UN BUDGET DE COMBAT
07 octobre 2009
Pas d’autre
moyen que de traiter la crise par les déficits. Le projet de budget pour la
France qui sera présenté au vote du parlement par le vertueux Eric Woerth est
décoiffant. Avec des recettes fiscales en chute libre en raison de la crise
(-53 milliards d'euros entre 2008 et 2009) et d'importantes dépenses publiques
de relance (39 milliards au total cette année, près de 15 milliards prévus l'an
prochain), le déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales)
a bondi pour atteindre 8,2% du PIB en 2009, du jamais vu. Le déficit prévu de
140 milliards d’euros, traduit la situation dans laquelle la crise a jeté la
France. Il faut y ajouter le déficit du régime général de la Sécurité sociale
qui va atteindre les 30 milliards. Un choix assumé, puisque le gouvernement a
décidé de faire jouer à la Sécu le rôle d’amortisseur social.
Le record sera encore battu l'an prochain, malgré des
recettes prévues en net rebond (+15,5%) et des dépenses de l'Etat qui ne
progresseront pas plus vite que l'inflation (+1,2%) "hors relance", a insisté le ministre du Budget, Eric Woerth.
Si le déficit sera réduit de 141 à 116 milliards, les comptes sociaux vont
plonger en raison notamment de la baisse des cotisations et de la hausse de
l'indemnisation du chômage. Alourdi par le coût de la réforme de la TP (à
hauteur de 0,3% du PIB), le déficit de la France atteindra 8,5% du PIB, tandis
que la dette exploserait à 84% du PIB.
Le Gouvernement
en est arrivé là parce qu’il a adopté comme ligne de principe la
non-augmentation de la pression fiscale pendant la durée de la crise, car une
hausse des impôts contribuerait au ralentissement de l’économie en réduisant
les dépenses des ménages. Ni hausse ni baisse d'impôt globale l'an prochain,
avec un taux de prélèvements obligatoires stable à 40,7% du PIB en 2010, comme
cette année. Sur ce point, il a raison. Même si on sait bien qu’un jour, il
faudra bien s’attaquer (douloureusement) au remboursement de la dette qui
coûtera, hors remboursement du capital, plus de 42 milliards d’euros,
c’est-à-dire, presque qu’autant que ce que rapporte l’impôt sur le revenu (52
milliards). Notre Ministre du Budget est profondément hostile aux déficits mais
le budget qu’il présente parie sur l’accompagnement de la reprise et la
préservation maximale de l’emploi.
L'un des principaux axes du budget sera la prolongation des
dispositifs de soutien à l'emploi (indemnisation du chômage partiel, contrats
de transition professionnelle, etc.).
Dans le détail, les entreprises apparaissent comme les
grandes gagnantes du Projet de Loi de Finances, avec une reconduction du
remboursement accéléré du crédit impôt recherche (2,5 milliards) et surtout la
réforme de la taxe professionnelle (TP). La suppression de la part de la TP
assise sur l'investissement productif représente à elle seule 11,7 milliards
d'euros d'allègements fiscaux pour les entreprises en 2010. Un allègement qui
sera de 7 milliards en régime de croisière après cette année de transition.
Le gouvernement a choisi de limiter l’hémorragie en limitant
les avantages offerts aux ménages : le
"verdissement" de certaines mesures fiscales (malus automobile, loi
Scellier sur l'investissement locatif, crédit d'impôt sur les intérêts d'emprunt
pour l'acquisition d'un logement, etc.) les rendra nettement moins
avantageuses. Et ils devront payer l'impôt sur le revenu sur l'intégralité de
leurs indemnités de départ en retraite (hors plan social), auparavant
partiellement exonérée. La taxe carbone (2,55 milliards pour les ménages)
devrait en revanche leur être intégralement remboursée, sur une base
forfaitaire.
Un déficit
à 60% lié à la crise, assure M. Woerth, mais qui reste bien au-delà de la
limite de 3% autorisée par la Commission européenne. La France n’est
malheureusement pas le seul pays européen dans la même situation, même si ce
n’est pas une excuse. Il y a plus mal loti que nous, même si ce n’est pas une
consolation.
Ce que l’on
voit moins, c’est que ce budget entame une évolution assise sur une réforme de
la fiscalité qui encourage la compétitivité de notre économie en soutenant
l’investissement, met l’outil fiscal au service de l’environnement, prolonge le
soutien à l’économie pour conforter la reprise. Il poursuit par ailleurs l’effort
de maîtrise de la dépense engagé depuis trois ans.
C’est bien un budget de combat contre la crise. C’est un budget de sortie de crise !
Daniel,
pour sortir de cette situation, 2 possibilités : la rigueur ou l'inflation. On parle beaucoup d'une volonté des états de faire repartir l'inflation pour régler ce problème des déficits, qu'en pensez-vous ?
Rédigé par : lucien martin | 08 octobre 2009 à 06:50
La rigueur, certainement. Un peu d'inflation serait bienvenue, reste à convaincre nos amis allemands.
Daniel
Rédigé par : Daniel HOULLE | 08 octobre 2009 à 10:11