces atouts
ont besoin d’être consolidés par une politique active des pouvoirs publics pour
faire revenir dans l’hexagone ou en Europe les labos, les sièges, les centres
de recherche des grands groupes, et pour aider beaucoup plus les PMI à l’export
qui reste notre talon d’Achille. Pour cela, il faudra beaucoup d’argent, de
quoi utiliser intelligemment le « grand emprunt » qui devrait bientôt
être lancé. Car, ne l’oublions pas, si le poids de l’industrie diminue dans
notre pays pour ne représenter aujourd’hui que 13% de l’emploi et 16,5% de la
valeur ajoutée, elle reste déterminante dans l’économie : elle pèse pour 31%
dans les investissements et 80% dans les exportations et elle contribue pour
40% à la richesse nationale.
Sans industrie, pas d’avenir ! Cela vaut bien des « Etats Généraux ».
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